Tagged: revenu universel

Philo 27 : Une société d’esclaves

I
Une société d’esclaves

La suppression légale de la relation maître-esclave supprime les maîtres mais pas forcément les esclaves. Qu’est-ce qu’un esclave ? L’esclave est celui qui ne peut jamais réaliser la négation du vouloir-vivre. L’esclave antique ou bien encore l’esclave noir du Sud des États-Unis ne le pouvait pas car il était au service de son maître pour la durée de sa vie. L’existence de l’esclave était comprise par le système esclavagiste comme une pure activité instrumentale. En renonçant au vouloir-vivre, l’esclave aurait failli à ses obligations de serviteur. On voit tout de suite que la suppression du statut de maître, de la relation maître-esclave n’est pas une condition suffisante pour la suppression de la condition d’esclave : elle supprime un droit de propriété mais il faut encore que les conditions soient réalisées pour permettre à l’individu de renoncer au vouloir-vivre, le seul acte possible de liberté dans la condition humaine.

Toute personne contrainte de gagner sa vie est donc un esclave, car elle ne peut renoncer au vouloir-vivre que par le suicide. Renoncer à son gagne-pain, c’est en effet, pour cette personne, renoncer à la vie. Mais le suicide est la fausse négation du vouloir-vivre, c’est une réaction au niveau du vouloir lui-même et non l’acte libre d’une représentation détachée du vouloir et supérieure à celui-ci. En mettant fin à mes jours, je ne nie pas le vouloir-vivre car je meurs en protestation contre ma vie dans la représentation d’une vie meilleure (qui n’a de sens que superficiellement, car toute vie est absurde).

En ce qui concerne le maître, c’est son droit de propriété sur l’esclave qui le rendait libre, extérieurement, c’est-à-dire qui lui conférait la possibilité de renoncer au monde, mais il ne pouvait renoncer au monde qu’en tant qu’il restait propriétaire d’esclave, tant que son droit de propriété subsistait, car sans cela il se serait retrouvé, si l’on suppose que le travail de l’esclave était son seul bien, dans l’impossibilité de vivre. Autrement dit, le maître dépendait de l’esclave même en tant que renonçant.

La négation du vouloir-vivre suppose un état de vie sans participation au monde. C’est l’état ascétique ou monastique, et typiquement ce qu’il est impossible de penser dans une société de classe moyenne, où l’individu est, sa vie durant, dépendant pour son existence d’une activité rémunératrice. L’individu ne peut renoncer au monde qu’à la retraite, si celle-ci lui permet de vivre (ce qui n’est pas toujours le cas), c’est-à-dire qu’il ne cesse d’être un esclave qu’à la fin de sa vie. C’est par rapport à l’esclavage légal un progrès essentiellement en trompe-l’œil, car la vieillesse comporte en soi un renoncement naturel au vouloir-vivre, c’est-à-dire que l’âge a le même effet que le suicide sur la négation : elle se situe au niveau du vouloir lui-même. Le vouloir se désagrège progressivement jusqu’à la dissolution du corps, cela ne se laisse pas comprendre sous l’idée de liberté mais sous celle de nécessité naturelle. Ainsi, Charles-Quint est connu comme empereur et non comme moine, comme renonçant, bien qu’il fût entré dans un monastère à cinquante-sept ans, parce qu’il ne renonçait qu’au déclin de sa vie naturelle (et qu’il était d’ailleurs malade), tandis que le Bouddha est connu comme renonçant et non comme prince, bien qu’il eût régné jusqu’à vingt-neuf ans, parce qu’il renonçait au monde dans sa jeunesse.

Le renoncement au vouloir-vivre implique une forme de parasitisme sur les non-renonçants, de mendicité (les ordres mendiants), mais il s’agit en principe seulement de subvenir au minimum vital. Ce minimum vital, c’est ce que les sociétés « avancées » cherchent à garantir bureaucratiquement, en France par exemple avec le RSA, ex-RMI. La moindre conditionnalité en termes de participation au monde comme la moindre limitation dans le temps sont cependant contraires à l’idée du renoncement, et ces politiques se voient comme visant à insérer ou réinsérer l’individu dans la classe moyenne, ainsi que l’indique assez le nom de revenu minimum d’insertion. Un revenu de base universel, étant entendu que, par ailleurs, tout rentier, tout héritier, toute personne faisant fortune et pouvant dès lors ne rien faire, est ipso facto libre et non esclave (au plan de la liberté externe, c’est-à-dire de la possibilité matérielle du renoncement, que la personne se serve ou non de cette liberté pour choisir le renoncement libre plutôt que le vouloir absurde et conditionné), serait la seule mesure qui permettrait d’ôter l’étiquette de société d’esclaves s’appliquant à la société de classe moyenne.

(ii)

Les ordres monastiques, le clergé régulier continue de jouer ce rôle au sein de l’Église catholique. On ne peut cependant le dire du clergé séculier sans préciser notre définition : « La négation du vouloir-vivre suppose un état de vie sans participation au monde. » Dans la mesure où le clergé catholique, régulier comme séculier, tout comme le clergé bouddhiste, renonce à la chair, même sans renoncer à toute participation au monde, le clergé séculier est tout de même renonçant car la chair est la forme la plus forte d’attachement au monde auquel renoncer ne soit pas encore une forme de suicide. Si je cesse de me sustenter, je me suicide, car mon organisme ne peut vivre sans aliments. En revanche, je peux vivre sans activité sexuelle.

L’Église catholique rend l’appartenance au clergé indissoluble, c’est-à-dire que le clerc ne peut renoncer à son état. Les églises bouddhistes permettent quant à elles de renoncer aux « vœux » attachés à la cléricature, de quitter l’état de clerc sans encourir de sanction. C’est là un problème organisationnel que l’on pourrait dire classique, et le paradoxe que le renoncement conduise à de la théorie des organisations n’est qu’apparent puisque, entre autres, ces renonçants continuent de participer au monde. Le problème est le suivant. Les dispositions en vigueur dans l’Église catholique dissuadent les vocations incertaines, permettant de ne recruter que les plus motivés, mais créent le risque de brebis galeuses (les clercs indignes et hypocrites), tandis que les dispositions retenues par les églises bouddhistes permettent aux vocations qui s’avèrent à l’expérience insuffisantes de quitter l’organisation, ce qui est de nature à mieux préserver celle-ci des corruptions de l’hypocrisie, mais le recrutement est trop ouvert. On pourrait penser que le choix bouddhiste est plus optimal car fondé sur et appuyé par un retour d’expérience : le recrutement trop ouvert se corrige automatiquement par les défections. C’est sans tenir compte de deux considérations : une considération de théorie des organisations, à savoir le « coût » que représente le fait de quitter une situation, ce qui crée une hystérésis des défections (elles ne sont pas au niveau requis pour corriger parfaitement le recrutement trop large), mais aussi une considération métaphysique, à savoir que le choix catholique est le seul à considérer le renoncement avec tout le sérieux requis, comme un renoncement sur lequel on ne revient pas. De ce dernier point de vue, le clergé catholique est infiniment supérieur dans l’idéalité de sa conception : le clerc catholique, idéalement, a renoncé pour de bon, à tout jamais, tandis qu’un clerc bouddhiste peut n’être que dans une expérience éphémère (il est d’ailleurs intégré dans les pratiques sociales que les jeunes hommes de bonne famille passent quelques mois dans l’état monastique, une sorte de stage). Mais, encore une fois, cette idéalité peut se payer de plus graves abus, si les brebis galeuses en viennent à corrompre le troupeau, et cette suspicion est difficile à combattre. Les accusations sont d’ailleurs beaucoup plus graves, quant à leurs conséquences, pour le clergé catholique que pour le clergé bouddhiste, qui connaît aussi ses scandales (en raison de l’hystérésis précitée). Car c’est l’existence du clergé lui-même en tant qu’organisation qui est alors en cause. D’un côté, les accusations ont pour elles la plausibilité que donne la force de l’instinct parmi les créatures vivantes : on admet facilement que ce renoncement doive créer des perversions et des troubles psychiques de toute sorte ; le protestantisme, cette prétendue « virtuosité de l’ascèse » selon Max Weber, est largement fondé sur une telle conception. D’un autre côté, ce genre d’accusations est si facilement déstabilisant et potentiellement dévastateur que l’on imagine sans difficulté l’abus qu’on peut en faire pour toutes sortes de raisons liées au moindre ressentiment, à certaines conceptions fanatiques (athées) du monde et de l’ordre social, etc.

Cela dit, il ne convient pas de modifier notre définition pour dire que la négation du vouloir-vivre serait le renoncement à la chair, car il se trouve à chaque génération un nombre déterminé d’individus qui renoncent à la chair par la force des choses. Ce sujet connaît une certaine actualité sociologique avec le néologisme d’incel, pour involuntary celibate. Dans la mesure où le ratio des sexes est à chaque génération un 1:1 (un pour un) à peu près constant, le choix d’une personne de renoncer à la chair implique, en monogamie, l’impossibilité pour une personne de l’autre sexe de trouver un partenaire sexuel. Je souligne cette possibilité qui ne vient généralement pas à l’esprit de ceux qui examinent ces questions : pour eux, le célibat involontaire a quelque chose à voir avec l’idiosyncrasie du célibataire. Or, dans un monde, par exemple protestant, où chacun et chacune n’aurait de cesse qu’il n’ait trouvé un partenaire, chacun doit trouver sa chacune. C’est en dernière analyse d’une véritable idéologie, hostile à la négation du vouloir-vivre, qu’il s’agit, et nous y voyons même le principal moteur des conceptions médico-physiologiques décrivant la chasteté comme une forme de maladie, débouchant en particulier sur des perversions (suivez mon regard, voyez ce prêtre catholique…). L’idée est au fond que la chasteté est une injustice faite à la personne de l’autre sexe dont j’aurais été le partenaire puisque, si je fais ce choix, je force (dans le ratio un pour un) une autre personne, qui n’avait pas forcément cette intention, à la chasteté, à moins qu’elle ne cohabite avec un tiers ayant déjà son partenaire. Le célibat est donc à la fois injuste et, pour Hegel, une cause d’immoralité (ce qui ne s’entend pas seulement du célibataire mais aussi du partenaire potentiel qu’il lèse par son célibat). Or nous disons que la négation du vouloir-vivre est la vocation de l’être humain et que ces considérations sont donc frivoles.

Nous ne pouvons retenir cette définition (la négation du vouloir-vivre est, sans plus, le renoncement à la chair) car la chasteté suppose, pour être une négation du vouloir-vivre, un vœu et non un simple état de fait. Que ceux dont l’état de fait se prolonge indéfiniment puissent avoir tendance à vouloir se lier par un vœu se conçoit : cela n’ôte rien à la fermeté de la vocation pour autant que l’état de clerc ne rende pas tout à coup, paradoxalement, la personne susceptible d’avoir les rapports sexuels qu’elle n’avait pas auparavant. Or il est certain que l’état de clerc séculier, dans sa participation au monde, offre des opportunités de contact avec toutes sortes de personnes, par exemple des enfants dans le cadre d’institutions d’enseignement, et que la personne dont la vocation est née d’une frustration prolongée pourrait trouver alors un débouché illicite à ses instincts dans ce cadre. Cependant, n’importe quelle situation est susceptible de la même analyse : si l’on compare le niveau d’exigence requis pour devenir clerc dans l’Église et celui requis pour occuper une place au contact d’enfants dans d’autres secteurs éducatifs, par exemple une place d’animateur en colonie de vacances, on voit où doit se porter le choix de la personne frustrée qui rechercherait une situation pour les contacts illicites qu’elle pourrait y avoir.

Il n’en reste pas moins vrai que, du fait de sa participation au monde, le clergé séculier est, suppose-t-on, soumis à de plus grandes tentations que le clergé régulier, dont l’origine remonte aux pères du désert, à ceux qui fuyaient le monde pour se libérer des tentations. Car la chair reste un principe de tentation tant que l’âge ne l’a pas complètement émoussée, si cela peut arriver jamais (et si c’est le cas c’est alors, comme expliqué précédemment, un phénomène naturel et non un véritable renoncement). Aussi en arrive-t-on à l’idée que le mérite est plus grand pour le clergé séculier qui maintient ses vœux dans le monde, car il est plus exposé aux tentations que dans « le désert », c’est-à-dire dans la réclusion d’un monastère où les contacts sont le plus souvent limités à la fréquentation de quelques frères du même sexe (on n’entend plus guère parler de scandales homosexuels entre moines, mais c’était au sein de l’Église un problème qui fut pris au sérieux, voyez le Livre de Gomorrhe, ca. 1050, du père Damiani).

Les religions plus tardives, typiquement le christianisme réformé, le protestantisme, abandonnent le concept même de clergé, c’est-à-dire la négation du vouloir-vivre elle-même. La morale est conçue dans ces religions sur le modèle aristotélicien du « juste milieu ». Il faut souligner ce point : si la religion médiévale était aristotélicienne au plan spéculatif, avec la scolastique, le protestantisme est aristotélicien par sa conception de l’éthique. Compte tenu du primat de la raison pratique, la civilisation chrétienne s’est dans l’ensemble paganisée avec le protestantisme.

(iii)

Supposons qu’un esclave de la classe moyenne nie le vouloir-vivre et tombe dans la mendicité. Nous voyons dans nos villes des sans-abris, des clochards, des mendiants, qui ne sont pas des religieux. Ne peut-on leur appliquer le statut de renonçants ? Cela ne semble pas complètement impossible et l’on pourrait dès lors objecter à notre point de vue que les gens sont libres de tomber dans la mendicité, où ils continuent de vivre, et que, puisque existe cette liberté, nous ne sommes pas une société d’esclaves. Or cela ne semble pas complètement impossible, disons-nous, mais ce n’est pas non plus avéré. Nous demandons la preuve qu’un de ces clochards est un renonçant plutôt qu’une victime des circonstances ou un alcoolique intempérant. Qu’importe cette preuve, dira-t-on encore, c’est la possibilité de principe qui compte : puisque ce choix est possible en principe sans être une forme de suicide, notre point de vue est faux. Que ce ne soit pas une forme de suicide est contestable, en tout cas que ce soit une forme de vie plutôt que de survie. La négation du vouloir-vivre ne passe pas par une lutte de tous les jours pour la survie, qui s’apparente à une activité draconienne, certes « libre » de toute interférence organisée dans un milieu de travail mais extraordinairement contraignante ; et renoncer à cette lutte serait suicidaire, c’est-à-dire que le mendiant de cette sorte, le sans-abri se dégage de toute participation au monde « institutionnel » seulement pour entrer dans une participation, sous forme de lutte pour la survie, dans un monde marginal, auquel renoncer serait alors un suicide, pour peu qu’il n’ait plus la possibilité de se réinsérer dans le monde institutionnel. Il n’est donc a priori guère pertinent de parler de renoncement puisque ce mendiant échange une situation d’esclave pour une autre situation d’esclave, où l’alternative reste la même : accepter d’être esclave ou mourir. Si l’on veut, donc, affiner le modèle, il faut dire que la société d’esclaves comporte deux types d’esclaves, les esclaves institutionnels de la classe moyenne et les esclaves marginaux, et que le renoncement des premiers passe d’abord par l’état des seconds avant d’être un véritable suicide.

La mendicité des ordres monastiques est totalement institutionnalisée. La négation du vouloir-vivre ne peut avoir de réalité déterminée que via des institutions.

(iv)

Ne puis-je absolument pas me suicider librement, c’est-à-dire comme une forme valable de négation du vouloir-vivre ? Si je suis convaincu de la rationalité et de la nécessité de cette négation, tout en constatant la contrainte qui s’impose à moi de participer au monde via une activité rémunératrice, donc mon statut d’esclave, pourquoi mon suicide serait-il une « protestation contre ma vie dans la représentation d’une vie meilleure » plutôt que la simple conséquence logique de ma conviction quant à la réalité du vouloir absurde ? La réponse à cette question est dans le fait que le suicide suppose ici la condition d’esclave : sans cette condition, la négation ne passerait pas par le suicide, c’est donc celle-ci qui est la cause matérielle et formelle du suicide quand intervient la représentation de l’absurdité du vouloir comme cause motrice. Sans cette cause matérielle et formelle, la représentation n’est pas cause motrice de suicide mais de renoncement et détachement parce que le suicide suppose la protestation contre une cause formelle (ou bien suppose une cause finale comme la purification de karma dans le cas du santhara jaïn et de l’automomification du bouddhisme shingon – voyez Philo 22 « Phénoménologie de l’au-delà » –, ou encore comme un sacrifice au profit d’une cause, comme une forme de protestation militante, etc. : ces causes finales sont un conditionnement au niveau du vouloir). Plus exactement, pour que la négation soit un acte libre, il faut que la cause motrice, la représentation, soit détachée du vouloir, et cela suppose que la cause formelle – les conditions de la vie – n’agisse pas dans le même sens que la cause motrice ou, plutôt, agisse seulement de manière ténue (car toute vie est absurde et donc toutes les conditions de la vie agissent plus ou moins dans le même sens que la représentation de l’absurde). Dans le cas de l’esclavage, la cause formelle ne pourrait agir davantage dans le sens de la cause motrice puisqu’elle ne laisse d’autre choix, comme acte en résultant, que de renoncer à la vie avec le vouloir-vivre, ce qui rend la négation non libre alors qu’il s’agit de la réaliser comme le seul acte de liberté possible de la condition humaine. C’est bien le tragique de cette situation, qu’elle ne permet pas de réaliser la négation du vouloir-vivre.

(v)

Comment la négation du vouloir-vivre peut-elle être, comme nous l’avons dit, la vocation de l’être humain alors qu’elle suppose une forme de parasitisme sur des non-renonçants ? C’est comme la fin de l’histoire : il faut une fin de l’histoire pour croire au progrès mais cela ne signifie pas que l’humanité la connaîtra un jour. Croire à cette vocation, ce n’est pas forcément être convaincu qu’elle peut se réaliser dans le temps. On peut cependant concevoir une société d’abondance où les robots subviendraient à tous les besoins de l’humanité ; les renonçants seraient alors, comme les autres, des parasites des robots et la vocation pourrait se réaliser sans contradiction. Cette idée de société d’abondance est à la base de notre conception de la croissance économique ; seulement, là aussi, cela ne se réalise jamais, les gens ne travaillent pas moins dans l’ensemble, ou quand les chiffres à cet égard sont bons, en termes de gains de temps libre, c’est un argument pour allonger la durée du temps de travail, nécessaire pour maintenir la croissance et nos richesses. Une société d’esclaves ne va certainement pas vers un état de liberté.

.

II

Tu me dis de tempérer mon emportement, mais toi tempère d’abord ton adulation. – L’emportement est un caractère des prophètes.

*

À Sodome ils étaient tous pourris ; ça arrive. « Peut-être ne s’y trouvera-t-il que dix justes. Et Dieu dit : À cause de ces dix, je ne détruirai pas Sodome. »

*

Le « système » est avant tout un besoin psychologique subjectif du penseur lui-même, qui veut que son travail lui apparaisse comme une œuvre et non comme un zibaldone.

*

L’engouement de son époque pour Hegel s’explique par la psychologie des foules. Il faut être indifférent à la philosophie, n’avoir été touché par aucune œuvre philosophique pour dire « voilà ce que j’attendais, voilà ce que nous attendions ». Si ce que nous attendons n’est pas déjà là avec Platon, c’est qu’il n’y a rien à attendre ; et si ce que nous attendons est déjà là, non plus. Il faut être prodigieusement ignorant de ce qui existe pour ne pas accueillir avec scepticisme ce qui vient encore, et pour au contraire l’accueillir avec engouement, comme si j’avais épuisé l’existant, comme si j’en avais exprimé tout le suc. Ceux qui attendent quelque chose sont ceux qui ne peuvent profiter de rien.

L’historicisme d’un Hegel est la négation du dialogue qu’est la philosophie. Qu’est-ce qui a changé entre l’époque où vivait Socrate et notre époque ? Ce qui a changé, c’est que les juges de Socrate sont morts. Mais Socrate est vivant, cela n’a pas changé.

Les paroles de Jésus étaient peut-être difficiles à croire mais elles n’étaient pas difficiles à comprendre. Aujourd’hui, on prétend que ce sont les esprits difficiles à comprendre – Hegel etc. – qui changent le monde. Comme si je pouvais adhérer à quoi que ce soit sans le comprendre. On peut être convaincu que quelque chose est croyable, digne de foi, et y adhérer ; mais il ne suffit pas de croire que quelque chose est compréhensible pour y adhérer, il faut encore le comprendre. Si Hegel bouge le monde, c’est que le monde comprend Hegel. Tellement évident. L’évidence même.

*

Les méchants ne pensent qu’à leurs plaisirs. Cela ne veut pas dire qu’ils mènent une vie de plaisirs ; dans une société d’esclaves, la plus grande partie de la vie est consacrée à la routine, dans laquelle on ne pense absolument rien. Cela veut juste dire que, quand ils pensent, ils ne pensent qu’à leurs plaisirs. Et la conséquence en est que, dans une société d’esclaves, tout le monde est méchant, parce que personne n’a beaucoup de temps et tout le monde veut rattraper le temps perdu car il n’y a pas de plaisir dans la routine. La seule chose qui rachète un peu l’esclave, ce sont les enfants qu’il doit élever, car leur fragilité l’oblige ordinairement à voir le monde avec moins d’indifférence et de méchanceté. Les jeunes y sont donc dans l’ensemble particulièrement atroces. (Les études sont une routine au même titre que le travail.)

*

Dans une société d’esclaves, il n’y a pas de temps libre, seulement du temps de récupération, d’où toute activité policée est exclue car impossible. Voyez ces diplômés vautrés devant des matchs de foot : toutes ces années d’études pour ça.

Si le foot a supprimé l’élitisme, tout le monde communiant dans un même spectacle, supprimez les études longues car ce n’est pas que des esprits supérieurement formés aient des goûts plus élevés qui est choquant mais bien le fait qu’ils n’aient pas des goûts plus élevés que des esprits moins formés. – Les études ne forment pas l’esprit. L’argent non plus.

Je veux bien que des bourgeois me reprochent mon élitisme. Leurs goûts prouvent qu’ils ne travaillent pas moins que les prolétaires et qu’ils sont engrenés dans les mêmes mécanismes d’abrutissement par la routine et la récupération vulgaire que ceux qu’ils craignent. « Puisque je suis comme eux, puisque mon argent ne me différencie d’eux en aucune façon, qu’ai-je à craindre ? » Ils oublient que l’argent est l’idole des pauvres autant qu’il est la leur, et que d’une idole on imagine facilement des pouvoirs surnaturels, invisibles : aucune différence perceptible mais elle est forcément là.

*

Je ne parviens à concevoir aucune raison au fait que, malgré l’écrasante supériorité de l’Amérique dans tous les domaines, nous conservions pour les Américains une forme de mépris indéracinable, autre qu’un sens aristocratique qui s’est maintenu chez nous à travers les vicissitudes de l’histoire et qui nous imprègne collectivement. On a tort de ne pas admirer avec quelle sincérité touchante le Français le plus médiocre se sent supérieur à l’Américain en sachant ce qu’il lui doit. J’avoue que ce trait, chez le Français vraiment médiocre qui n’a de prise sur rien, me paraît admirable. Car le fanatisme est, au fond, une vertu.

*

Aujourd’hui les lois ne sont plus votées par acclamation mais par éructation.

*

Si l’Italie percevait un droit, par exemple un centime, chaque fois que quelqu’un utilise (par éructation) le mot fasciste, ce serait le pays le plus riche du monde. Et pourquoi n’y aurait-elle pas droit, puisque c’est elle qui a inventé le fascisme ?

*

J’ai dit ailleurs que la classe d’âge, en tant que concept, pouvait garantir la culture contre la dictature du « on » décrite par Heidegger, et je pensais à la jeunesse, mais cela ne signifie pas que la jeunesse joue forcément ce rôle. Au contraire, il est certain que les jeunes forment aujourd’hui le fer de lance de la dictature du « on ». Les Jeunesses onticiennes.

*

L’éternité après la mort est paradoxalement définie par un état, béatitude ou souffrance, qui dans cette vie est toujours connu comme passager. Nous allons de béatitude en souffrance et de souffrance en béatitude, en passant par l’ennui, si bien que l’idée d’éternité définie par l’un de ces états paraît la plus difficile à comprendre. Serait-ce la preuve de sa vérité ? Quel esprit humain aurait pu inventer une chose pareille, dont nous n’avons aucune représentation, pour l’appliquer à ce qui nous attend dans l’au-delà et à la façon dont nous devons déterminer ici-bas notre conduite ? Il semblerait que la représentation la moins intuitive soit encore bonne, et cela ne peut être que parce que la loi morale est en nous et que ce n’est pas une représentation qui nous guide mais la loi morale elle-même.

Tw30 Descartes Re-Animator 2

Anthologie Twitter Mars-Mai 2020 FR-EN-ES

*

L’eugénisme au temps du coronavirus

Dans un document interne que Mediapart s’est procuré, le centre hospitalier de Perpignan donne les consignes pour « trier » les patients à sauver en cas de saturation.  « 4 catégories » : les « morts inévitables », « évitables », « acceptables », « inacceptables ». (Mediapart)

Vous avez dit « trier » ? Article 214-1 du code pénal : « Le fait de mettre en oeuvre une pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7.500.000 euros d’amende. »

La pandémie n’a pas suspendu l’application du code pénal et de son article 214-1 sur l’eugénisme. Les familles de victimes pourront porter plainte, et les peines sont sévères.

*

From the @TheUBINewsHub: The $1,200 coronavirus checks, explained. (Scott Santens)

Pour les Français de l’âge paléolithique (2020), un peu d’anglais en cette période de confinement. Stimulus check : un chèque envoyé aux contribuables par le gouvernement américain. Allez, bonne semaine de 60 heures !

*

L’offense au chef de l’État a été abrogée après la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme. C’était une inculpation qui ne laissait aucun moyen de défense à l’accusé. Abrogée en 2013 seulement : trop récent pour que certains aient eu le temps de s’adapter.

*

La chloroquine c’est bon on peut en prendre maintenant ? Avec une prescription ? Qu’est-ce qui a changé depuis deux jours ? (gaccio bruno)

Les demandes de gel vaseline à la chloroquine avaient explosé du fait d’une mystérieuse « présence thaumaturgescente »…

*

« Fasciste, une injure [pénalement condamnable] ? Non. Et oui. » (titre d’un article de L’Opinion du 10 avril 2014)

Oui mais non mais oui : c’est comme ça pour tout ! Le seul critère : Tu es Gabriel Matzneff, pas de délit. Tu es un quidam (quoi, et pauvre en plus !), délit.

*

La nuit des masques 2

(Série de tweets des 27-28 mars, quand on venait tout juste de se dire, en France, que les masques ne servaient peut-être pas à rien, ce que je suggérais depuis quelque temps déjà, comme le savent les lecteurs de mon compte Twitter et de ce blog.)

Sur le port du masque, certains opposent une culture asiatique collectiviste-autoritaire (favorisant le port du masque) à une culture occidentale individualiste-libertaire (faisant obstacle au port du masque). Or rien de plus faux. En temps ordinaire, à Taïwan, en Corée du Sud, au Japon, les gens sont libres de porter le masque ou non ; en France, il est interdit de se couvrir le visage dans l’espace public. La culture autoritaire est celle de la France, pas celle de l’Asie !

La loi d’interdiction du visage dans l’espace public de 2010 précise : « L’interdiction ne s’applique pas si [un masque] est justifié par des raisons de santé », mais le masque sanitaire était dit jusque là par les autorités françaises « ne servir à rien », peut-être parce que, s’il était reconnu pouvoir servir, cette loi est inapplicable.

Ce n’est pas notre supposé individualisme qui a freiné l’usage de masques face au covid-19 mais au contraire une idéologie sécuritaire.

ii

Il y a deux deux lois : celle de 2018 pour prévenir les violences en manifestation (avec des peines lourdes) et la loi de 2010 qui instaure une interdiction générale de dissimulation du visage dans l’espace public (avec une peine d’amende). Cette dernière connaît certes une exception pour raisons de santé mais jusqu’à présent le masque n’était pas prescrit en France pour la grippe. Ainsi, rien dans la loi de 2010 ne justifie un traitement particulier pour le port de masques filtrants, même avec l’exception pour raison de santé compte tenu du fait qu’une raison de santé s’atteste par un justificatif (et si l’on est libre d’acheter des masques il faut la signature d’un médecin pour un justificatif en bonne et due forme). Les personnes qui portent le masque de façon préventive ne peuvent avoir aucune attestation puisqu’elles ne sont pas malades.

Je n’ai jamais entendu de touristes chinois [qui ont l’habitude de porter des masques filtrants] rapporter des problèmes avec les forces de l’ordre. Il faudrait être bien bête pour se plaindre d’un policier qui agit intelligemment. (A.F.)

Il y a sans doute des consignes internes à la police pour ne pas appliquer la loi sur la dissimulation du visage avec les touristes chinois et d’autres pays d’Asie. Mais cette consigne est parfaitement illégale (même si vous la trouvez de bon sens). La loi pose une interdiction générale de dissimulation du visage. Même quand une loi est stupide, un policier doit l’appliquer : c’est l’État de droit. Autoriser la police à décider à qui et comment elle applique la loi, c’est lui donner les pleins pouvoirs ; ce n’est pas l’État de droit.

À vous suivre, l’État de droit devrait donc verbaliser les travailleurs désamianteurs sur la voie publique ? Ainsi que les ouvriers du BTP masqués ? (‘‘)

Non car l’exception est prévue par la loi : « justifiée par des motifs professionnels ». L’entreprise peut attester qu’elle est autorisée à réaliser des travaux sur la voie publique, et, si les ouvriers ont besoin de porter des masques en la circonstance, cette dissimulation du visage fait partie des exceptions admises par la loi.

La pandémie démontre l’erreur de cette loi, la chose à faire conformément à l’État de droit est d’abroger la loi, non de laisser la police choisir à qui et quand elle l’applique, car alors l’arbitraire policier se substitue à l’État de droit.

La loi de 2010 est une interdiction générale de dissimulation du visage dont les touristes chinois portant des masques n’ont aucune raison valable d’être exemptés. C’est peut-être en raison de corruption dans la police qu’ils ne sont pas verbalisés.

*

Municipales : Faut-il imposer un casier judiciaire vierge aux élus ? Juridiquement, le texte voté en 2017 est en attente au Sénat  et pourrait facilement être inscrit à l’ordre du jour. (Anticor)

À rejeter totalement en France, où la justice n’est pas pleinement indépendante et où le nombre de condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme pour violations de la liberté d’expression (c’est-à-dire pour des créations de casier judiciaire illégitimes, abusives) est un des plus élevés du Conseil de l’Europe.

*

Les médecins cubains face à la bureaucratie française

#Parodie Cernée par des médecins cubains en Italie et en Andorre, la France est obligée d’accepter des médecins cubains dans ses outre-mer.

[Le décret du 31 mars 2020 permet aux médecins étrangers de voir leurs titres reconnus selon une procédure simplifiée pour exercer dans les outre-mer français : la presse a commenté la mesure en disant que la France « acceptait » des médecins cubains, qui prêtent déjà main forte aux autorités sanitaires nationales de plusieurs pays, dont l’Italie et l’Andorre voisins, contre le covid-19. Au jour où je publie la présente anthologie, le 6 mai 2020, aucun médecin cubain n’est arrivé dans nos outre-mer malgré la procédure simplifiée.]

ii

Les formalités accomplies, plusieurs délégations de professionnels de la santé en provenance de La Havane seront intégrées dans les hôpitaux de nos territoires. (Martinique la 1ère, 3 avril 2020)

Il y a urgence sanitaire mais les formalités sont les formalités… La France plus bureaucratique que l’URSS !

*

Descartes Re-Animator 2

Est illégal le fait d’exposer de véritables corps humains dépecés à des fins commerciales. Cass. 1ère civ., 16 septembre 2010, n°09-67.456 (Curiosités juridiques)

Je vois là un cas particulier de l’interdiction générale française très problématique de diffuser des images de victimes (au nom de je ne sais plus quel respect), qui donne à la police un monopole de la connaissance des corpus et locus delicti, dont elle ne peut qu’être portée à abuser.

Du reste, outre la question de l’exposition de momies, leur exhumation elle-même est de la pure et simple profanation de sépulture, l’article 225-17 CP ne prévoyant aucune exception pour les travaux archéologiques, tous passibles de la loi par conséquent. (Dans notre droit, une exception doit être écrite.)

ii

Dans l’affaire des corps donnés par les personnes de leur vivant à la science et laissés à l’abandon dans les locaux de l’Université Paris-Descartes, à même le sol, mangés par les rats, quand ils n’étaient pas vendus (!) (voyez mon Descartes Re-Animator ici), les familles des morts pourraient vouloir et demander la diffusion d’images, pour alerter sur ces faits choquants.

Mais ça reviendrait à la jurisprudence Erignac : pas de diffusion d’image des corps car atteinte à la dignité des défunts. Mais il dépendra si les corps sont clairement identifiables… Aussi voir si une publication au grand public ne serait pas perçue comme trop choquante. (Angel)

C’est justement cette jurisprudence Erignac que je mets en cause. Dans cette jurisprudence, je suspecte que ce n’est pas tant l’humanité que la « préfectoralité » de la victime qui a été l’élément déterminant (inavoué), vu l’étatisme morbide des institutions françaises. Or nous continuons de voir des images de charnier.

Nos magistrats, contaminés par le parquet, sont solidaires de cet étatisme. J’ose affirmer qu’on ne sait pas ce qu’est un juge en France, car ils se voient en fonctionnaires, un segment de la branche exécutive, plutôt qu’en branche judiciaire du pouvoir.

En outre, les images de charniers diffusées par exemple par l’éducation nationale rendent la remarque « voir si une publication au grand public ne serait pas perçue comme trop choquante » sans fondement. Même choquantes, des images de ce genre ne sont pas forcément interdites ; au contraire, un contenu choquant peut même servir de matériel pédagogique. Quand l’État diffuse de telles images, il ne considère pas que c’est une atteinte à la dignité des personnes (en invoquant, j’imagine, le prétexte que ces personnes ne seraient pas identifiées ; or elles sont au moins identifiées collectivement).

iii

P.S. Les archives de Paris Descartes ont été « cambriolées » fin janvier. Sans doute un effacement opportun de preuves.

*

Pourquoi certains se font-ils payer pour insulter les politiciens quand d’autres, qui le font gratuitement, passent en correctionnelle ?

*

Assuming with Jainism that karma is some matter that clogs the soul, and being matter is ponderous, then at death the soul must be attracted toward the center of the earth by mere gravity, that is, must fall into the fire, whereas a soul without karma rises to the sky.

*

Amis maliens, bonjour. L’article 12 de la Constitution du Mali dispose : « Toute personne persécutée en raison de ses convictions politiques ou religieuses, de son appartenance ethnique, peut bénéficier du droit d’asile en République du Mali. » Ma question est donc la suivante : Si un Français persécuté par l’État français pour ses écrits demande l’asile au Mali, le Mali peut-il garantir à ce réfugié que les autorités du pays ne céderont pas aux autorités françaises qui leur réclameraient le réfugié ?

*

Aux abrutis qui écrivent anonymement  à leur voisins soignants : est une violence avec préméditation le fait d’envoyer des écrits anonymes dans le but de menacer ou impressionner quelqu’un = 18 mois d’emprisonnement. Cass. crim., 13 juin 1991, n°90-84.103 (Curiosités juridiques)

De deux choses l’une, ou bien les soignants sont des héros et alors ils le sont parce qu’ils se mettent en danger et, ce danger étant la contamination au covid-19, ils deviennent dangereux, alors la peur de leurs voisins n’étant pas irrationnelle, elle est excusable. Ou bien ce ne sont pas des héros.

Ensuite, mettre sur le même plan une menace de violence avec la violence elle-même est de la théologie : « Haïr en son cœur est la même chose que tuer » (leçon de Matthieu 5,22 d’après Kant, La religion dans les limites de la simple raison, Doctrine, IVe partie, 1e section, I). Il serait temps que la séparation de l’Église et de l’État prenne effet, 115 ans plus tard.

La bible précise aussi que tuer quelqu’un est mal, doit-on donc laisser les gens tuer pour bien séparer l’église et l’état ? (Eliot)

Quand on sépare l’État de l’Église qui s’appuie sur la Bible, il faut aussi séparer ce qui se trouve dans la Bible à titre spécifique de ce qui ne lui est pas spécifique car tout est dans tout et il ne s’agit pas de séparer l’État de tout. « Haïr en son cœur etc » est spécifique.

b/

La peur peut être mauvaise conseillère mais il est un peu facile de traiter les gens d’abrutis alors qu’ils ont des raisons de craindre que les soignants, héroïques parce qu’exposés à la contamination, puissent les contaminer à leur tour en prenant le même ascenseur.

Je n’ai vu aucune menace dans les lettres que j’ai lues sur Twitter, et l’on peut par ailleurs se demander comment l’État, qui appelle à saluer, parce qu’ils risquent d’être contaminés, les soignants chaque soir depuis un balcon, ose les laisser prendre les transports en commun et rentrer chez eux comme si de rien n’était.

Vous n’avez pas vu non plus de menaces car vous précisez « menacer ou impressionner ». Mais que veut dire impressionner ? Ne puis-je chercher à impressionner quelqu’un par mes qualités ? Ça ne veut rien dire, c’est juste le travers de vouloir étendre la portée de toutes les lois répressives.

*

C’est tellement beau, le progrès scientifique ! On se croirait revenus aux confinements des périodes de peste au Moyen Âge…

*

Suède [4 avril] : 5.466 cas de covid-19, 282 morts, pas de confinement.

« The face of Sweden’s response has been Anders Tegnell, the state epidemiologist, who has held daily press conferences. Politicians have taken a back seat. » (stuff.co.nz)

Le gouvernement suédois fait d’un expert médical (the state épidemiologist) son unique porte-parole en cette période de pandémie. Cela n’est-il pas plus rationnel que de faire tourner en boucle des politiciens en qui seuls leurs militants politiques ont encore confiance ?

Où est le « state epidemiologist » français ? Qui est le porte-parole scientifique de notre gouvernement ? À quoi notre haute administration pléthorique sert-elle, si c’est pour se retrouver avec un organigramme de l’expertise publique vide ?

*

Le prélèvement grippal de l’économie

Le bilan du covid-19 en France à ce jour (6 avril : 8.000 morts) n’est pas encore à hauteur du bilan annuel de la grippe saisonnière : « En France la grippe provoque environ 10.000 morts chaque hiver. » (Wkpd grippe)

Idem pour le bilan mondial :

–covid-19 à ce jour : 70.000 ;
–grippe saisonnière : « de 290.000 à 650.000 décès par an » (Wkpd)

Pourtant, le vaccin contre la grippe existe et c’est le succès du vaccin contre la grippe qui expliquerait qu’on ne confine pas les populations contre la grippe… Tout est très clair. L

Ce chiffre de 10.000 morts de la grippe chaque année en France, on peut l’appeler le « prélèvement grippal de l’économie » sur la population. Car si on faisait un confinement chaque hiver contre la grippe, nous aurions seulement, disons, 200-300 morts. Mais l’économie serait suspendue. Notre société a donc fait le choix (on ne m’a d’ailleurs rien demandé, ni à vous, je présume) de sacrifier 10.000 –ou entre 9.500 et 10.000– individus tous les ans à l’économie plutôt que de confiner la population chaque hiver pendant la grippe.

Or, selon certains experts, le covid-19 peut devenir saisonnier. Quand on aura un vaccin, on ne confinera plus et, tous les ans, à la place, il y aura des campagnes de vaccination contre le covid-19 mais tout de même, disons, 20.000 morts par an. Soit, avec la grippe, 30.000 morts.

Mais trêve d’anticipation, il est évident que l’actuel prélèvement grippal de 10.000 porte sur des gens immunodéficients, donc les personnes âgées et les personnes souffrant déjà de certaines pathologies. À part ça, le code pénal interdit l’eugénisme (article 214-1) ! (Mais le code pénal est fait pour les pauvres.)

J’accuse l’État français, en laissant mourir de grippe 10.000 personnes par an par absence de confinement, ces 10.000 étant par nécessité surtout des personnes âgées, de pratiquer « l’organisation de la sélection des personnes » (art. 214-1 CP eugénisme) dans un sacrifice macabre à l’économie.

*

Renta básica universal

L’Espagne instaure le revenu universel pour contrer le confinement. Revenu universel qui devrait continuer après l’épidémie. (Nicolas Grégoire, écrivain)

Je pressens une entourloupe avec le revenu universel espagnol (ingreso mínimo vital, décrit par certains comme un revenu universel, renta básica, ce qu’il n’est du reste, et malheureusement, que de manière très approximative) s’ils le maintiennent au-delà de la pandémie : c’est que je ne pourrai pas en bénéficier, alors que je devrais pouvoir aller m’établir en Espagne. La citoyenneté européenne, c’est pour les chiens ?

Si toute personne présente sur le territoire pouvait bénéficier du revenu universel, on ne parlerait pas d’appel d’air mais de cyclone… C’est pourquoi les auteurs précisent toujours que le RU est forcément réservé.

(Une preuve que le RN est à l’ouest, c’est qu’il ne proposent pas le revenu universel depuis longtemps. Car toute la littérature sur le sujet souligne que la mesure n’est possible qu’avec la préférence nationale – ou, selon moi, européenne.)

Yo, ciudadano francés, quiero aprovechar del ingreso mínimo vital español como ciudadano europeo. Quiero irme de Francia para vivir en España de la renta básica española. Hagan las cosas bien por favor. Gracias por su atención.

*

L’être frigide et le néant

Sartre ou #MeToo, il faut choisir car L’être et le néant 1e partie ch.1 II « Les conduites de mauvaise foi » peut se résumer ainsi : Est de mauvaise foi la femme qui n’a pas voulu voir qu’elle allait être violée (par l’homme qui lui disait à quel point il l’admire). Citation : « elle se réalise comme n’étant pas son propre corps et elle le contemple de haut comme un objet passif auquel des événements peuvent arriver, mais qui ne saurait ni les provoquer ni les éviter, parce que tous ses possibles sont hors de lui ». Un passage faisant immédiatement suite à une discussion très louche (quant au contenu) de la frigidité féminine : « Si la femme frigide distrait ainsi sa conscience du plaisir qu’elle éprouve, ce n’est point cyniquement et en accord avec elle-même : c’est pour se prouver qu’elle est frigide ».

*

L’être et le néant : « Fuyant par le ‘non-être-ce-qu’on-est’ l’en-soi que je ne suis pas sur le mode d’être ce qu’on n’est pas, la mauvaise foi, qui se renie comme mauvaise foi, vise l’en-soi que je ne suis pas sur le mode du ‘n’être-pas-ce-qu’on-n’est-pas’.Et l’origine de ce risque, c’est que la conscience, à la fois et dans son être, est ce qu’elle n’est pas et n’est pas ce qu’elle est. À la lumière (sic !) de ces remarques, nous pouvons aborder à présent… »

Les ravages de l’heideggerianisme sur un psychisme fragile. (Je suis en train de préparer pour ce blog un billet sur L’être et le néant de Sartre. Le passage inexcusable qui précède n’est pas tout à fait représentatif de l’œuvre dans son ensemble.)

*

« Condamné à être libre » (Sartre), un fou doit être tenu pour responsable de ses actes. (Nerd face)

*

« Les révolutionnaires sont sérieux … Marx a posé le dogme premier du sérieux lorsqu’il a affirmé la priorité de l’objet sur le sujet et l’homme est sérieux quand il se prend pour un objet. » (Sartre, L’être et le néant, 1943 ; comment s’étonner que le PCF le traite de fasciste, après ?) [« Kanapa dans L’Existentialisme n’est pas un humanisme nous traitait sur un ton ordurier de fascistes et d’‘ennemis des hommes’. » (Simone de Beauvoir, La Force des choses)]

*

Je ne sais pas si je vais être compris mais le fascisme n’a pas inventé les atteintes aux libertés (ni n’en a le monopole).

*

L’euthanasie au temps du coronavirus

La loi Leonetti de février 2016 a instauré un droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, afin de soulager les souffrances inutiles mais l’euthanasie reste interdite en France. (AFP)

Typique du droit français : se payer de mots. Une « sédation profonde et continue » jusqu’à la mort n’est pas de l’euthanasie.

Donc empêcher une personne de se nourrir (en la maintenant sous sédatif), ce n’est pas la tuer. CQFD.

ii

#Parodie « Allez en dictature [ceux qui disent que la France est une dictature], allez en dictature, où ils pratiquent l’euthanasie alors qu’ils pourraient pratiquer la ‘sédation profonde et continue’ jusqu’à ce que mort s’ensuive ! »

*

Coronavirus : La police à Mayotte débordée sur tous les fronts. (Mayotte la 1ère)

#Parodie L’Élysée annonce des mesures : « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent. »

*

L’interdiction (sauf rares exceptions « très contrôlées ») des statistiques ethniques en France n’a d’autre but que d’occulter les pratiques discriminatoires de l’État français. Les vraies démocraties publient des statistiques ethniques officielles.

*

The US has struck again, robbing the Cayman Islands of ventilators and masks that were being shipped to the country according to Premier Alden McLaughlin. Barbados was the first Caribbean country to suffer this fate. Canada, Germany and France have all had the same complaint. (Dareece Polo, Tele SUR)

U.S. authorities are preventing some goods from leaving the country, although governments purchased that material from private businesses. So the U.S. has set up a non-stated policy of impeding trade. #WorldTradeOrganization

*

Vous les avez élus, puis ils se sont fait acheter. #corruption

*

According to the evidence, the activity of CCP China users on social media like Twitter is 100% Wumao i.e. polit prop. Real people from mainland China are allowed to use the state-controlled Weibo platform only.

*

#Parodie Dix médecins cubains à Mexico. Le Pentagone affolé prépare les bombardiers nucléaires. Au cas où.

(« Ya están en México los médicos cubanos para apoyar emergencia por Covid-19. … Un total de 10 profesionales de la salud arribaron este lunes, con el propósito de apoyar a la Secretaría de Salud con recomendaciones y actualizaciones en materia de enfermedades respiratorias. » sinlinea.mx)

*

L’être français, ou le néant

Si le racisme est un délit, traiter quelqu’un de raciste est un délit, comme de l’accuser de vol ou de braquage (diffamation), donc si la parole raciste est condamnée par la loi personne ne peut se défendre de la parole raciste sans passer par la justice car se défendre par la parole en dénonçant une parole que l’on juge raciste c’est s’exposer à des poursuites pour diffamation.

(Du reste, porter plainte est également susceptible, en fonction du jugement, de vous valoir des poursuites pour dénonciation calomnieuse.)

Toute prohibition légale de paroles (« contenus ») soustrait la discussion du sujet au débat de la place publique pour le transférer aux plaidoiries de tribunal. Car, je le répète, si un type de contenu est illégal, accuser quelqu’un de véhiculer ce type de contenu est illégal. – C’est illégal si ce n’est pas fondé, bien sûr (exceptio veritatis), mais c’est au seul juge d’en décider. Le temps qu’il se prononce, un avocat vous aura ruiné. Toute prohibition de la parole est une éviction classiste des pauvres du débat public.

Les personnes peuvent se faire représenter, il est vrai, par des associations  (antiracistes etc) subventionnées par l’administration (pouvoir exécutif), qui prennent en charge les frais de justice. Mais ces associations dépendent de l’exécutif, qui doit lui-même pouvoir être mis en cause dans le débat démocratique. Au final, puisque, en réalité, on ne peut dire ni même insinuer sans risque judiciaire, et donc sans frais financiers, que quelqu’un est raciste, sauf en passant par une association antiraciste subventionnée par l’administration, c’est l’exécutif qui contrôle le débat. Pitoyable caricature de démocratie.

En outre, si demain le juge décide – et, selon l’expression consacrée, il est souverain – que le contenu « les (ethnie x) sont séparatistes et terroristes » n’est pas du racisme, personne ne pourra contester ce jugement, ne pourra contester cette « vérité », sans d’inlassables poursuites en diffamation (et les vexations policières qui vont avec). Il y faudra une loi qui dise le contraire de ce qu’a dit le juge.

Mais allez demander à un politicien français de comprendre les institutions, le droit, au-delà de « Le racisme c’est mal » : ce sont eux qui ont voté ces atroces lois d’esclavage intellectuel, avec un filet de bave à la commissure. (La preuve : vous êtes anonymes.) Que des politiciens ignares se soient érigés en arbitres des choses de l’esprit les place au-dessous du clergé d’Ancien Régime (qui, eux au moins, étaient docteurs en théologie).

ii

Il n’y a pas de discussion possible entre un Américain relevant du Premier Amendement de sa Constitution et un Français relevant de la sienne, car le premier est libre de ses propos et l’autre ne l’est pas. Le World Wide Web aggrave l’enfermement psychique de ce peuple.

On peut appeler ça de la paperasse corticale : le cortex bureaucratisé du Français est englué dans des liasses poisseuses de législation anti-haineuse et anti-diffamatoire et, dès qu’il ouvre la bouche, il croit parler à la police ou à des juges à son procès. Ça lui donne un air bouffon.

Le seul moyen psychologique accessible au Français pour recouvrer à ses propres yeux sa dignité conchiée est d’assumer l’asservissement comme sa propre demande, une expression de sa liberté. Ce qui l’oblige cependant à nier que des pays libres puissent exister, donc à s’enfermer. C’est pourquoi le Français, bien que sa culture, parce qu’il est intrinsèquement vide, évidé par son asservissement légal, lui vienne aujourd’hui entièrement des États-Unis, n’a jamais vu les États-Unis. Car voir la liberté anéantirait sa posture.

*

Spoiler : Bientôt la France sera le dernier pays développé à maintenir l’interdiction du cannabis. Les irréductibles etc… (ou « Les irréductibles et c… »)

*

Une distance de deux mètres entre personnes, ce n’est pas de la distanciation sociale mais de la distanciation physique. La distanciation sociale, c’est que, même côte à côte, un bourgeois et un prolétaire sont dans deux mondes différents.

*

All across America… Endless lines of cars at food banks … people line up for miles to get essentials from food banks. (G. Gordon)

Given the tenets of Capitalism, wouldn’t one be justified to speak of “dole-out mentality” seeing these images? Don’t these tenets expect that people, instead of lining in cars at food banks, ought to sell their cars and buy a bike and food with the money? I had no idea the aim of food banks was to allow people to keep their cars. Concept: Food banks as subsidies to the car industry.

ii

Les Américains ont-ils une mentalité d’assistés ? Au lieu de revendre leur voiture et d’acheter un scooter, ils font la queue dans leur voiture pour de la nourriture gratuite.

*

Le néofascisme selon la bureaucratie soviétique : les groupes Kiss et AC/DC ainsi que Julio Iglesias (entre autres.)

From ‘True Colors of Communism’ (Click to enlarge)

*

When the Martian core was active (ablaze), and it must have been active at some juncture, given the presence today of polar ice caps there inevitably was liquid water –from underground springs– on the planet in spite of icy exterior temperatures.

Two factors must favor faster life-thriving in the periphery of a circumstellar habitable zone (CHZ) (i.e. on Mars rather than the Earth): 1/ greater environmental pressure & 2/ lesser microparasitic load (which is an expenditure load on metabolism).

*

‘Hegel wrote so abominably that I cannot understand him’’ (William James, Some Problems of Philosophy)

*

“Do not give him the gift of infamy.” PM Trudeau asks for media to not name or show photos of the gunman in the Nova Scotia Shooting [aka Gabriel Wortman].

Is there a Canadian law prohibiting to show photos? If not, why would Canadian citizens pay attention to the gentleman? Isn’t Canada a rule-of-law country?

Providing there’s a law, the gentleman reminds Canadians of the law. Fine. But if no law exists, there’s nothing he can do but have a law passed in Parliament; meanwhile the gentleman is unwarranted to tell Canadians what to do, as he is not the law.

To be more precise, in my book when a member of the executive (like the head of the executive) tells citizens to not do what the law allows them to do, this is a ground for impeachment.

ii

Thank you, Justin Trudeau, for asking the media to refrain from posting and publishing the shooter’s name and photograph. There’s no need to give him the gift of infamy. (Darren Fisher, MP for Dartmouth-Cole Harbour)

Is there a Canadian law forbidding media (social media, you mean?) to post photos of the shooter? If not, is it the role of an MP to congratulate the executive for giving oral commands to the citizenry outside the rule of law? The executive calls it ‘giving him the gift of infamy’; that’s its own interpretation, but the reasons for publishing photos may be many and as long as it is not forbidden it is up to citizens to do as they see fit. #RuleOfLaw

*

J’ai un dictionnaire français-touareg en 2 volumes. Les Touaregs, comme on sait, sont assez présents dans plusieurs pays d’Afrique francophone. Ce dictionnaire est une oeuvre de l’Allemand Karl-Gottfried Prasse et a été publié à Copenhague (2003). C’est, semble-t-il, l’ouvrage de référence en la matière actuellement. Je ne sais quelles conclusions en tirer.

*

Cette photo [d’un homme en uniforme portant un turban] montre un policier australien. Vous ne verrez pas une telle photo de la police en France, pays où il y a pourtant des Sikhs. L’un de ces pays est un pays libre : sauras-tu dire lequel ?

Un pays de tolérance où les gardiens de la tolérance (le Parlement, le Conseil d’État…) ne peuvent supporter de voir une personne avec un turban sur la tête (« Pas d’chez nous ! »)…

Les raisons de sécurité pour justifier l’interdiction du turban sikh sont un pur prétexte. Comme si les démocraties qui autorisaient le turban souffraient d’une plus grande insécurité de ce fait ! La farce a assez duré, non ?

*

À l’attention des fous de la GAV : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, d’ordonner ou d’accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d’emprisonnement et de 100.000 euros d’amende. » (art. 432-4 code pénal)

*

Pour régler les problèmes systémiques, les petits actes de consommateurs ne suffisent pas. Il faut changer les lois. Et pour changer les lois il faut voter. Si personne ne vous convient, lancez-vous ! (SuperCitoyenne)

On ne peut pas se lancer tout seul : il faut avoir avec soi les services juridiques et les avocats d’un parti politique subventionné pour pouvoir ouvrir la bouche dans ce pays. Pour les autres, c’est l’anonymat sur les réseaux sociaux point barre.

*

The world is on lockdown. So where are all the carbon emissions coming from? (grist.org)

Figures don’t add up. If “transportation makes up a little over 20%” of emissions (28% in U.S.), assuming all other sources keep going, lockdown should imply an emissions decrease of about 20%, not the 5.5% allegedly measured, and certainly not a spread of 14.5. No lockdown here.

Assuming other sources (utilities and industry) remain at the same level (instead of increasing their emissions during lockdown, of which the article says nothing), transportation at 72.5% of its normal emissions sounds odd†, like transportation emissions come not from cars…

†(The more so as industry emissions must have decreased too, even though utilities emissions might have increased a bit due to people staying at home.)

Traffic in my city is way under 72.5% of usual traffic (in fact it has almost stopped for weeks now), so if there’s any correlation between city traffic and transportation emissions the latter’s level cannot be at 72.5% of the pre-lockdown level.

*

« La longévité est plus élevée qu’au moment où on a fixé l’âge de la retraite, donc il faut maintenant allonger la durée de cotisation. » Il n’y a que la longévité qui a augmenté – et pas la richesse ? Je croyais qu’en travaillant on créait des richesses.

Si c’est vrai qu’il est nécessaire d’allonger la durée de cotisation parce qu’on vit plus vieux, alors le travail, dans notre modèle, ne crée pas de richesses, car si le travail créait des richesses nous ne perdrions pas notre niveau de vie en payant des retraites plus longues.