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Exoparapsychologie: Rêve-contact 2

Le travail n’a jamais été la vocation de l’humanité : dans l’antiquité la valeur suprême est l’otium, le loisir, au moyen âge le travail est une malédiction, pour le mouvement des travailleurs c’est une aliénation, et de nos jours il n’existe que comme faux-semblant pour occuper une humanité vidée. Un travailleur aujourd’hui fait doublement pitié : non seulement parce que son travail est pénible et le plus souvent dénué d’intérêt, car parcellisé, mais aussi parce qu’il n’y a aucune raison pour que ce soit un homme qui l’accomplisse.

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Il ne manque au mari parfait que d’être l’amant de sa femme.

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La jeunesse est l’âge des admirations non feintes. Plus tard, il s’y mêle de l’envie, l’objet de notre admiration en même temps nous humilie et avec l’humiliation vient la haine, qui n’épargne pas même les morts.

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La doctrine kantienne annonce la fin du travail.

Dans une société de pénurie, la division du travail ne permet pas à la religion de se passer de « l’humiliante distinction entre laïcs et clercs » (Kant), car de nombreux métiers, voire tous, relèvent purement et simplement de « l’auto-abrutissement » qui est un manquement au devoir envers soi-même (toujours Kant). Le libre usage de notre temps est nécessaire à notre finalité morale : le travail inutile, le travail faux-semblant, le travail répétitif, monotone, usant, parcellisé, moralement douteux (commerce), est contraire à notre finalité et est par conséquent un manquement à notre devoir.

En outre, le travail de masse est l’organisation collective d’une violation de l’impératif catégorique « Ne traite point autrui comme moyen mais comme fin ».

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Compléments à Kantism & Astronomy (x)

1

L’infini est certes partout en mathématiques : entre 0 et 1 il existe une infinité de degrés. Mais dans l’expérience sensible une « valeur intensive » (Kant), ce que j’appelle une qualité empirique, ne peut être infinie [la démonstration a été apportée par Locke : voir Commentaires à Kantism & Astronomy]. La variabilité d’une qualité sensible peut être infinie, mais non son quantum : une qualité peut prendre une infinité de valeurs, même des valeurs sans représentation numérique (pi est un nombre fini dont je ne puis avoir une telle représentation) – toujours finies.

(L’expression « tend asymptotiquement vers l’infini » signifie que, dans une fonction asymptotique, la valeur d’une variable croît ou décroît indéfiniment avec le temps ou avec une autre variable.)

2

La théorie de la relativité est en contradiction avec la conception kantienne de l’espace et du temps en tant que formes a priori de notre intuition. Si l’espace et le temps sont les formes dans lesquelles notre sensibilité est affectée, il est absurde de dire, par exemple, que l’espace puisse être courbé, c’est-à-dire qu’il ait des propriétés à la manière des objets de l’expérience (la matière de notre intuition). Une absurdité (une dérogation aux conditions formelles de l’usage de notre pensée) étant admise, d’autres en découlent : valeurs infinies de propriétés empiriques…

3

Les géométries non euclidiennes, non intuitives, pourraient contredire Kant si elles ne se ramenaient pas, comme l’explique Poincaré, à la géométrie euclidienne. Ainsi, deux droites parallèles peuvent se croiser si l’on courbe l’espace (tiens, tiens… mais il s’agit ici de l’espace géométrique de l’intuition et non de l’espace physique de l’expérience).

4

On suppose un espace courbe pour expliquer l’orbite de Mercure. Il fallait que quelque chose fût courbé pour expliquer sa trajectoire, et comme on est dans le vide (n’est-ce pas ?) il n’y avait rien d’autre à courber que l’espace – ou l’espace-temps. Ce faisant, on imputait des propriétés physico-expérimentales (élasticité) à une pure forme de notre intuition.

5

L’univers du Big Bang s’étend dans le vide. L’univers en expansion de Kant s’étend dans un chaos de particules qui en viennent à se soumettre progressivement aux forces de l’univers.

6

En réponse aux critiques de « l’intuitionnisme » de Kant. 1°/ Kant admet sans ambiguïté, contre ceux qui la rejettent en se revendiquant justement de l’intuition, la notion d’infiniment petit. Par exemple, il cherche à définir le contact comme une distance infiniment petite. (En revanche, il dit explicitement [quelque part : à retrouver] qu’une vitesse infinie est possible et là je ne le suis plus.) 2°/ Il est l’auteur d’un essai sur les grandeurs négatives négatives (Versuch den Begriff der negativen Größen in die Weltweisheit einzuführen, 1763), qu’il introduit « en philosophie » (selon le titre français de l’œuvre, Weltweisheit dans l’original) et défend en mathématiques contre ceux qui se revendiquaient, à tort, de l’intuition. Si l’on ramène l’arithmétique au comptage des oranges, il ne peut certes y avoir -3 oranges. Mais si quelqu’un parcourt une distance en faisant trois pas en avant et deux pas en arrière, on a la sommation : +3 -2 +3 -2…, et si son mouvement est de trois pas en arrière et deux pas en avant : -3 +2 -3 +2… Les valeurs négatives sont complètement intuitives.

7

Les fréquences infrarouges et ultraviolettes ont pu être mesurées et sont donc indirectement perçues et attestées comme réelles dans notre expérience. En revanche, les dimensions « surnuméraires » de l’espace sont une construction, non dans l’intuition pure comme les objets de la géométrie, mais dans l’entendement pur, avec cette conséquence qu’elles ne sont qu’un jeu de l’esprit, des concepts vides.

Le champ de notre sensibilité peut être étendu par la technologie : nous percevons des objets de plus en plus petits, d’autres de plus en plus éloignés, un spectre de fréquences de plus en plus large, mais, ce principe de la technologie étant posé, demeure une impossibilité quant à l’appréhension, hors de l’entendement pur, de dimensions surnuméraires de l’espace, du fait que l’espace n’est pas une matière, mais la forme même, de notre expérience sensible.

8

Pour décrire l’espace, on peut toujours écrire n à la place de 3 (dimensions) et voir ce qui logiquement, en recourant aux opérateurs logiques, en résulte, mais il n’est pas pour autant permis, de ce que les opérations logiques ou formelles soient toujours possibles dans l’entendement pur, d’en tirer des conclusions sur l’étant. Une remarque que Kant a appliquée aux « preuves » de l’existence de Dieu avancées par la raison spéculative.

Un « espace vectoriel à n dimensions » ne décrit pas l’espace physique (forme de l’intuition sensible) mais une représentation des « dimensions d’un problème ».

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Le hasard étant ce qui n’est pas expliqué de manière causale, le modèle qui y recourt est inabouti, car tout dans la nature sensible se produit en vertu d’une cause, de par la règle a priori de notre entendement.

Mise au point. La statistique recourt à l’expression « lois du hasard » sans nier que les variations soient déterminées par des facteurs. L’intelligence artificielle parle de « voies non déterministes » (méthodes heuristiques) sans nier le déterminisme des phénomènes.

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Rêves-contacts (2)

Voyez (1)

Hypothèse. Les intelligences extraterrestres communiquent avec nous dans nos rêves (Nýall).

1

Nuit du 24 février 2010. Une race géante de monstres tentaculaires fait son apparition sur la terre. Ils détruisent tout ce que l’homme a produit, exterminent l’humanité dont ils se repaissent bien que cela ne leur soit pas une nourriture particulièrement appropriée. Ce qui caractérise ces monstres est leur gigantesque énergie vitale, et, bien qu’ils semblent dépourvus d’intelligence, l’homme ne peut rien contre eux. Ils sont une force brute dont l’instinct nous est totalement hostile. Certains parmi les derniers hommes tentent de mettre à profit les restes des programmes spatiaux de l’humanité pour émigrer vers d’autres planètes ; quelques vaisseaux sont lancés mais les difficultés de telles odyssées font qu’elles sont vouées à l’échec. Les derniers survivants décident de vivre sous terre, où ils sont appelés à muter.

2

Nuit du 15 décembre 2013. Étreignant la femme que j’aime, celle-ci m’avoue qu’elle est morte et revient d’outre-tombe pour faire l’amour avec moi. La révélation de sa mort m’attriste, puis je me fais la réflexion que, puisque sa présence me semble si réelle, nous pouvons continuer à vivre notre amour. Mais le prix en sera que je passerai aux yeux du monde pour un homme que la douleur a rendu fou. Je me réveille triste.

3

Nuit du 7 janvier 2016. Cette phrase : « The living obsess you, the dead will haunt you. »

Même nuit. Des insectes extraterrestres à la prodigieuse faculté de reproduction arrivent sur la terre. Leur piqûre rend les animaux et les hommes fous dangereux. Je suis le seul à le savoir.

4

Nuit du 7 février 2016. La falaise des hommes-crapauds poilus : les cavités en sont occupées selon la hiérarchie et la taille des individus varie en fonction de leur position sociale. Le mâle alpha, le roi des hommes-crapauds, est dix ou vingt fois plus gros que l’individu lambda et son corps remplit entièrement sa caverne, qu’il ne quitte jamais. Dans la foule au pied de la falaise, les hommes-crapauds sont mêlés à des lémuriens.

5

Nuit du 10 mars 2018. Un amphithéâtre dont tout le mur de droite, vu depuis les gradins, est vitré : l’amphithéâtre est une structure sous-marine. Un cours a lieu, l’amphithéâtre est plein. Un monstre marin gigantesque, dont les dimensions sont telles que la vitre, de proportions pourtant très considérables, ne permet pas de le voir entièrement, et qui est une sorte de pieuvre, attaque l’amphithéâtre. La structure est secouée tout le temps de l’attaque, la lumière s’est éteinte. Quand le monstre finalement renonce, j’interroge la jeune professeure dans un couloir : l’attaque n’a eu aucune conséquence si ce n’est sur le circuit électrique, ce qui a provoqué l’extinction des lumières. Je ne suis pas entièrement rassuré.

6

Nuit du 7 juin 2018. Débat sur le sexe de la monnaie des anges.

Même nuit. Un examen aux États-Unis. L’assesseur me demande, avant que l’examen commence, de dire un mot à mes voisins de classe, parce que je suis Français. Je leur dis : « Hi, my fellow competitors, I hope you all win. » Puis l’assesseur élucubre philosophiquement sur son admiration pour l’expression française « Ah bon ».

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Kant. Des infractions universelles à un principe ne prouvent rien contre ce principe. Ce n’est pas parce que tout le monde mentirait que la fausseté serait pour autant une vertu.

C’est le privilège de chacun de pouvoir s’abstraire du sort de tous.

La morale est la seule science exacte avec les mathématiques pures.

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G

Le problème de l’employeur, quand il recrute un salarié, est de maximiser g(a+b+c+d), où g est le facteur de Spearman (intelligence générale) et a, b, c, d un ensemble de compétences requises pour exercer une fonction donnée. C’est un résultat de psychologie expérimentale tiré d’études sur la productivité.

L’intérêt de l’employeur est donc de tester en priorité g. Cela se fait par des tests d’intelligence générale.

La Cour suprême américaine demande que les employeurs réalisent des évaluations spécifiques de compétences en phase avec les postes à pourvoir plutôt que des évaluations d’intelligence générale. Ainsi, l’employeur doit tester a, b, c, d pour telle fonction, e, f, h, i pour telle autre.

L’employeur français n’est pas soumis à une telle restriction et peut tester g, et ne tester que g, si bon lui semble.

L’employeur américain contourne d’ailleurs largement la jurisprudence de la Cour suprême en demandant des résultats SAT, LSAT, MCAT, GMAT… Il existe certes un coaching pour ces tests mais ses effets ne sont pas déterminants ; c’est par exemple le point de vue de Herrnstein & Murray, qui ajoutent : « Although not technically IQ tests, … [ces tests] have high g loadings. »

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En « s’émancipant », la femme a fermé son salon – plus le temps ! – et maintenant qu’elle est occupée à des choses aussi intéressantes que vendre du dentifrice ou construire des ronds-points, l’homme d’esprit, l’homme d’imagination n’a plus d’asile nulle part, il ne lui reste qu’à crever dans la rue, avec les clochards, ou à vendre du dentifrice. La femme qui ne faisait rien pouvait s’intéresser à des choses inutiles, à ces choses qui ont fait que la civilisation est, ou était, autre chose qu’une fourmilière. Croire qu’un bureau de ministère peut remplacer une femme intelligente et libre de son temps, c’est faire grand cas d’une machine et peu du cœur humain.

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Nos cerveaux n’évolueront pas au point de rendre caduc le principe du tiers exclu.

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L’idée, chez Locke, qu’il est moral de connaître les limites de la raison humaine sera un fondement important de la pensée de Kant.

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L’interprétation de Copenhague relativement au principe d’incertitude de la physique quantique fait passer une impossibilité subjective pour une impossibilité objective.

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Il est parfaitement concevable que certaines personnes se sentent on ne peut plus libres dans un État totalitaire. Cela dépend des gens.

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Si vous avez des pensées obscènes, une femme peut les lire.

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Prague Castle. Spot the triangle with an eye inside (Masonic) at the top of one colored glass in St Vitus Cathedral.

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Prague. The hotel restaurant is due to open at 3:30pm. I go there at 4pm. No cook. The waitress tells me the cook usually arrives at 4:30pm.

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Station thermale Waters-Bonheur.

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Les anus de Ça Tourne.

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Village mondial et race cosmique. Global village. Raza cósmica. McLuhan et Vasconcelos déploient l’idée catholique viz. universelle.

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Los tiraniticos.

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Notre temps a un problème d’images sublimanales.

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Ils nous ont tués en vain.

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Se regarder le nombril n’est pas toujours méprisable, par exemple dans le cas de déformations physiques sévères.

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The Mismanagerial Revolution.

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Terrore nello Spazio (La planète des vampires), 1965, de Mario Bava, nouveau poster pour la version restaurée 2016

Anaïs et Marie-Madeleine

Il convient d’établir une distinction entre science et technique. Cette dernière n’a jamais été empêchée par une vision traditionnelle, religieuse du monde : que l’on en juge par les pyramides d’Égypte, les édifices de Cuzco, l’aqueduc romain de Ségovie… En termes de technique, l’esprit des Lumières, ou plus généralement l’esprit positiviste, ne représente donc pas une rupture fondamentale, dans la mesure où les capacités techniques n’étaient pas entravées auparavant et ne l’ont peut-être jamais été. La Chine qui se ferme au monde pour, semble-t-il, vivre éternellement selon ses dogmes traditionnels, est celle qui construit une « grande muraille » à cette fin. En réalité, la rupture tient bien plutôt à l’apparition d’un positivisme scientifique qui, s’il ne s’accompagne pas en toutes circonstances de la plus grande liberté d’opinion et d’expression, est la substitution d’un dogmatisme à un autre (par exemple, en plein vingtième siècle, l’« interprétation de Copenhague », tissu d’interprétations arbitraires de résultats expérimentaux [voyez ici : Copenhagen interpretation]).

Alors qu’une certaine forme de pensée mystique subsiste chez Leibniz et Newton, l’apport de ces derniers, en termes d’avancée de la pensée scientifique, est bien supérieur à nombre de leurs successeurs chez qui cette pensée mystique a disparu.

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Lorsque Jünger défend l’astrologie tout en affirmant qu’elle ne peut être jugée du point de vue rationnel, il ne convainc personne. L’astrologie ne se donne pas à connaître comme un jeu, elle cherche à défendre sa pratique rationnellement.

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À Zénon qui affirmait que le mouvement n’existe pas, Diogène le Cynique « répondit » en allant et venant. Comme si Zénon ne s’était pas aperçu qu’il pouvait aller et venir lui aussi. Si une démonstration apparemment juste peut nier le mouvement en dépit de l’expérience sensible, cette dernière n’est pas invitée à servir de contre-argument.

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Paul Bourget est contre la circonstance atténuante de la passion dans le crime passionnel au motif que l’indulgence favorise le crime. Le droit lui a entre-temps donné raison et favorise à présent le cocufiage.

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Les visées œcuméniques admettent tacitement, même malgré elles, que les rites propres à chaque Église n’ont aucune valeur surnaturelle, qu’un fidèle s’y soumet par conformisme, et consacrent ainsi la supériorité d’une doctrine purement pratique comme le zwinglianisme, où la messe est une simple commémoration sans valeur surnaturelle.

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L’eucharistie : « Celui qui mange mon corps et boit mon sang a la vie éternelle. » Alors que le Christ dit lui-même ailleurs qu’il s’exprime par paraboles, et pourquoi il le fait, et alors que les théologiens recourent à l’interprétation symbolique des Écritures, de l’ancien comme du nouveau testament, il est permis de demander pourquoi la parole citée ici a reçu un sens aussi littéral dans le rite catholique.

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Il y a dans le Journal d’Anaïs Nin la pensée qu’elle n’avait jamais rendu son mari aussi heureux que depuis qu’elle avait un amant. Quel mari ne voudrait pas être malheureux plutôt qu’heureux dans ces conditions ?

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Une passion ne se satisfait jamais qu’au détriment d’un scrupule, dans certaines âmes consciencieuses. Y renoncer, c’est la sacrifier à un scrupule, mais jamais elle ne s’estime à si bas prix et rien ne la paye assez de son sacrifice.

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Il est plus difficile à celui qui a de la culture qu’à celui qui n’en a pas de montrer qu’il possède un vernis de culture comme demandé dans les épreuves de culture générale.

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Arriver par les femmes, loin d’être un motif de honte, c’est un double motif de fierté pour le Français : être arrivé et par les femmes.

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Sautez toujours la préface. Dans une édition de La Princesse de Clèves, le préfacier écrit : « Elle [Mme de La Fayette] évite de nous montrer le ventre de Henri VIII ‘chargé de graisse’ que l’annaliste anglais etc. », puis on lit dans le texte de Marie-Madeleine de La Fayette, en p.72 de la même édition : « Henri VIII mourut, étant devenu d’une grosseur prodigieuse. » Si ce n’est pas montrer le ventre d’Henri VIII, qu’est-ce que c’est ?

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Nietzsche a écrit « Dieu est mort » mais aussi « l’art est mort » : à l’ère de l’écroulement des certitudes, les représentations idéales, idéalisées de l’art sont périmées. La science a déclassé un art plus beau que le réel, les esprits s’émancipent également de cette mystification-là. Pourtant, l’art n’a pas disparu ; ce qui porte aujourd’hui ce nom semble être en grande partie une activité spécialisée dans la production d’œuvres plus laides que le réel (expressionnisme…). Est-ce encore une forme de mystification consolatrice, une manière de rendre le réel tolérable par comparaison ?

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Une certaine spécialisation des facultés semble inhérente à la nature humaine. Même aux esprits les plus doués et les plus éclectiques il est difficile de s’intéresser en même temps à des œuvres d’imagination et à des travaux analytiques (de sciences exactes). Une sorte de baromètre intérieur leur signale le dommage, à tout le moins provisoire, que le passage d’un type d’intérêt ou d’activité à un autre fait subir à la disposition cultivée dans la pratique de l’une ou l’autre. Tandis qu’il s’adonne à tel domaine, l’esprit adopte un certain type de personnalité conforme à ce domaine et excluant provisoirement l’intérêt pour tout autre domaine. Ces autres domaines appellent chacun à leur manière un type de personnalité différent. Une éducation trop large risque donc de favoriser les intelligences moyennes, l’esprit doué qui entend donner sa pleine mesure étant conduit à se chercher un domaine de spécialisation. Il conviendrait donc peut-être de commencer par la spécialisation et d’élargir ensuite, avec l’âge, le champ des études, à rebours de ce qui se pratique. Le postulat implicite de l’éducation actuelle est que les esprits ne sont doués que pour un certain type de savoir et qu’il convient de déterminer lequel en présentant à l’élève différents domaines du savoir parmi lesquels sa tendance interne se prononcera. Ce passage programmé du généralisme à la spécialisation demande à l’esprit d’être généraliste d’emblée ou de rester médiocre (excellent dans un domaine et médiocre dans les autres : la moyenne est médiocre). On peut craindre que l’esprit doué soit ainsi voué à la médiocrité dans un système qui va du généralisme à la spécialisation plutôt que de la spécialisation au généralisme.

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Apprendre des choses, cela peut aussi revenir à tuer le poète en soi.

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Ce qui m’a longtemps retenu de m’intéresser à un parti portant le nom de Labour, c’est justement son nom, à cause de ce que cela représente de contraire à mes tendances profondes.

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J’avais des rêves de grandeur et voilà que je lis Zazie dans le métro

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Sottisier poétique
(Avec tout le respect dû aux maîtres)

La mer gronde et se gonfle, et la bave des eaux
Bien au-dessus des monts va noyer les oiseaux
(Leconte de Lisle, Poèmes barbares)

Le mot bave ne s’emploie plus au sens de « par métaph. ou compar. liquide écumeux » (Grand Robert).

Don Rui tire sa lame
Et lui fend la cervelle en deux jusques à l’âme
(ibid.)

On entendait mugir le semoun meurtrier,
Et sur les cailloux blancs les écailles crier
Sous le ventre des crocodiles
(Victor Hugo, Les Orientales)

Il semblerait que ce vent violent qu’est le simoun doive rendre difficile d’entendre le ventre des crocodiles glisser sur les cailloux, à moins que les crocodiles ne soient des espèces de colosses blindés.

L’héraldique lion qui fait rugir d’effroi
Les lionnes vivantes
(ibid.)

Ne songe plus qu’aux vrais platanes (ibid.)

Où sont les faux, dans le poème ?

Ces cheveux
qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule
(ibid.)

Est-ce parce qu’on parle de saule pleureur que le poète dit que les feuilles du saule pleurent ?

Grenade, la bien nommée,
Lorsque la guerre enflammée
Déroule ses pavillons,
Cent fois plus terrible éclate
Que la grenade écarlate
Sur le front des bataillons
(ibid.)

Bien nommée parce qu’elle éclate comme une grenade explosive !

Ton sabre
Toujours dans la bataille on le voit resplendir,
Sans trouver turban qui le rompe
(ibid.)

Le turban peut en effet casser un sabre, s’il est employé pour désigner par métonymie la tête, mais c’est bien le seul cas possible.

Berceau que la tombe a fait creux ! (Théophile Gautier, Émaux et Camées)

Quelle chute ! Le berceau que vide la mort de l’enfant est fait creux par la tombe…

Mille soldats partout, bandits aux yeux ardents (Victor Hugo, Les Burgraves)

La raison pour laquelle ce vers figure ici tient à la sonorité du second hémistiche, si l’on respecte, comme en principe on le devrait, les liaisons : « Bandits zaux zyeux zardents »…

Rome à ce grand dessein ouvrira tous ses bras (Corneille, Sertorius)

Rome comparée à la déesse indienne Kali…

Me croit-il en état de croire son arrêt ? (Corneille, Tite et Bérénice)

Faut croire.

Ses cheveux, par l’angoisse aplatis sur sa tête (Lamartine, Jocelyn)

Je crois me rappeler que Laurel et Hardy se sont inspirés de ce vers dans certains de leurs sketchs. Mais peut-être qu’ils avaient lu « dressés sur sa tête ». – Ou bien s’inspiraient-ils plutôt de cet autre vers de Lamartine :

Le vol de sa pensée agitait ses cheveux (Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses)

Pégase te soufflait des vers de sa narine (Hugo, Les Contemplations)

Les morts, ne marchant plus, dressent leurs pieds funèbres (ibid.)

Cédar la regarda les bras croisés de joie (Lamartine, La chute d’un ange)

Comme on lance une roche aux gouffres effrayés (ibid.)

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Aragon m’a toujours fait l’effet d’être le plus mauvais des surréalistes : celui qui n’ose pas se droguer comme les copains. C’était peut-être aussi le plus mauvais des communistes.

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Louis Belmontet est un poète qui a écrit des Poésies guerrières sous le Second Empire et fut pour cette raison député. C’était avant la déculottée de l’armée française au Mexique et bien sûr avant Sedan.

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La notation numérique de l’école et de l’université françaises (de 0 à 20) est plus individualisante et par conséquent plus hiérarchisante que la notation littérale nord-américaine (A, B, C…).

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Nos ancêtres les Sarrazins

Provence et Midi de la France (voyez La chèvre d’or de Paul Arène), Vendée (La fosse aux lions d’Émile Baumann), Savoie (Le cœur et le sang d’Henri Bordeaux), Normandie (Devant la douleur de Léon Daudet)…

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Gongorismes bien français

D’habitude les plus matineux sont les pigeons de Jaume ; l’aube aux mains molles jongle avec eux. (Giono, Colline)

(Le chien le suit) et Gondran écoute joyeusement le grignotis des petites pattes onglées, derrière lui. (ibid.)

La note filée d’un clairon blesse, d’une vague déchirante, le lac tumultueux de sa mémoire. (Antoine Blondin, Les enfants du Bon Dieu, 1952)

La cité de leurs fronts ombrageait la fontaine
De leurs yeux
(Léon Deubel, Poèmes)

Mais les plus forts restent quand même les Hispaniques. Quelques gongorismes mexicains :

Carballo eyacula una sonrisa espesa como la esperma, como esperma mezclada de lodo. (Rubén Salazar Mallén, ¡Viva México!, 1968)

Con veloces navajas las estrellas cortan la piel de los abrevaderos. Sangra el agua. Sangra trémulos destellos (ibid.)

La mañana está echada como un perro azul en las azoteas y ladra luz. (ibid.)

Por las puertas de sus manos entra un ademán consternado. (ibid.)

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Hypothèse. Il ne peut y avoir d’ataraxie parfaite. L’esprit qui s’en approche tend à s’accuser et à souffrir d’écarts de plus en plus minimes. De plus, l’absence de tout sentiment de coulpe dans ce même esprit serait un mouvement de passion (l’orgueil) qui le ramènerait en arrière. Non la sagesse mais l’amitié pour la sagesse.

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Barrès qui s’attaque à Kant en racontant des histoires d’amour (Les Déracinés), c’est d’une hallucinante loufoquerie.

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« Son visage pur » (Léon Daudet, Le cœur et l’absence) Pur de quoi ?

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La parcimonie des descriptions empêche qu’une atmosphère s’installe. La littérature contemporaine est retournée au stade primitif. Elle ennuiera ceux qui n’ont rien vu du monde censé se trouver dans ses pages.

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Quelques licences poétiques de Corneille

Et l’énigme du sphinx fut moins obscur pour moi (Œdipe)

Énigme est ici masculin : le vers ne peut pas être corrigé car obscure, au féminin, le rallongerait d’une syllabe.

Mais je ne réponds pas que vous trouviez les Grecs
Dans la même pensée et les mêmes respects
(La conquête de la toison d’or)

Grecs est à prononcer « grès » pour le faire rimer avec respects.

Que voulez-vous, Madame, ici que je vous die ? (ibid.)

Pour rimer avec perfidie.

Je vous avouerai plus : à qui que je me donne (Sertorius)

Votre intérêt m’arrête autant comme le mien (ibid.)

Et détruit d’autant plus, que plus on le voit croître,
Ce que l’on doit d’amour aux vertus de son maître
(Othon)

Croître doit ici, pour rimer avec maître, se prononcer craître (ou maître se prononcer moître).

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L’escobarderie au fond des intellectuels catholiques militants : « Quel plus lourd fardeau que leur morale [luthérienne] » (Maritain) Opposé à une morale légère ?

« C’est une absurdité flagrante, et en même temps un lâche procédé de réduction, de traiter les hommes comme des parfaits, et la perfection à acquérir, dont la plupart restent très loin, comme constitutive de la nature même. Tel est cependant le principe de Rousseau, son perpétuel postulat. » (Maritain, Trois réformateurs)

Écoutons donc Rousseau : « Il n’y a point d’intérieur humain, si pur qu’il puisse être, qui ne recèle quelque vice odieux. » (Les Confessions)

Au temps pour le « perpétuel postulat ». Toujours l’escobarderie.

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Les comètes du nôtre [de notre siècle] ont dépeuplé les cieux. (Musset, Poésies nouvelles)

Note du commentateur : « Ce vers obscur et peut-être fautif (certains voudraient lire « conquêtes ») a suscité de multiples discussions d’érudits. » Rien de plus simple à comprendre, pourtant : la science (l’astronomie, connaissance des comètes) a étouffé la croyance aux dieux, à la divinité. Pas besoin de je ne sais quelles conquêtes, les comètes sont nécessaires à l’équilibre du vers : ce sont des objets célestes – célestes mais objets de science – qui dépeuplent les cieux, demeure traditionnelle des dieux.

Le même commentateur n’a visiblement rien compris au vers suivant, pas plus qu’à Musset en général :

Et de ce bruit honteux qui salit la pensée

où le commentateur voit, je le cite, une « allusion aux lois de septembre 1835 contre la liberté de la presse ». Que va-t-il chercher ! La liberté de la presse est certes un beau combat mais il n’y a dans ce passage aucune allusion à de telles lois, seulement à la littérature dans la lignée de Voltaire et des philosophes dénoncée par Musset tout au long de ses poèmes. Le commentateur semble chercher à faire de Musset un libéral ou – mais ce serait un aveuglement incroyable – est convaincu qu’il l’est…

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Étude : les défroqués chez les Jacobins, Hébertistes, Enragés… La liste semble longue.

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Je peux être convaincu de la valeur de la vertu sans croire à celle de la messe.

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Tant que je n’avais pas de situation, j’avais un avenir, et maintenant que j’ai une situation je ne me vois aucun avenir, il me semble que ma vie est derrière moi.

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Dans ses carnets de voyage aux États-Unis, publiés sous le titre Outre-Mer (1895), Paul Bourget insiste sur la totale absence de grivoiserie au théâtre et dans les caricatures en Amérique. Quelle différence, par la suite, avec Hollywood (‘Pre-Code Era’) !

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Strindberg ne s’est pas trompé avec son « combat des âmes » (själakamp) : même après la mort de l’homme de génie, son préfacier le traite comme une créature malsaine.

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Zola, sur son roman La Débâcle, dans Le Gaulois : « une œuvre de patriote … maintenant la nécessité de la revanche ».

Cinq ou six ans plus tard, il écrivait J’accuse.

Les antidreyfusards, du moins certains d’entre eux parmi les plus en vue, en défendant si peu discrètement la raison d’État, le châtiment même sans culpabilité, avaient perdu d’avance : même un despote absolu a de la pudeur sur ce point et voile la raison d’État derrière des motifs plus convenables.

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Pourquoi ne pas être un homme du passé ? Le passé a sa grandeur.

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Il ne suffit pas de dire « c’est un homme à femmes » : il faut dire quelles femmes.

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Rêves-contacts (1)

Hypothèse. Les intelligences extraterrestres communiquent avec nous dans nos rêves (Nýall).

1

La nuit du 12 avril 2013, j’ai rêvé que je trouvais un fragment de roche contenant une trace de vie extraterrestre, sur le modèle de l’ambre qui encapsule un moustique de la préhistoire, à ceci près que cette roche contenait un hologramme animé d’insecte, insecte d’une dimension peu ordinaire, espèce de grand cloporte. Cet objet était considéré par moi comme provenant des étoiles. À mon réveil, j’eus la pensée qu’on avait cherché à entrer en communication avec moi, qu’on cherchait à répondre à mon poème sur les intelligences extraterrestres qui est un appel au contact.

2

G. n’a plus répondu depuis l’envoi de mon poème sur les intelligences extraterrestres. Il a peur d’un contact du troisième type. La plupart des gens ont peur, ou auraient peur s’ils pensaient le provoquer, d’un tel contact, car il devient évident à un nombre toujours plus grand de personnes que c’est quelque chose de possible.

3

Kant a une curieuse façon d’insister sur d’hypothétiques êtres non humains extraterrestres doués de raison, pour dire qu’ils sont comme nous soumis à la loi morale.

4

Nuit du 4 mai 2013. De l’existence des géants sur terre avant l’homme. C’était une époque où l’alternance des saisons s’accompagnait de phénomènes climatiques beaucoup plus intenses que ce n’est le cas aujourd’hui. Un désert de glace se transformait ainsi en quelques jours en océan plein de vie, donnant lieu à des scènes de cataclysme. Pour que la vie soit possible, il fallait une constitution physique prodigieuse. C’est sur ce seul point que Schopenhauer conteste la théorie de Darwin. Le philosophe rappelle par ailleurs qu’Averroès a vécu à Nîmes et que lui-même loge dans une chambre aux fenêtres en « papier gâché ». Sa révélation sur les géants provoque chez moi une grande exaltation, et je plane au-dessus d’un monde préhistorique qui est le monde, d’abord une mer la nuit, puis une terre d’une grande beauté, couverte de forêts et dorée par les premiers rayons de l’aube, entendant une voix qui m’exhorte à en déchiffrer les mystères.

5

Nuit du 7 mai 2013. Sur une autre planète, je suis conduit, comme prisonnier, dans une arène naturelle entre des rochers escarpés dont les flancs, derrière des grillages, servent de gradins au public. Le combat doit être un combat psychique. Chaque combattant a les pieds fixés sur un billot. Je suis ainsi un gladiateur psychique pour le plaisir de cette population extraterrestre. Or j’apprends que j’ai toutes mes chances car les humains sont considérés comme ayant un grand pouvoir psychique.

Exilé sur une autre planète, je suis transformé en figurine de pain. Je retrouve espoir en voyant un jour mon reflet sur une pièce polie de tuyauterie, car je me vois tel qu’en moi-même, et j’acquiers alors la certitude que je saurai reconduire tous ceux qui comme moi ont été transformés en pantins divers et variés, chez eux, où chacun retrouvera son vrai moi.

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Les progrès de la science semblent avoir pour conséquence de toujours plus établir l’homme dans la nature, au détriment de sa réalité nouménale, en même temps que le régime démocratique qui a toujours assuré favoriser ce progrès lui oppose toujours l’obstacle du libre-arbitre de l’homme, dont on ne sait d’où il le tire s’il ne le rapporte à une liberté de la volonté indépendante de la nature.

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Schopenhauer réfute les antinomies kantiennes en disant que quelque chose de réel (Wirkliches) ne peut en même temps être et ne pas être. Or les (deux premières) antinomies portent sur le temps et l’espace : ce sont des formes a priori qui ne disent rien du réel en tant que tel.

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Les vortex cosmiques en philosophie (Wirbel, δίνη) : Empédocle, Démocrite, Descartes, Laplace, Kant (dans Geschichte der Philosophie de Schopenhauer). J’ajoute, dans l’histoire des sciences et des idées sinon dans celle de la philosophie : Swedenborg (jeune) et Hans Hörbiger (Welteislehre).

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« Le soleil tourne autour du monde [de la terre] » (Rousseau, L’Émile) : le soleil suivrait un cercle dont le centre est au cœur de la terre. Et il a existé un état de nature où les hommes vivaient solitairement.

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« L’aveugle mécanisme de la matière mue fortuitement » ne peut conduire à l’harmonie du monde, affirme Rousseau, dans sa réfutation du matérialisme, à la suite de considérations sur les « jets » de Diderot par lesquels, selon ce dernier, s’est ordonné le chaos primordial (jets au sens probabiliste de combinaisons). Or, si le monde est volonté et représentation (Wille und Vorstellung), ces essais combinatoires de la matière en mouvement n’ont pas eu lieu réellement.

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Les langues tonales comme le thaï (où l’intonation sert à distinguer les mots entre eux) ont besoin de recourir à des expressions langagières pour exprimer les nuances émotionnelles que les autres langues expriment par des intonations. Par exemple, เสียเลย sia-lei « exprime le soulagement ».

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Selon Schopenhauer (Parerga und Paralipomena), les vérités du christianisme le distinguent du paganisme gréco-romain (à peine métaphysique) et le rapprochent du brahmanisme et du bouddhisme. D’ailleurs, le nouveau testament doit être d’origine indienne. Pendant la fuite en Égypte (Matthieu 2:13-15), Jésus fut initié par des prêtres égyptiens à leur religion, qui était d’origine indienne. Il aurait plus tard accompli des prodiges « au moyen de l’influence métaphysique de la volonté » (mittelst des metaphysischen Einflusses des Willens).

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Schopenhauer confirme mon objection à Max Weber sur les protestants « virtuoses de l’ascèse », en signalant, avant même que se soit exprimé Weber, qui aurait bien fait de lire son compatriote, que le protestantisme a rejeté le célibat et l’« ascèse authentique » (die eigentliche Askese).

Je rappelle la chronologie des faits :

1/ Schopenhauer dit que le protestantisme a rejeté l’ascèse authentique ;

2/ Max Weber écrit que les protestants sont des virtuoses de l’ascèse ;

3/ Je lis Weber et trouve que son idée n’a aucun sens, bien que ce soit une idée reçue autour de moi ;

4/ Je prends connaissance de 1/ et me félicite de n’avoir pas cédé aux tenants de l’idée reçue, car à présent nous sommes deux pour la combattre.

[Comme témoignage de 3/ voyez mon essai La théorie de l’agir communicationnel de Jürgen Habermas, de 1998, au chapitre 1A « Rationalisation et modernisation chez Max Weber » (ici). Habermas reprend à son compte l’idée de Weber sans discussion.]

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Avec Heidegger méditant sur la chose en soi kantienne, on approche dangereusement de la « pensée Tetris » (Tetris thinking) : comme les tétraminos, les pensées s’annulent et disparaissent en se combinant. Exemple : la chose en soi est un néant car elle n’est pas un étant : « Par néant, nous entendons ce qui n’est pas un étant mais est tout de même quelque chose. » (Kant et le problème de la métaphysique)

Je ne condamne pas d’emblée la pensée Tetris : c’est peut-être l’usage de la pensée le plus rationnel chez l’homme. Le flux constant de pensées-tétraminos en mode psychique par défaut nous contraint à une activité permanente de dégagement.

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Quand une dangereuse bête sauvage s’affaire dans vos provisions, vous n’êtes pas assez fou pour faire le moindre geste et risquer de provoquer une attaque de sa part. Vous l’observez de biais, pétrifié. Mais si elle lève les yeux sur vous ?