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Un signal radio venu de l’espace

I/ Oui (20-22 décembre 2020)
II/ Mais non (23 décembre)

I/ Oui

Les lois de la physique, de la chimie, de la biologie sont supposées valables pour tout l’univers, aussi infini soit-il, c’est-à-dire pour tout l’univers physique, chimique et biologique. Si l’on n’admet pas ce postulat, on n’admet aucune de ces sciences comme pouvant être fondées sur des lois. Partant de là, le principe est : “Mêmes causes, mêmes effets”. Ce principe s’entend en général comme impliquant des variations somme toute peu spectaculaires entre différentes parties de l’univers, et les savants qui cherchent aujourd’hui de la vie sur d’autres planètes recherchent tout d’abord des planètes pouvant présenter des caractéristiques pas trop différentes de celles de la Terre, à savoir, premièrement, des planètes qui soient dans la « zone habitable » de leur étoile. Parce que ceux qui cherchent de la vie le font avec une certaine idée de ce qu’est la vie, en gros de « longues molécules à forte teneur en carbone » : aucune molécule de cette sorte ne pourrait se maintenir aux températures d’une étoile (en réponse à une personne imaginant que le soleil serait peut-être habité par une forme de vie dont nous ignorons tout), et ces molécules ne peuvent se maintenir théoriquement que dans un certain écart de températures et en présence d’autres conditions physiques qui définissent une zone habitable.

Le principe « mêmes causes, mêmes effets » peut selon d’autres, notamment le Japonais Magoroh Maruyama, s’interpréter différemment, selon le principe « petites causes, grands effets » qui s’est dégagé plus récemment des travaux de physique sur les turbulences et la théorie du chaos : de petites différences dans les conditions initiales pourraient produire un spectre de phénomènes différents bien plus large.

S’agissant de la recherche de vie extraterrestre, le consensus scientifique est que la vie extraterrestre existe sur d’autres planètes et la question restant pendante est de savoir s’il existe de la vie intelligente. On définit cette vie intelligente comme une forme de vie qui, à un certain stade de son développement, serait capable d’émettre des ondes radio et/ou d’autres signaux d’activité, et il n’y a pas de consensus scientifique aujourd’hui sur ce point, non pas, cependant, parce que l’idée d’une vie intelligente extraterrestre serait trop étrange pour les scientifiques mais parce que l’on n’a encore détecté aucun signal de ce genre et que c’est difficile à expliquer vu le nombre d’étoiles et de planètes dans l’univers. On n’arrive pas à expliquer pourquoi, en gros, s’il existe de la vie extraterrestre intelligente, elle n’est pas déjà chez nous. C’est le paradoxe de Fermi (du nom du physicien italien Enrico Fermi).

Loin que l’idée de vie extraterrestre intelligente paraisse étrange aux scientifiques, c’est plutôt l’absence de vie extraterrestre intelligente qui serait étrange et demanderait un travail d’explication, car selon le principe « mêmes causes, mêmes effets » il est certain, d’autres planètes avec les mêmes conditions que la Terre existant et quelques-unes ayant même été identifiées, que le principe devrait conduire à l’existence d’une vie civilisée, émettant des ondes radio, comme la civilisation terrestre. Cependant, selon le principe « petites causes, grands effets », il se pourrait qu’une petite cause sur la Terre ait produit un grand effet qui ne se retrouve pas ailleurs : la vie intelligente. Mais cela reste tout de même moins probable que l’autre hypothèse, qui a pour elle les grands nombres de l’infinité de l’espace.

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D’autres conditions, d’autres principes, quelque part ailleurs dans l’univers, n’en seraient pas moins soumis aux mêmes limites théoriques. Que peut connaître l’homme au-delà de « la limite humaine » ? Rien. Donc, que chercher au-delà de la limite humaine ? Rien. S’il y a des choses au-delà de cette limite, elles ne peuvent nous affecter, car ce qui peut nous affecter peut être connu de nous. Si cela ne peut pas nous affecter, cela nous est indifférent. Rien n’empêche d’imaginer des plans d’existence où nous n’avons aucune part et qui n’ont aucune part au nôtre, il n’en reste pas moins que, dans le domaine du connaissable, nous posons le réel comme soumis à des lois telles que nous les donne notre entendement.

« Connaître » au sens où un rat connaît l’humain dont il est le cobaye, par exemple. Notre limite peut impliquer qu’on ne comprenne pas une intelligence extraterrestre de beaucoup supérieure, mais si elle venait en contact avec nous, à moins qu’elle se cache, nous le saurions, et si elle nous traitait comme des rats de laboratoire nous le saurions aussi, nous le « connaîtrions », même si nous ne savions pas comment ils font tout ce qu’ils nous font ni comment ils s’appellent. L’humain n’est pas au-delà de la limite du rat en ce sens.

Une intelligence extraterrestre, si elle peut entrer en contact avec nous, doit avoir des caractéristiques formelles comparables à l’intelligence humaine, et connaître, car elle y est soumise elle aussi, les mêmes lois physiques, chimiques, biologiques que nous (quelle que soit la manière dont elle les exprime et quels que soient les faits qu’elle met en lumière plutôt que d’autres). Si elle est plus avancée que nous, elle a une connaissance plus approfondie de ces lois ; si elle est moins avancée, une connaissance moins approfondie.

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De prochaines découvertes remettront en question les échafaudages théoriques les mieux fondés mais le fait est que ces échafaudages, ces constructions ne sont même pas le principal : on dit que la lumière est « à la fois » ondulatoire et corpusculaire et c’est une contradiction prima facieon the face of it » : elle n’est même pas cachée), mais nous « touchons » quand même la loi qu’est censée représenter cette construction puisque nous en tirons quelques prédictions limitées mais correctes qui nous permettent de perfectionner notre technique.

Le consensus me semble être le suivant chez ceux qui croient aux extraterrestres, c’est-à-dire parmi les gens qui travaillent au MIT et au Max-Planck-Institut : les extraterrestres intelligents devraient assez nous ressembler en termes d’intelligence. Indépendamment des particularités de la faune et de la flore des exoplanètes, et même de la physiologie des extraterrestres intelligents qui les habiteraient, le point de vue matérialiste qui s’impose à la science dans son domaine fait que la nature doit doter l’intelligence de certaines capacités générales selon un certain schéma : l’intelligence est un miroir et les miroirs, même de différentes matières, fonctionnent selon le même principe. Je crois que l’on s’attend donc à des différences à peine plus marquées qu’entre les Espagnols et les Aztèques au moment de la Conquista. Les Aztèques faisaient partie des peuples avancés de l’époque mais il a suffi d’une poignée d’Espagnols avec des fusils et des chevaux pour qu’une civilisation disparaisse. Un petit delta technique a fait toute la différence. Nous sommes déjà tournés vers l’espace, donc à la veille, pouvons-nous croire, de voyager dans l’espace (peut-être même à la veille d’envoyer un homme sur la Lune), aussi une intelligence qui voyagerait déjà ne serait pas forcément beaucoup plus avancée, seulement un peu plus.

Il reste que l’absence de signal radio extraterrestre est paradoxale (on ne parle pas forcément de signaux intentionnels mais de signaux qu’une civilisation avancée doit produire par son activité) : c’est le paradoxe de Fermi. Or la presse nous a fait part de la découverte LA SEMAINE DERNIÈRE d’un signal radio extraterrestre, le premier depuis que nous avons des capteurs braqués vers le ciel, c’est-à-dire quand même plus d’un demi-siècle. Apparemment, jusqu’à présent nous savions que nous n’avions pas reçu de tel signal dans nos capteurs, et là nous saurions apparemment que c’est ce que nous attendions et que c’est donc, mesdames et messieurs, le premier signal d’intelligence extraterrestre consciemment capté par l’humanité.

Il faut évidemment attendre de voir si ce sera confirmé mais la nouvelle est plutôt inédite, et pour cause. Il y a tout de même des chances, car les gens sont un peu fébriles au MIT-Institut (Massachusetts Institute of Technology-Institut), que ce soit une fausse alerte, et qu’on ait pris une éructation solaire pour la 5G martienne.

Sinon, dans le space opera, les U.S. viennent aussi de créer la première unité militaire au monde consacrée à l’espace : les Guardians. C’est officiel.

II/ Mais non

Alors je suis allé voir sur internet… Et ce message radio est bien un message radio mais « les astronomes savent que les planètes qui disposent d’un champ magnétique émettent naturellement des signaux radio » (Futura Sciences, « Le premier signal radio détecté provenant d’une exoplanète ? » 19/12/20) et « Il n’est pas question ici d’un message envoyé par une civilisation extraterrestre. Simplement de la preuve que cette exoplanète possède un champ magnétique. » (Même source)

Certes, la présence d’un champ magnétique (et « même si les chercheurs ont déjà débusqué, au-delà de notre Système solaire, plus de 4.000 exoplanètes, ils n’avaient encore jamais pu capter la signature de leur champ magnétique ») est supposée favorable à l’apparition de la vie sur cette planète (en raison de la protection contre le bombardement de particules cosmiques), mais après avoir dit que les signaux radio seraient un signe d’intelligence extraterrestre, nous expliquer, une fois que l’on en a détecté un, que c’est seulement un phénomène naturel, est un peu fort de café.

Le paradoxe de Fermi est basé sur le fait que nous n’avons pas détecté d’ondes radio et que nous n’avons donc pas de traces de vie extraterrestre. (« Des civilisations plus avancées auraient dû apparaître parmi les systèmes planétaires plus âgés et laisser des traces visibles depuis la Terre, telles des ondes radio. » Wikipédia : Paradoxe de Fermi) Or si les ondes radio sont un simple phénomène naturel, nous devrions en recevoir des milliers par jour si nous n’étions pas encore à l’âge de pierre des préhominiens diplômés du Massachusetts Institute of Technology-Institut !

Enfin, ce n’est même pas le premier signal radio « naturel » détecté depuis une exoplanète, contrairement à ce que racontent Futura Sciences et les autres, si j’en crois Wikipédia : « Le 22 juillet 2019 est paru un article signé X annonçant la détermination, sur des bases observationnelles, de l’intensité du champ magnétique de quatre exoplanètes de type Jupiter chaud. Ces quatre planètes sont …. [sic !] Leurs champs magnétiques ont une intensité comprise entre 20 et 120 gauss, à comparer à 4,3 gauss pour Jupiter et un demi-gauss pour la Terre. » (Wkpd : Champ magnétique planétaire)

En tout cas, les Guardians, eux, existent.

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Quel fumiste, ce Fermi ! La réponse au paradoxe de Fermi, c’est qu’il n’y a pas de paradoxe de Fermi. Même si des civilisations extraterrestres existaient, elles ne laisseraient pas de traces visibles « telles que des ondes radio » depuis la Terre, vu que :

1/ nous n’avons pas la technologie pour différencier une onde de champ magnétique d’une onde d’émetteur radio, et surtout

2/ nous n’avons même pas la technologie appropriée pour capter des ondes radio depuis l’espace puisque, alors qu’il est évident qu’il existe un nombre prodigieux d’exoplanètes dans l’univers (ce que Fermi ne niait pas et c’est pourquoi il a cru pouvoir formuler son paradoxe, puisque si Fermi n’était pas d’accord avec la prémisse qui est le grand nombre, voire le nombre infini d’exoplanètes, il n’y aurait pas de paradoxe de Fermi), avec, dans ce nombre infini, un nombre infini d’exoplanètes avec champ magnétique, nous ne sommes pas capables de capter distinctement leurs ondes radio naturelles, vu que nous avons réalisé pour la première fois cet exploit il y a quelques jours seulement (ou en 2019 selon la page Wikipédia précitée).

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Dans le même genre

« Voyage temporel dans le passé : théoriquement c’est possible et sans paradoxes. » (Aphadolie [blogueur])

« Si un voyage dans le temps était possible, les événements modifiés du passé se réajusteraient pour éviter toute incohérence, avancent des mathématiciens [dans la revue Classical and Quantum Gravity]. » (Courrier international, 28/9/2020)

Les mathématiciens qui voudraient donner un sens physique à la racine carrée de –1, ou même à la valeur négative –1 (au cas où je voudrais croire qu’il peut y avoir devant moi –1 orange), diraient des bêtises dans le même genre.

Le présent étant déterminé causalement par le passé, le présent ne détermine pas causalement le passé, une cause de soi ne peut exister dans une chaîne de causalité, c’est-à-dire dans la loi de causalité à laquelle notre entendement est soumis (lorsqu’il exige la validation de ses propositions).

Tout reste paradoxal dans le voyage dans le temps, en dépit des faibles exemples donnés dans l’article. Si je me déplace dans le temps jusqu’à hier, ne doit-il pas y avoir dans cet hier deux moi et cela n’est-il pas un paradoxe ? Plus je vais dans le passé, plus je me multiplie, c’est touchant.

Pour que je ne me multiplie pas autant de fois que je voyage dans le passé, il faut que je disparaisse du présent que je quitte et, non seulement cela, que je n’y aie même jamais été présent ; or j’y étais présent en vertu du passé, donc je ne peux le quitter pour un voyage dans le passé sans me multiplier autant de fois que je voyage dans le passé.

J’en appelle au sens critique contre les filmographies de science-fiction. Il y a quelques décennies, tout le monde parlait de la « cybernétique » comme de quelque chose de révolutionnaire, tout devenait cybernétique (“biologie cybernétique”, etc.), les instituts de cybernétique poussaient comme des champignons. On mettait la loi de causalité au placard car on avait vu que les « boucles rétroactives » (feedback loops) sortaient de ce cadre intellectuel périmé. Tout cela a fait long feu, les savants qui ont participé à ce phénomène hystérique de masse se sont calmés ou sont redevenus sobres (le mot reste dans quelques expressions, comme cyberespace, un espace qui ne doit cependant rien à la cybernétique). Et je pose enfin la question : comment a-t-on pu imaginer mettre en question la loi de causalité à partir de l’expérience des missiles à tête chercheuse ? C’était ridicule et navrant.

10/10/2020

Pensées XLIII

Si je peux compter jusqu’à l’infini, quelle est la place d’un Dieu fini ?

Dans la guerre des sexes, j’ai parfois le sentiment d’être seul contre tous.

Le temps qui ferme nos blessures nous rapproche de la mort. Le temps qui nous rapproche de la mort ferme nos blessures.

La certitude de la mort console les malheureux et assombrit les gens heureux, si bien que les premiers ne sont jamais tout à fait malheureux ni les premiers tout à fait heureux.

Diderot, dans ses Pensées philosophiques, est intervenu dans la controverse sur le destin des enfants mort-nés en recommandant ironiquement aux parents de tuer leurs enfants pour leur éviter la damnation. Cet argument porté contre la religion chrétienne peut aussi être un argument en faveur de Grégoire de Rimini, général des augustins, surnommé tortor infantum (le bourreau des enfants) pour sa doctrine selon laquelle les enfants morts non baptisés sont damnés à cause du péché originel (d’après Leibniz, dans les Essais de théodicée).

Diderot disait regretter d’avoir écrit « ce livre abominable », Les Bijoux indiscrets. C’est pourtant le livre qui lui valut la protection de Mme de Pompadour.

« Ce que nous connaissons de l’univers n’est presque rien », dit Leibniz, qui croit à l’existence de planètes habitées, dont certaines par des êtres plus parfaits que nous. Pourquoi la Parole divine n’en dit-elle rien ? (Au moins dans son sens littéral : ces autres planètes sont-elles évoquées par les Écritures de manière ésotérique ?)

Conciliation du déterminisme absolu et de la morale pratique chez Leibniz – et de même chez Schopenhauer. Les actes contraires à la loi et aux mœurs sont peut-être excusables dans la mesure où la personne n’étant pas libre elle n’est pas responsable, mais ils doivent être « punis », de la même manière qu’on enferme les fous jugés irresponsables et dangereux. La justice est un instrument de sélection : elle épure le corps social des individus qui ne peuvent se conformer à ses normes, et ce dans l’intérêt supérieur de sa propre harmonie et de l’intérêt collectif. L’individu a intérêt à se conformer aux attentes sociales et si le déterminisme par lequel il est régi ne lui permet pas d’entendre son intérêt ou de le suivre car d’autres instincts plus forts le poussent en sens contraire, il doit être retranché du corps social. Ses actes ne sont pas à considérer au point de vue de la responsabilité mais à celui du déterminisme dont ils témoignent, et les violations de la loi sont autant d’indices d’une nature antisociale. La justice, comme pour Hobbes, n’a qu’une valeur dissuasive, « médicinale » dans la terminologie de Leibniz. (Essais de théodicée) – Cette théorie pénale est « fixiste » ou conservatrice.

Selon le traité Malleus Maleficarum, les Inquisiteurs sont protégés de la sorcellerie et l’arrestation d’un sorcier sur ordre de l’Inquisition a pour effet de dissiper tous ses sortilèges. De même, le sorcier prisonnier de l’Inquisition ne peut s’évader par magie.

Dans Les Châtiments de Victor Hugo, les oiseaux ne peuvent plus voler dans le ciel au-dessus de la France à cause de Napoléon III : « Les Oiseaux : Il a retiré l’air des cieux et nous fuyons. »

Tous ceux qui passent en France, à partir du dix-neuvième siècle, pour des écrivains catholiques de premier plan (ou presque) étaient des convertis : Huysmans, Léon Bloy, Paul Claudel, Jacques Maritain, Francis Jammes, Charles Péguy, Henri Ghéon, Pierre Jean Jouve, Gabriel Marcel, Julien Green (issu du protestantisme), Ernest Psichari… La seule exception que je connaisse est Bernanos.

J’exigerais des femmes ambitieuses qu’elles sussent plus que les autres. (Dans la langue de La Bruyère, l’imparfait du subjonctif est le temps correct pour l’accord avec le présent du conditionnel : « J’exigerais de ceux qui vont contre le train commun et les grandes règles qu’ils sussent plus que les autres, et qu’ils eussent des raisons claires et de ces arguments qui emportent conviction. »)

Le propre de la femme de qualité, c’est qu’elle ne faisait rien, ni dehors ni chez elle. Les auteurs de ces époques nous disent que la politesse s’acquérait à leur commerce. Nos manières se sont épaissies.

L’agent secret, de Rudyard Kipling à James Bond. Dans Kim de Kipling, la fascination bien anglaise pour l’espionnage (Graham Greene, Somerset Maugham, Ian Fleming…), le déguisement (c’est également le cas de Sherlock Holmes), les mots de passe secrets, les signes cabalistiques, c’est du maçonnisme appliqué, et ce n’est pas noble. – « L’espionnage serait peut-être tolérable s’il pouvait être exercé par d’honnêtes gens ; mais l’infamie nécessaire de la personne peut faire juger de l’infamie de la chose. » (Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre XII, c. XXIII)

Dans Kim, Kipling, « le chantre de l’Anglo-Saxon » d’après Jack London, n’hésitait pas à flatter l’indigène, à cause de la menace des autres Blancs sur les colonies anglaises. Il fallait convaincre les races soumises que la domination anglaise était préférable à celle des autres nations européennes. Cela donne une œuvre assez hypocrite et puérile, à tendance humanitariste, et manichéenne à l’encontre non des races de couleur mais de tous les Blancs non anglais.

Le mari trompé, dans Thérèse Raquin, est un « égoïste satisfait ». Je ne connais pas de roman d’adultère bourgeois qui ne charge le portrait du cocu. Pourtant, la reine Guenièvre trompait déjà un homme aussi excellent que le roi Arthur.

Si, comme Barrès l’a prétendu, il y a de la « basse pornographie » dans Zola, les Hussards disciples de Barrès ont largement dépassé celui-là dans le genre, rendant rétrospectivement vaines et creuses les critiques de leur maître contre Zola.

Dans Rome, Zola écrit que l’entrée des républicains dans les États pontificaux y a mis fin au règne des femmes car les prélats, « vieux garçons », étaient sous la coupe de leurs vieilles servantes. Les républicains n’étaient-ils pas sous la coupe de leurs femmes ? La femme mariée aurait moins d’influence sur son mari qu’une servante sur un célibataire ?

La Débâcle est un démenti de La Terre. D’un côté, les parasites sanguinaires ; de l’autre, le travail sain de la terre, la vie saine du travail aux champs (dans la personne de Jean) – La Débâcle que Zola, dans le très conservateur journal Le Gaulois (du juif Meyer), appelle « une œuvre de patriote… maintenant la nécessité de la revanche ».

Nombreux sont ceux qui disent chercher la vérité, auxquels il semble qu’elle parle comme Dieu à saint Augustin : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvée. »

Ne me dites pas que je n’ai pas de diplôme ou je répondrai que vous valez ceux qui vous ont donné les vôtres.

Aux jeux olympiques de l’Antiquité, la discipline des athlètes comportait l’abstinence sexuelle. Demandant ce qu’ils en pensaient à des amis médecins, je ne pus obtenir d’eux la moindre réponse. C’est comme si la médecine n’avait aujourd’hui rien à dire au sujet de la sexualité : seuls les « sexologues », branche de la psychologie, et les psychanalystes, qui ne connaissent les uns et les autres rien à la physiologie, parlent de sexe.

Herméneutique open data. La connaissance est le traitement quantitatif de l’ensemble des œuvres de la pensée. Toute pensée est un intrant culturel au sens ethnologique ; c’est le traitement statistique qui s’exerce sur elle qui fait sens. (Ne le dites pas aux intellectuels.)

Dans La Force des choses (Folio, vol. I, p. 36), Simone de Beauvoir ne veut pas que son nom soit accolé à celui d’anciens « collabos », elle ne veut « plus entendre leur voix ». P. 35, elle parle de Jouhandeau après-guerre comme si de rien n’était.

Simone de Beauvoir écrit au sujet du procès de Brasillach (ibid., p. 37) : « Quand la sentence tomba, il ne broncha pas. » Quid de la fameuse phrase : « C’est un honneur ! »

J’ai appelé Sartre un « casseur de pédés » (voir JPS : ). Dans La Force des choses (Folio, vol. II), Simone de Beauvoir nous parle de « misogynie pédérastique » (p. 192), de « sadisme pédérastique » à l’encontre des femmes (p. 204), et voir aussi la p. 196. Elle n’oublie pas non plus de souligner sa « conscience chrétienne, démocratique, humaniste » (p. 125). À part ça, le Flore a toujours la cote.

Pour Simone de Beauvoir, en 1949, il ne pouvait être question, avec Nelson Algren, d’aller dans l’Espagne de Franco. En 1959, elle voyage avec Nelson Algren dans l’Espagne de Franco (ibid., pp. 293-4).

Pp. 405-6 (ibid.), Simone de Beauvoir est « stupéfiée » par la « futilité » des « politiciens de carrière », qu’elle découvre à cinquante ans passés (qui plus est en Belgique) ; c’est là que j’ai compris qu’il était plus facile d’avoir une belle « conscience démocratique » dans un monde sans politiciens.

Il est assez ironique que Simone de Beauvoir tire son pessimisme à l’endroit des États-Unis, à cause de leur extéro-conditionnement croissant, d’un livre, La Foule solitaire (The Lonely Crowd), qui est une satire de l’intéro-conditionnement, caractéristique du « barnacled moralizer » et dont les derniers représentants en Amérique sont les fermiers. Dans sa préface à l’édition de 1960, David Riesman exprime d’ailleurs sa surprise que le public ait dans l’ensemble réagi comme Simone de Beauvoir (qu’il ne nomme pas : La Force des choses est postérieur, et Simone de Beauvoir ne semble pas avoir lu la mise au point de 1960), en idéalisant l’intéro-conditionnement.

Dans La Société de consommation, Jean Baudrillard pompe allègrement La Foule solitaire sans beaucoup citer l’ouvrage, et quand il le cite c’est surtout pour rapporter une expression (« objectless craving ») ou se porter en faux contre lui (contre le « standard package »). Or le parallèle entre le passage de la population rurale au productivisme urbain et le passage au consumérisme, le « must have fun », la « consommation-socialisation », tout cela est décrit dans le principe même de l’extéro-conditionnement (other-orientedness). Par ailleurs, Baudrillard écrit que Riesman « parle, à propos de la jeunesse américaine, d’un style Kwakiutl et d’un style Pueblo », alors que Riesman écrit en réalité que le caractère extéro-conditionné des jeunes Américains de la classe moyenne (en voie de massification) est Pueblo et que la société américaine dans son ensemble devient Pueblo alors que les jeunes la voient encore Kwakiutl. Baudrillard va jusqu’à citer le même passage de John Stuart Mill qui est dans La Foule solitaire. Mais à partir d’un constat qui est, au fond, celui de Riesman, Baudrillard déplore une perte de « personnalisation » des relations sociales, alors que Riesman en appelle à une re-dépersonnalisation de ces relations en raison de la charge émotionnelle trop lourde que cette personnalisation représente, par exemple dans le contexte fonctionnel du travail au bureau. – Guy Debord a également pompé La Foule solitaire (La Société du spectacle : « De l’automobile à la télévision, tous les biens sélectionnés par le système spectaculaire sont aussi ses armes pour le renforcement constant des conditions d’isolement des ‘foules solitaires’ »), avec la même erreur d’interprétation.

Selon Freud, la dépense psychique occasionnée par la maladie et par la lutte contre ses symptômes et compulsions conduit à une paralysie face aux tâches importantes de la vie. Or on trouve dans La Foule solitaire de Riesman et al. que le conformisme exerce, dans une société extéro-conditionnée, un effet de stimulation et d’accumulation psychiques, tandis que le non-conformisme a au contraire le même effet que la maladie mentale telle que décrite par Freud. La minorité idéologique subit un appauvrissement psychique qui la caractérise réellement comme malade.

« Liberté en situation » de l’existentialisme. La liberté se détermine en fonction de la situation. Si la situation change, la liberté se détermine autrement. Or Sartre écrit que l’on peut créer une situation, la société sans classes, qui verrait disparaître l’antisémitisme (Réflexions sur la question juive). Si je peux prédire, à partir de l’avènement d’une société sans classes, la fin de l’antisémitisme, c’est-à-dire si X alors Y, je nie la liberté. En effet, si je sais comment la liberté se déterminera face à telle situation, c’est que je sais comment elle doit se déterminer ; je le sais d’après une loi déterministe.

J’ai échoué à entrer en classe prépa littéraire car il n’y avait pas encore le baccalauréat littéraire qu’on a créé par la suite (et j’ai eu 5 sur 20 à l’épreuve de maths) et j’ai raté les concours administratifs à cause de l’épreuve de culture générale qu’il est aujourd’hui question de supprimer. C’est ce qui s’appelle être en avance sur son temps.

Dans l’administration française, on passe des épreuves de « culture générale » pour pouvoir ensuite rédiger des appels d’offre de marchés publics et des bordereaux de sécurité sociale. Et ce n’est pas une insulte à la culture ? – Épreuve de culture générale : être quitte avec la culture.

En fait de philosophes, des spécialistes en humanités (avec un « s »).

Il pourrait aussi y avoir une façon de voir les choses que je soumets à l’appréciation de votre radicalité : si c’est dans les journaux, c’est que ça ne vaut rien. Seulement votre radicalité a besoin des journaux pour exister.

Le « sois toi-même » de toute la pensée « émancipatrice » et publicitaire est une « injonction paradoxale » au sens de double bind schizogène.

Avoir des amis est-il compatible avec la liberté de penser ?

« N’écrivez pas des poèmes d’amour, écrivez sur votre quotidien. » (Rilke, Lettres à un jeune poète) J’ai écrit des poèmes d’amour car c’était mon quotidien !

Pour admirer sincèrement un homme politique, il faut n’admirer aucun poète, aucun écrivain, aucun philosophe.

Le raisonnement selon lequel la monogamie permet à davantage d’hommes de s’unir à une femme ignore complètement l’existence de la prostitution, c’est-à-dire de toute une classe de femmes exploitées et non mariées (peu d’hommes acceptent de se marier avec des prostituées), largement inconnue dans les pays de droit polygamique. À l’époque où Schopenhauer écrivait ses Parerga und Paralipomena, on comptait 80 000 prostituées à Londres, autant de « victimes sacrifiées sur l’autel de la monogamie » (Menschenopfer auf dem Altare der Monogamie).

« L’onction du suffrage universelle » est mystique et fétichiste. De même que la médiocrité de l’homme est couverte par la dignité de prêtre, l’homme qu’est l’élu républicain devient tabou en même temps que prophétique, du moins parmi les fonctionnaires, chez qui l’adhésion à cette mystique est requise.

Toute bibliographie sur Kant a ses nationaux-socialistes : Alfred Baeumler, Gottfried Martin, Martin Heidegger (le moins connu d’entre eux)…

La philosophie n’est pas devenue difficile à partir de Kant : voir la citation ironique par Hobbes du scolastique Suarez, dans son Léviathan. C’est seulement que ce qu’on appelait philosophie, dans les universités, avant lui, tout le fatras scolastique indéchiffrable, et « impuissant » (Balzac), de Suarez et autres, a sombré, tandis que le fatras que l’on appelle encore philosophie après Kant, chez Fichte, Hegel, Husserl…, n’a pas encore eu le temps de sombrer.

L’univers du Big Bang s’étend dans le vide ; l’univers en expansion de Kant s’étend dans un chaos de particules qui en viennent à se soumettre aux forces de l’univers (Dissertation de 1770).

Du commentateur et traducteur de Kant, Alexis Philonenko : Kant « ne part pas toujours de définitions exactement déterminées, et il use de concepts sans toujours observer une grande rigueur. » En guise de reproche, alors que Kant explique qu’il n’est pas approprié de partir de définitions en philosophie, contrairement à la pratique des mathématiques ! Il n’y a pas, en dehors des mathématiques, science intuitive pure, de définition possible des concepts (empiriques comme a priori), seulement une exposition ou explicitation. (Kritik der reinen Vernunft, Reclam 2013, pp. 745-6)

Les fréquences infrarouges et ultraviolettes ont pu être mesurées et sont donc indirectement perçues et attestées comme réelles dans notre expérience. En revanche, les dimensions « surnuméraires » de l’espace sont une construction, non une construction dans l’intuition pure comme les objets de la géométrie mais une construction dans l’entendement pur, au risque qu’elles ne soient qu’un jeu de l’esprit. Le champ de notre sensibilité peut être élargi par la technologie : nous percevons des objets de plus en plus petits, de plus en plus lointains, un spectre de fréquences de plus en plus large mais, ce principe de la technologie étant posé, demeure l’impossibilité d’une appréhension, hors de l’entendement pur, de dimensions surnuméraires de l’espace, du fait que l’espace n’est pas une matière mais la forme même de notre expérience sensible.

Un « espace vectoriel à n dimensions » ne décrit pas l’espace objectal (forme de l’intuition sensible) mais une représentation des dimensions d’un problème.

Pour décrire l’espace, on peut toujours poser n à la place de 3 (dimensions) et voir ce qui en résulte logiquement (en recourant aux opérateurs logiques), mais de ce que les opérations logiques ou formelles soient possibles pour toute valeur arbitrairement choisie il ne résulte pas qu’il soit permis pour toute valeur de tirer des conclusions sur l’étant.

Les mathématiciens retombent en enfance, sauf qu’au lieu de jouer avec des cubes, ils jouent avec des hypercubes.

Le concept d’un triangle est sa pure et simple définition, et les énoncés qui exposent celle-ci sont analytiques ; synthétiques a priori sont les énoncés qui exposent les propriétés du triangle. Les concepts de l’entendement ne sont pas une connaissance synthétique a priori ; il faut, pour une connaissance synthétique a priori, le recours à l’intuition (Anschauung) et à ses formes, l’espace et le temps. C’est parce que l’espace est une forme a priori de notre intuition que la géométrie possède des axiomes apodictiques. – Ce ne serait pas possible si l’espace était une condition objective de l’existence des choses en soi. (Quod est demonstrandum)

La dimension duale « quantitative-visuospatiale » des tests d’intelligence est conforme à la conception kantienne des mathématiques comme science intuitive pure.

Qu’au moins une autre planète soit habitée est plus qu’une opinion (Meinen) : une forte conviction (starkes Glauben). (Kritik der reinen Vernunft)

L’état de nature de Rousseau est la réplique qu’appelait le chapitre XIII du Léviathan. Je veux dire par là que c’en est tantôt la copie et tantôt le contrepied. Son état de nature, Rousseau l’a trouvé dans Hobbes, mais il en a retiré les passions pour les faire naître avec la propriété, c’est-à-dire avec la fin de l’état de nature.

De même, Spinoza est un imitateur de Hobbes. Diderot écrit : « Son dieu [à Hobbes] diffère peu de celui de Spinoza. » (Article Hobbisme de L’Encyclopédie) Il faudrait plutôt dire, par respect de la chronologie, que le dieu de Spinoza diffère peu de celui de Hobbes.

Tous les droits de l’homme sont contenus dans l’habeas corpus.

Rousseau ne veut pas que son Émile devienne forgeron ; il le veut menuisier. Il y a des métiers impurs, réservés aux intouchables.

L’homme à l’état de nature, solitaire, rousseauiste, ne peut même pas cueillir le moindre fruit car les bandes de singes lui interdisent d’approcher des arbres, qui sont leur propriété. Il se fait chasser dans les déserts, où il meurt de soif et de faim. («cuando los cristianos van por la tierra adentro a entrar o hacer guerra a alguna provincia, y pasan por algún bosque donde haya de unos gatos [‘gatos monillos’=monos aulladores] grandes y negros que hay en Tierra Firme, no hacen sino romper troncos y ramas de los árboles y arrojar sobre los cristianos, por los descalabrar; y les conviene cubrirse bien con las rodelas y ir muy sobre aviso para que no reciban daño y les hieran algunos compañeros.» Gonzalo Fernández de Oviedo, Sumario de la historia natural de las Indias, 1526)

Selon Galbraith (Le Nouvel État industriel), un principe de la technostructure est la « décision par le groupe ». Corollairement, le diplôme, gage de connaissances spécialisées et surtout de normalisation, supplante l’expérience. Il se pourrait que les deux soient liés, que le mode de décision par le groupe au sein des organisations implique pour bien fonctionner un formatage des individus qui y participent, formatage dont la meilleure garantie serait le diplôme, bien plus que l’ancienneté, laquelle ne compenserait qu’imparfaitement une normalisation initiale insuffisante.

Tous les grands penseurs ont souligné la nécessité du loisir pour penser. Or la « société de loisir » est celle du loisir pour le loisir, c’est-à-dire de la compensation pour un travail absorbant toute l’énergie humaine, du loisir comme temps de vie qui ne peut, pas plus que le travail, être consacré à la pensée.

Autoportrait par Marc Andriot, 2017

Quand j’avais douze ou treize ans, le mot « blasé » revenait souvent dans les conversations de mon groupe d’âge, où il ne pouvait tout simplement pas s’appliquer. Petits singes.

Dans les mauvais romans didactiques, c’est toujours une femme qui joue le rôle de Candide, comme si la femme était un éternel sauvage au milieu de la civilisation.

Grincements de dents. Le martyr de l’homme d’esprit en société : il attire l’attention des dames et suscite ainsi la haine de leurs cavaliers. Le martyr du penseur est pire encore : il suscite la haine des dames, donc aussi de leurs cavaliers.

Les sophistes, comme les psychanalystes, se faisaient payer.

Les femmes travaillent pour que les hommes puissent les quitter sans remords.

Ceux qui entrent dans les grandes écoles, écoles d’élite, et pour qui dès lors « toutes les portes sont ouvertes », savent qu’ils ont une vie de robot devant eux à moins qu’ils ne se lancent à leur tour en politique, auquel cas ce sera une vie de robot tempérée de bassesse. C’est pourquoi, tant qu’ils ne font pas de politique, personne ne les envie, aussi enviables que soient leurs conditions matérielles d’existence, car il n’y a pas de raison d’envier des machines. Ceux que l’on envie, ce sont les individus vulgaires qu’animent de basses passions.

Les grandes écoles emprisonnent dans un esprit de corps.

Liste des philosophes et penseurs grecs initiés en Égypte, d’après Cheikh Anta Diop : Thalès, Pythagore (passa vingt ans en Égypte, selon Jamblique), Démocrite, Platon (passa treize années en Égypte, d’après Strabon), Eudoxe de Cnide, Orphée de Musaeus, Dédale, Homère, Lycurgue de Sparte, Solon d’Athènes. (Antériorité des civilisations nègres)

Selon Cheikh Anta Diop, il existe en Afrique une polygamie non patriarcale.

Les séries causales indépendantes rendent a priori impossible une prédiction exacte des événements à venir, mais s’il y a eu une cause première il n’existe pas de séries causales indépendantes.

Mes études en province (trois ans) m’ont permis de comprendre que la France tout entière est une « province ». Il n’y a plus que les médias français pour ne pas le voir. – L’intérêt de l’étranger pour la France est purement ethnographique.

Le hadith sur le petit djihad et le grand djihad, que des commentateurs occidentaux bien intentionnés citent volontiers pour émousser la rhétorique islamophobe, n’est, selon les critères islamiques, pas recevable (« baseless »). (Shaykh Muhammad ibn Rabi’ al-Madkhali, professeur à l’Université islamique de Médine, The Reality of Sufism: ‘’Likewise they have removed the spirit of jihad, which is to fight in the way of Allah, with what they claim to be the greater jihad, i.e. striving against one’s own soul. Whereas this is a baseless hadith and has provided the opportunity in the previous two centuries for colonialist powers to occupy most of the Muslim lands.’’ [p.14])

Le postulat de la phrénologie (Gall, Spurzheim) est confirmé si l’on peut répondre par l’affirmative aux deux questions suivantes. 1/ Une bosse crânienne est-elle due à la pression du cortex cérébral sur le crâne ? (Intuitivement, je pense que oui.) 2/ La localisation fonctionnelle étant admise (LeDoux, 1998), existe-t-il une corrélation positive entre le volume de telle partie du cerveau et sa capacité fonctionnelle ? (Intuitivement, je pense que oui.)

Dans Walden Two de Skinner, l’intellectuel Frazier crée une communauté utopique en expliquant que les intellectuels sont sensibles au ressentiment des classes laborieuses. Ce ne sont pas les envieux qui créent des utopies, mais les enviés, qui souffrent de l’envie des envieux. – Peut-être l’envieux pense-t-il quant à lui qu’il serait envieux sous n’importe quel régime.

Marshall McLuhan : Le clownesque est la destinée de la personnalité totale dans le monde des mutilations linéaires.

Kant et Hegel partagent un même fétichisme de la Révolution française alors que l’événement fondateur est la Révolution américaine. La Constitution fédérale américaine est rédigée en 1787 et, soumise à la ratification des États, devient effective après la ratification du neuvième État sur treize, en juin 1788. Le Bill of Rights (les dix premiers amendements de la Constitution) est ratifié par le premier État en novembre 1789 ; la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en France, datant d’août 1789, elle est donc antérieure. Cependant, il existait des Bills of Rights dans les Constitutions de plusieurs États avant la Constitution fédérale : Pennsylvanie, Caroline du Nord, New Hampshire, Massachusetts, Delaware, Maryland. En outre, l’auteur collectif des Federalist Papers (1787-88) énumère les dispositions de la Constitution fédérale qui rendent en réalité superflu un Bill of Rights (The Federalist, 84). Par conséquent, les événements déterminants de l’une et l’autre Révolutions sont, d’une part, l’adoption de la Constitution fédérale en Amérique et, d’autre part, la proclamation de la Déclaration des droits de l’homme en France, celle-là précédant celle-ci.

Le film Le Prêteur sur gages (The Pawnbroker) de Sidney Lumet (1964) a été, avec sa paire de seins nus, la première entorse au Code Hays définissant des lignes de conduite pour le respect de la décence et de la moralité par l’industrie cinématographique. L’entorse fut justifiée par un impératif pédagogique à montrer les atrocités des camps de concentration nazis (en l’occurrence, des femmes juives violées ou prostituées par les gardiens des camps). Elle devait rester une exception mais les entorses se sont ensuite multipliées, jusqu’à la suppression du Code en 1968. Plus tard, La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1993) s’est également servi de la Shoah, pour vendre alcool et cigarettes dans un contexte où la publicité pour ces produits est de plus en plus contrôlée et restreinte : le héros du film est dans quasiment toutes les scènes en train de fumer et/ou de boire de l’alcool.

Surveiller et Punir, de Michel Foucault : une analyse minutieuse d’archives, puis, sans transition, les assertions les plus échevelées sur les délinquants produits par le système pour servir de vivier d’hommes de main occultes aux politiciens, sur le fondement d’aucune preuve documentaire.

Les riches puent. Les pauvres crânent.

Une personne sur cinq reste sans enfant (un ratio qui serait demeuré plus ou moins stable au cours des siècles, si le nombre d’enfants par femme a quant à lui varié). Pour que la population ne diminue pas, 80 personnes, soit 40 couples doivent faire 100 enfants, donc chaque couple doit faire 2,5 enfants.

Il est plus difficile de robotiser un salon de coiffure que le ministère de l’économie.

Puisqu’il est poli, chez les Arabes, de roter à la fin du repas, je ne vois pas pourquoi on ne rote pas dans les restaurants des hôtels à Dubaï. Moi j’ai roté. Une serveuse philippine (ou une cliente occidentale) a poussé une exclamation, mais la cliente bédouine m’a souri.

Mon général n’est « pas maurrassien mais »… il n’a rien lu en dehors de Maurras.

L’univers nous semble si grand parce que notre vie est si courte. Pour une espèce où les individus vivraient des milliards d’années, les distances interstellaires seraient peu de chose.

BNB-Baribas la banque d’un monde qui pue.

Juillet 2017