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TW21 La malédiction du homard
Anthologie Twitter mai-août 2019. Français & a little English.
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Rayez le parquet
i
Le « ministère public », cette « spécificité française » que le monde démocratique ne nous envie pas.
[Nul procureur ne se saisit pour faire condamner Diogène le Cynique après que ce dernier eut dit à l’empereur Alexandre : « Ôte-toi de mon soleil. » C’est peut-être aussi pour ça qu’on l’appelle Alexandre le Grand.]
ii
Quel crédit accorder désormais aux déclarations des procureurs ? (Laurent Joffrin, journaliste, « sur les dernières révélations dans l’affaire Legay »)
Les procureurs, cette spécificité française héritée de l’Ancien Régime et maintenue par la volonté de Naboléon, n’ont jamais eu le moindre crédit chez les gens qui connaissent un peu le droit [sans en vivre]. Un exemple [qui sort un peu de la très classique (et néanmoins très juste, quoi qu’elle ne semble jamais entendue par les décideurs) litanie déplorant l’absence d’indépendance vis-à-vis de l’exécutif], la doctrine anglo-saxonne (et un Français a le droit de s’intéresser à la littérature juridique anglo-saxonne) décrit le procureur français comme « prosecution-minded », un obsédé des poursuites.
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Inculture démocratique de la porte-parole du gouvernement, pour qui « les journalistes sont des justiciables comme les autres ». C’est faux, le journaliste n’est pas un justiciable comme les autres lorsqu’il est dans l’exercice de ses fonctions. (Edwy Plenel)
En même temps, ce genre de raisonnement n’est pas de nature à inciter les journalistes à demander d’étendre leur « immunité » à l’ensemble de la population. Le peuple est réduit au silence (au mieux à l’anonymat).
ii
Lois, déclarations, convocations et gardes à vue se sont multipliées ces derniers mois, qui font craindre pour la liberté d’expression et de la presse en France. (Mediapart)
Vous, les médias, vous avez accepté que la parole soit muselée partout du moment que vous aviez votre « immunité prétorienne », en ce qui concerne la satire (partout ailleurs que dans les journaux satiriques qualifiée d’injure) et autres. Maintenant le pouvoir peut vous mettre à genoux facile.
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Le Twitter Transparency Report accable la France
Twitter Transparency Report for France Jul-Dec 2018: Removal Requests 110: 8% compliance. So 92% of requests by French authorities were deemed illegitimate. => France, then, has a quick-trigger finger against freedom of speech.
Compare numbers of removal requests by states/compliance by Twitter(%) Jul-Dec 2018.
France 110/8% (as said above) 👎
Australia 14/15%
Austria 2/0%
Belgium 0/0
Canada 6/0%
Denmark 4/0%
Germany 42/12%
Italy 6/0%
Norway 0/0
Portugal 0/0
Spain 10/0%
Sweden 0/0
UK 46/2%
US 83/0%
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Le règne des sots
« Dès que le bien penser fut réglé et surveillé par la police, le bien penser devait descendre au niveau d’un policier moyen; et comme ce genre subalterne, et d’ailleurs fort utile en tous temps, n’a point coutume de peser les paroles, il ne fut point permis même d’habiller décemment les opinions de circonstance. Les hommes d’État et les gens de lettres se soumirent à cette condition que rien, dans leurs discours, n’eût l’apparence de ce qui demande attention ; car, pour un homme de main qui assure l’ordre, attention et soupçon ne font qu’un. Ce qui abaissa les uns, et releva les autres ; et c’est ce que j’entends comme le règne des sots. Si cette police des opinions était nécessaire, je ne veux pas maintenant l’examiner. Que la formation de guerre entraîne cette conséquence inhumaine parmi tant d’autres, cela ne doit point étonner. » (Alain, Propos du 27 mars 1921)
[Ce Propos du philosophe Alain décrivait la censure française en temps de guerre. Il décrit aujourd’hui la censure française en temps de guerre comme en temps de paix.]
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[Sur France Inter] on est dans la satire et jamais dans la diffamation. » (Charline Vanhoenacker, humoriste)
Les privilèges à la française ! Le peuple, lui, par exemple sur Twitter, est toujours dans la diffamation et jamais dans la satire. Par principe.
Pour résumer, la satire c’est ce que tu entends sur France Inter et autres médias du capital. La diffamation c’est tout le reste. Donc tu fais bien de rester anonyme, c’est prudent.
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14 juillet
i
En France, la fête nationale est célébrée par un grand défilé militaire.
ii
Aux États-Unis, il faut un Trump pour que le July 4th soit une parade militaire. Voyez sa ridicule #TrumpParade (le fait que trende le hashtag prouve le sentiment de ridicule qu’inspire cette parade aux U.S.), défilé « made in 14 Juillet » selon Le Parisien. [Car Trump en aurait eu l’idée après avoir été invité au défilé du 14 juillet l’an dernier ou l’année d’avant. Il avait alors, je me souviens, daubé les Français pour leur coutume d’organiser un défilé militaire le jour de la fête nationale.]
Quand on fait défiler l’armée aux U.S., le #July4th devient sur internet une #TrumpParade et plus #IndependenceDayParade. Et finalement les chars n’ont pas défilé tellement les Américains étaient écœurés par l’idée d’un défilé militaire pour leur fête nationale.
iii
Quand sur TF1 un reportage sur les préparatifs du 14 juillet 2019 parle de chorégraphie, les esprits non hypnotisés ne peuvent pas, au vu des images, ne pas penser à Corée du Nord.
Un défilé militaire fait forcément penser à un régime militariste.
iv
« La fierté d’être Français », ou la francité d’être fier.
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Louis XX
Louis de Bourbon, c’est-à-dire Louis XX, est l’arrière-petit-fils de Franco : « second fils d’Alphonse de Bourbon et de son épouse Carmen Martínez-Bordiú, petite-fille du général Franco. » (Wkpd)
Portrait équestre de Carmen Martínez-Bordiú (1972), petite-fille de Franco et mère de Louis XX, par Salvador Dali. (Cliquez sur l’image pour agrandir.)
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Baccalauréat : « Les grévistes [les enseignants en grève] n’ont pas été élus au suffrage universel », tacle la porte-parole du gouvernement. (Europe 1)
Le suffrage universel implique nécessairement des élections selon le principe « un homme égale une voix », soit, pour une élection nationale, une circonscription unique. Ce n’est pas le cas des élections législatives françaises. [Selon que vous êtes inscrit dans telle ou telle circonscription plus ou moins dense démographiquement, votre voix pèse plus ou moins.] Donc, députés ou grévistes, au regard du suffrage universel, c’est kif-kif bourricot.
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Où est Steve ?
[Le Nantais Steve Maia Caniço était porté disparu depuis une charge de police contre un rassemblement festif en bord de Loire la nuit de la Fête de la musique, le 21 juin 2019. Son corps a été retrouvé dans le fleuve le 30 juillet, quelque quarante jours plus tard.]
i
#OùEstSteve depuis la charge des valkyries ?
[Ici figurait une vidéo YouTube entretemps supprimée, la scène du vol d’hélicoptères avec la musique de Wagner dans le film Apocalypse Now]
ii
Où est Steve, brigadier?
– En enfer, avec Zineb Redouane.
– Merci, brigadier. Voilà votre médaille.
– Fier de servir mon pays !
iii
Quatorze personnes sont tombées dans le fleuve à cause de la charge de police. Le seul qui ne peut plus dire ce qui lui est arrivé est tombé pour une autre cause à déterminer. #SelonlIGPN
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Jojo le député
La phrase « (à cause des médias) Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un député » m’étonne car en philosophie politique la question a toujours été : Comment faire de bonnes lois avec des Jojos députés qui ne sont pas désignés pour leurs compétences ?
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Homard Gate
i
Mediapart accusateur public (BFMTV)
C’est censé être choquant car en France l’accusation publique est le monopole du ministère public (parquet), c’est-à-dire du pouvoir exécutif. Il n’y a pas de pouvoir judiciaire en France : c’est une branche de l’exécutif (Maurice Duverger).
ii
Question aux déontologues : À partir de combien d’amis invités un « dîner de travail informel » avec du homard devient-il un dîner entre amis ?
iii
C’était un dîner de travail puisque j’habite sur mon lieu de travail.
– Et pourquoi « informel » ?
– Mes amis n’étaient pas obligés de porter la cravate. Si on ne peut même plus avoir un dîner de travail informel avec ses amis… Y en a marre de cette scandinavisation de la franchouille !
iv
Le homard c’est bon mais les protagonistes du Homard Gate ne vont plus aimer le goût, maintenant…
Une « erreur regrettée et payée au prix le plus élevé et le plus cruel » : il ne pourra plus voir un homard sans avoir envie de vomir.
v
Podesta, directeur de campagne d’Hillary Clinton, se photographiait chez lui faisant du risotto de homard avec le chef français Daniel Boulud et twittait, pour se moquer d’Assange, « Tu ne manges pas aussi bien à l’ambassade d’Équateur, n’est-ce pas ? » Battus par Trump. Gare au homard.
The Malediction of the Homard
-Podesta: suicided by his lobster risotto tweet;
–#homardmatuer : « les chiens » ont l’odorat sensible.
vi
« Ça devient les Dix petits nègres » dit Macr🅾️n en Serbie. Quoi ça ? Quoi ça ? « Nègre. Vieilli et péjoratif : Noir, Noire.” (Dictionnaire) Souligner « péjoratif ».
Est-ce que, parmi ces dix petits nègres, il y a l’auteure de la #PPLCyberHaine ? Surtout ne vous cassez pas la tête à être exemplaires, on sait bien que le procureur ne se saisira pas contre vous.
vii
Sur douze dîners, trois (soit un sur quatre) « posent des questions au regard de leur caractère familial ou amical » (Rapport AN). Donc l’intéressé, annonce son entourage, va les rembourser. Et donc il n’y a eu « aucune irrégularité » ! Quoi de plus outrageant que cette défense ? « Je rembourse trois dîners (c’est un sur quatre !) car il n’y a eu aucune irrégularité et je suis un homme blanchi. » Quoi de plus insultant envers le peuple souverain? Outrage au peuple !
« Aucune irrégularité, donc je rembourse. Je me présente devant vous comme un homme blanchi. » Il est tombé dans le pot à mayonnaise géant, celui qui sert pour les homards. 😂 [Mieux vaut en rire qu’en pleurer.]
viii
En réponse au Homard Gate, le gouvernement annonce une loi contre les homards haineux.
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[L’humoriste Élodie Poux s’est fait condamnée par la justice à une amende en mai 2019 (en première instance, avant de faire appel) pour une plaisanterie à l’encontre d’un toréro. Dans un tweet, effacé entre-temps, elle disait en substance : « On apprend aujourd’hui que les blagues sont passibles d’amendes. Merci à ceux qui me soutiennent etc. » À quoi je répondis]
Les blagues, même les meilleures, ont toujours été passibles d’amendes et autres peines pour les sans-nom. Maintenant, ce sera plus égalitaire. Au lieu de vivre, humoristes professionnels, dans l’ignorance (feinte) de vos privilèges, il fallait dénoncer ces lois scélérates qu’on vous applique aujourd’hui comme aux autres.
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Bain de foule présidentiel (Bagnières-de-Bigorre)
« Souriez, vous êtes filmés ! » De toute façon, vous n’avez pas le choix : refuser devant les caméras, parce que vous avez mieux à faire, serait un outrage au chef de l’État et vous recevriez une citation à comparaître au tribunal.
[Diogène le Cynique, lui, a pu dire à l’empereur Alexandre, sans être inquiété : « Ôte-toi de mon soleil. » Autres temps autres mœurs.]
Bain de foule dans la ville fantôme.
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Adama Traoré
« La tentative de validation ou légitimation de cette conclusion en faisant appel à des notions scientifiques théoriques sur la sarcoïdose et la drépanocytose amène à des conclusions biaisées sur le plan intellectuel, voire de l’éthique médicale. » Les quatre médecins sollicités par Maître Bouzrou, avocat de la famille d’Adama Traoré, mettent ainsi formellement en cause « l’éthique médicale » des médecins de l’expertise médico-légale, un corps de médecins travaillant pour la police. Il est abracadabrant que, dans des affaires où la police est en cause, le corps des médecins légistes, qui travaille pour la police, ne soit pas dessaisi d’office. Car une expertise indépendante n’est pas envisageable dans des conditions de dépendance professionnelle.
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Racisme et impunité politiciens
(même pour les non-parlementaires,
qui ne sont pas couverts par les immunités constitutionnelles)
i
Les mêmes qui votent des lois toujours plus répressives contre les « contenus haineux » ne pensent jamais à saisir la justice quand ils appellent raciste un opposant pour ses propos, comme les membres de LaREM avec Nadine Morano. Preuve que, pour eux, les politiciens sont au-dessus des lois.
Florilège de ministres et députés LaREM sur le dernier tweet marquant de Nadine Morano :
« ’Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme, ou le rejet de l’autre’ – J.Chirac Un jour Nadine Morano a peut-être été républicaine. Tel n’est définitivement plus le cas. »
« Racisme ordinaire, dérapages et amalgames ordinaires, ‘pensée’ ordinaire. Ordinaire je me demande si ce n’est pas le meilleur qualificatif pour Nadine Morano. »
« Nadine Morano ou l’art de cultiver au quotidien un racisme ordinaire décomplexé et une bêtise abyssale assumée. »
« Racisme et bêtise vont toujours de pair. Écœurante démonstration Nadine Morano. »
« Par sa bêtise et son racisme Nadine Morano montre le degré zéro d’une soit (sic) disant responsable d’un parti ! »
Bel élan chez LaREM pour dénoncer le racisme de Nadine Morano, donc. Mais pourquoi personne parmi eux ne saisit la justice ? Continuons le florilège.
« Une nouvelle fois, Nadine Morano dérape et tient des propos insupportables ! Son racisme de bistrot est un délit et n’a pas sa place dans notre société. »
Un délit : on attend des actes ! Last but not least :
« Les propos ouvertement racistes de Nadine Morano sont indignes d’une responsable politique. Vous devez les retirer et présenter vos excuses, sous peine de poursuites. »
Comme si la justice faisait des sommations !
Est-ce que la #PPLCyberHaine #PPLAvia prévoit qu’on demande à l’internaute coupable de propos « haineux » de bien vouloir prendre la peine de les retirer sous peine de poursuites ??? 😂
Donc, pour ce dernier député, quand un politicien dit quelque chose d’illégal, c’est seulement s’il ne retire pas ses propos qu’il doit être poursuivi. Or, pour toute autre personne le procureur ne prend pas de telles mesures d’avertissement. Caste privilégiée.
ii
Si le politiquement correct consiste à ne plus être homophobe, raciste, sexiste, antisémite, grossophobe, etc, quel est le problème si grave de ce politiquement correct ? Ne plus pouvoir être un sale c… sans se faire engueuler ? Je ne comprends pas bien… (Bruno Gaccio, en réponse à un politicien qui tweetait en défense de Nadine Morano)
Nadine Morano se fait peut-être « engueuler » mais elle ne se fait pas condamner, alors qu’elle est accusée d’enfreindre la loi. Par exemple, un député LaREM lui demande de retirer ses propos « sous peine de poursuites » mais le citoyen lambda, lui, ne reçoit pas d’avertissement.
P.S. Le politiquement correct avec juge répressif, c’est le politically correct (PC) « à la française », une absurdité. En France, il faut parler de « pénalement correct » pour être exact. Aux U.S. la parole est libre ; c’est justement pour ça qu’on peut parler de PC ! Les neuneus importent un concept U.S. sans comprendre qu’il ne peut s’appliquer en France, où la parole qui n’est pas « correcte » est condamnée pénalement. Le PC est informel et coopté ; si quelqu’un le rejette, le juge n’intervient pas pour autant. Quel rapport avec chez nous ?
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« Ici nous n’avons qu’un seul drapeau : le drapeau français. » Un député incommodé par les drapeaux algériens brandis dans les rues françaises lors des victoires de l’équipe de foot algérienne à la Coupe d’Afrique des nations.
« Ici » il y a des binationaux : ils ont deux drapeaux puisqu’ils ont la double nationalité, et un binational franco-algérien a le droit de vivre en France.
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As a Darwinist I prefer a state that teaches Creationism at state schools but lets one free to adhere to Darwinism than a state that would make (some brand of) Darwinism a state ideology and forbid any other teaching by repressive laws. #GodBlessAmerica
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Attention : en France, ce smiley 😷 est interdit sur la voie publique, depuis la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Cette loi, c’est parce que Big Brother ne supporte pas qu’on ne lui sourie pas tout le temps.
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Il n’y a pas besoin de fascisme pour faire des esclaves des Français : une république naboléo-gaullienne y suffit. Quoi que, avec les Gilets jaunes, le pouvoir commence à se poser des questions.
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L’adage dit « Viro esurienti necesse est furari. » (Je vous laisse googler.) C’est un adage juridique.
Connu en droit brésilien sous le concept de furto famélico (« larcin de l’affamé », qui n’est pas une infraction) : « O furto famélico não é crime. »
« O furto famélico não existe apenas para saciar a fome. Alguém que furta um remédio essencial para sua saúde, um cobertor em uma noite de frio, ou roupas mínimas para se vestir, também pode estar cometendo furto famélico. » [Cette catégorie juridique « n’existe pas seulement dans les cas où la faim doit être assouvie. Une personne qui vole un remède essentiel à sa santé, une couverture lors d’une nuit de grand froid ou des vêtements essentiels pour se vêtir, peut de même être dit commettre un ‘larcin de l’affamé’. »] (direito.folha.uol.com.br)
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Faire grève est une atteinte à la propriété privée ou publique : une mise sous séquestre de la propriété (l’appareil de production) contre l’avis du propriétaire. Pourtant c’est légal. C’est même un droit constitutionnel. Méditez-le bien.
[Ajout du 12.9.2019 : Ce tweet repose sur une erreur de ma part, due à l’apparence que donnent certaines grèves avec occupation du site de production, sans intervention des forces de l’ordre. La réalité est la suivante : « Si la grève, dans son principe, est légale, l’occupation d’usine ne l’est pas parce qu’elle constitue à la fois une entrave à la liberté du travail des non-grévistes et une atteinte au droit de propriété de l’employeur sur son bien. … les forces de l’ordre hésitent parfois à intervenir, ou refusent carrément toute intervention, en raison des troubles à l’ordre public que ne manquerait pas de provoquer, selon eux (sic), leur intervention. » (J.-C. Ricci, 2000, commentant l’arrêt du Conseil d’État du 3 juin 1938 Société « La Cartonnerie et imprimerie Saint-Charles »). Au temps pour moi.]
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Autre preuve de sa singularité [à l’anarchiste Kropotkine], tant Victor Hugo qu’Ernest Renan le défendirent ardemment quand il fut poursuivi par les autorités françaises. (Quatrième de couverture de La Grande Révolution de Pierre Kropotkine aux éditions Atlande)
Ce n’est pas une preuve de sa singularité mais de ce que Hugo et Renan étaient des défenseurs conséquents de la liberté d’expression. Pas comme certains.
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Qui n’a pas vu un 👮♂️ jubiler en interrogeant une personne en cause pour ses propos ou écrits (délit d’opinion) n’a rien vu. Ce rôle d’inquisiteur les fait mousser, mais jamais je ne les comparerai à des inquisiteurs, qui étaient docteurs (en théologie) et écrivaient des livres.
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Mon grand-père était haut fonctionnaire de Vichy et allait danser avec ma grand-mère à la Kommandantur, comme les autres hauts fonctionnaires de sa ville. Lynchez-moi.
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RIC
Je suggère d’organiser des référendums d’initiative citoyenne sur les points suivants :
1 Application du droit américain du Premier Amendement (pour une liberté d’expression sinon totale, du moins jamais connue en France à ce jour)
2 Déclaration de la France comme pays neutre permanent (comme la Suisse, la Suède, la Finlande, l’Irlande, l’Autriche, Malte, etc)
3 Suppression du ministère de la justice et du parquet, pour une justice indépendante et un véritable pouvoir judiciaire
4 Suppression du Sénat (le bicaméralisme est inutile dans un État unitaire comme la France)
5 Circonscription unique aux élections législatives (pour que s’applique le principe « un homme égale une voix »)
6 Décentralisation du contrôle de constitutionnalité vers le pouvoir judiciaire indépendant (voir 3)
7 Reconnaissance de l’État de Palestine et rupture des relations diplomatiques avec Israël
8 Interdiction d’exposer des portraits présidentiels dans les bâtiments publics (mairies, commissariats…)
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Une sentinelle est en argot une 💩 (voyez lien : http://www.languefrancaise.net/Bob/3521)
➡️ Opération 💩
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Le titre de séjour d’un Marocain n’a pas renouvelé par la préfecture pour cause de « discours anti-occidental, complotiste et dirigé contre la société française » sur Facebook. Le juge valide : « La réalité de la menace à l’ordre public que constitue sa présence [au Marocain] sur le territoire français est établie. » La réalité de la menace est-elle établie par le « discours anti-occidental, complotiste et dirigé contre la société française » ? Si oui, il n’y a pas de liberté d’opinion et d’expression en France.
Un préfet, un juge n’ont aucune légitimité à qualifier des propos, même ceux d’un étranger, de « complotistes », dans un État pluraliste où existe la liberté d’opinion. Il y a une erreur de droit dans la décision du préfet : celui-ci ne peut prendre une décision sur la base d’un supposé complotisme. Il invente le droit, le tire de sa tête. Sa décision est entachée d’illégalité.
Cette argumentation pave la voie à la « loi contre le complotisme » que des ennemis de la liberté réclament en France.
Pendant ce temps, une Cour fédérale américaine annule les poursuites contre Wikileaks, fidèle au droit du Premier Amendement de la Constitution américaine. La France, elle, s’enfonce dans la répression des opinions, ses élites corrompues incapables d’assurer l’ordre.
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Face aux dégradations de permanences d’élus, je propose de retirer le délit d’apologie d’attentats à permanences du droit de la presse pour le verser au droit pénal commun.
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Manhattan Blackout July 13, 2019
In 1943 French writer Barjavel published Ravage, a novel in which the collapse of civilization is started by a blackout.
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Où est Maryam Pougetoux [syndicaliste étudiante] ? Pourquoi a-t-elle disparu des médias ? À cause de son hijab ?
Le 1er juillet a été élue présidente de la National Union of Students UK Zamzam Ibrahim, jeune femme portant le voile.
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#Bilderberg Je trouve étonnant que des élus et de hauts fonctionnaires en activité se croient permis d’assister à des réunions d’intérêts privés internationaux dont les comptes rendus doivent rester secrets. Il faut l’interdire.
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Les nouvelles tueries racistes aux États-Unis s’en réclament : le « grand remplacement » n’est pas une théorie intellectuelle dont on pourrait débattre mais une idéologie meurtrière qu’il nous faut combattre. (Edwy Plenel)
La dernière tuerie en date, à Dayton, ne semble pas être raciste ni se réclamer du Grand Remplacement : «In his Twitter profile, Connor Betts, the 24-year-old suspected gunman in the Dayton mass shooting, wrote: ‘anime fan / metalhead / leftist’» (Heavy.com)
Quand les juges sont chargés de combattre les idéologies, il n’y a pas besoin d’intellectuels. Passez le concours de l’ENM.
Une journaliste israélienne dit que le nationalisme palestinien est une version de la théorie du Grand Remplacement : «Palestinian nationalism is kind of an antisemitic version of a ‘great replacement’ theory, anyway. They see Jews as foreign usurpers &c». Tellement simple. Cette journaliste peut donc maintenant dire, en citant Plenel, que le nationalisme palestinien « n’est pas une théorie intellectuelle dont on pourrait débattre mais une idéologie meurtrière qu’il nous faut combattre ». D’ailleurs, ils n’ont pas attendu Plenel pour le dire. Ni pour organiser la censure militaire des médias, ce qu’ils appellent pudiquement, ou plutôt hypocritement, un « compromis ».
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Cinéma africain
Emitaï (1971) par Ousmane Sembène 🇸🇳
« En 1942 en Casamance, dans le Sud du Sénégal, l’administration pétainiste cède le pouvoir aux hommes du général de Gaulle. L’armée décide de réquisitionner des vivres dans le petit village de Efock. Les villageois refusent de donner le riz, leur unique moyen de subsistance. Les femmes décident de le cacher. … La répression et le massacre des innocents commencent. » (Wkpd Emitaï)
Dans le film, en diola et français, on voit que le fez des tirailleurs de l’armée coloniale est antérieur dans le pays à cet uniforme, car les chefs du village portent le même. L’armée coloniale donnait ainsi à sa piétaille un attribut du pouvoir traditionnel : humiliation pour ce dernier. Les représentants du pouvoir traditionnel devaient être, dans les colonies françaises, rabaissés aux yeux des Maghrébins et des Africains.
Il est vrai qu’en disant cela je fais deux hypothèses, qui demandent à être confirmées, même si elles ont la plus grande vraisemblance selon moi. La première est que le film est conforme à la réalité sur ce point : les chefs traditionnels sénégalais (ou en tout cas de Casamance) portaient la chéchia rouge. La seconde est qu’ils ne le faisaient pas en imitation des tirailleurs de l’armée française, ce qui paraît très improbable.
Cette capture d’écran réalisée à partir du film montre les chefs traditionnels de Casamance, au Sénégal, avec fez/tarbouche/chéchia rouge.
La meilleure affiche pour ce film est espagnole. Sur l’affiche, l’écharpe ou le ruban tricolore sert à tirer un trait sur l’enfant africain, à l’oblitérer. Le sens honorifique de l’écharpe est ainsi détourné pour montrer la réalité colonialiste derrière la pompe républicaine.
Camp de Thiaroye (1988) par Ousmane Sembène 🇸🇳
Pas de censure en France ? « En 1988, malgré le prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, Camp de Thiaroye ne sort pas en France. … Cette dénonciation du massacre de Thiaroye en 1944 ne sera diffusée en France que vers le milieu des 1990. » (Wkpd Ousmane Sembène). Il s’agit d’un massacre de tirailleurs par l’armée de la « France libre » (de Gaulle).
Tirailleurs sénégalais (et d’autres nationalités africaines) : ceux qui ne sont pas morts pour la France libre sont morts assassinés par la France libre. => Massacre de Thiaroye, 1er décembre 1944.
Sia, le rêve du python (2002) par Dani Kouyaté 🇧🇫
« Toute histoire a un fou, mais un fou n’a jamais d’histoire. » Kerfa le fou, dans Sia, le rêve du python, film en bambara.
Photo 1 : Les prêtres du python demandent un sacrifice.
Photo 2 : Le griot du roi (à gauche, incarné par Habib Dembélé) annonce la nouvelle aux parents de Sia, la victime désignée (incarnée par Fatoumata Diawara) : « L’honneur frappe à votre porte. » Le film raconte la révolte de Sia contre cet arrêt du pouvoir.
Buud Yam (1997) par Gaston Kaboré 🇧🇫
Sur l’image: Amssatou Maïga. « Puis je vacillais dans un trou profond et ténébreux… »
Rabi (1992) par Gaston Kaboré 🇧🇫
Photo 1 (à gauche) : Tusma jeune. Elle n’a point pardonné à son aimé Pusga de ne pas lui avoir demandé de s’enfuir avec lui. Vieux et solitaires, ils s’aiment encore mais ne se parlent plus. Elle lui vend son tabac quotidien par l’intermédiaire du petit garçon Rabi.
Photo 2 (en haut à droite) : Le petit Rabi a retrouvé sa tortue qui cherchait à s’échapper et à regagner son milieu naturel, et rentre chez lui avec la tortue à la tombée de la nuit.
Photo 3 : Rabi décide finalement de libérer sa tortue. Alors, en rêve, elle lui parle.
Yam Daabo (Le choix) (1986) par Idrissa Ouédraogo 🇧🇫
Affiche et image actrice Aoua Guiraud (?)
LIII Aurillac Space Cake
Feng Shui Cool
En lisant, sur le conseil d’une connaissance, un livre sur le feng shui, je découvris que j’avais appliqué chez moi sans le savoir des principes feng shui, éprouvant une insatisfaction durable devant au moins deux dispositions de mon appartement.
Tout d’abord, je fermai ma cuisine américaine, moins feng shui qu’une cuisine indépendante, avec un paravent. Car il faut maintenir séparés les différents espaces dédiés.
Ensuite, je plaçai un rideau de perles entre le vestibule et le salon pour couper une ligne droite beaucoup trop longue (allant jusqu’à la salle de bain). Cette dernière disposition est décrite dans le livre comme particulièrement mauvaise, car le chi s’engouffre dans ce tunnel comme un tourbillon impétueux.
À l’époque où je fumais du hasch, j’étais, sous l’effet de cette substance, particulièrement sensible à certaines choses, et je comprends aujourd’hui que c’étaient les « flèches empoisonnées » du feng shui. Ainsi, je me souviens parfaitement (et c’était il y a plus de vingt ans) de la véritable souffrance que me causèrent les lignes et les angles d’une commode trop massive, dans la chambre où j’avais un lit chez un ami. Cette souffrance était démesurément amplifiée par un sentiment de faiblesse, voire de débilité profonde causé par le fait d’éprouver du malaise devant un simple meuble.
Si j’avais eu ce livre entre les mains dès l’installation dans mon nouvel appartement, ou si j’avais continué de fumer du cannabis, j’aurais pu mieux aménager mon intérieur il y a longtemps ! Au lieu de quoi, j’ai vécu dans un piège à chi fatal pendant des années. Et si j’avais lu ce livre quand j’étais haschichin, j’aurais évité quelques mauvais trips à l’époque.
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Joli, joli petit Français…
Kant dit que les Anglais sont plus familiers avec le sublime et les Français plus familiers avec le joli – le joli plutôt que le beau, car le beau se rapproche davantage du sublime que du joli, d’où je traduirais différemment le titre de son essai Beobachtungen über das Gefühl des Schönen und Erhabenen, par Observations sur le sentiment du joli et du sublime.
L’emploi du mot Schön en allemand me donne raison : on lance un « Schön ! » comme, chez nous, un « Joli ! » Et les passages de l’essai de Kant qui parlent des Français montrent d’ailleurs bien qu’il n’est pas question du beau mais du joli. Eh oui, messieurs les traducteurs et professeurs de France…
(Pour être tout à fait précis, Kant oppose, d’un côté, Anglais, Allemands et Espagnols et, de l’autre côté, Français et Italiens.)
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Aurillac Space Cake
Je me souviens d’Anglaises au camping du festival d’Aurillac, festival du spectacle de rue, camping hippie : complètement délurées mais complètement supérieures, à déambuler pieds nus avec un air émancipé que je n’ai jamais vu nulle part ailleurs. À les voir, j’avais honte de moi, je me faisais l’effet d’être en toc.
Les Anglais, au rassemblement hippie d’Aurillac, étaient impressionnants. Ils arrivaient avec leurs caravanes comme des bohémiens, si ce n’est qu’au lieu de visages méridionaux on voyait des enchanteresses blondes comme les blés. Je me souviens de l’une d’elles en particulier, de seize ou dix-sept ans, assise devant sa caravane, pieds nus, non loin d’un grand gars qui lui ressemblait, et comme je passais avec un compagnon devant sa caravane elle nous adressa cette douce parole : « Space cake ! » Comme une harengère aurait dit : « Le bon poisson frais ! » À défaut de lui acheter un cake au cannabis, ce pour quoi je regrette d’ailleurs de m’être montré pusillanime en la circonstance, craignant peut-être que sa recette serait trop forte pour les projets immédiats que j’avais, ou plus simplement parce que j’étais déjà défoncé jusqu’aux yeux, je lui souris, et elle me sourit, et le grand gars avait l’air content, et je n’ai pas oublié.
Mais l’impression d’être en toc était bien là…
(D’ailleurs, ceux dont je parle n’étaient pas forcément tous Anglais, car ils pouvaient aussi bien être Allemands, Néerlandais, voire Scandinaves…, et je ne sais pas pourquoi ce sont dans mon souvenir des Anglais, ou plutôt des Anglaises.)
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Le fait que Kant soit une cible privilégiée des attaques du Cercle de Berlin, pro-Einstein, est la preuve, ou du moins un indice intéressant, que j’ai vu juste en écrivant les « fragments » Kantism & Astronomy (ici), qui datent de 2005. Kantisme, en l’occurrence l’esthétique transcendantale de la Critique de la raison pure, et relativité sont incompatibles : c’est la conclusion de mes fragments.
La possibilité d’une compatibilité entre les deux n’est toutefois pas complètement exclue. Si la masse n’a guère plus de réalité « en soi » que l’espace « en soi » (c’est-à-dire hors de nos perceptions), il est peut-être possible d’envisager que la masse torde l’espace. Apparemment, ce n’est pas l’optique du Cercle de Berlin, pour qui kantisme et relativité sont bel et bien incompatibles, ce qui signe selon eux la fin du kantisme, tandis qu’une telle incompatibilité signe selon moi la fin de la relativité.
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Les femmes intelligentes ont, selon Helmuth Nyborg (Hormones, Sex, and Society, 1997), plus de testostérone que les autres, et par conséquent un plus grand appétit sexuel. En revanche, la testostérone inhiberait les capacités intellectuelles chez l’homme. Cette lecture m’a fait du mal, car j’ai toujours pensé que j’étais à la fois intelligent et viril.
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J’aurais été un pirate heureux, et, quand je serais devenu trop vieux pour aborder les galions espagnols, je me serais retiré dans une belle malouinière avec une bow window sur la mer et une lattice window sur un jardin.
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Quand j’étais en Amérique, je suis parfois passé, à Cambridge, Massachusetts, non loin de l’Université Harvard, devant une église swedenborgienne posée au milieu de son boulingrin d’herbe planté d’arbres.
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Je voudrais faire quelque chose dont je sois absolument certain que ce n’est pas une distraction de l’essentiel, qui se trouve je ne sais où. « A man of too many hobbies », c’est ainsi que Thomas Hardy décrit l’un de ses personnages, et c’est peut-être une limitation plus grave encore que la spécialisation, forcément technique, qui régit la vie intellectuelle de tant d’hommes aujourd’hui.
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Si je vends mon appartement, je n’en rachèterai pas un autre : je vivrai libre pendant une douzaine d’années. Cela ne vaut-il pas le coup ? Comme Rolla qui flambe son héritage en quelques années puis se tire une balle. Douze ans de liberté ne valent-ils pas mieux qu’une vie de servitude ?
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Vous rappelez-vous cette parole de D’Ormesson, qu’il avait peur d’un hommage funèbre par Hollande ? Il vient d’être décoré par ce dernier. C’est arrivé hier, le 26 novembre 2014. Le pauvre…
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Dans un livre de 1989, Wilson Bryan Key donne le chiffre d’une exposition moyenne de 1.000 messages publicitaires par jour pour une personne.
Dans la présentation Amazon du livre Neuromarketing de Morin et Renvoisé (fondateurs de la société SalesBrain), livre publié en 2007, on lit : « People are inundated daily by an average of 10,000 sales messages. »
Une multiplication par dix en trente ans.
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Média cool
Mon blog compte actuellement (mars 2015) 26 billets dans la catégorie « Pensées ». Cela fait entre 50 et 60 pages Word, soit plus d’une centaine de pages d’imprimerie. C’est du super-concentré d’idées. Si je développe les concepts, j’ai un bouquin de 400 ou 500 pages. C’est ce produit qui pourrait présenter ma pensée avec le plus de précision et de clarté, pour répondre à certaines attentes. Mais il n’est pas envisageable de déposer un pavé de 500 pages sur un blog internet, média cool.
Chaque concept qui devrait être présenté et explicité dans un livre comporte virtuellement, sur un blog, un méta-lien vers sa définition quelque part dans le Web. Par exemple, quand j’écris « média cool », c’est comme si l’on pouvait cliquer sur ce binôme pour faire apparaître une nouvelle fenêtre sur l’écran avec plusieurs lignes ou plusieurs pages de définition. Celui qui a besoin de cliquer clique, celui qui n’en a pas besoin ne clique pas.
Comme on trouve tout sur le Web, les spécifications sont virtuellement superflues. Le style, la langue deviennent aphoristiques, comme l’avait anticipé Marshall McLuhan. C’est véritablement un média cool.
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Une introduction
à mes recherches (en anglais) sur la publicité subliminale
(voyez Index: Subliminals Series)
Notre cerveau se compose de différentes parties, correspondant aux différentes périodes de notre évolution. La partie la plus archaïque est ce qu’on appelle le « cerveau reptilien » (commun aux reptiles et aux oiseaux), les deux autres parties sont le cerveau limbique (siège des émotions) et le néocortex (siège des pensées). La distinction entre le cerveau reptilien et le cerveau limbique est moins saillante que celle entre le cerveau limbique et le néocortex, c’est pourquoi on se contente parfois de distinguer un cerveau ancien (reptilien+limbique) et un cerveau nouveau (néocortex).
Le cerveau reptilien est l’organe de la survie : dans les conditions primitives d’existence, c’est lui qui scanne en permanence le milieu, notamment pour détecter les menaces. Chez les primates et chez l’homme, il est surtout visuel. Des recherches ont montré qu’il visualise les choses avant que celles-ci entrent dans notre champ de conscience.
Le principe des images subliminales est qu’elles sont visualisées par le cerveau reptilien sans entrer dans notre champ de conscience. Les publicitaires croient que cela peut avoir un effet sur les comportements d’achat, et ils s’appuient en cela sur l’« effet Poetzl », du nom du psychologue qui l’a découvert. Certains, à commencer par W.B. Key, théorisent ces phénomènes en termes d’inconscient freudien.
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La façon dont certains « r » sont prononcés dans la chanson Hadir de la chanteuse malaisienne Nadia ne laisse pas de m’étonner, car ils semblent être prononcés à l’anglaise.
Ainsi, dans le premier couplet, « Biarlah air mata, Biarpun merah hati luka Terhapus segalanya Impian kasih yang berlumpur », j’entends les « r » de biarlah, air mata, biarpun et berlumpur prononcés normalement mais les « r » de merah et de terhapus prononcés comme des « r » anglais (un son qui n’existe à ma connaissance dans aucune autre langue que l’anglais). C’est particulièrement frappant dans le mot merah et d’autres de la chanson.
À défaut de chanter en anglais, elle chanterait en prononçant à l’anglaise !
Or j’ai remarqué le même phénomène dans certaines chansons de pop thaïlandaise. Cette anglicisation de la prononciation dans la musique pop serait-elle un nouvel avatar de la domination culturelle anglo-saxonne ?
Voici la réponse, très pertinente, de la présidente de l’Association franco-indonésienne Pasar Malam à ces remarques, que je lui avais envoyées :
Je ne connais pas du tout la chanson malaisienne, aussi je n’ai aucune idée sur les ‘r’ prononcés à l’anglaise, si ce n’est que la question que je me suis posée sur les origines de la chanteuse que vous citez. Est-elle d’origine chinoise ? Le ‘r’ en mandarin (?) se prononce comme une consonne rétroflexe, comme en américain, me semble-t-il. (juillet 2015)
J’ignore si la chanteuse Nadia est d’origine chinoise. Même si elle l’est, je n’ai pas perçu ce phénomène de prononciation dans toutes celles de ses chansons que j’ai écoutées. Qui plus est, dans Hadir, la logique de cette prononciation m’échappe : ce n’est pas une question de position du ‘r’ entre deux voyelles ou entre une consonne et une voyelle. De plus, dans un même couplet répété deux fois, j’entends seterusnya prononcé normalement la première fois et à l’anglaise/américaine la seconde…
Le mystère reste donc complet. Il se peut qu’une telle prononciation sans cohérence dans des chansons de pop malaisienne mais aussi thaïlandaise (par exemple dans คนพิเศษ de la chanteuse Mint มิ้นท์ อรรถวดี) rappelle, sciemment ou non, des origines chinoises, la communauté chinoise étant nombreuse en Asie du Sud-Est et particulièrement bien implantée dans le commerce en général.
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La biologie a réhabilité le vaudeville ; ceux qui le dénigraient pour son invraisemblance en sont pour leurs frais. Dans le monde anglo-saxon, les divorces et autres joies de la séparation conjugale ne se font plus sans qu’on administre force tests de paternité (pour des histoires de sous), et les résultats, à savoir les chiffres de ces pères qui ne le sont pas, sont éloquents.
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Selon P.N. Oak, essayiste et militant hindouiste, le Taj Mahal serait à l’origine un temple hindou, converti en palais, puis en mausolée, par les « maraudeurs » musulmans. Toute son oeuvre porte sur le thème d’une « guerre de mille ans » entre Arabes et Hindous dans la péninsule indienne, et elle a été jugée anticonstitutionnelle en Inde (la Constitution indienne repose sur le concept de « communalisme »).
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Aldous Huxley devotes a chapter of his book Brave New World Revisited (1958) to subliminals. A fact which I think escaped W. B. Key’s notice.
Among other things, Huxley writes that “in Britain … the process of manipulating minds below the level of consciousness is known as ‘strobonic injection’.” & “Poetzl was one of the portents which, when writing ‘Brave New World’, I somehow overlooked. There is no reference in my fable to subliminal projection. It is a mistake of omission which, if I were to rewrite the book today, I should most certainly correct.“
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John qui ?
À mon éditeur et sa femme, les très gioniens Michel et Nicole Lombard
Octobre 2015. J’ai cru que j’allais voir au Palais de Tokyo une exposition sur Jean Giono pour touristes américains. C’était en fait une installation modern art sur le poète beat américain John Giorno… Ah, on ne m’y reprendra plus !
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À mon éditeur et sa femme
Venant de lire la Brève Relation de la Destruction des Indes par Bartolomé de Las Casas, le cœur brisé, je me demande comment j’ai pu rester sourd si longtemps au message de ce saint homme, et publier des poèmes ignorant sa voix. L’insuccès de mes recueils est mérité. Las Casas a jeté sur les conquistadores une malédiction éternelle. Après lui, je veux les maudire à mon tour, et expier mes fautes en servant jusqu’à la fin de mes jours les humbles descendants de ces hommes et femmes victimes innocentes de leurs atroces iniquités. Je suis désolé de vous avoir rendus complices de mon injustice.
La belle réponse de Nicole Lombard :
Cher Florent,
Vous n’êtes pas le seul poète à vous être laissé fasciner par l’image des conquistadores, cruels, hélas, pire que cruels, mais aventureux et, il faut le dire, courageux. Il fallait l’être, rien que pour mettre le pied à bord de ces caravelles. « Ivres d’un rêve héroïque et brutal », cela dit bien ce que cela veut dire. Il fallait le génie et pour tout dire la sainteté de Bartolomé de Las Casas pour voir, dès cette époque, l’envers de ce que vous êtes tout à fait pardonnable d’avoir considéré comme une épopée. La Controverse de Valladolid est un grand moment de l’aventure humaine, la seule qui compte, celle du cœur et de l’esprit. Plutôt que de vous morfondre, pourquoi ne pas écrire maintenant ce que vous inspire cette malédiction ? Ce peut être très beau. Vous voilà maintenant comme saint Paul sur le chemin de Damas. Est-ce qu’il s’est tu ?
Et pourquoi, aussi, chanter des louanges à Marie-Antoinette ?
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Mon révolutionnaire mexicain (x) ! Avec ses cartouchières croisées sur la poitrine, par-dessus son poncho de toile rude, il se sert de son fusil comme d’un bâton pour parer un coup de sabre ! Et son chapeau de sorcier !…
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Tal vez necesitaría ser turista toda su vida para llegar a disfrutar su lugar de vida propiamente.
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After trying to feel emotions for religion and nationality which I never had, I realized I could get none at all and stopped telling myself stories. What remains is a disgust for politicians and an opposition to the increasing accumulation of wealth and power in increasingly fewer hands. I am with the down and trodden, ¡los de abajo!
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1
L’adaptation cinématographique par Jack Clayton du Tour d’écrou trahit Henry James. J’allais développer, mais j’ai vu sur Wikipédia l’affiche du film « You’ll get the shock of your life! » Tout est dit : avec une réclame aussi vulgaire, il ne fallait pas s’attendre à du Henry James.
Juste un point sur la scène finale, un pur contresens. Dans le film, le petit Miles crie : « Quint, où es-tu, démon ? » et meurt. Ce qui signifie qu’il ne voit rien, aucun fantôme, et que la gouvernante est donc une frustrée (pour ne pas dire une mal baisée) qui hallucine. C’est l’interprétation à laquelle il faut s’attendre pour servir le plat à un public de porcs. Dans la nouvelle, les derniers mots du petit Miles sont « Quint, you devil! » mais l’insulte est adressée à la gouvernante et veut dire : « Oui, je vois Quint, espèce de diable (arrête de me torturer) ! » et il meurt.
Il faut dire que, si ce n’est pas une hallucination de la gouvernante, l’interprétation préalable de la présence des fantômes rend le film excessivement sulfureux puisqu’il s’agirait d’un cas de possession (et non seulement de visualisation ou quelque soit le terme technique en exorcisme) par lequel les deux amants morts cherchent à s’étreindre de nouveau. Ce qui nous conduit à l’inceste entre un frère et une sœur prépubères. Là encore, rien d’étonnant de la part d’Hollywood (même en noir et blanc), pour qui l’épaisseur glauque du cas social est l’élément, et jamais la psychologie transcendantale.
Je comprends mieux la préface savante et universitaire à la nouvelle, dans mon livre de poche, dont l’interprétation me semblait complètement tirée par les cheveux : c’est une critique du film et non de la nouvelle !
2
La critique du Tour d’écrou s’est essentiellement concentrée sur la question de savoir s’il s’agit d’un récit fantastique. La « Nouvelle Critique » a beaucoup glosé sur ce qu’elle ne peut voir que comme des hallucinations de la narratrice. C’est le genre de débat qui me confirme dans l’idée que, bien que littéraire jusqu’au squelette, j’aurais peu goûté des études littéraires. Je ne peux tout simplement pas lire de critiques littéraires – sauf celles d’Oscar Wilde. A fortiori, impossible d’ouvrir un supplément littéraire. Comme le répondait le même Oscar Wilde à un journaliste qui voulait que l’on brulât son Dorian Gray, aux époques éclairées on ne jette pas les livres au feu, seulement les journaux.
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Gouverner, c’est prévoir. Aucun gouvernant n’a vu le Brexit venir. Ils n’en voulaient pas, donc ne pouvaient y croire, croyant que toutes leurs paroles ont la vertu des prédictions auto-réalisatrices, donc ne pouvaient prévoir, donc ne sont pas en mesure de gouverner.
Les Anglais se sont couchés sûrs et certains que le Brexit avait fait pschitt. Au réveil, ils n’étaient plus en Europe. C’est énaurme.
De même, personne ne croyait que Donald Trump gagnerait la primaire de son camp.
Les médias sont attristés, leur pouvoir résidait justement dans ce pouvoir de prédiction auto-réalisatrice. Maintenant, le plus sûr, pour prédire, c’est de chercher ce que les médias condamnent. Pour savoir ce qui va l’emporter.
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Un ami américain m’a demandé ce que je pensais des élections présidentielles aux États-Unis. J’ai répondu que j’ai toujours « voté » Républicain comme Kerouac.
Mais là je ne peux plus.
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Retour de Prague. Il y a deux musées d’art contemporain à Prague, l’un pour l’art moderne et contemporain, l’autre pour l’art contemporain. Les deux un peu excentrés. Le premier, le musée du Pelejrni Palac, sur quatre étages, le plus visité, comporte notamment la série de vingt tableaux monumentaux de Mucha L’Épopée slave. Le second, le DOX, se trouve dans un quartier assez miteux. Tu sors de la station de métro et te retrouves immédiatement sur un rebord d’autoroute, avec des autoroutes qui se croisent par des ponts. L’angoisse. J’avais seulement pris la mauvaise sortie. Un jeune homme qui passait par là eut la gentillesse de me conduire à bon port, par des tunnels souterrains.
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Of Joyce I only read Ulysses, but I read it twice (in French), at 16 and 23. It occupies a special place in my memories. There is a rather long sequence about a lame girl on a beach that is deeply moving, and beautiful. Then, there is the final unpuctuated soliloquy, which each time as much captivated as it incensed me. Once, long ago, I was talking about the novel with a friend; she had not read it but she said a boy of her acquaintance had told her about the finale: “This is Woman’s mind.” I said “No,” trying to remain cool, but really ‘twas a protest from me. That a boy, the boy of her acquaintance, dared say such a thing – was not what gave me a surge, not that alone… Now all we’ve got is lost baggages.