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TW21 La malédiction du homard
Anthologie Twitter mai-août 2019. Français & a little English.
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Rayez le parquet
i
Le « ministère public », cette « spécificité française » que le monde démocratique ne nous envie pas.
[Nul procureur ne se saisit pour faire condamner Diogène le Cynique après que ce dernier eut dit à l’empereur Alexandre : « Ôte-toi de mon soleil. » C’est peut-être aussi pour ça qu’on l’appelle Alexandre le Grand.]
ii
Quel crédit accorder désormais aux déclarations des procureurs ? (Laurent Joffrin, journaliste, « sur les dernières révélations dans l’affaire Legay »)
Les procureurs, cette spécificité française héritée de l’Ancien Régime et maintenue par la volonté de Naboléon, n’ont jamais eu le moindre crédit chez les gens qui connaissent un peu le droit [sans en vivre]. Un exemple [qui sort un peu de la très classique (et néanmoins très juste, quoi qu’elle ne semble jamais entendue par les décideurs) litanie déplorant l’absence d’indépendance vis-à-vis de l’exécutif], la doctrine anglo-saxonne (et un Français a le droit de s’intéresser à la littérature juridique anglo-saxonne) décrit le procureur français comme « prosecution-minded », un obsédé des poursuites.
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Inculture démocratique de la porte-parole du gouvernement, pour qui « les journalistes sont des justiciables comme les autres ». C’est faux, le journaliste n’est pas un justiciable comme les autres lorsqu’il est dans l’exercice de ses fonctions. (Edwy Plenel)
En même temps, ce genre de raisonnement n’est pas de nature à inciter les journalistes à demander d’étendre leur « immunité » à l’ensemble de la population. Le peuple est réduit au silence (au mieux à l’anonymat).
ii
Lois, déclarations, convocations et gardes à vue se sont multipliées ces derniers mois, qui font craindre pour la liberté d’expression et de la presse en France. (Mediapart)
Vous, les médias, vous avez accepté que la parole soit muselée partout du moment que vous aviez votre « immunité prétorienne », en ce qui concerne la satire (partout ailleurs que dans les journaux satiriques qualifiée d’injure) et autres. Maintenant le pouvoir peut vous mettre à genoux facile.
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Le Twitter Transparency Report accable la France
Twitter Transparency Report for France Jul-Dec 2018: Removal Requests 110: 8% compliance. So 92% of requests by French authorities were deemed illegitimate. => France, then, has a quick-trigger finger against freedom of speech.
Compare numbers of removal requests by states/compliance by Twitter(%) Jul-Dec 2018.
France 110/8% (as said above) 👎
Australia 14/15%
Austria 2/0%
Belgium 0/0
Canada 6/0%
Denmark 4/0%
Germany 42/12%
Italy 6/0%
Norway 0/0
Portugal 0/0
Spain 10/0%
Sweden 0/0
UK 46/2%
US 83/0%
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Le règne des sots
« Dès que le bien penser fut réglé et surveillé par la police, le bien penser devait descendre au niveau d’un policier moyen; et comme ce genre subalterne, et d’ailleurs fort utile en tous temps, n’a point coutume de peser les paroles, il ne fut point permis même d’habiller décemment les opinions de circonstance. Les hommes d’État et les gens de lettres se soumirent à cette condition que rien, dans leurs discours, n’eût l’apparence de ce qui demande attention ; car, pour un homme de main qui assure l’ordre, attention et soupçon ne font qu’un. Ce qui abaissa les uns, et releva les autres ; et c’est ce que j’entends comme le règne des sots. Si cette police des opinions était nécessaire, je ne veux pas maintenant l’examiner. Que la formation de guerre entraîne cette conséquence inhumaine parmi tant d’autres, cela ne doit point étonner. » (Alain, Propos du 27 mars 1921)
[Ce Propos du philosophe Alain décrivait la censure française en temps de guerre. Il décrit aujourd’hui la censure française en temps de guerre comme en temps de paix.]
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[Sur France Inter] on est dans la satire et jamais dans la diffamation. » (Charline Vanhoenacker, humoriste)
Les privilèges à la française ! Le peuple, lui, par exemple sur Twitter, est toujours dans la diffamation et jamais dans la satire. Par principe.
Pour résumer, la satire c’est ce que tu entends sur France Inter et autres médias du capital. La diffamation c’est tout le reste. Donc tu fais bien de rester anonyme, c’est prudent.
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14 juillet
i
En France, la fête nationale est célébrée par un grand défilé militaire.
ii
Aux États-Unis, il faut un Trump pour que le July 4th soit une parade militaire. Voyez sa ridicule #TrumpParade (le fait que trende le hashtag prouve le sentiment de ridicule qu’inspire cette parade aux U.S.), défilé « made in 14 Juillet » selon Le Parisien. [Car Trump en aurait eu l’idée après avoir été invité au défilé du 14 juillet l’an dernier ou l’année d’avant. Il avait alors, je me souviens, daubé les Français pour leur coutume d’organiser un défilé militaire le jour de la fête nationale.]
Quand on fait défiler l’armée aux U.S., le #July4th devient sur internet une #TrumpParade et plus #IndependenceDayParade. Et finalement les chars n’ont pas défilé tellement les Américains étaient écœurés par l’idée d’un défilé militaire pour leur fête nationale.
iii
Quand sur TF1 un reportage sur les préparatifs du 14 juillet 2019 parle de chorégraphie, les esprits non hypnotisés ne peuvent pas, au vu des images, ne pas penser à Corée du Nord.
Un défilé militaire fait forcément penser à un régime militariste.
iv
« La fierté d’être Français », ou la francité d’être fier.
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Louis XX
Louis de Bourbon, c’est-à-dire Louis XX, est l’arrière-petit-fils de Franco : « second fils d’Alphonse de Bourbon et de son épouse Carmen Martínez-Bordiú, petite-fille du général Franco. » (Wkpd)
Portrait équestre de Carmen Martínez-Bordiú (1972), petite-fille de Franco et mère de Louis XX, par Salvador Dali. (Cliquez sur l’image pour agrandir.)
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Baccalauréat : « Les grévistes [les enseignants en grève] n’ont pas été élus au suffrage universel », tacle la porte-parole du gouvernement. (Europe 1)
Le suffrage universel implique nécessairement des élections selon le principe « un homme égale une voix », soit, pour une élection nationale, une circonscription unique. Ce n’est pas le cas des élections législatives françaises. [Selon que vous êtes inscrit dans telle ou telle circonscription plus ou moins dense démographiquement, votre voix pèse plus ou moins.] Donc, députés ou grévistes, au regard du suffrage universel, c’est kif-kif bourricot.
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Où est Steve ?
[Le Nantais Steve Maia Caniço était porté disparu depuis une charge de police contre un rassemblement festif en bord de Loire la nuit de la Fête de la musique, le 21 juin 2019. Son corps a été retrouvé dans le fleuve le 30 juillet, quelque quarante jours plus tard.]
i
#OùEstSteve depuis la charge des valkyries ?
[Ici figurait une vidéo YouTube entretemps supprimée, la scène du vol d’hélicoptères avec la musique de Wagner dans le film Apocalypse Now]
ii
Où est Steve, brigadier?
– En enfer, avec Zineb Redouane.
– Merci, brigadier. Voilà votre médaille.
– Fier de servir mon pays !
iii
Quatorze personnes sont tombées dans le fleuve à cause de la charge de police. Le seul qui ne peut plus dire ce qui lui est arrivé est tombé pour une autre cause à déterminer. #SelonlIGPN
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Jojo le député
La phrase « (à cause des médias) Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un député » m’étonne car en philosophie politique la question a toujours été : Comment faire de bonnes lois avec des Jojos députés qui ne sont pas désignés pour leurs compétences ?
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Homard Gate
i
Mediapart accusateur public (BFMTV)
C’est censé être choquant car en France l’accusation publique est le monopole du ministère public (parquet), c’est-à-dire du pouvoir exécutif. Il n’y a pas de pouvoir judiciaire en France : c’est une branche de l’exécutif (Maurice Duverger).
ii
Question aux déontologues : À partir de combien d’amis invités un « dîner de travail informel » avec du homard devient-il un dîner entre amis ?
iii
C’était un dîner de travail puisque j’habite sur mon lieu de travail.
– Et pourquoi « informel » ?
– Mes amis n’étaient pas obligés de porter la cravate. Si on ne peut même plus avoir un dîner de travail informel avec ses amis… Y en a marre de cette scandinavisation de la franchouille !
iv
Le homard c’est bon mais les protagonistes du Homard Gate ne vont plus aimer le goût, maintenant…
Une « erreur regrettée et payée au prix le plus élevé et le plus cruel » : il ne pourra plus voir un homard sans avoir envie de vomir.
v
Podesta, directeur de campagne d’Hillary Clinton, se photographiait chez lui faisant du risotto de homard avec le chef français Daniel Boulud et twittait, pour se moquer d’Assange, « Tu ne manges pas aussi bien à l’ambassade d’Équateur, n’est-ce pas ? » Battus par Trump. Gare au homard.
The Malediction of the Homard
-Podesta: suicided by his lobster risotto tweet;
–#homardmatuer : « les chiens » ont l’odorat sensible.
vi
« Ça devient les Dix petits nègres » dit Macr🅾️n en Serbie. Quoi ça ? Quoi ça ? « Nègre. Vieilli et péjoratif : Noir, Noire.” (Dictionnaire) Souligner « péjoratif ».
Est-ce que, parmi ces dix petits nègres, il y a l’auteure de la #PPLCyberHaine ? Surtout ne vous cassez pas la tête à être exemplaires, on sait bien que le procureur ne se saisira pas contre vous.
vii
Sur douze dîners, trois (soit un sur quatre) « posent des questions au regard de leur caractère familial ou amical » (Rapport AN). Donc l’intéressé, annonce son entourage, va les rembourser. Et donc il n’y a eu « aucune irrégularité » ! Quoi de plus outrageant que cette défense ? « Je rembourse trois dîners (c’est un sur quatre !) car il n’y a eu aucune irrégularité et je suis un homme blanchi. » Quoi de plus insultant envers le peuple souverain? Outrage au peuple !
« Aucune irrégularité, donc je rembourse. Je me présente devant vous comme un homme blanchi. » Il est tombé dans le pot à mayonnaise géant, celui qui sert pour les homards. 😂 [Mieux vaut en rire qu’en pleurer.]
viii
En réponse au Homard Gate, le gouvernement annonce une loi contre les homards haineux.
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[L’humoriste Élodie Poux s’est fait condamnée par la justice à une amende en mai 2019 (en première instance, avant de faire appel) pour une plaisanterie à l’encontre d’un toréro. Dans un tweet, effacé entre-temps, elle disait en substance : « On apprend aujourd’hui que les blagues sont passibles d’amendes. Merci à ceux qui me soutiennent etc. » À quoi je répondis]
Les blagues, même les meilleures, ont toujours été passibles d’amendes et autres peines pour les sans-nom. Maintenant, ce sera plus égalitaire. Au lieu de vivre, humoristes professionnels, dans l’ignorance (feinte) de vos privilèges, il fallait dénoncer ces lois scélérates qu’on vous applique aujourd’hui comme aux autres.
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Bain de foule présidentiel (Bagnières-de-Bigorre)
« Souriez, vous êtes filmés ! » De toute façon, vous n’avez pas le choix : refuser devant les caméras, parce que vous avez mieux à faire, serait un outrage au chef de l’État et vous recevriez une citation à comparaître au tribunal.
[Diogène le Cynique, lui, a pu dire à l’empereur Alexandre, sans être inquiété : « Ôte-toi de mon soleil. » Autres temps autres mœurs.]
Bain de foule dans la ville fantôme.
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Adama Traoré
« La tentative de validation ou légitimation de cette conclusion en faisant appel à des notions scientifiques théoriques sur la sarcoïdose et la drépanocytose amène à des conclusions biaisées sur le plan intellectuel, voire de l’éthique médicale. » Les quatre médecins sollicités par Maître Bouzrou, avocat de la famille d’Adama Traoré, mettent ainsi formellement en cause « l’éthique médicale » des médecins de l’expertise médico-légale, un corps de médecins travaillant pour la police. Il est abracadabrant que, dans des affaires où la police est en cause, le corps des médecins légistes, qui travaille pour la police, ne soit pas dessaisi d’office. Car une expertise indépendante n’est pas envisageable dans des conditions de dépendance professionnelle.
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Racisme et impunité politiciens
(même pour les non-parlementaires,
qui ne sont pas couverts par les immunités constitutionnelles)
i
Les mêmes qui votent des lois toujours plus répressives contre les « contenus haineux » ne pensent jamais à saisir la justice quand ils appellent raciste un opposant pour ses propos, comme les membres de LaREM avec Nadine Morano. Preuve que, pour eux, les politiciens sont au-dessus des lois.
Florilège de ministres et députés LaREM sur le dernier tweet marquant de Nadine Morano :
« ’Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme, ou le rejet de l’autre’ – J.Chirac Un jour Nadine Morano a peut-être été républicaine. Tel n’est définitivement plus le cas. »
« Racisme ordinaire, dérapages et amalgames ordinaires, ‘pensée’ ordinaire. Ordinaire je me demande si ce n’est pas le meilleur qualificatif pour Nadine Morano. »
« Nadine Morano ou l’art de cultiver au quotidien un racisme ordinaire décomplexé et une bêtise abyssale assumée. »
« Racisme et bêtise vont toujours de pair. Écœurante démonstration Nadine Morano. »
« Par sa bêtise et son racisme Nadine Morano montre le degré zéro d’une soit (sic) disant responsable d’un parti ! »
Bel élan chez LaREM pour dénoncer le racisme de Nadine Morano, donc. Mais pourquoi personne parmi eux ne saisit la justice ? Continuons le florilège.
« Une nouvelle fois, Nadine Morano dérape et tient des propos insupportables ! Son racisme de bistrot est un délit et n’a pas sa place dans notre société. »
Un délit : on attend des actes ! Last but not least :
« Les propos ouvertement racistes de Nadine Morano sont indignes d’une responsable politique. Vous devez les retirer et présenter vos excuses, sous peine de poursuites. »
Comme si la justice faisait des sommations !
Est-ce que la #PPLCyberHaine #PPLAvia prévoit qu’on demande à l’internaute coupable de propos « haineux » de bien vouloir prendre la peine de les retirer sous peine de poursuites ??? 😂
Donc, pour ce dernier député, quand un politicien dit quelque chose d’illégal, c’est seulement s’il ne retire pas ses propos qu’il doit être poursuivi. Or, pour toute autre personne le procureur ne prend pas de telles mesures d’avertissement. Caste privilégiée.
ii
Si le politiquement correct consiste à ne plus être homophobe, raciste, sexiste, antisémite, grossophobe, etc, quel est le problème si grave de ce politiquement correct ? Ne plus pouvoir être un sale c… sans se faire engueuler ? Je ne comprends pas bien… (Bruno Gaccio, en réponse à un politicien qui tweetait en défense de Nadine Morano)
Nadine Morano se fait peut-être « engueuler » mais elle ne se fait pas condamner, alors qu’elle est accusée d’enfreindre la loi. Par exemple, un député LaREM lui demande de retirer ses propos « sous peine de poursuites » mais le citoyen lambda, lui, ne reçoit pas d’avertissement.
P.S. Le politiquement correct avec juge répressif, c’est le politically correct (PC) « à la française », une absurdité. En France, il faut parler de « pénalement correct » pour être exact. Aux U.S. la parole est libre ; c’est justement pour ça qu’on peut parler de PC ! Les neuneus importent un concept U.S. sans comprendre qu’il ne peut s’appliquer en France, où la parole qui n’est pas « correcte » est condamnée pénalement. Le PC est informel et coopté ; si quelqu’un le rejette, le juge n’intervient pas pour autant. Quel rapport avec chez nous ?
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« Ici nous n’avons qu’un seul drapeau : le drapeau français. » Un député incommodé par les drapeaux algériens brandis dans les rues françaises lors des victoires de l’équipe de foot algérienne à la Coupe d’Afrique des nations.
« Ici » il y a des binationaux : ils ont deux drapeaux puisqu’ils ont la double nationalité, et un binational franco-algérien a le droit de vivre en France.
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As a Darwinist I prefer a state that teaches Creationism at state schools but lets one free to adhere to Darwinism than a state that would make (some brand of) Darwinism a state ideology and forbid any other teaching by repressive laws. #GodBlessAmerica
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Attention : en France, ce smiley 😷 est interdit sur la voie publique, depuis la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Cette loi, c’est parce que Big Brother ne supporte pas qu’on ne lui sourie pas tout le temps.
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Il n’y a pas besoin de fascisme pour faire des esclaves des Français : une république naboléo-gaullienne y suffit. Quoi que, avec les Gilets jaunes, le pouvoir commence à se poser des questions.
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L’adage dit « Viro esurienti necesse est furari. » (Je vous laisse googler.) C’est un adage juridique.
Connu en droit brésilien sous le concept de furto famélico (« larcin de l’affamé », qui n’est pas une infraction) : « O furto famélico não é crime. »
« O furto famélico não existe apenas para saciar a fome. Alguém que furta um remédio essencial para sua saúde, um cobertor em uma noite de frio, ou roupas mínimas para se vestir, também pode estar cometendo furto famélico. » [Cette catégorie juridique « n’existe pas seulement dans les cas où la faim doit être assouvie. Une personne qui vole un remède essentiel à sa santé, une couverture lors d’une nuit de grand froid ou des vêtements essentiels pour se vêtir, peut de même être dit commettre un ‘larcin de l’affamé’. »] (direito.folha.uol.com.br)
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Faire grève est une atteinte à la propriété privée ou publique : une mise sous séquestre de la propriété (l’appareil de production) contre l’avis du propriétaire. Pourtant c’est légal. C’est même un droit constitutionnel. Méditez-le bien.
[Ajout du 12.9.2019 : Ce tweet repose sur une erreur de ma part, due à l’apparence que donnent certaines grèves avec occupation du site de production, sans intervention des forces de l’ordre. La réalité est la suivante : « Si la grève, dans son principe, est légale, l’occupation d’usine ne l’est pas parce qu’elle constitue à la fois une entrave à la liberté du travail des non-grévistes et une atteinte au droit de propriété de l’employeur sur son bien. … les forces de l’ordre hésitent parfois à intervenir, ou refusent carrément toute intervention, en raison des troubles à l’ordre public que ne manquerait pas de provoquer, selon eux (sic), leur intervention. » (J.-C. Ricci, 2000, commentant l’arrêt du Conseil d’État du 3 juin 1938 Société « La Cartonnerie et imprimerie Saint-Charles »). Au temps pour moi.]
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Autre preuve de sa singularité [à l’anarchiste Kropotkine], tant Victor Hugo qu’Ernest Renan le défendirent ardemment quand il fut poursuivi par les autorités françaises. (Quatrième de couverture de La Grande Révolution de Pierre Kropotkine aux éditions Atlande)
Ce n’est pas une preuve de sa singularité mais de ce que Hugo et Renan étaient des défenseurs conséquents de la liberté d’expression. Pas comme certains.
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Qui n’a pas vu un 👮♂️ jubiler en interrogeant une personne en cause pour ses propos ou écrits (délit d’opinion) n’a rien vu. Ce rôle d’inquisiteur les fait mousser, mais jamais je ne les comparerai à des inquisiteurs, qui étaient docteurs (en théologie) et écrivaient des livres.
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Mon grand-père était haut fonctionnaire de Vichy et allait danser avec ma grand-mère à la Kommandantur, comme les autres hauts fonctionnaires de sa ville. Lynchez-moi.
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RIC
Je suggère d’organiser des référendums d’initiative citoyenne sur les points suivants :
1 Application du droit américain du Premier Amendement (pour une liberté d’expression sinon totale, du moins jamais connue en France à ce jour)
2 Déclaration de la France comme pays neutre permanent (comme la Suisse, la Suède, la Finlande, l’Irlande, l’Autriche, Malte, etc)
3 Suppression du ministère de la justice et du parquet, pour une justice indépendante et un véritable pouvoir judiciaire
4 Suppression du Sénat (le bicaméralisme est inutile dans un État unitaire comme la France)
5 Circonscription unique aux élections législatives (pour que s’applique le principe « un homme égale une voix »)
6 Décentralisation du contrôle de constitutionnalité vers le pouvoir judiciaire indépendant (voir 3)
7 Reconnaissance de l’État de Palestine et rupture des relations diplomatiques avec Israël
8 Interdiction d’exposer des portraits présidentiels dans les bâtiments publics (mairies, commissariats…)
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Une sentinelle est en argot une 💩 (voyez lien : http://www.languefrancaise.net/Bob/3521)
➡️ Opération 💩
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Le titre de séjour d’un Marocain n’a pas renouvelé par la préfecture pour cause de « discours anti-occidental, complotiste et dirigé contre la société française » sur Facebook. Le juge valide : « La réalité de la menace à l’ordre public que constitue sa présence [au Marocain] sur le territoire français est établie. » La réalité de la menace est-elle établie par le « discours anti-occidental, complotiste et dirigé contre la société française » ? Si oui, il n’y a pas de liberté d’opinion et d’expression en France.
Un préfet, un juge n’ont aucune légitimité à qualifier des propos, même ceux d’un étranger, de « complotistes », dans un État pluraliste où existe la liberté d’opinion. Il y a une erreur de droit dans la décision du préfet : celui-ci ne peut prendre une décision sur la base d’un supposé complotisme. Il invente le droit, le tire de sa tête. Sa décision est entachée d’illégalité.
Cette argumentation pave la voie à la « loi contre le complotisme » que des ennemis de la liberté réclament en France.
Pendant ce temps, une Cour fédérale américaine annule les poursuites contre Wikileaks, fidèle au droit du Premier Amendement de la Constitution américaine. La France, elle, s’enfonce dans la répression des opinions, ses élites corrompues incapables d’assurer l’ordre.
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Face aux dégradations de permanences d’élus, je propose de retirer le délit d’apologie d’attentats à permanences du droit de la presse pour le verser au droit pénal commun.
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Manhattan Blackout July 13, 2019
In 1943 French writer Barjavel published Ravage, a novel in which the collapse of civilization is started by a blackout.
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Où est Maryam Pougetoux [syndicaliste étudiante] ? Pourquoi a-t-elle disparu des médias ? À cause de son hijab ?
Le 1er juillet a été élue présidente de la National Union of Students UK Zamzam Ibrahim, jeune femme portant le voile.
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#Bilderberg Je trouve étonnant que des élus et de hauts fonctionnaires en activité se croient permis d’assister à des réunions d’intérêts privés internationaux dont les comptes rendus doivent rester secrets. Il faut l’interdire.
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Les nouvelles tueries racistes aux États-Unis s’en réclament : le « grand remplacement » n’est pas une théorie intellectuelle dont on pourrait débattre mais une idéologie meurtrière qu’il nous faut combattre. (Edwy Plenel)
La dernière tuerie en date, à Dayton, ne semble pas être raciste ni se réclamer du Grand Remplacement : «In his Twitter profile, Connor Betts, the 24-year-old suspected gunman in the Dayton mass shooting, wrote: ‘anime fan / metalhead / leftist’» (Heavy.com)
Quand les juges sont chargés de combattre les idéologies, il n’y a pas besoin d’intellectuels. Passez le concours de l’ENM.
Une journaliste israélienne dit que le nationalisme palestinien est une version de la théorie du Grand Remplacement : «Palestinian nationalism is kind of an antisemitic version of a ‘great replacement’ theory, anyway. They see Jews as foreign usurpers &c». Tellement simple. Cette journaliste peut donc maintenant dire, en citant Plenel, que le nationalisme palestinien « n’est pas une théorie intellectuelle dont on pourrait débattre mais une idéologie meurtrière qu’il nous faut combattre ». D’ailleurs, ils n’ont pas attendu Plenel pour le dire. Ni pour organiser la censure militaire des médias, ce qu’ils appellent pudiquement, ou plutôt hypocritement, un « compromis ».
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Cinéma africain
Emitaï (1971) par Ousmane Sembène 🇸🇳
« En 1942 en Casamance, dans le Sud du Sénégal, l’administration pétainiste cède le pouvoir aux hommes du général de Gaulle. L’armée décide de réquisitionner des vivres dans le petit village de Efock. Les villageois refusent de donner le riz, leur unique moyen de subsistance. Les femmes décident de le cacher. … La répression et le massacre des innocents commencent. » (Wkpd Emitaï)
Dans le film, en diola et français, on voit que le fez des tirailleurs de l’armée coloniale est antérieur dans le pays à cet uniforme, car les chefs du village portent le même. L’armée coloniale donnait ainsi à sa piétaille un attribut du pouvoir traditionnel : humiliation pour ce dernier. Les représentants du pouvoir traditionnel devaient être, dans les colonies françaises, rabaissés aux yeux des Maghrébins et des Africains.
Il est vrai qu’en disant cela je fais deux hypothèses, qui demandent à être confirmées, même si elles ont la plus grande vraisemblance selon moi. La première est que le film est conforme à la réalité sur ce point : les chefs traditionnels sénégalais (ou en tout cas de Casamance) portaient la chéchia rouge. La seconde est qu’ils ne le faisaient pas en imitation des tirailleurs de l’armée française, ce qui paraît très improbable.
Cette capture d’écran réalisée à partir du film montre les chefs traditionnels de Casamance, au Sénégal, avec fez/tarbouche/chéchia rouge.
La meilleure affiche pour ce film est espagnole. Sur l’affiche, l’écharpe ou le ruban tricolore sert à tirer un trait sur l’enfant africain, à l’oblitérer. Le sens honorifique de l’écharpe est ainsi détourné pour montrer la réalité colonialiste derrière la pompe républicaine.
Camp de Thiaroye (1988) par Ousmane Sembène 🇸🇳
Pas de censure en France ? « En 1988, malgré le prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, Camp de Thiaroye ne sort pas en France. … Cette dénonciation du massacre de Thiaroye en 1944 ne sera diffusée en France que vers le milieu des 1990. » (Wkpd Ousmane Sembène). Il s’agit d’un massacre de tirailleurs par l’armée de la « France libre » (de Gaulle).
Tirailleurs sénégalais (et d’autres nationalités africaines) : ceux qui ne sont pas morts pour la France libre sont morts assassinés par la France libre. => Massacre de Thiaroye, 1er décembre 1944.
Sia, le rêve du python (2002) par Dani Kouyaté 🇧🇫
« Toute histoire a un fou, mais un fou n’a jamais d’histoire. » Kerfa le fou, dans Sia, le rêve du python, film en bambara.
Photo 1 : Les prêtres du python demandent un sacrifice.
Photo 2 : Le griot du roi (à gauche, incarné par Habib Dembélé) annonce la nouvelle aux parents de Sia, la victime désignée (incarnée par Fatoumata Diawara) : « L’honneur frappe à votre porte. » Le film raconte la révolte de Sia contre cet arrêt du pouvoir.
Buud Yam (1997) par Gaston Kaboré 🇧🇫
Sur l’image: Amssatou Maïga. « Puis je vacillais dans un trou profond et ténébreux… »
Rabi (1992) par Gaston Kaboré 🇧🇫
Photo 1 (à gauche) : Tusma jeune. Elle n’a point pardonné à son aimé Pusga de ne pas lui avoir demandé de s’enfuir avec lui. Vieux et solitaires, ils s’aiment encore mais ne se parlent plus. Elle lui vend son tabac quotidien par l’intermédiaire du petit garçon Rabi.
Photo 2 (en haut à droite) : Le petit Rabi a retrouvé sa tortue qui cherchait à s’échapper et à regagner son milieu naturel, et rentre chez lui avec la tortue à la tombée de la nuit.
Photo 3 : Rabi décide finalement de libérer sa tortue. Alors, en rêve, elle lui parle.
Yam Daabo (Le choix) (1986) par Idrissa Ouédraogo 🇧🇫
Affiche et image actrice Aoua Guiraud (?)
Le Cinéma fantastique indonésien
Article paru dans Le Banian, journal de l’association franco-indonésienne « Pasar Malam », n° 23, juin 2017.
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Le thème de ce numéro du Banian, sur l’imaginaire collectif de l’Indonésie, ses mythes et ses légendes, est l’occasion d’évoquer le cinéma fantastique indonésien, en présentant en particulier quelques films distribués sur le marché français dans des versions doublées.
Golok Setan (1983) (Le Justicier contre la reine des crocodiles)
Ma rencontre avec l’un de ces films, Le Justicier contre la reine des crocodiles de Ratno Timoer, remonte à mon adolescence. Je fus alors fortement marqué par un spectacle hors du commun, un imaginaire exubérant contrebalançant des effets spéciaux plutôt rudimentaires pour des yeux habitués aux superproductions américaines. Le film pouvait à cette époque être trouvé dans les boutiques de location de vidéocassettes, qui se les procuraient sans doute pour une bouchée de pain. Les DVD de ces versions doublées continuent aujourd’hui de se vendre sur internet – à des prix tout à fait déraisonnables, les films ayant acquis une certaine réputation dans les cercles d’amateurs. Ce n’est que bien plus tard, après avoir commencé à étudier l’indonésien, que je retrouvai la trace de mon Justicier, dont j’avais jusqu’alors ignoré l’origine, supposant qu’il s’agissait d’un film thaïlandais. L’ayant revu, je considère que sa réputation n’est pas usurpée.
Le titre original, Golok Setan, ou Le Sabre du diable, nous transporte aux temps fabuleux des armes magiques, telles que l’Occident en connaît également avec comme exemple le plus connu l’Excalibur des légendes arthuriennes. L’histoire se déroule dans un passé mythique de magie et de sorcellerie peuplé de créatures surnaturelles.
Le héros, Mandala, incarné par l’acteur Barry Prima (souvent présent au générique de films du genre), part en quête d’une épée (golok) magique afin de délivrer le fiancé d’une jeune villageoise enlevé le jour de son mariage sur l’ordre de la « reine des crocodiles », Ratu Buaya, pour satisfaire aux passions amoureuses de cette dernière. Cette reine n’est pas sans rappeler la reine des mers du sud, Ratu Laut Selatan, également connue sous le nom de Nyi Blorong, dont la légende raconte qu’elle demandait le sacrifice de jeunes hommes. Les deux personnages, Ratu Buaya et Ratu Laut Selatan, font l’objet d’une filmographie relativement étendue (voir la filmographie en annexe de cet article), et nous parlerons de la seconde en évoquant le film Lady Terminator. Dans les deux films, le prototype de la femme surhumaine est caractérisé par sa luxure et sa cruauté.
Dans Golok Setan, Ratu Buaya est une reine troglodyte qui vit avec sa cour dans une caverne où le héros pénètre en plongeant dans un fleuve. Cette grotte est aménagée comme un palais avec tentures et dais chatoyants. C’est aussi un temple, où domine une idole en forme de crocodile debout sur ses pattes arrière, crachant du feu et des rayons laser. Enfin, il s’y trouve une fosse où sont retenus des prisonniers cannibales à qui l’on jette vivants les amants de la reine qui ne parviennent pas à surmonter leur jalousie. La reine donne sa « bénédiction » à l’un de ses guerriers, le méchant Banyujaga, qui la lui demande, par un acte sexuel au cours duquel elle se transforme en crocodile. Certains de ses soldats ne sont d’ailleurs pas des êtres humains mais des hommes-sauriens. Ce palais barbare évoque fortement les idées de Bachofen et d’autres sur le matriarcat (Mutterrecht) primordial et la promiscuité originelle. Le mythe de la reine crocodile comme celui de la reine des mers du sud dans l’imaginaire nusantarien pourraient être le souvenir d’un tel matriarcat (s’il ne s’agit pas d’un tropisme plus ou moins universel inhérent à l’imaginaire masculin).
Une scène se déroulant dans ce palais est particulièrement réussie. Le héros Mandala, une fois entré dans la caverne, est d’abord hypnotisé par la beauté de la reine, qui de son côté ne reste pas indifférente à son charme. Il la rejoint donc sur la couche royale, ce qui sert de signal à l’ensemble des courtisans et courtisanes pour en faire autant de leur côté. Le spectateur est donc convié à une orgie. Elle est cependant filmée de manière relativement pudique et le clou du spectacle est en fait la danse suggestive de deux courtisans, un homme et une femme, sur une plateforme entourée de flammes, au son d’une musique lancinante.
Mandala est finalement tiré de son hypnose par le pouvoir télépathique de son maître spirituel lui révélant l’illusion de la beauté de Ratu Buaya, qui est en réalité une sorcière décrépite, et il trucide la reine maléfique au terme des derniers combats du film.
Car le film est bien sûr émaillé de combats, dont certains très réussis, mêlant escrime et arts martiaux (dont je suppose qu’ils suivent les techniques du pencak silat indonésien). Les armes employées sont diverses et variées. Le méchant Banyujaga manie ensemble deux sabres concaves, c’est-à-dire courbés vers l’intérieur, en crochet, dont je n’ai pas réussi à trouver le nom dans l’arsenal du Labrousse, parmi badik, beladau, kujang, mandau, rencong… Ce n’est pas non plus le cimeterre arabe (syamsir), convexe. Toujours est-il que Banyujaga peut manier ces deux sabres comme une paire de ciseaux pour décapiter ses ennemis. La fiancée malheureuse, qui combat à plusieurs reprises aux côtés de Mandala, se sert une fois d’un parasol fumigène. D’autres vilains en quête de l’épée magique agrémentent le film de leurs apparences sinistres. L’un deux possède une arme étrange en forme de chapeau chinois et en métal, au bout d’une chaîne. Quand il place le chapeau sur sa tête, cela lui sert de casque ; quand il le lance sur la tête de l’ennemi et tire la chaîne, l’ennemi est décapité. Un autre possède un serpent qu’il transforme en gourdin. Une mégère démoniaque se sert d’une sorte de fléau avec lequel elle flagelle ses ennemis ou les attrape comme dans un filet pour les projeter au loin. Les hommes-crocodiles qui attaquent, dans une scène, le radeau de Mandala sont armés de scies géantes. Quant au golok du titre, dont le héros s’empare au fond d’une caverne sulfureuse, piégée et gardée par un cyclope, c’est en fait une grande épée.
Gadis Berwajah Seribu (1984) (Les Trois Furies du ninja)
Il n’est pas rare qu’un même réalisateur soit capable du meilleur comme du pire, et Ratno Timoer nous en donne un exemple avec, sorti un an après ce bijou qu’est Golok Setan, un indigent Gadis Berwajah Seribu (La fille aux mille visages), connu en France sous le titre Les Trois Furies du ninja et disponible en DVD dans la série « L’Odyssée du kung-fu ». Ni le titre indonésien – la fille en question est possédée par un sorcier et devient, dans une séquence, une sorte de Mrs Hyde roulant des yeux et démolissant un mur, mais de là à parler de mille visages… – ni le titre français – nous sommes bien en Indonésie, où les ninjas ne font pas partie du décor, mais il est vrai qu’un personnage, tout de même secondaire, Si Hitam (Monsieur Noir), est vêtu de noir et lance, une seule fois, un shuriken – n’ont grand rapport avec le contenu du film.
L’intrigue se passe à l’époque contemporaine, ce qui nous vaut notamment un intérieur de discothèque particulièrement ingrat, mais comporte de nombreux éléments surnaturels, prétexte à des scènes de combat, ou plutôt de bagarre, sans saveur. Les pectoraux de Barry Prima – encore lui – ont bien gonflé en un an et il a désormais un véritable physique de culturiste. Nous ne sommes plus à l’époque des maîtres d’armes et des combats à l’épée, d’où l’insertion du film dans une série dédiée au « kung-fu ». Les tentatives pour utiliser l’automobile comme accessoire de l’action se soldent par une scène amusante, plutôt que spectaculaire, où le héros saute les deux pieds en avant contre une voiture fonçant sur lui, tuant de cette manière l’un des occupants et déroutant le véhicule.
Au titre des éléments folkloriques, on notera le réveil par un magicien d’une sorte de golem dormant dans une mare bouillonnante au fond d’une caverne. Cela se passe de la manière suivante. Le magicien arrache le cœur de sa victime et le jette dans le bassin. Le corps du monstre apparaît alors à la surface. On lui enfonce un clou dans le crâne avec un gros caillou, ce qui le réveille. Il s’agit d’un monstre très puissant : il frappe du pied le sol de la caverne, faisant trembler la montagne, pour réveiller les morts. Le golem et une horde de morts-vivants griffus et couineurs peuvent alors participer aux combats de kung-fu qui vont suivre. Le monstre s’avère particulièrement coriace. Quand on lui arrache le clou de la tête, il finit tout de même par s’effondrer. Mais il se relève et il faut l’éviscérer à main nue pour que finalement… il explose.
Samson dan Delilah (1987) (La Revanche de Samson)
Le troisième film fantastique disponible en version doublée française est Samson dan Delilah (1987), du prolifique Sisworo Gautama Putra, sous le titre La Revanche de Samson. Il s’agit, comme le titre indonésien l’indique, d’une adaptation du récit biblique, mais transposé dans les Indes néerlandaises à l’époque de la colonisation.
L’acteur choisi pour le rôle de Samson est le culturiste australien Paul Hay, dont il semble que ce soit la seule expérience cinématographique. Le film a subi l’influence de Conan le Barbare (1982) et, comme ce dernier, mêle action et fantastique. L’actrice indonésienne Suzzanna incarne Delilah.
Daman, alias Samson, joué par un acteur de race blanche, est le fils d’une femme indonésienne qui « se battait au nom des libertés » et de l’officier hollandais qui lui fit subir les derniers outrages. Son grand-père, un maître spirituel, l’éduque en vue de « libérer l’Indonésie de l’oppresseur hollandais ». Il sauve la vie de Delilah, une Indo (métisse), fille du gouverneur néerlandais, à deux reprises, d’abord en jetant un arbre sur sa route pour arrêter le cheval et la calèche dont elle avait perdu le contrôle, ensuite en terrassant un buffle en furie. Delilah, quant à elle, sauve Samson d’une exécution capitale au boulet de canon (d’après un vague souvenir de lecture, des exécutions au canon pouvaient être prononcées contre les traîtres à la patrie), en obtenant sa grâce. Tombée sous le charme du bodybuildeur, Delilah lui demande d’être son palefrenier, puis son garde du corps, mais Samson refuse car, dit-il, il combat le « système » (peut-être le doublage est-il pour quelque chose dans la naïveté caricaturale des dialogues).
Le torchon brûle entre l’administration coloniale et le rebelle Samson. Pour l’empêcher de nuire, les Néerlandais font d’abord appel à des mercenaires locaux dirigés par « le Cyclope », qui est en effet un monstre à un œil. Samson vainc ces vilains dans un combat au cours duquel le Cyclope se sert d’une arme étrange et sophistiquée, une masse garnie d’une longue pointe qui au cours du combat se détache de la poignée et, retenue par une chaîne, sert de fléau d’armes. Le Cyclope est finalement coupé en deux par son propre bouclier lancé par Samson.
Ces mercenaires ayant échoué, un étrange messager vient proposer au gouverneur les services de Guru Saya, qu’il présente comme un personnage doté de grands pouvoirs. Pour attester les pouvoirs de Guru Saya, le messager, par des gestes magiques, allonge le cou du lieutenant Eckmann jusqu’à ce que sa tête atteigne le plafond, puis, le sceptique lieutenant prétendant qu’il ne s’agissait que d’une illusion d’optique, il lui arrache le cœur à main nue, le tuant net, et à la demande du gouverneur remet le cœur en place, permettant au lieutenant de revivre. Le gouverneur est convaincu et demande l’aide de Guru Saya pour en finir avec Samson.
Je passe sur le combat victorieux de Samson contre Guru Saya, pour en venir au stratagème de Delilah en vue de séduire Samson, car cela nous vaut une scène « érotique » remarquée des cinéphiles (je veux dire des amateurs de cinéma bis). Une scène qui, cependant, contrairement à l’orgie de Golok Setan que j’ai décrite et qui semble être passée inaperçue, n’échappe pas, le plus souvent, à leurs sarcasmes. Il faut bien reconnaître que Paul Hay n’est pas des plus convaincants dans les scènes romantiques qui émaillent le film (ni d’ailleurs dans les scènes de combat, à cause de ses grimaces). Cependant, la scène mérite d’être décrite.
Dans une tente bédouine dressée exprès pour piéger Samson, Delilah le reçoit en grande tenue, coiffée de fleurs de jasmin. Son voile est fait de filaments argentés que Samson écarte comme un rideau miniature pour lui voir le visage. C’est à un pique-nique entre les deux amants, au son d’une douce musique arabisante, que le réalisateur nous convie. Tout d’abord, Samson tend une banane à Delilah, qu’elle caresse des lèvres et de la langue avant de l’emboucher goulument. Les cinéphiles en restent pantois. Ensuite, il lui tend un verre de Grand Marnier (un gros plan sur l’étiquette de la bouteille ne laisse aucun doute sur la nature du spiritueux), qu’elle avale d’un trait en s’en versant sur le menton et la gorge. Il coupe ensuite une part de crème glacée qu’ils mangent tous deux à la même cuillère, en se bécotant ; là aussi, ça coule. Puis il lui fait croquer un piment vert ; le feu de ce condiment la fait, curieusement, loucher et, pour en atténuer l’effet, Samson – très curieusement – lui vaporise de l’eau en gouttelettes sur le visage avec un pistolet vaporisateur. Ensuite de quoi, Samson demande à Delilah d’ouvrir la bouche et verse sur sa langue (qu’elle roule en cigarette !) le contenu sirupeux d’une aiguière en étain ; elle finit par en avoir partout sur les joues. Il verse le même sirop sur les cuisses dénudées de Delilah avant de lui dire, avec un grand sourire poupin : « Laisse-moi te lécher. » C’est alors, pendant qu’il lèche, que ces ébats sont interrompus et que Delilah peut verser un somnifère dans le verre de grand marnier de Samson. Le lecteur aura compris qu’il s’agit d’une scène d’anthologie.
Samson endormi, Delilah lui coupe les cheveux, puis le lieutenant Eckmann, contre la promesse faite à Delilah que l’on ne ferait pas de mal à Samson, lui crève les yeux avec une lance. L’aveugle passe ensuite ses jours à tourner une roue (comme dans Conan le Barbare). Son grand-père, le maître spirituel, a ces mots : « Là où les armées échouent, les femmes se montrent victorieuses. » Il connaît un moyen surnaturel de rendre la vue à Samson et des émissaires sont envoyés la nuit dans sa prison à cette fin. Ils soufflent à l’aide de sarbacanes une fumée somnifère (pukau ?) sur les gardes puis s’introduisent dans la geôle, où une villageoise amie de Samson lui demande de presser son visage contre ses seins nus. Ce faisant, il recouvre la vue et loue Allah.
Conduit le lendemain au gibet, il parvient à faire s’effondrer la résidence du gouverneur sur les officiels néerlandais venus assister à l’exécution, ce qui incite les indigènes à se soulever contre la soldatesque coloniale. Delilah survit à l’écroulement et, ramassée par Samson parmi les décombres, est portée par celui-ci devant la foule en liesse.
Lady Terminator (1988)
Si La Revanche de Samson, avec Paul Hay, s’inspire visiblement de Conan le Barbare, avec Arnold Schwarzenegger, les emprunts ne sont pas (tous) aussi directs et manifestes que ce que s’est permis de son côté le réalisateur Tjut Djalil, dont le film Lady Terminator reprend jusqu’au titre du film de James Cameron sorti en 1984 et plusieurs autres idées resservies à l’identique. Le film de Tjut Djalil possède cependant, en raison notamment d’une réalisation efficace, un charme original.
Il est, paraît-il, notoire que le cinéma indien – Bollywood – plagie sans scrupule les films américains dans ses productions, en violation flagrante du droit d’auteur mais également en toute impunité. Le cinéma indonésien ne semble pas en reste, si l’exemple de Tjut Djalil a été suivi. Tjut Djalil avait déjà « plagié » le célèbre film d’horreur Les Griffes de la nuit (1984) dans son Ranjang Setan (1986), ou Le Lit du diable. Dans ce film, l’abominable Freddy Kruger est devenu le fantôme d’un colon néerlandais assassiné avec toute sa famille ; il a un sinistre visage de cire et surtout un gant bien griffu, et tue les gens dans leurs rêves.
Dans Lady Terminator, le réalisateur s’est toutefois montré plus inventif en mêlant quelques idées du film anglo-saxon à l’imaginaire traditionnel nusantarien, en l’occurrence la légende de la reine des mers du sud, revisitée. La reine des mers du sud est ici, comme la reine-crocodile de Golok Setan, une femme luxurieuse, une mangeuse d’hommes qui, de surcroît, tue ses amants au cours de l’acte sexuel : « Trouverai-je un jour un homme qui me satisfasse ? » soupire-t-elle au début du film, alors que son amant gît sur le lit, dans un bain de sang. Un jour, un homme – un Blanc – déjoue ses ruses ; elle jure alors de se venger sur sa descendance.
La descendance de l’homme en question est une chanteuse de pop indonésienne à l’aube d’une grande carrière. L’action se passe de nos jours. Une anthropologue américaine, incarnée par l’Australienne Barbara Anne Constable, danseuse de formation dont c’est, comme pour son compatriote Paul Hay, la seule expérience cinématographique, plonge à la recherche des ruines immergées du château de la reine au large de l’archipel indonésien. Alors qu’elle nage au fond de la mer, elle est subitement transportée par magie dans une chambre mystérieuse, où elle se retrouve attachée sur un lit et possédée par l’esprit de Ratu Laut Selatan par l’intermédiaire d’un serpent entrant dans son vagin.
Telle une Vénus anadyomène, l’anthropologue ressurgit nue la nuit sur une plage (il semble que l’on ait droit à un nu intégral de dos mais aux plans suivants, quand l’actrice est vue de face, elle porte un maillot). Il s’agit de la reine maléfique venue accomplir sa vengeance.
Elle trouve à s’habiller en exterminant deux voyous qui pensaient prendre du bon temps, et c’est alors que commence la chasse à l’homme, au cours de laquelle la jeune chanteuse poursuivie trouve l’appui d’un policier blanc face à une Lady Terminator gainée de cuir noir et finalement assez charismatique avec sa moue taciturne, commettant un véritable carnage dans la ville, avec pistolet, pistolet-mitrailleur, fusil-mitrailleur, et j’en passe, en voiture et à la course à pied, en boîte de nuit, au centre commercial, au commissariat…
Invulnérable aux balles, la reine maléfique, entre deux raids sanglants contre la chanteuse, se recharge les batteries en séduisant des hommes comme au temps jadis, c’est-à-dire en leur arrachant le pénis avec la matrice au cours de l’acte sexuel. C’est un rapport du coroner qui nous donne la clé de ce qui se passe pendant les nuits d’amour de la reine.
Le rythme du film est bon, du moins pendant une heure, après quoi, à la seconde course-poursuite en voiture, certains commenceront à trouver le temps long. L’actrice Anne B. Constable quitte d’ailleurs l’écran au moment où la reine est prise dans une explosion, d’où elle ressort non pas en morceaux mais tout de même méconnaissable, et toujours d’attaque pour sa vengeance. Elle est finalement tuée par un kriss que l’oncle de la chanteuse, un maître spirituel, a donné à celle-ci pour se défendre mais que la chanteuse ne pense à utiliser qu’à la dernière extrémité, alors que tous les hommes affectés à sa protection sont morts ou inconscients et que la reine défigurée est en train de l’étrangler.
Le film est disponible en DVD en versions doublées anglaise et allemande.
Mistic (1981) (Mystics in Bali)
Du même Tjut Djalil, Mistik est disponible en version doublée anglaise. Il s’agit de l’adaptation d’un roman indonésien sur le thème du fantôme leak. Le film, s’il paraît complètement délirant (ce qui ajoute évidemment à leur plaisir) aux amateurs et critiques de cinéma bis peu familiers avec la culture indonésienne, est cependant fidèle à la logique et aux détails de ce mythe. Le film bénéficie d’une belle photographie et l’ambiance horrifique est convaincante.
Voici ce que j’écris dans mon Glossaire de l’occulte malais (traduction de différentes sources originales indonésiennes et malaisiennes) au sujet du leak et d’autres mythes apparentés : « Dans les mythes de Bali, le leak est un fantôme sorcier. Il ne peut être vu, la nuit, que par les magiciens chasseurs de leak. Dans la journée, il a l’apparence d’un homme ordinaire mais quand le soir tombe il rôde dans les cimetières à la recherche d’organes avec lesquels il prépare des potions magiques qui lui permettent entre autres de se transformer en tigre, singe, cochon, ou de prendre l’aspect de Rangda [la reine des leak, une sorte de déesse Kali balinaise]. Si nécessaire, il peut également prélever des organes sur les vivants. Le leak est une sorte de démon effroyable. On raconte aussi qu’il peut prendre l’apparence d’une tête d’où pendent les organes, capable de voler, ce qu’il fait la nuit à la recherche de femmes enceintes pour boire le sang de l’enfant qui est dans leur ventre. Selon les Balinais, le leak est un homme qui pratique la magie noire et a besoin du sang d’embryons pour vivre. On dit encore qu’il peut se transformer en cochon ou en boule de feu, tandis que, sous sa véritable apparence, il a une langue allongée et des dents tranchantes. Kuyang. Femme fantôme, dans les croyances des populations de Kalimantan et du Timor, dont la tête, de laquelle pendent les entrailles, peut voler, et qui boit le sang des femmes enceintes ou venant d’accoucher. Penangalan, Penanggalan. Fantôme volant, avec les intestins apparents et pendants. / Le terme penanggalan, ou encore tengelong dans le Kedah, balan-balan dans le Sabah, désigne une personne, en général une femme, qui pratique une certaine forme de magie noire. Ceux qui possèdent cette connaissance peuvent détacher leur tête de leur corps : celle-ci est alors capable de voler dans les airs, avec les viscères qui pendent. Le sang qui en tombe est dit être un poison provoquant une gale affreuse chez ceux qui en sont touchés. [Ce fantôme particulièrement spectaculaire sous son aspect de tête volante existe également dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est ; c’est le cas en Thaïlande, où il est connu sous le nom de krasseu.] » Plusieurs détails ici évoqués sont présents dans le film.
Le générique s’ouvre sur l’image du masque de Rangda, la reine leak, puis nous assistons à la traditionnelle danse balinaise qui représente la lutte entre le lion Barong et la démone Rangda.
Cathy est une étudiante américaine qui cherche à en savoir plus sur la « magie leak » afin d’écrire une étude sur le sujet. Elle demande à son ami balinais Mahendra de la mettre en contact avec une personne versée dans cette science occulte. La chose devient possible et une femme leak l’initie à ses secrets au cours de rencontres nocturnes dans des lieux isolés. Pendant cette initiation, l’étudiante se transforme en truie, en serpent, en boule de feu. Sous cette dernière forme, la leak rencontre une nuit un autre leak, masculin, et il s’ensuit un combat entre les deux dans le ciel nocturne, duquel la femme est vainqueur.
Trouvant son initiation suffisante, Cathy souhaite se séparer de la leak pour se consacrer à l’écriture de son livre mais celle-ci ne l’entend pas de cette oreille car elle a besoin de sa disciple pour accroître son pouvoir. La nuit, la tête de Cathy se détache de son corps et se met à voler, emportant les viscères avec elle, à la recherche de sang. La tête volante attaque ainsi une femme sur le point d’accoucher, se plaçant entre ses jambes et lui buvant le sang ou celui du bébé. L’aliment ainsi absorbé par la tête volante accroît les pouvoirs de la leak. Le jour venu, Cathy n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé la nuit, mais sa santé se détériore à vue d’œil et les symptômes sont des plus étranges et effrayants ; par exemple, elle vomit des souris.
Cathy est désormais l’esclave de la leak, sans retour possible. L’oncle de Mahendra, un maître spirituel balinais, comprend ce qui est en train de se passer. Une nuit, il trouve chez elle le corps inerte de Cathy, que sa tête a quitté à la recherche d’une proie, et enfonce verticalement des aiguilles dans le cou de façon à empêcher la tête de s’unir au corps à son retour. C’est bien ce qui se passe, et la tête volante est condamnée à errer.
L’oncle de Mahendra explique alors à celui-ci qu’il doit considérer Cathy comme morte. Il lui demande de veiller avec lui sur la sépulture de l’étudiante, le corps sans tête ayant été enterré, afin d’empêcher que la leak ne s’empare du corps. Ils sont attaqués par la leak et la tête volante, qui sont finalement vaincues.
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Les films que nous avons discutés datent des années quatre-vingt. Je joins une filmographie de la production indonésienne dans le genre fantastique et horrifique entre 1971 et 1990. Cette filmographie n’est pas exhaustive et par ailleurs la production cinématographique du pays n’a fait que croître depuis lors, en particulier avec les téléfilms et les films sortant directement en vidéo.
Ma connaissance de la production actuelle est très limitée mais je sais que certains films indonésiens ont acquis une certaine réputation en dehors du pays, à l’instar de Rumah Dara (2010) des frères Mo, particulièrement sanglant (et interdit en Malaisie) ; c’est toutefois un film macabre sans élément surnaturel.
Les amateurs de mad movies connaissent aussi le film Amphibious 3D (2010) en raison du nom de son réalisateur, Brian Yuzna, dont les adaptations en tant que producteur ou réalisateur des œuvres d’Howard P. Lovecraft ne sont pas sans mérite. Amphibious 3D est une production néerlando-indonésienne (producteur : San Fu Maltha). L’histoire se déroule en grande partie sur un bagan, ou plate-forme de pêche, au large de l’Indonésie, bagan attaqué par un scorpion amphibie géant invoqué par la formule magique « Angkara Murka » (en indonésien dans le texte) et qui tue les occupants de la plate-forme à l’exception du garçon, en fait une fille déguisée, qui l’a invoqué et que le scorpion… féconde.
La filmographie qui suit est à destination des amateurs ou des chercheurs.
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Filmographie 1971-1990
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Charles ANAKOTTA Nyi Lamped (Melati Karang Hawu) 1990
Ackyl ANWARI Godaan Siluman Perempuan (La démone tentatrice) 1978 ; Ratu Pantai Selatan (La reine des mers du sud) 1980 ; Dukun Lintah (Le sorcier sangsue) 1981
Jimmy ATMAJA Hukum Karma (La loi du karma) 1982
Norman BENNY Kisah Cinta Nyi Blorong (L’histoire d’amour de Nyi Blorong) 1989
Jopi BURNAMA Bisikan Arwah (Murmures d’outre-tombe) 1988 ; Manusia Penunggu Jenazah (Le veilleur des morts) 1988
Pitrajaya BURNAMA Pendekar Bambu Kuning (Le chevalier au bambou jaune [ainsi traduit par Pierre Labrousse lui-même dans son dictionnaire]) 1971
Tommy BURNAMA Arwah Anak Ajaib (Le fantôme de l’enfant surnaturel) 1988 ; Janin Ajaib (Le fétus magique) 1989 ; Misteri Lembah Naga (Le mystère de la vallée du dragon) 1989
Tjut DJALIL Mistik (Leak) 1981 ; Ranjang Setan (Le lit du diable) 1986 ; Lady Terminator 1988 ; Ratu Buaya Putih (La reine des crocodiles blancs) 1988
Sisworo GAUTAMA PUTRA Aladin dan Lampu Wasiat (Aladin et la lampe magique) 1980 ; Pengabdi Setan (L’esclave de Satan) 1980 ; Sundel Bolong 1981 ; Sangkuriang 1982 ; Perkawinan Nyi Blorong (Le mariage de Nyi Blorong) 1983 ; Telaga Angker (Le lac hanté) 1984 ; Malam Satu Kliwon (La nuit de Kliwon) 1986 ; Petualangan Cinta Nyi Blorong (L’aventure amoureuse de Nyi Blorong) 1986 ; Samson dan Delilah (Samson et Dalila) 1987 ; Malam Satu Suro (La nuit de Suro) 1988 ; Santet (Sorcellerie) 1988 ; Wanita Harimau (Santet 2) (La femme-tigre) 1989 ; Pusaka Penyebar Maut (L’héritage mortel) 1990 ; Titisan Dewi Ular (La réincarnation de la déesse-serpent) 1990
Bachroem HALILINTAR Nenek Lampir 1987 ; Nenek Lampir di Rumah Angker (Nenek Lampir dans la maison hantée) 1988 ; Setan Pocong 1988 ; Titisan Nenek Lampir (La réincarnation de Nenek Lampir) 1989 ; Mustika Sakti (La pierre magique) 1989 ; Sakti Mandraguna (Invulnérabilité) 1990
Abdillah HARRIS Pandji Tengkorak 1971, réalisé avec Yang Shih Ching; Sona Anak Srigala (Sona l’enfant-loup) 1984
Daeng HARRIS Setan Kuburan (Le diable du cimetière) 1975
Bay ISBAHI Dukun Beranak (La sage-femme) 1977 ; Tuyul (L’homoncule) 1978 ; Tuyul Perempuan (L’homoncule femelle) 1979 ; Jaka Tarub dan Tujuh Bidadari (Jaka Tarub et les sept nymphes célestes) 1981
B.Z. KADARYONO Guna-guna Istri Muda (Les sortilèges d’une jeune femme) 1977 ; Tumbal Iblis (Sacrifice au Diable) 1981 ; Nini Towok 1982 ; Bisikan Setan (Les murmures de Satan) 1985 ; Kuburan Angker (Le cimetière hanté) 1987 ; Wewe Gombel 1988 ; Sengatan Laba-laba Merah (La morsure de l’araignée rouge) 1989 ; Perjanjian Terlarang (Le pacte interdit) 1990
S.A. KARIM Si Comel 1973 ; Cincin Berdarah (L’anneau sanglant) 1973 ; Arwah Penasaran (Delia) (Un fantôme curieux) 1975 ; Penangkal Ilmu Teluh (Le talisman protecteur) 1979
Iksan LAHARDI Mystery in Hongkong (pas de titre indonésien pour ce film) 1974 ; Lirikan Ular Merah (Le regard du serpent rouge) 1989 ; Mustika Pemikat (La pierre de charme) 1990
Torro MARGENS Pernikahan Berdarah (Mariage sanglant) 1987 ; Lukisan Berlumur Darah (Le tableau sanglant) 1988 ; Cinta Berdarah (Amour sanglant) 1989 ; Sepasang Mata Maut (Une paire d’yeux mortels) 1989
Wisjnu MOURADHY Kecubung Sakti (L’améthyste enchantée) 1988
Imam PUTRA PILIANG Susuk (Les implants magiques) 1989
M. RACHMAN Guntur Tengah Malam (Tonnerre de minuit) 1990
Tindra RENGAT Bayi Ajaib (Le bébé magique) 1982
M. Abnar (ou encore Abunawar) ROMLI Jeritan Malam (Mayat Hidup) (Le cri de la nuit – Le mort-vivant) 1981 ; Siluman Kera (Le singe démoniaque) 1988
Benyamin S. Duyung Ajaib (La sirène miraculeuse) 1978
Eddy SAJOEDIE Dewi Malam (Déesse de la nuit) 1978
Fritz G. SCHADT Buaya Putih (Le crocodile blanc) 1982
Ali SHAHAB Beranak dalam Kubur (Né dans une tombe) 1971, réalisé avec Awaludin ; Gadis Bionik (La fille bionique) 1982
M. SHARIEFFUDIN A. Nenek Grondong 1982 ; Seruling Sakti (La flûte enchantée) 1983 ; Ratu Buaya (La reine crocodile) 1983 ; Putri Ular (Dame serpent) 1984
Sofyan SHARNA Prabu Siliwangi 1988 ; Wanita Jelmaan (La femme de la réincarnation) 1990
Lilik SUDJIO Ratu Ular (La reine serpent) 1972 ; Darna Ajaib (Super-Darna [Wonder Woman à l’indonésienne]) 1980 ; Manusia Berilmu Gaib (Le magicien) 1981 ; Ratu Ilmu Hitam (La reine de la magie noire) 1981 ; Keris Kalamujeng 1984 ; Misteri Rumah Tua (Le mystère de la vieille maison) 1987 ; Dendam di Jumat Kliwon (Rancœur le vendredi Kliwon) 1987 ; Ngipri Monyet (L’incantation au singe) 1988 ; Siluman Teluk Gonggo (Le démon de la baie de Gonggo) 1988 ; Misteri dari Gunung Merapi (Le mystère du mont Merapi) 1989 (a eu deux suites)
Atok SUHARTO Putri Duyung (Sirène) 1985 ; Perempuan Malam (Femme de la nuit) 1987 ; Tamu Tengah Malam (L’invité de minuit) 1989
Susilo S.W.D. Roh (Esprit) 1989 ; Pedang Halilintar (L’épée de foudre) 1990
Imam TANTOWI Tujuh Manusia Harimau (Sept hommes-tigres) 1986 ; Pelet (Le philtre) 1987 ; Kelabang Seribu (Mille centipèdes venimeux) 1987
Ratno TIMOER Kuntilanak 1974 ; Anak Bintang (L’enfant des étoiles) 1974 ; Reo Manusia Srigala (Reo l’homme-loup) 1977 ; Gondoruwo 1981 ; Jin Galunggung 1982 ; Nyi Blorong 1982 ; Golok Setan (Le sabre du diable) 1983 ; Gadis Berwajah Seribu (La fille aux mille visages) 1984
Frans TOTOK ARS, Rama Superman Indonesia (Rama, Superman indonésien) 1974
Willy WILIANTO, Kisah Cinderella (L’amour de Cendrillon [une adaptation du conte]) 1978 ; Si Boneka Kayu, Pinokio (une adaptation de Pinocchio) 1979
Dasri YACOB Bangkit dari Kubur (Sorti de la tombe) 1988 ; Seruling Naga Sakti (La flûte magique du dragon) 1989