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Tw31 La France est-elle un pays européen ?

May-Sep. 2020 FR-EN

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Basic Income: ‘‘A new step necessary to make citizens 100% dependent on government support. You will not bite the hand that feeds you.’’ If it is something the state owes one, one faces no debt from getting their due, so there is no increased bondage to the state, only slackened bondage to capital.

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The film Mississippi Burning (1988) by Alan Parker, in its time extolled by glitterati and rejected by civil rights activists, is an apology and vindication of police (FBI) torture. Make no mistake: Not a single man should have been convicted if the investigation had taken place as represented.

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Quand un ministre dit « Je n’aime pas la transparence », il va tellement à contre-courant de ce que les institutions prétendent faire depuis des années qu’il ne peut que recevoir l’approbation de ceux qui voient habituellement qualifier leurs opinions de populistes. L’erreur de ce ministre est de qualifier de « populiste » le discours de transparence, car ceux qui pourraient entendre cette parole, « Je n’aime pas la transparence », se disent alors : « Il nous insulte comme les autres. » Il élimine d’un mot le soutien qu’il pourrait recevoir pour son cynisme.

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Le gilet jaune a rendu visible le prolétariat invisibilisé. #GiletsJaunes

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L’académicien Paul Valéry a dit que l’Académie Française était « la dernière institution de la monarchie française qui subsiste », oubliant cette autre immondice, le procureur du Roi, renommé procureur de la République et maintenu jusqu’à nos jours.

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La nuit des masques 3

Les islamophobes sont bien sûr contre le port du masque, qui casse leur belle loi anti-niqab de 2010 – une loi qui, n’osant même pas s’avouer comme telle (contrairement à la même loi au Danemark), interdisait toute dissimulation du visage, alors que, me dit-on, les touristes et résidents chinois et les Français d’origine chinoise et asiatique portant le masque n’étaient jamais inquiétés, quand bien même cette tolérance était coupable de la part de la police puisque injustifiée aux termes de la loi. Corruption ?

Vérifier tout de même le contenu de la loi danoise : bien que je l’aie toujours entendu appeler #NiqabBan, il y a peut-être un problème de discrimination contraire aux traités si telle est véritablement sa nature. Quoi qu’il en soit, si nous avons chez nous une loi d’interdiction générale de dissimulation du visage pour éviter une discrimination, et que la police ne l’applique qu’aux femmes portant le niqab, c’est une fausse loi générale et une vraie loi discriminatoire d’un législateur islamophobe et faux-cul qui s’en remet à la police pour appliquer la loi de manière islamophobe.

Les gens qui pleurent nos libertés assassinées à cause du #MasqueObligatoire ne voyaient pas de problème à ce que le masque soit interdit. Ils sont à la défense des libertés ce que Bernard Ménez est au cinéma d’art.

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Si vous avez déjà pris le métro parisien à 5:40 du matin, vous savez que « la France qui se lève tôt » est noire.

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Gabriel Matzneff comme expert judiciaire des « œuvres de l’esprit »

Quand la notion d’« œuvre de l’esprit » fut introduite en droit pour disculper certains actes ou propos passibles d’une condamnation pénale, quand elle fut inventée par le législateur, le juge constitutionnel, le juge ordinaire, ou les trois, il faut bien voir qu’aucun n’avait de compétence pour parler des œuvres de l’esprit. – Gabriel Matzneff comme expert judiciaire des œuvres de l’esprit.

En introduisant cette notion, on se donnait la satisfaction de paraître libéral, puisqu’on soustrayait aux rigueurs de la loi tout un pan des publications –et quel pan ! celui des œuvres de l’esprit, excusez du peu– mais en réalité on rendait le droit des publications totalement arbitraire, c’est-à-dire que là où était le droit on supprimait le droit.

Prenons le brûler du drapeau national en public. Si et seulement si c’est une « œuvre de l’esprit », ce n’est pas condamnable. Donc un brûler de drapeau est soit un message politique (condamnable) soit une œuvre de l’esprit. Une œuvre de l’esprit n’est donc pas un message politique. L’artiste qui produit une œuvre de l’esprit est considéré comme irresponsable de son acte, comme un mineur légal. L’art contemporain est un ensemble d’œuvres de l’esprit dans la mesure seulement où il est produit par des microcéphales sous tutelle de l’État.

De même pour les intellectuels. Si un intellectuel brûle le drapeau et n’est pas condamné (car c’est une œuvre de l’esprit), c’est que l’État le traite en mineur sous tutelle et irresponsable, comme un pauvre type dont l’acte ne peut avoir aucune portée. On voit que dans un tel système, c’est celui qui est condamné parce que son acte ou ses paroles ne sont pas des œuvres de l’esprit (selon la loi) qui est le véritable intellectuel.

Mais la vérité n’en est pas moins que cette législation a pour but de protéger des rigueurs de la loi les gens proches du pouvoir, les serviteurs, les laquais du pouvoir, par l’arbitraire discriminatoire qu’elle introduit dans une proscription générale.

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Up until the end of 2016, Denmark has received 15, Finland 139, Iceland 13, Norway 26 and Sweden 60 such judgments by the EctHR [European Court of Human Rights] finding at least one violation of the ECHR [European Convention of Human Rights].” (in The Nordic Constitutions, Krunke & Thorarensen ed., 2018)

Population by country, in millions (2019): Denmark 5.806; Finland 5.518; Iceland .364; Norway 5.433; Sweden 10.23. What’s wrong with Finland?

(To be sure, Iceland too has an abormally high rate of ECHR violations to population compared to the Nordic average, but her extremely small population make comparisons less relevant, whereas Denmark, Finland and Norway have populations about the same size, and Sweden about twice that size with half Finland’s number of ECHR violations.)

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La loi pénale d’interprétation difficile se porte bien, le législateur vous remercie

En France, il est possible d’insulter une religion, ses figures et ses symboles, il est en revanche interdit d’insulter les adeptes d’une religion. L’introduction de ces nouveaux délits a entraîné des difficultés d’interprétation qui se sont matérialisées par des décisions de justice parfois douteuses. (Institut Montaigne)

L’Institut Montaigne ose dire que la loi relative à l’insulte en raison de l’appartenance à une religion est d’interprétation difficile – sans paraître se douter qu’une loi pénale obscure est un instrument de violation des droits fondamentaux par un pouvoir épris d’arbitraire.

En France, l’insulte aux croyants est passible d’un an de prison et de 45.000€ d’amende, mais l’insulte à la religion y serait parfaitement légale. N’est-il pas extraordinaire qu’un Parlement ait cru trouver un sens à une pareille bêtise ? Comme si un croyant n’était pas insulté quand on insulte sa religion. C’est aussi absurde que de dire qu’insulter la France serait légal mais insulter les Français passible de prison, qu’insulter une race serait légal mais non insulter les membres de cette race, etc.

L’objectif du législateur n’a été autre que l’arbitraire et la discrimination envers des religions. Car insulte à la religion et insulte aux croyants étant au fond la même chose, pour telle religion le parquet dira « Vous insultez la religion » (pas de problème) et pour telle autre « Vous insultez les croyants » (c’est condamnable), et ce persécuteur aura toujours raison.

Aux États-Unis, « Lorsque la liberté d’expression garantie par le premier Amendement est en cause, les juges exigent une précision particulièrement élevée de la loi d’incrimination » (Cedras, Le droit pénal américain, 1997). En France, où il existe là un contentieux de masse sur une loi obscure, cela ne choque personne. Dupont mauvais karma.

Quand l’Institut Montaigne souligne des « difficultés d’interprétation » de la loi pénale, il ne s’insurge pas contre une telle ignominie, contre le fait qu’une loi torchon ait passé les filtres constitutionnels ; non, il cherche à l’expliquer ! Mais son analyse n’engage personne.

Le think tank cherche à expliquer le contenu d’une loi pénale écervelée, pour la rendre moins difficile à interpréter. Je ne savais pas que le principe juridique était que nul n’est censé ignoré les analyses de l’Institut Montaigne ! Pauvres Français !

Cette loi pénale décérébrée, cette immondice a été votée par un Parlement bicaméral (avec deux chambres : Assemblée nationale et Sénat). Or le but justifiant l’existence d’une seconde chambre dans un État unitaire (non fédéral) comme la France est « la qualité de la loi ». Belle démonstration !

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I suggest Japan vote a bounty hunting law so they can get their hands on bail jumper Carlos Ghosn.

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Le juge français a bien conscience d’être un pouvoir constitutionnel, mais ce n’est pas le bon.

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« Les Soldats, la plus vile partie de toutes les Nations » (Montesquieu)

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Bien que Montesquieu ait écrit qu’un grand État était forcément despotique, les États-Unis ont réussi à avoir la liberté dans un grand État. – La France, elle, a réussi à avoir dans un petit État le despotisme asiatique.

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Les écologistes ne sont ni de droite ni de gauche, mais de tous les gouvernements : ce sont les seuls qui ne perdent jamais. (Pour l’écologie, c’est une autre histoire.)

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La France est-elle un pays européen ?

Le gouvernement affirme vouloir sanctionner la possession d’une « barrette de shit ». La France est-elle un pays européen ?

Allemagne : « consommation tolérée »
Autriche : possession (=consommation) partiellement dépénalisée
Belgique : dépénalisée jusqu’à 3 grammes
Chypre : usage médical légal
Danemark : dépénalisée (la page française donne une vision plus libérale de ce pays, car selon la page en anglais la possession de cannabis reste illégale sauf dans la zone autonome de Christiania à Copenhague ; la page Wkpd Cannabis au Danemark explique que des directives ministérielles ont été prises pour que le ministère public ne poursuive pas la possession correspondant à une consommation individuelle, ce qui constitue une dépénalisation de fait [administrative].)
Espagne : dépénalisée
Estonie : usage médical légal
Finlande : médical légal
Grèce : médical légal
Irlande : médical légal
Italie : dépénalisée
Lithuanie : médical légal
Luxembourg : médical légal
Malte : médical légal
Norvège : médical légal ; le gouvernement annonce une dépénalisation prochaine jusqu’à 15g
Pays-Bas : dépénalisée (coffee shops)
Pologne : médical légal
Portugal : dépénalisée
République tchèque : dépénalisée
Royaume-Uni : médical légal
Suisse : dépénalisée jusqu’à 10g

[J’ai eu recours pour cette liste à deux pages Wikipédia, la page en français Législation sur le cannabis et celle en anglais Legality of Cannabis.

Il est déplorable que le ministre français annonce que la possession de quantités même minimes de cannabis entraînera désormais une amende alors que ce n’est pas autre chose que la loi française, qui restait donc inappliquée en vertu de décisions échappant complètement au législateur et prises même contre son expresse volonté (et donc illégales). Cette tolérance, cette libéralité sur laquelle le gouvernement entend aujourd’hui revenir aurait été bonne si, dès lors qu’elle était contraire à la loi, la loi avait été changée pour la rendre possible en toute transparence, car alors le gouvernement aujourd’hui devrait à son tour changer la loi, donc avoir un débat national sur le sujet, et n’aurait pas simplement à remettre les textes existants en vigueur sans rendre de comptes à personne pour cela. Cela montre la veulerie et la fourberie des précédents gouvernements qui, au mépris de la loi, exigeaient cette tolérance de l’administration plutôt que d’engager un processus de réforme de la loi. La police française se voit ainsi doter d’un immense pouvoir arbitraire, personne ne pouvant dire ce qu’elle fera en présence de consommateurs de cannabis et personne ne pouvant jamais rien lui reprocher en la matière : si elle harcèle le consommateur, c’est la loi ; si elle le laisse aller, c’est la consigne de tolérance qu’elle a reçue d’on ne sait qui on ne sait quand ni pourquoi. De ce point de vue, et de ce point de vue seulement, la décision du gouvernement de faire purement et simplement appliquer la loi est saine, car seule conforme aux principes de l’État de droit.

On a vu plus haut que le Danemark avait conduit une telle politique par le biais de directives administratives générales, en jouant sur le pouvoir d’appréciation de l’opportunité des poursuites du ministère public. Ce n’est pas acceptable : l’exécution de la loi ne doit pas être un moyen de contourner la volonté du législateur. Le principe d’opportunité des poursuites est une violence de l’exécutif infligée au législateur et qui vide la loi de son sens. Qui plus est, elle incite le législateur à produire des textes d’une extrême sévérité pour répondre à des mouvements d’opinion, le législateur s’assurant que l’opportunité des poursuites en mitigera de toute façon l’application. On a également vu plus haut (cf La nuit des masques 3) que le législateur peut se servir du pouvoir d’opportunité du parquet pour écrire des lois échappant à la censure internationale pour discrimination tout en s’en remettant à l’exécutif en vue de les appliquer de manière discriminatoire. Tout cela est vicieux et lamentable et conduit inévitablement à l’effondrement de l’État de droit.

Tant que la loi n’est pas appliquée, ou plus exactement, en l’espèce, tant que la loi est violée par son exécution, la France n’est pas un État de droit.]

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Un État qui nie ses violences policières n’est pas un État de droit.

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Des lyncheurs au pouvoir

Une adolescente de 17 ans a été tondue et frappée à Besançon par ses parents, son oncle et sa tante. La raison de ce déchaînement de violences : elle fréquente un jeune homme de confession chrétienne. Les membres de la famille de la victime ont été placés en garde à vue. (L’Est Rép.) (Brèves de presse)

La jeune fille, arrivée de Bosnie-Herzégovine il y a plus de 2 ans avec sa famille, entretenait depuis plusieurs mois une relation avec un garçon d’origine serbe qui vivait dans le même immeuble, à Besançon. (France 3) (Brèves de presse)

Chaude ambiance chez les macronistes sur Twitter [entre un ex-soutien de LREM et une ministre en poste] au sujet de l’affaire de Besançon… (Brèves de presse) [avec citation des tweets du député « ex-soutien de LREM » et de la ministre]

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L’autorité judiciaire est seule juge du cas particulier mais ces membres du législatif et de l’exécutif s’expriment comme des membres du pouvoir judiciaire (« doivent être condamnés » etc) et, en fait, comme de sombres individus embarqués dans un lynchage, une lynch mob.

L’intention du député était bonne mais son second tweet, pour mettre les points sur les i, l’a jeté dans la lynch mob avec les autres. Or ce n’est pas à lui de dire si, dans ce cas particulier dont personne ne sait quasiment rien à ce stade, ces gens « doivent être condamnés ».

C’est au terme du procès que les circonstances du cas particulier auront été établies. À ce stade, le lynchage auquel se livrent avant tout jugement l’exécutif et des membres du législatif vis-à-vis de ces personnes me fait dire que celles-ci sont lynchées parce que Musulmanes.

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« À ce stade personne ne sait quasiment rien. » Je précise cela. Les médias ne font que relayer un rapport de police sur lequel s’appuie un acte d’accusation. Si cela suffisait à établir les faits et à dire le droit, les tribunaux n’existeraient pas. À bon lyncheur salut.

Des dirigeants politiques, de l’exécutif et du législatif, insultent des personnes présumées innocentes (parlent de « bourreaux », etc) sur la foi d’un rapport de police, comme si les tribunaux n’existaient pas pour établir les circonstances des cas particuliers. C’est navrant. Il est temps d’interdire rigoureusement aux membres de l’exécutif et du législatif de s’exprimer sur des cas particuliers devant être connus du seul juge.

« Le juge », ça peut être un magistrat ou collège de magistrats mais aussi un jury, c’est-à-dire le peuple (des représentants du peuple désignés par tirage au sort). Un « gouvernement des juges » serait encore un gouvernement du peuple.

iii

Justement l’autorité judiciaire avait déjà tranché, la reconduite était prévue avant le lynchage de la gamine. (Fatigué !!!)

Il semblerait que l’administration attende encore un jugement. Préfecture : le statut de réfugiés pourra leur être retiré « en fonction du jugement ». Et ministre : « Dès la fin de la procédure judiciaire, ils seront reconduits à la frontière car ils n’ont rien à faire sur le territoire national. »

Cette famille était sous le coup d’une OQTF [obligation de quitter le territoire français] car sa demande d’asile lui a été refusée en fin d’année dernière. C’était déjà décidé depuis un bail ! Il [le ministre] ne fait que dire que la décision sera appliquée, rien d’exceptionnel. (Ibid.)

« Dès la fin de la procédure judiciaire » plus un verbe au futur signifie au contraire que la décision n’est pas encore prise : le ministre attend un jugement sur la « tonte ». Peut-être n’y a-t-il pas lieu d’attendre ce jugement, dans ce cas il fait erreur et peut agir sans attendre.

Il y a donc bien une façon de vous donner raison (mais la formule de la préfecture « en fonction du jugement » l’exclut), ce serait que le ministre veuille dire : « Dès que la procédure judiciaire sur la tonte sera terminée, et quel qu’en soit le résultat, ces personnes seront reconduites à la frontière. » Dans cette hypothèse, le ministre considère que la procédure judiciaire ouverte entre-temps suspend temporairement la reconduite (l’expulsion) prévue depuis avant les faits nouveaux intervenus. Ainsi, des étrangers devant être reconduits et voulant rester sur le territoire, gagner du temps n’auraient qu’à commettre un délit ! Et avant que la procédure pour ce délit soit close, commettre un nouveau délit mineur, et ainsi de suite.

De plus, si l’OQTF portait sur tous les membres de la famille, cela incluait la fille. Désormais, du fait qu’elle soit victime, la fille restera en France. La tonte ne serait-elle pas une mise en scène pour lui permettre de vivre en France au lieu de subir l’expulsion avec les autres ?

iv

Une reconduite était donc déjà prévue pour cette famille. Puis survient la tonte, et la fille restera en France. Quelle aubaine d’être tondue à quelques semaines d’une reconduite ! Belle mise en scène pour permettre à un membre de la famille de faire son avenir en France.

Si c’était le cas, le rapport de police et l’acte d’accusation relayés par les médias et qui ont déclenché ce tollé et ces débordements d’énergumènes, ne seraient qu’un tissu d’âneries par des demeurés. Le procès le dira.

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On ne voit pas bien comment les minorités, quelles qu’elles soient, seraient de grand cœur pour le « régime majoritaire ».

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Quand les médias français, comme la chaîne Arte, appellent Loukachenko « le dernier dictateur d’Europe », je crois comprendre que la Russie n’est pas en Europe…

(La Biélorussie serait en Europe mais pas la Russie ?)

Poutine gouverne depuis 1999 en Russie et envoie lui aussi ses opposants en prison avant les élections. Mais lui a dressé les médias français.

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Selon les médecins allemands qui l’ont examiné, l’opposant russe Alexeï Navalny a bien été empoisonné. Dernier épisode en date d’une longue série d’empoisonnements politiques en Russie. – Quel opposant « le dernier dictateur d’Europe » a-t-il quant à lui fait empoisonner ?

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The Anglican Church, or Church of England, was created to allow Henry VIII to divorce. Yet Edward VIII had to abdicate because he wanted to marry a divorced woman. Try as I might, I cannot find any sense in this.

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The King’s Speech, Oscar for Best Film, hints at a certain woman at the court, of whose amatory experience the sons of Charles V benefited, but “not together” (or “not at the same time”), that is, they were not having group sex with her. Is Buckingham Palace a bordello? – More precisely, are there women in Buckingham Palace whose function is that of prostitutes at the service of the King’s scions ? If not, why did the Palace not raise objections to the gross distortion? #MeToo

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Il paraît que l’hebdomadaire Valeurs Actuelles vient d’insulter une députée noire. On entend toute la classe politique s’élever pour dénoncer une attaque raciste. Qui parie avec moi qu’il n’y aura aucun procès ? Les lois contre les injures raciales ne s’appliquent qu’aux sans-dents.

Dénoncez, dénoncez le racisme : nous voyons bien que vous ne faites pas appliquer la loi. Comme dit le sage, « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».

Médias, politiciens, commentateurs: « Regardez-nous comment on se fâche contre le racisme ! » Mais ils ne font pas la seule chose qu’il y a à faire vu qu’il existe une loi pénale : saisir le juge.

[Depuis lors, la députée en question a décidé, avec le soutien de son parti, de porter plainte. Je suis donc démenti : la seule chose qui était à faire est faite. Il m’est agréable de perdre mon pari puisque c’était ma modeste façon d’inciter les intéressés à porter l’affaire devant le juge. – Et ce alors même que je suis contre la tendance du droit des publications français.]

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Censure : feindre l’étonnement ?

Moi les hommes, je les déteste, [livre] de Pauline Harmange, est susceptible de « poursuites pénales ». M. R. Z., chargé de mission au ministère délégué à l’égalité femmes-hommes, menace de saisir la justice si l’ouvrage n’est pas retiré de la vente. (Mediapart)

Les gens sur ce fil s’en étonnent. S’ils connaissaient le droit français (le droit de leur pays), ils ne pourraient s’en étonner. C’est comme si personne ne les informait de l’ignoble droit des publications répressif existant en France.

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L’homme qui voulait rétablir la censure préalable (Géraldine Delacroix, journaliste à Mediapart)

La censure préalable a été remplacée par les poursuites pénales, avec peines de prison dans certains cas. Quel progrès. Ce chargé de mission demande un retrait sous peine de poursuites ; ça part d’un bon sentiment : « On veut vous éviter un procès. »

Cela part d’un bon sentiment mais semble quand même irrégulier. L’infraction étant commise, il faut que la justice soit saisie.

[On a vu plus haut que le ministère public français avait le pouvoir d’apprécier l’opportunité des poursuites. Cette affaire nous offre un exemple de l’abus que l’on peut faire d’un tel pouvoir, avec un parquet soumis à la hiérarchie administrative et au gouvernement : le gouvernement fait du chantage aux poursuites.]

Ce qui nous conduit au sujet sensible de la politique pénale de l’exécutif : il y a la loi mais l’exécutif pourrait décider à qui elle s’applique (par exemple, là, on pourrait laisser une chance à la dame si elle est gentille). Ce n’est pas autre chose, quand l’exécutif dit qu’il faut un parquet pour qu’il puisse, lui, avoir une politique pénale. Quel naufrage.

La loi Avia, c’est de la censure préalable ; ce chargé de mission s’inscrit dans la tendance. Nous aurons la censure préalable et les poursuites, il ne manquera plus que la peine de mort. Que faites-vous ? Rien, vous êtes contre les méchants dont les mots tuent. Les mots de ce livre peuvent tuer, il faut croire.

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Littérature : Les dix petits nègres, le célèbre roman d’Agatha Christie [sic : le titre français exact était Dix petits nègres et non Les dix petits nègres] s’appellera désormais Ils étaient dix dans sa version française. (RFI)

N’oubliez pas de récrire aussi le contenu. Un livre, ce n’est pas qu’un titre et le reste est à l’avenant de ce que vous feignez ne pas aimer.

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Ce changement de titre, c’est depuis que Macron a dit : « Ça devient les dix petits nègres » (en parlant du Homard Gate) ? Notre président aurait-il dit une chose malséante ?

#Scoop Le roman d’Agatha Christie Dix petits nègres va être renommé Le kwassa-kwassa pêche peu sur ordre du Président de la République. #mdr

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Le Nègre du Narcisse, par Joseph Conrad (Bibliothèque de la jeunesse) (The N*** of the Narcissus)

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Il paraît qu’en France il est bien moins probable de mourir assassiné pour des caricatures de l’islam que d’être condamné pénalement et de perdre son gagne-pain pour des caricatures d’hommes qui aiment les hommes.

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Il est de bon ton de se réclamer du général de Gaulle, de tenter d’en capter l’héritage en vantant son courage et sa probité. Et si, plutôt que de le citer en permanence, les politiques français s’inspiraient de sa probité morale ? (Anticor45)

Une probité légendaire et urbaine ? D’un président qui abusait de la procédure draconienne du délit d’offense au chef de l’État, nous n’avons que la version de ses laquais.

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Le délit de provocation à l’usage de stupéfiants est caduc du fait de la légalité de partis politiques ayant la dépénalisation dans leur programme.

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A phrase like “Winsconsin self-defense laws” strikes me as odd. How could a U.S. citizen taking a trip through his country know all States’ self-defense laws? He’ll never be sure whether his behavior is self-defense or homicide according to the state. Say I’m from State X and shoot a man in self-defense in State Y (where I was only for a couple of days), so that according to State X my conduct is SD but according to State Y it is imperfect SD or no SD. I say you can’t apply State Y’s law to me. What do you say?

Instead of ‘homicide’ I guess I should have said ‘manslaughter’ (or murder)–but why not say homicide after all? The principle would then be: In case of self-defense there is no homicide, only a dead man.

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Montesquieu: How Singles Degrade Marriage

“Dutch authorities advise single people to stick to one sexual partner during the pandemic.” (Source : BFMTV « Pays-Bas : les autorités conseillent aux célibataires de se trouver un partenaire sexuel exclusif pendant l’épidémie », mai 2020)

If I were them, I’d give the same advice to married people.

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There are lines in Montesquieu’s Spirit of the Laws (Book XXIII, ch. XXII) I’d like to quote, perhaps as a form of philosophic Singlism: “It is a rule drawn from nature that the more we diminish the number of marriages that could be made, the more we corrupt those marriages that have actually been made; the less married people are in numbers the less fidelity there is in marriage; just like the more thieves there are the more thefts occur.” (My translation of: « C’est une règle tirée de la nature que, plus on diminue le nombre de mariages qui pourraient se faire, plus on corrompt ceux qui sont faits ; moins il y a de gens mariés, moins il y a de fidélité dans les mariages ; comme lorsqu’il y a plus de voleurs, il y a plus de vols. »)

Thus, single people would be responsible for degrading the quality of actual marriages. They would be responsible no matter what they do as individuals; whether the individual seduces or is seduced by married persons or not, their sheer numbers would be a “natural” cause of degradation in the quality of marriage, their mere existence would provide the room in question.

Two married persons from two different pairs can commit adultery with each other, yet, for some reason, which he leaves undiscussed, Montesquieu implies it is less likely than adultery between one married and one single person. Even more, his “natural” law could not be sustained at all without another underlying law, namely that married people will hardly commit adultery with other married people or at least not insignificantly less than with singles.

In fact Montesquieu does not leave his reason wholly undiscussed as I think he somewhere hints at a disciplining virtue of marriage. So the law amounts to saying that surrounded by undisciplined people disciplined people slacken off. ‘Surrounded by’ or rather intermingling with (as ‘surrounded by’ could mean that the disciplined keep the undisciplined at a distance, something they would do in order precisely not to mingle with them and not to be tempted to slacken off).

If such a ‘’law drawn from nature’’ obtains, then, if I am not mistaken, it is evidence in favor of the penalties against singles that Dr Bella DePaulo has been exposing in her articles and books.

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God Bless America

Qui, en France, dit que la France est un pays libre ? Ceux qui sont payés pour le dire.

Et ses écrivains, qui font des phrases, révolutionnent l’art dans une prison.

« En matière de presse, il n’y a réellement pas de milieu entre la servitude et la licence. » (Tocqueville, De la démocratie en Amérique) – France : le choix de la servitude.

Il n’y a pas d’auteur dont les « potards » (Sciences Po) entendent plus parler dans leurs classes de science politique que de Tocqueville. Mais aucun d’eux ne le connaît.

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Journal onirique 6

Période : février-mars 2020. (Une partie de ce journal est donc un journal onirique de confinement.)

N.B. Je randomise complètement, par des jets de dés, les initiales des prénoms de personnes que je connais apparaissant dans mes rêves.

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Dans un futur proche, la pollution de l’air rend impossible de pratiquer des sports de compétition sans un certain équipement individuel qui permet aux sportifs de maintenir dans l’organisme un niveau suffisant d’oxygène exploitable. Sans cet appareil, que la personne doit porter en permanence, rien que le trajet entre le domicile et l’installation sportive, même en bus, fait perdre à la personne 80 % de son oxygène utilisable, ce qui l’empêche de réaliser la moindre performance sportive.

Arrivant en bus dans un stade, j’entre avec d’autres dans une piscine couverte. Tous les couloirs du bassin sont pris, sauf celui le plus à gauche. Je comprends qu’il ne va pas être possible pour moi de nager aujourd’hui, car je n’ai pas l’appareil en question : en effet, même pour faire du sport en tant que simple loisir, les personnes dotées de l’appareil sont privilégiées par rapport aux autres pour l’utilisation des équipements sportifs. Deux jeunes dans la même situation que moi décident de tenter leur chance et s’avancent vers l’autre bout de la piscine en longeant le couloir de gauche inoccupé. Le maître-nageur les arrête et leur demande de montrer leur poison cleaner (épurateur de poison), c’est-à-dire l’appareil que j’ai décrit. L’un des deux jeunes, parce qu’il ne possède pas l’appareil et que cette discrimination l’exaspère, répond de manière impertinente : « I’m on top of it. » (Je suis dessus, dans le sens : Où est mon appareil ? Pourquoi me poser la question puisqu’il est évident que je suis dessus ; alors que le jeune n’est sur rien d’autre que sur le sol). Cette réponse lui vaut d’être jeté tout habillé par le maître-nageur dans le couloir inoccupé du bassin. En essayant de se retenir à l’autre jeune, il entraîne ce dernier dans sa chute ; les deux se retrouvent à l’eau. Comme ils protestent contre ce traitement, le maître-nageur continue de les humilier en les empêchant de sortir du bassin et même en leur enfonçant la tête sous l’eau quand ils s’approchent du bord.

Bien que familier, dans le futur proche dont il est question, chez toute personne investie de la moindre parcelle d’autorité, ce comportement m’écœure, et je ressors, non sans décocher, pour tenter de faire honte à ce maître-nageur que je suppose être un bon patriote américain (les dialogues en anglais indiquent que nous sommes aux États-Unis) : « Commie stuff ! » (C’est un truc de communiste.)

Il se peut que cette remarque serve à décrire non pas tant, à son attention, le comportement sadique du maître-nageur que la scène tout entière dont je viens d’être témoin, et que ce mot d’humeur soit donc plutôt un jugement sur un film que je serais en train de regarder (tout en jouant dans ce film un rôle secondaire), une contre-propagande à de la propagande capitaliste-autoritaire à destination des patriotes américains, la décrivant sous les traits de l’ennemi.

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À vélo je cherche à me rendre dans une communauté hippie libertaire en bordure de Paris. Je traverse toute la capitale à vélo pour cela, et le trajet est en pente sur une bonne partie du chemin, ce qui est à la fois spectaculaire, grâce à la vitesse que je peux acquérir, et dangereux, m’obligeant à freiner longuement à intervalles réguliers. Je me dis en outre que le retour sera compliqué. Alors que le soir tombe, je sors de la ville en débouchant d’un tunnel en pente lui aussi, et la route est à présent entourée d’épaisses broussailles. Un panneau indique la présence à peu de distance de la communauté d’El Lobo (le loup ?) ou de La Lobo (pour lobotomie ?). Je descends de vélo à l’entrée du chemin qui, se perdant entre les broussailles, me paraît conduire à la communauté. Sur ce chemin, je croise deux hippies qui me confirment que je suis sur la bonne voie, et j’arrive à bon port.

Voyant tout d’abord une hippie préparer un stand de vente, je lui demande si je peux trouver ici des space cakes (gâteaux au cannabis). Elle me répond que non, que c’est ce que beaucoup de touristes demandent mais que les membres de la communauté n’en vendent pas, ni ne vendent de cannabis. Peut-être qu’elle me répond cela me prenant pour un policier, ou qu’elle prend de prime abord tout inconnu pour un policier potentiel.

Je poursuis ma visite par le marché, derrière deux autres touristes, dont l’un remarque à voix bien haute qu’on ne trouve que de la bimbeloterie pour touristes. Les stands présentent en effet des objets standardisés estampillés hippies que l’on trouve un peu partout ailleurs ; la hippie à qui j’avais demandé des space cakes avait d’ailleurs fait allusion à cette invasion. Les tenanciers de ces stands ont l’apparence classique des faux hippies, avec des cheveux longs mais attachés, et le reste à l’avenant, tout ce qu’il y a de lisse et net. Comme ils sentent que je les observe en me faisant ces réflexions, je perçois une certaine gêne chez eux à jouer, par intérêt lucratif, ce rôle fictif de libertaires qu’ils ne sont pas et ne seront jamais. Quoi qu’il en soit, il semble bien que le touriste venant visiter la communauté en soit pour ses frais, que la plupart ne verront que ce que les marchands du temple leur laisseront voir.

La nuit tombant, on allume des guirlandes d’ampoules électriques. Malgré ce que j’ai dit plus haut, il me semble tout de même voir quelque chose d’authentiquement hippie dans une représentation théâtrale en plein air et en allemand donnée par trois femmes aux longs cheveux déployés, sans doute d’origine teutonique.

Par ailleurs, un hippie qui semble lui aussi authentique m’invite à goûter d’un fruit qui ressemble à une pastèque et que la communauté, me dit-il, cultive. Quand j’ai mangé la chair, je lui demande où jeter, non pas l’écorce, mais ce qui ressemble plutôt à un gros noyau ayant l’aspect d’une bûche de bois. Il me dit de ne surtout pas le jeter car cela se mange. Il m’invite donc à manger du bois ! Pour ne pas le vexer (de plus, d’autres hippies nous regardent), je mords dans la bûche et parviens à en détacher un morceau, que je commence à mâcher. Ce n’est pas mauvais, bien que coriace. Je dis que cela a goût de nougat, et ma comparaison paraît être appréciée.

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Dans un salon avec beaucoup de gens, une mouette sur le parquet cherche à grimper sur moi : elle saute sur ma jambe et s’y agrippe à l’aide de ses pattes, puis entreprend de monter en battant des ailes. Je l’écarte en essayant de ne pas la blesser. Puis un jeune chat réalise une véritable prouesse : courant à travers le salon pour prendre son élan, il grimpe au mur grâce à la vitesse acquise, puis court au plafond sans tomber, également avec la vitesse acquise, le traversant tout entier en diagonale avant de redescendre par le mur opposé. Ayant accompli ce fait insigne, il me regarde. Je m’étonne que les autres personnes présentes ne soient pas plus impressionnées par ce que nous venons tous de voir.

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Un film sur la guerre du Pacifique (1941-1945) du côté japonais.

Trois amis japonais font connaissance de leurs fiancées japonaises à Paris. Ce sont des jeunes gens cultivés, idéalistes, bohèmes. Quand la guerre est déclarée, les trois amis sont envoyés au front.

Contre les Américains, l’aviation japonaise a mis au point un avion spécial : quand cet aéronef parvient au-dessus d’un porte-avions, il se transforme en étoile à quatre branches et se laisse tomber pour crever le pont avec l’une des branches, faisant exploser le porte-avions. On en voit un en action ; c’est en quelque sorte un Goldorak ou Transformer avant l’heure.

Dans ce combat, deux des trois amis sont noyés ensemble : ils s’enfoncent côte à côte dans l’eau verte, communiant au moment de mourir dans la pensée de leurs chères fiancées Kuroke et Kuryûku.

Le troisième survit à la guerre : il est prisonnier des Français qui sont de retour en Indochine, utilisé comme interprète par l’administration militaro-judiciaire et traité par elle en esclave. Or la famille de sa fiancée s’était établie en Indochine. Les deux n’ont plus de nouvelles l’un de l’autre. Nous voyons la fiancée : sa coupe de cheveux rappelle les Années folles et montre assez qu’elle pas la mousmé traditionnelle. Comme elle se rend à l’administration française pour certaines démarches relatives à la situation de ses parents, les deux se retrouvent : c’est lui, alors qu’il est en train d’officier comme interprète, qui la voit le premier, tandis qu’elle regarde le ciel par la fenêtre avec une profonde mélancolie.

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Tout est en verre dans la caverne. Le gris est dans l’obscurité. (Tiré des Aphorismes de Hegel)

À table, une discussion s’engage sur la philosophie. R. (♀) dit qu’elle ne comprend pas pourquoi Hegel est si connu tandis que Max Ethiops l’est si peu, alors que, selon elle, l’un a écrit la même chose que l’autre. Je souris à part moi car, ne connaissant pas cet Ethiops, je ne pense pas non plus, à l’instar de Schopenhauer, que Hegel a sa place dans une discussion sur la philosophie. Par la fenêtre, je regarde dans le jardin un massif multicolore d’énormes roses pompons.

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Il est un degré de maturité intellectuelle qui ne permet plus l’épanouissement de l’homme. (Pensée attribuée à J.-L. Mélenchon)

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On ne meurt pas femme.

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I. et T. (2 ♀) discutent de manière mystérieuse pour moi du « Tex-Zaberg » (test de Tex et Zaberg). Mes demandes d’explication sur ce point sont à plusieurs reprises ignorées, puis T. me répond : « C’est le test pour les mariages… » Elle ne termine pas sa phrase mais je la complète moi-même, venant de comprendre : « Pour les mariages bostoniens. » Un mariage bostonien est, depuis le roman Les Bostoniennes (1886) de Henry James, une manière de décrire deux femmes vivant ensemble, sans cohabitation charnelle. Dans ce rêve, je l’emploie comme une manière de décrire deux personnes vivant ensemble sans cohabitation charnelle quel que soit leur sexe, donc, aussi bien, un homme avec une femme. Le test de Tex-Zaberg est un instrument des sciences psychologiques permettant de déterminer si une relation de cette nature entre deux personnes peut durer, car I. est inquiète à ce sujet, vivant avec un homme en « mariage bostonien ».

Note : On ne parle plus de mariage bostonien et, sauf si ce phénomène n’a jamais existé dans la réalité ou s’il a cessé d’exister un jour, il faut croire qu’il est aujourd’hui appréhendé sous une autre étiquette ; il me semble alors que ce doit être l’étiquette LGBT, à savoir que des femmes et des hommes vivant ensemble (femme avec femme, homme avec homme) sans cohabitation charnelle passent pour former des couples homosexuels bien qu’ils n’aient pas de rapports sexuels. Or les raisons autres que sexuelles pour vivre en couple ne peuvent manquer dans des sociétés caractérisées par ce que le professeur Bella DePaulo appelle le préjugé de singlism, qui discrimine, en particulier financièrement, les personnes vivant seules.

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Dans le train où je suis assis, un homme qui vient de monter reste debout près de ma place, manipulant une sorte de gros fil. Quand le train redémarre, il me demande s’il peut s’assoir sur le siège à côté de moi. Cette demande m’étonne car le wagon est peu rempli et ce monsieur pourrait trouver un duo de places entièrement libre, mais je me conforme à la plus élémentaire courtoisie et l’invite à s’assoir, en retirant mon manteau du siège où je l’avais posé et que l’étranger souhaite occuper. Cet étranger descend du train une ou deux stations plus loin, après que nous avons échangé quelques paroles banales.

À une autre gare monte un groupe de trois hommes, et là encore, bien qu’il y ait toujours de nombreuses places libres dans le wagon, l’un des trois me demande s’il peut s’assoir à côté de moi, et les deux autres prennent également place à peu de distance. Le nouveau venu cherche à me faire parler de mon précédent voisin dès qu’il a réussi à me faire dire que j’ai eu un autre voisin avant lui dans ce train. Je comprends alors que j’ai affaire à des phanségars : le précédent passager était en mission pour me tuer (la pelote de gros fil qu’il manipulait était son arme de mort, avec laquelle il devait m’étrangler). Les trois autres s’attendaient à trouver mon cadavre et cherchent à présent à comprendre pourquoi leur co-sectateur n’a pas mis le plan à exécution.

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Trois petites frappes. L’un d’eux rencontre une fille et décide de se ranger avec elle. Les deux autres lui jouent un tour : ils le forcent avec leur voiture à reculer avec sa voiture, les deux voitures nez à nez. C’est leur façon de dire adieu au lâcheur. C’est aussi de cette manière que d’autres voyous, plus tard, s’en prennent à ces deux-là : avec leur camionnette ils acculent leur véhicule contre un mur, puis deux hommes sortent de la camionnette et tirent à bout portant sur la voiture, dont les vitres transpercées par les balles se couvrent de sang.

De son côté, le troisième ne s’est pas vraiment rangé. On le voit en débardeur dans son intérieur pauvre, avec sa femme et leur bébé. Il quitte fréquemment son foyer avec un pistolet qu’il tient caché. Dehors, il lance des appels mystérieux depuis une cabine téléphonique, des menaces. On apprend qu’il fait désormais partie de la bande d’un parrain local. Un jour, celui-ci tient à lui parler car il considère que la petite frappe fait des choses en douce, dans le dos du parrain et pour son compte personnel. Il le rencontre en même temps qu’un autre voyou, plus ancien, également coupable de manquements, et que le parrain commence par faire avouer. Sur les aveux du voyou, le parrain le tue d’une balle dans la tête.

C’est alors que je réalise que c’est un film que je suis en train de regarder depuis une salle de cinéma vétuste et qui reste éclairée pendant la projection. Je ne suis pas assis sur un siège mais à même le sol, devant l’écran, faute de places. Des spectateurs parlent en même temps que le film ; j’en avise un groupe et leur dis que le film n’est pas fini. Ils me répondent qu’ils sont justement en train d’essayer de faire taire ceux qui parlent pendant. Cela devient le brouhaha dans la salle car tout le monde parle pour faire taire ceux qui parlent pendant le film. Finalement, un spectateur à la voix de stentor parvient à imposer le silence en proférant des menaces de mort. Dans la mesure où il se pourrait très bien qu’il me prenne pour un de ceux qui ont parlé pendant le film, j’éprouve de la nausée en entendant ses menaces. Je souhaite cracher pour m’en soulager mais en suis incapable en raison, découvré-je, d’une pierre noire et plate qui se trouve sous ma langue (et qui pourrait être la véritable cause de ma nausée). J’extrais cette pierre avec les doigts et la jette devant moi, mais, fasciné par ce bézoard improbable, je le ramasse pour l’examiner plus attentivement.

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Vagabondage picaresque dans une Espagne du temps passé.

Je trouve sur mon chemin une guitare (instrument dont je ne sais pas jouer) et j’en effleure les cordes du bout des doigts. Ce geste me révèle alors l’essence de cet instrument, qui est la même que celle de la harpe. Il faut avoir les doigts les plus légers possibles pour exprimer toutes les harmoniques des cordes, et, fort de cette intuition, il me semble produire en continuant d’effleurer la guitare une musique céleste. Un enfant du village, qui s’étonne de cette façon de jouer inhabituelle, veut me montrer comment ils jouent ici, et produit un affreux tintamarre en balayant les cordes du poing plus que des doigts. J’essaie de lui faire comprendre que cette manière de jouer traditionnelle n’est pas la bonne, ce dont il éprouve quelque honte.

Quand je poursuis mon chemin, il décide de quitter son village et de me suivre dans mon vagabondage. Nous rejoignons d’autres picaros et le soir, au moment de nous coucher tous à la belle étoile, je présente à mon nouveau compagnon le chat du groupe, un chat blanc appelé Poisson-Lune. Mais le gamin fait à propos de Poisson-Lune des remarques désobligeantes qui me conduisent à penser que c’est de la mauvaise graine.

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Je décide d’assassiner un enquêteur importun venant mettre son nez dans mes affaires. Je le tue puis découpe son cadavre en morceaux avec une scie, en commençant par les chevilles et les poignets, et vais jeter les morceaux dans une tourbière à quelque distance du château (car je suis dans ce rêve une sorte de baron Frankenstein). En revenant au château, par un chemin de forêt au beau milieu d’un automne de conte de Grimm (les feuilles des arbres sont orange), je crois voir quelqu’un au bout du chemin et me rends compte que j’ai toujours la scie à la main, ce qui pourrait me dénoncer à un témoin. Je me précipite alors dans les taillis au bord du chemin et cache la scie sous un tas de feuilles mortes, puis retourne sur le chemin, où il semble n’y avoir personne ; mon imagination m’aura joué un tour.

Aux abords du château, un autre enquêteur, accompagné d’un simple agent en uniforme, est en train de chercher le corps de son collègue disparu, celui que je viens de tuer, dans des herbes hautes de la propriété. Je me doute qu’il sait que je suis l’assassin de son collègue mais je suis déterminé à ne pas me trahir ni à lui laisser trouver la moindre preuve matérielle de ma culpabilité. Je passe à côté de lui sans qu’il cesse sa recherche, et je ne le salue pas non plus.

Un peu plus tard, il me rejoint au château pour m’interroger. Je l’accueille dans un salon où mes tableaux sont exposés (car dans ce rêve je suis aussi peintre à mes heures perdues). Or voilà qu’il commence à trouver de l’intérêt à mes peintures et à en faire devant moi une longue analyse psychologique (plutôt qu’esthétique). Ce comportement n’est pas sans me troubler mais je me rassure en pensant qu’une telle analyse ne peut produire aucune preuve de culpabilité et qu’il cherche seulement à me déstabiliser. Or il y parvient puisque je finis par le rouer de coups avec ma canne, le tuant à son tour, en hurlant pour me justifier que les chrétiens ont massacré des milliers de musulmans (pendant les Croisades) et que ses leçons de morale sont donc très déplacées.

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Je rends visite à une communauté hippie établie dans un château. Il s’y trouve un personnage étrange, colossal et vaguement difforme, aux longs cheveux blond pâle, qui fait office de DJ. Alors que je me promène seul sur les créneaux du château, je le vois marcher devant moi, de sa démarche un peu grotesque, pressé de disparaître de mon champ de vision. Je rejoins un groupe de hippies qui disent vouloir me présenter « le troll », car ils m’assurent qu’un troll vit avec eux. Comme je leur réponds qu’un troll est une créature légendaire qui dans la réalité n’existe pas, ils se récrient et insistent qu’un troll vit dans la communauté ; alors je fais mine de les croire, et, subodorant qu’ils prennent pour un troll l’étrange personnage dont j’ai parlé, au physique particulier, je dis : « C’est un grand blond, n’est-ce pas ? » Ils confirment que mon intuition est la bonne. S’agit-il d’un véritable troll ?

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L’apocalypse s’est produite, la Terre est dévastée. Je me retrouve seul avec un compagnon d’infortune dans un vaste hôpital sombre et abandonné. Nous avons survécu, mais comment allons-nous à présent nous maintenir en vie dans ce monde désert ? Dans le coin d’une pièce vide, je trouve, remplissant un trou dans le sol, un tas de cachets de paracétamol et me réjouis de cette trouvaille devant mon compagnon. Or ces cachets ont été rassemblés là par un autre occupant de l’hôpital désert, un adolescent, qui se découvre à nous à cette occasion (pour réclamer le paracétamol qu’il avait entassé là comme un écureuil des noisettes). Nous l’interrogeons et apprenons qu’il survit en ces lieux grâce à un stock de poches de sang qu’il a trouvé dans une autre aile de l’hôpital, c’est-à-dire qu’il survit en buvant du sang humain. Le stock est selon lui suffisant pour vivre de longues années dans l’hôpital. Je blâme cette forme de vampirisme et explique qu’il nous faut sortir de l’hôpital pour tenter de retrouver d’autres survivants. C’est notre devoir en tant qu’hommes : recréer les bases de la civilisation. Cependant, les deux ne sont guère enthousiastes. Le premier est tenté d’adopter la philosophie de l’adolescent et de profiter du stock de poches de sang, et de son côté l’adolescent me rétorque que notre devoir en tant qu’hommes ne peut être ce que j’affirme vu que la civilisation vient de se détruire elle-même.

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À l’accueil de l’hôtel où j’arrive, un palace dans le style art déco, on me donne la clé de ma chambre au cinquième étage. Je prends l’ascenseur avec deux jeunes touristes étrangères. Elles descendent au même étage et je les suis en cherchant ma chambre. Nous traversons tout l’étage sans que je la trouve, tandis que les touristes trouvent la leur, la dernière chambre en sortant de l’ascenseur. Elles me regardent par-dessus l’épaule d’un œil sombre, me prenant pour un pervers. Je rebrousse chemin et continue de chercher, mais ma chambre est introuvable. En me fondant sur un raisonnement déductif à partir des numéros de chambre trouvés sur les portes de cet étage, qui présentent pourtant la plus grande absence d’ordre imaginable, entre 8 et 1600, je conclus que ma chambre est en réalité à l’étage supérieur.

Je reprends donc l’ascenseur. L’étage supérieur n’est pas le 6e (qui n’existe pas sur les boutons de l’ascenseur) mais le 7e. Au 7e étage, je me pose à une espèce de bar ou comptoir qui se trouve là et déplie une carte de l’hôtel qui m’a été donnée à l’accueil avec la clé de ma chambre. Pendant que j’examine ce plan, une femme de chambre en tenue très sexy me demande si j’ai besoin d’aide. Nous lions conversation, puis elle va faire le ménage dans la chambre à côté. Un groupe de jeunes clients de l’hôtel l’y rejoint, après que l’un d’eux l’a appelée devant moi : « Gisèle ! » (ou Gisele en allemand). Je les entends bavarder par la porte ouverte, contrarié par l’idée d’une possible orgie entre eux. Ayant trouvé ma chambre sur la carte (il faut que je monte encore deux étages), je quitte l’endroit, en décidant en mon for intérieur que la femme de chambre et les touristes ne feront que bavarder.

Quand j’arrive devant l’ascenseur, l’étage est tout à coup plongé dans le noir à cause d’une coupure de courant, et les ascenseurs ne marchent plus ; il faut que je prenne les escaliers, qui continuent, eux, d’être éclairés. Deux étages plus haut, je sors des escaliers et me retrouve sur une terrasse où des clients fument des cigarettes. On me dit là qu’il faut traverser la terrasse pour accéder aux chambres, ce que je fais, me retrouvant alors dans un grand hall de gare, elle aussi dans le style art déco. J’aborde une passante et lui demande si nous sommes dans un hall de gare, ce qu’elle confirme. Je m’enquiers alors si elle sait où se trouve ma chambre d’hôtel. Elle m’invite à la suivre et, en sortant de la gare, me montre à quelque distance une passerelle qu’elle dit conduire aux chambres de l’hôtel. Elle est prête à me montrer le chemin jusqu’à cette passerelle. En nous y rendant, nous passons devant un orchestre de plein air, dans un kiosque sur la place, qui, avec des musiciens du troisième âge, joue une musique plutôt mauvaise. Je demande à mon accompagnatrice si c’est là l’orchestre de l’hôtel mais elle n’ose répondre. En chemin, je me fais la réflexion qu’il est étonnant qu’elle prenne tant de peine pour un parfait étranger, mais il faut reconnaître que le chemin pour accéder à la passerelle est loin d’être simple.

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Un adepte du snorkeling pratiqué nu me recommande le nudisme. Pour moi qui dans mon enfance ai pratiqué le snorkeling (avec masque et tuba mais sans palmes) – cela ne s’appelait pas encore snorkeling et n’avait pas de nom, et les noms français que je trouve aujourd’hui sont longs et lourds, nous ne sommes pas un peuple qui cherche à nommer les choses –, qui l’ai pratiqué avec un émerveillement inépuisable, en Méditerranée sur la Côte des roses, pour observer les poissons et ramasser des coquillages, l’idée de la nudité dans cette activité tout à coup m’enchante. En m’imaginant pratiquer le snorkeling nu, j’éprouve un sentiment de grande liberté. Au réveil, je suis convaincu du bien-fondé du nudisme.

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Dans une administration où j’occupais, semble-t-il, un poste important mais où je fus disciplinairement dégradé, on me demande de rafraîchir un tableau d’art contemporain ornant une salle de réunion. Il s’agit d’un grand tableau monochrome rose. Avec un pot de peinture de même couleur, je me mets donc à repeindre le monochrome au rouleau, exactement comme si je repeignais le mur blanc derrière. Bien que le résultat ne puisse pas être un tableau différent (mais seulement un tableau rafraîchi), je me fais la réflexion que ce rafraîchissement est une trahison de l’œuvre de l’artiste, car même si l’on ne pourra voir aucune différence à l’œil nu, un certain scanner pourrait sans aucun doute révéler que les gestes de l’artiste et les miens ne furent pas les mêmes. D’où cette conclusion en forme de théorème de l’art : même si rien, absolument rien ne permet de distinguer deux monochromes à l’œil nu, chaque monochrome est unique.

Sur ces entrefaites, un ex-collègue de la classe importante passe derrière mon dos. Nous nous retournons au même moment et nous faisons face ; il me tend la main, bien qu’il soit toujours, lui, en costume cravate et que je sois moi en salopette de peintre du BTP ; j’en éprouve de la reconnaissance.

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BC : avant la vaccination de Jésus-Christ. AD : après la vaccination de Jésus-Christ.

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On nous sert à manger, à T. (♂) et moi, une chauve-souris au milieu d’une grande assiette blanche. C’est une petite chauve-souris étendue sur le dos, et qui bouge : ses gestes et la physionomie de sa face expriment la souffrance. Je fais remarquer à notre hôte que la chauve-souris bouge mais il répond qu’elle est bien morte et qu’il s’agit seulement de mouvements post-mortem résultant de la friture dans l’huile bouillante. Malgré ces explications, je refuse de manger. T. n’a pas ces scrupules, il saisit la chauve-souris du bout des doigts, l’enveloppe dans ses ailes comme un pâté impérial dans une feuille de salade et, sans la moindre sauce, la croque puis se met à mâcher. Le bruit indique un mets particulièrement croustillant, qui donne envie… Je demande à T. s’il a senti la chauve-souris bouger dans sa bouche, voire dans son œsophage.