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Philo 39 : Vraie science et pseudo-pensée

Vraie science et pseudo-pensée I

La « continuité de la chose vitale » s’est substituée à la séculaire idée de génération spontanée (ou génération équivoque, generatio aequivoca) mais il faudrait, pour qu’elle soit vraie, que la matière vivante fût apparue en même temps que la matière inerte. Autant dire qu’un Big Bang ruine le principe, puisque ce qui apparaît en premier, selon cet axiome de l’astrophysique, est de la matière inerte, et que la vie n’apparaît qu’ultérieurement, donc par une forme quelconque de génération spontanée.

Mais, après rappelé l’importance du principe de continuité de la chose vitale dans les sciences de la vie, notre Jean Rostand national prétend que rien ne permet d’exclure la possibilité de créer de la matière vivante à partir de matière inerte. On n’est pas à une contradiction près. Si l’homme peut théoriquement créer de la matière vivante à partir de matière inerte, qu’est-ce qui empêche en théorie la nature de le faire également, par génération spontanée ? Le fait que la nature n’ait pas de mains ?

J. Rostand indique que Pasteur aussi ne « conclut nullement … à l’impossibilité absolue de la génération spontanée. Il se contente d’affirmer qu’elle ne se produit pas dans les conditions habituelles des laboratoires » (Esquisse d’une histoire de la biologie, 1945). Par conséquent – en passant sur l’expression d’impossibilité « absolue », qui voudrait peut-être nous satisfaire avec la notion d’impossibilité relative –, il n’est nullement permis d’affirmer que Pasteur ait été partisan de la continuité de la chose vitale, du principe omne vivum e vivo (pas de vie sans une vie antécédente), auquel son nom est pourtant associé.

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Vraie science et pseudo-pensée II

Le Muséum de Toulouse, musée d’histoire naturelle, a sur son site internet un article intitulé « Le clonage animal : entre mythes et réalités » de Mme D. Morello, du CNRS, article mis en ligne le 24 novembre 2016.

Selon cet texte, deux raisons font que les clones diffèrent entre eux morphologiquement, comme nous le savons par les animaux clonés (il existe par exemple des troupeaux entiers de vaches clonées). La première est l’épigénétique, à savoir que, les clones étant morphologiquement différents, « c’est la preuve que les gènes ne font pas tout ». Mais la seconde raison est que les mitochondries, organites du cytoplasme des cellules, ont leur propre ADN et que les clones issus d’ovocytes différents ont des ADN mitochondriaux différents. Ainsi, 1) les clones sont morphologiquement différents, et « c’est la preuve que les gènes ne font pas tout » ; mais 2) les clones n’ont pas les mêmes gènes… D’un côté, on nous dit que, dans la mesure où les clones ont le même ADN, les différences morphologiques ne peuvent être expliquées par l’ADN, puis on nous dit que l’ADN mitochondrial respectif des clones est différent, sans que cela remette en cause dans l’esprit de l’auteur la conclusion, prématurée et fausse, tirée de 1).

Il est certain, en réalité, que les différences morphologiques entre clones ne sont nullement « la preuve que les gènes ne font pas tout » puisque, précisément, deux clones n’ont pas les mêmes gènes en raison des différences génétiques de leur ADN mitochondrial respectif. S’il existe une preuve que « les gènes ne font pas tout », elle n’est donc pas dans l’existence de différences morphologiques entre clones issus d’ovocytes différents mais bien plutôt dans les investigations scientifiques propres de l’épigénétique, qui concluraient au-delà de tout doute possible que les gènes ne font pas tout : « L’environnement fœtal, post-natal, l’alimentation, etc., modifient le programme génétique sans affecter les gènes eux-mêmes. »

Sans doute s’agit-il plus d’une faiblesse de l’exposé que d’autre chose, Mme Morello sachant que certains clones ont le même ADN mitochondrial et d’autres des ADN mitochondriaux différents selon les choix faits dans les laboratoires, et c’est seulement l’omission de ces détails qui peut prêter à confusion, sans que cela indique forcément une confusion de grandeur équivalente dans l’esprit de l’auteur.

Mais cette idée que les gènes ne font pas tout n’en reste pas moins, au fond, triviale. Chacun comprend l’importance de l’alimentation, ou de ne pas exposer le fœtus à des substances toxiques, pour le développement de l’organisme. Ce n’est donc pas une remarque très scientifique, puisque, quand on examine le fonctionnement des gènes, on le fait, comme pour l’examen de n’importe quelle question particulière, « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire en l’isolant. À ce compte, les fabricants de cigarettes pourraient également dire, si par hasard ils reconnaissaient un jour la moindre corrélation entre tabagisme et cancer, que « le tabac ne fait pas tout » dans les cancers de la gorge ou des poumons, mais en quoi cela changerait-il notre politique publique en matière de lutte contre le tabagisme ?

(ii)

Le clonage est une forme de parthénogenèse artificielle. À ce sujet, J. Rostand, dans l’ouvrage cité plus haut, rappelle que l’Américain Gregory Pincus, plus connu pour ses travaux sur la pilule contraceptive, réalisa « la parthénogenèse artificielle du Lapin » en 1939, premier cas de parthénogenèse artificielle d’un mammifère (après les oursins et les grenouilles). Il s’agissait, selon une chronologie du clonage publiée sur le site de l’Université Paris-Saclay, de la « naissance de trois femelles lapines par parthénogenèse induite après excitation de l’ovule ». Comme pour le clonage, aucun gamète mâle n’avait été employé pour réaliser une fécondation.

Or, dans un article publié dans Le Monde en ligne le 27 décembre 2002, « Qui se souvient de M. J. ? », A. Pichot, du CNRS, parle, au sujet de l’expérience de Pincus, d’une « expérience difficilement reproductible » et qui « ne fut d’ailleurs reproduite que partiellement par la suite », ce qui est regrettable, compte tenu des exigences de reproductibilité expérimentale en principe attachées à la rigueur scientifique. Sans doute M. Pichot, s’il enseigne, répète-t-il souvent à ses élèves (enseigner, c’est se répéter) la nature des exigences de la scientificité, dont fait partie la nécessaire reproductibilité d’une expérience pour sa validation. Mais on ne perçoit nullement dans son article qu’il soit au courant de ce principe élémentaire, puisqu’une expérience « difficilement reproductible » et qui ne fut « reproduite que partiellement » (expression où l’on a le droit de voir un euphémisme poli) a, semble-t-il, le droit à toute sa considération, alors qu’elle devrait être écartée par des scientifiques sérieux. Quand M. Pichot explique ensuite que ce résultat, forcément suspect en raison de son caractère difficilement reproductible, « donnera lieu à toutes sortes de divagations », il convient de souligner que la première et la plus grande de ces divagations était de prendre au sérieux un procédé de charlatanerie.

« Rien n’a été vérifié à ce sujet, et plus rien n’est vérifiable. » C’est ainsi que M. Pichot conclut au sujet de cette expérience mémorable, dont il ne met à aucun moment en doute la scientificité, encore une fois comme s’il n’avait jamais eu vent des exigences de la scientificité : « Le premier mammifère cloné pourrait donc ne pas être la brebis Dolly, mais, en 1939, les lapines de Pincus et Shapiro (rien n’a été vérifié à ce sujet [!], et plus rien n’est vérifiable [!]). » Ce qui n’a pas été vérifié et n’est plus vérifiable, dans aucune de ses parties (« rien n’a été… », « plus rien n’est… »), n’a aucune place dans l’histoire de la science expérimentale.

S’agissant de la M. J. du titre de l’article, il s’agit de l’unique femme dans l’histoire ayant été officiellement reconnue, à la suite de tests biologiques conduits dans les années 1950, comme conçue par parthénogenèse.

L’auteur conclut don article en disant que M. J., dont plus personne ne parle aujourd’hui (d’où le titre : « Qui se souvient… ? »), a rejoint d’autres « vieilleries », « dans les oubliettes » – ce qui n’est pas très poli s’agissant d’un être humain, même né par parthénogenèse. Seuls les lapins de Pincus, dans une expérience difficile à reproduire, où rien n’a été vérifié, où plus rien n’est vérifiable, ont un droit incontestable à la postérité.

Mais que l’oubli total de M. J. soit dû à un effet de mode a quelque chose de proprement hallucinant, surtout dans la bouche d’un chercheur au Centre national de la recherche scientifique. Quoi, l’on aurait appris que l’être humain peut se reproduire naturellement sans accouplement ni fécondation, sans fusion de gamètes, sans que la dualité sexuelle intervienne le moins du monde, mais cela n’aurait suscité qu’un effet de mode ? Il est bien plus aisé de penser, si l’on écarte un complot masculiniste contre le droit des femmes à se reproduire toutes seules (mais pourquoi pas ?), que cette étude n’a guère été prise au sérieux, bien qu’elle fût présentée, si l’on en croit Pichot, qui reste cependant très vague (il ne donne ni le nom des auteurs, ni celui de la revue, ni même le pays où cela se passe), par des scientifiques tout ce qu’il y a de qualifié, et qui peut-être avaient souvent le mot « pseudo-science » à la bouche quand ils voulaient dénoncer quoi que ce soit. Je ne vois pas comment une telle étude aurait pu, prise au sérieux dans la communauté scientifique, tomber dans l’oubli. Dans ces quelques réflexions, j’ai voulu montrer que les scientifiques n’étaient pas forcément des penseurs de la meilleure qualité, et leurs réflexions pas toujours bien profondes et cohérentes, mais je n’oserais dire qu’ils fussent ineptes au point de laisser tomber dans l’oubli des faits avérés de parthénogenèse naturelle chez l’être humain, même si, pour M. Pichot du CNRS, cette hypothèse ne manque apparemment pas de vraisemblance.

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La critique de la raison en tant que pithanon universel

Dans la philosophie sceptique de Carnéade, de la Nouvelle Académie, le pithanon est une représentation suffisamment persuasive pour qu’un assentiment puisse y être donné. (C’est, dans ce cadre, un moyen de répondre à l’attaque stoïcienne sur l’apraxia du scepticisme. Selon le point de vue stoïcien, la philosophie sceptique ne permet pas en effet d’adopter la moindre ligne de conduite. La notion a donc pour Carnéade un caractère pratique, le pithanon servant de critère à l’action.)

C’est la critique de la raison qui offre le pithanon universel, dans la mesure où, circonscrivant l’usage propre de la raison aux phénomènes, c’est-à-dire excluant la possibilité d’une connaissance des choses en soi, elle permet de donner son assentiment aux connaissances, conformément aux lois de l’entendement via la sensibilité, comme conformes aux phénomènes que nous procure l’entendement.

L’entendement nous procure la sensibilité ; en effet, puisque l’entendement produit la nature en lui prescrivant ses lois, il produit le corps phénoménal par lequel, en tant qu’il est doué de sensibilité, nous recevons une nature via ce corps et percevons une nature extérieure au corps.

Refuser notre assentiment aux sens et aux représentations qui en dérivent ne peut être l’attitude que de celui qui croit que la nature existe en tant que telle en dehors de l’entendement et que ce dernier s’applique à connaître quelque chose en dehors et indépendamment de lui, alors que l’entendement ne s’applique qu’à la phénoménalité à laquelle il donne ses lois et ne peut donc refuser son assentiment, tout en ne pouvant pas non plus, au terme de la critique de la raison, assentir à la notion que ces connaissances s’appliqueraient à la chose en soi en dehors et indépendamment de lui, laquelle existe néanmoins comme substrat nécessaire. L’impossibilité de refuser son assentiment, dans ces conditions et dans ces limites, est le pithanon universel, et c’est ce qui rend possible la science empirique : la science est possible car l’assentiment est nécessaire, l’entendement n’a d’autre choix que d’assentir aux données de la nature en tant que phénomènes.

Le caractère insubstantiel, en tant et parce qu’objectal, du phénomène rend par ailleurs la synthèse inductive, qui est le mode opératoire de l’entendement vis-à-vis du phénomène, nécessairement défaillante au point de vue de la non-contradiction, à savoir que cette synthèse s’appuie, à un moment ou à un autre, via la théorisation, sur une position arbitraire quant à l’une ou l’autre des antinomies de la raison. Cette position est insoutenable au regard de la loi de non-contradiction tout en étant nécessitée par les opérations de l’entendement dans cette synthèse. C’est ce fait qui, admis et reconnu, confirme la prééminence axiologique de la métaphysique malgré la critique de la raison (qui n’a donc nullement pour objet de ruiner cette prééminence), bien que d’une part l’accès à la chose en soi lui demeure fermé et que d’autre part elle soit impropre au travail de synthèse lui-même, qui est la forme de l’autoconnaissance du sujet-objet en tant qu’objet. La métaphysique est la forme de l’autoconnaissance du sujet-objet en tant que sujet. Or la connaissance du sujet-objet en tant que sujet est prééminente par rapport à la connaissance du même en tant qu’objet parce que le sujet-objet n’est objet que par le corps naturel que produit l’entendement, c’est-à-dire le sujet. Dans le sujet-objet, le sujet est premier.

(ii)

Ce n’est pas la volonté qui s’objectifie – thèse de Schopenhauer – mais l’entendement, l’intellect, puisque c’est par l’entendement que nous avons des objets dans la nature, à commencer par un corps sensible.

Le vouloir en soi est non sensible. Or c’est via la sensibilité que nous avons un vouloir d’objets. Le sujet-objet en tant que phénomène est empiriquement un vouloir-vivre via un vouloir d’objets, mais en tant que chose en soi c’est un vouloir non sensible, donc non orienté vers des objets, et par conséquent nullement orienté non plus vers le vivre qui dépend d’objets, c’est-à-dire qui dépend de la nature. C’est, alors, ou bien un vouloir du non-être ou bien un vouloir de la vie sans Sorge après la mort, c’est-à-dire sans l’horizon de la mort présent dans la nature. La croyance en l’au-delà n’est pas due à une quelconque peur de la mort chez le vouloir-vivre naturel mais à un vouloir-mourir à la nature sensible ; et l’incrédulité est un vouloir-mourir absolu.

Néanmoins, en soi le vouloir non sensible ne peut être vouloir d’une vie hors de la nature, car il est hors de la nature (on ne peut vouloir ce qui ne nous manque pas) ; ce vouloir de non-nature n’est qu’un vouloir du sujet-objet en tant que phénomène au service du vouloir en soi, qui ne peut plus être dès lors que vouloir du non-être, ce qui est la thèse de Mainländer, à savoir que l’Un doit passer par l’être phénoménal, naturel, cette nature et cette vie, pour atteindre le non-être, par le biais de la fin du monde. Dans le monde l’Un est déjà terminé en tant qu’un et dans la fin du monde il sera terminé en tant qu’être.

UV Bubble : La bulle ultraviolette

Florilège de textes publiés comme blogueur sous les billets d’autres blogueurs (avril-mai 2020).

La première partie du présent billet est consacrée à l’idée, que j’exprimai pour la première fois le 11 avril 2020, d’un traitement du coronavirus covid-19 et de tous autres virus aéroportés par les ultraviolets – un sujet placé entre-temps sous les feux de la rampe par le président américain Donald Trump.

Sans titre, par Cécile Cayla Boucharel

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I) La bulle ultraviolette

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Certains pays assainissent les eaux avec des ultraviolets (UV) : « Introduction à la méthode de désinfection par les UV. Contrairement aux méthodes de désinfection de l’eau par les produits chimiques, la lumière UV inactive rapidement et efficacement les micro-organismes par un processus physique. Lorsque les bactéries, les virus et les protozoaires sont exposés aux longueurs d’onde germicides de la lumière UV, ils deviennent incapables de se reproduire et perdent leur pouvoir d’infection. » (Société Trojan UV : Water Confidence)

Des lampes UV sont également à la vente pour permettre aux particuliers de désinfecter leurs logements.

Les UV sont une voie possible de prévention des pandémies virales aéroportées. Si, par exemple, on doublait l’éclairage d’un réseau de métro avec des lampes UV, les couloirs de métro, qui présentent de fortes densités de population plusieurs fois par jour, seraient sains. On peut envisager aussi de doubler en UV l’éclairage extérieur des villes ; une certaine proportion de la surface au sol serait ainsi complètement saine, réduisant l’exposition globale de la population de la ville aux virus et donc la morbidité globale au sein de cette population. Cet éclairage UV pourrait n’être activé que de manière saisonnière, par exemple pendant l’épisode grippal annuel, ou bien l’être en permanence. Face à de nouveaux virus pour lesquels il n’y a pas encore de vaccin, cette méthode, pour peu qu’elle soit praticable, présenterait un avantage évident.

L’idée s’inspire, on l’aura compris, non pas des techniques de désinfection d’eau par UV mais des lampes UV qui sont vendues pour désinfecter les pièces d’une habitation et les maintenir saines de « bactéries, virus et protozoaires ». Si c’est possible pour des habitations, cela doit l’être aussi pour tous autres types de bâtiments et infrastructures fermés, privés et publics, voire pour les lieux ouverts. La lumière UV étant invisible (« lumière noire »), un tel système ne créerait aucune gêne oculaire. En revanche, la question des effets sur la santé se pose puisque les UV peuvent être responsables de cancers de la peau, mais des gens font des séances d’UV dans des caissons pour bronzer, et ce type de matériel est agréé : on sait donc doser le rayonnement, et il s’agit dès lors de voir si l’on peut créer un système suffisamment puissant pour prévenir toute pandémie virale sans risque de mélanomes. Les effets possibles sur l’atmosphère et le climat devraient également être étudiés.

Vu que Bill Gates vient de prédire (sur la foi de je ne sais quelles études) des épisodes pandémiques avec de nouvelles souches virales inconnues tous les vingt ans à l’avenir, un système tel que nous le suggérons prend tout son sens si l’humanité souhaite éviter les confinements mondiaux à répétition (avec les conséquences économiques drastiques qui doivent s’ensuivre, comme la crise majeure qui se profile aujourd’hui avec le covid-19). Un tel système gagnerait à être conçu comme le plus complet possible dès l’origine, c’est-à-dire comme une véritable « bulle ultraviolette » autour de la Terre.

(Ce texte, publié sous un article du blogueur Aphadolie, date du 11 avril. La conférence de presse du président Donald Trump où ce dernier a parlé d’UV pour le traitement du covid-19, date du 24 avril.)

ii

Un blogueur considère ma proposition d’utiliser les UV contre de futurs virus à ce jour inconnus (et donc sans vaccin) comme de nature à « affaiblir [l’homme] biologiquement au maximum dans un univers parfaitement protégé, stérile, et survitaminé ».

Il est aujourd’hui avéré que la réponse immunitaire de l’organisme à une parasitose est un stress considérable, dans le sens d’une dépense énergétique du métabolisme. On peut même le dire de toute maladie, jusqu’au moindre rhume : la réponse immunitaire représente une usure du système. Ce qui fait que les personnes âgées tendent vers l’immunodéficience.

Pendant la croissance de l’organisme, cette allocation de ressources pour des réponses immunitaires d’urgence face à des attaques bactériennes, virales ou parasitiques, est de nature à priver le métabolisme d’une partie des ressources qui seraient autrement dédiées à la production de tissus, d’os et de muscles. C’est pourquoi des poulets, par exemple, élevés dans des milieux sans germes acquièrent en moyenne au cours de leur croissance 25% de masse corporelle en plus par rapport à d’autres poulets. (Notez bien que nous ne parlons pas ici d’injection d’hormones ni de régimes survitaminés, donc d’intervention sur l’organisme des poulets sinon indirectement, par leur milieu de vie.)

Les caractéristiques de la compétition sexuelle dans le monde animal sont une pure et simple confirmation de ce fait. Les oiseaux mâles aux couleurs les plus éclatantes sont distingués par les femelles. Or plus l’oiseau est porteur de parasites, plus son métabolisme est mobilisé pour lutter contre ces parasites et moins les couleurs de son plumage peuvent être éclatantes. De sorte que les couleurs du plumage, objet de la séduction des femelles, sont le marqueur d’un organisme sain, libre autant que possible de parasites et de germes, tandis qu’un plumage terne indique au contraire un organisme fortement parasité. Le chant des oiseaux obéit à la même règle.

Il semble donc y avoir une erreur au fond de la pensée selon laquelle un milieu « stérile » débiliterait l’organisme car celui-ci ne serait pas alors accoutumé à lutter contre les germes. La lutte contre les germes a un coût élevé en termes de métabolisme. On sait que nous sommes de plus grande taille que nos ancêtres ; la raison avancée, et la seule, est celle de notre alimentation, mais il est évident que c’est aussi le résultat d’un environnement moins stressant pour le métabolisme au moment de la croissance, à savoir que notre milieu, en Occident, est aujourd’hui bien plus « stérile » que celui de nos ancêtres (par rapport à qui nous vivons aussi plus longtemps). La bulle ultraviolette a donc aussi un sens dans ce contexte.

13.4.20

iii

La course au vaccin contre le covid-19 paraît bien compromise ; un virus qui mute tous les quinze jours semble en effet avoir trouvé la parade au principe même de la vaccination, basé sur le principe de l’immunité… La dernière conférence de presse de Donald Trump, qui a parlé de rayonnement ultraviolet appliqué au corps humain, prend donc tout son sens. L’opposition politique y a vu une proposition à court terme, et se moque de lui, mais il semble plutôt qu’il pose les bases d’un nouveau type de recherche.

Il paraît de plus en plus évident que nous devons collectivement trouver une alternative à la vaccination. Comparons les choses. La vaccination exige un vaccin pour chaque type de virus, tandis qu’un seul et même système d’UV détruirait quant à lui tous les virus, connus et inconnus. L’avantage des UV ne fait par conséquent pas le moindre doute. Je ne sais pas si l’on pourra inventer un système de projection de lumière UV dans l’organisme qui ne détraque pas ce dernier, mais un « traitement de surface » suffisamment étendu serait déjà de nature à prévenir les infections : c’est cette idée que j’appelle la « bulle ultraviolette ». Des robots de traitement de surface par UV sont déjà utilisés contre le coronavirus, par exemple ceux de la société danoise UVB Robots, dont le président indique que la demande de ses robots a explosé avec la pandémie de covid-19.

Suite aux révélations sur les nombreuses mutations du covid-19, qui présente à ce jour déjà plus de trente souches (trente-trois souches), et les conséquences qu’il convient d’en tirer dans la recherche d’un vaccin, à savoir qu’il est probable qu’un vaccin unique ne sera pas efficace contre toutes les souches, mais qu’il faudra peut-être au contraire autant de vaccins que de souches, car, comme le dit un médecin chinois, « il ne faut pas traiter le covid-19 comme une maladie unique », et compte tenu du fait que, chacun de ces vaccins « régionaux » étant développé localement, on ne peut pas s’attendre à ce que tous les vaccins sortent en même temps (même si l’on peut supposer qu’une fois un vaccin trouvé cette découverte permettra de conclure les autres recherches plus rapidement), on voit mal comment la fermeture des frontières ne s’imposerait pas.

Le gouvernement des États-Unis a pris une mesure de cessation complète de l’immigration légale de 60 jours, dont d’aucuns, au sein même du gouvernement, affirment déjà que ce « provisoire » a vocation à devenir la règle dans la durée, à savoir, je suppose, que les États-Unis vont revenir à une période d’immigration légale très restrictive, comme dans les années de la Grande Dépression (avec des restrictions quantitatives mais aussi quant aux pays d’origine autorisés à envoyer des migrants). D’autres États ont mis en place des périodes de quarantaine drastique pour les personnes entrant sur leur territoire, ou projettent de le faire (Grande-Bretagne). Il semble en effet, au moins pendant une certaine période, que même un pays qui vaccinerait sa population ne serait pas immunisé contre toutes les souches du covid-19 et que les étrangers porteurs de ces autres souches resteraient donc un danger pour la population nationale vaccinée. À moyen terme, on peut envisager qu’une même injection réunisse tous les vaccins développés contre les souches du covid-19, mais ce dernier ne va-t-il pas développer de nouvelles souches tant et plus, si bien qu’une course serait perdue d’avance et qu’il conviendrait de développer sans tarder les méthodes alternatives connues, pour les rendre soit opérationnelles soit plus efficaces (des traitements généralistes du type chloroquine ou interféron alpha 2b, ultraviolets, et autres) ?

26.4.20

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« Coronavirus : les rayons ultraviolets pour éliminer le Covid-19. En retard sur l’Asie, l’Europe se met à son tour aux ultraviolets pour désinfecter des objets en quelques secondes et des pièces entières ou l’intérieur de bus en quelques minutes. » (L’Express, 11.5.20)

« C’est très différent de ce que suggérait le président Trump fin avril. Il ne s’agit pas d’irradier le corps des patients », précise ce même article, qui tient à ce que Trump se soit ridiculisé. Or la société américaine AytuBioScience travaille de son côté sur des dispositifs d’irradiation du corps des patients par des UV en vue de traiter le covid-19 : « UV light treatment that can be administered internally to coronavirus patients on ventilators. »

J’ai connu l’existence de cette société AytuBioScience quand son PDG a réagi publiquement aux sarcasmes des politiciens et militants démocrates, ainsi que des journalistes, après la conférence de presse du président Trump qui évoquait une irradiation par UV pour traiter le covid-19, ce sur quoi travaille justement cette société. En insistant sur le fait que les dispositifs décrits ne sont « pas ce que suggérait le président Trump en avril », les médias continuent de chercher à faire passer les paroles de Trump pour une « gaffe » mais, sans le moindre parti pris, je tiens à dire que cette ligne d’argumentation politicienne est navrante, et je vais en donner les raisons brièvement.

Les dispositifs d’UV ici décrits ne sont pas, comme le rappellent les médias, des « caissons à UV ». Or les caissons à UV existent bel et bien, et font l’objet d’agréments par les autorités sanitaires et scientifiques pour une commercialisation en vue de permettre aux gens de bronzer. Ces caissons à UV ne sont rien d’autre qu’un système d’irradiation du corps humain par des UV. L’idée d’une irradiation du corps par de la « lumière noire » n’a donc en soi rien d’original, et c’est pourquoi une personne informée des questions scientifiques ne peut qu’être navrée de voir que l’expression de cette idée par une autorité politique puisse produire des sarcasmes de la part de l’opposition (et d’une partie de la presse), comme si celle-ci savait que cette idée qui n’a rien d’original et au contraire est d’application ancienne, est une impossibilité, une absurdité. Qui est donc le crétin dans cette affaire ?

Il n’en reste pas moins que le traitement de contaminations virales de l’organisme par irradiation d’UV n’existe pas encore. C’est un fait. Cependant, encore une fois, pour une personne informée des questions scientifiques, l’idée n’a rien en soi qui puisse surprendre. Même en rappelant les risques des UV pour l’organisme, rien ne permet de conclure à l’impossibilité de tels dispositifs : autant vaudrait conclure de la dangerosité des rayons X à l’impossibilité de la radiologie. Or les rayons X sont dangereux pour l’organisme (« radiomes » ou brûlures radiologiques, cancers…) et les radios médicales sont pourtant quelque chose d’extrêmement courant.

Quant à l’épidémie de cancers de la peau par exposition au soleil, il y a au moins un scientifique de renom, le Dr. Robin Baker (biologiste), qui a émis l’hypothèse qu’elle ne serait pas tant due aux UV qu’aux crèmes solaires censées protéger la peau des UV (c’est l’objet d’un chapitre de son livre Fragile Science). La corrélation est entre exposition au soleil et cancers, mais une corrélation ne dit rien en soi sur un lien de cause à effet ; une autre corrélation tout aussi bien établie est celle entre l’application de crèmes solaires et les cancers de la peau (car ceux qui s’exposent au soleil utilisent de la crème solaire), et l’idée que se badigeonner abondamment le corps de produits chimiques est quelque chose de peu naturel, a du sens.

12.5.20

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II) Divers

Pourquoi le temps passe-t-il ? Parce qu’il n’existe pas. J’ai bon ? Comme disait Alain : « Ces puérilités étonnent les ignorants. »

« Mais j’attends qu’un de ces matins cet auteur propose comme possible une marche rétrograde du temps ; car je ne vois rien, dans ses principes, qui y fasse obstacle. Ainsi je reviendrai sur la terre, et à l’école, et je mourrai le jour de ma naissance. Ces puérilités étonnent les ignorants ; seulement à nos yeux elles sont usées. » (Les valeurs Einstein cotées en Bourse, Propos d’Alain du 13 juin 1923)

Ces puérilités étaient déjà « usées » au début du vingtième siècle.

Le temps et l’espace sont les formes a priori de notre intuition (kantisme). Avant de remettre cela en cause, les physiciens « penseurs » feraient bien de se dire une bonne fois pour toutes que ce qu’ils observent dans le cadre d’un théorie de la lumière à la fois corpusculaire et ondulatoire (ondulatoire, c’est-à-dire comme une onde se propageant dans un milieu alors même, qui plus est, que selon la relativité l’éther prétendument n’existe pas et qu’il n’y a donc pas de milieu, dans le vide, pour qu’une onde se propage) est ininterprétable.

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La crise du coronavirus relance une controverse scientifique vieille de 150 ans, par Karen Selick. (La controverse entre Pasteur et Béchamp)

Il s’agit d’un texte intéressant dans l’ensemble par les éléments d’histoire scientifique qu’il comporte mais je trouve tout de même le point de vue de Selick caricatural. Tout d’abord, il faut faire remarquer que, si les approches de Béchamp et de Pasteur sont opposées, on ne peut pas parler de plagiat, car le plagiat suppose une reprise et non une contradiction. Et en réalité la théorie des germes (Pasteur) et celle du terrain ne sont pas incompatibles, et je crois que personne ne les oppose. La polémique a été « oubliée » car elle n’existe pas : les germes agissent sur un terrain, il faut un terrain pour que les germes agissent. Si ce terrain est « déficient », le germe agit sur celui-ci de manière plus virulente, et la notion de maladie opportuniste (« maladie due à des germes habituellement peu agressifs mais qui sont susceptibles de provoquer de graves complications en affectant des personnes ayant un système immunitaire affaibli ») montre bien que l’on ne peut pas opposer de manière tranchée une théorie des germes et une théorie du terrain.

Cela ne veut pas dire que telle ou telle politique de santé publique ne favorisera pas telle ou telle approche (peut-être sous l’influence de groupes de pression économiques), et peut-être même que cette influence s’est faite ces dernières décennies de manière unilatérale au profit d’une approche plutôt que d’autres, mais reconduire cela au niveau théorique ne peut être fait, me semble-t-il, qu’en caricaturant les théories.

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« Certaines structures biologiques sont si petites que les scientifiques ne peuvent pas les voir avec les microscopes les plus puissants. C’est là que l’animatrice moléculaire et conférencière de TED, Janet Iwasa devient créative. » (TED YouTube)

« Son objectif général est de créer des visualisations moléculaires et cellulaires précises et convaincantes qui soutiendront la recherche, l’apprentissage et la communication scientifique. »

« Créer des visualisations convaincantes » : il convient de bien noter le caractère conjectural du travail de Janet Iwasa. Ses visualisations sont simplement un possible qui ne contredit aucune des données connues, mais l’ensemble des formes possibles qui ne contredisent pas les données connues est infini.

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Port d’armes et Liberté

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Les ventes d’armes ont explosé aux États-Unis pendant la pandémie de covid-19 en raison de la crainte, entend-on dans certains médias, de législations à venir qui restreindraient ce commerce. Je note cette explication ; je voyais quant à moi plutôt des craintes relatives au confinement lui-même, c’est-à-dire des villes désertées où les bandes criminelles pourraient agir plus librement, idée qui inciterait les gens à renforcer leur auto-défense en achetant des armes (ou davantage d’armes). Ce qui a été dit des pillages à New York ne fait d’ailleurs que leur donner raison. Il y a lieu de croire, hypothétiquement, que certaines localités plus isolées connaissent, outre les vagues de pillages un peu partout, des vagues d’attaques à main armée de domiciles particuliers ou de personnes isolées dans la rue. Les deux explications ne sont pas exclusives l’une de l’autre, et, à vrai dire, je ne vois pas que ces statistiques de vente soient inquiétantes (dans la mesure où les criminels s’approvisionnent eux au marché noir, tandis que ces statistiques concernent des commerces sous licence).

Pour un Français moyen, désarmé depuis longtemps, ce commerce ne peut que susciter l’inquiétude, car la politique de désarmer les citoyens repose nécessairement sur un élément (plutôt qu’un argument) psychologique de culpabilisation de l’achat d’armes. Pour le citoyen désarmé d’un État étatiste (le désarmement des citoyens est une des conditions de l’étatisme), l’achat d’armes a tendance à être en soi suspect. C’est aussi pourquoi un film comme Bowling for Columbine (2002) de Michael Moore passe en France pour un plaidoyer bien moins prudent qu’il n’est en réalité, car pour nous cela confirme purement et simplement les dispositions psychologiques nées de notre désarmement, tandis que dans les pays anglo-saxons ce plaidoyer comporte en lui une dimension répressive négative, à savoir la promotion de l’idée de supprimer une liberté constitutionnelle (Second Amendement de la Constitution américaine). Le film est donc en réalité bien plus nuancé, ou en réalité plus prudent, que ce qu’ont vu la critique et le public français. Par exemple, Michael Moore rappelle qu’au Canada voisin il y avait à l’époque du tournage du film (en 2002) 7 millions d’armes civiles pour 30 millions d’habitants, c’est-à-dire un nombre élevé qui classe le Canada comme un des pays où la population civile possède le plus grand nombre d’armes (certes derrière les États-Unis), mais Michael Moore rappelle aussi que les mass shootings sont au Canada un phénomène quasi-inexistant, contrairement aux États-Unis voisins. Il pose donc la question de savoir d’où vient la différence, étant entendu que la liberté de port d’armes et le nombre d’armes dans la population ne peuvent être le seul phénomène explicatif puisque, si c’était le cas, le Canada ne se distinguerait pas aussi nettement des États-Unis au plan de la récurrence des tueries de masse.

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« États-Unis : des manifestants anti-confinement pénètrent armés dans le parlement du Michigan » (Le Parisien, 1er mai 2020)

« Ces militants pro-armes considèrent comme illégale la décision de la gouverneure de prolonger l’état d’urgence de 28 jours, ordonnée sans l’accord de l’assemblée à majorité républicaine. »

Ne connaissant pas cette « milice pour la liberté du Michigan », la seule chose que je puis dire c’est que la demande d’un vote formel de l’assemblée de l’État du Michigan pour la prolongation du confinement dans cet État, loin d’être « extrémiste », qui est le qualificatif accolé à cette milice par le texte du Parisien, semble pleinement conforme aux principes de l’État de droit (rule of law), et à moins que – ce que j’ignore – les assemblées des États soient de jure dessaisies de cette question en vertu de la Constitution américaine, je leur souhaite d’obtenir satisfaction. (Considérant d’ailleurs qu’il y a des chances pour que cette assemblée, même « à majorité républicaine », se conforme au point de vue fédéral, mais ce n’est pas le sujet. [J’ai souligné « même » car c’est le Parisien qui prétend qu’une assemblée à majorité républicaine doive être considérée a priori comme opposée à l’État fédéral, quand bien même ce dernier serait dirigé par une majorité républicaine.])

En France, le Parlement est appelé à voter des lois de ce type dans le même contexte, et le contraire paraîtrait choquant. Par conséquent, alors que, même avec un vote des assemblées représentatives les questions de la sauvegarde des libertés sont loin d’être par le fait apurées, il est assez consternant que cette manifestation passe pour la demande exorbitante d’une milice extrémiste.

L’adjectif « extrémiste » accompagne celui d’« antigouvernemental », qui ne peut pas être compris par un Français moyennement informé (par exemple un lecteur assidu moyen du Parisien), et il y a des chances que le journaliste auteur de l’article lui-même ne sache pas ce que cela veut dire, à moins que la vue d’hommes armés lui ait fait peur et que l’adjectif « antigouvernemental » lui semblait véhiculer une idée suffisamment inquiétante pour traduire son frisson. Antigouvernemental, en l’occurrence, ne peut vouloir dire ici qu’« anti »-gouvernement fédéral, c’est-à-dire qu’il qualifie des gens qui sont pour une lecture constitutionnelle en faveur des États (fédérés) plutôt que du gouvernement central. En France, on appellerait ça demander plus de décentralisation…

Une autre différence entre un Français et un Américain, c’est que l’un chante « Aux armes, citoyens ! » et que l’autre est libre de porter des armes. « Vous chantiez, j’en suis fort aise… »

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« Loi Avia : C’est la liberté d’expression qu’on assassine. » (Aphadolie)

On n’assassine pas un mort, mais, comme de grands groupes économiques et financiers sont mis dans la boucle (avec de possibles amendes à la clé pour ces groupes), cela suscite quelques levées de boucliers, contrairement aux précédentes lois qui ont fait de ce pays une pseudo-démocratie (flawed democracy selon le Democracy Index), parmi les deux ou trois les moins enviables d’Europe de l’Ouest (dans un tiercé France-Grèce-Italie des lanternes rouges, c’est-à-dire dans la même catégorie qu’un pays, la Grèce, encore à moitié sous-développé et un autre, l’Italie, gangrené par la terreur mafieuse, les assassinats de juges, etc.)

Or ceux qui ne trouvent rien à redire à des peines privatives de liberté dans la loi de 1881 peuvent-ils en cohérence s’opposer à de la censure ?  Je prends un exemple. Un médecin qui, pendant la pandémie de covid-19, tweeterait « On doit trier les malades », se rendrait, peut-être à son insu, coupable d’apologie de l’eugénisme (art. 511-1-2 CP). Préfère-t-il voir son tweet effacé ou recevoir une citation à comparaître devant le tribunal et encourir une peine de trois ans d’emprisonnement (!) et 45.000 euros d’amende ? Je pense qu’il préfèrerait qu’on efface son tweet et que ça s’arrête là.

Mais, évidemment, si la loi Avia c’est censure plus procès, il ne manquera plus que la peine de mort.

La présidente du Conseil national des barreaux semble penser que la loi Avia choisit la censure plutôt que la pénalisation (et non les deux mais, à vrai dire, je ne vois pas ce qui empêcherait le procureur de poursuivre un contenu même après l’avoir fait retirer) : « Ce texte délègue le pouvoir de censure à des organismes privés. (…) Si vous êtes l’auteur d’un contenu supprimé et que vous n’êtes pas d’accord avec la censure, vous allez devoir saisir le juge et rien n’est organisé. Ce sera le parcours du combattant. » En attendant, le parcours du combattant existe déjà pour la personne visée : elle doit prouver son innocence afin d’éviter une condamnation (avec potentiellement une peine d’emprisonnement). Étant entendu que les « contenus haineux » (sur la définition desquels le représentant de Google en France et d’autres feignent de s’interroger) ne sont rien que ce que la loi française condamne déjà (notamment par de l’emprisonnement), à savoir : injure, diffamation, provocation à la haine, apologies diverses et variées, outrage à personne dépositaire, fausses nouvelles etc. etc.

etc.