Category: Onomasticon

Curiosités du moyen âge révélées par les mots du vieux français 2

Complétant le glossaire Quelques curiosités du moyen âge révélées par les mots du vieux français (ici) qui fait fond sur le dictionnaire de Jean-Baptiste Roquefort de 1808, avec quelques ajouts du dictionnaire de La Curne de Sainte-Palaye, la présente liste est formée d’un choix plus important tiré de ce dernier.

Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781) n’a pas lui-même publié de son vivant le dictionnaire de vieux français qui porte son nom, dont il présenta le Projet en 1756 et réunit le matériel. Il confia cette publication à Georges-Jean Mouchet. Du fait sans doute de cette particularité, l’œuvre n’offre pas une présentation bien uniforme : que le lecteur du présent billet ne s’étonne donc pas de l’absence à certaines entrées de l’indication de la classe et du genre du mot (substantif masculin m., substantif féminin f., adjectif a., verbe v.), et d’autres petites incohérences qui ne sont pas de mon fait.

Tout comme celui qu’il complète, le présent lexique se veut un outil pour philosophes, poètes, historiens, linguistes, étymologistes, amateurs de reconstitutions historiques, rôlistes et/ou curieux.

L’original est en noir, mes remarques en bleu-vert.

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A

Abrifol (m.) : Le voile que l’on met sur la tête des gens que l’on marie.

Absicte (f.) : Pierre précieuse. C’est une pierre noire et pesante, qui a des veines rouges ; lorsqu’elle est échauffée par le feu, elle en conserve la chaleur pendant sept jours. (Du Cange aux mots Absectos et Absictus.)

Achicoupeur (m.). On lit Achicoupeur de bourses, pour archicoupeur de bourses, maître fripon.

Alectoire (f.) : Pierre qui se trouve quelquefois dans l’estomac ou dans le foie du coq. Alectryomancie (f.) : Divination qui se fait par le moyen d’un coq, ou d’une alectoire.

Alfin (m.) : Pièce des échecs.

Le fou, du persan par l’arabe al-fîl, l’éléphant. En espagnol, le fou, aux échecs, se dit alfil.

Angemme, Angenne (f.) : Terme de blason : une fleur factice et imaginaire, qui ressemble à la quinte-feuille ; une rose d’ornement, faite de rubans, de broderies, ou de perles.

On trouve le mot dans Apollinaire (à la rime) : « S’ennuyait-elle d’une gemme, d’une fleur bleue ou de l’angemme » (dans le recueil Il y a).

Apesart, Appesart (m.) : Cauchemar. Incube.

B

Balestrille (f.) : Instrument astronomique. Il servait à trouver la hauteur du pôle et des étoiles.

Baratron (m.) : Idole des Sarrazins.

Basquiner (v.) : Ensorceler. Ce qui semble venir de Vascons, ou Basques, où on assure y avoir eu toujours beaucoup de sorciers.

Beranguière (f.) : Bassin de chaise percée.

Biaque (f.) : Céruse. Drogue vénitienne à l’usage des femmes qui se fardaient.

La céruse a fini par être interdite à cause de sa toxicité.

Birbantins (m.pl.) : Nom donné aux gueux d’Allemagne.

Blobes (f.pl.) : Loques, guenilles.

Brei : Pipée, chasse aux oiseaux. Sorte de chasse où l’on prend les oiseaux avec une chouette.

Dans le Grand Robert, « Pipée : Chasse dans laquelle on prend les oiseaux au piège (gluaux, pipeaux, etc.) après les avoir attirés en imitant le cri de la chouette et d’autres oiseaux. » La Curne semble dire quant à lui qu’une chouette véritable est employée dans cette chasse, et pas seulement l’imitation de son cri. Par ailleurs, faut-il comprendre que l’on imite le cri de la chouette pour attirer toutes sortes d’oiseaux, ou bien, comme on s’y attendrait, que l’on imite le chant de telle espèce d’oiseau pour attirer des individus de cette espèce ? Pourquoi le cri de la chouette attirerait-il des oiseaux d’autres espèces ?

Bresagne : Chouette. Oiseau de mauvais augure.

Le mot viendrait du latin præsaga avis, oiseau de présage, oiseau augure.

Bruesche (f.) : Sorcière, dans le patois de pays de Foix.

Burne (f.) : Lieu obscur. De là, ce mot s’est employé pour signifier spécialement le lieu où se retire le chat-huant pendant le jour.

C

Cache-bastard (m.) : C’est ainsi qu’on nommait un vertugadin, lorsque les dames le portaient pour cacher leur grossesse.

Calodaimon (m.) : Génie familier, bon génie, notre ange gardien.

Chacun était censé posséder à la fois un calodémon, un bon génie, et un cacodémon, un mauvais génie ; pour ce dernier mot, voyez mon Cabinet des curiosités (ici).

Candaries salomoniques : Termes usités dans la Nécromancie. (Voy. Dialog. de Tahureau.)

Capnomancie : Divination qui se faisait en observant la fumée.

Cées : Les pierres sées ou cées qui se trouvent dans plusieurs provinces, d’une longueur extraordinaire et qui pourraient être d’anciennes sépultures. Étymol. petra secata, pierre sciée ; dans le Tarn, on trouve encore « Pierre ségade ». Il ne s’agit pas là de menhirs, qu’on aurait nommés Pierrefitte, Pierrefiche.

Celebron (m.) : « Celebron tribularis », pour désigner le lieu où les sorciers tiennent sabbat. Variantes : cerebron, salebron, selebron.

Chevilleur (m.) : Espèce de sorcier. Celui qui sait nouer l’aiguillette.

Nouer l’aiguillette signifie rendre quelqu’un (sexuellement) impuissant ; c’était un sortilège particulièrement craint et, semble-t-il, fréquent.

Clissus (m.) : Terme inventé par Paracelse, pour exprimer la quintessence des choses.

Cocatrix : Crocodile. [Mais] Coquatrix : Basilic.

Conax (m.) : Poisson fabuleux. Dans Lancelot du Lac (T. 3, fol. 102), vit dans l’Euphrate ; quand on le tient en main, on ne pense plus à rien qu’à ce que l’on tient.

Condamnats (m.pl.) : Nom de religieux. Ces religieux sont soumis à l’abbesse de Saint-Sulpice.

Coquinage : Amende levée à Dun-le-Roi par ceux qui se laissaient battre par leurs femmes.

Coscosson (m.) : Espèce de ragoût. Sorte de mets à l’usage des Maures. Le Duchat croit que c’est le couscoussou des Provençaux. Variantes : couscouson, courcousson, coscoton.

Le couscous de la cuisine berbère, soit sous la forme provençale couscoussou, soit sous la forme coscosson ou ses variantes (et qui sont indéniablement, comme le pensait Le Duchat, la même chose), apparaît ainsi dans le vocabulaire du vieux français.

On trouve dans Rabelais le « coscosson » et les « coscotons à la mauresque ». On en a dérivé l’adjectif coscoté : « Qui est en forme de petite boule, en grains [de semoule !] », comme dans les vers de Jean Moréas : « Chapelets de fine émeraude, ophites, Ambre coscoté ».

D

Dardanaire (m.) : Usurier, spécialement celui qui cache les blés en attendant la cherté.

Dionise (f.) : Sorte de pierre. En lat. dionisia. Pierre noire qui, trempée dans l’eau, contracte l’odeur du vin, et qui cependant fait passer l’ivresse.

Disferre : Fer de cheval à tout pied que l’on prend par précaution.

Doublentin (a.) : À doubles mailles : haubert doublentin.

E

Echile (f.) : Pierre. Elle se trouve dans le nid des aigles. (Voy. ses propriétés dans Marbodus de Gemmis.) Lat. ethiles.

Ellagues (m.pl.) : Nation adonnée à la piraterie sur les côtes de la Grande-Bretagne.

Embasmer (v.) : Embaumer. La reine Clotilde fit embaumer le corps de ses neveux.

Escarcine (f.) : Arme propre aux janissaires et aux Maures.

F

Fauchon (m.) : Large cimeterre tranchant d’un côté, à l’usage des piétons [fantassins].

Flin  (m.) : Marcassite, pour fourbir les épées.

G

Garbage : Droit de gerbes, dans la Cout. de Hainaut.

Gobe quinault : Jeu où l’on montre un fruit à un niais, à un quinaud, sans le laisser avaler.

Cette distraction d’un goût douteux continue d’amuser les gens aujourd’hui puisque j’ai eu l’occasion de le voir pratiquer sur les réseaux sociaux avec des enfants en bas âge – ce sont des vidéos semble-t-il très appréciées…

Grapis : Cras pois, chair de baleine qu’on mangeait au XIVe siècle.

Gribouille : Vendeur de petits meubles, de choses frivoles.

H

Heriçon : Poutre armée de pointes de fer qui tourne sur un pivot et défend une porte de ville. Variantes : herisson, herichon.

Houppegay : Vol consistant à rogner les cierges.

J

Jouise : Épreuve par le fer chaud, par l’eau.

L

Luberne : Femelle du léopard ou de la panthère.

M

Mahoistre, Mahoitre, Mahote : Garniture ou embourrure qu’on mettait aux habits pour faire paraître les épaules plus larges, plus carrées et se donner l’air d’un homme robuste.

Maigre : Nom du pays des Amazones, peut-être la Mingrélie.

Marrassau : Cimeterre, sabre à la mode des Marranes ou Sarrazins.

Matassin, Matachin : 1 Danseurs espagnols, qui portaient des corselets [pièce d’armure couvrant le torse], des morions dorés, des sonnettes aux jambes et l’épée à la main avec un bouclier. On en voit encore à Séville dansant dans les processions devant le Saint-Sacrement. 2 (m.pl.) Danse des matassins. Matassiner : Gesticuler comme un matassin.

Grand Robert, « Matassin : Anciennt. Bouffon qui se livrait sur les places publiques à une danse burlesque imitée des danses guerrières des Anciens. Ellipt. Danser les matassins. Par ext. Danseur comique. »

On les trouve nommés dans le poème Réponse à un acte d’accusation des Contemplations de Victor Hugo, qui fait allusion à la pièce de Molière Monsieur de Pourceaugnac : « Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos, / Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue, / Des ondes du Permesse emplirent leur seringue. » Le commentateur : « Les matassins qui pourchassent M. de Pourceaugnac, à la fin de l’acte I, sont déguisés en apothicaires et ne sont armés que de seringues. »

Metridat : Mithridate, électuaire composé de substances aromatiques, d’opium, qu’on dit avoir été inventé par Mithridate, et auquel on attribue les vertus d’un contre-poison : « tiriacle [thériaque] ou metridat » (JJ. 189, p. 476, an. 1460)

Miton : Mitaine de fer ; gantelet du XVe siècle, sans doigts séparés.

Molequin : Étoffe vert de mauve. Variantes : molechin, molekin, moloquin. Molequinier : Fabricant, marchand de molequin.

Grand Robert, « Molequin : Vert molequin, vert de mauve, utilisé autrefois en teinturerie. »

Momie : Malthe, baume momie. « Momie, mastic, aloes cicotrin » (Fouill. Faucon. f. 38) Mommie : Momie mise en poudre, comme médicament. Mumie : Momie. On croyait, au XVIe siècle, que la poudre de momie d’Égypte était efficace dans les contusions et tenait lieu de vulnéraire. A. Paré [Ambroise Paré] a fait un discours contre cette croyance.

Grand Robert, « Malthe (f.) : Rare. Bitume. » Baume momie est donné comme synonyme de malthe sur le site crntl.fr, qui a, pour définition de ce dernier mot, « Bitume glutineux moins liquide que le pétrole. »

Morianne (m.) : Poupée représentant un Moresque et servant de cimier à un heaume de tournoi.

Moriel : Cheval noir.

Mouchache : De l’esp. mouchacho [sic], ânier. « Les mouchaches qui suivent les mulets, portent ordinairement une roupille à la moresque » (Garasse, Rech. des Rech. p. 219) [& Roupille : Manteau dont les Espagnols s’enveloppaient pour dormir.]

Le Grand Robert donne la roupille, manteau servant également de couverture pour dormir, comme étymologie possible du mot roupiller (dormir).

Mouflet : Camouflet, parfum pour éveiller les endormis, en leur faisant sentir du soufre ou autre chose.

Grand Robert, « Camouflet : Anciennt. Plaisanterie consistant à souffler de la fumée au nez de quelqu’un (au moyen d’un cornet de papier allumé). Par métonymie (argot). Objet dégageant de la fumée, chandelle, candélabre. » (Et le sens figuré qui en découle.) Ce premier sens du mot, selon le Robert, est peut-être relativement tardif en vieux français, si l’on admet que la plaisanterie nécessitait un « cornet de papier ». Dans La Curne, il s’agit, semble-t-il, d’une version ancienne des sels, par lesquels on ranimait par exemple les personnes évanouies.

Muloter : « Quand le sanglier va chercher les caches et greniers des mulots, auxquels ils ont assemblé le bled, glands, et autres fruicts » (Fouill. Vén. f. 58)

Muscadins : Petites pastilles qu’on mange pour avoir bonne haleine, ainsi appelées du musc qui entre dans leur composition.

L’usage du mot est attesté, selon le Robert, depuis 1578 seulement, et désigne par conséquent une pratique de la Renaissance plutôt que du moyen âge à proprement parler.

On sait que le mot a servi par la suite à désigner de jeunes coquets, et en particulier, sous la Révolution, les royalistes : « les orgueilleux lambris des muscadines et des muscadins » (Gracchus Babeuf).

N

Naeure : Cendres d’or et d’argent. « Residuum auri et argenti remanentis post manum operarii, quod residuum vocatur vulgariter cendres et naeures. » (Cart. de l’évêc. de Chartres, an. 1253)

Nairon : Tranchant d’une dague.

Naisage : « C’est en Bresse le droit de porter à un étang son chanvre, pour le faire rouir. » (Gloss. de Laur.)

Naphe : Eau de fleur d’oranger : [ou] « eau de naphe ».

Se trouve dans le Robert sous l’orthographe naffe, « eau de naffe : eau de fleur d’oranger » (de l’arabe).

Noitun, Nuitun : Lutin qui se promène de nuit.

Le français de Belgique a le mot nuton, qui désigne un « lutin, gnome bienfaisant » et, par extension (?), un « jeune scout ».

O

Odet : « Le mulet odet » était un lutin qu’on prétendait courir les rues, pendant la nuit, à Orléans et à Blois.

Ogre : Hongrois.

P

Paniot : Espèce d’opale. « Un petit reliquaire d’or, où il a une pierre appelée paniot, verte et contre le jour vermeille » (Inv. du duc de Berry, an. 1416)

Pannanesse : Femme vêtue de guenilles.

Ailleurs, femme de mauvaise vie, prostituée. Du Cange : « Hinc Pannanesse, pro Meretrice, quod pannosa veste utatur » (prostituée couverte de guenilles).

Panosse : Sorcière édentée.

Papafigue : 1 Becfigue, oiseau. 2 Masque dit papafigo par les Espagnols, pour se défendre du froid et du vent.

Le dictionnaire de l’Académie espagnole connaît bien le mot papafigo mais seulement pour désigner le becfigue (ainsi qu’une certaine voile de navire) mais pas le masque évoqué par La Curne, qui semble indiquer une façon de se couvrir entièrement le visage dans l’espace public.

Patte pelue : Hypocrite.

Il y a sans doute dans cette définition un jugement physiognomonique des anciens.

Pessaire : Remède solide, de la longueur et grosseur du doigt, qu’on introduit dans les parties naturelles de la femme pour provoquer les menstrues.

Le pessaire, qui existe toujours « pour remédier aux déviations de l’utérus » (descentes d’organes…) ainsi que comme préservatif anticonceptionnel, ne semble plus remplir la fonction ici décrite relativement aux menstrues (s’il a jamais eu véritablement cette fonction).

Pignaux : « Pignaux de collier », pointes de fer aiguës mises aux colliers de chiens.

R

Ratel : Herse d’une porte de ville.

Rateler : Croasser comme la chauve-souris.

Les chauves-souris communiquent entre elles à la fois par des ultrasons que l’oreille humaine ne peut percevoir et par de petits cris, ce que les anciens appelaient rateler.

Ribaudiel : Sorte de chariot blindé. « Ces ribaudiaux sont brouettes haultes bendées de fer à longs picos de fer devant en la pointe, que font par usage mener et brouetter avec eulx » (Froissart, X, p. 28)

Rochal : Ivoire des morses, de l’hippopotame. « L’ivire et le rochal et les pierres precieuses » (Anc. Coutume de Norm. f. 28)

S

Salemon : Salomon ; on appelait « œuvre Salemon » les pièces d’orfèvrerie antiques conservées aux trésors des églises.

Salidure : Petite baleine en Languedoc.

Sarcocolle : Gomme résineuse employée pour hâter la soudure des lèvres d’une plaie.

Vu que le sarcocollier, l’arbuste d’où la sarcocolle est tirée, est dit par les dictionnaires modernes se trouver « en Éthiopie et sur les bords de la mer Rouge », cette substance vulnéraire, tout comme la poudre de momie (cf. Momie supra) qui servait aux mêmes fins chirurgicales, nécessitait forcément, pour son approvisionnement, un commerce constant avec ces régions lointaines.

Sarcophange : Pierre qui consume les chairs en quarante jours.

Saugé : Où on a infusé de la sauge. « Vin nouvel saugé » (Ord. III, p. 255, an. 1359)

Sciomancie : Divination par les morts.

C’est-à-dire, étymologiquement, « par les ombres », une ombre étant, on le sait, l’esprit d’un mort. Il s’agit donc d’un synonyme de nécromancie.

Scorzon : Espèce de serpent noir, venimeux, et qui sent si mauvais que les autres animaux le fuient.

T

Tombier : Sculpteur de tombes.

V

Vespertillion : Chauve-souris ; au figuré, homme occupé de maléfices.

Vilennie : Terme de blason ; se dit du lion dont on voit le sexe, et dont la verge est d’un autre émail [d’une autre couleur] que le corps.

Le Grand Robert a « Vilené : Blason. Animal vilené, dont la verge est d’un autre émail que le corps. »

Le blason de la ville de Goult, dans le Vaucluse, comprend un loup d’azur « vilené de gueules », ce qui signifie qu’il a la verge de couleur rouge. Le lion d’azur du même blason n’est quant à lui point vilené (mais il est, comme le loup, « lampassé de gueules » car il a une langue rouge). La description de ce blason est la suivante : « D’or à la bande d’azur chargée de trois croissants d’argent et accompagnée, en chef, d’un lion d’azur lampassé de gueules et, en pointe, d’un loup d’azur lampassé, armé et vilené de gueules. » (Site armorialdefrance.fr d’où je tire le blason : lien en dessous de l’image)

Un animal vilené de gueules plus connu que celui de Goult est l’ours des armoiries de la ville de Berne en Suisse. On trouve aussi des animaux vilenés d’or (c’est-à-dire à la verge dorée), vilenés d’azur (à la verge bleue), vilenés de sable (à la verge noire), vilenés de sinople (à la verge verte)…

Armoiries de la ville de Goult dans le Vaucluse. Source

Americanismos 6: Bantuismos

Afin de compléter notre lexique d’Americanismos (I-V) (rendez vous en Table des matières, Onomasticon [x], pour consulter les travaux précédents), nous avons eu recours au Diccionario de bantuismos en el español de América (SIAL Ediciones/Casa de África, Madrid, 2013) de la chercheuse cubaine Gema Valdés Acosta. Nous avons recueilli dans ce dictionnaire de « bantouismes », c’est-à-dire de mots d’origine bantoue, un certain nombre de termes nous paraissant intéressants pour la connaissance de la culture latino-américaine. Les définitions ont été traduites en français.

Beaucoup de termes retenus ont un rapport avec la religion afrocubaine, en particulier avec le palo monte d’origine bantoue, tandis que l’autre religion afrocubaine majeure, la santería, est quant à elle d’origine yoruba. (Le vaudou haïtien quant à lui est originaire de l’ancien royaume du Dahomey, aujourd’hui Bénin –pays où a d’ailleurs été instituée une Journée nationale du Vodoun, le 10 janvier– et Togo, dont la capitale Lomé comporte un célèbre marché des féticheurs.)

Il est important de souligner d’emblée que les mots d’origine bantoue ne sont qu’une partie des mots d’origine africaine dans la langue espagnole d’Amérique. Un titre tel que Americanismos 6 : Bantuismos, peut d’ailleurs paraître équivoque dans la mesure où l’on semble ainsi donner aux mêmes mots une origine à la fois américaine et africaine ; or il s’agit de voir que ces bantouismes ont été introduits dans l’usage de la langue espagnole via les populations africaines d’Amérique, et que ce sont donc à proprement parler des américanismes d’origine africaine (et bantoue). C’est bien ainsi que l’entend Francisco Santamaría dont l’important Diccionario de americanismos est l’origine du présent travail.

Les américanismes d’origine bantoue déjà référencés sur ce blog sont : Bilongo (Americanismos III) et Calimba (II). Les autres africanismes, d’origine non bantoue, déjà référencés sont : Babul (Americanismos III), Baní (III), Calungo (I) (selon G. Valdés Acosta, l’étymologie de calungo est différente de celle du terme calunga ici repris, mais selon Santamaría le terme calungo est bien un africanisme, sans qu’il précise son origine exacte), Mandinga (III), Ñáñigo (I) (et tout le vocabulaire propre à cette société secrète afrocubaine), Yolof (III).

Sauf indication contraire, les présents américanismes sont propres à l’espagnol de Cuba ; dans la mesure où une grande partie de ce vocabulaire dérive du palo monte, dans le contexte duquel il est au premier chef employé, il est évident que ce même vocabulaire doit se retrouver dans toutes les communautés hispanophones de cette religion, en particulier dans l’ensemble des Caraïbes. Les principales exceptions à l’origine cubaine concernent la culture afrocolombienne.

Le Brésil étant un autre pays fortement marqué par le développement endogène d’une culture afroaméricaine, j’ai cherché si les termes retenus existaient en portugais (du Brésil). Les résultats de ces recherches dans le dictionnaire Michaelis en ligne ont été ajoutés aux définitions et traduites (ces définitions sont indiquées par la mention BR). Enfin, lorsque le terme est référencé par le Dictionnaire de l’Académie royale espagnole –et c’est à vrai dire l’exception plutôt que la règle–, j’ai de même ajouté cette définition et l’ai traduite (elles sont marquées par les initiales DLE, pour Diccionario de la lengua española).

Les principales abréviations sont : m. substantif masculin, f. substantif féminin, s. substantif, vt. verbe transitif, et Col. Colombie. Mes remarques sont entre crochets [ ].

En ce qui concerne l’étymologie des termes, que nous avons reprise chaque fois qu’elle nous semblait présenter un intérêt particulier, Valdés Acosta recourt principalement au Dictionnaire kikongo-français (1936) du missionnaire luthérien suédois Karl Laman (Karl Edvard Laman), et au Dictionnaire kikongo et kituba-français (1973) du père jésuite Pierre Swartenbroeckx. Ces deux références sont respectivement marquées dans le présent glossaire par les initiales KL et PS. (Le recours au français pour ces dictionnaires s’explique par la colonisation française et belge de la plus grande partie des régions d’Afrique peuplées par les Bantous.)

*

Ambilar (vt). Col. Técnica de pesquería consistente en deslumbrar con una tea (ambil) a los peces que duermen en la orilla.

Technique de pêche consistant à éblouir avec une torche (un ambil) les poissons qui dorment au bord de la rive.

Bombofinda (m). Elefante. KL bombokoto, bomboló, grandeza, de gran tamaño; mfinda, monte, bosque. Empacasa (m). relig. Elefante. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica mpakasa.)

Éléphant. L’étymologie en est : « grandeur », ou « de grande taille », et « forêt », servant, donc, à désigner le grand habitant des forêts du Congo. Empacasa. Éléphant (dans le contexte religieux du palo monte). (Les pratiquants cubains préfèrent la forme orthographique mpakasa.) [C’est-à-dire une forme moins castillanisée du mot. Cette remarque se répète pour nombre d’entrées de ce lexique mais ne sera pas traduite pour les entrées suivantes.]

Bularia (f). Col. Bruja joven que vuela.

Jeune sorcière capable de voler dans les airs.

Calunga (f). 1 Mar, océano ; Mama Calunga, nombre de una divinidad conga del mar. 2 Col. muñeca negra.

Mère, océan ; Mama Calunga, nom d’une divinité kongo de la mer. 2 Poupée de couleur noire.

Calunga (f) Entidade espiritual que, nos cultos e entre a população de origem banta, representa a força da natureza, especialmente o mar, a morte ou o inferno. 2 Qualquer uma das divindades secundárias dos cultos de origem banta que, nos cultos de umbanda popular, representa um dos elementos integrantes da linha de Iemanjá, associada ao mar e à água. 3 Imagem de uma dessas divindades. 4 Cada um dos bonecos usados no maracatu, representando Dom Henrique e Dona Clara e que são carregados pelas dançantes enquanto arrecadam dinheiro do público. (BR)

Entité spirituelle qui, dans les cultes et parmi les populations d’origine bantoue, représente la force de la nature, et notamment la mer, la mort ou l’enfer. 2 L’une ou l’autre des divinités secondaires des cultes d’origine bantoue, qui, dans les croyances populaires de l’umbanda [religion afrobrésilienne d’origine bantoue], appartiennent à la lignée de Iemanja [déesse des eaux et mère des dieux], associée à la mer et à l’eau. 3 Image d’une de ces divinités. 4 Chacune des poupées utilisées dans le Maracatu [certaine procession dansée de la religion afrobrésilienne], Don Henrique et Dona Clara, et portées par les danseurs quand ils font la quête auprès du public. [Il ne semble pas que ces figures soient toujours Don Henrique et Dona Clara, puisque par exemple la calunga de Recife sculptée en 1909 s’appelle Dona Joventina. Il se pourrait par ailleurs que cette forme d’expression culturelle afrobrésilienne se confonde avec d’autres, telles que les congadas –à titre de (mauvaise) traduction : « congolaiseries »–, qui mettent en scène des personnages plus ou moins légendaires du passé africain, comme le roi Cariongo (ou Henrique) et la reine Ginga (ou Clara ?) (dont le modèle est clairement Njinga o Nzinga, reine du Ndongo et du Matamba, dans l’actuel Angola, de 1626 à 1663, qui donna du fil à retordre aux Portugais), personnages parfois incarnés également dans les maracatu (voyez Lubolo).]

Calunga Dona Joventina du Maracatu Nação Estrela Brilhante de Recife, ici exposée au Museum do Homem do Nordeste. Source: leiaja.com

Chamalongo (m). Nombre de una deidad conga. 2 Sistema adivinatorio del Palo Monte. 3 Cementerio. ([Entre las posibles etimologías] PS longo, rito de circuncisión o de iniciación en sectas secretas.)

Nom d’une divinité kongo. 2 Système de divination du palo monte. 3 Cimetière. Parmi les possible étymologies rapportées par G. Valdés Acosta : rite de circoncision ou d’initiation des sociétés secrètes.

Chimbumbe (m). Col. Diablo. 2 Ser mitológico local.

Diable. 2 Créture légendaire locale.

Empanda (f). Brujería muy mala. KL vanda mpandu, practicar la magia, la necromancia. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica mpanda.)

Sorcellerie hautement maléfique. Étym. Pratiquer la magie, la nécromancie.

Embanda (f). Guia espiritual ou assessor religioso da umbanda. (BR)

Guide spirituel ou diacre de l’umbanda. [Je place les deux termes ensemble en raison de leur similitude, qui pourrait indiquer une origine commune, bien que leurs sens, tout en relevant d’un contexte a priori commun, ne se confondent pas.]

Encuyo (m). Receptáculo o ‘prenda’ de pequeño tamaño con poderes mágicos usado en la religión Palo Monte. KL nkuyu, espíritu del muerto. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica nkuyo.)

Réceptacle de petite taille possédant des pouvoirs magiques et employé dans le palo monte. Étym. L’esprit d’un mort. [Voyez Enganga, le « chaudron », pour le « réceptacle » de plus grande taille qui représente le véritable instrument mystique du palo monte.]

Endimbo (m). relig. Mezcla que contiene jabón de lavar, dulce de guayaba y cenizas. Esta mezcla se aplica sobre el tambor mayor para dar mayor sonoridad. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica ndimbo.)

Mélange de savon, compote de goyave et cendres que l’on applique sur le tambour principal des cérémonies du palo monte afin de lui conférer une plus grande sonorité.

Endongo (m). Brujo del sistema religioso del Palo Monte. KL ndongo, gran jefe. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica ndongo.)

Sorcier dans le palo monte. Étym. grand chef.

Endoqui (m). Espíritu de persona fallecida. 2 Brujo. 3 Diablo, demonio, espíritu maligno. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica ndoki.)

Esprit d’une personne défunte. 2 Sorcier. 3 Diable, démon, esprit maléfique.

Enfula (f). Pólvora, generalmente utilizada con fines mágicos. KL mfula, pólvora, polvos mágicos. (Los creyentes cubanos prefieren las formas ortográficas mfula y nfula.)

Poudre généralement utilisée à des fins magiques. Étym. Poudre, poussières magiques.

Enfumbi (m). Muerto. 2 Espíritu. 3 Médium en el sistema religioso del Palo Monte. (Los creyentes cubanos prefieren las formas ortográficas mfumbi y nfumbi.)

Un mort. 2 Esprit. 3 Médium dans le palo monte.

Vumbe (m). Morto ou o espírito de pessoa morta. Tirar a mão de vumbe, realizar cerimônia religiosa para que o espírito da felicidade se desprenda das coisas materiais e encontre seu caminho para o mundo espiritual. (BR)

Un mort ou l’esprit d’une personne morte. « Prendre la main du ~ », conduire une cérémonie religieuse pour que l’esprit de la félicité [?] se détache des choses matérielles et trouve son chemin vers le monde spirituel.

Enganga (f). Receptáculo donde se concentran las fuerzas mágicas de las creencias del Palo Monte, también llamada ‘caldero’ y ‘prenda’. Tata Enganga (m), persona de alta jerarquía que ejerce la religión palera. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica nganga.)

Réceptacle où sont concentrées les forces magiques dans les croyances du palo monte, également appelé « chaudron » ou « gage ». Tata Enganga, personnage haut placé dans la hiérarchie du palo monte.

Nganga (enganga) de palo monte. Source: Pinterest.

Ganga (m). Sacerdote gentio no Congo. 2 Em Angola, feiticeiro que, segundo a crença local, é capaz de adivinhar e nomear o responsável por um assassinato. 3 Termo que, no Brasil, os escravos usavam como equivalente a senhor. (BR)

Prêtre païen du Congo. 2 En Angola, sorcier qui, selon les croyances locales, est capable de deviner et nommer le responsable d’un crime. 3 Terme que les esclaves du Brésil utilisaient comme un équivalent de « monsieur ».

Engombe (m). Ganado vacuno. 2 Médium de los espíritus en el sistema religiose del Palo Monte. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica ngombe.) Engombo (m). Brujo adivino. 2 Médium de los espíritus en el sistema religioso del Palo Monte. (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica ngombo.)

Animal bovin. 2 Médium des esprits dans le palo monte. Engombo. Devin. 2 Médium des esprits dans le palo monte.

Enquisi (f). Brujería, generalmente sobre pequeña escultura humana; hechizo. 2 Suelo, tierra. Tata Enquisi, sacerdote del Palo Monte de menor jerarquía. KL nkisi, fetiche, sortilegio, encantamiento, fuerza mágica, delirio causado por brujería (kikóongo). (Los creyentes cubanos prefieren la forma ortográfica nkisi.)

Sorcellerie, en général pratiquée sur une statuette de forme humaine ; sortilège. 2 Sol, terre. Tata Enquisi, prêtre mineur dans le palo monte. Étym. Fétiche, sortilège, enchantement, force magique, délire causé par un sortilège (langue kikongo).

Ensembe (m). Paño que se utiliza para cargar en la espalda a los niños mientras la madre trabaja, cargador.

Bande d’étoffe servant à porter les enfants sur le dos pendant que la mère travaille.

Ensó (m). Casa. Muna ensó, pequeño cuarto donde se realizan las ofrendas ceremonias rituales en la religión Palo Monte, lit. ‘hacia la casa’. Ensó fua, cementerio, lit. ‘casa del muerto’. (Los creyentes cubanos prefieren las formas ortográficas nso y nzo.) Entoto (m). Tierra. 2 Cementerio.

Muna ensó, petite salle où sont pratiquées les offrandes, dans la religion du palo monte, littéralement « vers la maison ». Ensó fua, cimetière, litt. « maison du mort ». Entoto. Terre. 2 Cimetière.

Lombe (f). Mujer bonita. KL nlombé, marca de distinción de las mujeres del rey Nsundi.

Belle femme. Étym. Marque de distinction des femmes du roi Sundi. [Les Sundi sont un peuple bantou d’Afrique centrale.]

Lombanfula (m). Expresión religiosa de origen bantú que utiliza el agua en sus ritos, se diferencia del Palo Monte en que no tiene en su religión la enganga. Sus últimos creyentes se localizan en la región central de Cuba (Placetas, Sagua la Grande y Remedios). KL lomba, demandar, preguntar a un oráculo, interrogar; mfula, pólvora mágica.

Forme religieuse d’origine bantoue qui utilise l’eau dans ses rites et se différencie du palo monte en que sa religion ne possède pas d’enganga (voyez ce mot). Ses derniers fidèles se trouvent dans la région centrale de Cuba (Placetas, Sagua la Grande et Remedios). [Cette allusion aux « derniers fidèles » semble indiquer un déclin.]

Lubolo (m). Cuba, Arg., Ur. Denominación de grupe étnico de origen bantú. 2 Ur. Blancos pintados de negros en el carnaval de Montevideo.

Nom d’un groupe ethnique d’origine bantoue (Cuba, Argentine et Uruguay). 2 En Uruguay, nom donné à des Blancs peints en noir lors du carnaval de Montevideo.

DLE (adj.) Ur. Perteneciente o relativo a una agrupación de carnaval compuesta por personas de raza negra y por personas de raza blanca pintadas de negro, que actúan al compás de tamboriles. (m y f) Integrante de una agrupación lubola.

(adj.) Relatif à un ensemble carnavalesque composé par des personnes de race noire et par des personnes de race blanche peintes en noir, défilant au son de tambourins. (m/f) Membre d’un tel ensemble.

[Le fait de se peindre le visage en noir se retrouve également dans le maracatu cearense, de la province de Ceará au Brésil, où il a peut-être à voir avec le fait que les calungas (voyez ce mot) ou poupées tutélaires de ces processions, sont noires. Les Brésiliens insistent sur le fait que ce maquillage, le negrume, n’a pas les connotations du blackface (blackface minstrelsy) aux États-Unis.]

Blackface Queen, Maracatu Cearense. Source: GGN

Maracuta Vozes da África. Source: Diário do Nordeste.

Lucancasi (m). Diablo. KL nkasi, crueldad; nluka, centro donde brotan las innombrables fuerzas de Dios en todas direcciones.

Diable. Étym. « Cruauté », et le centre d’où jaillissent les innombrables charismes de Dieu dans toutes les directions.

Macatú (m). Col. Danza dedicada a Calunga. KL maka, ver un espíritu, espectro, cosa maravillosa.

Danse dédiée à Calunga. Étym. Voir un esprit, un spectre ou une chose surnaturelle. [Cette danse semble donc liée à l’origine à des phénomènes visionnaires.]

Macuto (m). 1 relig. Pequeña bolsa con poderes mágicos. 2 Bolsa, bulto, paquete pesado.

Petite bourse aux pouvoirs magiques. 2 Bourse, ballot.

DLE (m). Mochila, especialmente la del soldado.

Sac, en particulier celui du soldat (havresac).

Macuta, Macuca (f). Antiga moeda de cobre que circulava entre os nativos de Angola. (BR)

Ancienne monnaie de cuivre en circulation chez les peuples natifs d’Angola. [J’ignore si l’étymologie est commune entre le terme espagnol et ce terme brasilo-portugais ressemblant. Je note toutefois une parenté conceptuelle entre la monnaie (le contenu) et une bourse (le contenant). L’existence d’une ancienne monnaie métallique, d’origine apparemment locale, en Afrique subsaharienne attire par ailleurs mon attention.]

Mambo (m). 1 Palabra, discurso ritual. 2 Canto o frase rítmica que en los ritos del Palo Monte se vincula a las transes. 3 Género bailable de mediados del siglo XX de origen cubano que contiene partes cantadas. (Valdés Bernal opina, siguiendo a Dalgish, que procede del vocablo yoruba mambo, ‘hablar’.)

Parole, discours rituel. 2 Chant ou phrase rythmique associée à la transe dans le palo monte. 3 Musique du milieu du vingtième siècle d’origine cubaine, avec des parties chantées ; danse accompagnée par cette musique. [Le mambo, comme genre musical et comme danse, est évidemment bien connu puisqu’il a été popularisé internationalement par des disques ainsi que des films de grande diffusion ; l’origine de son nom l’est beaucoup moins.]

Maranguango (m). Col. Mezcla de líquidos para un maleficio; veneno. KL malangua, lugar donde se guardan las botellas del malafo (vino de palma).

Mélange de liquides servant à un maléfice ; poison. Étym. Lieu où sont gardées les bouteilles de vin de palme.

Maso (m). Persona que tiene un santo o espíritu en su cabeza. PS mazowa, iniciación religiosa.

Personne possédant un saint ou un esprit dans la tête. Étym. Initiation religieuse. [Les religions autochtones d’Afrique subsaharienne ont une forte composante initiatique.]

Matari (f). Piedra. 2 Piedra con poderes mágicos de los rituales congos en Cuba.

Pierre. 2 Pierre dotée de pouvoirs magiques, dans les rituels kongo à Cuba.

Mayombe (m). Sacerdote con jerarquía y vastos conocimientos del sistema religioso Palo Monte. Palo Mayombe, variante del Palo Monte que trabaja el mal. 2 Tercer momento de consagración a Ensambi. 3 Denominación étnica de esclavos de origen bantú. KL mayombe, jefe supremo, príncipe, gobernador, título honorífico.

Grand prêtre, aux connaissances étendues, dans le palo monte. Palo mayombe, variante du palo monte dédiée à la magie noire. [La distinction ne semble pas toujours faite de cette manière entre le palo monte et le palo mayombe ; par exemple, la page Wikipédia française donne les deux appellations comme synonymes.] 2 Troisième moment de la consécration à Ensambi [Dieu]. 3 Nom ethnique d’esclaves d’origine bantoue. Étym. Chef suprême, prince, gouverneur, titre honorifique.

DLE (m). Culto afrocubano de origen bantú.

Culte afrocubain d’origine bantoue.

Mayumba (). Fetiche contra la locura. KL ma-yumba, enquisi que causa la tristeza, la locura.

Fétiche contre la folie. Étym. Fétiche cause de tristesse, de folie.

Quini-quini (m). Talla de madera con poderes mágicos. KL kiini, talla en forma humana de los espíritus, hecha para actos rituales. PS kini, talla de ídolo del espíritu de los muertos.

Statue de bois taillé dotée de pouvoirs magiques. Étym. (selon Laman) statue taillée en forme humaine représentant les esprits, sculptée en vue des actes rituels ; (selon Swartenbroeckx) idole de l’esprit des morts.

Quiñumba (m). Brujo; brujería. 2 Muerto; fantasma. 3 Cabeza; calavera. 4 Variante para hacer el mal en los sistemas religiosos de origen bantú en Cuba. KL quinyumba, espíritu, fantasma, malos espíritus, espíritu de un muerto.

Sorcier ; sorcellerie. 2 Un mort ; un fantôme. 3 Tête ; crâne. 4 Variante consacrée à la magie noire dans les systèmes religieux d’origine bantoue à Cuba. Étym. Esprit, fantôme, mauvais esprits, esprit d’un mort.

Quimbanda (m). Sacerdote do culto angola-congo, ao mesmo tempo com função de curandeiro. (f) Linha da umbanda, denominada popularmente umbanda de linha negra, por incluir em suas práticas o culto aos exus e supostos malefícios encomendados a pessoas, animais e objetos. 2 Por ext. o conjunto das práticas e rituais desse culto. (BR)

Quimbanda. (m) Prêtre du culte angolano-congolais, qui exerce en même temps une activité de guérisseur. (f) Branche de l’umbanda, dénommée populairement umbanda du versant noir en raison du fait qu’elle inclut dans ses pratiques le culte aux exu (intercesseurs) et de supposés maléfices envers personnes, animaux et objets. 2 Par extension, l’ensemble des pratiques et rituels de ce culte.

Yimbi (s). Iniciado en el sistema religioso de Palo Monte. KL nkimba, sociedad secreta, persona iniciada en sus misterios.

Personne initiée au système religieux du palo monte. Étym. Société secrète, personne initiée à ses mystères.

Yimbibula (f). Fiesta religiosa.

Fête religieuse.