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Le Cabinet des curiosités

Ce blogue est au fond un vaste cabinet de curiosités mais, comme je ne m’en étais pas aperçu jusque-là, je n’ai pas pensé à lui donner ce nom. Je le donne au présent lexique de mots rares désignant diverses curiosités, d’époques et de régions variées, pour le plaisir des curieux. Les définitions sont tirées du Grand Larousse du dix-neuvième siècle. Selon un usage constant de ce site, mes observations sont indiquées entre crochets.

s.m. substantif masculin ; s.f. substantif féminin ; adj. adjectif.

Abonde (s.f.) La principale des fées bienfaisantes, qui, suivant nos ancêtres, venaient la nuit dans les maisons et y apportaient toutes sortes de biens.

[Le nom comme l’idée ne sont pas sans rappeler la corne d’abondance.]

Afragar (s.m.) Nom donné au vert-de-gris par les anciens alchimistes. [L’origine arabe de ce mot est peu douteuse, de même que celle d’un grand nombre d’autres termes d’alchimie, tels que] Aabam ou Abartamen (s.m.) Plomb. Abarnahas (s.m.) Magnésie. Ahusal (s.m.) Soufre d’arsenic. Aludel (s.m.) Appareil utilisé dans les expériences de sublimation et se composant de vases de terre vernissée, emboîtés les uns dans les autres et surmontés d’un chapiteau destiné à recevoir le produit de l’opération. Athanor (s.m.) Sorte de fourneau dans lequel le charbon, tombant de lui-même à mesure qu’il se consumait, entretenait très longtemps un feu doux. L’athanor, qui ne servait que dans les longues opérations alchimiques, n’existe plus dans les laboratoires actuels. Avraric ou Azoch (s.m.) Mercure. Azinaban (s.m.) Nom que l’on donnait aux fèces séparées de la pierre philosophale. Bénibel (s.m.) Mercure hermétique. Brumazar (n. propre) Esprit des métaux, en alchimie. Duénech (s.m.) Matière de la pierre philosophale, quand elle est devenue très noire. Duzamé (s.m.) Pierre philosophale.

Alséides ou Alses (s.f.pl.) Mythol. gr. Nymphes des bocages et des sous-bois. // Êtres fantastiques habitant les bois. Anaraïdes (s.f.pl.) Nymphes ou génies des eaux qui, selon les Grecs, se tenaient près des fontaines. Anigrides (s.f.pl.) Nymphes qui habitaient les rives de l’Anigrus ; elles passaient pour guérir les blessures, et surtout les maladies de la peau.

Anansie (s.f.) Nom d’une grosse araignée adorée par les nègres de la Côte d’Or, qui lui attribuent la création de l’homme, et qui la révèrent comme une divinité particulière.

[Le nom est aujourd’hui orthographié Anansi ou Anansé, et il est passé aux Antilles sous la forme Nancy, avec, en anglais, l’expression nancy-story, définie par le dictionnaire Merriam-Webster comme « un conte merveilleux d’Afrique occidentale ou des Antilles ». Par exemple, dans le poème dialectal The Lesson de la poétesse grenadienne Merle Collins, « Is not/ No Nancy-Story/ Nuh/ Is a serious/ joke ».]

Angimacurien (s.m.) Membre d’une secte d’ascétiques indiens ; ils méditent jour et nuit, dans la position la plus incommode, et ne vivent que d’insectes, assaisonnés avec le suc de plantes amères ou fétides.

Anthropométallisme (s.m.) Sorte de magnétisme animal.

Anktériasme (s.m.) Antiq. Nom donné à une sorte d’anneau ou de bandage au moyen duquel, avant l’usage de la castration, on cherchait à conserver aux chanteurs leur voix, aux danseurs et même aux gladiateurs toute leur énergie, en rendant impossible l’énervement amené par certaines jouissances prématurées ; c’est ce que les Latins nommaient infibulatio.

Anthropomancie (s.f.) Divination basée sur l’inspection des entrailles d’un enfant ou d’un homme fraîchement égorgé. L’anthropomancie se pratiquait encore chez les Grecs du temps de la guerre de Troie.

Archimagie (s.f.) Partie de l’alchimie qui enseignait l’art de faire de l’or.

Arétalogue ou Arétologue (s.m.) Antiq. rom. Sorte de bouffon philosophe qui amusait les convives pendant le repas. [Ces bouffons remplissent aujourd’hui leur office à la télévision.]

Asellation (s.f.) Méd. Promenade sur un âne, prescrite comme moyen curatif.

Auropubescent (adj.) Hist. nat. Qui est garni de petits poils d’un jaune doré.

Avoutrie. Féod. (du lat. adulterium) Droit d’avoutrie, Droit en vertu duquel une personne, homme ou femme, convaincue d’adultère, était condamnée à courir toute nue par la ville où le crime avait été commis, ou à payer soixante sols au seigneur. Etat d’une personne adultère. Emplumement (s.m.) Anc. législ. Peine qui consistait à couvrir de plumes le corps ou une partie du corps du condamné, après l’avoir enduit d’une matière gluante. Encycl. L’emplumement paraît avoir été très-commun au moyen âge. Si l’on s’en rapporte aux lettres de rémission de l’année 1479, citées par Du Cange au mot adulterium, ce châtiment bizarre aurait été appliqué principalement aux adultères. [Châtiment plus connu de nous sous la forme pratiquée au Far-West, le tarring and feathering.] Paratilme (s.m). Antiq. gr. Epilation, peine infligée aux adultères, mais dont les riches pouvaient se racheter en payant une amende.

Baf (s.m.) (de l’angl. beef, bœuf) Métis ou jumart qu’on suppose provenir du taureau et de la jument. Le produit également supposé du cheval et de la vache s’appelle bif.

Baghe (s.m.) Anc. cout. Bagage d’un ladre ou lépreux (manteau, chapeau, besace, cliquette).

Barbole (s.f.). Antiq. Sorte de hache d’armes barbelée – c’est-à-dire pourvue de piquants qui s’opposaient au retrait de l’arme de la plaie –, très lourde et très meurtrière.

Buccomancie (s.f.) Art de connaître le passé, le présent et l’avenir d’une personne par l’inspection de l’intérieur de sa bouche. Cette science, créée par M. W. Rogers, est, selon lui, physiognomonique, physiologique et philosophique.

Cacangélique (s.m.) Nom d’une secte luthérienne qui se disait en rapport avec les anges.

Cache-Folie (s.m.) Coiffure adoptée par les femmes sous le Directoire, et qui formait un des éléments du costume de cette époque. Elle consistait en une perruque blonde à cheveux flottants. C’était la coiffure des merveilleuses.

Cacodémon (s.m.) Démonol. Mauvais génie qui, dans les croyances de l’antiquité et du moyen âge, s’attachait à chaque homme et cherchait à l’entraîner au mal.

Callipédie (s.f.) Physiol. Art de procréer de beaux enfants.

Cambion (s.m.) Démonol. Petit démon né du commerce d’un démon incube avec un démon succube. Encycl. Les auteurs qui ont traité de la démonologie, entre autres Delancre et Bodin, croient que les démons incubes peuvent s’unir aux démons succubes, et nomment cambions les enfants nés de ce commerce hideux. Ces enfants sont horribles et repoussants, ils sont plus pesants que les autres, et avalent des quantités énormes de nourriture sans jamais engraisser. Luther, qui prétend en avoir vu, dit qu’ils ne vivent que sept ans, qu’ils sont toujours tristes et moroses, et ne rient que lorsqu’il arrive un sinistre dans la maison qu’ils habitent. Un autre auteur rapporte qu’un mendiant excitait la pitié des passants en tenant un cambion sur ses genoux.

[Il convient de préciser ces explications en soulignant que, si l’on a pu voir des « cambions » au milieu des hommes, ce qui n’a rien d’évident, a priori, pour les rejetons d’êtres démoniaques, c’est qu’ils sont parfois substitués par leurs parents à des bébés enlevés par ces derniers, en conséquence de quoi les parents humains élèvent sans le savoir, du moins au début, un enfant surnaturel, en anglais un changeling, mot de même étymologie : Lat. cambio, changer, échanger. Pour le cambion en poésie, voir mon poème Le Baron Incube, dans le recueil Le Bougainvillier.]

Camois (s.m.) Mot qui servait à désigner les marques imprimées sur la peau par la cotte de mailles, et qu’un bain faisait disparaître : les camois des mailles.

Canabasserie (s.f.) Commerce du chanvre, dans le Lyonnais. Canabou (s.m.) Ancien nom du chanvre.

Caninage (s.m.) Féod. Droit en vertu duquel les tenanciers étaient obligés de nourrir les chiens de chasse du seigneur. // Droit dû au seigneur pour la permission qu’il accordait aux paysans d’avoir des chiens chez eux.

Caninana (s.m.) Erpét. Serpent d’Amérique qui s’attache à l’homme et le suit comme un chien.

[Mes recherches sur plusieurs pages Wikipédia n’ont pu confirmer cette caractéristique du caninana. Soit les hommes ont abandonné depuis longtemps cette sorte de domestication, soit elle n’a jamais existé et l’erreur provient peut-être d’une interprétation fautive du nom de ce serpent par laquelle les lexicographes auraient assigné à cani- le même sens qu’à canin.]

Capade (s.m.) Eunuque noir, chez les Maures. Capou-agassi (s.m.) Chef des eunuques blancs du sérail.

Carquet (s.m.) Place secrète entre le corset et la poitrine : cacher une lettre dans son carquet.

Catabolique (adj.) Se disait d’un démon qui emportait les hommes pour les briser en les jetant avec violence contre terre.

Cataste (s.f.) Antiq. lat. Sorte d’échafaudage sur lequel étaient exposés les esclaves mis en vente. // Instrument de torture, consistant en un lit de fer sur lequel on plaçait le patient, après y avoir allumé du feu.

Cébocéphale (s.m.) Tératol. Genre de monstre dont la tête ressemble à celle d’un singe.

Cédrie (s.f.) Antiq. Nom d’un mélange de bitume et d’une liqueur acide tirée du cèdre, l’un des trois ingrédients dont les Égyptiens se servaient pour embaumer les corps.

Céraunoscope (s.m.) Antiq. Prêtre qui observait les phénomènes de la foudre, pour en tirer des présages.

Cercose (s.f.) (du gr. kerkos, queue) Méd. Allongement du clitoris. Clitorisme (s.m.) Usage contre nature d’un clitoris qui a des dimensions exceptionnelles. // Maladie du clitoris. Tribade (s.f.) (gr. tribas, de tribo, je frotte) Femme dont le clitoris a pris un développement exagéré et qui abuse de son sexe.

Charadrius (s.m.) Antiq. Oiseau merveilleux auquel les magiciens attribuaient la vertu de guérir la jaunisse, rien qu’en regardant le malade. // Oiseau immonde, selon le Deutéronome.

Covin (s.m.) Anc. art milit. Char de guerre armé de faux, en usage chez les Bretons et les Belges. // Antiq. rom. Voiture de voyage à peu près semblable au char de guerre des Bretons.

Crierien (s.m.) Nom donné à des fantômes de naufragés qui sortent la nuit de l’Océan, pour demander la sépulture aux habitants des côtes de la Bretagne et de la Normandie.

Criomyxe (adj.) Pathol. Se dit de ceux dont le mucus nasal est abondant, comme chez le bélier. [L’adjectif s’applique à des personnes mais Larousse évoque le bélier pour rendre compte de l’étymologie : crio-.]

Cutambule (a.) Zool. Qui rampe sous la peau : vers cutambules. Cuticole (a.) Qui vit sous la peau : larves cuticoles.

Cyptonisme (s.m.) Antiq. Supplice qui consistait à placer le patient dans une cage de bois de moindre hauteur que sa taille, et dans laquelle il était obligé de tenir son corps courbé. Miechok (s.m.) (mié-chok) (Mot russe qui signifie littéralement le sac) Espèce de prison, de cachot voûté, dans lequel le prisonnier ne peut se tenir qu’accroupi. On cite des condamnés qui, au bout de deux ou trois ans de miechok, en sont sortis définitivement perclus ; mais le plus grand nombre n’en sortent pas quand la punition se prolonge aussi longtemps.

Dacnade (s.f.) Antiq. Nom donné par les Grecs à un oiseau, aujourd’hui inconnu, que les Egyptiens attachaient à la couronne de leurs convives, afin que ceux-ci, en butte aux coups de bec et aux cris incessants de l’oiseau, se tinssent éveillés pendant tout le repas.

Dam-Kane-Oualla (s.m.) Nom donné à certains pénitents ou fakirs indiens. Encycl. Les dam-kane-ouallas passent leur temps à compter leurs inspirations, cherchant à en réduire le nombre de plus en plus, jusqu’à ce qu’enfin la nature s’y refuse. Les Indous croient qu’ils trouvent ainsi le moyen de prolonger leur vie bien au-delà de son terme ordinaire. Ces misérables fanatiques s’habituent à une abstinence telle qu’une poignée de graines de maïs rôti leur suffit pour une journée. Ils finissent ainsi par rendre leur constitution presque semblable à celle des animaux à sang froid ; les transitions les plus brusques en température n’occasionnent jamais chez eux de congestion sur aucun organe. Ainsi que cela a lieu chez les reptiles, le froid ne fait que les engourdir et le soleil les ranime.

Daturea (s.m.) (da-tu-ré-a) Nom donné à des empoisonneurs indiens. Encycl. Les datureas ont emprunté leur nom à la substance vénéneuse qu’ils emploient le plus généralement pour l’exécution de leurs crimes. Ils sont répandus par centaines dans les trois présidences de l’Inde anglaise, Madras, Bombay et Calcutta. (…) Aucune organisation secrète ne relie entre elles ces bandes de malfaiteurs, composées chacune d’un petit nombre d’individus ; aussi les mesures préventives prises contre les datureas par le gouvernement anglais de l’Inde n’ont-elles pas eu le même succès que celles qu’on a prises contre les thugs.

Djala-Praleyam (s.m.) Déluge indou. L’ère indoue actuelle ou caly-yougam date du commencement de ce djala-praleyam.

Djefr-Kitabi (s.m.) Hist. ottom. Livre écrit en caractères magiques, qui contient les destinées des sultans ottomans et des souverains d’Égypte, et que l’on conserve soigneusement au sérail.

Drac (s.m.) Superst. Sorte de farfadet, de génie des eaux (en Provence).

Draconite (s.f.) Pierre de forme singulière, que Pline et quelques naturalistes anciens ont prétendu se trouver dans la tête du dragon.

Driff (s.f.) Pierre fabuleuse, composée de mousse formée sur des têtes de mort, de sel marin, de vitriol cuivreux empâté avec de la colle de poisson, ayant la propriété d’attirer le venin des plaies et de guérir toutes sortes de maladies, quand on la touchait seulement du bout de la langue. On l’appelait aussi pierre de Buttler et periapton salutis magneticum. Dris ou Driss (s.m.) Nom donné à un médicament analogue à la pierre de Buttler, par Van Helmont, qui lui attribuait la merveilleuse propriété de combattre et de guérir les maladies par une influence surnaturelle.

Drolle (s.m.) Démon familier qui prend soin de panser les chevaux et obéit à quiconque l’évoque et lui commande, d’après les démonologues.

Drude (s.f.) Mythol. germ. Être féminin qui tient à la fois de la nature des dieux et de celle des hommes ; on dit aussi drute. Encycl. Lorsque le christianisme eut été introduit en Allemagne, les croyances populaires en firent des êtres malfaisants, ayant des pattes d’oie ou de cygne. Pour conjurer leurs maléfices on place dans les maisons une pierre ramassée dans un ruisseau et arrondie par les eaux, percée en son milieu de manière naturelle. Cette pierre également toute-puissante contre les elfes est appelée Drudenfuß ou Elfenfuß.

[On aurait, dans les drudes, l’origine des reines pédauques, c’est-à-dire aux pattes d’oie, sculptées sur certains portails d’église. Ce trait, le pied d’oie, était également associé aux lépreux ainsi qu’à la race maudite (race paria) des cagots du sud de la France, dans les croyances populaires.]

Fantine (s.f.) Superst. Fée vaudoise, bonne et douce.

Furrole (s.f.) Météorol. Nom donné par les marins de la Manche et de la Bretagne aux exhalaisons enflammées qui sortent parfois de la terre ou se montrent à la surface de la mer.

Gabbare (s.m.) (lat. gabbarus, même sens) Momie égyptienne embaumée par les chrétiens du pays, aux premiers siècles de l’Eglise.

Galéanthropie (s.f.) Méd. Folie dans laquelle le malade se croit transformé en chat. [Le phénomène n’a pas connu le même succès que la lycanthropie, pas plus que la bousanthropie, ou transformation en bœuf — malgré Le Bousanthrope de Meulière — ni que la cynanthropie, ou transformation en chien.]

Galgal (s.m.) Archéol. Tumulus celtique composé de terre et de cailloux, et renfermant une crypte.

Garou (s.m.) Sorcier. N’est plus guère usité que dans loup-garou.

Gennade (s.f.) Jurisp. anc. Femme qui avait épousé un homme d’une condition inférieure à la sienne. [Cf. aussi, en ancien français, le mot angerin, qui désigne un « homme de basse extraction qui épouse une Damoiselle » (Glossaire de la langue romane)] Tchandala (s.m.) Nom qui s’applique spécialement, dans l’Inde, au soudra né d’un père soudra et d’une femme brahmane. (…) Il leur est ordonné de vivre hors de la ville, de prendre leur nourriture dans des vases brisés, de porter les habits des morts, de n’avoir d’autre propriété que les ânes et les chiens. Ils sont exclus de tout rapport avec les autres classes. Ils ne peuvent être employés que comme exécuteurs publics, ou emportent les cadavres de ceux qui meurent sans parents.

[Le terme se retrouve dans la philosophie de Nietzsche ; c’est cette dernière qui a inspiré à Strindberg sa nouvelle Tschandala.]

Gilgul-Hammetin ou Ghilgul-Hammetin (s.m.) Théol. Sorte de déplacement que devront subir les corps des juifs à l’arrivée du Messie, d’après certains rabbins, pour venir ressusciter en terre sainte.

Gnomide (s.f.) Femelle, femme du gnome. Elfine (s.f) Femme elfe.

Goguelin (s.m.) Esprit familier que les matelots disent fréquenter habituellement la cale et l’entre-pont.

Goor-Knat (s.m.) Nœud sacré, symbole d’initiation et signe de reconnaissance des thugs ou étrangleurs de l’Inde. Encycl. Chez les thugs, le goor-knat est un nœud d’une espèce particulière, que le turka, personnage le plus élevé dans la hiérarchie de ces misérables bandits, fait à l’un des coins du foulard qui doit servir à étrangler les victimes. Ordinairement, ce nœud enveloppe une pièce de monnaie. Quand un cheyla ou disciple aspire à passer étrangleur, il présente son foulard au turka, qui le lui rend après avoir fait le goor-knat. En recevant le foulard des mains du turka, le cheyla porte respectueusement à son front le goor-knat, qu’il ne pourra dénouer qu’après s’être tiré à son honneur d’une première expédition, c’est-à-dire après avoir étranglé un ou plusieurs malheureux voyageurs.

Gynécomaste (s.m.) Méd. Homme dont les mamelles sont très volumineuses.

Hagyrkur, c’est-à-dire Celui qui versifie facilement, Celui qui récite des vers, un des surnoms d’Odin dans la mythologie scandinave. Odin, en effet, parle toujours en vers, et est encore appelé pour cela Liodra Smidr, le forgeur de chants.

Hedjera (s.f.) Femme eunuque de l’Inde. Encycl. Se défiant sans doute des eunuques mâles, chez qui l’on trouve encore quelques restes de passion, les Indous ont poussé la jalousie jusqu’à préposer des femmes également mutilées à la garde du zinanah ou zénanah. On ne voit pas, du reste, que cet usage soit sorti de l’Indoustan. L’opération que l’on fait subir à ces femmes consiste probablement dans l’écrasement ou l’ablation des ovaires. Un voyageur raconte qu’un vieux brahme d’Indore lui avait assuré qu’on produisait l’atrophie des ovaires en les piquant avec des aiguilles insérées au préalable dans le fruit encore vert de l’arbre appelé bhelpoul. Ces hedjeras sont grandes, robustes, bien musclées et jouissent d’une bonne santé. Leur voix mâle, leur haute stature, leurs mouvements brusques, accompagnés de gestes expressifs, les font prendre, au premier abord, pour des hommes déguisés en femmes. Elles n’ont point de gorge ni de mamelon ; tout l’appareil génital est atrophié ; les poils manquent complètement, et les hanches sont aussi peu développées que chez l’homme ; enfin les hedjeras n’ont pas de flux menstruel. Beaucoup de ces femmes parcourent les villes et les villages, prédisant les jours fastes et néfastes, et pratiquant la circoncision chez les enfants.

Hircisme (s.m.) Odeur fétide qui s’exhale des aisselles de certaines personnes et qui rappelle l’odeur du bouc.

Jwidie (s.f.) Mythol. scand. Nom donné à des nymphes des bois qui prédisaient l’avenir.

Kaller (s.m.) Membre d’une caste de l’Inde, uniquement composée de voleurs.

Kos (s.m.) Anthropol. Nom donné à des Nogaïs [peuple mongoloïde de langue turque habitant principalement le Daguestan] du sexe masculin, qui deviennent semblables à de vieilles femmes. Encycl. (…) Lorsque les maladies les énervent ou que l’âge produit cet effet, leur peau se ride sur tout le corps. Le peu de poils qu’ils avaient à leur barbe tombe, et le malade prend tout l’air d’une femme ; il devient impuissant, et ses actions et ses sensations n’ont plus rien de masculin. Dans cet état, il est obligé de fuir la société des hommes ; il reste avec les femmes, s’habille en femme (…) Il est impossible de ne pas voir dans les kos des Tartares et des Turcs les énarées d’Hérodote et d’Hippocrate.

Kouli (s.m.) Membre d’une caste de brahmes de l’Inde. Encycl. Les koulis sont de véritables étalons humains pur sang, chargés spécialement d’ennoblir les familles. Ils peuvent, par une loi d’exception, consacrée par la religion et la crédulité publique, cohabiter, sans déroger, avec des filles vierges de castes inférieures. Ils courent donc les villes et les campagnes ; les parents de la jeune fille qui doit être favorisée des embrassements de cet époux de passage doivent faire au kouli un cadeau en argent ou en étoffes, d’après leur fortune ; ils lui lavent les pieds et boivent ensuite l’eau qui a servi à cette opération. Les mets les plus délicats lui sont offerts ; après quoi, il est amené vers la couche nuptiale où repose la vierge, couronnée de fleurs comme une victime que l’on conduirait au sacrifice. Du moment qu’elle a reçu les embrassements de ce demi-dieu, elle doit se confiner chez elle, n’avoir de rapports avec aucun autre homme et se considérer comme veuve ; s’il vient d’elle un enfant, il sera brahme.

Kyestéine (s.f.) Méd. Pellicule qui se forme sur l’urine des femmes enceintes, lorsqu’on la conserve pendant plusieurs jours.

[« Découverte » par le fameux Savonarole, elle servit aux « mireurs d’urine » à diagnostiquer la grossesse. Alors que les traités de médecine continuent de la mentionner vers le milieu du 19e siècle, et peut-être au-delà, le mot a complètement disparu du vocabulaire médical entre-temps…]

Langelotte (s.f.) Machine avec laquelle on triturait l’or qui entrait dans de certains médicaments.

Léechie (s.m.) (lé-chi) Nom donné en Russie au lutin des bois, esprit qui se plaît à jouer de mauvais tours.

Limoniade (s.f.) Mythol. gr. Nymphe des prairies.

Limousineux (s.m.) (rad. Limousin) Celui qui vole du plomb sur les toits.

Linga-Basswy (s.f.) Prêtresse de Siva. Enclyc. Les linga-basswys ou femmes du lingam sont des prêtresses indoues de la secte de Siva.

Liosalfar (les), génies ou alfes lumineux de la mythologie scandinave, opposés aux myrkalfar, génies ou alfes des ténèbres.

Mahouli (s.m.) Fakir eunuque de la secte de Krishna. Encycl. Les mahoulis font vœu de chasteté et se soumettent à l’opération d’une castration complète ; ils ont une voix féminine et sont imberbes ; mais leur mutilation ne les empêche pas d’ailleurs de devenir gras et grands et de jouir d’une bonne santé. Ils sont l’objet de la vénération publique des Indous, et n’ont d’autre profession que celle de promener leur hideuse et volontaire mutilation de village en village, où les habitants se disputent l’honneur de fournir à tous leurs besoins.

Métempsyque (s.m.) Hist. rel. Sectaire juif ou chrétien qui admettait la métempsychose.

Millegroux (s.m.) Espèce de loup-garou.

Myomancie (s.f.) Espèce de divination fondée sur le cri des souris, ou sur leur manière de manger.

Naïr, Naïre ou Naïram (s.m.) Nom donné aux membres d’une caste indoue. Encycl. C’est une caste noble et guerrière par excellence ; elle se prétend la plus ancienne du monde et conserve des traditions qui remontent au-delà du déluge. Le fait le plus saillant de leurs coutumes, fait unique au reste dans l’histoire de l’univers, c’est la polyandrie érigée en loi civile et religieuse. Toute femme naïre se doit d’avoir quatre maris, et celle qui essayerait de se soustraire à cette obligation serait vouée à tous les châtiments imaginables, en ce monde et dans l’autre. (…) Les femmes habitent des maisons isolées, munies d’autant de portes qu’elles ont de maris ; mais elles y demeurent seules, avec leurs enfants. Lorsqu’un de ses maris vient rendre visite à une femme naïre, il fait le tour de la maison et, arrivé devant la porte qui lui est réservée, il frappe de son sabre sur son bouclier. Lorsqu’on lui a ouvert, il laisse sous une espèce d’auvent un domestique qui garde ses armes, ce qui sert d’avertissement pour les autres maris, si quelqu’un d’entre eux venait en ce moment. Tous les huit jours, la maîtresse de la maison fait ouvrir les quatre portes, et reçoit tous ses maris, qui dînent ensemble chez elle et lui font la cour. (…) Le nom de père est inconnu à un enfant naïr ; il parle des maris de sa mère, de ses oncles, de ses frères, et jamais de son père. Et, de fait, nul ne sait de qui il est le fils. Les rois de Malabar choisissaient autrefois leurs gardes dans la caste des naïrs, caste essentiellement guerrière, et il est probable que cette bizarre polyandrie, qui laisse l’homme sans affection, sans héritier direct, sans famille, fut imaginée pour entretenir chez eux les vertus du soldat.

Nécyomancie (s.f.) Syn. de Nécromancie. // Art de deviner l’avenir par l’examen des os et des nerfs des morts, et par celui des cordes qui avaient servi au supplice des condamnés à mort.

Nyctographe (s.m.) Appareil à l’aide duquel on peut écrire de nuit, sans lumière, et, en général, sans voir les traits que l’on forme.

Nympholepsie (s.f.) Antiq. Sorte de délire dans lequel tombait, disait-on, tout homme qui avait vu une nymphe. // Mélancolie qui portait à rechercher la solitude des forêts. Nympholepte (s.m.) Qui est attaqué de nympholepsie. // Qui est allé recevoir l’inspiration des nymphes sphragitides [?].

[Le terme est d’usage plus courant en langue anglaise (nympholepsy), où il possède en effet un sens dérivé général, défini par l’American Heritage Dictionary comme “an emotional frenzy“. Le Collins English Dictionary indique un usage spécialisé en psychiatrie : “(Psychiatry) a state of violent emotion, esp when associated with a desire for something one cannot have“.]

Omphalomancie (s.f.) Art prétendu de reconnaître le nombre d’enfants que doit avoir une femme, en examinant le nombre de nœuds que présente le cordon ombilical de son premier-né.

Onochœritis (s.m.) Antiq. Monstre moitié âne et moitié cochon, que les païens considéraient comme le dieu des chrétiens. Ononychite (s.m.) Divinité aux pieds d’âne, que les païens croyaient être l’objet du culte des juifs et des chrétiens. Onocentaure (s.m.) Myth. gr. Monstre moitié homme et moitié âne, regardé comme un génie malfaisant par les anciens. // Ancien nom du gibbon. Onoscèle (s.f.) Myth. gr. Sorcière ayant un ou plusieurs pieds d’âne.

Orgiophante (s.m.) Antiq. gr. Grand prêtre qui présidait aux orgies et qui initiait aux mystères de Bacchus.

Panisque (s.m.) (rad. Pan) Mythol. Nom donné à des dieux champêtres qu’on croyait tout au plus de la taille des pygmées. Dwergar (s.m.) Mythol. scand. Demi-dieu pygmée dont la voix est l’écho des forêts. Duses (s.m.pl.) Mythol. celt. Génies malfaisants, analogues aux satyres et aux faunes, et auxquels les Gaulois rendaient un culte. Encycl. Un deuz, au Finistère, est un lutin (…) Dews, chez les Persans, désigne les génies malfaisants. (…) Les duses sont qualifiés de pilosi par Isidore de Séville, ressemblant de beaucoup aux satyres, dont ils avaient d’ailleurs la lubricité.

Pasmasnana (s.m.) Pratique religieuse en usage dans l’Inde, et qui consiste à se frotter le front avec de la cendre de bouse de vache. Encycl. On sait que, dans l’Inde, tout ce qui procède du corps de la vache a le privilège d’effacer les souillures. L’urine de la vache, et sa fiente, particulièrement, ont des vertus merveilleuses pour chasser les impuretés les plus abominables. Il n’est pas de crime, si noir soit-il, dont on ne se déterge la conscience en avalant quelques gouttes de l’immonde mixtion appelée pantcha-garia et composée des cinq substances suivantes : le lait, le caillé, le beurre liquide, l’urine et la fiente de vache.

Pégasides (s.f.pl.) Mythol. gr. Nom donné aux Muses, qui, comme Pégase, habitaient l’Hélicon et se servaient de ce cheval pour monture.

Phanségar (s.m.) Nom par lequel on désigne les membres d’une secte d’assassins dans les Indes : les thugs et les phanségars.

[De l’ourdou پهانسی گر, phansigar, étrangleur. Le poète Georges Fourest a utilisé le mot, dans l’alexandrin J’exterminai les phanségars de Bénarès.]

Pogoniase (s.f.) Physiol. Développement de la barbe chez la femme.

Quandros (s.m.) Pierre précieuse que l’on disait exister dans le cerveau du vautour, et à laquelle on attribuait la vertu d’augmenter la sécrétion du lait.

[C’est un bézoard, c’est-à-dire une pierre d’origine organique. Les bézoards réputés magiques existaient sous de nombreuses variétés : agropile, batrachite, crapaudine, kenne… La draconite citée plus haut a la particularité, non seulement d’être un bézoard magique, mais de provenir en outre d’un animal légendaire.]

Quirime (s.f.) (pron. kui-ri-me) Pierre à laquelle on prêtait autrefois des propriétés merveilleuses, notamment celle de faire dire sa pensée à un homme.

Rudbeckianisme (s.m.) Système ethnographique qui fait marcher du nord au sud toutes les migrations des peuples.

[D’après le savant suédois Olaus Rudbeck (1630-1702), qui affirme dans son ouvrage Atland eller Manheim (L’Atlantide ou le Berceau de l’humanité) (1675-1698) que l’Atlantide n’est autre que la Suède et que c’est le berceau de la civilisation des peuples anciens.]

Samozonki (s.f.) Amazone de la mythologie slave.

Sibylliste (s.m.) Hist. relig. Nom donné aux chrétiens qui prétendaient trouver dans les livres sibyllins des prédictions relatives à Jésus-Christ (IIe siècle).

Sindonite (s.m.) Hist. relig. Nom donné à certains religieux qui portent pour tout vêtement un linceul. Sindon (s.m.) (lat. sindo, gr. sindon, qu’on fait venir de sindos, indos, indien) Linceul dans lequel Jésus fut enseveli.

Skoptzi (s.m.) Nom donné à des fanatiques russes qui se donnent pour mission la destruction de la race humaine. Encycl. La base des croyances de la secte, c’est que l’homme est foncièrement mauvais, qu’il est l’ennemi de Dieu et qu’il faut détruire sa race, en l’empêchant de se reproduire. (…) Pour arriver à leur fin, les skoptzi font vœu de virginité perpétuelle et, pour être sûrs de garder leur vœu, se soumettent à la castration. (…) Des femmes aussi se font affilier et subissent l’ablation des ovaires.

Sottais (s.m.) Nom donné à des nains qui, d’après une croyance répandue dans les districts houillers de la Belgique, travaillent dans les mines en l’absence des ouvriers.

Spermatopé (adj.) Méd. Se dit des aliments qui passent pour augmenter la sécrétion du sperme.

Sylphirie (s.f.) Pays des sylphes et des sylphides.

Tapassa (s.m.) Pénitence que s’imposent les dévots indous. Encycl. (…) Une des principales et des plus indécentes de ces absurdités pratiques consiste à se suspendre aux organes de la génération un poids de plus en plus lourd, afin d’atrophier les muscles de cette partie du corps et éteindre jusque dans sa source toute velléité d’appétit sensuel. [Sanskrit तपस्या, tapasya, pénitence]

Thérarque (s.m.) Antiq. Celui qui commandait les soldats portés sur des éléphants. Zoarque (s.m.) Chef d’une troupe montée sur des éléphants.

Toxicophage (adj.) Qui mêle des poisons à sa nourriture : Peuple toxicophage. Encycl. Dans quelques contrées de la basse Autriche et de la Styrie, surtout dans les montagnes qui les séparent de la Hongrie, certaines parties de la population ont reçu le nom de toxicophages, à cause de l’habitude qu’elles ont, de temps immémorial, de manger de l’arsenic. Les paysans l’achètent, sous le nom de hédri, aux herboristes ambulants ou à des colporteurs. Les toxicophages ou mangeurs d’arsenic ont, dans cette dangereuse pratique, un double but, se donner un air de santé, une grande fraîcheur de teint et se procurer un certain degré d’embonpoint. (…) L’avantage sérieux que les montagnards retirent de l’emploi de l’arsenic, c’est de leur faciliter la respiration pendant la marche ascendante ; ils prennent un petit morceau d’arsenic qu’ils laissent fondre lentement dans la bouche. L’effet en est surprenant ; ils escaladent alors aisément des hauteurs qu’ils ne sauraient gravir qu’avec la plus grande peine sans le secours de l’arsenic.

[À comparer avec l’usage de la coca par les populations des Andes, en Amérique. Mes Americanismos contiennent plusieurs termes qui renvoient spécialement à cet usage. v. Llicta.]

Tribon (s.m.) Antiq. gr. Manteau grossier à l’usage des pauvres gens et des philosophes. // Casaque courte des Spartiates.

Trolde ou Troller, dans la mythologie scandinave, la même race de géants que les Thurses ou Thusses, ennemis des Ases. Lorsque le christianisme se fut répandu, on désigna sous ce nom des diablotins qui prennent la figure humaine. Historiquement, on a donné ce nom aux peuplades qu’Odin et ses compagnons dépossédèrent de leur territoire et firent reculer vers les régions polaires. [Le lecteur aura reconnu les trolls.]

Typtologie (s.m.) Mot employé par les partisans du spiritisme, pour désigner la communication des esprits au moyen de coups frappés.

[C’est un point important dans la doctrine de Swedenborg, qui a en particulier fortement marqué Strindberg, lequel, notamment dans Inferno, a écrit sur des phénomènes de cette nature. Sur Strindberg et le swedenborgisme, voir Strindberg : Un livre bleu. Voir aussi les caractéristiques du poltergeist ou esprit-frappeur.]

Strindberg : Un livre bleu II / Blå Bok

Voici donc, pour la première fois en français, deux textes du Livre bleu, II et III, de Strindberg. Pour ce qui est des textes originaux suédois, qui précèdent la traduction, le premier est écrit dans la graphie de l’époque, car le livre utilisé est un livre ancien, le second respecte l’orthographe moderne.

Je demande à mes lecteurs la permission de ne pas faire de commentaire.

[ADDENDUM. Toutes mes excuses, le premier des deux textes qui suivent a déjà été traduit et figure dans le choix de textes en français paru sous le nom Un livre bleu – ce dont je viens seulement de m’apercevoir, un peu tard. Le second texte le complète bien, sur le même sujet.]

Portrait_of_August_Strindberg_by_Richard_Bergh_1905(1)

Portrait d’August Strindberg par Richard Bergh, 1905.

*

Häxprocesserna

När på 1880-talet materialismen blomstrade och människorna förfäades, upptäckte fysiologen Charcot den onda viljans makt att influera medmänniskors psyke, så att de blefvo « besatta ». Detta kallades hypnotism och suggestion. Hemlighetsfulla tilldragelser med brottslig anstrykning började refereras, processer anlades därtill och mord förekommo, och där mördaren uppgaf sig ha handlat under inflytande och tryck af viss persons vilja, till och med på afstånd. Det var då Charcot fällde de ryktbara orden : Om femtio år ha vi häxprocesserna igen ! Därmed erkändes att det fanns något i häxprocesserna som var annat än inbillningar och bedrägeri.

Hvad menades då med en häxa ? En kvinna (mest kvinnor !) som händelsevis upptäckt själens förmåga att gå ut ur kroppen eller på afstånd influera på en annan, mest på de lägre sfärerna. Därjämte måtte de ägt förmågan att, särskildt hos barn, framkalla orena bilder.

Romarne kände alla dessa konster, men förstodo dem icke. De menade således med Lamia ett spöke som « diade » barn, och med Incubus, som i orena drömmar besökte ynglingar och flickor, menade de Faunus eller den ludne Pan. Luther talar ännu om dessa företeelser, och Huysmans har skildrat fenomenet i ett kloster som han besökte såsom om det var en upplefvelse.

Nu är saken den, som hvarje förälskad man känner till, att kvinnan kan, när hon attraheras till en man, intränga med sin själ eller delar af densamma i hans, så att han förlorar sig själf och blir besatt af henne.

Ynglingen och flickan plågas i drömmen sannolikt icke af sina fantasier utan af andras, och de som tycka sig förföljda af mänskor äro sannolikt förföljda af andras tankar, kärlek eller hat. När denna själens förmåga, under vilda tider af förfall, utvecklas och upptäckes, så missbrukas krafterna af de andra till andra ändamål. Ynglingen i pubertetsåldern, som blifvit föremål för en, kanske okänd, kvinnas böjelse, plågas af detta, känner sig ofri, besatt, och blir stundom frestad beröfva sig lifvet för att bli fri sin vampyr. Olycklig kärlek kan ju sluta i själfmord.

Dessa häxor, som brändes under häxeriprocesserna, voro antingen sådana vampyrer eller besatta, och man har exempel på häxor som af okunnighet och nyfikenhet praktiserat trolldom, sedan själfva angifvit sig och tiggt om bålet som enda räddningen, ty genom att göra ondt hade de trädt i förbindelse med en lägre region som vi ana men icke kunna känna fullständigt.

Albigenser och tempelherrar lära ha utöfvat trolldomssynd med alla afvikelser, och därför brändes de, icke för religionensskull. Och när tempelherrarne svuro på bålet att de voro oskyldiga, så menade de väl oskyldiga till den yttre handlingen, då lagen icke straffar tankesynd, viljesynd, önskesynd.

Häxeriprocesserna upphörde, men häxeriet är kvar delvis. En nådig försyn inbillade mänskorna att det bara var inbillningar ; och när deras tankar upphörde spela omkring dessa ämnen, blefvo de immuna.

När med hypnotismen, medevetandet om dolda, darliga krafter väktes till lif, började fenomenen återigen visa sig, och mäktiga andar, särskildt i Frankrike, bekämpade hvarandra, på afstånd, ibland med dödlig utgång. Flera af dem som framkallat krafterna blefvo skrämda, och flydde till religionen, där de funno säker hjälp. Andra förgingos i sin egen ondska.

Den kvinna, som af ondska och härsklystnad leker med en mans känslor, blifver icke ostraffad. Koketten som väcker svartsjuka blir oftast straffad genom svartsjuka, det vill säga : anfäktas af inbillningar, där hon ser mannen älska en annan kvinna, och det lär vara helvetets kval. Därför heter det så riktigt : Lek icke med kärleken !

Häxor

Swedenborg tror på häxor, efter som han sett dem, och så gör jag också ; ty jag har känt sådana.

Med Häxa menas en kvinna som kan utsända sin kroppssjäl genom en stark viljeakt. Hon kan skicka denna om natten till sovande ynglingar och män, och ge dem illusion (full verklighet) av en omfamning. Detta var medeltidens Succubus eller Incubus, som förekommer i Goethes Faust 1:a Delen, och vilket författaren till Medeltidens Magi aldrig kunde begripa emedan han levde i köttet.

Jag har för många år sedan känt en häxa i utlandet utan att förstå vem jag hade för mig. Hon kunde förvända min syn, så att jag såg det som icke fanns ; hon kunde besöka mig när hon ville ; när hon var ond på mig förmådde hon ingiva mig självmordsmani ; hon ägde kraft att bibringa mig alla slags känslor och hon låg och önskade sig gåvor och pengar, så att jag fick ingivelser inifrån att uppfylla hennes outtalade önskningar.

Swedenborg talar om lastbara kvinnor som bli trollkonor. « De ingiva andra dem de hata, att de må bringa dem om livet, ty de veta sig icke kunna dö ; sedan anklaga de dem som mördare och utsprida det. »

« I helvetet består deras livs högsta nöje i att pina ; ja, medelst i världen okända konster, genom vilka de förstå att bibringa de finaste känslor, alldeles som om de voro i kroppen. »

För att läsaren icke må tro att detta är fantasier eller inbillningar skall jag skvallra om vad en häxa berättat mig, ty jag har känt flera häxor.

Jag frågade en gång, när vinet öppnat hennes tunga : Hur bär ni er åt ? – Jo, jag ligger och tänker mig…

Jag gick med en häxa på gatan, och på långt håll sågo vi ett fruntimmer förgäves söka komma opp på sin cykel.

– Nej, du kommer icke opp förr än jag vill, mumlade min häxa.

Damen på cykeln stretade en stund.

 – Opp med dig då ! sade häxan, och vände bort huvet. I detsamma var damen i sadeln.

Hon hade alltså onda ögat, var jettatore (-trice), bragte otur och förbannelse med sig, var naturligtvis grym och vällustig, vilket följer med !

Hon var rysligt ful, men kunde förvända synen så att hon föreföll skön, dock icke för alla och icke alltid. Vid 43 år kunde hon vid tillfällen ge fullständig illusion av 17 år.

Nu vill jag erkänna, att de flesta kvinnor äga denna förmågan, och detta kallas deras charm, eller tjusningsförmågan, som kan beröva en man förståndet slutligen.

Många flickor, som upptäckt denna farliga gåva, missbruka den av oförstånd ; men många handla på befallning, med tvång, och äro skyddade i sitt rysliga ämbete : att straffa gudlösa män.

Därför är den ogudaktige värnlös mot furien ; och det har givit enfaldiga män anledning tala och skriva om kvinnomakt. Hon har endast makt över den gudlöse.

– Du hade ingen makt över mig, vore hon dig icke given ovanifrån !

Mot häxan finns endast en hjälpare : Herren, levande Gud !

*

Under häxprocesserna förekommo ofta fall, att kvinnor angåvo sig själva och begärde brännas. Dessa hade antagligen handlat av nyfikenhet eller oförstånd, och när de framkallat det onda väsendet och fått det i kroppen, kände de att bålet var enda befrielsen.

Ännu för 7 år sen läste jag i tidning om häxor i Lima, vilka begärde få bli brända.

Alltså, kvinnor, bruka er makt som Gud givit er, men till det goda ; men om ni missbrukar den till härsklystnad, ondska eller vällust, så han I vansinnet eller döden att vänta !

*

En man hade satt bort sin själ i en ond kvinna. Han hatade henne, men efter som hon bar omkring hans själ, så saknade han den. Och denna längtan förnam han såsom kärlek. De skiljdes. Och varje gång häxan överflyttade sina känslor på en annan blev han befriad.

När hon sista gången märkte att han blev befriad, så fattades hon av raseri. Hon ville äga sin älskare, men också pina den förre. Nu råkade hon i en dubbelsnara. Mannen ville hon icke släppa, och därför kastade hon sina känslor på honom, telepatiskt, ty hon var ju häxa. Men i samma stund fanns ingen plats för älskarn, och hon kunde icke « äga » honom, ty han blev neutraliserad.

Då uppfinner hon den sataniska intrigen att genom sin kroppssjäl sammanföra de två männen i olovlig förening. Detta kände den frånskilde mannen på sig, och för att undgå synden, så skött han sig !

Nu frågas : förtjänade icke en sådan kvinna bålet ?

Och hade icke mannen rättighet att döda sig, då han icke på annat sätt kunde bli fri synden, som han avskydde ?

 

Les Procès de sorcières

Dans les années 1880, quand le matérialisme prospérait et les hommes se crétinisaient, le physiologiste Charcot découvrit le pouvoir qu’une volonté maléfique a d’influer sur le psychisme d’autrui de façon qu’il soit « possédé ». On appela ce phénomène hypnotisme ou suggestion. On commença à parler de certains cas mystérieux, à caractère criminel, qui donnèrent lieu à des procès ; les meurtriers affirmaient avoir commis leurs crimes contrôlés par la volonté d’une autre personne agissant sur eux, même à distance. C’est alors que Charcot prononça ces paroles fameuses : dans cinquante ans, nous verrons de nouveau des procès de sorcières ! On admettait ainsi que ces procès reposaient sur autre chose que l’imagination ou la tromperie.

Qu’entendait-on par sorcière ? Une femme (il s’agit la plupart du temps de femmes !) qui d’une manière ou d’une autre a découvert le moyen de quitter son propre corps ou bien d’influencer autrui à distance, le plus souvent parmi les classes inférieures. De même, les sorcières auraient eu le pouvoir de susciter, en particulier chez les enfants, des pensées obscènes.

Les Romains connaissaient ces pratiques mais ne les comprenaient pas. Ils concevaient la Lamie comme un fantôme « allaitant » les enfants, et l’Incube qui hantait les jeunes hommes ou les jeunes filles dans des rêves impurs comme un faune ou comme le Pan hirsute. Luther évoque également ces faits, et Huysmans a décrit le phénomène comme quelque chose de vécu, dans un monastère où il séjourna.

Or la vérité, que tout homme épris admet, c’est que la femme peut, quand elle est attirée par un homme, pénétrer dans son âme ou prendre celle-ci dans la sienne, de sorte que l’homme est perdu à lui-même, possédé par elle.

Le jeune homme, la jeune femme ne sont sans doute pas tourmentés, en rêve, par leurs propres imaginations mais par celles de quelqu’un d’autre, et ceux qui se croient persécutés par les hommes le sont vraisemblablement par les pensées d’autres hommes, amour ou haine. Quand ces pouvoirs de l’âme se développent et se découvrent en des temps farouches de décadence, les forces de l’un peuvent être utilisées en vue des desseins d’un autre. Le jeune homme à l’âge de la puberté qui devient l’objet du désir d’une femme, peut-être inconnue, est tourmenté par elle, il ne se sent plus libre mais possédé, et il est parfois tenté de mettre fin à ses jours afin de se délivrer de son vampire. L’amour malheureux peut certes conduire au suicide.

Ces sorcières qui furent brûlées lors des procès en sorcellerie étaient soit de tels vampires soit des femmes possédées, et on a l’exemple de sorcières qui commencèrent par ignorance et curiosité à pratiquer la sorcellerie et se dénoncèrent ensuite d’elles-mêmes, demandant le bûcher comme leur seul salut car, en s’initiant à ces maléfices, elles étaient entrées en relation avec des régions inférieures dont nous avons quelque pressentiment mais que nous ne connaissons pas dans toute leur horreur.

On dit que les Albigeois et les Templiers pratiquaient le péché de sorcellerie avec toutes sortes de déviances et que c’est pour cela qu’ils furent conduits au bûcher, non pour une question de religion. Lorsque les Templiers jurèrent, sur le bûcher, leur innocence, ils voulaient dire qu’ils étaient innocents des actes extérieurs, car la loi ne condamne pas le péché en pensée, le péché de volonté ou de désir.

Les procès en sorcellerie ont pris fin mais la sorcellerie existe toujours, plus ou moins. Une divine Providence fit croire aux hommes qu’il ne s’agissait que de leur imagination ; lorsqu’ils cessèrent de penser à ces sujets, ils furent immunisés.

Quand, avec l’hypnose, la conscience de dangereuses forces cachées s’éveilla de nouveau, le phénomène ressurgit, et de puissants esprits, particulièrement en France, se combattirent les uns les autres, à distance, parfois avec des conséquences mortelles. Plusieurs de ceux qui avaient conjuré ces puissances prirent peur et se réfugièrent dans la religion, où ils trouvèrent un asile sûr. D’autres sombrèrent dans leur propre malignité.

La femme qui, par méchanceté ou manie de dominer, joue avec les sentiments d’un homme ne reste pas impunie. La coquette qui éveille la jalousie est souvent punie par la jalousie, c’est-à-dire qu’elle est obsédée par la pensée que l’homme aime une autre femme, et l’on dit que c’est là un tourment de l’enfer. C’est pourquoi il est bien connu qu’on ne doit pas badiner avec l’amour !

Sorcières

Swedenborg croyait aux sorcières, parce qu’il en avait vu, et j’y crois également, car j’en ai connu.

Une sorcière est une femme dont l’âme peut quitter le corps par un acte de la volonté. Elle peut conduire son âme auprès d’hommes, la nuit, et leur donner l’illusion (aussi complète que la réalité) d’une étreinte. C’était le Succube ou l’Incube du moyen-âge, tel qu’il apparaît dans le Faust de Goethe, première partie, et c’est ce que l’auteur de la Magie au moyen-âge [Viktor Rydberg. NdT] ne put jamais comprendre, car il vivait dans la chair.

J’ai connu, il y a des années, à l’étranger une sorcière, sans comprendre à qui j’avais affaire. Elle pouvait agir sur mes sens de sorte que je visse des choses qui n’existaient pas ; elle pouvait me hanter à sa guise ; quand elle était en colère contre moi, elle était capable de m’inspirer des pensées suicidaires ; elle avait le pouvoir de susciter en moi toutes sortes de sentiments, elle s’allongeait et pensait à des cadeaux, à l’argent qu’elle voulait, de façon que je ressentisse l’impulsion de satisfaire ses désirs inexprimés.

Swedenborg parle de femmes vicieuses qui deviennent des enchanteresses. « Elles inspirent à ceux qu’elles haïssent la pensée de les tuer, car elles savent qu’elles ne peuvent mourir ; ensuite, elles répandent le bruit que ce sont des assassins. »

« En Enfer, le plus grand plaisir de leur vie consiste à faire souffrir, par des moyens inconnus dans le monde grâce auxquels elles savent inspirer les sentiments les plus profonds, exactement comme si elles avaient un corps. »

Afin que le lecteur n’aille croire que tout cela n’est qu’imagination, je vais raconter ce qu’une sorcière m’a dit elle-même, car j’ai connu plusieurs sorcières.

Un jour que le vin lui avait délié la langue, je lui demandai : Comment vous y prenez-vous ? – Eh bien, je m’allonge et je pense…

Je marchais dans la rue avec une sorcière quand nous vîmes au loin une dame essayer en vain de monter sur sa bicyclette.

– Non, tu ne monteras pas avant que je l’aie voulu, murmura ma sorcière.

La dame redoubla d’efforts quelques instants.

– Allez, monte, maintenant ! dit la sorcière, en détournant la tête. Au moment même, la dame était en selle.

Elle avait aussi le mauvais œil, c’était une jettatrice, elle apportait avec elle accidents et malheurs, était bien sûr cruelle et voluptueuse, cela va ensemble.

Elle était affreusement laide mais pouvait altérer les sens de façon à paraître belle, bien que cela ne lui fût pas possible avec tout le monde ni tout le temps. À quarante-trois ans elle pouvait à l’occasion donner l’illusion d’en avoir dix-sept.

Je reconnais que la plupart des femmes possèdent ce pouvoir, qu’on appelle leur charme ou séduction, et qui peut complètement priver un homme de sa raison.

Certaines jeunes femmes, découvrant ce don dangereux, en abusent par pure inconscience ; mais d’autres agissent sur commandement, sous la contrainte, et sont protégées dans leur affreuse mission, qui est de punir les hommes sans Dieu.

C’est pourquoi l’impie est sans défense face à une furie ; cela a conduit certains esprits peu profonds à parler et à écrire du pouvoir des femmes. En réalité, la femme n’a de pouvoir que sur l’impie.

– Tu n’aurais pas de pouvoir sur moi, si tu ne l’avais reçu d’en haut !

Contre une sorcière il n’y a qu’un sauveur : notre Seigneur, le Dieu vivant !

*

Au cours des procès de sorcières, il arrivait souvent que des femmes se dénonçassent d’elles-mêmes et demandassent à être brûlées. Ces femmes avaient certainement étaient conduites par la curiosité ou l’inconscience, et après avoir appelé l’être maléfique et l’avoir reçu dans leur corps, elles virent que le bûcher serait le seul moyen d’en être délivrées.

Il y a encore sept ans, je lisais dans un journal l’histoire de sorcières qui, à Lima, demandèrent à être immolées.

Jeunes femmes, utilisez, mais pour le bien, le pouvoir que Dieu vous a donné ; si vous en abusez, par manie de dominer, méchanceté ou volupté, vous pouvez vous attendre à la folie ou à la mort !

*

Un homme avait soumis son âme à une femme mauvaise. Il la haïssait mais, parce qu’elle possédait son âme, celle-ci n’était plus en son pouvoir. Et il prenait ce désir de recouvrer son âme pour de l’amour. Ils se séparèrent. Et chaque fois que la sorcière déplaçait ses sentiments sur un autre homme, il devenait libre.

Quand elle remarqua, enfin, qu’il devenait libre, elle enragea. Elle voulait à la fois posséder son amant et torturer l’autre. Elle était face à un dilemme. L’homme ne voulait pas la perdre, elle jeta donc ses sentiments sur lui, télépathiquement, car c’était une sorcière. Mais dès lors il n’y avait plus de place pour l’amant, elle ne pouvait le « posséder » car il était neutralisé.

Alors elle imagina une intrigue satanique : par le biais de son âme, elle réunit les deux dans une union interdite. L’homme séparé d’elle le sentit et, pour échapper au péché, se tira une balle !

La question se pose : une telle femme ne méritait-elle pas le bûcher ?

Et cet homme n’avait-il pas le droit de se tuer, alors qu’il ne pouvait pas autrement échapper au péché, dont il avait horreur ?

Septembre 2013