Journal onirique 2

Les idées viennent en dormant.

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Deux couples d’amis participent à une émission de télé-réalité du type Koh-Lanta, sur une île déserte. L’un des couples saisit cette opportunité pour assassiner l’autre couple, pour une histoire d’argent. Quand la voix off de l’émission détaille les heureuses conséquences financières de la mort des deux participants pour leurs assassins, la femme, qui entend elle aussi la voix off, laisse éclater sa joie.

Le couple assassin a mis à profit l’isolement de l’île déserte pour commettre son crime – comme si cet isolement était réel et non une mise en scène de télé-« réalité » : on peut penser que les deux couples étaient seuls sur l’île avec une petite équipe de tournage et que l’isolement était donc en partie réalisé.

Une idée alternative est que les producteurs de l’émission étaient de mèche avec le couple assassin : les amis de ces derniers croyaient participer à une émission de télé-réalité mais ont été victimes d’un snuff. Par conséquent, l’intérêt, pour les spectateurs, est aussi – mais cela ne m’apparaît, en tant qu’onironaute spectateur de cette émission, que progressivement – d’observer comment les assassins s’y prennent pour commettre leur crime.

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Il peut arriver que l’on se fasse connaître de la police à son insu par des e-mails que la police a trouvés et lus dans le smartphone d’une personne interpellée. C’est ce sur quoi ce rêve attire mon attention.

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Je déjeune avec C. (♀), membre des Brahma Kumaris, et le député Georges F., ancien directeur de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Il est question du Homard Gate. Je fais remarquer que toute considération d’économie était absente des dîners en question et qu’au contraire les grands moyens ont été employés pour que ces dîners soient les plus chers possible. Le député élabore alors une théorie sur ce que pourrait être le « coût décent » d’un dîner officiel, en se basant sur ce que coûte une bouteille de vin dans les cantines des ministères, voire, compte tenu de son intérêt pour les questions pénitentiaires également, dans les prisons (sans doute les cantines du personnel).

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Me rendant à un cinéma « d’art et d’essai » dont je suis, dans ce rêve, familier, je découvre après avoir acheté mon ticket qu’il ne s’agit pas cette fois-ci de la projection d’un film mais d’une exposition en présence de l’artiste, qui explique son travail au public au cours d’une visite guidée. Cela se passe au cinéma parce que certaines des œuvres exposées sont des vidéos (un support courant dans l’art contemporain). Une de ces vidéos est le film d’un tableau abstrait de l’artiste accroché à un mur et tournant sur lui-même dans le sens des aiguilles d’une montre – à moins que ce ne soit l’écran vidéo qui tourne sur lui-même.

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La pensée est plus rapide que la lumière.

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En classe de mathématiques (avec pour professeur l’économiste et politicien indien Subramanian Swamy, qui fut dans la réalité mon professeur d’économie à la Harvard Summer School de 2004), je ne prends que des notes superficielles, ce qui me fait anticiper mon échec à l’épreuve de mathématiques du baccalauréat. Cette anticipation inquiète n’est cependant pas de nature à me faire prendre des notes plus détaillées ; je persiste à ne relever que les éléments du cours qui contribuent à la connaissance du kantisme. Certains résultats mathématiques sont en effet le fruit des efforts de mathématiciens pour confirmer ou récuser la pensée de Kant. Un de ces résultats, dans le sens d’une confirmation, est particulièrement séduisant ; malheureusement, je l’oublie à mon réveil.

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En classe, à Harvard, la professeure nous informe que, selon l’administration de l’université, un étudiant du cours n’est pas régulièrement inscrit et que sa présence risque donc de n’apparaître dans aucun fichier de l’université. La professeure se tourne alors vers moi, confirmant mes craintes que je pourrais bien être cet étudiant. Elle me demande de vérifier le statut de mon inscription. Je google alors sur mon iPhone mais la recherche ne donne rien ; il faut dire que j’ai oublié de googler mon nom parmi les mots clés de la recherche. Mon voisin me suggère donc de googler « Boucharel-harvard.com ».

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Le président de la République est présent à un carnaval, dans ce qui semble être une église, pour rencontrer l’opposition. Il n’est pas déguisé, porte un costume cravate. Je me fais passer pour un de ses partisans et, quand, lors de la prise de parole d’un opposant, il s’exclame « Que chie que chaud ! », je pousse un « Oh ! » de surprise et ris bruyamment. Devant ce succès, le président adopte cette interjection pour larder systématiquement les prises de parole de ses opposants.

Il s’agit d’une expression désuète, dont le sens n’est pas très éloigné de « peu me chaut » et dont le mot « chie », peut-être du verbe « chier », en trouble plus d’un dans l’audience, ce qui semble être l’effet visé par le président.

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Avec d’autres militants, je grimpe une échelle qui conduit à un pont suspendu très haut (à hauteur de gratte-ciel) au-dessus du fleuve et de la ville. C’est un pont étroit d’où l’on peut facilement tomber, mais je ne ressens aucun vertige jusqu’à ce que des militants entonnent le chant de manifestation « Et tout – le monde – détest-e la police ! – Et tout – le monde… » car alors j’anticipe une charge des forces de l’ordre sur le pont, et le vertige me saisit. Je réussis cependant à le surmonter et parviens au bout du pont, à l’étage supérieur d’un centre commercial. En me retournant, je vois que les militants chanteurs, lourdement armés, forment une véritable milice paramilitaire. Certains militants tièdes se disent entre eux, en descendant les escaliers vers les galeries du centre commercial, qu’une telle milice est une curieuse manière de lutter pour les libertés, que de cette façon la force ne peut être remplacée que par la force, mais je ne suis pas de leur avis (je ne suis pas un tiède).

[Note. Les mots milice et militant ont la même étymologie.]

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Devant moi, mon ami B., duquel je ne me fais pas remarquer, se voit refouler à l’entrée de l’université par les portiers alors qu’il venait demander une bourse d’études. Il se fait refouler à cause de ses cheveux longs, me dis-je. Je décide pour ma part de ne rien demander aux portiers, pensant demander mon chemin seulement une fois à l’intérieur, et je traverse les portiques avec un passe. Après être entré et avoir traversé le hall, je demande le chemin du bureau des bourses à une étudiante assise au comptoir d’une buvette. Elle me montre une porte non loin de là : « Après cette porte, tout droit puis à droite. » En ouvrant la porte, je suis surpris, alors que je m’attendais à un couloir, de trouver un amphithéâtre. Sur l’estrade en contrebas, la professeure ne fait pas cours mais tente de répondre à la contestation des étudiants présents : je tombe en plein mouvement étudiant. Si je veux suivre les indications qui m’ont été données à la buvette, il me faut descendre jusqu’à l’estrade, devant la professeure, puis prendre une porte à ma droite. C’est ce que je fais, le plus discrètement qu’il m’est possible. Cette fois, la porte donne sur un dédale de cavernes, dont je peux apercevoir l’ampleur par quelques dégagements, me trouvant à son niveau supérieur. Bien que j’aperçoive une étudiante, puis une autre, aller leur chemin vers les profondeurs de ces grottes, je décide de ne pas les suivre car je n’arrive pas à me convaincre que je trouverai le bureau des bourses au bout de cet improbable chemin. Je retourne donc dans l’amphithéâtre, où j’apprends que les deux étudiantes que je viens d’apercevoir sont l’objet d’une horrible machination : elles pensent rejoindre le lieu où leur sera remis un prix de reine de beauté fictif qu’elles croient avoir gagné mais se rendent en réalité à la cérémonie de sacrifice humain dont elles doivent être victimes. La contestation étudiante n’était elle-même qu’un simulacre.

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[Il s’agit d’un rêve éveillé, au moment d’une sieste, avant de m’endormir tout à fait ; c’est du moins ce qu’il m’a semblé rétrospectivement.]

L’étreinte de la femme-araignée. Sa morsure, quand elle a encore forme de femme, paralyse et rigidifie le corps de son amant ; le pénis est mis en état d’érection. Les mouvements matriciels autour du pénis introduit produisent l’éjaculation. L’accouplement a lieu pendant que la femme-araignée est sous forme arachnéenne et couvre sa victime. Plus tard, la mise-bas a lieu pendant qu’elle a forme humaine : des araignées lui sortent de la matrice.

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Dans une grande entreprise de média, le personnel a des séances quotidiennes d’aérobique. Un jour, à la demande de la directrice, la coach d’aérobique explique que les séances comprendront désormais des attouchements entre collègues ; devant l’incrédulité de certains, elle précise qu’il faut que le personnel entre de plain-pied dans son temps. Plusieurs collègues hommes me mettent la main aux fesses pendant la séance. Les effets de cette nouvelle philosophie aérobique ne se font pas attendre à l’échelle de l’entreprise. Une collègue explique dans un couloir à la directrice, en fumant une cigarette, que cela a profondément changé ses relations avec son père, avec qui elle a maintenant des rapports sexuels, et elle en remercie la directrice. Un nouveau-venu dans l’entreprise, qui ne supportait pas ce nouvel état d’esprit, part quant à lui en laissant à une collègue âgée un emballage de bébé poupée dans lequel on voit, à travers le plastique transparent, un sandwich baguette garni avec la cervelle d’un autre collègue dont il ne pouvait souffrir les attouchements. Une autre collègue décide désormais de travailler nue. Un autre demande à un collègue de venir partager son bureau avec lui ; quand le second refuse, le premier s’énerve et remet son pénis dans son pantalon, ce qui fait voir aux tiers qu’il avait fait cette invitation le pénis à l’air. La collègue nue décroche le téléphone : c’est sa mère, avec qui elle a une conversation en italien. Elle lui demande de parler plus lentement, lui rappelant qu’elle ne parle plus très bien cette langue, étant de la deuxième génération d’Italo-Américains.

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L’Afrique n’exporte pas de produits manufacturés mais nous envoie une image subliminale. Malheureusement pour elle, les guerres interethniques brouillent cette image.

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À Paris, devant une porte cochère, trois petites filles asiatiques m’abordent en souriant avec les mots « thaï, thaï » quand je passe et repasse. Plus tard, je franchis cette porte (les fillettes ne s’y trouvent plus à ce moment-là) et répète les mots « thaï, thaï » à la gardienne asiatique que je trouve sous le porche. Elle fait alors descendre deux des petites filles, qui m’accompagnent dans des escaliers conduisant à un lobby où nous devons prendre un ascenseur pour monter à une chambre dans les étages. Tandis que nous attendons l’ascenseur, l’une des fillettes dit qu’elles savent faire toutes sortes de choses et me demande si je souhaite faire ces choses avec l’une d’elles, et alors laquelle, ou bien avec les deux. Quand je réponds « avec les deux », un homme portant lunettes et moustache, d’aspect débonnaire, m’appelle par mon prénom, bien que je ne le connaisse pas, et demande à me parler quelques instants à l’écart. Je comprends qu’il s’agit d’un officier de police qui vient de me prendre en quelque sorte en flagrant délit dans une sordide affaire de prostitution de mineures. Tout en le suivant vers le lieu où je suppose qu’il va m’interroger, je réfléchis à ce que je vais lui dire : j’ai l’intention d’affirmer que j’ignorais qu’il s’agissait de prostituées, que rien dans les quelques échanges que nous avons eus elles et moi devant l’ascenseur et qu’il a dû entendre ne me permettait de supposer qu’elles se prostituaient, et d’expliquer que les distractions auxquelles je pensais étaient parfaitement innocentes. Pressentant que mes explications ne le convaincront pas, je me réveille.

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Des individus cherchent à faire passer de la drogue de Mongolie en République populaire de Chine par avion. Le plan qu’ils mettent au point consiste à cacher la drogue dans un couffin car ils imaginent que cet objet, supposément occupé par un bébé, n’attirera pas l’attention des douanes et de la police. Il leur reste à trouver comment prêter vie à ce bébé fictif pour que le couffin paraisse réellement occupé par un bébé. L’idée qu’un enregistrement audio de pleurs et babillages puisse tromper la crédulité des gens me laisse sceptique.

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La civilisation de corail.

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L’hombrologie (science de l’homme, hombre) se distingue de l’ostéopathie en ce qu’elle n’interdit pas de péter.

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Une personne de ma connaissance, vieille fille vers la fin d’une carrière de pigiste obscure, me montre de manière inattendue, en me tendant une liasse de dessins, qu’elle a une activité artistique. De façon plus inattendue encore, ces dessins ne sont pas complètement mauvais, leur originalité m’étonne. L’un d’eux en particulier retient mon attention : c’est un dessin abstrait où dominent les couleurs rouge et rose fuchsia, et où se distinguent également deux yeux de verre bleus, l’un et l’autre placés sans ordre dans le dessin pour mieux ressortir. Les reflets du verre et l’intensité de l’iris sont saisissants. Toutefois, je demande à l’artiste d’encrer les traits qu’elle a laissés au crayon à papier, comme le contour des yeux de verre, et de même, pour ces contours en forme de globe, d’utiliser un compas, avant que je publie son dessin sur mon blog.

Ensuite, j’initie plusieurs personnes au jeu de plateau que vient d’inventer mon ami M., un jeu à la manière de Talisman, bien que je l’aie testé en solo et l’aie trouvé ennuyeux. Comme il fallait s’y attendre, les joueurs s’ennuient, et, à l’instigation d’une joueuse, interrompent la partie. Je prends donc la décision de ne pas les initier à un autre jeu inventé par M. qui est la suite de celui-ci et que, le testant en solo, j’ai également trouvé ennuyeux.

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Je prends en filature une lycéenne dans la rue. Elle est de petite taille, porte un jeans et un blouson noir, mais bien que le blouson la désigne à l’attention de la police, elle donne plutôt l’impression d’être bon chic bon genre. Derrière elle, je franchis la grille de l’enceinte extérieure du lycée et continue la filature dans la cour, où elle rejoint un groupe de lycéens mâles occupés à discuter. L’un d’eux attire particulièrement mon attention par son look post-hippie : c’est un blondinet avec un vague chignon sur la tête et des poils follets au menton. Ma filature quitte le groupe pour entrer dans le hall du lycée, où je continue de la suivre. Là, dans la foule, elle est avisée par le proviseur, qui l’appelle, souhaitant parler avec elle de ses nombreuses absences injustifiées : « Suivez-moi dans mon bureau, Rothschild ! » Rothschild est le nom de ma filature, un cas de petite délinquance juvénile au sein de la grande bourgeoisie.

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À l’intérieur d’un hôpital futuriste, un match de football est organisé dans un couloir. Le public se tient debout de part et d’autre du couloir, avec, contre le mur en face de moi, des officiels parmi lesquels je reconnais le président russe Vladimir Poutine. Il semble que les spectateurs, se faisant face à si peu de distance, passent plus de temps à se regarder les uns les autres qu’à suivre le match lui-même. Quand le match se termine, je n’en ai aucun souvenir. Poutine serre des mains et je m’approche ; quand vient mon tour, je ne peux lui offrir que le bout de mes doigts car j’ai la main engourdie, et je note dans son regard un furtif étonnement de ne pas recevoir une poignée de main franche. Je me perds ensuite dans l’hôpital, ses couloirs obscurs, son ascenseur qui, quand les portes s’ouvrent, s’ouvrent en fait sur un escalier s’enfonçant à perte de vue dans les profondeurs.

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Les maisons de retraite ont de petits chiens blancs pelucheux pour le bien-être des pensionnaires mais qui servent aussi pour être mangés par les politiciens et leurs invités. C’est une collaboratrice de la maison de retraite que je suis en train de visiter qui me l’apprend, au moment où je m’applique à donner une caresse à chaque petit chien alors qu’ils se tiennent immobiles, entassés les uns contre les autres sur des chariots de cantine le long des couloirs de l’établissement, inquiets, frissonnant comme s’ils venaient de vivre un tremblement de terre. Ils sont peints comme des gâteaux car ils doivent être servis au déjeuner organisé pour la visite d’une ministre. Croisant celle-ci dans un couloir, alors qu’elle se rend avec d’autres personnes au réfectoire où doit avoir lieu le déjeuner, je la pousse brutalement, irrité par la coutume barbare dont on vient de m’apprendre l’existence. La ministre tombe au sol mais ne fait pas de scandale. Dehors, entre le bâtiment principal et le réfectoire, je suis présenté à des collaborateurs politiques de la ministre, dont deux sont investis de missions de sécurité bien qu’à la différence des gorilles exerçant habituellement ce genre de fonctions ils soient grêles et efféminés (des assassins plutôt que des gardes du corps). Ils me prennent pour cible de leurs plaisanteries et intimidations ; l’un d’eux fait mine de me pousser du doigt, comme s’il voulait m’écarter d’une pichenette. Je pressens que l’on va me faire payer mon geste contre la ministre ; je suis prêt à en découdre, mais cela ne se produit pas. Au moment d’entrer dans le réfectoire, je suis séparé de la fonctionnaire et lanceuse d’alerte avec qui je me trouvais (celle qui m’expliqua le double rôle des petits chiens) car les pensionnaires et fonctionnaires mangent à part des politiciens (et collaborateurs politiques) et de leurs invités, dont je suis ; au milieu des gens massés à l’entrée pour passer le contrôle de sécurité, je m’exclame : « Ils ne veulent pas mélanger les serviettes et les torchons ! » Un autre invité répond : « Ou l’inverse ! »

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Je retrouve une vieille photo de classe, où je regarde d’abord tendrement la belle S., à côté de moi sur la photo et avec qui, dans le rêve, je suis resté en termes d’affection. Puis je remarque qu’une élève assise au premier rang exhibe ses parties intimes. Par ailleurs, une autre élève non loin de celle-ci fait une fellation au garçon derrière elle. Je me demande comment j’ai pu ne pas voir ces choses à l’époque, et comment cette photo a pu être distribuée aux uns et aux autres sans faire scandale.

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En rentrant chez moi après une absence prolongée, je découvre que mon appartement est occupé par un inconnu qui en a fait sa résidence et se trouve au lit avec deux femmes de petite vertu. Je lui demande de quitter immédiatement les lieux mais il refuse. Vêtu d’un simple caleçon, il me menace physiquement : l’empoignade qui s’ensuit me montre que sa force est supérieure à la mienne. Je l’avertis que je vais appeler la police, à quoi il réplique qu’il ne craint rien, qu’il a la police dans sa poche, parce qu’il est député (ce que je sais être faux). Dans le bureau, où doit se trouver le téléphone, celui-ci n’y est plus, et je n’ai pas non plus mon téléphone portable. Je cherche en vain le téléphone dans plusieurs autres pièces. L’ami qui m’accompagne me dit alors qu’il l’a vu dans la chambre, où je dois donc retourner malgré le risque d’être agressé par le squatteur. Le téléphone s’y trouve en effet, à côté du lit, là où dormait l’une des femmes. J’appelle la police tout en luttant contre le squatteur qui cherche à me faire raccrocher. Après que j’ai expliqué mon problème à la policière au bout du fil, celle-ci me demande quand je souhaite que la police intervienne. Je réponds : « Le plus tôt possible. » La policière m’annonce alors que ce ne sera pas avant cinq jours. Interloqué, j’essaie de plaider pour une intervention immédiate, mais c’est en vain. Je raccroche et parviens au bout du compte à jeter le squatteur hors de chez moi, dans les escaliers, où nous croisons un écrivain pédophile connu qui engage la conversation avec moi.

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Je déjeune au restaurant thaïlandais qui est mon favori dans la réalité, sauf que cette fois cela se passe au bord de l’eau et de la façon suivante : je suis le seul client et assis à même le sol, tandis que les deux jeunes propriétaires du restaurant, dans le rêve un homme français et une femme thaïlandaise, sont également à ma table, elle face à moi, lui à ma gauche, tous deux sur des tabourets et me surplombant. Tandis que je suis là, je me rends compte que je n’ai pas commandé l’un de mes plats préférés, la soupe lac xa (dans la réalité cette soupe n’est pas servie au restaurant thaïlandais auquel je pense mais l’était dans un restaurant chinois à Chaville, dont les propriétaires, en partant après plusieurs décennies d’activité, ont emporté avec eux leur recette inimitable de cette soupe par ailleurs bien connue). Je commence donc à me lamenter bruyamment sur cet oubli de ma part, afin de faire accepter que je puisse commander une soupe lac xa à emporter malgré l’heure. Ma demande est acceptée. Pendant cet échange mon repas est devenu froid, alors la patronne le place sur un réchaud devant moi mais, en réchauffant la nourriture, elle la carbonise complètement, la réduisant à une petite boule blanche. (Comme ces perles mystérieuses que laisse la crémation de certains saints bouddhiques et qui sont vénérées en tant que reliques).

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Je rêve que les flashs lumineux que je vois en appuyant sur mes yeux fermés forment une montagne russe sur laquelle je me trouve lancé à grande vitesse. Après quelques instants, cette montagne russe s’avère être une rampe de lancement qui me projette dans l’espace, traversant des constellations d’étoiles (et l’effet 3D, absent dans la réalité de ce genre d’« images » les yeux fermés, ou bien présent seulement par un vague effet de profondeur, est ici saisissant).

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Membre d’une société savante, après avoir assisté déchaussé, comme les autres présents, à une conférence, j’oublie de remettre mes chaussures en sortant, alors que nous nous rendons tous ensemble au restaurant. Bien qu’embarrassant, cet oubli ne m’empêche finalement pas d’entrer dans le restaurant avec les autres, parce qu’en mangeant on a les pieds sous la table et que personne ne pourra donc voir que je n’ai pas de chaussures, moi y compris. Au cours du repas, je demande à un convive de bien vouloir me servir du vin. Il me passe la bouteille en simulant l’ivresse, pour égayer la compagnie. Alors que je me fais la réflexion que cette petite comédie n’est pas drôle, je commets une faute grossière : au lieu de verser le vin dans mon verre, je bois à même la bouteille, comme si je venais d’ouvrir le frigidaire de mon appartement de célibataire et que j’en avais tiré une bouteille de jus de fruit ou de soda pour y boire au goulot. Les convives sont consternés. Je prends conscience que mes habitudes érémitiques me rendent inapte à toute forme de sociabilité. On continue toutefois de se servir du vin à la bouteille après mon geste, comme si rien ne s’était passé : on fait en somme comme si l’on n’avait rien vu.

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Bangkok, Thaïlande, la nuit. Un tremblement de terre se produit. Les édifices sont secoués mais aucun ne s’effondre. Il semble que ce soit ce qui se passe habituellement car de nombreux immeubles sont entourés de filets au-dessus du sol pour recevoir les personnes que les secousses jettent de leurs terrasses ou de leurs fenêtres. Cependant, nombre de personnes qui tombent sur ces filets rebondissent dessus et finissent tout de même par s’écraser au sol. Dans certains cas, l’effet de ces filets est celui d’un véritable trampoline : les personnes rebondissent plusieurs fois sur le filet avant d’être projetées dans le vide et donc de poursuivre leur chute mortelle.

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