Quelques curiosités du moyen âge révélées par les mots du vieux français

Trouvées dans le Glossaire de la langue romane de Jean-Baptiste Roquefort (M DCCC VIII, 1808)

Lexique pour philosophes, poètes, historiens, linguistes, étymologistes, amateurs de reconstitutions historiques, rôlistes et curieux, complétant mon Cabinet de curiosités.

L’original est en noir, mes remarques en indigo (un commerce florissant au moyen âge).

Ajoutés le 25 décembre 2019, en ocre, des suppléments tirés du Dictionnaire historique de l’ancien langage français de Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781).

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A

Abace, abaco, abacon, abaque : Buffet de service, petite table carrée qui servait, dans un festin, à mettre les pots et les verres, d’abacus. Ces mots étaient aussi employés pour désigner une table sur laquelle on traçait des figures et des nombres d’arithmétique. Cette petite table ou ais, se nommait table de Pythagore ; de là vient que dans quelques auteurs anciens, abaco signifie arithmétique.

Le mot latin abacus, du grec abax, dont dérivent ces termes n’existe plus, en français, contrairement à l’anglais, que dans le sens historique de « Sorte de sceptre, long d’une toise, que portait le grand maître des templiers ». S’agissant de cette dernière définition, il n’est pas évident de comprendre comment on est passé d’un objet du type planche, tablette ou table, l’abax grec et l’abacus latin, à un objet du type bâton (sceptre).

Le mot français moderne abaque tout comme le mot anglais abacus ont acquis le sens de boulier quand ce dernier objet a été introduit en Europe depuis la Chine, supplantant les systèmes qui le précédaient, dans certains usages tels que le commerce.

Abaco (subst. masc.) : Arithmétique. Voy. encore dans Hist. Littéraire des RR. PP. Bénédictins, T. XII, à l’article Bernelin, disciple de Gerbert, un détail curieux sur le Traité que Bernelin avait composé sous le titre Liber Abaci (l’Abaque), sujet très difficile selon lui, et sur lequel on n’avait presque aucune lumière avant que son Maître Gerbert eût commencé de l’éclaircir.

Abacot : Ancien chapeau royal des rois d’Angleterre.

Le terme existe en effet en anglais, en tant que, selon le Merriam-Webster, variante du mot bycoket, qui est, selon telle autre définition en ligne, le nom du chapeau de Robin des Bois, alors même que le nom original du personnage est Robin Hood, c’est-à-dire Robin au capuchon et non Robin à l’abacot… D’autre part, le chapeau de Robin des Bois est dit par cette dernière définition correspondre au « chapeau à bec » en français, mais une troisième définition du bycoket lui donne une forme « en double couronne » (The upper part was in the form of a double crown), ce qui ne semble pas du tout correspondre au chapeau à bec, et c’est pourtant cette définition qui parle d’une coiffe des rois d’Angleterre. Bref, il existe autour de ces termes anglais une certaine confusion que je ne peux débrouiller.

Voyez la photo en fin de lexique pour l’abacot du type Robin des Bois, c’est-à-dire du chapeau à bec.

Abbéesse : Supérieure d’un couvent de religieuses. Ce mot désigne aussi une femme qui préside aux lieux de prostitution ; d’abbattissa.

C’est, en français moderne, le mot abbesse, qui semble avoir perdu le second sens ici présenté.

Accides : Nom d’un peuple, employé dans les Chroniques de S. Denis, pour désigner les sujets du vieil (sic) de la Montagne, roi des Accides ; occidentes. Hakesins, hactasis, hassassis, héissessins : Assassins ; nom de peuple, sujets du Vieux de la Montagne ; d’occidentes, selon MM. Sainte-Palaye et Meuchet. « Li Vious de la Montagne oï / Dire que li Rois erst croisiés : / Deux siens hakesins apiela, / Et deux coutiaus si leur bailla, / Et coumanda mer à passer / Por le Roi Loeys tuer. » (Philippe Mouskes, fol. 709) (Ce que je traduis par : « Le Vieux de la Montagne entendant dire que le Roi des Francs s’était croisé, il appela deux de ses Assassins et, leur tendant deux poignards, leur commanda de traverser la mer pour aller tuer Saint Louis. » Chronique rimée de Philippe Mouskes, 13e siècle)

Parmi les diverses étymologies proposées pour le nom de cette secte ismaélienne, nous avons donc celle, latine, d’occidentes, du verde occido, qui a donné le vieux verbe français « occire ».

Achrême, achroume : Vieillard qui tousse habituellement ; peut-être n’est-ce qu’une allusion au nom de Chrémès, personnage d’un vieillard de Térence.

Achremé (s.m.) : Vieillard toussilleux.

Acorer : Arracher le cœur, les entrailles, faire mourir ; de cor.

Acoupaudir : Débaucher la femme d’un autre.

Acouppaudir : Faire cocu. On a dit coupaut, coup, pour désigner un amant ou un mari dont la maîtresse ou la femme était infidèle. De là le verbe Acouppaudir, Accoupir, pour exprimer l’infidélité de l’une ou de l’autre. [Ce qui est une définition différente quant à l’agent : pour Roquefort il s’agit d’un homme, pour La Curne de S.-P. de la femme infidèle.]

Affourcher : Se mettre à cheval sur un bâton pour aller au sabbat, comme on le supposait aux sorcières.

Alamandine, alabandine : espèce de rubis moins précieux que le rubis d’Orient, [nom] formé d’Alabande, ville de Carie dans l’Asie mineur, d’où Pline dit qu’on tirait cette espèce de rubis.

Alapite, alapiste : Farceurs qui se donnaient des soufflets pour amuser le peuple.

Altargues : Offres faites en argent, pour avoir part aux prières de l’église.

Ancon, ancone, angon : Pique dont les fantassins se servaient, on la nommait autrement francisque ; d’uncus, croc.

C’est manifestement une erreur si l’ancon est bien une pique, car la francisque est une sorte de hache ; au mot francisque, Roquefort décrit d’ailleurs celle-ci comme une hache et non comme une pique. Il est tout de même étonnant que ce que les auteurs s’accordent à décrire comme un javelot, et qui se lancait, dérive du mot « croc, crochet », étymologie qui pourrait bien faire penser davantage à une hache qu’à un trait. Une définition anglaise impute à ce javelot une « pointe barbelée » (A type of javelin with a barbed tip), ce qui semble encore peu satisfaisant, même si c’était le cas, pour rendre compte de l’étymologie ci-dessus.

La Curne de Sainte-Palaye indique : « La francisque distinguée de l’ancon et de la hache, dans Boulainvilliers (Essai sur la Noblesse, table, p. 515 et 516) ».

L’étymologie (uncus) a peut-être à voir avec la caractéristique suivante de l’ancon : « Au haut, en approchant de la pointe, il y avait deux fers recourbés, un de chaque côté. »

Androm, androme, androne : Salle de compagnie au rez-de-chaussée, galerie, lieu d’assemblée pour des hommes ; c’est aussi une très petite ruelle entre deux maisons, dans laquelle on jette les eaux ; en Provençal et en Languedocien modernes, il signifie un cloaque, un égout, un cul-de-sac.

S’agissant de la deuxième partie de la définition, c’est sans doute une indication qu’il faut corriger un peu notre perception des villes au moyen âge si l’on perçoit celles-ci comme un lieu où chacun, faute d’égouts, jetait ses « eaux » (notamment le contenu des latrines) devant chez lui, quelle que circulation qui s’y trouvât. Une telle indifférence aux contingences extérieures semble tout de même extraordinaire, quand on y réfléchit deux secondes, et me paraît donc être davantage un préjugé envers le passé qu’autre chose. Il se pourrait en réalité que ce soient surtout les andromes, c’est-à-dire de « très petites ruelles », des interstices entre maisons, de nul passage ou presque, qui servissent à ce genre de vidange nécessaire. Peut-être la seule circulation (honnête) qu’on trouvait dans ces andromes était celle de personnes préposées à leur nettoyage. Le sens de « cul-de-sac » dont Roquefort dit qu’il est resté en Languedocien moderne semble confirmer que ces ruelles étaient peu empruntées.

Angerin : Homme de basse extraction, qui épouse une Damoiselle.

Aquereau : Machine de guerre.

Sans plus amples informations. Les différents noms de machines de guerre appelleraient un lexique à part entière. J’en cite quelques-unes, qui ne sont même pas la totalité de celles nommées dans le Roquefort (car j’en ai laissé passer) : arganette, batefou, bedondaine ou dondaine, bible, boso, briche, calabre, carcamousse, chat, chauffault, chijers, coillart ou couillard ou coullart, escorpion, espringale, fandofle, fondelle, hélépole, lance à feu, lide ou clide, macefonde, mangonneau, martinet, mouton, onagre, passavant, perdriau, perrier, ribaudequin, tortorelle ou tortue, trébuchet, triquoise, truie ou truhie, tumeriau, veuclaire ou vuglaire. Certaines semblent être de simples variétés de catapulte, si même plusieurs de ces noms ne désignent pas tout simplement la même machine.

Archegaye, arsegaye : Bâton ferré par les deux bouts que portaient les Stradiots, cavaliers Albanais, qui servaient en France sous les règnes de Charles III et de Louis XII. Commines, dans ses Mémoires, traitant de la guerre d’Italie, parle des Stradiots.

« Lorsqu’ils [les Albanais] combattaient à pied, ils se servaient de l’arzegaye. C’était un bâton ferré par les deux bouts, avec lequel ils pouvaient faire la fonction de Piquiers contre la cavalerie. Ils maniaient cette espèce de bâton à deux bouts avec une adresse singulière, donnant tantôt d’une pointe et tantôt de l’autre. » (Daniel, mil. fr. T. II, p. 439)

Archerot : Petit archet, épithète donnée à Cupidon.

Ariole, auriole : Devin, sorcier ; ariolus.

Ariole (s.m.) : Sorcier, qui prédit l’avenir par les sorts. La maladie du roi Charles VI paraissant incurable à la médecine, on imagina que la cause en était surnaturelle, et les Arioles furent consultés.

Arquelier, harquelier : Homme gagé par un religieux pour le mener faire la quête ; ce mot a signifié aussi un vagabond, un vaurien, un batteur de pavé.

Asseyner, assenier, assinier : Mettre des signes ou des marques sur les vêtements ; assignare. Les filles publiques de Toulouse étaient obligées de mettre des marques pour se distinguer des honnêtes femmes.

Atre, atrie : Cimetière ; d’atrium.

Auferrant : Cheval de bataille.

Une autre définition, trouvée en ligne, donne simplement « cheval » tandis qu’une autre encore évoque un « cheval de bataille d’une certaine qualité ».

Axinomancie : Sorte de divination, manière de prédire l’avenir par le moyen d’une hache ou d’une cognée, qu’on faisait rougir et qu’on posait sur une agate ; du grec άξίνη, hache, et de μαντεία, divination.

Les différentes formes de divination que j’ai relevées dans le présent lexique sont plus anciennes que le moyen âge et remontent à l’antiquité. Certaines ont pu subsister au-delà de l’antiquité, d’autres se sont sans doute éteintes avec elle.

B

Balcanifer : L’étendard et le porte-étendard des templiers.

Selon d’autres, l’étendard lui-même était appelé balcanum. Le radical latin -fer- va dans le sens d’une telle distinction.

Barbillon : Fer qu’on mettait au bout d’une flèche ou d’un dard, et qui était barbu ; de sorte qu’une fois entré en chair, on ne pouvait l’en retirer qu’en déchirant les parties environnantes.

Dans le même genre, voyez l’arme dénommée barbole, dans mon Cabinet de curiosités.

Barbute : Homme d’armes, ainsi appelé à cause de l’habillement de tête, ayant une mentonnière ; espèce de couverture dont on se garantissait la tête dans les combats ; barbuta.

Il est difficile de se faire une idée précise à partir de ces définitions. Il se pourrait, en ce qui concerne la première, que Roquefort commette un contre-sens. La barbute semble être, de l’avis plus ou moins général, un casque plus ouvert et moins couvrant que le heaume, de sorte que son nom ne viendrait pas de la mentonnière (pièce d’armure couvrant le menton) évoquée par Roquefort mais du fait contraire que la barbe naturelle de ceux qui la portent était visible (barbuta, which in Italian literally means ‘bearded’, possibly because the beard of a wearer would be visible). Mais cette définition anglaise n’est pas non catégorique (« possibly »). Quant à ce que pourrait être une « couverture » pour se garantir la tête dans les combats, j’avoue ma perplexité si ce n’est pas un casque ; il est indiqué ici et là que les barbutes pouvaient être ornées de crêtes de plumes ou couvertes de tissus peut-être plus ou moins flottants.

Barbue (s.f.) : C’était un habillement de tête en façon de domino, masqué et non masqué, dont on se servait pour se garantir du froid. La barbue était aussi une espèce d’armure de tête qui avait une mentonnière.

Becquoysel : Sorte d’arme qui ressemblait à un bec d’oiseau.

Ce ne serait pas le bec-de-corbin, sorte de marteau d’armes ou marteau de guerre, mais un « couteau en forme de bec d’oiseau », définition trouvée en ligne pour l’orthographe becoisel.

Behaignon : Bohémien, sorcier, devin.

Belin : Sorcier, enchanteur ; au figuré, un sot ; et un mouton ou bélier franc. Beliner : Tromper, attraper quelqu’un.

Il est vraisemblable que le sens figuré sot vienne du sens premier de mouton plutôt que du sens premier de sorcier, a fortiori quand beliner veut dire « tromper quelqu’un » (ce qui n’est pas à la portée d’un sot).

Bibloteur : Ouvrier en os et en ivoire.

C’est-à-dire qui travaille l’os et l’ivoire (pour ceux qui ne sont pas familiers avec le français quelque peu archaïsant de Roquefort).

Bierre (bière) : Nom générique de toutes sortes de bières, dites boires bouillis, qui étaient la goudale, le hambours, le houppes, le brisemars, la quieute, la cervoise et le haquebart. On mettait aussi au nombre des boires bouillis, la bière faite avec du jus de cerise.

Bloi : Blond, jaune, bleu et blanc. Blondir : User d’art pour paraître blond ou blanc.

Blondir (se) : Pour se faire devenir blond, il y avait anciennement des secrets pour rendre blonds les cheveux. [Secrets perdus à l’époque de La Curne de Sainte-Palaye ?]

Bougerie : Crime de bestialité ; de bulgaria ; d’où bougeronner, commettre le péché de sodomie.

Braconage : Droit qu’avait un seigneur sur les filles de ses vassaux lorsqu’elles se mariaient.

Ce qui semble donc être un autre nom du droit de jambage ou de cuissage ou de culage. Voyez culage. Voyez également despucellement.

Braon : Le gras des fesses, le derrière.

En note à Bran, dans La Curne de S.-Palaye : Partie charnue de la cuisse.

C

Caborde : Petite loge de pierres sans mortier, qu’on fait dans les vignes.

Cachenez : Petit masque de velours ou d’étoffe fine, que les dames portaient pour conserver leur teint.

L’orthographe moderne est bien sûr cache-nez, qui désigne aujourd’hui une écharpe. Alors que bien des mots du vieux français ont disparu de notre vocabulaire quand bien même ils y seraient encore utiles selon moi (j’en donne dans ce lexique quelques exemples : fongineux, mérétrical…), le mot cache-nez semble complètement superflu pour désigner une écharpe dont on peut se couvrir le bas du visage en cas de froid : y aurait-il des écharpes dont on ne peut pas se couvrir le bas du visage ?

Pour ce mot, comme pour gimple, peploum, touret et wiart, qui masquent le visage de la femme et sont donc des variétés de voile intégral, voyez mon essai Le voile intégral des femmes dans l’histoire de l’Occident (ici).

Cachenez (s.m.) : Masque de femme. Au temps de Henri II et François II, pour sortir par les temps froids, les dames attachaient aux oreillettes du chaperon une pièce carrée qui couvrait le visage au-dessous des yeux, comme une barbe de masque. C’était là le touret de nez, le cache-nez. Les mauvais plaisants disaient par dérision coffin à roupies [c’est-à-dire panier à morve].

[Se prémunir du froid a, pour les femmes, un intérêt en vue de conserver leur teint, car le froid a pour effet de changer par congestion la couleur de la peau, notamment celle du visage. Ainsi, la disparition de ces masques féminins, parfois remplacés, en violation de la loi française de 2010 contre la dissimulation du visage dans l’espace public, par l’écharpe servant de cache-nez, doit-elle empêcher de sortir par temps froid les femmes occupées de leur teint.]

Cagarier, cagarieur : Visage ou grimace d’un constipé.

Je donne cette intéressante définition de Roquefort pour sa précision et son originalité, tout en pensant comme d’autres, dont au moins un linguiste ancien (Lacombe, 1766), que ces mots sont en réalité synonymes de « chieur », quelqu’un qui chie.

Cagoule : Soutane, froc de moine.

Cakehan, cakehen, caquehein, casquehein : Cabale, conspiration, projet de révolte. Le cakehan désignait le soulèvement de tous les ouvriers d’un ou de plusieurs métiers qui s’assemblaient et refusaient de travailler pour un motif quelconque.

Les esprits réactionnaires ont tort de considérer que les relations du travail étaient plus satisfaisantes à l’époque des corporations de l’ère préindustrielle : le mot caquehein leur montre que ces relations pouvaient déjà déboucher sur des piquets de grève. Curieusement, je n’ai jamais non plus trouvé ce mot dans la littérature prolétarienne. Cette dernière adopte à certains égards le même point de vue que les réactionnaires sur la condition du travailleur à l’ère préindustrielle, non, toutefois, pour préconiser un retour aux formes dépassées de l’économie mais pour souligner la violence de l’économie capitaliste industrielle. Je fais mienne l’analyse de ces auteurs prolétariens sur le caractère sans précédent de la violence des conditions de travail dans les grandes usines des premiers temps de l’ère industrielle, notamment pour les enfants.

Camelin, cameline : Sorte d’étoffe de couleur brune faite de poil de chameau. Les manufacture d’Amiens et de Cambray au XIIIe siècle, étaient fort renommées pour la fabrication de cette étoffe que portaient les gens riches.

Fréquent dans les œuvres littéraires évoquant le moyen âge, et donc relativement connu, ce terme, il convient de le souligner, atteste de l’ouverture des économies au moyen âge, puisque, tout comme les épices, le camelin ne pouvait être qu’un produit d’importation depuis les régions extra-européennes.

La Curne de Sainte-Palaye est enclin à retenir cette étymologie (le poil de chameau), bien qu’elle supposât un commerce constant au XIIIe siècle entre, notamment, Amiens et Cambray, cités dans le Roquefort, et l’Orient, plutôt qu’une autre étymologie possible et qui n’aurait pas besoin d’une telle hypothèse : « Il paraîtrait … que le camelin tirait son nom d’une espèce de couleur, peut-être la couleur vert-de-mer, qui est celle de l’herbe que l’on nomme cameline ou myagrum. »

Canterme : Sorte de sortilège, de maléfice.

Caraie, caraude, caraux : Espèce de sortilège ; billet écrit en caractères magiques. Caraudesse : Sorcière, qui a le visage défiguré ; de cara, visage ; en Lang. carëto, un masque.

L’étymologie du visage et du masque semble indiquer qu’une sorcière est souvent identifiée par sa grimace, et que, si elle a parfois le pouvoir d’apparaître sous les traits d’une belle jeune femme, c’est en réalité un « visage défiguré ». Voyez masque plus bas. Je remarque également que le terme latin pour un masque, larva, désigne par ailleurs, au pluriel, une sorte de fantômes, les « larves » à l’apparence hideuse.

Carme : Charme, sortilège ; de carmen.

Carnon : Ancienne arme des Français.

Carvane : Association, assemblée, réunion de plusieurs personnes pour voyager, pour aller en marchandise, en pèlerinage, ou pour quelqu’autre sujet que ce soit. Mot dérivé de l’arabe, ou des langues de l’Asie. En basse latinité caravana et carvana.

Choule, choulle : Boule de bois que l’on pousse avec une crosse ; sorte de jeu de mail. Plus anciennement, on désignait par choule les jeux de ballon, de paume, et de longue paume. D’où chouleve (choulève), joueur de ballon et de paume.

Chrapoudine : Sorte de pierre précieuse, qu’on croyait se trouver dans la tête d’un vieux crapaud.

En français moderne, crapaudine. Une des nombreuses sortes de bézoards réputés magiques dans les anciens temps.

Cibole : Tête d’une massue.

Claver : Imprimer un fer rouge sur la tête d’un animal pour le préserver de la rage.

Clunagiter : Remuer les fesses.

Colre-russe : Bile noire, épanchement, dégorgement de bile ; cholera rufa.

Cette bile noire n’est autre que la mélancolie dans la théorie des humeurs d’Aristote, qui y voit « un fluide d’une essence subtile, supérieure aux quatre éléments terrestres et analogue au principe des astres, qui ont un caractère divin ; elle est de la nature de l’éther, ce cinquième élément ou quintessence d’origine céleste » (Robert Flacelière, Devins et oracles grecs, 1961)

Coninetter : Onomatopée du chant du merle, lorsque cet oiseau est en amour.

Contretenant : Champion qui, dans un tournoi, entrait en lice pour combattre celui qui était le tenant.

Conventicule : Assemblée secrète d’une partie des moines d’un couvent ; conventiculum.

Le terme désigne de nos jours une « assemblée secrète et illicite » (Littré).

Couers : Mari qui souffre et qui favorise les infidélités de sa femme.

Crochet : Sorte de boîte d’artifice que l’on tirait lors des réjouissances publiques.

Ancienneté de l’usage des feux d’artifice, connus du moyen âge depuis les voyages de Marco Polo, qui de retour de Chine fit connaître à ses compatriotes et la poudre à canon et les feux d’artifice qui s’en servent.

Crouste : Église souterraine ; de crypta.

La Curne de S.-Palaye connaît Croupte : chapelle souterraine.

Culage, cullage, culiage : Droit que certains seigneurs s’attribuaient, de coucher la première nuit des noces avec l’épousée ; c’était aussi le nom du présent que l’époux était obligé de faire à ses amis le premier jour des noces, pour qu’ils le laissassent coucher avec sa femme.

D

Défectif : Se dit encore dans quelques provinces en parlant d’un chat subtil et voleur.

Défourmé : Bâtard, adultérin ; et un homme laid, mal bâti ; deformis.

Despucellement : Ancien droit seigneurial.

Détranchés : Souliers d’une longueur extraordinaire, qui furent longtemps de mode, surtout dans le XIVe siècle. Plus la qualité de celui qui les portait était éminente, et plus les souliers étaient longs. Ceux d’un prince avaient deux pieds, et ceux d’un chevalier un pied et demi ; c’est sans doute de là qu’est venu le proverbe : Il est sur un grand pied dans le monde, pour dire, considéré, d’un grand état, d’une grande fortune.

Plus connus sous leur nom de souliers à la poulaine.

Discrétoire : Lieu d’assemblée des mères discrètes [religieuses qui entrent dans le conseil de la Supérieure d’une communauté] dans les couvents de femmes ; discretorium.

Le terme est tiré du sens aujourd’hui caduc de discret « qui a du discernement, du jugement ».

Dominical : Voile blanc sans lequel les femmes ne pouvaient approcher de la sainte Table ; dominicale.

C’est chez La Curne de Sainte-Palaye le Domino (s.m.) : Voile. En Provence, c’est un voile de soie dont les femmes couvrent leur tête, une coiffe. (Ducange, sous Dominicalis.) Les femmes le portaient autrefois dans les églises et il leur était ordonné de s’en couvrir la tête lorsqu’elles communiaient. Ce mot a passé dans notre langue pour signifier un habillement de bal qui dans son origine différait peu d’une sorte de voile. (C’était l’antique chaperon embronché.) Il nous sert aussi pour exprimer le domino des ecclésiastiques, sorte de voile qui leur couvre la tête. (On dit plutôt Camail). » & cette note : « Au IXe siècle, les femmes devaient avoir leur pallium en coiffure, quand elles entraient dans les églises ; au XIe siècle, cette prescription donna naissance à l’usage de la guimpe, du theristrium, de la wimple ou guimple, pièce de toile entourant la tête comme un turban pour retomber sur une épaule. Au XIIe siècle, la guimpe devint la coiffure des veuves. »

Dorbus : Excréments pulvérisés.

Contexte ? Roquefort tire le mot d’un dictionnaire plus ancien (Lacombe 1776), guère plus explicite avec la définition « merde pulvérisée ».

Dorsal : Tapisserie ou autre étoffe suspendue à un mur ; de dorsalis.

Druydes, druyndes : Prêtres ou devins des anciens Gaulois ; druidæ ; du Grec drus, chêne, arbre consacré à leurs cérémonies ; leurs prophétesses s’appelaient dryades.

Très intéressant emploi du mot dryade qui désigne les nymphes des forêts et des arbres. Les dryades sont, dit-on, particulièrement associées au chêne, qui était par ailleurs l’arbre sacré des druides. Le contexte des dryades-nymphes et des druides est donc tout semblable, et il se pourrait que le mythe des dryades soit né chez les Grecs du personnage des druides.

Dryades (s.f.pl.) : Prophétesses des Gaules.

Dusiens : Prétendus démons qu’on nommait incubes. On supposait qu’ils avaient commerce avec les femmes qu’ils conduisaient au sabbat ; de dux, conducteur, guide. S. Augustin, Cité de Dieu, liv. 15, chap. 23, les appelle dusii ; dans S. Isidore, dusius ; en bas Bret. deuz.

E

Échippe : Espèce d’estrapade, de laquelle on jetait les coupables dans une eau boueuse, d’où le bourreau ne les tirait que pour les fustiger, et les chasser ignominieusement de la ville ; de scopa.

Emplumer : Plaisanterie dont on punissait un homme surpris en état d’adultère.

Voyez le mot emplumement dans mon Cabinet de curiosités. C’est le supplice du « goudron et des plumes » qui, comme on le sait, a perduré bien au-delà du moyen âge.

Emplumer : On emplumait les adultères, les considérant comme des coucous qui pondent au nid d’autrui.

Encluse : Fille dévote qui vivait dans une église où elle entretenait la propreté, parait les autels, etc.

Enfanmentère : Fantôme, esprit, lutin, revenant.

Envulter, envoulter : Faire une effigie en cire pour s’en servir à des sortilèges.

En français moderne, envoûter. Voyez le mot veu ci-dessous.

Escoillié : Eunuqe ; de colus.

Escouberette : Jeune servante qui balaie ; de scoparius.

Il semble évident que c’est de ce mot que vient notre soubrette, qui désigne une servante de comédie, et que l’étymologie de plusieurs autres, qui la répètent, comme le Robert (et le dictionnaire étymologique d’Alain Rey), à savoir que ce mot de théâtre viendrait du provençal pour « affecté, qui fait le précieux », a peu de sens. D’une part, la soubrette ne présente pas un trait stéréotypique d’affectation ou de préciosité. D’autre part, elle est au bas de l’échelle sociale y compris parmi la nombreuse domesticité des intérieurs nobles ou bourgeois de l’époque, avec sa hiérarchie ; c’est là qu’elle doit se placer pour le sel de la comédie, et l’on est donc naturellement allé chercher la soubrette parmi les servantes affectées aux plus humbles tâches, comme l’escoubement à l’escoube (balai) par l’escouberette, ou scouberette, ou soubrette.

Escoufle : Cerf-volant.

Escouvettes : Grands manches à balai, avec lesquels on supposait que les sorciers ou prétendus tels allaient aux sabbats, en se mettant à cheval dessus ; de scopa.

Escouvette (s.f.) : … De là on nommait « chevaucheurs d’escouvette » les sorciers que l’on supposait aller au sabbat à cheval sur un balai.

Essoriller : Couper, arracher les oreilles, c’était le supplice auquel on condamnait les voleurs ; d’exauriculare.

Quand on ne leur coupait pas la main ou le pied.

Estrie : Fantôme, spectre, sorcière, loup-garou.

Apparemment la même chose que stryge ou strige, du Grec στρίγξ strix.

Estrie (subst.) : Magicien, sorcier.

F

Fachil, fachignier, fachinier, facinier, fatilié : Sorcier, enchanteur, devin, diseur de bonne aventure ; fatidicus.

Faicturerie : Art magique, sorcellerie, sortilège ; factura. Faiturier : Sorcier, qui fait des maléfices et des sortilèges.

En italien moderne, fattura désigne encore la sorcellerie. Le mot faiturier se retrouve dans l’italien fattucchiero, masculin, rare, de fattucchiera : « donna che esercita, o si cree che eserciti, le arte magiche, compiendo malie e stregonerie ». La racine en est dans tous les cas le verbe « faire ».

Faide : Droit qu’avaient les parents ou amis d’un assassiné de venger sa mort sur son meurtrier ; en bas lat. faida.

Faide (s.m. et f.) : Haine héréditaire, vendetta. De là « demander faide », demander raison.

Faisnieur : Gardien des corps morts.

Faitila, faitilia : Poison, charmes magiques, enchantements.

Falcaire : Épée en forme de faux ; falcaria.

Famulaires : Sorte de caleçons que portaient les moines.

Flambart : Feux volants ou follets, qui paraissent sur les eaux à la fin de l’automne, autrement dit le feu de S. Elme.

Forcesainte : Boucle, agrafe de ceinture, ou coffret à reliques.

Foungineux : Terrain rempli de champignons ; funginus.

Je revendique l’utilité de ce terme, sous la forme modernisée fongineux : une clairière fongineuse où viennent danser les fées sous la lune.

Fourcilles : Petites fourches patibulaires placées sur les grands chemins pour effrayer les malfaiteurs.

Franche-dogue : Terme d’injure d’un Anglais à un Français, comme chien de Français. « Franche-dogue dist un Anglois, / Vous ne faites que boire vin ; / Si faisons bien, dist li François, Mais vous buvez le lienequin, / Roux estes comme pel de mastin. » (Eust. Deschamps, fol. 224) (Ma traduction : Chien de Français, dit un Anglais, vous ne faites que boire du vin ; Certes, dit le Français, mais vous buvez de la bière et vous êtes roux comme une peau de mâtin. »)

C’est évidemment de « French dogs » qu’il s’agit.

Franchiman : Français qui habite par-delà la Loire, et qui parle naturellement bon français, sans accent désagréable.

Il me paraît curieux, surtout après la précédente entrée, de trouver cette définition toute positive, de ce qui me paraît n’être autre chose qu’un Frenchman.

Fresaude : Sorcière, enchanteresse, magicienne.

Furelique, furrelique : Petite monnaie noire.

Mes recherches sur internet montrent que Roquefort s’est contenté de reprendre cette définition à d’autres dictionnaires plus anciens, sans y rien ajouter. Je suis perplexe devant une monnaie « noire » car un métal noir n’existe pas à l’état naturel et il ne devait guère être simple d’en produire à l’époque. S’agit-il, dès lors, d’une monnaie non métallique ? Cela se pourrait car, selon d’autres sources, cette monnaie, également appelée poitevine, était de très faible valeur (pour cette raison interdite en Normandie) (Revue numismatique, vol. 13, 1848)

Certaines amulettes thaïlandaises réputées particulièrement puissantes sont produites dans un alliage métallique noir aux reflets iridescents, le lek-laï.

Furrelique : Monnaie ; la même que ferlin ou frelin : quart d’un denier (vier, quatre en allemand).

Fusée : Sorte de bâton de défense, ainsi nommé à cause de sa forme.

À cause de sa forme en fuseau.

Fy : Espèce de lèpre, maladie des bœufs ; terme d’aversion et de mépris.

Ce terme de mépris est devenu fi, comme dans « fi donc ! », lui-même tombé en désuétude.

Fyfi (mestre) : Vidangeur, cureur de latrines.

G

Galbanoner : Terme des vitriers qui nettoient les vitres sans les déplacer.

Galonner sa barbe : Selon Borel, c’était la peigner, y mettre de petits glands au bout de chaque floquet, comme font les Dames de leurs cheveux. On faisait cela aussi avec du fil d’or, ou bien on couvrait la barbe de paillettes ou de limaille d’or ; et si on était jeune et sans barbe, on s’en mettait une fausse de fil d’or ; mais cela ne se pratiquait qu’aux enterrements des grands, pour rendre la cérémonie plus majestueuse ; car la barbe a toujours marqué vénération.

Voyez blondir. Ce dernier mot, comme la coutume ci-dessus décrite, comme le mot loriot plus bas, semblent témoigner d’une certaine attirance pour le blond au moyen âge (tendance qui semble également attestée par quelques usages de l’antiquité). Cette préférence pour le blond est évoquée dans ma série de « psychologie évolutionniste » (The Science of Sex I-VI : voyez la table des matières de ce blog), certains auteurs dans ce domaine affirmant qu’une telle préférence est biologiquement déterminée. Je suis aujourd’hui moins convaincu par leurs arguments. Selon eux, la blondeur attirerait comme un signe indubitable de jeunesse et donc de fertilité, car les personnes blondes le sont de moins en moins à mesure qu’elles avancent en âge. Or, quelle que soit la couleur des cheveux, les cheveux sont plus beaux quand la personne est jeune et saine que quand elle vieillit, et si les cheveux plus pigmentés ne se distinguent pas à travers les âges de la vie par des variations de coloris aussi prononcées que les cheveux dépigmentés, ils varient par d’autres qualités, de brillant et autre…, sans doute tout aussi perceptibles, c’est-à-dire que de beaux cheveux noirs et brillants sont tout aussi manifestement un signe de jeunesse et de fertilité que des cheveux très blonds.

S’agissant de la coutume ci-dessus, on pourrait par ailleurs l’expliquer par les origines germaniques de la noblesse et des dynasties royales au moyen âge (Francs etc.), ou encore, éventuellement, par un goût pour l’apparence de l’or, la blondeur étant ce qui rappelle le plus l’or : le goût naturel pour l’apparence des métaux précieux et des gemmes est, sur un autre registre, expliqué par Aldous Huxley dans son essai Heaven and Hell sur les expériences mystiques et psychédéliques.

Galonner : Tresser les cheveux, la barbe avec des fils d’or.

Gamologie : Traité sur les noces.

Littré, qui connaît ce mot, parle de traité sur le mariage, ce qui semble plus approprié et corrige ce que peut avoir d’incongru un traité sur les noces, qui sont une cérémonie ponctuelle qui n’appellent pas forcément un traité, au-delà de quelques conseils pratiques. Un « traité sur les noces » (Roquefort), au sens moderne, peut difficilement passer pour un traité de la vie dans le mariage, ce que je suppose être un « traité sur le mariage » (Littré).

Garancie : Couleur de cerf.

Sauf à se perdre en conjectures, il ne s’agit donc pas de la même chose que la garance, plante utilisée en teinturerie et qui donne un rouge vif. Mais le brun de la peau de cerf peut aussi être un roux très intense…

Gare : Cave, souterrain.

Garelax : Loup garrou (sic).

Gargariton (dit) : Jargon des médecins.

Garou : Sorcier ; gerulphus.

Le gerulphus est le loup-garou lui-même, en bas latin.

Gaset : Jeune chat.

Gastos : Savant, sage, selon Borel ; d’où, dit-il, viennent les noms des anciens Gaulois, Wisogastus, Husegastus, Salegastus et Losogastus, qui écrivirent la loi salique.

Je n’ai pas d’informations particulières à ce sujet mais je m’étonne que des Gaulois soient auteurs de la loi des Francs. Je trouve en ligne mention de « quatre grands du royaume des Francs, Visogast, Arogast, Salegast, Windogast ».

Gelasins : Les fossettes des joues ; de gelasinus.

Genéaux, genaux : Astrologues, tireurs d’horoscopes ; de genethliaci.

Geneschier, genicier : Sorcier, enchanteur.

Généthliaque : Tireur d’horoscope, devin, astrologue ; de genethliacus, du Grec γενέθλη. Généthliologie : Espèce de divination astrologique, par laquelle on prétendait connaître par l’état du ciel, à la naissance de quelqu’un, ce qui devait lui arriver pendant le cours de sa vie ; du Grec γενεθλιαλογία.

Genoche : Sorcière, selon Borel, qui cite la loi salique. Guenoche, guenuche : Sorcière, enchanteresse.

Gessine : La cérémonie et le festin des relevailles.

Gimple, guimple : Guimpe, partie de l’habillement d’une femme, espèce de voile qui cachait le visage.

Gladiatoire (main) : Main meurtrière, terrible dans les combats.

Glager : Répandre des fleurs ou des herbes odoriférantes sur un chemin, comme on faisait dans ces derniers temps le jour de la Fête-Dieu.

Cette pratique de joncher de fleurs et de parfums le chemin des processions religieuses est encore vivace en Inde. J’en ai trouvé une trace en Amérique latine au vingtième siècle, avec le mot chagrillo : voyez mes Americanismos.

Glap, glatissement : Aboiement d’un chien.

Glop : Boiteux ; claudus.

Gnac : Coup de dents.

Gobbin : Petit bossu ; de gibbus.

Gohine : Nom fabuleux d’une princesse d’Angleterre, que le roman de Tristan de Léonois, dépeint comme une femme extrêmement méchante, et dont le nom paraît avoir formé le mot gouine, femme de mauvaise vie, de basses mœurs, femme méchante.

Gomorant : Habitant de Sodome et de Gomorrhe ; sectateur des vices qui leur étaient reprochés.

Le Liber Gomorrhianus de Pierre Damien a consacré cet usage du nom des habitants de Gomorrhe pour désigner les pratiques aujourd’hui plus connues sous le nom de leurs voisins de Sodome. Plus particulièrement, ce livre décrit comment la confession mutuelle permet aux « sectateurs » en question, membres du clergé, de s’absoudre mutuellement. Il me paraît certain que c’est à ce livre, datant du 11e siècle, qu’il faut imputer l’inscription au nombre des « délits graves », susceptibles d’excommunication, en droit canonique, de « l’absolution du complice dans un péché contre le sixième commandement de Dieu (canon 1378, § 1), c’est-à-dire en matière de chasteté » (Le Tourneau, 1988).

Gourmancien : Nécromancien, devin, astrologue.

Groules, grolles, groulles : Savates, pantoufles.

Les grolles désignent aujourd’hui tout type de chaussures en argot.

Guestiere (guestière), geneschiere (geneschière) : Sorcière.

Gyromantie (gyromancie) : Sorte de divination qui se pratiquait en tournant autour d’un cercle sur la circonférence duquel on avait marqué des lettres ou d’autres caractères significatifs.

L’ancêtre des pratiques de spiritisme, où la gyromancie est effectuée non par le mouvement des corps autour d’un cercle mais, par exemple, le mouvement d’un verre sur lequel les participants, assis autour d’une table, ont chacun posé un ou plusieurs doigts.

H

Ham, hamel, hamelet : Village, hameau bâti au milieu des champs ; de l’arabe khan, khanih.

L’un des plus célèbres personnages de la littérature occidentale, Hamlet, a donc un nom d’origine arabe.

Handuiteur : Espèce de professeur dans une académie de jeux de hasard et d’adresse, tels que dés, cartes, trictrac, boules, quilles, etc.

Haneprie : Toute espèce de hanap d’orfèvrerie ou de cuivre doré, et l’art de les faire et de les fabriquer.

Hec, heche (hèche) : Porte coupée en deux parties, dont celle d’en bas ne passe point l’estomac, porte qui clôt le bas de la baie, pour empêcher les bestiaux d’entrer dans les maisons ou en d’autres lieux.

Hellequin : Lutin, esprit follet, fée, fantômes imaginaires de chevaliers qui combattaient dans les airs.

L’Arlequin de la Commedia dell’Arte a des origines plus inquiétantes que ses tours sur scène, puisqu’il n’est autre que Hellequin, conducteur des démons de la Mesnie Hellequin, chasse sauvage ou chasse aérienne héritée du wotanisme des Scandinaves.

Voyez le tableau du peintre norvégien Peter Nicolai Arbo en bas de ce lexique.

Herbelée : Potion médicinale faite de jus d’herbes ; herbilis, herbile.

Herbeline : Brebis maigre et éclopée, qu’on fait paître à part dans de bons pâturages.

Hercotectonique : Art de l’architecture militaire.

Hiraux : Ceux qui récitaient publiquement des fables et des romans.

Hiraux : gens vêtus de hiraudie [souquenouille, haillons], déguenillés.

Hoguinelle : Troupe de mendiants.

Hottu : Courbé, voûté par l’habitude de porter la hotte.

I

Ignise : Purgation par le feu, épreuve faite par le feu ou par un fer chaud.

Issorba : Aveugler, rendre aveugle ; supplice en usage aux X et XIe siècles.

L

Lampian : Épée, flamberge dont la lame est bien luisante, bien polie.

Langoiement : Action d’examiner la langue d’un porc, pour vérifier s’il n’est point attaqué de ladrerie.

Lecticaire : Fossoyeur, porteur de corps morts ; lecticarius.

Leu-wasté : Loup-garou.

Lisme : Tribut que payaient aux nations Barbaresques les Souverains qui voulaient commercer avec elles.

Loriot : Ornement de tête, tresses de cheveux blonds.

Loriot (s.m.) : Atour de tête féminine, ressemblant peut-être au loriot, au baquet des boulangers dans lequel on lave l’écouvillon.

Luiton, luthon : Esprit follet, lutin.

Pour « esprit follet », également : Folot, Foletéour.

Lumerette : Feu follet qui paraît la nuit.

M

Manies : Figures de cire dont nos pères se servaient pour les sortilèges ; manducus, ou du Grec μαντεία.

Maou-bos : Forêt dangereuse, bois rempli de brigands ; malus boscus.

Mare : Espèce de monstre.

C’est exactement le mare de la langue anglaise, qui a donné le mot nightmare, le mare de la nuit. (Allemand : Nachtmahr)

Marisson : Petit marais.

Marramas, mattabas : Espèce de drap d’or.

Masque : Sorcière, diseuse de bonne aventure.

Le mot est féminin et vient du latin masca, qui désigne une stryge (stria, striga) ou une lamie (lamia), sortes de monstres. Le terme masque au féminin existe encore dans le dictionnaire français : « terme familier d’injure dont on se sert quelquefois pour qualifier une jeune fille, une femme, et lui reprocher sa laideur ou sa malice ; sorcière (languedoc. masco, sorcière, du bas-latin masca) » (Grand Robert).

Maubuisson : Buisson près duquel il est dangereux de passer.

J’ignore si ce buisson est dangereux en raison de quelque magie ou pour toute autre raison.

Mauron : Rond de malheur, cercle tracé par un magicien.

Meretrical (mérétrical) : Qui appartient à une prostituée.

Dans le sens « Relatif à ou qui appartient à ». Mot du vieux français dont il n’existe pas d’équivalent en français moderne, sans qu’il y ait de raison valable à une telle disparition, qui oblige le locuteur contemporain à des périphrases, des circonlocutions alambiquées.

Meretricale (adj.) : De concubine.

Mesel, meséau : Lépreux ; malheureux, infortuné. Ducange, dans ses Observations sur l’Histoire de S. Louis, dit que ladre et mesel sont synonymes et signifient lépreux ; Barbazan prétend qu’il faut en faire en la distinction (…) pour moi, je crois que la mesellerie a été, dans l’origine, une maladie différente de la ladrerie, que par suite on les a confondues, et qu’elles ont servi à désigner un mal affreux, que l’on réputait le plus dangereux de tous ; il paraît certain que les meséaux étaient traités moins sévèrement que les ladres.

Miséricorde (épée de) : Poignard très pointu, sorte d’épée fort courte qui faisait partie de l’armement des anciens chevaliers ; ces poignards étaient ainsi nommés, de ce que les chevaliers qui avaient terrassé leurs ennemis, s’en servaient pour les tuer s’ils ne criaient miséricorde. On disait aussi dague de miséricorde.

« Terrasser » est ici entendu au sens strict de faire tomber à terre. Comme le montre bien le film Excalibur (1981), un chevalier en armure qui tombe à terre est comme une tortue sur le dos. Son ennemi peut le mettre à mort en lui enfonçant une lame par les jointures de l’armure, le plus souvent au niveau de la gorge. En revanche, le film ne montre pas l’ennemi de l’adversaire terrassé changer d’arme, prendre une dague de miséricorde plus fine et plus pointue que l’épée dont il se sert pour combattre, laquelle, si elle était suffisamment longue et large, devait être difficile à employer pour ce genre de mise à mort.

Monaul, monaut : Qui n’a qu’une oreille, qui en a perdu une ; de monoculus.

Monocle : Qui n’a qu’un œil, borgne ; monoculus.

Mouard, mouarde : singe, guenon. Mounin, mounette, mounine : Singe mâle et femelle.

Mouard (adj.) : Qui fait la moue.

N

Narquin, narquois : Mendiant, voleur, coupeur de bourses, fourbe, trompeur ; l’argot, langage des gueux, langue composée de mots énigmatiques, de mots remplis de ruse et de finesse.

Néette : Eau, mare où l’on met rouir le chanvre. Nais : Rutoir pour le chanvre. Rutoir : Lieu où l’on fait rouir le lin et le chanvre.

Néette : Petit marais où l’on met macérer le chanvre.

Neule : Pâtisserie fort déliée, connue encore dans quelques provinces du Nord, sous le nom de noules, noudles, espèces d’oublies.

Les noudles font immédiatement penser au mot anglais noodles (nouilles), où des linguistes anglophones croient voir une origine hollandaise. S’agissant d’une pâtisserie fort déliée, il y a lieu de croire que c’était une sorte de pâte, de pasta en somme, donc de nouilles. Le mot qui désigne nos nouilles (à côté de celui qui désigne nos pâtes et est d’origine italienne) pourrait donc bien être la forme moderne de ces noules.

Neule : Pâtisserie, en latin nebula.

Nomance, nomancie : L’art de deviner ce qui peut arriver d’heureux ou de malheureux à une personne, en examinant les lettres de son nom de baptême ; onomancia.

Nouement de l’aiguillette : Impuissance accidentelle, espèce de maléfice qu’on attribuait aux prétendus sorciers.

O

Oblie, oublie : Sorte de pâtisserie légère et fort déliée, que nous appelons plaisirs ; en bas lat. oblia ; c’était aussi le nom d’une cérémonie qui se pratiquait dans les églises le jour de la Pentecôte, et qui consistait à jeter du haut de la nef, des étoupes enflammées.

Ottruchier, ottrucher : Homme qui élevait et dressait les oiseaux de proie, en général.

Quant à l’autruche, on l’appelait struction.

P

Pacolet (cheval de) : Cheval de bois imaginaire qui allait dans les airs, et qui se conduisait au moyen d’une cheville. Quelques poètes anciens ont donné le nom de pacolet au cheval Pégase.

Cet aéronef apparaîtrait entre autres dans le roman de chevalerie Valentin et Orson, dont la plus ancienne version remonte au 13e siècle (la version française imprimée date de 1489). Il s’agit d’un aéronef, à la manière de Jules Verne, c’est-à-dire d’une technologie imaginaire plutôt que d’un animal imaginaire, vu que Pacolet est en bois et se conduit « au moyen d’une cheville », ce qui me fait penser au manche de pilotage d’un avion.

Paléoc, paletot, paltoc : Tulipe bigarrée, et coupée par différentes couleurs. Mais à Paltoc, paltoque : La tulipe, fleur bulbeuse.

Passaire : Potion médicinale passée à la chausse.

Cette mystérieuse chausse doit être la « chausse d’Hippocrate » ou « chausse à hypocras », « utilisée en pharmacie » selon le Grand Robert, et qui était une sorte de « filtre, entonnoir en étoffe ».

Pegomancie (pégomancie) : Divination païenne qui se faisait en jetant des espèces de dés dans les fontaines ; lorsqu’ils allaient au fond, on en tirait un heureux présage ; mais quand ils s’arrêtaient à la surface, c’était mauvais signe ; pegomantia.

Peploum, peplum : Voile, coiffure de femme en usage au XIIe siècle ; elle enveloppait la tête et le menton, et remontait jusqu’au nez.

Petteur, pettour (péteur) : Nom de celui qui, à raison de l’office de la sergenterie qu’il possédait en fief, avait le droit singulier de se présenter tous les ans, le jour de Noël, devant le Roi d’Angleterre, et de faire un pet devant lui.

Pettour : Surnom d’un nommé Baldin, tenant une sergenterie dans le comté de Suffolk, pour laquelle ce vassal devait faire devant le roi, tous les ans, un saut, un rot et un pet. (Du Cange, sous Bombus.)

Piement, pieument, pigment, piment : Liqueur composée de miel, de vin, et de différentes épices ; pigmentum. Pour Pigment : également, « vin rouge, vin haut en couleur, vin rosé ». Pour Pieument et Piment : également, « mélisse, citronnelle ».

Piment : 1° Épices 2° Boisson épicée.

Pimpeloré (drap) : Drap qui est à feuilles de pimprenelle, autrefois pimpinelle.

L’expression « drap à feuilles de pimprenelle » n’est pas des plus explicites. Selon un autre ancien dictionnaire (le Godefroy), le mot, avec l’orthographe pinpeloré, signifie « orné de diverses couleurs » et ne renvoie pas à la primprenelle mais est une variant de pintelé, pinteloré. Selon le Dictionnaire de l’Académie française de 1839, le mot signifie « orné d’une broderie qui imite les feuilles de la pimprenelle ».

Pimpousaie, pimpousée : Femme qui fait la délicate, la précieuse.

Pimpesouée : Femme à manières prétentieuses et ridicules. Corielle, valet de Cléante, pour le dégoûter de sa maîtresse, lui dit : « Voilà une belle mijaurée, une belle pimpesouée, bien bastie pour donner tant d’amour. » (Bourgeois gentilhomme, com. de Molière)

Pitouns : Devins, sorciers.

Polincteur : Homme qui embaume les morts ; de pollinctor.

Le terme latin pollinctor est connu en anglais, où il a le sens de « undertaker; a person who prepared corpses for a funeral » ou bien « one who prepares materials for embalming the dead; a kind of undertaker ». Le sens anglais pourrait laisser penser que polincteur ne décrit pas seulement une fonction relative à l’embaumement des momies dans l’Égypte ancienne, dont les manuscrits du moyen âge pouvaient avoir à parler, mais aussi une certaine fonction funèbre au moyen âge, qui reste cependant assez floue.

Posoera : Sorcière, femme débauchée.

Poussaille, pousse : Gardes, archers, gens destinés à saisir et chasser les vagabonds et les voleurs.

Proelingant : Qui goûte le premier aux plats.

Q

Questron : Bâtard, enfant d’une prostituée.

R

Rabat : Esprit follet, lutin.

Ramassières : Sorcières, qui s’imaginaient aller au sabbat sur un ramon, ou balai.

Ramassière : Femme qui s’imagine être sorcière et se rendre au sabbat sur un balai ou une branche d’arbre. Le journal de Paris (1729, II, p. 281) parle d’une certaine Jeanne la Bavarde, et d’une autre Jeanne, qui furent condamnées comme « ramassières et hérites », l’une à être brûlée, l’autre à être fustigée et bannie. [« Hérite », dans La Curne de S.-Palaye, a deux sens possibles, le premier hérétique, le second une personne « qui a commerce avec les bêtes » (se rend coupable de bestialité).]

Rancoulli : Eunuque.

« car il était rancoulli, qui est à dire chastré ou sans genitoire » (JJ. 148, p.6, an. 1395)

Relique à pierres : Reliquaire garni de pierreries.

Renvoisons : Prières pour les biens de la terre.

Rodondon : Espèce de manteau, ainsi nommé à cause de sa rondeur.

Rodondon : Chape ronde.

Roffée : Gale, teigne, croûte de gale.

S

Sacards : Ceux qui, sous le prétexte d’ensevelir les pestiférés, volent leurs maisons ; gens de sac et de corde.

Sacards : Mot de Dijon ; gens qui emportaient les morts en temps de peste pour les enterrer et qui, en même temps, pillaient les maisons. (Du Cange, au mot Saccarii.)

Sacs : Certains religieux, ainsi nommés de ce qu’ils étaient vêtus d’un habit grossier comme un sac.

Sagane : Sorcière.

Saphistrin : Saphir d’Allemagne.

Saphistrin, Saphystrin : 1° Qui tient du saphir 2° Ancien nom de la topaze, saphir d’Allemagne.

Sarviciau : Garde de femme en couche.

Satyriau : Petit satyre.

Sauterai : Nom que les gens de campagne donnent à un prétendu génie familier, qu’ils croient ou supposent s’attacher à quelques chevaux d’une écurie, et en prendre un soin particulier.

Ressemble au drolle de mon Cabinet de curiosités.

Sauvage (chevalier) : Chevalier errant, inconnu.

Séjour (beste de) : Cavale ou vache qui a mis bas, et qu’il faut laisser reposer.

Sorceron : Breuvage fait par sortilège.

Sorceron : Parlant d’un crapaud qu’une sorcière donna à un mauvais curé pour faire un sortilège : « Le maudit prestre aveuglé de sa haine baptiza la male beste, et la nomma Jean : … puis le rendit à la sorcière, laquelle tout incontinent le tua, et le desmembra par pièces et de ce feit un sorceron avec d’autre diables qu’elle y meit ; puis bailla le sorceron  à une jeune fille qu’elle avoit, et lui dist qu’elle le portast à la maison du … censier à l’heure de son disner … et jettast le sorceron dessoubs la table ou ils mangeoient luy, sa femme, et leurs enfans, puis s’en revint. » (Monstrel. III, p. 84) [Difficile à dire ce qui est jeté sous la table dans cet extrait.]

Sore, soré : Jaune, doré, de couleur blonde. Cette épithète a été employée pour châtain clair.

Sourclave : Fausse clef.

Pour quoi faire ?

« Les coffres dudit Jehan Vivet ont été ouvers par sourclaves ou autrement. » (JJ. 115, p. 285, an. 1379) [Une « fausse clef » serait donc un instrument de crocheteur de serrures.]

Squenancie : Parfum de racines de jonc.

T

Tiersaige : La troisième partie des biens d’un défunt, que le curé de sa paroisse exigeait en certains lieux, pour lui donner la sépulture : ce droit fut réduit à la neuvième partie, et ensuite entièrement aboli.

Thoilette, toilette : Batiste, toile fine de lin.

Touret : Masque que les dames portaient, et qui ne cachait que le nez ; de là on le nommait touret de nez ; on l’agrandit depuis, et alors on l’appela loup. On appelait encore ainsi un petit oreiller, ou bien un petit coussin qui servait à cacher les défauts de la taille.

Tragelaphe : Animal qui tient du cerf et du bouc.

Le tragélaphe est une antilope africaine, par exemple dans Chateaubriand. Je trouve également cette définition : « Le tragélaphe est un cerf dont le tête est une tête de bouc ou une tête humaine. Il est représenté combattant avec un lion, dans la symbolique chrétienne du moyen âge. » (Meubliz, le meuble de A à Z)

Traquenard : Piège à prendre des souris et des rats.

Triaclieur, triaclier : Marchand d’orviétan qui court les places et les rues, vendeur de thériarque.

Trilingues : Nom qu’on donnait aux Marseillais, parce qu’ils parlaient trois langues, le Latin, le Grec et le Gaulois.

Troève : Essaim d’abeilles trouvé dans un bois. Aboilage, abollage : Droit qu’ont les seigneurs de prendre les abeilles qui se trouvent sur leurs dépendances. Aurilleur : Fermier qui jouit du droit d’aboilage ou d’abeille.

Abeillage (s.m.) : Droit seigneurial. Laurière le définit « un droit en vertu duquel les abeilles épaves et non poursuivies, appartiennent aux Seigneurs Justiciers ». [C’est ainsi la qualité, pour les abeilles, d’être « épaves et non poursuivies » – dont le sens se laisse deviner – qui ouvre le droit d’abeillage ou aboilage.]

Troiche : Bouquet de fleurs, de perles, ou de pierres précieuses.

Truiettes : Marques rouges qui sont sur les jambes de ceux qui s’approchent trop du feu.

V

Vautrier : Chasser le sanglier.

Vert-may : Branches de verdure dont on parait les rues dans les jours de processions.

J’imagine qu’on parait les rues en les jonchant de branches de verdure, et cela nous renvoie donc aux pratiques décrites par le verbe glager (voyez supra).

Veu, vœu, voult, vout : Figure de cire qui représentait celui qu’on désirait blesser ou tuer en la piquant ; de vultus.

Vulsenade : Meurtre que le mari fait à l’instant même où il surprend sa femme en adultère ; de vulnerari.

W

Wain, wayn : Spectre, fantôme.

Wairon, vairon : Loup-garou.

Wiart, wite : Voile dont les femmes se couvrent le visage.

Z

Zahorie : Vue perçante.

Le mot existe en espagnol, avec un sens de pouvoir spécial qui doit être contenu dans la définition laconique du Roquefort : zahorí, zaorí «persona a quien el vulgo atribuye la propriedad de ver lo que está oculto, especialmente veneros de agua subterránea y yacimientos minerales».

*

Sainte Hélène portant un chapeau à bec (abacot) par Agnolo Gaddi (14e siècle)

Åsgårdsreien (1872) par Peter Nicolai Arbo

5 comments

  1. Pingback: Curiosités du moyen âge révélées par les mots du vieux français 2 | florent boucharel AD-FREE
  2. bertri13340

    Excellents mots assemblés dans ce post de qualité. Exactement, particulièrement centré dans ma cible de recherches pour une prochaine étude que j’ai à travailler dans les prochains mois.
    Merci à vous, bon dimanche !

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