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Poésie révolutionnaire des Caraïbes néerlandophones: Curaçao, Aruba, Suriname

Le titre que j’ai retenu pour ce billet est, il convient de le dire d’emblée, quelque peu paradoxal puisque les courants révolutionnaires marquants dans les Antilles néerlandaises ont parmi leurs revendications la reconnaissance du créole papiamento allant de pair avec une « dénéerlandisation » ou « débatavisation », dans un contexte de décolonisation.

Les Antilles ne désignant pas en français, me semble-t-il, les terres de la masse continentale de la région des Caraïbes et n’incluant donc pas le Suriname, le nom de Caraïbes néerlandophones m’a par ailleurs semblé plus exact que celui d’Antilles néerlandophones.

Les Antilles néerlandaises sont un ensemble d’îles des Caraïbes qui font toujours partie, contrairement au Suriname indépendant depuis 1975, du royaume des Pays-Bas, de manière plus ou moins autonome. Ces îles sont Curaçao, Aruba, Bonaire, Saint-Eustache (Sint Eustatius), Saba et la partie néerlandaise de Saint-Martin (Sint Maarten) dont l’autre partie est le territoire d’outre-mer français du même nom. Ces îles sont encore aujourd’hui des territoires ultramarins des Pays-Bas.

Les Îles-sous-le-Vent que sont Curaçao, Aruba et Bonaire se situent dans la plus étroite proximité géographique avec la République bolivarienne du Venezuela. La presse conservatrice de Curaçao voit dans le Venezuela un danger permanent et la base militaire nord-américaine établie sur l’île depuis les années quatre-vingt-dix a été l’objet de quelques tensions avec le voisin bolivarien. Le Partido Laboral Krusada Popular (PLKP) et le Frente Obrero Liberashon (FOL) poussent au contraire à une « intégration » avec le Venezuela comme seule voie possible d’une décolonisation réelle. Selon l’écrivain curacien Frank Martinus Arion (époux de la poétesse surinamienne Trudi Guda, dont j’ai précédemment traduit trois poèmes) : « Il y a quarante ans, nous avions encore cette vue néerlandaise des Antilles comme territoire néerlandais susceptible d’être chipé par le Venezuela. Nous ne connaissions pas notre histoire, n’entendions parler que des Bataves. Mais avec la conscience croissante de notre place dans le monde, l’orientation absolue vers les Pays-Bas a de moins en moins de sens pour Curaçao. » (Cité dans un article du journal De Groene Amsterdammer : « Chavez is een virus » du 14 avril 2006, en ligne : « Veertig jaar geleden hadden wij ook nog die Nederlandse blik van de Antillen als Nederlands grondgebied dat door Venezuela kon worden afgepakt. We kenden onze geschiedenis niet, leerden alleen over de Batavieren. Maar door het groeiende bewustzijn van onze plaats in de wereld wordt de absolute oriëntatie op Nederland steeds onzinniger voor Curaçao. »)

Le FOL cité plus haut, dont le nom entier est Frente Obrero Liberashon 30 di Mei en souvenir des grèves massives du 30 mai 1969 à Curaçao, fut créé par des leaders de cette insurrection, à savoir Wilson « Papa » Godett, Amador Nita et Stanley Brown. C’est Papa Godett qui figure ci-dessous sur la peinture murale (photo) réalisée par l’artiste Ras Elijah (un nom rastafarien) dans la Bajonetstraat d’Otrobanda à Curaçao. L’uniforme kaki avec casquette adopté par les insurgés curaciens en mai 1969 montre l’inspiration que furent pour eux Fidel Castro et les révolutionnaires cubains.

Peinture murale sur la Bajonetstraat à Willemstad, Curaçao: Papa Godett et le Trinta di Mei 69

Les poèmes qui suivent sont tirés de l’anthologie Album van de Caraïbische poëzie (Album de la poésie caribéenne) compilée par Michiel van Kempen et Bert Paasman avec la collaboration de Norally Beyer (Éd. Rubinstein, 2022). Michiel van Kempen est le responsable de l’anthologie dont nous nous sommes servis pour nos précédentes traductions de poésie du Suriname : Poésie révolutionnaire du Suriname (x) et Autre Poésie du Suriname (x). Le Suriname est de nouveau à l’honneur en tant que partie des Caraïbes néerlandophones. On retrouve par exemple le poète Bernardo Ashetu, dont c’est ici le second poème que je traduis.

Les poètes ici présents sont, avec un poème chacun :

–pour le Suriname : Bernardo Ashetu, Marius Atmoredjo, Eddy Bruma (qui fut aussi un homme politique, militant de l’indépendance du Suriname et partisan du coup d’État de Desi Bouterse en 1980 : pour des éléments relatifs au Suriname révolutionnaire, voyez l’introduction de mon autre billet) et Rudi Pinas (à ne pas confondre avec Eddy Pinas déjà traduit) ;

–pour Curaçao : Elis Juliana, Fred de Haas, Harry van Tienen, Tip Marugg et Walter Palm (note : Fred de Haas et Harry van Tienen sont des Européens ayant vécu dans les Antilles et dont les poèmes figurent dans l’anthologie en raison de leurs thémes) ;

–pour Aruba : Frida Winklaar Domacassé, Nicolás Piña Lampe et Ramon Todd Dandaré.

Les poèmes ici recueillis ne sont pas tous révolutionnaires quant à leurs thèmes et certains poètes trouveraient peut-être à redire à l’étiquette que je leur applique sans avoir forcément des éléments biographiques précis à ma disposition. Ce n’est pas la première fois que je fais une telle remarque dans cette série, qui commence à devenir assez substantielle, de traductions de poésie révolutionnaire. Disons que c’est le genre de poésie qu’aime un traducteur révolutionnaire.

Les poèmes ont été écrits en diverses langues, à savoir le néerlandais (5 poèmes), le papiamento (4 poèmes), le sranantongo (Suriname : 1 poème), l’espagnol (Aruba : 1 poème), l’aukaans (un dialecte marron du Suriname : 1 poème), et tous ceux qui n’ont pas été écrits en néerlandais se trouvent traduits dans cette langue dans l’anthologie. C’est donc, dans le cas de ces derniers, de la traduction néerlandaise que je me suis servi sauf pour le poème de Piña Lampe, que j’ai traduit à partir de l’original espagnol. Par ailleurs, le papiamento est assez proche de l’espagnol pour m’avoir permis dans certains cas de contrôler la traduction néerlandaise avec l’original.

Sint Maarten est représentée dans l’anthologie par un poème en anglais de Lasana M. Sekou, poète que j’ai déjà traduit à Poésie révolutionnaire de la Grenade (x) car il a consacré un recueil entier à la révolution grenadienne.

*

Tropiques (Tropen, original néerlandais) par Bernardo Ashetu

Tropi-cal
Tro-pical
Tropical,
qu’on l’appelle comme on veut,
dans quelque langue que ce soit,
cela veut dire : danse
cela veut dire : chaleur.
Cela veut dire :
forêt de fleurs
de plantes.
Cela veut dire :
profonde obscure
impénétrable forêt
de fleurs et
de plantes.
Cela veut dire :
danse, chaleur
et
cela veut dire :
alcool
poignard
malédiction.
Cela veut dire :
haine parmi la profusion
de fleurs,
dans l’obscurité des
plantes noires,
de cette inconsolable végétation.

*

Curaçao : île délicieuse (original papiamento : Dushi Kòrsou, néerl. Curaçao : verrukkelijk eiland) par Elis Juliana

NdT. Le titre papiamento est celui de l’hymne de Curaçao.

Ah que cette maudite île peut être délicieuse !
Avec son soleil rogue qui arde sans pitié
jusqu’à ce que la terre voie crever la peau de son ventre.
Avec son vent impudent qui dénude la nature
et fait honteusement pencher la tête aux arbres.
Avec ses fidèles cactus qui soldats muets
regardent méprisants les indisciplinés nuages
jouant à cache-cache sous la véranda bleue du ciel.
Avec ses blocs de rochers torréfiés qui
s’émiettent sous les pattes de maigres chèvres
se battant pour une feuille chétive
tandis que les buissons d’épines jouent une
chanson triste sur leurs cages thoraciques
et leurs flancs caves.
Avec l’humble mer de la côte méridionale
qui lui lave les pieds en éternelle onction
et les vagues forcenées de la septentrionale
qui lui administrent des claques puissantes.
Avec ses nuits étouffantes
infestées par le chant monotone des grillons
et les mystérieuses étincelles des vers luisants.
Que cette maudite île peut être délicieuse !

*

Souvenir de Bonaire (Herinnering aan Bonaire) par Fred de Haas

pattes roses
molle croûte de sel
vent
le long de côtes en miettes

solitude
adossée
à des monticules de coquillages
au bord d’une mer
où des pêcheurs
jettent leur appât dans l’eau

coquillages :
spirales vers l’intérieur
où naguère la vie bavait
dans des mollusques

fraternellement
une caverne se penche
sur des peintures indiennes

soleil et sel et
lézards, iguane :
fidèles à la terre desséchée

un homme est là,
étonné par le silence

*

La cabane de Bah Sari (De hut van Bah Sari) par Marius Atmoredjo

NdT. Bah Sari, ou grand-mère Sari, est un nom javanais.

Dans une petite cabane vit Bah Sari
mangeant avec une cuillère en aluminium brillant
dans une assiette en émail
ornée de petites fleurs rouges

Elle se lève le matin tôt
La fumée de son feu
traverse les murs de petit bois
et le toit de feuilles de palmier
comme si sa cabane prenait feu

Sous le bois fumant
elle met une cassave et une banane
et en a fini pour le matin

À l’échoppe la plus proche
elle achète une tasse d’huile piquante
et une chopine de pétrole
pour préparer son dîner

Tandis qu’à moitié endormie
elle mâchonne son repas
ses amis les cafards et les souris
se partagent les restes à la dérobée
tandis que l’araignée regarde avec un rictus depuis le plafond

*

Boni est là (original sranantongo : Boni doro, néerl. : Boni aangekomen) par Eddy Bruma

Ndt. Note de l’anthologie pour Boni : « chef marron de la seconde moitié du dix-huitième siècle, combattant de la liberté contre le gouvernement néerlandais. »

ciel sombre vent lourd
au fond de la rivière repose Boni
des piranhas affamés filent en riant
quand je demande à voir Boni qui repose sous la surface

écoute les rames fendre les eaux
de la rivière profonde où repose Boni
écoute l’entraînante chanson des noirs
mère raconte que les enfants de Boni sont là

papa Boni, père des guerriers
père des hommes qui ont fui les plantations
ouvre les yeux et regarde autour de toi
ancêtre Boni, enfant du boa

un vieillard noir qui connaît la rivière
et qui était allé s’assoir sur un rocher
tendit les oreilles et cria
camarade, écoute écoute les tambours

écoute les tambours écoute le grondement
dans le creux où Boni repose
écoute l’apinti écoute le bongo
ô notre ancêtre Boni, tes enfants sont là

le chant arde fier
écoute nous étions là quand
les blancs gagnèrent beaucoup de sang coula
avant que nous apportassions la tête de Boni en ville

alors papa Boni père du peuple guerrier
père des esclaves qui fuirent les plantations
tourna son regard vers le ciel
ô notre ancêtre Boni, enfant du boa

je pris peur et criai
ami, maître Boni est parti
les soldats blancs commencèrent à tirer
on n’y peut rien, la tête de Boni a disparu

sur les eaux une tache rouge
comme si du sang avait coulé sur du pétrole
alors un éclair rasa les eaux
un cri puissant fit trembler la terre

papa Boni, père du peuple guerrier
père des hommes qui fuirent les plantations
à nouveau s’élève au-dessus des eaux
puis y replonge pour toujours

un vieillard noir qui connaît la rivière
père de milliers d’enfants noirs
pleure… les rameurs s’immobilisent telles de noires statues
et regardent regardent regardent son corps

de la profondeur des eaux tendu et pérenne
avec le grondement des tambours s’élève l’appel
rapide comme le serpent qui mue
une peau blanche tourbillonne sur les flancs du bateau

papa Boni, père du peuple combattant
père des noirs qui fuirent les plantations
des barques brisées glissent sur la rivière
qui aide les blancs deviendra un blanc

ciel sombre vent lourd
au-dessus de la rivière où seul Boni
laisse entrer qui il veut
ô sage de la rivière qui vit là

et papa Boni, à présent son cœur s’apaise
ancêtre des hommes qui firent la traversée
menacés moquant riant voyageant sur les eaux
qui aide mon ennemi court à sa perte

*

Rêves de liberté (original papiamento : Soña di libertat, néerl. : Dromen van vrijheid) par Frida Winklaar Domacassé

NdT. Tula est un autre chef marron.

lune, parle-moi de Tula
tu as lu son livre

tu as vu son combat
tu l’as entendu rêver sous les étoiles

des rêves de liberté
la liberté de l’oiseau warawara dans l’air libre

la liberté du troupiale sur le cactus
la liberté de l’aigle pêcheur

lune, dis-moi quelle était sa constance
pour que je garde en mémoire son exemple

pour que je puisse me tenir droite sans tomber
sans tomber dans une perspective sans avenir

pour que je puisse accomplir cela
chaque jour qui me reste à vivre
que je puisse persévérer sous le fouet de la vie

*

Je porte en moi mille poèmes (Llevo en mi mil poemas) par Nicolás Piña Lampe

Je porte en moi mille poèmes
que je n’ai pas écrits
mille poèmes que je n’écrirai jamais
car j’en souffre et m’en délecte
avec la délectation et la douleur
de ce qu’on porte caché en soi
car je vis avec eux
avec cette peine et ce bonheur
qui toujours me guettent
menacent et séduisent
depuis les étoiles
avec cette peine et ce bonheur
auxquels je ne donne aucun commencement
pour ne pas en voir la fin

*

Après le 30 mai 1969 (Na 30 mei 1969) par Harry van Tienen

Les lances à incendie près du monument sur le boulevard de l’unité de l’Empire
non loin de l’école Reine Juliana pour jeunes filles
étaient tout aussi crevées que la symbolique du monument.

Si bien que flambaient haut alimentées au whisky des flammes
de poêle dans les deux moitiés de Willemstad,
qui furent plus tard rebaptisées Plundra et Otrabranda1, reliées
par le pont articulé Reine Emma.
Les poings de Papa Diamante Negro2, qui avaient fait de lui un champion,
ne purent contrer les balles mais le firent entrer
au Parlement, flanqué de son Vito, Stanley Brown.
Mon père m’emmena à Berg Altena et l’image
de ce qui en restait quand Jésus fut soumis aux séductions
de Satan s’est marquée comme sur un polaroïd
dans ma rétine, comme gravée sur cuivre par Gustave Doré.
Cependant la vue de la prière du colibri
n’a cessé de m’émouvoir,
malgré la coquille de la Royal Shell qui continue
de projeter son ombre de suie en maints lieux de la terre.

1 Plundra et Otrabranda : altération du nom des quartiers Punda et Otrabanda de Willemstad, capitale de Curaçao. L’altération évoque les pillages (plunderen) et incendies (branden) survenus pendant le Trinta di Mei, l’insurrection de 69.

2 Papa Diamante Negro : le syndicaliste afro-curacien Wilson Godett, meneur de l’insurrection de 69, avait été boxeur sous le nom de Papa Diamante Negro. « Son Vito, Stanley Brown », deux vers plus loin, est un autre meneur de l’insurrection, qui publiait un journal appelé Vito. Les deux fondèrent quelques mois plus tard la même année, avec Amador Nita, le Frente Obrero Liberashon (FOL).

Wilson “Papa” Godett pendant le Trinta di Mei 69
Journal Vitó de Curaçao, numéro du 10 mai 69 avec en titre “Welga Welga Welga Welga” (welga est le papiamento pour grève, de l’espagnol huelga). Source: International Instituut voor sociale geschiedenis.

*

Mon île (papiamento : Isla de mi, néerl. : Eiland von mij) par Ramon Todd Dandaré

Mon île, je veux
changer ton visage

Je veux aller m’assoir
près du phare de California,
avec une pierre
écrire
mon nom dans le sable
et laisser les vagues
l’effacer

Je veux grimper jusqu’à
ton nombril
et jeter en l’air la fleur de kibra-hacha
pour que tu puisses
retomber en tourbillonnant avec le vent
et te couvrir d’or.

Je veux pencher l’arbre watapana
vers l’est
et presser toute sa sève
pour me nourrir de la force
de l’Indien primitif.

Je veux prendre ton corps
et le rouler sens dessus dessous
pour jouer avec le trésor
qui se cache au plus profond de toi.

Je veux pénétrer ton cerveau
comme une idée d’hier
comme un fait de demain
comme un acte sexuel.

Je veux être en toi
pour que tu puisses être en moi.

Je veux être un,
ne faire qu’un avec toi
et je veux te conduire
comme un pêcheur conduit sa barque
pour lancer son filet.

Je veux t’en retirer
et m’évader avec toi
jusqu’au soleil
pour te placer au-dessus du monde
sur la plus haute cime
afin que tu sois comme un dieu
qui crée les hommes
et puis les détruit,
le planter profondément
au plus intime de ta chaleur.

Mon île, je veux
changer ton visage.

*

Viens voir d’où je suis (original aukaans : Kon luku pe nkomoto, néerl. : Kom kijken waar ik vandaan kom) par Rudi Pinas

Écarte le rideau vert
des arbres
et tu verras d’où je suis
Dans les grandes rivières je nage
au milieu des dangers :
les piranhas et bien d’autres
menaces des eaux
Au milieu des cascades
et des grands rochers
je conduis ma barque
pleine des produits de la ville ;
rien ne peut me nuire.
Dans la forêt vierge je marche à côté
de la gueule empoisonnée des serpents
mortels pour les hommes :
mais rien ne me fera de mal
car rien ne fit de mal à mes ancêtres
qui vivaient là,
et c’est pourquoi je vivrai là
jusqu’à ma mort.

*

La saison des pluies (papiamento : Den tempu di áwaseru, néerl. : In de regentijd) par Tip Marugg

à la saison des pluies
les rigoles parlent doucement
avec des paroles d’écume

l’angoisse produit la force
la peur prospère
l’âme entrave l’espoir
les mauvaises herbes poussent partout

dans la trop grande maison
dans le lit trop froid
depuis si loin revient
se poser la vieille ombre :

dieu a coupé le courant
le monde est privé de lumière
il n’y a pas de croix sur le calvaire

qui va là dans le noir ?
qui erre là sans but
et fait ami-ami avec les lucioles ?

qui entend le décompte final
de dieu
ou de l’arbitre de boxe ?

*

Non plus ultra (original néerlandais) par Walter Palm

Pour Jules de Palm

Pour les habitants des îles
l’île est l’univers,
l’univers est l’île.

Là où meurent les vagues,
finit aussi le monde
des habitants des îles.

Après la plage il y a
seulement la mer introvertie
au clapotis indifférent.

Et là où le regard
n’atteint pas, c’est l’horizon,
la fin, la mort.