Du sang sur le bitume: Poème post-apocalyptique
En l’an cinquante-neuf après la grande éclipse
De la Grille, par quoi s’ouvrit l’Apocalypse,
Nos motos sillonnaient le bitume craqué
En chasse d’un troupeau fugitif et traqué
Au milieu du Désert de la soif et du doute,
Quand un clan ennemi s’approcha sur la route.
Je sortis mon canon scié de son fourreau
Et visant un barbare à l’aspect de taureau
Lui fis voler la tête en éclats comme un cake
Ou comme une citrouille ou comme une pastèque
Et sa moto faucha trois de ses compagnons
En glissant sur l’asphalte, où leurs corps moribonds
Se firent sillonner par les fumantes roues
Comme les vagues par de furieuses proues.
Quand les deux escadrons se fendirent alors,
Chaque homme s’efforça de faire autant de morts
Qu’il pouvait, en frappant et de gauche et de droite
Avec la barre à mine et la massue adroite
Et la chaîne sifflant dans l’air comme un serpent.
L’un d’entre nous, debout sur l’engin le portant,
Abattait sur les corps sa lourde tronçonneuse
Et son pilote en fut couvert de chair visqueuse.
Par un bossu hideux je fus presque empalé
Sur un angon crochu qu’il avait barbelé,
Mais j’esquivai le coup et de mon poing véloce
Muni d’un pieu clouté lui dégonflai sa bosse.
Et de cette façon nous étant traversés,
Ceux qui ne gisaient point au milieu terrassés,
S’arrêtèrent, chacun considérant ses pertes.
Or nous étions vainqueurs. Les montagnes désertes
Entendirent le cri puissant et triomphal
De nos thorax couverts de cuir et de métal.
Par les lois de la guerre, à notre seule troupe
Revenait, absolu, le guerdon de la soupe,
Le troupeau fugitif acquis aux triomphants,
Et nous partagerions hommes, femmes, enfants.

♥️
ça me rappelle un roman de Jean Bernard Pouy : Spinoza encule Hegel
Merci de me faire connaître cet “auteur à succès” (Wikipédia).