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Hécate : Poèmes

Hécate

La tendresse reçut en toi son châtiment
Par le mépris d’un fou, devenu lycanthrope
Et qui hurle à la lune, aloubi, son tourment
Et sa rage jusqu’à la stase et la syncope.

Te mépriser, ce fut un suicide brutal,
Un reniement pervers du destin, dans la chute,
Un empoisonnement du miracle total,
Ce fut un désaveu du rêve par la brute.

Par cette déchirure a coulé tout mon sang.
J’avançais sans le voir épandu sur la route,
Et plus je m’éloignais plus je devenais blanc,
Plus je m’éloigne encore et plus marcher me coûte.

Vaincu, je suis au bout de mon triste chemin.
Tout le mal que j’ai fait, gagnant la solitude,
En elle m’assassine : un jour sans lendemain
Pour moi se lève au bord du gouffre où je m’élude.

S’il faut que ma pensée, au moment de mourir,
Vers une forme humaine investisse l’espace,
Qu’elle te voie, Hécate, et clame mon désir
De revivre avec toi le temps que rien n’efface.

*

Hécate II

Hécate, as-tu connu l’amour qu’en moi peut-être
Tu croyais dans le temps avoir déjà trouvé ?
Si je pouvais mourir de façon à renaître,
Je voudrais te reprendre, en époux relevé :

Relevé par ta main de ma peine sans âge
Quand à tes pieds aimés je demande pardon,
Je n’irais plus chercher en vagabond volage
Au hasard des chemins le bonheur de ce don.

Je sais que tu ne vis rien d’autre que tes larmes
Mais, parti, je laissai ma vie entre tes mains.
Volage, j’avais tout car comblé de tes charmes.
En partant je laissai chez toi mes lendemains.

Je t’aimais, le sais-tu ? malgré mes railleries.
Mais tu le sais, Hécate, et tu me pardonnais
Dans ton cœur bon l’absinthe et les mesquineries.
Ton cœur si bon, si tendre et doux, je le connais…

Puisse un ange clément te dire que ma plume
Atteste le respect de notre souvenir.
Ton cœur bon a connu par le mien l’amertume
Sans raison… je t’aimais, et veux te revenir…

Ô si je le pouvais, si je savais la route
Pour à tes pieds enfin sans fard m’humilier,
Je le ferais, Hécate, et te donnerais toute
Mon âme qui ne peut ni ne veut t’oublier.

*

Hécate III

Quand j’étais si content, je partis sans raison…
Hécate, tes baisers avaient un goût de rose
Et j’en étais comblé… Quelle bien douce chose
Que d’être dans tes bras à la belle saison.

Sans raison je partis, sourd à tes pleurs d’amante.
Qu’allais-je donc chercher que tu ne donnais pas ?
Je l’ignore ! et l’asphalte ébranlé par mon pas
Se tait : qu’allais-je donc chercher dans la tourmente ?

Où me suis-je perdu, solitaire et glacé ?
Hécate, bonne amie à mon cœur toujours chère,
Montre-moi dans ces bois ténébreux la lumière,
Ne me laisse pas seul, par le froid terrassé !

J’ai peur, je suis perdu, comme un enfant qui pleure
Je ne sais où trouver du secours dans la nuit :
Montre-moi le chemin sablonneux qui conduit
Vers ta maison où flambe un bon âtre à cette heure !

Je ne sais où je vais, je vais choir dans un trou,
Dans des sables mouvants : que ta bonté me sauve !
À mes cheveux se prend un vol de souris-chauve,
Mon cœur bat la chamade et je cours comme un fou !

Hécate ! j’avais tout avec toi, je t’implore,
Rends-nous notre jeunesse avec un long baiser.
Je ne peux plus courir, je vais agoniser…
Tout ce que j’ai, prends-le, prends puisque que je t’adore !

*

Hécate IV

Hécate, au bord du fleuve aux ondes scintillantes,
Dans le soir d’une ville onirique d’or blond,
Nous parlions poésie, en notre âge profond,
Et je t’improvisais des rimes bégayantes.

Mais surtout nous étions l’un contre l’autre, émus.
Mon cœur, si j’avais su ce que serait ma route,
Tu m’aurais vu pleurer, sans laisser une goutte,
Toute l’eau de mon corps et des viscères mus.

Si j’avais su qu’un jour ces moments de tendresse
Seraient dans ma pensée un paradis perdu,
Tandis que, les goûtant, j’y croyais voir mon dû,
Je me serais jeté dans les flots, de détresse.

Trop naïf et léger pour saisir que nos pas
Après nous fermeraient l’huis des châteaux magiques
Et que je m’avançais vers les déserts tragiques
Où l’amour, appelé, ne se retourne pas.

*

Hécate V

Hécate, mon amie adorable, ma mie,
Ma seule amie, écoute, écoute ma chanson.
Si tu ne réponds pas bientôt à mon frisson,
Je n’ai plus qu’à subir une lobotomie.

Si je m’en suis allé, c’est sans savoir pourquoi !
Sans savoir que le monde immense est une eau glauque,
Un marécage où rote un borborygme rauque,
Quand ta chambrette avait tout ce qu’il faut pour moi.

Ta chambre où l’on pouvait juste mettre une chaise.
(Sans doute devais-tu pâtir de tes voisins,
Le monde étant ce trou grouillant de rats malsains,
Mais je n’en ai rien su, tant j’étais à mon aise.)

Mais je m’en suis allé, confessant en ce jour,
Quelques lustres plus tard, effondré, que j’expie
Depuis lors cet abus abominable, impie.
Écoute, si tu peux, cette chanson d’amour.

La chanson que j’ai mis si longtemps à comprendre…
Si nous ne pouvons plus retrouver la candeur
De notre âge profond, sa délectable odeur,
Laisse-moi dans l’abîme éthéréen descendre.

Je ne chercherai plus ce que j’avais en toi.
Si la vie au-delà de tout retour possible
T’a corrompue, Hécate, étoile marcescible,
Reviens me délier de la commune loi :

Dans le sang de mon cœur je tremperai ma plume
Non pour tourner une ode à mon dernier moment
Mais pour devant tes yeux signer mon testament.
Je t’aimais mais le monde est un trou plein d’écume.

*

Hécate VI

Discussions sans fin et baisers et volutes,
Le monde autour de nous n’existait même plus.
Et baisers mais sans fin, cymbales, sistres, flûtes,
Et volutes ; le reste, additifs superflus.

Hécate, ô je pâlis en songeant à ma perte !
Je me méprise tant d’avoir abandonné
Le lilas de ta chambre à la fenêtre ouverte
Sur un monde onirique et pour toi seule né.

Sans savoir que j’allais rouler dans un abîme,
Je quittai la chambrette où Cythère éclatait,
Pour un désert sans nom ta lèvre magnanime,
Une forêt magique où l’oiseau bleu chantait.

Où vis-tu ? Que fais-tu ? Puis-je espérer encore
Te revoir ou faut-il que, sans direction,
J’avance sans savoir où se lève l’aurore ?
Et si tu n’en veux pas… quoi de ce million ?

*

Hécate VII

Si tu peux pardonner, Hécate, à ton ami,
Ne lui refuse pas cette miséricorde.
Si notre amour en toi fait vibrer une corde
Encore, ne dis pas ton cœur bon endormi.

Puis-je sans vanité croire à ta souvenance ?
Je veux me prosterner devant tous à tes pieds
Et baiser leur poussière, à mes jours inquiets
Donner rémission : que ce soit ta vengeance.

Le désert sillonné depuis ton oasis
Me laisse dans les yeux un larmoiement lugubre
Et dans la solitude égaré j’élucubre,
Mais j’ai gardé pour toi des tourmentes un lys.

Que l’eau de ta tendresse irrigue son calice,
Si tu peux pardonner à qui revient des morts.
Mais si tu n’en veux pas ou si j’ai trop de torts,
Conculque ce débris d’amour en ta justice !

*

Hécate VIII

Depuis que je comprends tout ce que j’ai perdu,
Je ne suis qu’un fantôme affamé de ta bouche.
Je n’ai plus d’existence et plus rien ne me touche,
Des baisers dont j’ai faim et soif au sang mordu.

Puisque mon âme, Hécate, errant à ta recherche,
Ne connaît plus mon corps dépouillé de ton feu,
Conculque ma dépouille inepte, c’est mon vœu :
Sur ton épaule, noir, que mon pneuma se perche.

Ou que, si ton caprice a besoin d’un golem,
Je serve en ta maison, hagard, muet, aveugle,
Brute qui sous l’effet d’un frisson parfois meugle,
Quand réentend sa chair son lointain requiem.

Que je fonde et ruisselle à côté de ton âtre,
Forme qui fut humaine et perdit son esprit,
Ou qu’avec les objets que la nuit assombrit
Je joue un vague rôle en ton secret théâtre.

Mais si le talisman est brisé, n’attends pas
Que la lune rappelle à sa pallide ouate
Le loup que doit occire une balle adéquate :
Tire quand se feront reconnaître mes pas.

Depuis que j’ai compris l’inouï de ma perte,
Je ne vois plus les fleurs qu’avec un long frisson.
Les choses et les gens me crient à l’unisson
D’aller au diable avec cette blessure ouverte.

Mon bonheur demandait près de moi ta beauté.
Je ne sais quel venin m’a corrompu la moelle
Pour avoir fait pâlir dans le ciel une étoile
Qui prodiguait sa blanche et féerique clarté.

Quel désert fatidique et nuit de l’amertume
Que ce néant rempli d’un brûlant souvenir !
Si j’avais le chemin, je voudrais revenir
À ton si tendre amour, par-delà tant d’écume…

*

Hécate IX

Le dégoût de la vie après t’avoir aimée
Sans savoir à quel point et perdue en riant,
Hécate, est si profond que ma main désarmée
N’ose pas se lever sur l’attentat criant.

Je hais le monde entier pour une cicatrice
Sur ton cœur dont je suis responsable ; je hais
Le monde pour ma lâche et frivole avarice ;
Je hais tous les regards, imbéciles et laids.

Je ne veux plus marcher que dans les nuits désertes
Où geignent, souvent crient à faire peur des chats :
Le jour, dans l’avenue aux fenêtres ouvertes,
Je sais que chacun veut me couvrir de crachats.

*

Hécate X

Hécate, qui pourrait dire la nostalgie
Que j’ai des arcs-en-ciel de ta blanche magie ?

Et l’amertume en moi depuis, longtemps après,
D’un gâchis trop futile et triste, et les regrets ?

Quand je me reposais sur toi de ma faiblesse
Et prenais de la force en aimant ta tendresse,

Quand j’épanchais mon cœur en mots tendres ou fous,
Car l’avenir était un mystère pour nous

Et nous ne savions pas ce que serait la vie,
La colline des jours pas encore gravie,

Je voyais alors mal à quel point ton cœur bon,
Présent du ciel, était ma bénédiction.

Quel perfide serpent voulut cette infamie :
Me jeter loin de toi, loin de ma seule amie ?

Ai-je en moi ce principe infernal de tourment ?
Cherchai-je à me tuer en niant mon serment ?

Quoi m’a jeté transi dans cette solitude,
Quand j’avais devant moi l’huis de ta plénitude ?

Et ce silence noir qui dévore mes cris,
Ta voix en fera-t-elle un jour mille débris ?

Le printemps n’a pas eu de mes mains sa couronne,
Donne-moi d’encenser de myrrhe cet automne…

Si tu peux pardonner une âme au désespoir,
Veuille que mon adieu ne fût qu’un au revoir…

Hécate, du bonheur je n’ai nulle autre idée
Que celle qu’à ton cœur aimant j’ai demandée.

Je ne sais pas ce qu’est sans ta main le bonheur,
Je n’ai d’autre raison que t’aimer dans mon cœur.

*

Hécate XI

Dans le nectar des dieux avoir versé l’absinthe
Pour ces lèvres de rose exquises, de corail,
C’était l’œuvre d’un fou, d’une raison atteinte :
Je suis cet égaré, ce vil épouvantail.

D’autres souffrent la nuit de cauchemars horribles,
Quand ils dorment, mais moi c’est en me revoyant
Dévaster, sans égard pour ses bontés sensibles,
Notre amour que je tremble et fuis l’alp effrayant.

C’est la réalité qui me fige, me glace,
Qui me fait supplier la nuit par où sortir
D’un monde où je ne peux avoir la moindre place,
Banni pour ce méfait malgré mon repentir.

Hécate était la coupe oblongue, améthystine
Où le divin nectar d’opale étincelait,
La nymphée hiératique et chryséléphantine
Où la source des eaux lustrales ruisselait.

Et moi, dans ces clartés de cascades célestes,
Tel un empoisonneur funeste au sang rongé,
Je mélangeais les noirs ferments de traîtres pestes,
Remuais des venins de serpent enragé.

Que cherchais-je instillant ces basses alchimies ?
Quel doute affreux blessait mon âme de son fouet ?
Étais-je conculqué par d’immondes lamies ?
De quel démon pervers étais-je le jouet ?

Hécate aurait pu m’être un bouclier d’étoiles
Et nous serions montés sur l’Olympe, immortels.
Au lieu de quoi, la glu d’aranéennes toiles
Me livre aux crocs souillés et pestilentiels.

Et je ne sais comment me déboîter la tête
Pour mettre fin au sombre et sanglant châtiment,
Ah ! que la ténébreuse estrapade s’arrête.
Je suis maudit… Hécate, abrège mon tourment !

*

Hécate XII

Hécate, pour deux mots cruels je te pardonne.
Et pour m’avoir compris à moitié mais trop bien
– L’autre moitié pourtant était la seule bonne.
Je te pardonne tout : est-ce que ce n’est rien ?

Je te pardonne ainsi ta famille modeste
Qui me posait un cas de conscience aigu,
Car si l’amour est tout, qui peut avoir le reste
Et s’en prive, son sort est, dit-on, ambigu.

Je te pardonne aussi de t’être consolée
Sans attendre un peu plus d’autres abaissements,
Qui m’auraient fait savoir que ton âme accablée
Serait toujours à moi, même dans les tourments.

Je te pardonne enfin d’avoir cru mes manèges,
Car j’étais moins méchant que fou, mais à lier.
Je te pardonne tout car tes roses, tes neiges,
Tes satins, tes velours me font tout oublier.

*

Hécate XIII

Hécate, le bilan d’une vie après toi :
Néant, désert, l’abîme aux profondeurs glacées,
Lamentable plongeon sans comment ni pourquoi,
Dérive lotophage, amertumes brassées.

Car je laissai plié sur la table de nuit
De ta chambrette un nerf vital tiré du coude
Dans lequel je posai, me retournant sans bruit,
Le fil bleu qui, rompu, jamais ne se ressoude.

Et surtout mon dernier coup d’œil fut, par hasard,
Pour le verre de sang à moitié plein ou vide
– Je ne sais toujours pas – qui noya mon regard,
Posé comme une horloge au bord du gouffre acide.

Et puis mon dernier mot, en main le combiné
Du téléphone et toi quelque part endormie
Dans l’ailleurs, d’une voix de menteur étonné
Ce fut pour dire « Allô » dans la glace ennemie.

Et si je me souviens, si je me souviens bien,
Je t’écrivis pourquoi je devais sans attendre
Prendre un bus vers la fin du monde, dans le rien.
J’écrivis tout cela sur le mur jaune tendre.

C’est pourquoi j’oubliai, comme en un cauchemar,
Mes chaussures, sorti sans voir que mes chaussettes
Étaient trop jade, en plus, pour monter dans un car,
Et je ne trouvais pas non plus mes cigarettes.

Pas plus que je ne vis la moindre station.
Alors je retournai chez moi ; depuis ce triste
Et fatal terminus, je fis soumission
Au marais désolé dont je suis un lampiste.

*

Hécate XIV

Hécate, dans la nuit que la lune irisait
Par son ruissellement de glace étincelante,
Un sylphe sur les lys que d’or il arrosait
Voletait près de nous en notre marche lente.

Je te montrais là-bas un immense escalier
Au bout du fleuve, après un ultime méandre.
Cet escalier aux cieux d’astres, pour oublier
Les maux, montait vers où l’on ne peut plus descendre.

Tu frissonnas, pourtant ce fut notre bonheur
Que dans le ciel brillant et noir nous regardâmes,
Les portes d’un château plus haut que la grandeur
Où nous serions entrés pour y sceller nos âmes.

Je vis dans ton œil bleu des reflets d’eaux du Styx
Quand tu me le plongeas au miroir de ta grâce,
Et mon âme battit des ailes de phénix
Tombé dans la prison de nos cœurs, mer de glace.

Je comprenais hélas que ton amour vivant
Dans le tourment suivait, résigné, comme une ombre
Mes pas éthéréens, sans sourire, et le vent
Dans les feuilles du saule, et des peines sans nombre.

Amour, t’ai-je jamais, blême chauve-souris,
Fait sourire ? ai-je vu sourire ton visage ?
Un voile est sur mes yeux, épais, mais tu souris
Comme moi sous la peau, mutique cartilage !

*

Hécate XV

Je ne me souviens pas de ton sourire, Hécate !
Comme si j’en avais perdu le droit depuis
Qu’en passant mon chemin je tombai dans le puits
Que m’est la vie, obscure et vide et scélérate.

Ou comme si jamais tu ne m’avais souri
Car je fus ton supplice et non ton sigisbée :
Un serpent hypnotique à la voix enrobée
Avec qui tu marchais sur un humus pourri,

Et dont tu te vengeas en prenant cet air grave
Que déposait l’affront indigne sur tes traits,
Ne comprenant pourquoi tes multiples attraits
S’attiraient l’avanie et non respect suave.

Si je veux méditer sur cela maintenant,
Je vois bien que, frivole, inepte, sans largesse,
J’étais séduit ailleurs, par la vaine richesse,
Qui dans le bran roula mon habit de manant.

Pourrais-je jamais dire à ta douceur blessée
Que je te traitai mieux que l’on ne me traita ?
Mais si quelqu’un jamais pour mon âme compta,
C’est toi, ma sœur, ma chère amoureuse offensée.

Urbanité de Galatée: Poèmes

Galatée

Galatée, avais-tu la moindre conscience
De l’impossible amour qu’en moi tu concevrais,
Et l’as-tu donc voulu, si mes doutes sont vrais ?
As-tu voulu me voir frappé de pénitence ?

À la haine de tous découvert, aux coups bas ?
Comment l’ai-je pu croire un seul instant, sans rire
De cette folle idée en moi d’un tel empire
Si, quelquefois du moins, tu ne le voulais pas ?

Je repense à ce temps de sifflantes vipères
Dans les plis des rideaux, de venins, de poignards,
Où je n’avais d’appui contre tant de lézards
Qu’en évoquant sur l’eau de tes yeux des chimères.

Et toi vaincue, alors la meute, en sa stupeur,
Aurait d’effroi pâli, replongeant dans son antre ;
Et ma main sur ta tête, un bras dessus ton ventre,
La déesse captive, ils seraient morts d’horreur.

Mais je n’étais pas fait pour vivre avec des bêtes,
Même si tu régnais sur elles dans ce puits.
Même quand ta grandeur illuminait mes nuits,
Leurs grognements gênaient mes voluptés secrètes.

Je t’aimais comme on aime un horizon lointain
Qui nous donne un espoir de bateaux, être libre,
Comme le son qui naît lorsque la corde vibre
Et vole, et nous avec, en délirant soudain…

Mon vice a fait le reste, une âme de poète.
Aujourd’hui j’ai voulu te chanter à nouveau,
Mais je suis écœuré par ces têtes de veau
Qui m’ayant assombri te volent la vedette…

*

Ai-je tout inventé ?…

Galatée, aviez-vous même les pieds sur terre,
Une des qualités que vous prêtent les gens,
Quand tout le monde vit – en eut la bouche amère –
Que vous aviez pour moi des sourires… urgents ?

Était-ce moi, peut-être, ignorant des usages,
Qui tenait pour faveur la simple urbanité ?
Étais-je, survenu de champêtres bocages,
Le sot que fait siffler un long décolleté ?

Ou, si je ne suis point un céladon agreste,
Était-ce, par hasard, que tout, venant de vous,
Devait prendre à mes yeux une couleur céleste
Intéressant de près mes rêves les plus fous ?

Et si vous me disiez bonjour, j’entendais : « J’aime
Ton visage où paraît un merveilleux esprit » ?
« Le temps va se couvrir » devenait « Quel poème
M’écriras-tu, poète à qui le ciel sourit » ?

Ai-je tout inventé, tout lucubré, fantasque,
Tout affabulé comme un gros-jean à la cour,
Incapable de voir sous la poudre le masque ?
Incapable de voir, aveuglé par l’amour ?

Ah que Dieu me pardonne alors cette folie
d’innocent bien dupé parmi des aigrefins,
Car j’ai par cet amour vidé jusqu’à la lie
Une coupe du plus améthyste des vins !

Et tandis que pour eux votre magnificence
Était un guéridon de plus parmi les ors,
Je trouvai pour mon bois une divine essence
Et fais votre statue en fondant leurs trésors.

*

Urbanité

Galatée, en jugeant que votre urbanité,
Massive, triomphale, avait un sens occulte
Par moi seul déchiffrable, érotique et hanté,
En cette erreur je fus le dévot d’un long culte.

Agreste céladon, j’étais comme le sot
Qui, venant à la cour où les chairs se dévoilent,
Croit que la porcelaine est un rustique pot
Et sert à des civets que des mains rouges poêlent.

Vos fascinations blondes et de vermeil
Étaient un instrument de la diplomatie
Et non je ne sais quel fantastique soleil
Pour l’âme solitaire en dolente autarcie.

Comme le plébéien dans le temple conduit,
Admirant les seins nus de la blanche déesse
Voit selon la nature et siffle, fait du bruit,
Je crus que vos beautés visaient à la tendresse.

Je ne remarquai point qu’en passant près de vous
Dans ce palais de jaspe, on observait en peintre
Les sombres Géricault comme vos charmes fous,
Et que l’on restait froid et raide comme un cintre.

Ce fut donc un malheur que, ne comprenant rien
À cet ennui profond, glacé du sanctuaire,
Je fus saisi d’amour et voulus votre bien,
Plus qu’à ses objets d’art un vain propriétaire.

Et ces urbanités magnifiques, le chœur
Des suaves tourments, échevelés et fauves,
Me les alambiquait en murmures du cœur,
Et je voyais vos yeux bleus comme des ciels mauves.

*

Certificat d’urbanité

Contre l’urbanité ce sauvage impétrant
A commis de nombreux impairs inexcusables,
De notre vénérable étiquette ignorant,
Et ses rusticités semblent inépuisables.

Les faits étant connus, nous irons droit au but :
Nous n’accepterons pas que notre Galatée
Soit vue avec ce gueux sans pousser un grand zut,
Sans que cette insolence abjecte soit matée !

– Mais enfin, messeigneurs, avez-vous oublié
Que nous servons le noble esprit démocratique
Et que le moindre mot peut être publié ?
Modérez ce laïus trop aristocratique !

– Que faire ? Nous avons dans nos murs un serpent.
– Quelle ruse a bien pu parmi nous l’introduire ?
– Messieurs, c’est trop parler : ce fâcheux occupant
Doit disparaître avant que le trouble n’empire…

– J’ai trop mangé, je crois que je vais défaillir…
– Silence ! Nous savons quelle scélératesse
Constitutionnelle a pu circonvenir
La cooptation de notre alme sagesse :

Le fourbe sans scrupule avait d’un paysan
La perfide cautèle, et pour longtemps encore
Il nous eût abusés en parfait courtisan
Si nous n’avions chez nous la nymphe qu’il adore,

Galatée, un soleil reflété par les eaux !
Car elle est, sachez-le, pour nous l’ultime épreuve :
Les impétrants bien nés succèdent, mais le faux,
Se révélant à tous, de ses larmes s’abreuve.

Celui qui ne sait point garder l’urbanité
En présence du col de neige blanche et blonde
Est démasqué, son nom flétri : « Rusticité ! »
Il sort à tout jamais, seigneurs, de notre monde.

Tandis qu’en vain il rêve en fou voluptueux,
Il ne s’en doute pas, le piège se referme,
L’escalier sous ses pas devient tout tortueux :
Le gravissant, jamais il n’en verra le terme !

Aussi ne craignez point qu’il cause quelque mal,
Pour lui notre château se change en labyrinthe.
Qui profane le seuil d’un pied fruste, brutal
Pénètre dans sa tombe en forçant notre enceinte.

S’il restait en ce lieu, vous ne le verriez plus,
Invisibilisé dans son propre blasphème.
C’est désormais un mort, un fantôme de plus !
– Mais qu’en dit, monseigneur, Galatée elle-même ?

*

Urbanité de Galatée

L’urbanité de Galatée
M’a foudroyé comme l’éclair,
Car je l’ai mal interprétée :
Pour moi, son amour était clair !

N’eût-elle été que belle, en somme,
J’aurais admiré sa beauté ;
Mais sans devenir fou quel homme
Pourrait voir son urbanité ?

Celui qui voyait une nymphe
Jadis en était possédé :
Quand on examinait sa lymphe,
Le plasme était tout oxydé.

Le fou que Galatée engage
En dialogue trivial
Se croit élu, soupire, nage
En un firmament idéal…

Son urbanité me fit croire
À des faveurs, des sentiments,
Et je brodai toute une histoire
Sur quelques affables moments.

Quelle n’a pas été ma honte,
Tous ont vu ma rusticité :
Le voilà qui s’invente un conte
Après un peu d’urbanité !

Alors je regagnai ma terre,
Cette terre qui ne ment pas ;
J’y resterai, nom d’un tonnerre !
Y passant de vie à trépas.

*

Chant d’un rustique

Pour de Galatée être aimé
D’une amour longue mais subite,
Manquait à mon laïus pâmé
L’urbanité d’un cénobite.

Eussé-je eu dans la gorge un chat
Ou parlé comme un chien aboie,
Je n’eusse, ou lançant un crachat,
Moins gagné que son œil chatoie.

Je ne peux lui plaire en parlant
Car je ne suis pas de son monde.
Je ne sais pas être galant
Comme elle sait, elle, être blonde.

Il ne sert à rien que je sois
Bien vêtu, que j’use la brosse :
Il faut de l’or et non des noix
Pour que la filière dégrosse.

Celui qui pense qu’être beau
Suffit à qui vient de banlieue,
Il croit qu’on attrape un oiseau
En mettant du sel sur sa queue !

J’ai de la peine et du chagrin
Mais hélas, si mon œil se brouille,
Je n’ai pas le mot zinzolin
Qui plaise et je dis : L’eau, ça mouille…

*

Du fond de mon néant…

Je crains que les plaisirs de l’esprit, Galatée,
Ne laissent qu’amertume eux aussi derrière eux,
Et que les cultiver ne rend pas plus heureux
Qu’une possession terrestre convoitée.

Et le renoncement à mon amour pour vous,
En pensant que serait noble ma solitude,
Est en somme une longue et lente lassitude
À force de lutter contre tant de dégoûts.

Et resté sans l’appui d’une âme sœur, humaine,
Face à l’envahissante hostilité des sots,
Je sens bien qu’être vain de l’usage des mots
Ne peut jamais lever complètement la peine.

La peine d’avoir dit à cet amour va-t’en…
L’avoir dit n’était-il le seul recours possible,
Puisque je crus pouvoir toucher l’inaccessible,
Si cet orgueil était la ruse de Satan ?

Mais si j’avais gardé cette vaine espérance
En mon cœur éconduit, aurais-je plus souffert
Qu’en voyant devant moi cet immense désert
Qu’il me faut traverser jusqu’à la délivrance ?

Désert sans oasis où les rêves défunts
Parsèment de leurs os blanchis le triste sable…
À quoi bon dans ce vide affreux être capable
De raisonner, avoir des sens loin des parfums ?

Galatée, entendez ce soupir, cette plainte
De celui qui chantait pour vous dans son printemps ;
C’est en vain qu’a coulé sur mon chagrin le temps,
Même si dans l’espoir a mordu son atteinte !

J’ai vécu seul et sombre avec un souvenir.
Je mourrai loin de vous que j’aurai tant aimée,
Une branche de l’arbre en un puits abîmée
Que la sève n’a pu près de vous retenir…

Du fond de mon néant je vois dans la lumière
Vos belles frondaisons se balancer au vent,
Et je coule dans l’eau glaciale en rêvant
Au temps où j’aurais pu fleurir avec vous, fière…

*

Un soir améthystin

Si, prise de regret lancinant, Galatée,
Vous repensez à nous, un soir améthystin,
Cherchez ceux que la vie, un sinistre destin
Ont jetés sur la route inclémente, agitée.

Non, ne feuilletez pas les bottins du succès
Pour y trouver mon nom et d’éclatants faits d’armes :
Je n’ai d’autre butin que ma peine et mes larmes
Ni d’autre légion d’honneur qu’un grand abcès.

Si vous m’avez rêvé comme je vous ai vue
Dans mes songes, touchant la longue balustrade
D’un grand colimaçon pailleté d’or et jade
Sous des vitraux flammés, une amphore touffue,

Ne cherchez pas mon ombre ailleurs que dans les coins,
Les caves où sanglote une misère noire.
Et si j’avais pour vous une cape de moire,
N’avisez qu’aux manteaux élimés et sans soins.

Ô si vous m’avez vu parfois en longue étreinte
Vous enlacer, un chêne en la terre planté :
À hauteur de visage ou d’yeux rien n’est resté,
Regardez à vos pieds la luciole éteinte…

*

Une vision

Je montais l’escalier pour aller vous étreindre
Devant un haut vitrail flamboyant de couleurs,
En ce rêve éveillé que je voudrais vous peindre
Et qui vit avec moi par toutes mes douleurs.

Et je vous embrassais dans le nimbe du verre
Chatoyant de rubis, topazes, péridots,
Vêtu de noir et vous de noir vêtue et claire
Par vos cheveux dorés ondoyant sur le dos.

Et cet embrassement définissait mon âme
Comme une éternité retrouvée entre nous ;
Et je redevenais léger comme une flamme
En m’oubliant, serré dans vos bras de saindoux.

Quel grand seigneur étais-je avec vous, Galatée ?
Quel fut donc le secret de cet adoubement,
Dont l’eau de ma mémoire à tout jamais hantée
Augure le fatum de quel affrontement ?

Que vienne le moment de tirer mon épée :
Je n’ai jamais douté du pouvoir de vos mains
Et que d’un trait de feu la tête un jour coupée
Du dragon ouvrirait enfin tous les chemins.

Qu’en votre sacré nom le rite s’accomplisse,
Je ne vis que pour vous, pour vous prêt à mourir.
Mon âme est dans ce rêve enluminée : ô puisse
Ma parole, pour vous sauver, le retenir.

*

Blason

Alors que j’avais cru m’élever jusqu’au trône
De sa noble beauté par un puissant élan
Irrésistible et fou, je montai vers l’icône,
Certes, mais retombai sans atteindre son plan.

La chute me brisa, je roulai dans l’abîme
De ténèbres hanté par un peuple cruel,
Mes yeux pleurant du sang et tournés vers la cime
Que j’avais effleurée, avide, au bord du ciel.

Nulle réflexion n’aurait pu me contraindre
À suspendre mon saut vers le but de mon cœur,
Et si j’ai tout perdu je ne songe à m’en plaindre :
Au moins ai-je tenté de faire mon bonheur !

Plus abaissé que tous à présent, je demeure
Fier de ce bond céleste et de sa triste fin.
Je n’ai pas fait semblant d’ignorer la meilleure
Place pour m’épargner l’échec, ç’eût été vain.

Tel que vous me voyez, paria que la foule
Accable de sa haine infâme, j’ai mon sceau :
Galatée a senti l’éther que son pied foule,
Quand ma main s’approcha, trembler comme un roseau.

*

Printemps

Galatée, en mes jours de sève et de feuillage,
Je vis votre printemps sous le ciel éclater,
Splendir dans les jardins chatoyants, miroiter
Sur les lacs et conduire un céleste ramage.

J’aurais voulu tenir dans un long athanor
Ces flambeaux des bontés astrales les plus pures.
C’était désinventer la bise, les froidures
Pour glisser en l’Éden d’un nouvel âge d’or.

Comme l’oiseau qui chante en la ramure et donne
Au matin qui l’abrite un noble enchantement,
Égayant l’ombre exquise et fraîche doucement,
Ce printemps m’est resté dans l’âme à mon automne.

Les saisons passeront comme elles ont passé,
Ma dernière sera caduque et solitaire,
Mais je me souviendrai que j’ai vu sur la terre
Un printemps où l’Éden tout entier s’est versé.

*

Printemps (2)

Galatée, en mes jours de feuillage et de sève,
Je vis votre printemps dulcifier les prés,
Les bosquets, les jardins dont la brise soulève
Les jade frondaisons et les chatons moirés.

Le saule chevelu me pleura sur la tête
En vous voyant passer et le gai rossignol
En mineur altéra son gazouillis de fête
Quand au loin s’effaça votre quartz girasol.

Et mes larmes dans l’herbe, en changeantes opales
Répandaient la rosée humide de mon cœur
Car vous aviez des yeux d’aurores triomphales,
Des alanguissements de balsamier en fleur.

De mes pleurs abreuvé, sanglotant « L’eau, ça mouille ! »,
Je sus qu’était fini pour moi le temps des riens…
En l’automne, à présent, fuligineux et rouille,
Absence et souvenir et néant sont mes biens.

*

Soir ianthin : Demande en mariage

Dans le soir ianthin je pense à Galatée.
J’évoque son œil bleu dans le soleil couchant,
Sa blondeur au moiré crépuscule, et mon chant
L’appelle d’au-delà l’amplitude lactée.

Je vole dans le soir ianthin vers vos ciels,
Galatée, en portant sur mon aile un message :
Je viens vous proposer mon nom, un mariage.
C’est un vol sérieux et des plus solennels.

Pour vous le changement sera considérable,
Je ne le sais que trop, en suis bien convaincu :
Un bouleversement… Moi qui n’ai point vécu,
Je changerai de chaise et peut-être de table,

Mais vous ! tant de liens, ô tant d’attachements
– Jamais je n’oserai vous en faire une plainte –
Sont à redéfinir, sont comme un labyrinthe
Soudain : un entrelacs d’impérieux serments.

Cette commotion produira bien des vagues,
J’en demande pardon à ceux que vous aimez.
Mais si pour mon amour loyal vous m’estimez,
Apaisez dans l’hymen mes pensers noctivagues.

Dans la maturité d’échecs retentissants,
Méprisé de la foule et de tous ceux qui comptent,
D’aucun succès paré, nuls faits qui se racontent
Avec respect parmi les aigles, les puissants,

Je viens vous demander votre main, Galatée.
Car vous aviez compris, vous seule, en nos printemps,
Que je ne pouvais rien, que trop de mécontents
Opposeraient le fiel à ma gloire arrêtée.

Ainsi n’ai-je rien pu, mais vous saviez aussi
Qu’on peut faire manger son fiel à l’hypocrite :
Que l’hymen me serait une armure d’hoplite
Et m’ouvrirait les droits de l’honneur. Me voici !

Ne dites pas qu’une autre aurait bien fait l’affaire :
Sans manches un plastron est pour le bras cassé.
Si vous m’avez voulu bellement cuirassé,
Vous-même fournissiez bouclier, badelaire.

C’est par vous que je dois avoir la Toison d’or,
Qui d’autre ? Sans le mot que j’attends de ta bouche
Il me faut partir, loin, et quoi ? pour faire souche
Parmi les haricots comme un Conquistador ?

Mon nom n’est ni meilleur ni plus mauvais qu’un autre ;
Si mon curriculum est ce que j’en ai dit,
C’est un estoc de feu que ma dextre brandit.
Mon nom n’est pas meilleur, à moins qu’il soit le vôtre.

Si ce rappel succinct n’est que la vérité,
Que suivi soit ce lied de notre épithalame !
Je pâtis de ne point vivre à votre côté,
Cette langueur depuis longtemps blesse mon âme…

*

Xanthique

Xanthique crépuscule aux larmes d’améthyste,
C’est un soleil plongeant dans la pâleur du ciel,
C’est un jour qui finit, tout d’or, et me voit triste,
Ému de Galatée à l’horizon de sel.

C’est dans un cœur farouche, entier de solitude
Un soupir continu, comme le clapotis.
Que ne suis-je un nuage effumé qui s’élude
Dans les immensités pleines de chuchotis ?

La Nature est un glas, le bruit humain me navre
Et la Muse aux pieds nus saigne sur les cailloux.
Je ne veux plus voguer en quête de mon havre.
Couvrez vos deuils et morts de tintamarres fous.

Et pour chaque poème exprimé de ma plume
Comme un filon de sang glacé dans un tombeau,
Un nouvel ennemi me naîtra de la brume,
Attendant mon trépas en affamé corbeau.

En tout homme vivant j’observe le principe
D’anéantissement de mon ultime effort.
Ai-je jamais haï, dur et fixe archétype,
Comme je suis de tous haï, plus que la mort ?

Galatée, horizon, celui qui vous oublie
Ne retourne jamais au port : cet exilé
Voit son reflet glaçant sur le gouffre et supplie
Les flots de recueillir son tourment annulé.

L’avez-vous oublié, lui passera la porte.
C’est l’enfant qu’il n’a pu devenir avec vous
Dans ses mains vous montrant une colombe morte
Et qui vit dans son cœur, qu’il console à genoux.

*

Aureum Silentium

Dans mon rêve étiez-vous du vitrail descendue,
Lumière de couleurs ? enlaçais-je un rayon
Matérialisé de céleste sillon,
Une aura dans le ciel de mon amour tendue ?

Qu’étiez-vous, entité surhumaine endossant
Le fluctueux zaïmph du corps de Galatée ?
Galatée, avez-vous, par le prisme enchantée,
Voyagé sur cet arc de serein bondissant ?

Dans l’immobilité de l’âme reconnue
Qui figea cet instant pris à l’éternité,
Je ne vis plus la femme à la grande beauté
Mais la route à travers le destin, continue.

Sous un vitrail et sous de ténébreux rideaux…
J’aimais, et ce silence était d’or et de verre,
Et je fermai les yeux sur notre sanctuaire…
En les rouvrant, pourquoi ne vois-je que ton dos ?