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Poésie de Diana Carol Forero
Diana Carol Forero est une poétesse contemporaine de Colombie. Je suis entré en contact avec elle après avoir traduit, avec d’autres poèmes d’un même site internet des FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia), trois de ses poèmes, dans mon billet intitulé Poésie des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sur le présent blog (ici, billet en date du 23 septembre 2018) ; certaines de ces traductions ont entre-temps été publiées dans le numéro 174 de mars 2019 de la revue Florilège (rubrique « Poètes sans frontières »), dont deux poèmes de Diana.
Ces poèmes de Diana Forero étaient tirés de son recueil Balada para Piel de Luna (Ballade pour Peau de Lune) publié, sous le pseudonyme Gabriela Méndez, en 2016 par les FARC.
Diana a passé douze ans dans les rangs des FARC. Quand je l’ai contactée, elle était « promotrice de réintégration » (promotora de reintegraciόn) au sein de l’Agence colombienne pour la réintégration (Agencia Colombiana para la Reintegraciόn, ARC), l’organisme public chargé de la réinsertion des ex-combattants des FARC dans la société civile, et elle étudiait la psychologie dans le cadre de l’éducation à distance.
La situation de Diana comme celle de l’ensemble du pays semblait être la conséquence naturelle de l’accord de paix signé en 2016 entre le gouvernement colombien et la guérilla, après un long processus de négociation à La Havane (Cuba) ; cet accord et la constitution des FARC en parti politique, donc leur participation au processus électoral, paraissait devoir mettre un terme définitif à un conflit armé de plus de cinquante ans.
La pacification du pays a malheureusement connu depuis lors un revirement notable. Au moment où Diana et moi commencions à correspondre (via internet), en 2018, le nouveau président élu de Colombie, président d’un parti « centriste » dont le slogan « main ferme, grand cœur » a les accents typiques de la propagande autoritaire sans cœur et toute main, déclarait ne pas être lié par l’accord de paix signé par son prédécesseur avec les FARC. Diana, qui vit, comme la plupart des autres ex-combattants, dans un Espacio Territorial de Capacitación y Reincorporación (ETCR), « espace territorial de capacitation et réincorporation » – cet indigeste jargon bureaucratique désignant un camp ni plus ni moins, en l’occurrence, dans le cas de Diana, situé dans une région isolée, dans lequel les ex-guérilleros vivent comme derrière un cordon sanitaire (depuis août 2017 ils sont cependant libres de circuler) –, a perdu son emploi pour l’agence gouvernementale ARC et vit d’une activité coopérative conduite avec d’autres anciennes guérilleras.
Par ailleurs, alors qu’en 2016, la situation des ex-combattants était déjà marquée par une forte discrimination sur le marché de l’emploi et l’accès aux études, et que 68 % des personnes liées à l’agence ACR étaient de ce fait employées dans le secteur informel, les assassinats d’ex-combattants désarmés sont devenus monnaie courante à partir de fin 2018 (un fait évoqué dans le texte Amasando sueños ci-dessous), au vu de quoi nombre d’entre eux décident de retourner à la guérilla, étant donné qu’une minorité dissidente des FARC, l’ELN, avait rejeté l’accord de paix et refusé de déposer les armes.
En outre, le processus de normalisation politique des FARC est compromis par une forme de persécution judiciaire de ceux de ses membres convertis en personnalités politiques, à l’instar du poète guérillero Jésus Santrich (dont j’ai traduit des poèmes à côté de ceux de Diana), devenu sénateur de la République mais faisant l’objet d’une demande d’extradition par les États-Unis pour trafic de drogue en dépit de l’amnistie entérinée dans l’accord de paix (les États-Unis invoquent des faits ultérieurs à l’accord) ; dans une histoire embrouillée aux rebondissements multiples, qui a vu entre autres un rejet formel de la demande d’extradition par la Juridiction spéciale pour la paix, l’organe juridictionnel créé par l’accord, s’avérer insuffisant pour garantir le sénateur Santrich du fumus persecutionis à son encontre, Santrich est entré en clandestinité, avant de déclarer publiquement avec d’autres ex-FARC en août 2019 la reprise des armes, déclaration à laquelle le président de Colombie a répliqué par l’annonce d’une offensive militaire. Cette reconstitution des FARC par des figures historiques ne peut manquer d’accroître, au vu des assassinats dont ils sont la cible, selon un véritable « plan » homicidaire de l’actuel gouvernement d’après certains, les retours à la guérilla de combattants désarmés, parqués et discriminés.
Le contexte est donc rien moins qu’apaisé, contrairement à ce que l’on pouvait croire au moment où je commençais à traduire en français de la poésie des FARC.
Diana, dont le voisin dans l’« espace territorial » a été assassiné et qui a elle-même reçu des menaces de mort, est de surcroît en délicatesse avec les FARC, vu qu’elle a décidé d’en quitter les rangs peu avant l’accord de paix, elle et son compagnon craignant pour la vie de leur bébé. Si son recueil publié par les FARC présente la poétesse comme « Gabriela Méndez, Guerrillera de las FARC-EP » (EP pour Ejército del Pueblo, armée du peuple : FARC-EP est le nom complet de la guérilla), il se pourrait que ce passé, en dépit de ce que l’on pensait et espérait au lendemain de l’accord de paix, soit bien difficile à porter au cas où cet accord ne s’avèrerait avoir été qu’une vaine tentative au bout du compte.
Diana me fait aujourd’hui l’honneur et l’amitié d’accepter la publication sur ce blog d’un choix par moi-même des poèmes qu’elle m’a envoyés au cours de notre correspondance. Ces poèmes sont inédits (sauf Identidad déjà publié en ligne, comme d’autres que j’ai reçus). Alors que ses poèmes réunis en recueil sont de la poésie engagée, ici Diana Forero montre une autre facette de son talent, et c’est entre autres pourquoi il me semble important de faire connaître ces poèmes, afin que le public ait une idée de la diversité de son inspiration.
*
BOTELLA AL MAR
Arrastro mis versos
a tus pies
como plegaria cotidiana,
confiando en que el lamento
de este amor impenitente
alguna vez me acerque
al tibio milagro de tu indulgencia.
Arrastro mis versos
a tus pies
como una ofrenda,
palpitante homenaje
a tu belleza pétrea,
botella que se agita
enfrentándose, obstinada,
al frenético oleaje
de tu olvido.
*
DEVENIR
Entre ecuaciones y fórmulas,
relatos y versos
transcurre para ti lejano
el devenir de mi universo.
Ajeno a mi mundo
y a mi cuerpo,
no logro tocarte
más que en el recuerdo
que me habita,
devorándome por dentro.
Y, como siempre, cada día,
resplandece el horizonte
en la imagen de tu sonrisa,
veo brillar el sol
en el reflejo de tus ojos,
no existe una canción de amor
que no me hable de ti,
ni un poema que no lleve
tatuado para mí tu nombre,
amor;
no hubo una vida probable
en que no te hubiera soñado
y, sin embargo,
solo he sido
esta dolorosa letanía,
esta muda vigilia,
este agrio ensalmo,
este abismo oscuro y sordo
en el que intento convencerme
que a pesar de no tenerte,
he vivido.
Hace siglos que te quiero.
*
INFIERNO
He vuelto a tus versos de sangre
como quien transita de nuevo
un camino conocido
y largo tiempo abandonado.
He vuelto a recorrer tu agonía
hecha metáfora,
como si asistiera, expectante,
al morboso espectáculo
de mi propio dolor.
Desciendo en silencio
entre las sombras
y las llamas refulgentes
de tu infierno,
buscando asir tu mano,
no para rescatarte de ti misma,
sino para hundirme en el abismo
con tu reflejo clavado en el alma.
Desde el ojo de la noche,
tus palabras ávidas
hincan en mi sus filosos labios.
A Clemencia Tariffa, poeta, amiga.
*
IDENTIDAD
Soy yo,
la que escribía versos
intensos y breves
como heridas de bala
Soy yo,
quien te enviaba
cartas de amor en latín
Soy yo
la que perdió sus vísceras
y endureció su aliento
en una sangrienta guerra
contra sí misma…
Sigo siendo yo,
la que hoy vuelve
a intentar abrir
las puertas de tu mundo,
a mendigar tu amor
en tres idiomas
A cientos de kilómetros de tí
abrazando tu sombra
besando el rastro de tus pasos
Soy yo
y he vuelto del infierno
pero el infierno habita dentro de mí
*
TÚ
Eras el poema
que garabateé en esa servilleta
que guardaste por años
una foto borrosa y marchita
en la que nunca estamos
este agónico vacío en mi pecho
un teorema sin solución posible
eras no más que
un puñado de momentos
un punto acaso
en la curva insondable del tiempo
eras los libros
que amaba leer
y olvidé en el anaquel de tu alma
no has dejado de ser
la avalancha de papel en blanco
que me inunda de silencios
eres, desde siempre
el sordo repicar del teléfono
que nunca nadie contesta
el vacío que me devora
este beso que agoniza
dolorosamente
cada noche
entre mis labios
*
PODCAST
Hace muchos años –tantos,
que ya olvidé cuántos–
salí corriendo de tu lado
pretendiendo escapar
de tu mortal influjo
queriendo reencontrarme
con ese algo de mí
que se extravió
en el ámbar de tus ojos
en el tacto firme y terso
de tu piel de luna
Hace un tiempo, tanto
que ya perdí la cuenta
de minutos
horas
días
semanas
meses
y años
atrapada en el podcast
de mi propia vida
como un perpetuo bucle
en diferido; soy pero no soy
estoy pero no siento
Alguien pregunta por qué
siempre pido dos tazas de café
y no sé si confesar
que es para el hombre
que nunca ha dejado
de habitar mi corazón
*
OCASO
Nada pesa tanto en mí
como el ocaso
La sensación agobiante
de que un día más
ha pasado en mi vida
sin vivirte
veinticuatro horas
de esta lenta
y angustiosa muerte
sin tocarte
sin besarte
sin amarte
La noche se abalanza sobre mí
y sigo siendo
la presa inerme del tiempo
la oscuridad de mis días
se hace una
con la bruma del paisaje
con el frío de mi corazón
invadido de nostalgia
amor
El canto de las cigarras
hace eco en mis adentros
y tiemblo de pensar
cuántas noches más
como ésta
habré de morir
ausente de tu cuerpo
lejos de ti
*
CARAVANA
Cada célula de mi cuerpo
vibra ante la sola mención
de tu nombre
amor
El tiempo ha carcomido
con su máquina de muerte
mis cimientos, mi mundo, mi todo
resguardando tan solo
este deseo incesante de ti,
ansia voraz
que ninguna fórmula podría calcular
inquietud incansable
que me fuerza a repetir
como una letanía
tu nombre
caravana de amarguras
en que se suman
una a una
las noches
tejiendo la agria superficie
de esta muerte
que es la vida sin ti
*
COPERNICANA
Hace casi quinientos años
Copérnico planteó
que todo nuestro mundo
gira alrededor del sol
Pero yo
habito en las nubes
desde que te vi,
hace media vida
–y no he vuelto a aterrizar
desde que no toco tu piel–
Todo gira en torno al sol
–excepto yo–
Tú eres mi luna y mi astro rey
y por si acaso
todas las estrellas
mi alfa y mi omega
mi alba y mi ocaso
el único destino de este cuerpo
fustigado de ausencia
la razón de ser de mis pupilas
el palpitante núcleo de mi alma
el centro incandescente de mi universo
*
NEURONAL
Sabes que me voy a morir
amándote
que me voy a llevar
tu recuerdo
en las pupilas
y en la piel
y en cada soma
en cada axón
en cada dendrita
de cada neurona
Y entonces los bichos
que se alimenten de mí
comerán tu recuerdo
y sabrán a qué saben
tus besos
y entenderán como
nadie más podría
por qué
nunca pude olvidarte
*
PRUDENCIA
Ella esconde
tímidamente
sus miedos.
Para que no se espanten
al verla.
*
DICOTOMÍA
Él se negaba a sí mismo.
Sólo para saber si era cierto.
A Alirio de Jesús, siempre.
*
ANOXIA
Dices que mi amor te asfixia.
Ojalá te estrangule hasta el último aliento.
*
SIN DESEOS DE MORIR
Sólo corté mis venas
para destilar de mi sangre
tu recuerdo
*
HUELLAS
Una gota de ausencia
rodó por mi garganta
–trago amargo–
dejando un profundo surco
una arruga prematura
Envejezco a los veinte años
*
ORIGAMI
Me doblo
Me fundo
Me pierdo
Nuevas formas surgen
de mi piel
de blanco papel
La caricia de tus manos
hace de mí
un nuevo ser
*
DISLEXIA
Hubo un momento
–de esto hace un tiempo–
en que sentí
que no podía ya
seguir jugando con las palabras
Ahora
ellas juegan conmigo
*
FRAGMENTO
Lamento que no haya dado para más
este amor tan breve
que hoy sólo ocupa tres renglones
*
PURGATORIO
Si Dios tuvo la culpa
quien puede juzgarlo
pasarle la cuenta de cobro
por haberme engañado
Me prometió el cielo
y te alejó de mí
Me prometió la vida
y asesinó mi alma
Si Dios tuvo la culpa
quien puede juzgarlo
Declararlo reo ausente
y condenarlo para siempre
A sentir el dolor que siento
A vivir esta vida que muero
*
DESPUÉS DE TI
Antes de amarte, amor
el mundo era vasto desierto:
como sordo quiróptero volaba sin rumbo
nada importaba ni lograba tocarme
mi piel era traslúcida
como alas de mariposa
y en mi corazón solo habitaba el silencio
Tú llenaste cada rincón
de mi cuerpo de luz
de sonidos y furia
de temblor extasiado, de vida
Pero la soledad se aferró a mí
como rama seca al borde del abismo
me inundó de temores y vértigo
me arrastró a la orilla misma de la muerte
y allí se sentó a llorar conmigo
Después de amarte, amor
mi mundo es camino cerrado
en torno la luz turquesa de tus ojos
mi piel hecha jirones atesora
la ardiente caricia de tus manos de luna
habitas el agua, el viento
la música y la noche
todo está lleno de ti
aunque mi alma sin ti esté vacía
*
MIEDO
He sentido su nefasto aliento
a almidón reseco
a mortaja avinagrada
toqué su piel de serpiente
–corteza muerta de las horas fugadas–
He presentido su paso
de rumor cansado
deslizándose como viento quemado
entre los árboles
Lo acompañé por horas
a hacer visitas familiares
con el obligado nudo en la garganta
le he servido las tres comidas de rigor
le presté mi cuarto
he sido su anfitriona dedicada
Al miedo no le hicieron pantalones
por eso, en ocasiones
le he tenido
que prestar los míos
*
INGREDIENTES
Fragmentos de cráneo
mandíbula, huesos
tibia, dientes, peroné;
no son más
que una lista de mercado
ingredientes de una sopa abominable
o el nauseabundo elixir
que quizás me permita hallar
por fin la paz del olvido
Fragmentos de cráneo
mandíbula, huesos
tibia, dientes, peroné
harapos y huaraches;
eso encontraron en una
de tantas fosas comunes
en Iguala
Raqqa, Damasco
Dabeiba o La Escombrera
Eso hallarás aquí
cuando recuerdes
por fin que existo
y vengas a buscarme
Y aún vagará
–lo sé–
sobre mi sangre seca
como alma en pena
el eco de este dolor sordo
el espectro de este amor fosilizado
que me consume la vida
*
PRIMIGENIA
Hace trespuntonueve eones
una lluvia de meteoritos
–surgida de incandescentes restos
de la formación del sistema solar–
bombardeó nuestro planeta
Atrapadas en cristales de sal
en su interior
miles de gotitas de agua
cruzaron millones de kilómetros
hasta llegar aquí
haciendo posible la vida
en lo que hasta entonces fuera
inhóspito infierno
Cada sorbo, cada charco
cada gota de agua
que ahora bebemos
existe aún como testimonio
de esa colisión primigenia
resistiendo a todo
incluso a nosotros mismos
Como mi amor por ti
*
ASAMKHYEYA
Un día de 1965, en Varsovia, en la esquina superior izquierda de un lienzo totalmente negro, pintó el número 1, al que siguieron a la derecha el 2, luego el 3, y demás números, en orden creciente. Sus lienzos –de 1,96 x 1,35 metros, escritos con un pincel número cero impregnado en óleo blanco con grafía sencilla–, negros al principio, pasaron a ser grises en 1968 y, al alcanzar el número un millón, en 1972, empezaron a ser aclarados mediante la introducción de 1% más de blanco, hasta el punto que –a partir de 2008–, prácticamente pintaba números blancos sobre fondo blanco. Pintó sobre el infinito –o la imposibilidad de alcanzarlo- y el paso del tiempo. El 6 de agosto de 2011, cuando Roman Opalka falleció, el último número que había pintado era el 5.607.249. Habían pasado 46 años y 233 “detalles”, como él llamaba a cada uno de sus cuadros, que hacían parte de su obra “1965/1–∞”, la cual concluyó en el momento de su muerte. “El problema es que somos y estamos a punto de no ser”, dijo Opalka en alguna ocasión.
Y yo sé que no soy si no es contigo.
*
AMASANDO SUEÑOS
A mediodía Alexa corría cañada abajo. Con mucho cuidado, se aferraba a su fusil, vigilando que sus zancadas, rápidas y ágiles –más saltos que pasos en realidad–, no hicieran ruido. Ese día, su comandante les contó que se gestionaba un acuerdo de paz, pues los jefes del Estado Mayor estaban en conversaciones con la gente esa del gobierno. Pero como nunca se sabe, y en la guerra y en el amor dicen que todo vale, aquí estaban, huyendo de un desembarco sorpresivo, en plenas negociaciones. Los soldados de la fuerza de despliegue rápido en pocos minutos habían copado la explanada en la cual se encontraba una hora antes el campamento guerrillero. De pronto, dio un paso en falso y cayó, peñasco abajo, rodando entre el cauce de la catarata que rugía bajo su cuerpo.
En eso, despertó sobresaltada. A veces, sucedía que los sueños la llevaban de vuelta al ajetreo de las montañas. A veces, mientras esperaba que el pan diera punto en el cuarto de crecimiento, y su bebé dormitaba en el corralito, detrás del área de producción, tenía microsueños, que eran más como recuerdos repentinos de emociones y temores, algo así como imágenes titilantes del pasado que la asaltaban por instantes, para recordarle que debía dormir con un ojo abierto. De suerte, pues si no, el pan se hubiese pasado de punto y la masa se habría caído al hornearla. Había aprendido a hacer pan, casi al mismo tiempo que aprendía a ser madre. Con su primer hijo no pudo, pues lo parió estando en filas, y apenas una semana después debió dejarlo en custodia de la familia del que entonces era su compañero. Recién ahora, gracias al proceso de paz, volvía a encontrarlo, y ya él, de trece años, poco o nada quería saber de esa madre que estuvo siempre ausente, atrapada en el conflicto. Pero a Alejito sí lo tuvo en este campamento de transición, ocho meses después de entregar las armas; él era un hijo de la paz, y Dios mediante, ojalá nunca tuviera que vivir los horrores de una guerra. Por él y para que su destino fuese diferente, decidió ser panadera. Junto con ocho compañeras más, casi todas madres solteras como ella, se asoció para gestionar esta iniciativa, que ahora les permitía un respiro de esperanza en medio de tanta incertidumbre. Porque las negociaciones de paz no habían traído ésta a sus vidas, más bien una suerte de temor constante a ser atacadas, desaparecidas, asesinadas. Un año después de la firma de los acuerdos, ya pasaban de cien sus excompañeros inmolados, víctimas de manos criminales y bandas paramilitares.
El pan de maíz en el cuarto de crecimiento ya había dado punto, así que Alexa se apresuró a precalentar el horno, para introducir en este las bandejas. Recordó que cuando era muy pequeña, su madre le cantaba, desgranando con ella los amarillos copos que llamaba mahís, que en arawak significa literalmente “lo que sustenta la vida”. Cientos de especies de esta planta, variedad de colores y tamaños, miles de creaciones culinarias a lo largo y ancho del continente, justificaban ese nombre; el maíz, ahora en el horno, olía a nueva vida, a felicidad, a tibia gratitud, a caricia del universo, a los besos de su hijo, a la posibilidad de un futuro.
Lo de aprender a hacer pan, había sido toda una odisea, como cada cosa que estaban aprendiendo en este proceso de apersonarse de nuevo de sus vidas, de retornar a la legalidad, a una civilidad que nunca había sido amable con ellos, pues el Estado, en zonas como esta, prácticamente ni existía. Por eso las guerrillas tomaron tanta fuerza, y eran consideradas autoridad en las remotas regiones en las cuales instauraron su área de influencia y en las cuales, jóvenes como Alexa, como Yolima, Yessica y las otras asociadas a la panadería y las demás excombatientes que vivían en el campamento, encontraron su única oportunidad de crecer y sobrevivir. Ahora, sobrevivían gracias al maíz y al trigo, a la cebada y el ajonjolí; ahora aprendían juntas, experimentaban nuevas técnicas, buscaban nuevas maneras de hacer las cosas y sus vidas tomaban forma como la masa que, en sus manos, crecía como la esperanza. Este era su futuro y su destino, su trasegar y su camino, amasando sueños.
Un chillido angustioso le avisó que Alejito había despertado. Se puso a toda prisa los guantes de carnaza y dio vuelta a cada una de las bandejas. Luego corrió a la trastienda y lo encontró ya levantado, aferrado a los barrotes del corralito, con el ceño fruncido y la mirada llorosa. Sin necesitarlo ya, pero con toda la intención de presionarla, el bebé chilló una vez más, con tono agudísimo y ululante, como de alarma de incendio o de ambulancia de socorro. Ella lo tomó en sus brazos, lo aupó y esbozó una amplia sonrisa, mientras tarareaba la canción del maíz, que su madre le cantaba cuando niña:
“Maíz hermano
Granito eterno
Jinete de rayos negros
Abrigo de niños tristes
Si al silencio te condeno
Ojecen las cataratas
Que eres fuego
Si careces en las grutas
Alzas tus brazos poblados
Y así vuelves
Aunque al tirano te muerda
Siempre serás maíz maíz
Aunque te arranquen los ojos
Siempre serás maíz maíz
Himno de bravas calandrias
Huacha pakai
Pawañui picausa chicny
Pancito de la ternura
Humilde oro de mil corazones
Plumita chicta chitarinuspa…”
*