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Théozoologie

En 2008 je traduisis en français la Théozoologie de l’Autrichien Jörg Lanz von Liebenfels, fondateur à Vienne au début du vingtième siècle de l’Ordo Novi Templi (ONT) ou Ordre du Nouveau Temple.

N’étant pas prêt à l’époque à assumer publiquement la paternité de cette traduction, car j’avais des notions plutôt bourgeoises, afin de lui donner tout de même une certaine visibilité j’entrai en contact avec la personne qui maintient aujourd’hui l’ONT (dans un état végétatif) et le rencontrai même une fois à Potsdam. Cela donna lieu à une version papier qui fut en vente quelques mois sur Amazon, avant que la maison d’édition « à la demande » qui la vendait avec les autres livres mis sur le marché par l’ONT, ne décide de mettre fin au contrat ; une dizaine d’exemplaires de cette version papier ont été vendus. Ensuite de quoi, ma traduction fut publiée en ligne sur le blog de l’ONT, où elle est toujours.

Après quelques échanges sporadiques avec le « prieur » de l’ONT, qui notamment me fournit des photocopies d’autres œuvres de Lanz extrêmement difficiles à trouver, je me désintéressai de sa philosophie conservatrice.

Je publie quelque dix années plus tard cette traduction sur mon blog, dans une version légèrement modifiée.

Lanz von Liebenfels, moine cistercien défroqué, est l’un des représentants les plus originaux de l’ésotérisme völkisch qui proliféra dans les pays de langue allemande pendant la première moitié du vingtième siècle. Son œuvre fut remarquée par quelques personnalités renommées, August Strindberg, l’écrivain autrichien Fritz von Herzmanovsky-Orlando, le peintre allemand Karl Wilhelm Diefenbach, l’illustrateur autrichien Alfred Kubin…

Son ariosophie est une réinterprétation de l’histoire sacrée et profane dans un sens racialiste. Cependant, la conclusion pangermaniste de la Théozoologie est, dans plusieurs autres œuvres de Lanz, plus ou moins contredite par une anglophilie ou « anglosaxophilie » exacerbée (mais sans doute cohérente) et par une conception de l’Allemagne comme terre largement hybride et asiate (slave), ce que l’on retrouvera d’ailleurs plus tard dans la propagande de guerre anti-allemande des Anglo-Saxons à l’encontre des « Huns » (pour désigner les Allemands).

Dans la Théozoologie, l’exégèse des textes sacrés et d’autres sources antiques est particulièrement signalée. Je recommande de lire le livre en consultant les passages cités dans une Bible, ne serait-ce que pour se faire sa propre opinion sur la nature satisfaisante ou non d’une traduction « officielle », car dans une lecture au fil de l’eau, si je puis dire, on a tendance à ignorer, à sauter les passages obscurs.

À l’appui de l’idée selon laquelle certains termes, dans la Bible et les écrits des Anciens, ont un double sens, il suffit de se rappeler que, plus près de nous, les marchands d’esclaves, les négriers, parlaient de bois d’ébène au lieu d’hommes noirs, et quiconque prendrait le mot ébène dans un autre sens que celui d’esclaves se tromperait lourdement sur la nature du commerce en question. Et si c’est là l’usage le plus connu, ce n’est guère le seul et la pratique semble au contraire avoir été relativement courante : « Le dispositif des ‘ports ouverts’ et les conditions socio-économiques de la Chine d’alors ont permis, dès les années 1840, l’organisation d’une véritable traite des coolies – le commerce des ‘cochons de lait’ – à grande échelle. » (Pierre Trolliet, La Diaspora chinoise, 1994) Bois d’ébène et cochons de lait…

Dans la Théozoologie, Lanz affirme par exemple que le supplice du Christ ne fut pas d’être crucifié mais d’être livré à des hommes-bêtes (Tiermenschen), une « thériomachie ». Les cultes antiques et les idolâtries du peuple hébreu sont décrits par ailleurs comme des cultes orgiaques organisés autour de la bestialité rituelle – la fornication avec des créatures aujourd’hui disparues mais dont le sang se perpétue dans les races hybrides résultat de ces accouplements. Car ces hommes-bêtes, dont la Théozoologie décrit diverses espèces (hommes-singes, ondins, races de nains, hommes ailés…), étaient suffisamment proches des hommes pour rendre les croisements possibles.

Voici, pour éclairer ce dernier point, le commentaire que j’ai laissé sur Amazon lorsque ma traduction était en vente :

La découverte toute récente d’un nouveau type d’hominidé, l’Australopithecus sediba, en Afrique du Sud, après plusieurs autres (Homo floresiensis, Toumaï, etc.), ne fait que confirmer la pensée de Lanz von Liebenfels selon laquelle les formes intermédiaires entre le singe et l’homme sont beaucoup plus nombreuses que la science officielle ne l’a longtemps admis. « La diversité des hominidés anciens proches de notre lignée est plus forte que certains ne l’avaient envisagé », dixit un chercheur du Muséum d’histoire naturelle (cité dans Le Monde du 10 avril 2010).

Lanz évoquait il y a cent ans déjà une hybridation entre Néanderthal et Cro-Magnon [cela ne figure pas en tant que tel dans la Théozoologie, cependant, mais dans d’autres écrits de Lanz]. Or les recherches génétiques publiées en mai 2010 dans la revue Science, quelques jours après la parution de la Théozoologie en français, le confirme ! Le piquant de cette affaire, c’est que la même équipe de chercheurs avait conclu en 2004 à l’absence de tout croisement. Ainsi, de 2004 à 2010, il aurait été permis de rejeter la théorie de LvL au nom de la science « moderne », tandis qu’il faut à présent lui rendre, au nom de cette même science, l’hommage de l’antériorité.

Lanz complète son travail philologique et linguistique sur les sources scripturaires anciennes par des considérations tirées des résultats des sciences physiques et naturelles de son temps (géologie, paléontologie, anthropologie, sciences de la matière, électrotechnique…), pour une œuvre unique en son genre.

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Théozoologie,
ou la science relative aux hommes-singes de Sodome et à l’électron divin

Une introduction à la philosophie la plus ancienne et la plus moderne,
et une justification des princes et de la noblesse, par J. Lanz-Liebenfels

Traduit de l’allemand par Daniel Silfverhielm

Avant-propos du traducteur

Le choix de traduire d’abord la Théozoologie (1905) pour permettre au public français d’aborder l’œuvre de Lanz von Liebenfels, plutôt qu’un autre de ses écrits, allait relativement de soi dans la mesure où Lanz conçut cet ouvrage comme un exposé de ses recherches en direction du plus grand nombre. Il s’agit en quelque sorte d’une vulgarisation de sa propre pensée et même, en ce qui concerne les parties plus spécifiquement philologiques, d’un résumé du traité Anthropozoon Biblicum. Ce dernier, auquel Lanz renvoie d’ailleurs dès la première page de sa Théozoologie, expose en détail la méthodologie dont il s’est servie et à laquelle il donne le nom de « protomantique » ; l’appareil critique développé sur chacune des sources y est en outre présenté de manière exhaustive. La Théozoologie prend comparativement l’allure d’un relevé de conclusions. Elle est cependant la meilleure introduction à l’œuvre et à la pensée de Lanz.

La présente traduction française – la première traduction d’une œuvre de Lanz en français – appelle deux observations. La première porte sur le sens du mot Sodomie en allemand, qui est un faux ami puisqu’il désigne dans cette langue les rapports sexuels entre hommes et animaux. Le terme dérivant de la Bible, il y a lieu de penser que le péché de Sodome n’était pas interprété par les anciens Germains de la même manière que par les autres nations. Lanz aborde naturellement cette question dans son ouvrage. En tout état de cause, ce point ne doit pas être oublié par le lecteur français : dans la Théozoologie, la mention de Sodome renvoie toujours à la bestialité, ou plus précisément aux rapports sexuels entre des hommes et certaines espèces intermédiaires, dans les temps reculés. Cependant, nous n’avons pas souhaité faire violence à la langue française au point de donner au mot « sodomie » en français le sens de bestialité ou zoophilie, et nous avons donc utilisé ces derniers termes autant que possible.

La traduction de Tiermensch appelle une seconde observation. Littéralement, ce terme signifie « homme-bête », ce que nous avons parfois écrit. Mais parce qu’une telle traduction est tout de même lourde et qu’en outre l’adjectif tiermenschlich est intraduisible de cette manière, nous avons pris le parti de recourir dans la plupart des cas au terme « anthropoïde » (étymologiquement, « qui ressemble à l’homme »). Nous avertissons donc le lecteur français, en le remerciant de son indulgence, que ce dernier terme ne désignera pas dans les pages qui suivent les singes habituellement appelés de ce nom, mais des « hommes-bêtes » en relation avec le péché de Sodome.

Les quelques – les rares – autres observations qu’appelait la traduction, en dehors des deux précédentes, sont insérées dans le corps du texte entre crochets [ ].

Daniel Silfverhielm
Le 21 novembre 2008

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TÉ AGAPOMÉNÉ

« Dieu est l’amour pur de toute animalité… Si nous aimons nos semblables d’un tel amour, Dieu demeure en nous. » (Première Épître de Jean IV, 8 ; 12)

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CONTENU

Arché – Le commencement

Anthropognosis – La connaissance de l’homme

Gaïa – La terre de Sodome

Pégé – L’eau de Sodome

Pyr – Le feu de Sodome

Aither – L’air de Sodome

Théognosis – La connaissance de Dieu

Pater – Dieu le Père

Pneuma – Le Saint-Esprit

Hyios – Dieu le Fils

Ekklésia – La communauté de Dieu

Télos – La fin

Notes

Abréviations

Transcriptions

Malformations dues au radium

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ARCHÉ – LE COMMENCEMENT

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La vérité que, par ce livre, je souhaite porter avant tout à la connaissance de mes amis les plus chers est une vérité historique que l’humanité a oubliée à dessein et dont la transmission a été empêchée jusqu’à nos jours par des martyres et des persécutions de toutes sortes. C’est la vérité qu’enseigna celui dont il est dit qu’il était destiné à amener la chute et le relèvement d’un grand nombre1. Que la redécouverte de cette vérité par moi-même soit appelée à provoquer des chutes nombreuses, c’est ce dont je suis convaincu, et c’est pourquoi je me prépare à subir les attaques les plus violentes, qui ne peuvent d’ailleurs que me réjouir. Mais ce livre apportera certainement un relèvement à maintes autres personnes en dehors du cercle de mes amis ; des personnes pour lesquelles ce n’est pas quelque chose de nouveau mais une vérité qu’elles pressentent depuis longtemps qui se trouve ici enfin exprimée et confirmée. Je me permets de renvoyer ceux qui ne trouveraient pas assez scientifique le présent ouvrage à mon traité détaillé Anthropozoon Biblicum, publié dans la Revue trimestrielle d’études bibliques (Vierteljahrschrift f. Bibelkunde, Berlin, Calvary). Tout ce que j’avance, pour extravagant que cela paraîtra à certains, est néanmoins établi par une méthode strictement scientifique à partir de sources historiques absolument fiables, et se trouve confirmé par les découvertes les plus récentes des sciences naturelles et de l’archéologie. Les écrits scientifiques des Anciens sont rédigés dans une langue ésotérique et ne présentent en réalité aucune affabulation ou incohérence. À en juger par les productions de l’art antique, nous n’avons aucune raison de considérer les Anciens comme moins intelligents que l’homme contemporain. L’ancien géographe Strabon écrivait C. 474 : « Toute recherche concernant les dieux doit examiner les opinions et les fables (mythos) dont les Anciens enveloppaient leurs pensées, car ils mêlaient toujours la fable au résultat de leurs investigations. » Pythagore, Platon ou encore Jésus possédaient deux sortes d’enseignement et d’élèves. « C’est à vous qu’a été donnée la connaissance des runes de la divinité (traduction d’Ulfilas) ; mais pour ceux qui sont dehors tout se passe en paraboles. »2 Les Mandéens donnaient aux Éons, les êtres originels, des noms étonnants, tels que « porte », « habitation », « vigne », « eau de la vie », « seconde mort », « grande lumière », « premier homme » (homme originel), « aurige »… Ce que dit le Talmud est encore plus significatif 3 : « Les Jérusalémites étaient des hommes-šachas ; l’un demandait à l’autre : Quel a été ton repas aujourd’hui ? As-tu mangé du ‘pain’ fait à partir de ‘farine’ moulue ou bien à partir de ‘farine’ non moulue ? As-tu bu du ‘vin’ blanc ?… Reposais-tu sur un ‘coussin’ épais ou sur un ‘coussin’ plat ? Étais-tu en bonne ou mauvaise compagnie ? » R. Hisda commente de la manière suivante : « Tout le passage a un sens érotique. » Ce sont justement les textes originaux de l’Orient ainsi que les différentes traductions antiques et les commentaires des anciens Pères qui offrent la clef de cette langue ésotérique et, par là-même, de la sagesse des Anciens, d’une vertigineuse profondeur.

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ANTHROPOGNOSIS – LA CONNAISSANCE DE L’HOMME

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Dans notre quête de Dieu, nous nous sommes égarés, nous autres Modernes, car nous avons oublié le principe au fondement de la sagesse antique, à savoir que le commencement et la fin de toute étude est le corps humain. Hippolyte le dit de belle manière1 : « Le commencement de la maturité (spirituelle) est la connaissance de l’homme ; la connaissance de Dieu est la maturité (spirituelle) parfaite. » Suivons donc le conseil des Anciens et cherchons Dieu sur la voie de la science de l’homme (l’anthropologie) !

La créature la plus étonnante après l’homme est le singe. Les Anciens ne le connaissaient que trop bien. Ennius s’exclame amèrement : « Ô singe, monstre honteux, pourtant si comparable à nous autres humains ! »2 Les anthropoïdes [voir avant-propos pour le sens de ce terme ici] millénaires3 Béhémoth et Léviathan sont appelés dans Job XL, 14 « la première des œuvres de Dieu ». Après la découverte du pithécanthrope de Dubois, de l’homme de Néanderthal, des crânes de Spy et de Krapina, ainsi que les innombrables exhumations d’outils de pierre préhistoriques, il n’est plus permis de douter de l’existence, autrefois sur la Terre, d’anthropoïdes. Ces anthropoïdes pourraient bien n’avoir pas entièrement disparu de nos jours. Il est frappant que les hommes les plus semblables aux singes et les singes les plus semblables aux hommes vivent dans la proximité les uns des autres. C’est particulièrement le cas en Afrique centrale. La fig. 5 représente un Wambuti dont le visage ressemble à celui d’un chimpanzé4. En Nouvelle-Guinée, on a récemment découvert une espèce d’hommes presque complètement animale, les Aghaï-Ambos. De même, il a existé, et il existe encore aujourd’hui, des nains, au sujet desquels les sources anciennes sont très prolixes. Mac Iver a découvert dans les sépultures d’Abydos, en Égypte, des crânes de nains en grand nombre, et Kollmann a établi qu’au milieu du 6e siècle avant Jésus-Christ, les nains composaient 20 % de la population du site5. S’agissant de leurs caractéristiques physiques, en dehors de leur petite taille personne n’est capable de dire quoi que ce soit. Il ressort également des fouilles effectuées qu’une race humaine de grande taille s’est mêlée à ces nains. En réalité, les recherches archéologiques révèlent la présence de nains un peu partout sur la planète6, et c’est justement dans les régions où les historiens font état de la présence passée de nains que des espèces humaines plus petites existent aujourd’hui. Les crétins des Alpes sont, selon moi, non une maladie, mais les restes d’une certaine espèce humaine ; le crétinisme étant transmissible, il est particulièrement présent aux alentours des monastères et des lieux de pèlerinage, où les crétins sont préservés d’une complète extinction par l’action d’hommes charitables – qui débouche même parfois sur des fondations dédiées, comme la fondation pour idiots d’Admont – et par les turpitudes de femmes lascives et adultères. Dans les contes et légendes de tous les peuples, le nain tient souvent le rôle de corrupteur de belles femmes : « C’est par un après-midi du vert mois de mai que je m’allongeai pour la première fois près de ta mère ; elle pleurait à chaudes larmes tandis que je la forçais » ; ainsi s’exprime le nain Alberich, dans Ortnit II, 168.

Qu’il y ait eu et qu’il y ait encore des hommes pourvus de queues est un fait. La fig. 14 représente un homme à queue vivant à notre époque7. Bolsche8 affirme même que la colonne vertébrale est plus développée chez les hommes que chez les grands singes. Par ailleurs, la Pastrana, morte en 1860, ainsi que le garçon qui lui est né9, ou encore la toujours vivante Marie Schörgbaum sont des cas notoires de personnes entièrement couvertes de poils. L’un des phénomènes les plus étranges qui soit, et qui n’a toujours pas été élucidé, est celui des hommes squameux (ichthyosis) ; au début du siècle précédent, la famille Lambert provoqua l’étonnement général en raison de la peau écailleuse de ses membres10. Enfin, la proximité sanguine entre l’homme et le singe a été démontrée par von Uhlenhuth11, Friedenthal et al. grâce à des injections de sérum sanguin, ainsi que par von Lassar, Metschnikoff et al. par la transmission à des chimpanzés de la syphilis de l’homme.

Les résultats de l’anthropologie sont confirmés et éclairés par les découvertes archéologiques. Le dessin du fragment d’os d’origine paléolithique trouvé au Mas-d’Azil (fig. 3) représente une créature se déplaçant à quatre pattes et aussi velue qu’un singe, au front fuyant et aux parties génitales énormes12. Sur la fig. 1 (grotte de Langerie-Basse), une femme stéatopyge et velue est couchée sous un renne13. La stéatopygie est avérée non seulement par l’archéologie mais aussi par l’anthropologie. Une image égyptienne (fig. 10) représente une femme anormalement grosse dont la patrie serait, selon l’inscription accompagnant cette image, le pays de Punt14. Or la stéatopygie est encore très répandue de nos jours dans cette région proche de la Somalie. D’autre part, des momies stéatopyges ont été retrouvées en Égypte15. Il est donc indéniable que de tels êtres ont réellement existé. D’innombrables figurines stéatopyges ont en outre été retrouvées sur l’ensemble du bassin méditerranéen à l’occasion de fouilles. La statuette d’argile de la fig. 26 a été découverte en Thrace16, d’où provenaient, dans l’Antiquité, les prostituées. Lorsque de telles femmes portaient des vêtements, elles devaient avoir l’air de cloches ambulantes (fig. 19) ; or des figurines représentant des femmes en forme de cloches ont été trouvées en Béotie17. Un tel amas graisseux autour des hanches ne peut être autre chose qu’une sorte de bouée. Il est à vrai dire frappant que lesdites figurines, de même d’ailleurs que les images plus récentes de Madones qui leur ressemblent (fig. 18), présentent toujours une certaine relation à l’eau. Ainsi, à côté de la grosse femme de la peinture égyptienne, fig. 10, figurent des maisons sur pilotis. Des créatures semblables à des singes, partiellement pourvues de queues et couvertes de poils, sont représentées sur les fig. 2 (patère de Préneste)18, 6 et 3 (qui proviennent de Vetulonia)19. Les volumineuses parties génitales sont également mises en évidence par l’artiste ayant réalisé les hommes-singes de Sanchi, en Inde (fig. 12). Les représentations de nains ne font pas non plus défaut. Sur la fig. 23, nous voyons un nain égyptien typique20, avec un tronc long, des bras et des jambes courts, tandis que la tête a des dimensions normales. Le nain à queue de la fig. 24 est barbu et tire la langue21. Sur le dessin de la fig. 17, le nain évoque vaguement le mystérieux hiéroglyphe de la vie ainsi que l’idole d’Hammon. Celui de la fig. 22 est d’origine indienne22, celui de la fig. 2 d’origine étrusque, et celui de la fig. 43 provient de Pompéi23. Bien que ces diverses représentations proviennent de périodes et de milieux très différents, elles présentent de telles similitudes entre elles que l’on ne peut faire autrement que de tenir l’existence de ces nains pour certaine. Un ultime élément de conviction nous est fourni par les terriers des nains, que le temps a conservés ; les mystérieuses galeries souterraines particulièrement nombreuses en Basse-Autriche ne peuvent en effet, pour une partie d’entre elles, être autre chose que les terriers de ces nains24.

Il importe de réunir et d’examiner plus attentivement les récits des Anciens concernant les singes. Dans la Bible, le singe (h. qop) n’apparaît, semble-t-il, que dans les passages III Reg. X, 22 et II Par. IX, 21. Le texte hébreu est identique dans les deux cas : de Tarsis, Salomon reçoit de l’« or », de l’« argent », de l’« ivoire » et des singes (h. qopim). La Bible latine traduit ce dernier terme dans les deux cas par simiæ ; en revanche, les Grecs ne traduisent que II Par. IX, 21 par pithékoï, c’est-à-dire singes, tandis qu’ils traduisent III Reg. X, 22 par lithoï = pierres. « Tous les animaux ont dans les rêves un sens favorable, à l’exception du singe25 et du cercopithèque26 », est-il dit dans le Talmud27. Ce qui suit est fort curieux : « Celui qui voit un nain… un singe25 ou un cercopithèque26, qu’il dise : béni soit celui qui transforme les créatures ! » – Un autre terme pour le singe est tamewan. Ce terme apparaît dans Job. III, 16 pour désigner un avorton (Esdr. V, 8), ainsi que dans le Targum (la version araméenne de la Bible), aux passages Is. XIII, 21 et Is. XXXIV, 14, en traduction de l’h. siim. Les Grecs écrivent théria et daïmonia, les Latins bestiæ et dæmonia. Dans les deux passages, il est question de hordes de singes vivant parmi les ruines. Il apparaît donc clairement que le démon des Anciens est le singe (et d’autres créatures semblables). Le mot hébreu temunah, dérivé de tamewan, apparaît entre autres dans Ex. XX, 4 ; les traductions correspondantes sont : g. homoïoma, l. similitudo. Je considère le mot grec thamnos = l. frutex = arbrisseau, idiot, comme la transcription du sémitique tamewan. Il y a aussi le beau vers d’Empédocle, tiré de son livre sur la nature des démons : « En réalité, j’ai été un Kuros, une Koré, un Thamnos, une créature ailée et un poisson sorti de la mer. » – Ce que nous appelons théorie de l’évolution, les Anciens l’appelaient transmigration de l’être (métempsychose). – Dans Is. XIII, 21 et XXXIV, 14, dansent avec les tamewan des monstres velus, les śe’irim. Jérôme affirme que ce sont des lutins (incubones) ou des satyres, ou bien « certains » hommes des forêts. Ésaü est l’un de ces hommes-śa’ir couverts de poils (Gen. XXVII, 11). Les habitants de la Palestine forniquaient avec des hommes-singes, et Dieu dut frapper cette débauche de l’interdit le plus strict (Lev. XVII, 7). Les śe’irim s’appellent chez les Grecs daïmonia, mataïoï, chimaroï, tragoï (Lev. XVI, 5) ; chez les Latins, pilosi, hirci, dæmones. – L’h. śa’ir est, dans l’orthographe originale, parfaitement identique à l’h. śa’ar, qui peut signifier « abomination », « pubis », « porte », ou bien encore « orge ». C’est pourquoi Is. XIV, 31 évoque une porte (śa’ar) de Babylone qui gémit, et, dans Jud. V, 8, Dieu extermine les « portes » ennemies. Le célèbre bouc-émissaire Azazel (Lev. IV, 23 ; IX, 3 etc.) était également un śa’ir. D’autres termes servant à désigner des simiens sont h. ze’eb et namer (Jer. V, 6 ; Hab. I, 8). Les nemarin habitent sur l’Hermon (Cant. IV, 8). Les Grecs traduisent ces mots par lykos et pardalis, loup et léopard. Dans le passage déjà cité Is. XIII, 21, il est dit que les maisons sont pleines de siim et de ‘ochim. Bochart28, à l’instar de plusieurs exégètes antiques, considère le ‘oach comme un simien, et les Syriaques utilisent pour le traduire le terme de kol, les Grecs ceux d’écho et de typhon, les Latins celui de dracones. Il est significatif que l’Écho de la mythologie soit une nymphe aimée de Pan. Dans toute société d’hommes-singes, on trouve également les ‘ijim, que Bochart met en relation avec les babouins29. Élien : hist. I. c. 7 affirme que les thoès (babouins) sont des animaux qui aiment les humains, tandis qu’Oppien remarque, dans les Cynégétiques, que ce sont des hybrides de « loups » et de « panthères ». Dans Jer. L, 38, Jérôme appelle les ‘ijim des faunes-figues. Nous verrons plus loin comment on en est venu à employer un tel nom ; j’indique seulement que, chez les Spartiates, Pan était appelé Sykitès, c’est-à-dire le faune-figue. Les ‘emim (Jer. L, 38 et Deut. II, 11) sont considérés comme des géants et des monstres. Ils sont comparés aux repha’im et aux ‘enakim. Les Latins les appellent portenta (monstres), les Grecs emploient le nom curieux de nesoï, c’est-à-dire « îles ». Les siim déjà mentionnés sont traduits de façon tout aussi étonnante. Dans Is. XIII, 21 et Jer. L, 38 ce sont des « dragons », dans Ps. LXXIII, 13 de la « racaille éthiopienne », dans Is. XXIII 13, des « hommes forts ». Ces différentes traductions coïncident remarquablement entre elles dès lors que nous comprenons qu’il s’agit d’hommes-singes. Car il était tout aussi difficile aux Anciens de tracer une frontière nette entre les espèces d’hommes inférieures et les restes fossiles d’anthropoïdes supérieurs que ça l’est pour les chercheurs modernes. Dans la mesure où les siim sont aussi appelés « dragons », nous en concluons que les Anciens se représentaient, sous le nom de « dragons », des anthropoïdes. Il est dès lors tout à fait plausible que des dragons enlèvent de belles femmes, parlent et se comportent en êtres doués de raison (par ex. Apoc. XIII, 11). – Un terme sémitique très fréquent pour désigner un homme-singe est šadi. Ainsi, le Targum emploie presque toujours šadi pour l’h. śa’ir (p. ex. Lev. XVII, 7). Gen. XIV, 5 se lit comme suit : « Ils se rendirent ensemble dans la vallée des hommes-singes (śidim) et battirent les Rephaïm, les Zuzim, les Émim et les Horiens », qui sont manifestement tous des anthropoïdes. Il est à noter que la vallée des śidim était située non loin de Sodome. Dans le traité talmudique Kilaim (relatif aux métis) VIII, il est fait mention de l’adoni ha-šadeh, que tous les interprètes définissent comme un homme-singe. Le même traité affirme que l’adoni ha-šadeh, le qoped (« hérisson ») et le chuldat (« belette ») appartiennent à l’espèce du chaia. Ainsi, les êtres qui apparaissent dans la Bible – toujours dans des expressions figées – sous le nom de chaiat ha-šadeh (animaux des champs, animaux-šadeh) sont en réalité des anthropoïdes primitifs. Dans Gen. IX, 5 ils ont des mains ; dans Jos. VIII, 29 il est question d’un « roi » d’Aï. On peine à comprendre la colère de Dieu contre ce dernier et contre les infâmes chaiah qui, selon Lev. XXVI, 6, doivent être exterminés, s’il ne s’agit en réalité d’anthropoïdes. Dans IV Reg. XVII, 30 est mentionnée une créature nommée ‘ašimah, qui se tient sur les mains et habite le palais du roi. Le passage capital montrant que ‘ašimah = anthropoïde est Is. XIV, 9, où Aqu. et Théod. traduisent ce mot par raphaeim, la Sept. par gigantes, et les Syriaques par ‘ašimat. Mais ‘aschimah est aussi la même chose que le phénicien charim. Or nous avons vu plus haut que les Horiens sont une variété d’anthropoïdes (cf. usum-gallu et Eschmun). Les termes égyptiens servant à désigner un simien sont : aan, nfr, ap (h. qop, g. képos), an, utn (Adonis, g. hédoné), bnt (le bouc de Mendès), sa, bsa (Bès), hpi, kafu, etc. Erman30 prétend que le singe était l’animal domestique favori des Égyptiens ; on le trouve souvent représenté sur des pierres tombales. De même que nos dames modernes toilettent leurs chiens de compagnie pour les rendre le plus beau possible, les Égyptiens habillaient à grands frais leurs singes de stupre (cf. fig. 11 et 13). Je signale également ici, parce que c’est important pour ce qui suit, que, d’après Strabon 626, les Étrusques appelaient les singes Arimaner. Or, d’après Il. II, 781 et Deut. III, 6, Arimerland (la Syrie) était le pays des « géants », et Hésychios élucide ce que sont les monts d’Arimer (Hermon ?) en leur donnant le nom de « montagnes des singes ». L’Inde, dans l’Antiquité, était réputée posséder ces animaux en abondance. Strabon 698 raconte avec quelles ruses on y capturait des hommes-singes. Les chasseurs, une fois rendus dans les forêts, posaient des bassines devant eux et se lavaient les yeux à l’eau tandis que les singes les observaient avec curiosité depuis leurs arbres. Laissant ensuite sur place une bassine remplie non pas d’eau mais de colle, les chasseurs se retiraient et observaient la scène de loin. Après que les bêtes, désireuses d’imiter les gestes des chasseurs, étaient descendues à terre et s’étaient aveuglées avec la colle, les chasseurs attrapaient les singes vivants. En utilisant des gaines aux parois intérieures enduites de colle, ils parvenaient au même résultat, les singes essayant d’enfiler les gaines ainsi que des pantalons. « Sphinx » est un autre mot grec désignant un simien. Strabon C. 774 affirme que les sphinx vivent en compagnie des cynocéphales et des keboï. Élien : nat. anim. XVI, 10 évoque une espèce de singe ressemblant aux hommes, qui aurait la même taille que le chien hyrkanien et un menton semblable à celui des satyres. Cette donnée concorde avec Hérodote I, 192, qui affirme que quatre bourgs babyloniens étaient consacrés à l’élevage de « chiens indiens » (cf. aussi VII, 187). – Une preuve du fait que les Grecs, sous le nom de kyonès, entendaient également des simiens se trouve dans Strabon 281 et dans Procope : Goth. III, 26, qui rapportent que les pygmées de Sicile étaient appelés « petits chiens ». Pline VIII, 29 rapporte que les hommes-singes furent introduits dans les jeux romains en dépit du fait que le Sénat s’était auparavant opposé à un tel scandale et qu’une interdiction avait même été décrétée contre l’introduction d’« Africains ». Pline encore (XI, 44) décrit le singe comme une « copie parfaite de l’homme », la seule différence concernant les parties génitales masculines. « Défiez-vous, recommande Ignace, dans sa Lettre aux Smyrniens, des bêtes ayant l’aspect d’hommes. » (apo ton thérion anthromorphon !)

Les termes qui viennent d’être passés en revue sont interprétés par la plupart des érudits comme décrivant des « singes » ou des « êtres simiens ». Parmi les autres termes moins connus qui se rapportent de même à des anthropoïdes, je citerai en premier lieu le nom de la nymphe Échidna, qui, d’après Hésiode : Théog. 295 et suiv., vit dans les cavernes du pays des Arimes. Hercule s’accouple avec cette vierge hybride, donnant ainsi naissance aux trois rameaux des Scythes (Hér. IV, 9). La Sphinge, ou Phix, est fille d’Échidna ; selon d’autres sources, elle serait la fille de Pan et d’Hybris (c’est-à-dire la bestialité). Il faut qu’Échidna ait été un être semblable à l’homme, autrement le Christ n’aurait pu traiter une partie des Juifs d’« engeance d’Échidna » (Matth. III,7 ; XII, 34 ; XXIII, 33). Joh. VIII, 44 fait écho à ce passage en donnant le diable pour père à ce clan. Le Christ affirme là exactement la même chose qu’Ezec. XVI, 3, à savoir qu’une partie des habitants de Jérusalem descendait des Amoréens et des Hétiennes (géantes). Lorsque Paul se rendit à Malte, il fut attaqué par une échidna (Act. XXVIII, 3), qu’il rejeta loin de lui. Dans Lev. XI, 27, les animaux qui vont « sur les mains » sont réputés impurs. Ceci ne peut s’appliquer qu’à des anthropoïdes primitifs. La « belette » (galé, mustela), la « souris » et le « crocodile » font partie de cette catégorie. Ce dont il s’agit est en réalité autre chose que ce que ces mots désignent, car galé = belette est le nom des hommes lascifs ; et Hérod. IV, 191 rapporte qu’il existe en Lybie des hommes sauvages ainsi que trois espèces de souris, en l’occurrence bipèdes : zégériès ou boynoï, échinéès et galaï, semblables à celles de Tarsis. Or nous avons vu précédemment que Salomon reçut des singes en provenance de ce pays. Le mot behemah, qui revient particulièrement souvent dans la Bible, désigne également des créatures semblables à l’homme, puisque, dans Jon. III, 8, elles se revêtent de sacs et crient vers Dieu. – L’Edda n’ignore pas non plus l’existence des anthropoïdes, qui y figurent sous l’aspect des berserkers et des loups-garous. Ces créatures vivent à l’Est, où Thor va les combattre. Mentionnons enfin un dernier nom des anthropoïdes, qui n’est pas le moins étrange, le mystérieux « quelqu’un » (g. tis, l. quidam). Ainsi, Pline XI, 105 dit que seuls les hommes ont des mollets, tandis qu’« un tel en Égypte » n’en a pas. Cependant, l’homme et « un tel » possèdent tous les deux des plantes de pied. Hérodote II, 170 raconte que l’on trouve à Saïs la tombe de « quelqu’un », qu’il ne lui est pas permis de nommer. Il s’agit du Krios mentionné au II, 42. Dieu s’appelle également « quelqu’un » dans III Reg. XIX, 5 et Job. IV, 16.

La lubricité des singes, notamment des babouins, défie l’entendement. Ils sont lascifs même avec les humains, en outre pédérastes et onanistes, se conduisant de manière également lubrique envers les mâles et les petits. On rapporte de tous les lieux où ils existent que les babouins agressent et molestent les jeunes filles31 et, même dans les zoos, ils harcèlent les femmes de leur assiduité et impudicité (Brehm). Au nord du lac Kivu, en Afrique, les indigènes racontent que des singes géants (gorilles) violent les femmes, leur déchirant les parties génitales par là-même32.

Il nous appartient à présent de répondre à la question : pourquoi les rapports sexuels avec les animaux sont-ils appelés [en allemand] Sodomie ? L’appellation correcte est en réalité bestialité [Bestialität] ou zoophilie [Tierschändung]. Les habitants de Sodome se rendirent coupables du crime le plus abominable. D’après Gen. XIX, ils encerclèrent la maison de Lot dans le but de violer les deux anges, de la manière dont agirent, dans Jud. XIX, les hommes-Bélial de Guibéa avec une femme. Dans Gen. XIV, il est question de « chevaux » (hippoï, h. rekus) ; Jérôme traduit hippoï dans Amos VI, 7 par « voluptueux », et Origène : homilia XIV in Josua explique que, dans Ps. XIX, 8, les mots « chars » et « chevaux » désignent des démons. Dans Ex. XXII, 19, Lev. XVIII, 23, XX, 15, il est strictement interdit, en particulier aux femmes, d’approcher un behemah en vue de s’en faire saillir. « Car c’est une infamie, par laquelle se sont souillés les goim. » Les Israélites ne doivent pas non plus sacrifier aux śe’irim, avec lesquels ils se prostituent, est-il dit dans Lev. XVII. 7. Et lorsqu’un homme trouve près de sa femme un ‘arot33, un objet d’amour bestial, il doit immédiatement rédiger une lettre de divorce (Deut. XXIV, 1). « Les enfants engendrés au cours de commerces illicites témoignent du crime des parents », est-il dit dans Sap. IV, 6, et de même : « La postérité issue de rapports contre-nature (paranomos) disparaîtra. » (Sap. III, 16) « La corruption de l’être34, l’altération de la naissance (abâtardissement), l’absence de discernement dans le choix d’une épouse et l’engendrement d’idoles sans nom sont le commencement, la cause et le terme de tout mal », dit avec profondeur Sap. XIV, 26. Le terme « créature » = h. nepes = l. anima = g. psyché ne doit nullement être traduit par « âme ». Car nous savons, d’après le Talmud, que les śe’irim recherchent les rapports sexuels avec les humains, rapports dits kelaim, et qu’il en résulte d’indésirables nepeš. Dans Sap. XII, 6, il est dit que les parents cananéens sont des « âmes » faibles dont la postérité est maudite depuis l’origine. De même, Osée IV, 2 maudit ceux qui mélangent le sang au sang si bien que la terre (le monde animal) s’afflige et que les šedim, les « oiseaux du ciel » et les « poissons de la mer » dégénèrent. Le passage Jer. XXXI, 22 est célèbre par son obscurité : « Le Seigneur créera une chose nouvelle dans le pays : la femme recherchera l’homme (de l’espèce humaine)… Les jours viennent où j’ensemencerai la maison d’Israël et la maison de Juda d’une semence d’homme et d’une semence de behema. » Les rapports naturels entre l’homme et la femme passaient pour quelque chose de « nouveau » tant la débauche avec les monstres était devenue habituelle. Le commerce et l’élevage de monstres en vue de la satisfaction des penchants zoophiles était un secteur commercial extrêmement lucratif, et les prêtres du Temple, en particulier, acquirent de cette manière des fortunes colossales, hommes et femmes étant prêts à payer les voluptés de Sodome à prix d’or (Ezec. XVI, 33). C’est la raison pour laquelle cette prostitution s’appelait également « usure » (tarbut).

L’épopée babylonienne de Gilgamesh (I. Taf. II. Kol.) comporte un épisode semblable à celui de l’accouplement évoqué plus haut entre Hercule et Échidna. Jabani est un homme-śair velu comme Ésaü. Il vit à l’état sauvage avec le « bétail » et les « bans de l’eau ». C’est un homme lubrique (I. Taf. IV. Kol.). Gilgamesh le fait capturer grâce à une prostituée. « Elle dévoila ses seins et ouvrit son giron, il s’empara d’elle. Elle ne s’esquiva pas, prit en elle son gros membre… Elle provoqua en lui le désir, en femme virtuose dans ce talent des femmes… Ses muscles pressés contre le dos de la fille de joie, pendant six jours et sept nuits, Jabani la posséda. » Lors de fouilles archéologiques, d’innombrables statuettes de femmes nues adoptant des positions obscènes et montrant leurs seins ont été retrouvées. Sur un tombeau à Amathonte35 (fig. 25), on peut voir des prostituées formant une longue ligne, entourées de nains hideux. La femme de la fig. 21 a une position non moins obscène36. Hérodote II, 46 raconte la chose suivante : « Le bouc et le dieu Pan portent tous les deux en langue égyptienne le nom de Mendès.37 Dans ce nome, une chose curieuse eut lieu de mon temps : un bouc (tragos) s’accoupla publiquement avec une femme. » Nous pouvons également voir sur un miroir étrusque une femme accouplée à une bête (fig. 20). Bochart : Hierozoikon 642 affirme que Moïse, dans Lev. XVII, 7, fait allusion aux penchants infâmes des Égyptiens, mais qu’il ne peut s’exprimer sur un tel sujet qu’avec toute la pudeur possible. I Cor. X, 20 – « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons » – a toujours été interprété comme se rapportant à la bestialité. Même un théologien moderne tel que le jésuite Pesch affirme, dans prael. dogm. III. 221, que tous les cultes idolâtres décrits par l’Ancien Testament sont une prostitution avec le diable. Élien VII, 19 prétend que les cynocéphales et les tragoï sont possédés de l’instinct le plus violent de s’unir à des femmes, et Strabon 802 complète utilement le récit d’Hérodote en rapportant qu’à Mendès sont vénérés Pan et, entre autres animaux, le bouc (tragos), et que les femmes s’y font saillir par des boucs. En Inde, les vierges sont encore de nos jours déflorées par une idole en forme de poupée pourvue d’une grosse verge. L’idole de bois remplace de manière symbolique le monstre vivant. Par ailleurs, la femelle pygmée de la fig. 4, empalée sur un phallus, est une preuve archéologique que les individus de sexe masculin pratiquaient également la fornication avec des hommes-bêtes. Lorsque les mères italiques ne pouvaient enfanter, Junon ordonnait qu’elles se fissent saillir par des « boucs » (hirci) (Ovid : fasti II, 440). La Sibylle (éd. Friedrich) II 386 dit de Rome : « Grâce à toi, les hommes infâmes eurent des bêtes à posséder (knéton koïten)… et les vierges Kuraï ne trouvèrent plus le feu divin de la forêt qui nourrit si volontiers les flammes » et III, 464 de l’Italie : « Tu n’es plus la mère des bons ; non, tu élèves des bêtes (thérès). » Jornandès : de reb. get. c. 24 raconte qu’après que le roi goth Filimer eut banni les « sorcières » de son peuple, elles s’accouplèrent dans les forêts avec les faunes-figues, donnant naissance aux Huns. Dans le Rigsmal, Rigr engendre avec l’Edda un rejeton monstrueux et difforme. Loki de même a des désirs zoophiles, ainsi que le grec Borée. La bestialité avec les hommes-singes apparaît dans les écrits des Pères sous le nom de prostitution aux démons et au diable. Albigeois et Templiers pratiquaient eux aussi de telles fornications, et les croyances de la sorcellerie au Moyen-Âge renvoient manifestement toutes à la bestialité. De nos jours encore, les rapports sexuels avec des animaux ne sont pas si rares, en particulier ceux de femmes avec des chiens38.

Les conceptions des Anciens quant à la fornication et à l’adultère ne correspondent pas à nos propres notions en la matière. Pour les Anciens, les rapports extraconjugaux entre personnes humaines ne passaient pas pour une faute. Strabon 783 dit qu’est adultère celui qui est d’une autre espèce. Il est manifestement question de bestialité, car Sophocle39 explique pour sa part la grossesse hors mariage par l’intervention d’un démon. En l’occurrence, l’homme-singe s’appelle chez les Anciens « l’étranger », « l’homme étranger » (h. zar, nekar, achar, g. allos, allotrios, xénos, l. alienus, alienigena). Dans la Petite Genèse, le terme employé est alienigena et, dans le passage correspondant du Livre des Jubilés, « Moloch ». Dans Zach. IX, 6, on trouve mamzer, qui veut dire « métis » ou « bâtard », et que les Grecs traduisent par « étranger », les Latins par « diviseur » (separator). Nous comprenons à présent la coutume honteuse des Babyloniens dont parle Hérodote I, 199 : dans l’enceinte sacrée d’Aphrodite, les femmes assises formaient des rangées parmi lesquelles se produisait un incessant va-et-vient d’« étrangers », qui avaient la liberté de s’accoupler avec celles de leur choix ; Baruch VI et Strabon 745 racontent la même chose. Le passage de Lucien : de Syr. dea, 14, dans lequel il nomme la forme hybride de Derkéto un thééma xénon (une apparition étrangère), est particulièrement pertinent à l’appui de mon interprétation. Lucien mentionne ensemble Xénika et la luxure, dans le Kynikos 8. Tant les anges que Sodome ont forniqué avec une chair « étrangère », selon l’Épître de Jude 7 (cf. I Esdr. IX, 2).

La raison pour laquelle l’humanité, et particulièrement les femmes, succombèrent à un tel vice nous est rapportée par Ezech. XXIII, 20 : « La femme se précipita dans la luxure et la débauche avec ceux dont le membre était comme celui d’un âne et les éjaculations comme celles d’un étalon »44, et XVI, 26 : « La femme se débaucha avec les hommes de Misraïm au membre énorme. » Les témoignages archéologiques fournis par les fig. 3, 12 et 16 confirment une telle supposition, et Diodore rapporte que les Grecs adoraient Priape en raison de la taille de sa verge.

La question importante se pose à présent de savoir si les rapports sexuels entre humains et anthropoïdes étaient féconds, et si des bâtards pouvaient en naître. Les sources répondent à cette question par l’affirmative dans les cas où les rapports auraient lieu entre êtres apparentés. Ainsi, sont mentionnés dans Gen. XXXVI les fils (c’est-à-dire les fils humains) de l’Horien Se’ir ; et dans Lev. I, 5, Ps. CXIII, 6 et Jer. XXXI, 12, il est question d’hommes-baqar et d’hommes-so’on. Le véritable terme hébreu pour bâtard est mamzer. Le mamzer est, d’après Deut. XXIII, 2, exclu de « l’assemblée » de l’Éternel (ecclesia, c’est-à-dire l’Église), tandis qu’il est au contraire particulièrement révéré chez les Philistins (Zach. IX, 6). Le mot est dérivé de mazar = forniquer. Nous verrons que le pays de Musri est la nation des hommes-bêtes ; l’Égypte s’appelle d’ailleurs le pays des bâtards, Misraïm. Le pays assyrien de Musri correspond à peu près, par sa situation, à la Nabatée. Or « Nabatès » est, d’après Stéph. Byz., la même chose que « métis » ou Dacarène, et Jérôme remarque, à propos d’Ez. XXX, 5, que Chub représente les « hybrides » ou les « métis » des Anciens. L’h. tarbut est traduit dans Num. XXXII, 14 par métis, et on le trouve avec le même sens et en même temps associé à la débauche dans le livre d’Hammourabi (éd. D. H. Müller) par. 185-193, ainsi que dans les textes assyriens40, associé aux ukupe = singes (dans des passages strictement historiques). Ces métis parlent une langue incompréhensible (Is. XXXIII, 19), et Ésaïe compose pour se moquer d’eux une chanson imitant leur baragouinement (XXVIII, 10). En outre, Ezec. XIII, 9, désespéré, se plaint que le peuple de Sodome tue des êtres qui doivent vivre et donne la vie à des êtres qui ne doivent pas vivre. C’est pourquoi, selon Osée II, 4, Dieu ne témoigne aucun amour à ces hommes-zonim, bien qu’il soit un esprit ami des hommes (Sap. I, 3). Ces hybrides doivent être exterminés et céder la place à l’homme-dieu (Sap. XII, 4, Gen. XXXIV : les Sichémites, Deut. XX. 16). Dieu ne les considère que comme de « prétendus hommes » (Sap. XII, 8). Les sources égyptiennes, qui dans les autres cas se servent presque exclusivement d’un langage ésotérique, évoquent également des hommes des marécages (sachete) vivant dans le Delta du Nil, des créatures que les sources du Moyen-Âge appellent Murites des fourrés [Bushmuriten]41. Chez les Grecs, Païs (nain), Kabiros, Prolaos et Protogonos passaient pour des hommes préhistoriques (Paus. IX, 25). L’hérétique Basilide comptait quant à lui le singe parmi les bâtards. Comme on le sait, les sources anciennes offrent de nombreux récits concernant les nains. En revanche, il est certainement moins connu que c’est aussi du nain, h. daq, g. (dans la Sept.) nanos, l. lippus, qu’il est de toute évidence question dans Lev. XXI, 20. Les autres noms du nain sont h. lap42 = g. Sym. ochlos = l. parvulus, h. ’ezrach43 = g. (Var.) autochton = l. indigena. Dans Ezech. XXVII, 11, les pygmées s’appellent h. gadamim, g. phylakès (gardiens !). On les garde dans certaines tours. II Par. XII, 3 mentionne les sukiim, qui sont troglodytes. Parmi les nombreux passages historiques attestant l’existence d’hommes-bêtes et d’hybrides, je retiendrai encore Pline VIII, 2, qui raconte, d’après Artémidore, que certaines tribus indiennes cohabitaient avec des « bêtes sauvages » (feris) et que leurs nouveaux-nés étaient des hybrides et des « moitiés de bêtes ». Pline VIII, 53 dit également qu’aucun croisement n’est plus facile qu’avec le cochon ; le produit de ces croisements était appelé, par les Anciens, hybrides ou « moitiés de bêtes ». Pline X, 85 semble en tout cas renvoyer à des connaissances d’expert lorsqu’il affirme que différentes espèces d’animaux peuvent se croiser et se féconder si leurs périodes de gestation sont identiques. La question étant d’une importance considérable, il serait grand temps de lancer différentes expériences d’hybridation (naturellement sous la conduite de spécialistes) afin de tester les récits des Anciens. Ces expériences doivent toutefois être plus difficiles pour nous, car les formes médianes et intermédiaires nous font défaut. Dans tous les cas, le succès d’un croisement entre singes supérieurs et humains inférieurs (si possible de même provenance géographique) est fort probable, car partout où l’on rencontre des hommes-singes, les autochtones les considèrent comme des parents et se refusent le plaisir de consommer de la viande de singe. On comprend à présent les commandements diététiques des Égyptiens et des Indiens. Le fait que, tout comme nous, les Anciens considéraient ces anthropoïdes comme des « vestiges » ou des « survivances » de faunes plus anciennes témoigne de la justesse de leurs vues (II Reg. XXI, 2, IV Esdr. VI, 56, Is. XIV, 30, Soph. I, 3).

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GAÏA – LA TERRE DE SODOME

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Sur ce qu’il est convenu d’appeler l’obélisque noir du roi assyrien Salmanazar (905 – 870 av. J.-C.), on trouve représentés des êtres humanoïdes à deux jambes tout à fait curieux (fig. 7, 8 et 9). Le texte d’accompagnement, sobre énumération d’un tribut historique, proclame que le roi reçut du pays de Musri, en terre araméenne, pirati, baziati et udumi1. Les êtres velus représentés sur les fig. 8 et 9 sont manifestement les udumi. Le mot udumu apparaît deux fois dans la Bible2, pour désigner le pays d’Édom. Aucun doute n’est donc permis quant au fait que l’ass. udumu est l’h. adam ! Dans Gen. XXVII, 11, Ésaü, qui s’appelle également Édom, est nommé un iš śa’ir, un homme velu (cf. fig. 8, 9, 1, 2, 3). Dans la traduction contemporaine de la Bible, la raison pour laquelle Dieu hait Ésaü et aime Jacob n’apparaît pas clairement (Mal. I, 3 ; Jer. XLIX, 17). Or Paul affirme (Hebr. XII, 16) qu’Ésaü était « impudique ». En réalité, Ésaü était zoophile, car d’après Gen. XXV, 30, c’est en consommant du mets udumu3 qu’il perdit son droit d’aînesse, c’est-à-dire qu’il devint l’ancêtre des races inférieures de bâtards que sont les Édomites et les Horiens. D’après Gen. XXVI, 34, il épousa des femelles anthropoïdes : la géante Judith et la fétide Basmath4. Dieu hait les Édomites en tant que zoophiles et les extermine (III Reg. XI, 16). Le mot hébreu ‘adam ne peut, en plusieurs endroits de la Bible, être traduit autrement que par udumu ; c’est le cas dans Num. V, 6 ; Jos. XIV, 15 ; III Reg. XI, 1, où les femmes édomites sont appelées « femmes étrangères » et « prostituées » ; c’est de même le cas dans Is. II, 21 ; XLIV, 11 ; Ezec. XXXVI, 38 où il est question de hordes d’udumi ; et dans Ezec. XXVII, 13, où Jérôme traduit simplement ‘adam par « bétail ». De la même manière, les « liens d’udumu » (Os. XI, 4) deviennent compréhensibles, car nous voyons sur l’obélisque noir comment on conduisait les udumi en laisse. Dès lors, il n’y a pas d’autre possibilité que de traduire également le ‘Adam de Gen. II, 7 par udumu. Dans ce passage, on ne dit pas que Dieu a « créé » Adam, mais qu’il l’a « formé », « façonné » à partir d’un ‘apar min-ha’adamah. Le terme ‘adamah est traduit par « terre ». Mais ‘Adamah est, dans Gen. X, 19 ; XIV, 2, 8 ; Deut. XXIX, 23, une ville des environs de Sodome ; dans Jos. XV, 7, ‘Adumim est située dans la vallée des repha’im, c’est-à-dire la vallée des géants. Que ‘adamah ne doive pas du tout être traduit par « terre » mais bien plutôt par « l’espèce des udumi », c’est ce qui ressort de IV Reg. V, 17, où les Grecs traduisent ce mot par hémionos, c’est-à-dire une mule. Or la Syrie est appelée dans les textes classiques et assyriens le pays des mules. Dans Is. XIV, 7, la terre se réjouit, et Origène explique dans hom. XIX in Josua qu’Idumaea = terrena. Lorsqu’il est dit de ‘Adam, dans Gen. II, 20, qu’il a donné des noms aux bêtes, cela veut dire qu’il a eu des rapports sexuels avec elles, car « donner des noms » signifie dans la Bible ainsi que dans les textes cunéiformes « avoir des rapports sexuels ». Lorsque, dans Is. IV, 1, les femmes demandent le nom de l’homme, ou qu’il daigne prononcer son nom sur elles, il ne peut s’agir que d’une demande de nature sexuelle. D’ailleurs, le Talmud Jebom. 63 dit explicitement que ‘Adam s’est abâtardi avec les bêtes, et Fabricius Cod. pseudep. 5 affirme la même chose. D’après Hippolyte : refutatio 123, ‘Adam = g. képheus, et dans Strabon VII, 321, les Athamanes sont un peuple autochtone de l’Épire chassé par les Lapithes. En Égypte, le simiesque Atmu ou Thum (fig. 11) correspond à l’hébreu ‘Adam.

Nous avons vu que les Grecs ne traduisent pas clairement ‘adamah par « l’espèce des udumi » mais par = terre, c’est-à-dire qu’ils emploient un terme ésotérique. D’ailleurs, je crois que la forme ionienne gaïa n’est rien d’autre que la transcription du terme sémitique chaiah, dont nous avons montré, au chapitre « Anthropognosis », qu’il désignait des hommes-bêtes. Nous avons également vu que, dans le passage III Reg. X, 22, les Grecs, à la différence des Latins, mais également à la différence dont ils ont eux-mêmes traduit le passage II Par. IX, 21, traduisent qup par lithos = pierre. Il n’y a donc d’autre possibilité que de considérer le mot « pierre » comme un terme ésotérique, c’est-à-dire comme l’allégoria de l’anthropoïde ou du singe. Phérécyde raconte que les Cercopes Sillos et Triballos furent transformés en « pierres » en raison de leur infamie (bestialité) ; Xénagore affirme qu’ils sont devenus des singes et que c’est d’eux que les Pithékoussaï ont reçu leur nom5. Philon Byblius rapporte quant à lui que les baytilia étaient des « pierres vivantes ». Baitylia est la transcription du terme sémitique batulot, qui désigne des êtres vivants bien réels, de même que le Bathyllos était un nain de plaisir chanté par Anacréon6 et qu’un batalos est la même chose qu’un gobelin.

Les mots ésotériques sont choisis en fonction d’une relation au son ou au sens. La pierre s’appelle en langue sémite char, kopo (g. képos), sur ; chori peut aussi signifier un Horien (Gen. XXXVI, 20), qop un « singe », sur un « taureau ». Par ailleurs, ces anthropoïdes vivaient dans des cavernes (Job. XXX, 6). Dans Deut. XXXII, 18, Dieu est un rocher (sur) qui accouche, et dans Job V, 23, un pacte est conclu avec des rochers-šadeh ; dans Ezech. XXIII, 47 figurent même des « racailles de pierre ». Nous comprenons donc à présent ce qu’est, dans Is. VIII, 14, la pierre d’achoppement, mais aussi pourquoi il est dit que les pierres crient, dans Hab. II, 11 et Apoc. XVIII, 22. Dans Sap. XIII, 10, des êtres semblables à l’homme sont traités de pierres inutiles qui sont l’œuvre d’une main « antique ». Jellinek : Beth ha-Misdrasch II, 60 raconte qu’il y avait à Rome un marbre ayant la forme d’une belle adolescente ; les criminels et les enfants de Bélial la violèrent, de sorte que Dieu, conservant leur semence dans la pierre, en forma un enfant. D’après la légende, Virgile sculpta une statue de femme qui servit de prostituée aux Romains, de même que Pygmalion couchait avec une « statue ». Strabon 812 raconte, au sujet de la ville de Pan, en Égypte, qu’elle était le lieu de résidence des tailleurs de pierre et des tisserands de lin.

Si le terme « pierre » est bien un terme ésotérique désignant des anthropoïdes, l’opinion des Grecs selon laquelle ils descendaient des « pierres de Deucalion » diffère dès lors peu des conceptions de nos chercheurs modernes. Orphée et Amphion peuvent fort bien avoir charmé et apprivoisé les « pierres » (Clément d’Alexandrie : protrepticus I, 4).

L’h. šur signifiant également « mur », ainsi qu’une région peuplée par les Ismaëlites, eux-mêmes de nature bestiale, les « murs » de Jéricho tombant les uns sur les autres ne nous apparaissent plus comme un prodige (II Reg. XXII, 30). Il s’agit d’anthropoïdes fuyant devant Jéhovah, l’ennemi de Sodome7, et devant son peuple élu. Les « pierres » des sépulcres de Lazare et du Christ sont également des anthropoïdes.

De même que « pierre », le mot « bois » ou « arbre » (h. ’es) est un autre terme ésotérique pour désigner des créatures de Sodome. Le gnostique Justin dit que les anges sont appelés allégoriquement des « arbres », et que « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » est le naas, c’est-à-dire le serpent du Paradis8. Le mot « cèdre », qui revient si souvent dans la Bible, désigne souvent ces hommes-singes de plaisir. Ainsi, les Latins, dans Ps. XXXVI, 35, traduisent l’h. ’ezrach par cedrus, et Aquilas par autochton, c’est-à-dire par « premier habitant ». Dans de nombreux passages, les textes cunéiformes racontent que les rois du Liban abattaient les cèdres, et les tablettes de Tell-Amarna (ca. 1400 av. J.-C.) rapportent de manière particulièrement troublante : « Les fils et les filles ont disparu, ainsi que les ‘arbres’ de leurs domaines ». Dans Ps. CIII, 16, les arbres-šadeh sont rassasiés ; dans Ps. XCV, 12 ils se réjouissent, de même que dans Is. XIV, 8. Dans Ezech. XVII, 24, ils possèdent l’entendement. D’après Is. LVI, 3, l’eunuque ne doit pas dire qu’il est un arbre sec. Nous comprenons à présent la colère de Jéhovah contre les cèdres du Liban (Ps. XXVIII, 5), car les femmes se courbaient sous « tout arbre vert » comme des prostituées (Jer. II, 20) et commettaient l’adultère avec la pierre et le bois (Jer. III, 9). La « pierre » et le « bois » engendrent des enfants (Jer. II, 27). Les « pierres » se lamentent et les « arbres » donnent des réponses (Hab. II, 11). De même, les sapins et les chênes de Basan – auxquels on substitue souvent des « vaches de Basan » – hurlent parce que le jardin des hybrides est détruit (Zach. XI, 2).

En regardant le nain de la fig. 12, nous ne pouvons manquer d’observer une certaine ressemblance avec les racines de mandragore. Dans Hebr. XII, 15, Paul dénonce en réalité de tels gobelins de Sodome lorsqu’il évoque les « racines amères » dont les chrétiens doivent se garder. Fulgence appelle l’humanité un jardin dont le Christ est le jardinier. Cette façon de parler renvoie elle aussi aux pratiques de Sodome. Dans les textes cunéiformes, il est dit par exemple que Tiglath-Pilesar planta des « arbres étrangers » dans ses parcs de plaisir et bocages de Sodome (Keilinsch. Bibl. I, 41), de même qu’Hérodote VIII, 138 connaît un jardin du Silène. Selon Pline XX, 16, les jardins syriens étaient proverbiaux. Le g. képos signifie à la fois « singe » et « jardin », tout comme l’h. ’eden. L’Éden biblique est le jardin des plaisirs zoophiles, le temps où le monde était encore plein de ces créatures qui, plus tard, en raison des plaisirs des sens qu’elles procuraient, prirent la même valeur que l’or et l’argent. « Le Paradis est abondance d’anges. »9 Palladius, dans hist. Laus. 20, raconte l’histoire de deux magiciens (des éleveurs d’hommes-singes) qui s’étaient fait construire un Képotaphion (parc ou fosse aux singes) dans lequel il plantèrent un grand nombre d’« arbres » rares, pour consacrer dans ce paradis leur existence au plaisir. Par leur « art », ils remplirent bientôt le Képotaphion d’une quantité de démons divers et variés. « Vous rougirez à cause de vos jardins », est-il dit dans Is. I, 29. L’Éden n’est autre qu’Adonis, le dispensateur des plus grands plaisirs érotiques, que les femmes des Anciens convoitaient tant. Lucien raconte : d. Syr. dea. 16 que les Hellènes portaient en procession de petits hommes (nains) en « bois » pourvus de verges colossales, qu’ils appelaient des « érecteurs »10. Hérodote II, 48 les mentionne également, mais s’exprime à leur sujet de manière très réservée, mystérieuse. – Dans les légendes nordiques, le premier couple humain Askr et Embla est fait de « bois ».

Nous avons dit plus haut (Ezech. XXVII, 11) que les nains de plaisir étaient gardés dans des tours. Dans Is. XXXIII, 18, migdal (tour) est traduit par l. parvulus = petit homme, g. tréphoménos (homme éduqué, larbit). Magdala, d’où provenait Marie-Madeleine, était un antre de bestialité. Dans la mesure où nous avons vu que « mur » est un terme secret pour désigner ces créatures de Sodome, l’emploi ésotérique du mot « tour » tombe également sous le sens. Dans II Par. XXVI, 10, il est dit que le roi Ozias fit construire des tours et des citernes pour ses animaux des champs et des déserts, car c’était un homme adonné à l’élevage d’udumi. Dans l’Épître de Barnabé XVI, la tour apparaît également en relation avec les hommes-bétail, et, dans le Pastor Hermæ, les pierres de la tour sont à l’évidence des hommes. Ésaïe V, 2, en utilisant une excellente métaphore, décrit Dieu comme un jardinier et un bâtisseur de tours. Dieu avait cultivé son peuple de manière qu’il fût pur de la souillure avec les rejetons de Sodome ; il s’était construit une vigne d’où il avait retiré les « pierres » et avait bâti une tour en son milieu, avec une cuve. Il ressort de Baruch V, 32 que le mot « ville » est également un terme ésotérique servant à désigner des singes de plaisir. Nous comprenons à présent le sens profond que revêtent les villes de Caïn et la tour de Babel, haïes de Dieu, alors que cette compréhension nous faisait jusqu’à présent défaut. Avec l’aménagement de collines, de bocages, de jardins clôturés et l’édification de tours pour l’élevage d’hybrides, les fondations d’une adultération totale de l’humanité étaient posées. Non seulement les langues, mais encore les pensées et les sentiments furent tous brouillés du fait de cette débauche démentielle. Les créatures de Sodome s’appellent aussi des « maisons », par exemple dans Amos I, 5, où les « maisons de plaisir » sont traduites chez les Grecs par « hommes de Charran ». Dieu ayant voulu conduire l’humanité vers la pureté du lignage [Reinzucht], il reçut également le titre de grand constructeur. Les hommes sont son œuvre (I Cor. III, 9), et un ancien adage égyptien nous enseigne une sagesse magnifique et éternelle : « Se marier jeune et dans sa propre maison – non dans une maison étrangère, non dans la maison des hommes-singes – est la meilleure chose qui soit, car la femme donne ainsi à l’homme un enfant semblable à lui-même. »11 Aujourd’hui encore, même si elle ignore désormais le véritable sens des mots, l’Église continue d’adresser ses prières à la femme de pureté et de vertu, Marie : « Maison d’or, Tour de David » !

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PÉGÉ – L’EAU DE SODOME

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Le roi assyrien Assurnasirpal (930-905) écrivit le récit de glorification suivant1, au sujet de sa campagne militaire contre la Phénicie : « Je reçus en tribut des habits de lin, un grand et un petit pagutu, du bois d’Ušu et d’Urkarina, des dents du Nahiri, la créature des mers. Mes genoux les enserraient. Je montai sur Amanus, tronc de cèdre ; j’abattis des cyprès. » Sur la célèbre inscription cynégétique, un roi assyrien raconte qu’ayant pris la mer avec les navires de sa flotte, il abattit un nahir (renâcleur). Il loue les dieux Ninib et Nergal de lui avoir gardé des « animaux des champs » (bu’ur siri). Il remplit de toutes sortes de créatures ses parcs de plaisir et « maisons de joie ». Dans un autre passage2, nous lisons : « Le roi de Musri envoya un grand pagu, un emsuha, des hommes des rivières3 (amil nari) et des bêtes de la haute mer, et le roi d’Assyrie permit aux gens de son peuple de les monter (uśiibri). Il fit noter le nom (c’est-à-dire la postérité) des autres bêtes et des issuri šamii, des ‘animaux des champs’ (bu’ur siri), du ‘travail de ses mains’. Il bâtit la maison des pagri (idiots). » Layard : cuneif. inscr. 43 – 44 présente des informations concordantes. Le roi fit élever de nombreux troupeaux à Kalakh et conduisit les bêtes « les unes aux autres ». Il est dit aussi qu’il laissa les gens de son pays monter (ušabri) les malširissuri et les pagutu. Le mot ušubri est à dériver du verbe sémitique ‘abar = monter un animal. Or ce terme est toujours employé pour désigner la débauche zoophile. Ainsi : « Tu ne perdras pas ta semence à monter le Moloch4 et à profaner le nom de Dieu. » (Lev. XVIII, 21) Les mišbere-iam de Ps. XCII, 4 sont rendus dans Aqu. par les « bâtards de la mer ». Dans Job. XXI, 10, ‘abar signifie clairement « couvrir une femelle », et nous lisons dans Ezech. XVI, 15 et 25 : « Tu montres tes parties honteuses, tu écartes les jambes devant tout mâle (‘ober) » ; le sens de Baruch VI, 42 est à peu près le même. Le mot g. hybris n’est rien d’autre qu’une transcription de ‘abar. La mythologie conforte cette équivalence linguistique en faisant d’Hybris la mère de la Sphinge. De même, l’expression « l’œuvre des mains », qui revient souvent dans la Bible, signifie toujours des « bâtards », ce dont le Talmud Sabb. 30b ; Gen. V, 29 ; Apoc. IX, 20 nous assurent de manière suffisamment convaincante.

Un rare et heureux hasard a permis que nous puissions voir aujourd’hui ces curieux pagutu, ces « hommes des mers », sur un bas-relief trouvé à Nimrod, l’ancienne Kalakh (fig. 16). Il s’agit d’animaux bipèdes, d’environ un mètre vingt de hauteur, couverts d’écailles. Il est d’autant moins douteux qu’ils aient existé par le passé qu’ils sont mentionnés non seulement dans les récits purement historiques dont nous avons donné des extraits, mais aussi dans l’ancien livre des lois du roi babylonien Hammourabi (ca. 2250 avant J.-C.), en tant que tarbit, c’est-à-dire bâtards. D’après III Rawlinson 29, Assurbanipal reçut des pagi, des singes et des šade-tarbit en tribut. De même, une liste de présents du roi d’Égypte au roi de Babylone Burnaburiasch mentionne un pakudu et son petit femelle en kaspu (argent)5. L’étrange forme humanoïde de la fig. 15 a été trouvée dans les maisons sur pilotis de Ripač, en Bosnie (Hörnes, Histoire des beaux-arts, p. 225) ; elle est à mettre en relation avec les pagutu.

Les pagutu apparaissent très souvent en tant que pagoin, démons lubriques, dans le Talmud6. L’Hexapla traduit le nain de Lev. XXI, 20 par phakotos ; et les Syriaques, dans Num. XXVI, 3, pour les « champs de Moab », emploient le terme pakoto. D’après l’Etymologicum Magnum, Beelphagor = Beelphagos ; dans I Par. I, 50 également, Phogor remplace Phaoy. D’après Jérôme, le Beelphagor d’Osée IV, 14 est le Priape, particulièrement adoré par les femmes pour la taille de sa verge. Moab semble avoir été un séjour particulièrement apprécié des pagutu, car Num. XXIV, 17 y révèle la présence de pa’ate de Moab. De même est-il question des pagutu dans II Reg. XVII, 9, sous le nom de pechatim, car les Grecs traduisent ici le terme par boynoï, dont nous avons montré plus haut qu’il désignait des hommes-bêtes. De même qu’il hait Édom et Buz, Dieu nourrit à l’endroit des pa’at de Moab, contre « ceux qui se rasent les coins de la barbe » ou encore les « princes de Moab », contre toute cette tourbe hybride, une rancune implacable (Jer. IX, 26 ; XXIV, 23 ; XLVIII, 45). Dans Ezech. XXIII, 23, les pekod sont traduits par « nobles gens ». Dans le Livre de Job XL et XLI, Béhémoth et Léviathan nous sont décrits comme des anthropoïdes ; il est dit du Léviathan (XLI, 25) que c’est un ben-šachas, ce que le Targum rend par « homme-poisson », de même qu’Os. XI, 10 parle d’« hommes de l’eau ». Les Phéniciens trafiquent avec le Léviathan et les femmes forniquent avec lui (XL, 22 ; XLI, 3). Cependant, elles ne se laissent pas sans risque posséder par une telle créature, qu’il faut auparavant museler et entraver dans des chaînes. Rahab et tanin, en grec alazonéia (cf. Job. XXVIII, 87 ; Ps. LXXXVIII, 11 ; Job. XXVI, 12 : superbus ; Is. LI, 9, etc.) sont également des créatures de Sodome. Dans Apoc. XIII, 2, une bête à l’apparence simienne surgit de la mer. Hésiod. fragm. 180 nomme, au nombre des nymphes, la désirable Phaïo. Strabon 371 raconte que des « serpents » d’eau sont tapis dans les marais de Lerne et qu’en raison des « purifications » qui s’y produisent, on parle de la Lerne des péchés (kakon). Pline IX, 5 rapporte avec tout le sérieux possible l’existence d’ondins couverts d’écailles, et, d’après Tacite (Ann. XV, 37), Tigellinus organisa une orgie bestiale à laquelle participaient des « bêtes de la mer », si bien que les lascives dames de Rome s’y rendirent en grand nombre. Les sources arabes du Moyen-Âge croient fermement à l’existence de tels ondins. Du temps de L. Vives, vivait en Hollande un homme de la mer, qui contracta deux fois la peste. Bochart, l. c. I, 860, évoquant ces monstres, affirme que les femmes en sont particulièrement entichées. Nous devons d’autant moins douter de l’existence de ces ondins de Sodome, dont l’eau est l’élément, que, d’une part, la maladie de la peau squameuse existe encore de nos jours et que, d’autre part, la littérature mondiale mentionne l’apparition de ces créatures jusque dans les temps les plus récents. Ainsi, le Wiener Zeitung du 8 aôut 1803 rapporta l’information officielle selon laquelle l’ondin de Hasag (terrain marécageux au sud du lac de Neusiedl), qui avait été capturé et dont on avait fait le portrait en 1776, était réapparu. Il convient de relever que les gens considéraient celui qu’ils appelaient Moor-Stefan, le Stéphane des marais, comme un demi-dieu.

La culture des maisons sur pilotis ainsi que la tendance de la peau des Noirs à se couvrir par endroits de ridules trouvent à présent leur explication.

Le mot pagu signifie également « figue ». Un autre terme hébreu pour « figue », debel, peut également signifier « débauche », et Osée I, 3 évoque une « fille-figue » qui, d’après R. Jochanan, portait ce nom parce qu’elle était douce à toutes les bouches comme une figue10. Il s’agissait manifestement d’une femelle pagu. Nous comprenons à présent le nom de faune-figue évoqué plus haut (Is. XIII, 22 ; XXXIV, 14 ; Jer. L, 39). D’ailleurs, la figue est dans le langage de la plupart des peuples le symbole du sexe féminin. Le lieu nommé dans les Évangiles Beth-phagé est l’une des aires de peuplement des pagutu. Selon les anciens exégètes, Beth-phagé = Beth-ania. Le terme sémitique ‘ain a toutefois différents sens, tels que : œil, prestance, source, idole (Zach. V, 6). Le mot ia’en, qui lui ressemble, signifie « sirène ». Un autre mot pour figue est te’enah, qui signifie également « copulation », dans Jer. II, 24. Le terme grec pour figue est sykos, qui est une transcription du sémitique šikus. Le Moabite Chamoš de III Reg. XI, 7 est un tel šikus, ainsi que le Milkom de XL, 5 (alld. Scheusal : cf. goth. skohsl). Strabon 811 raconte qu’on élevait à Arsinoé des « crocodiles » apprivoisés, appelés soychos. Le terme šikus ne peut être compris autrement que comme pagu, car il est dit dans Osée IX, 10 : « Israël était comme les premiers fruits du figuier, mais ils sont allés vers Beelphegor et devinrent šikusim comme l’objet de leur amour », c’est-à-dire que les habitants du pays dégénérèrent dans leur aspect extérieur du fait de ces débauches. D’ailleurs, dans les textes cunéiformes mentionnés plus haut, les pagutu sont aussi des emsuha8. Or ce terme a en égyptien le sens de « crocodile »9. Hérodote a également vu cette créature, qui s’appelait champsa ; ce n’était pas en réalité un crocodile, mais une créature semblable au « crocodile » ionien. On l’attrapait à l’aide d’une canne à pêche, avant de lui crever les yeux (cf. Strabon plus haut) ; c’est seulement alors que l’on pouvait en faire ce qu’on voulait (II, 69). Manifestement, le champsa et le sémitique kemoš, qui s’appelle encore šikus dans III Reg. XI, 5, sont une seule et même chose. Dans le Talmud (Berak. 40a), trois opinions sont émises sur la nature de l’« arbre » dont Adam mange le fruit. Les uns pensent qu’il s’agit d’une vigne (gepen), les autres d’un figuier (deber), les troisièmes de blé, ou dagan. Fondamentalement, les trois opinions sont identiques, car Dagon est une divinité possédant la forme d’un poisson et n’est donc rien d’autre que le pagu. Dans Jer. XLVIII, 46, les Moabites sont appelés hommes-kemoš, après que le verset 44 mentionne le fait que tous les pa’at ont disparu et que le Chamos a été banni. Le sémitique kemoš se retrouve dans sa transcription grecque kyamos chez les anciens philosophes. Jusqu’à présent, ce terme grec a toujours été traduit par « haricots », ce qui conduit à des absurdités. Par ailleurs, kyamos sert à désigner les parties génitales. Pythagore est censé avoir dit : « Monde infortuné, abstiens-toi des haricots ! » Il ne s’agit certainement pas du plaisir de manger de cet inoffensif légume, ce que confirme d’ailleurs le propos de Zaratos, dans Hipp. : ref. 13, qui prétend que les haricots (kyamos) existent depuis l’origine du monde. Cela montre la perspicacité des Anciens, car les pagutu ont en effet un aspect extrêmement archaïque. Par ailleurs, Plin. VIII, 29 connaît une espèce de singe nommée chama. Chez les Égyptiens, Chem est Pan et le dieu de la luxure ; Chemu, le pays des Noirs, est aussi le véritable nom de l’Égypte, nom conservé dans la Bible sous la forme « Cham ». Un passage particulièrement convaincant montrant que figue = pagu est II Esd. II, 13, où l’on trouve h. tanin, g. sykos (figue), l. dracon, tandis que, dans Ezech. XXXII, 2, tanin = Léviathan, c’est-à-dire un anthropoïde. D’ailleurs, les traducteurs rendent le plus souvent tanin par sirènes. Les vers de Martial ep. 70 nous offrent une affreuse et désolante image de la débauche générale qui régnait à Rome : « La femme a des fics (ficosa est uxor), le mari a des fics, la fille a des fics, ainsi que le gendre », de même que l’ep. 13 : « Pour pouvoir s’acheter des garçonnets (pour son plaisir), Labenius vendit ses jardins. Labenius possède à présent un jardin de figues. » L’épigramme ne serait nullement plaisant si « garçonnet », « figue » et pagu n’étaient une seule et même chose. Comme le prouvent leur disposition ainsi que, dans une certaine mesure, les fouilles de Pompéi, les beaux jardins, les grands « étangs de poissons » et les « bains chauds » des Romains leur servaient à la débauche bestiale. Toutes les fêtes et réunions privées des Anciens étaient des banquets déréglés de Sodome.

Les textes cunéiformes cités plus haut mentionnent, en même temps que les pagutu, des « habits ». Le mot hébreu pour « habit » est beged, qui ressemble à pagutu. Lev. XIX, 19 interdit de tisser des vêtements de deux espèces de fils11, et, dans Ezech. XXVII, 20 et Soph. III, 4, beged se rapporte à des « bêtes » ou à des « hommes déchaînés ». Dans Jer. XII, 1 et Is. XXIV, 16, le mot est traduit par « péchés ».

On conçoit à présent aisément que les Anciens appellassent encore le pagu « poisson ». Ce sont manifestement des pagutu qui parlent dans Job. XII, 8, et les pagutu sont par ailleurs les « déflorateurs » (dagim) de Soph. I, 10. Le Dagon vénéré par les Philistins est représenté sur les monuments avec un corps de poisson et souvent également avec une miche de pain (dagan) à la main. Les « poissons de la mer » si souvent mentionnés dans la Bible en même temps que les « animaux des champs » sont toujours des créatures semblables aux pagutu. De même, les « mangeurs de poissons » (ichtyophages) évoqués par les écrivains classiques sont des hommes qui forniquent avec ces anthropoïdes. L’h. dag (poisson) peut d’autant plus signifier pagu que, dans Lev. XXI, 20, l’Hexapla traduit l’h. daq par phakotos.

Dans la mesure où l’h. dagan signifie également du pain, le mot « pain » est à son tour un terme ésotérique, qui sert à désigner les parties génitales ainsi que les monstres de Sodome. Il est dit dans Is. IV, 1 que les sept femmes adulatrices courront après un seul homme et lui diront : « Nous voulons de nouveau manger notre ‘pain’ et nous revêtir de nos ‘habits’. » Dans II Esdr. V, 18, il est question de « pain »-pachah (pagu) ; dans Prov. IV, 17, du « pain » de l’infamie et du « vin » des actes contre-nature. Dans Hérodote V, 92, l’expression « mettre ses pains dans le four » est la même chose que « copuler ». Au voluptueux, tout « pain » est bon, est-il dit dans Eclus. XXIII, 24. Le Talmud, Sabbath 33a, explique Lev. XXVI, 26, où il est question de « briser le bâton du pain », de la manière suivante : « En raison de la profanation du nom divin (c’est-à-dire de la bestialité), les créatures de Sodome se multiplient, les hommes deviennent au contraire moins nombreux, et le pays retourne à l’état de désert. » Job. XX, 14 parle du « pain dans les entrailles », qui donne naissance à des anthropoïdes hideux12. Le péché de Sodome était « l’abondance du pain », apprend-on d’Ezech. XVI, 49, et le « faux pain » est doux à l’homme d’après Prov. XX, 17. « Je veux briser le ‘bâton du pain’… détruire udumi et behemah », c’est-à-dire les créatures de Sodome, menace Dieu dans Ez. XIV, 13. Dans Is. III, 1, la « ressource de pain » et la « ressource d’eau » sont les géants, les faux prophètes, les devins et toute les autres vermines de Sodome.

Le mot « chair » possède également un sens lié au péché de Sodome. Beelphagos = Beelphagor. Phagor est identique à Beor, qui est le père de Balaam, et que II Petri II, 15 appelle aussi Bosor, c’est-à-dire « chair ». Bosra passe pour être le pays des monstres de Sodome. Les « pots de chair » d’Égypte, dont a la nostalgie la vermine métisse vivant au milieu des Israélites, ne sont rien d’autre que ces hommes-singes lubriques. Le Talmud, Joma 75a, affirme que les « poissons » égyptiens ont un sens érotique.

Le terme ésotérique le plus fréquent de toute la littérature des Anciens pour désigner un pagu est cependant l’« eau ». Anaximandre affirme que l’homme était à l’origine semblable à un autre animal : le poisson13. Xénophane affirme qu’il se produisit jadis un mélange de « terre » et d’« eau », et invoque à l’appui de cela certaines créatures de l’île de Malte semblables aux pagutu, et qui sont manifestement identiques à l’Échidna de Paul et aux petits chiens de Procope. « Nous appartenons aussi bien à la mer qu’à la terre et sommes en réalité amphibies », prétend Strabon I, 19. « L’eau du mensonge » est douce, ainsi que le « pain mystérieux », dit Prov. IX, 17. Les choses prodigieuses racontées dans la Bible au sujet de l’eau, qu’elle couvre les montagnes ou se dresse comme une digue (Ps. CIII, 6 ; Ps. LXXVII, 13), ou encore ce qui est dit des « marées » de la mer Rouge, tout cela renvoie à des ondins de Sodome. Dans Ps. XVII, 17 et Ps. CXLIII, 5, les eaux nous sont clairement présentées comme des hommes-nekar. Dans Ps. XCVII, 8, les « fleuves » (neharot) battent des mains. Les neharot sont manifestement la même chose que les nahiri dont le roi assyrien faisait la pêche dans les eaux de la Phénicie. Abdi-Milki, le représentant du pharaon à Chanaan, souffre de la soif de Sodome. Il écrit instamment : « Le roi est un soleil éternel… Que le roi sache qu’il n’y a ni ‘bois’ ni ‘eau’… Puisse le roi envoyer vingt hommes-niru. »14 Les hommes-niru sont les ne’arim de la Bible. Ce sont en effet ces niru hybrides qui sont évoqués dans I Reg. XXI, 5. Dans II Reg. II, 12, Abner est un homme-niru, et dans III, 8, un cynocéphale. Dans III Reg. XI, 5, les Syriaques traduisent Moloch par « homme-niru ». Lucien : d. Syr. dea aperçoit, dans Hiérapolis, la silhouette du Niréus. Les hommes-niru sont les Néréides des Grecs. Les Anciens possédaient une excellente compréhension de la zoologie ; aussi Ps. LXXIII, 14 parle-t-il de « fleuves anciens », neharot ‘iton. Les fleuves de Bélial ou bien, comme le disent les Grecs dans II Reg. XXII, 5, les rivières de Sodome, doivent être pareillement les pagutu. Os. XI, 10 dit de manière claire : « hommes des mers ». Ruben avait lubriquement forniqué comme les « eaux » (Gen. XLIX, 4). IV Reg. XIX, 24 et Prov. V, 15 évoquent une « eau étrangère ». Le peuple de Sodome a quitté les eaux de Siloé qui coulaient doucement et s’est emparé de Retsin, le fils de Remalia (Is. VIII, 6). « Marée» se dit en h. tehom. Il s’agit encore ici d’une variété de monstre aquatique (Job. XXVIII, 14 en parle). Hippolyte : ref. 153 dit que l’« eau » des noces de Cana était la même que celle chantée par Anacréon : « Apporte l’’eau’, apporte le ‘vin’, ô Païs, comble-moi d’ivresse. » Les eaux du Paradis sont dans l’opinion des gnostiques des espèces humaines. Le Talmud, Berak. 59b, affirme que les hommes de Mehoza sont perspicaces car ils « boivent » l’« eau » du Tigre. Les effets magiques liés à l’absorption d’eau sont connus des légendes de tous les peuples. Avec profondeur, II Reg. XXII, 17 dit : « Il m’a retiré de nombreuses eaux. »

Le mot « sang », h. dam, est un autre mot ésotérique. Le passage Ezec. IX, 9, dans lequel damim est traduit chez les Grecs par « racaille », vient à l’appui d’une telle affirmation, ainsi que tous les passages où il est question de mélange du « sang ». – Le mot « vin », h. iain, ressemblant à ia’an = sirène, il n’est pas étonnant qu’il serve également à désigner de tels ondins lubriques. Dans Is. I, 22, le mélange de l’eau et du vin est considéré comme un crime grave, et Apoc. XIV, 8 ; XVII, 2 parlent du « vin de l’impudicité ». – Dans le langage ésotérique de la Bible, « huile » (semen ; comp. Ešmun) ne signifie rien d’autre qu’une créature de Sodome ; il en est manifestement ainsi dans Jud. III, 29 ; Ps. CXL, 5 ; Is. XXV, 6 ; XXVIII, 1 et V, 1, où l’on peut lire clairement « hommes-huile ». Le plaisir des sens offert aux Anciens par leurs ondins érotiques leur paraissait plus désirable que l’huile et plus rafraîchissant que l’eau de source. Ce n’est nullement une banale et inoffensive habitude que trahissent les poètes lorsqu’ils chantent : « L’eau est ce qu’il y a de meilleur. »

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PYR – LE FEU DE SODOME

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Sur l’obélisque noir du roi Salmanazar évoqué plus haut, nous avons lu, avant udumi, les mots : « Le roi reçut du pays de Musri des piraati baziati. » Des bazaati1 étaient raflés en masse dans la Thèbes égyptienne, comme butin, en même temps que les pagie ukupe et les hybrides-šadi2. Par baziati, il faut manifestement entendre les créatures à courtes queues de la fig. 7, parce que le mot bezah est homonyme de l’égyptien besah, et que le nain égyptien Bès, représenté sur la fig. 24, présente un aspect très comparable aux images assyriennes de l’obélisque. Il ne fait pas de doute que les images de Ptah (fig. 23), les nains indiens de Gana (fig. 22) tout comme les nains du sarcophage d’Amathonte (fig. 25) peuvent être rapportés au même objet. Les nains-Bès devaient encore vivre à l’époque romaine, puisqu’une image de Pompéi nous montre trois de ces gnomes difformes conduisant une barque (fig. 43). Le g. païs, l. puer, revenant si souvent dans les chansons orgiaques des Anciens, est entendu dans le même sens ; nous voyons en effet, sur la fig. 24, un Bès jouer de la lyre. Joueurs de flûte et de cithare ne manquent jamais dans les banquets contre-nature des Anciens. « Tu es planté là comme un Bès », lançaient les Grecs à un homme à l’expression stupide et d’aspect rustre. Dans les textes cunéiformes, II Rawl. 60, 19c, apparaît déjà la tournure : « Je suis devenu tel qu’un busu », et les passages Ps. XXI, 7 (bezah) ; Ps. LXXII, 22 (behemot) ; Ps. CXVIII, 22 ; Job. VII, 12 (tanin) ont un sens comparable. La traduction syriaque mentionne les bozoiota dans III Reg. XX, 23 et Num. XXVI, 3. La Bible hébraïque évoque, dans le premier de ces passages, les hommes de « Misur » (Musri !) et, dans le second passage, arabot, ce qui veut dire « métis » (cf. IV. Reg. XIV, 14), tandis que Sym. et Aqu. parlent de « flatteurs ». Dans Is. XLIX, 7, Dieu menace le bezah, la « répugnante créature ». Dans Ps. XXX, 19 ; CXVIII, 22 ; CXXII, 4, etc., buz est rendu par g. exoydénosis, l. humilitas, inanitas, opprobrium. Origène : hom. XX in Josua XV, 14 affirme, à propos de ce passage où il est question des Anakim et autre engeance de Sodome, que l’humilitas inanis a été engendrée au cours d’un rapport sexuel illicite, et le Suidas explique le mot oxydénéia par apanthropéia, ce qui signifie le rejet de l’homme, c’est-à-dire le péché de Sodome. Les nains-bezah étaient en temps de guerre considérés comme un précieux butin, d’après Dan. XI, 24. Le mot bošet = Baal3, qui revient souvent, doit également figurer parmi les présentes considérations. Les voluptueux en quête de Sodome se rendirent à Beelphegor et se retirèrent avec le bošet ; ils devinrent sikušim (des monstres) comme l’objet de leur amour (Osée IX, 10). Le bošet anéantit les efforts et le labeur des pères, les gobelins lubriques dévorent le pays, le plongeant dans le profond sommeil de la mort (Jer. III, 24). Mephi-bošet était un pesach, un estropié (II Reg. IX, 13) ; nous comprenons désormais pourquoi le pesach est dit « boiteux » : parce que les nains marchent en se dandinant maladroitement. Le pesach, dont l’un des membres est trop allongé ou trop court et dont le nez est difforme, ne peut devenir prêtre (Lev. XXI, 18). Les agneaux-pesach ne sont pas autre chose que ces nains lubriques. Le mot h. peśa’, homonyme de pesach, a, dans Ps. XVIII, 14 et Dan. VIII, 13, le sens de « péché le plus grand », et dans Is. LVII, 4, les bâtards de peśa’ sont appelés postérité de Sodome. La fête de pesach commémore la fuite hors du pays des nains de Ptah, la délivrance des marées sodomesques de l’Égypte.

Un nain de Ptah manifestement vivant est mentionné dans une liste de présents assyrienne4 où il est question de « pierres-pisi, nommées watha ». Des singes suivent immédiatement dans l’énumération. Il semble qu’il faille également considérer les nains figurés sur la patère de Préneste (fig. 2) comme vivants. Les chercheurs en mythologie n’ont pu jusqu’à présent apporter aucune raison convaincante au fait que l’Héphaïstos grec soit une divinité boiteuse. Hérodote III, 37 affirme cependant qu’Héphaïstos est semblable aux pygmées et Patèques que les Phéniciens transportaient sur leurs bateaux. Le sémitique poteh signifie également nain, par exemple dans Job. V, 2 et II. Esdr. IX, 10, où les mipetim sont simplement appelés « monstres égyptiens ». – Or l’h. petach signifie également « porte ». Les passages étranges qui, dans la Bible, concernent des « portes », comme ceux évoquant les « portes gémissantes » d’Is. III, 26 ou les śearim réjouis et les « portes du monde originel » de Ps. XXIII, 7, trouvent à présent leur explication. Le Talmud, Sabb. 30a, raconte, dans un commentaire de ce passage, que les portes coururent sur Salomon pour le dévorer. De même, les « portes de l’Hadès » ne prévaudront point contre l’Église que le Seigneur a bâtie sur Pierre (Mat. XVI, 17).

Le mot hébreu pešet = lin ressemblant à bezah, « lin » fut également employé dans un sens ésotérique. « Ils seront confus, ceux qui tissent le lin et le byssus » (Is. XIX, 9), c’est-à-dire les proxénètes qui élèvent de tels nains à des fins lucratives. Strabon 812 dit que la ville de Pan, en Égypte, était un ancien atelier de tisserands de lin. Byssus (bus) ne peut à son tour désigner autre chose que des nains, car Ezech. XXVII, 16 affirme que les Syriens, avec leurs hybrides, avec leurs « tapis » et leurs « étoffes de pourpre », possédaient un commerce florissant. Les « vêtements-phénix » (pourpre) étaient des marchandises de Sodome, et toutes les découvertes étranges qui, dans les représentations historiques accessibles, sont attribuées aux Phéniciens et dont aucune fouille ne porte cependant témoignage, sont des découvertes sodomitiques. Or, du temps des Templiers encore, la côte phénicienne ainsi que le siège de l’Ordre qui s’y trouvait (Castrum peregrinorum) étaient de hauts lieux de luxure. Hérodote II, 105 impute la ressemblance physique des Colchidiens et des Égyptiens au « travail du lin » et remarque que les étoffes de Colchide5 sont identiques à celles de Sardaigne et d’Égypte (la Toison d’or !). Les chants licencieux de Linos évoquent toujours des nains, qui « servent du vin » ou jouent « de la flûte ». Avec une satisfaction manifeste, le vieil Homère Il. XVIII, 569 raconte : « Au milieu du groupe, un païs jouait de sa phorminx de gaillarde manière, et il se mit à chanter le délicieux linos. » D’un autre côté, il se trouva des sages qui, se joignant à Jéhovah, rejetèrent les vêtements de lin de Sodome, à l’instar des Bachiques, des Orphiques et des Pythagoriciens. Jéhovah hait le « lin », et il répudie Caïn qui lui apporte de la « semence de lin », une offrande infâme6. Le suaire (othonion, cf. h. ’iton = âne, homme-bête), dans le sépulcre du Christ, est une telle étoffe de Sodome.

En regardant un nain de Ptah tel que représenté sur la fig. 23, une grande imagination n’est pas nécessaire pour lui trouver une ressemblance avec un vase à deux anses. L’h. kilaim signifie tout à la fois métis et vase (g. skeué, l. vasa). Dans Jer. XXV, 34, Jérôme traduit kele par « vases précieux », les Grecs par « boucs de choix » (krioï), Aqu. et Sym. par « vases de nostalgie ». De même, dans I Reg. XXI, 5 sont mentionnés des « vases-nains » ou « métis de niru » et dans IV Reg. XIV, 14, des « métis de nimseim »7. L’Ecclésiaste II, 8 s’était, à l’instar du souverain d’Assyrie, fait aménager un jardin de nains érotiques : il avait amassé les « richesses des rois », s’était procuré « des chanteurs et des chanteuses », ainsi que toutes les délices des hommes-udumi, « coupes et calices ». Jérôme, qui préfère le langage ésotérique, comme tous les Anciens d’ailleurs, blâme l’Aquilas d’avoir traduit ce passage de manière trop explicite par « celles et ceux qui mélangent le vin »8. Dans Jer. XXII, 28, il est question d’un « vase-bezah » comme de quelque chose de clairement méprisable et condamnable. Le Seigneur prendra dans sa main la coupe de prostitution de Babylone (Jer. LI, 7). Le peuple devint infidèle, il déforma les lois relatives aux rapports sexuels, les transforma en code alimentaire, et introduisit le lavage des coupes et des vases (Marc. VII, 8). Les coupes mixtes, krétérès, si souvent mentionnées dans les sources antiques, sont le plus souvent de tels nains de stupre. La Crète, en particulier, était exportatrice de vases de Sodome. Dans Ezec. XXV, 16, Jéhovah menace les Crétois et les hommes préhistoriques des côtes, et Paul appelle les Crétois des bêtes et des ventres hideux (Tit. I, 12). Il ne s’agit pas du tout d’une injure de la part de l’apôtre, car d’après Hésiode : théog. 477 et 971, il existait en Crète un « peuple obèse », et Od. XIX, 172 évoque les « autochtones crétois au grand cœur ». Héphaïstos, le dieu nain, est, comme on le sait, expert dans la fabrication des calices, de même d’ailleurs que les nains sont, dans les légendes, fondeurs de métaux et forgerons.

L’or, l’or d’Ophir et de Tarsis, ne désigne ainsi rien d’autre qu’un arrivage de monstres de Sodome. Car l’or se dit zahab, et le mot ze’eb, qui lui ressemble beaucoup, signifie homme-singe. Sur les tablettes de Tell-Amarna, on demande sans cesse de l’or et de l’argent. L’argent, kesep, possède également un double sens, car kazab signifie magicien et homme-bête (Ps. XXXIX, 5 avec rebahim ; Prov. XIX, 22 ; XXIII, 3 avec « pain » ; Am. II, 4). Le veau d’or était manifestement une créature de Sodome, avec laquelle se prostitua la populace égyptienne intégrée dans la cohorte des juifs, et les servantes d’or vivantes sur lesquelles s’appuie le claudicant Héphaïstos étaient des créatures de même nature (Il. XVIII, 411). Jupiter posséda Danaé sous forme d’or de Sodome. Oppien et d’autres écrivains parlent des « loups d’or » de Sicile. Aug. de doct. Christ. XL affirme que les juifs emportèrent à leur sortie d’Égypte ces détestables objets d’or et d’argent afin d’en faire meilleur usage. D’après Hérodote, les griffons du grand Nord sont les gardiens de l’or. Et c’est l’or qui, dans les légendes allemandes, est la calamité des dieux. Platon, dans le Critias, raconte que les jours heureux prirent fin pour les hommes de l’Atlantide lorsqu’ils furent possédés de la soif de l’or. Il y a dans l’Edda une femme vivace et séduisante qui protège les dieux et s’appelle Gullveig. « Je me souviens de la première guerre dans le monde, est-il dit dans la Voluspa, quand Gullveig fut brûlée vive dans la demeure de Hár. Trois fois brûlée, trois fois née à nouveau… Ils l’appellent Heidr quand elle visite leurs maisons ; la sorcière charme les loups. » Les légendes populaires ont conservé avec une grande fidélité le souvenir des Schiechlings (petits gros). Le nain Bès barbu et pourvu d’une queue de la fig. 24 a la langue pendante, de même qu’en Autriche, le Krampus, ou Père fouettard, qui rend visite aux enfants, possède une longue langue pendante, un corps velu et une queue. Tout comme le diable, il fait retentir le bruit de chaînes, ce qui s’explique par le souvenir des nains Bès et des udumi chargés d’entraves. « De qui vous moquez-vous ? Contre qui ouvrez-vous une large bouche et tirez-vous la langue, engeance de pesa’ ? » s’amuse Is. LVII, 4. Cette engeance balbutie et baragouine comme dans la chanson : « saw la-saw qaw la-qaw » (Is. XXVIII, 10). Les Naasséniens concevaient les kaulakau, saulasau et zeesar commes différentes espèces d’hommes préhistoriques9. Ces créatures de Sodome s’appelaient également « langues », comme dans Prov. XXIX, 8 et Is. XXVIII, 14, ou bien « hommes-langues », ou encore « hommes-vermine ».

Dans la mesure où nous employons aujourd’hui encore l’expression de « flamme » amoureuse, nous ne devons pas nous étonner que ces gnomes érotiques aient également reçu le nom de « feu ». Dans l’hymne au dieu du feu Nirgal, nous lisons : « Seigneur de l’Hadès, grand taureau, serviteur du dieu Pasagga »10. Les disciples d’Héraclite vénéraient le feu (pyr) en tant qu’ancêtre ; d’autres l’appelaient Héphaïstos11. Philon Bybl. place le dieu Pyr parmi les dieux primitifs, aux côtés de Phos (lumière) et de Phlox (flamme). La langue sémitique, avec son écriture sans voyelles, permet de jouer facilement sur les mots. Le feu se dit en hébreu ‘eś ; le mot ‘iś, qui s’écrit de la même façon, signifie « homme », tandis que ‘es signifie « bois de Sodome ». « Mieux vaut se marier que brûler », dit Paul (I Cor. VII, 9), faisant allusion au rut sexuel. Am. IV, 2 parle des « vases-poissons » ou des « vases de feu ». – Un mot employé assez fréquemment est kaminos : le four. Dans Num. XXV, 8, Jérôme entend l’h. qubah12 comme désignant une chambre de prostituée. Les jeunes gens dans la fournaise (‘aton) ne luttaient pas contre les flammes du feu, mais contre le feu de Sodome, contre les monstres lubriques au milieu desquels on les avait enfermés. Car ‘aton signifie également « ancien », « préhistorique » (Baal-Ithon, Athéna-Ithonia, l’âne de Balaam doué de parole). Présenter tous les coutumes mystérieuses des Anciens liées au feu nous conduirait trop loin. À Lemnos, les femmes se retiraient de la présence des hommes neuf jours dans l’année ; après que l’on eut allumé le feu sacré, elles s’adonnaient cependant à une orgie déréglée avec les xénoï qu’elles avaient attendus sur le rivage – avec les « étrangers », que certains appellent Argonautes, tandis que d’autres les nomment Cabires. Les Cabires sont les Patèques hideux ; et les Patèques, les nains-bezah. Le feu des Vestales n’était de même qu’un feu de Sodome, tout comme le feu de Délos. Le mot grec pyr (feu) désignant ces hommes-singes de stupre peut également rappeler le mot sémitique pere’ = nain13. Ismaël est un ‘adam-pere’ (Gen. XVI, 12). La contrée de Basan était située dans le pays de la vermine hybride. C’est de là que provenaient les génisses de Basan (perot habašan) qui dirent à leur seigneur : « Nous avons soif, apportez ! » (Am. IV, 1). Dans le célèbre Psaume XXI, qui annonce selon les Pères la passion du Christ, il est dit du Sauveur, au verset 13 : « De nombreux parim m’encerclent et les taureaux de Basan me harcèlent. » Théod. et Aqu. considèrent cependant qu’il s’agit d’hommes, et ils traduisent le mot par « hommes violents » (dynastaï).

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AITHER – L’AIR DE SODOME

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Nous avons vu plus haut que l’amateur de voluptés bestiales Assurnasirpal élevait dans ses jardins de plaisir, outre des pagutu, des issuri šamii, ce que l’on traduit habituellement par des « oiseaux du ciel »1. En égyptien, asur veut dire « homme »2, mais plus important encore est le terme ezrach, qui, dans Lev. XVIII, 26, g. autochton, désigne à son tour une espèce d’homme préhistorique. Parmi la faune sauvage rôdant au milieu des ruines se trouve le qol jeśurer (Soph. II, 14). Les créatures ailées que chassent les rois d’Assyrie et qui s’appellent issuri apparaissent le plus souvent dans la Bible sous le nom de ‘ašerim. Chaque fois qu’il est question du culte des ašerim et autres bêtes, les seba’hašamaim, les « esprits du ciel », sont également mentionnés (IV Reg. XVII, 16 ; XXI, 3 ; XXIII, 4 ; II Par. XXXIII, 3). Les sebo’im passent habituellement pour être des anges, et nous prions encore aujourd’hui « Dieu Sebaoth ». Une des villes maudites, outre Sodome, s’appelait Seboim. Damascius nomme, dans sa généalogie des dieux, un dieu Assaros. Les hommes seraient nés d’un mélange entre la semence de Bel et la « terre » (udumu), et c’est de la semence de Bel qu’ils reçurent la raison. « Grand et sublime Varuna, dieu du ciel », prient les Indiens, « grand esprit Asura. »3 Les dieux du ciel des peuples persans sont toujours représentés avec des ailes. Il ne fait aucun doute que le dieu Assur a également sa place parmi les présentes considérations.

Je suis à présent parvenu à la partie la plus difficile de mon étude, celle qui consiste à rechercher les traces de l’existence passée de créatures humanoïdes ailées. Les anges, les « esprits » et les oiseaux de Dieu des Anciens sont de telles créatures. L’existence de créatures ailées géantes est avérée par la paléontologie avec une certitude absolue pour les ères les plus anciennes du développement terrestre. Si nous voyions le Ramphorhynchus caudatus (fig. 27) du Jurassique représenté sur une peinture antique, nous le tiendrions pour un animal fabuleux. Sa similitude avec certaines représentations du diable ne doit pas être écartée comme sans intérêt. Une créature tout aussi curieuse est l’Archéoptérix du Jurassique supérieur, une créature pourvue d’ailes et de mains, qui rappelle à certains égards le hiéroglyphe égyptien rendu dans la fig. 32 et représentant une « espèce d’homme ». Il n’est pas non plus permis de douter de l’existence passée du Ptérosaure. De même, notre faune possède aujourd’hui encore la chauve-souris, dernier représentant des mammifères volants, et, parmi les prosimiens, le tout à fait étonnant galéopithèque (fig. 28), équipé d’un véritable parachute. L’aire de peuplement des prosimiens était autrefois beaucoup plus étendue ; des restes de spécimens ont été retrouvés dans le Tertiaire inférieur en France. Par ailleurs, il existait à Madagascar des espèces de makis atteignant la taille d’un homme. Klaatsch affirme avoir découvert, dans le sud de l’Angleterre, le squelette d’un homme paléolithique possédant une clavicule extraordinairement développée4. On objectera que si ces bêtes ont vécu il y a un nombre inimaginable d’années, elles se sont cependant complètement éteintes et n’ont pas existé aux époques historiques. Une telle objection ne tient pas. Les paléontologues n’ont correctement fouillé qu’une partie de l’Europe, et l’Europe, à en juger par sa répartition horizontale ainsi que l’existence d’une flore et d’une faune hautement évoluées, a connu des bouleversements plus nombreux que les autres parties du monde. Le crâne de la fig. 44, exhumé d’une tombe néolithique à Lobositz et rappelant fortement l’homme de Néanderthal, est une preuve certaine que des anthropoïdes vivaient encore en Europe dans les temps post-glaciaires (Comptes rendus de la Société d’anthropologie de Vienne XXIV). Les fouilles réalisées dans les autres parties du monde, bien qu’encore très partielles et superficielles, ont causé et continuent de causer de grandes surprises aux paléontologues. L’oiseau géant Moa (dinornis), dont la taille pouvait attendre de dix à quinze pieds, a vécu en Nouvelle-Zélande aux temps historiques (il y a environ 500 ans) (fig. 36). Une rameau évolué de cette espèce d’oiseau est l’actuel kiwi dépourvu d’ailes. L’épyornis est un autre oiseau géant ayant disparu seulement à l’époque historique ; son squelette étonnamment grand a été retrouvé à Madagascar.

Lorsque nous considérons l’animal de la fig. 33 – tiré d’une fresque assyrienne – avant tout du point de vue de l’exécution artistique, nous ne manquons pas d’être surpris de la minutie avec laquelle le moindre détail est rendu conformément à la nature. Il est possible d’apercevoir la formule dentaire du monstre dans sa gueule ouverte. La disposition et la forme des dents excluent toute possibilité d’invention ; l’artiste a nécessairement travaillé d’après un modèle vivant. Il est tout aussi curieux de constater que l’animal possède des mains à cinq doigts pourvues de griffes, tandis que ses pieds sont digitigrades et comptent trois orteils. Or les dinornis et épyornis mentionnés plus haut possédaient, d’après leur squelette, des pieds comparables. Il conviendrait donc d’admettre la validité de la représentation assyrienne du point de vue de l’histoire de l’évolution. La fig. 30 représente un iguanodon du Crétacé. Nous retrouvons les mains à cinq doigts, les pieds digitigrades à trois orteils ainsi que la station verticale. Je suis bien sûr en mesure de reconnaître les différences entre les deux animaux et ne prétends nullement qu’ils aient vécu à la même époque. Au contraire, je rejetterais la représentation assyrienne comme factice si elle correspondait exactement à l’iguanodon. Car l’iguanodon possède une apparence absolument archaïque, tandis que la créature assyrienne produit, sur une base évolutive comparable, une impression plus moderne. La paléontologie ne s’est pas complètement débarrassée de l’opinion selon laquelle les différentes périodes de l’évolution de la Terre sont apparues et ont cessé soudainement. Or c’est seulement sur certaines parties de la Terre que des bouleversements ont pu se produire de manière subite et que le résultat des fouilles correspond pleinement aux représentations des manuels. Il y a au contraire bien davantage de lieux où l’évolution s’est produite de manière progressive et calme, où les formes apparentées plus anciennes et plus récentes se sont croisées et où la faune dans son ensemble a longtemps conservé son apparence primitive. Si les archaïques pagutu se sont conservés jusque dans les temps historiques, pourquoi des créatures ailées comme celle de la fig. 33 n’auraient-elles pas vécu elles aussi à des époques plus récentes ? Ce que disent les géologues au sujet de la région de Palestine et de Syrie, particulièrement importante pour la présente étude, nous renforce dans la supposition qu’il s’agit d’un terrain ancien resté longtemps inchangé : « Le Liban et l’Anti-Liban sont les parties conservées d’une masse de terrain fragmentée, autrement dit des saillies tectoniques, ou horsts, sur les deux faces desquelles le terrain s’est affaissé par étapes. Les deux horsts consistent essentiellement en couches du Crétacé supérieur et moyen, qui ont atteint ici un énorme déploiement. »5 Or ce sont justement les formes du Secondaire supérieur et du Tertiaire inférieur qui nous révèlent l’existence des pagutu et de la fig. 35.

Au terme de ces remarques générales, je crois avoir réfuté l’opinion préconçue et irréfléchie selon laquelle tel ou tel animal ne peut exister. Lev. XI est l’un des plus importants passages juridiques de la Bible, duquel toute affabulation est donc exclue. Dans ce passage, il est dit, aux v. 20 et 23 : « Le šeres ailé (‘op) qui marche sur quatre pattes est impur. »6 Le šeres doit être un animal ancien, semblable au pagu, car, d’après Gen. I, 20, il procède de l’« eau ». Mais ce doit être aussi un animal hautement doué, car il possède une « âme vivante ». Le šeres n’est rien d’autre que le sirruššu assyrien, dont nous avons la représentation, laquelle concorde avec la fig. 33, ailes incluses. Sirruššu peut également se lire mušruššu, selon Delitzch7. Dans Job XXXVIII, 32, les mazarot sont le diable (l. Lucifer). Le mot mazar signifie « se prostituer », et Sanchoniathon évoque, dans sa généalogie divine, Mizor8, frère de Sedyk, de la même manière que le diable est à l’origine un parent de Dieu. Dans IV Reg. XXIII, 5, les mazarot sont considérés comme faisant partie de la militia cœli, des sebo’im, c’est-à-dire des anges. Dans ce passage, la Sept. traduit mazalot par alsos, qui s’appellent autrement h. aserim. Ex. XVI et Num. XI racontent à quel point les lascifs bâtards égyptiens désiraient la chair de Sodome. Alors Dieu envoya les « cailles », les śalwim, pour éprouver le peuple, et ceux qui en mangèrent périrent. Le lieu où ils furent enterrés prit par conséquent le nom de « tombes de la concupiscence ». Les śalwim ne devaient pas être particulièrement aptes au vol, car elles ne volaient qu’à deux coudées de hauteur (Num. XI, 31)9. On pourrait considérer ce passage biblique comme une fable si Hérodote II, 75 ne nous avait laissé un récit très important : « Il y a en Arabie, en face de la ville de Bouto, un endroit où je me rendis pour me renseigner sur les vipères volantes (péri ton ptéroton ophion)10. Je vis là-bas des os et des épines dorsales de serpents, et ils étaient si nombreux que je ne peux en donner une idée. Le terrain où gisent toutes ces épines se présente ainsi. C’est une étroite passe de montagne, qui conduit dans une vaste plaine touchant à celles de l’Égypte. On dit qu’au printemps, les vipères ailées s’envolent de l’Arabie pour gagner l’Égypte, mais que les ibis vont à leur rencontre et les combattent à mort, en les déchirant de leurs becs… Ces vipères (ophéis) (volantes) ressemblent à l’hydre (pagutu), leurs ailes dépourvues de plumes sont semblables à celles des chauve-souris » ! Ces « serpents ailés » sont des mammifères, car les petits des vipères (échidnaï) grandissent dans le ventre de leurs mères (Hér. III, 109). Au sujet de leur effrayante férocité pendant l’accouplement, il est dit la chose suivante : « Lorsqu’elles s’accouplent, au moment même où le mâle féconde la femelle, celle-ci le saisit à la gorge et ne lâche pas prise avant de l’avoir entièrement dévoré. » Outre ce passage, les anciens historiens évoquent l’existence en Arabie de bêtes ailées qui ressemblent aux chauves-souris et sifflent de manière affreuse. Il ne fait par conséquent aucun doute que des créatures de cette sorte ont existé dans la péninsule arabique. Elles devaient néanmoins être déjà rares du temps d’Hérodote, qui autrement n’aurait pas entrepris ce voyage dans le seul but de les voir ni n’aurait pris la peine de remarquer : « Les vipères volantes ne se trouvent rassemblées qu’en Arabie, et là seulement ; aussi semblent-elles nombreuses. » Mais c’est le nom du lieu qui rend ces récits particulièrement crédibles. La passe décrite par Hérodote ne peut être en effet que la gorge d’Élim, dans la presqu’île du Sinaï. C’est ce lieu qu’il faut considérer comme le théâtre de la débauche avec les « cailles », ainsi qu’il ressort d’Ex. XVI, 1. Les dessins égyptiens les plus anciens que nous connaissions, figurant sur une poterie d’argile préhistorique11, représentent entre autres une créature ailée en train de voler (fig. 29). Le récit d’Hérodote dans IV, 183 ne peut être interprété autrement que dans un sens anthropologique : « En Éthiopie, les Troglodytes ‘mangent’ (sens sexuel) les opbéis, sauroï et autres herpéta. Ils ont un langage qui ne ressemble à aucun autre : ce sont des cris aigus comme en poussent les chauves-souris. » (cf. II, 55) Les Grecs comptent donc les sauroï parmi les herpéta ; or herpéton est traduit dans Lev. XI, 20, 23 ; Gen. I, 20, etc., par šeres ; le g. sauros n’est ainsi rien d’autre qu’une transcription du sémitique šeres. Le mot est manifestement une imitation du cri de l’animal, et le sens originel devait être « siffleur »12. Assurbanipal, dans un texte cunéiforme historique, écrit la chose suivante : « Tribut de Sipirmina, dont les habitants zézaient comme des femmes », et Is. XVIII, 1, juste avant sa chanson comique, nomme l’Éthiopie le pays de silsal, c’est-à-dire du « sifflement ailé ». Le nom du lieu Sipirmina, qui vient de sepor, a lui-même un rapport avec les oiseaux. Parmi la vermine de Sodome vivant dans les ruines, on peut entendre siffler, d’après Soph. II, 14, le qol iesurer. Le mystérieux oiseau ‘ait possède des doigts, d’après Jer. XII, 9, et c’est, selon Job. XXVIII, 7, l’un des « oiseaux du ciel qui sont savants en beaucoup de choses ». Je mets en relation l’h. qol avec le gallu, démon ailé des Assyriens. Les Grecs traduisent qol par phoné. La Phoné est une personne dans les hymnes orphiques 13, 9. On trouve également souvent mentionnés parmi les monstres de Sodome les benot-ia’anah, « hommes-autruches », « hommes-chameaux-autruches », « sirènes ». Job. V, 7 parle d’hommes-resep, qu’Aqu. et Sym. considèrent comme des « hommes-oiseaux ». Un monstre semblable à un homme-oiseau, et tout aussi lubrique et féroce que les vipères volantes, est la nocturne Lilith, ou Lamie (Is. XXXIV, 14 ; Thren. IV, 3). La Lamie est un mammifère, car elle donne le sein à ses petits. Elle est humanoïde, comme on peut le voir d’après certains vestiges hébraïques découverts par Hilprecht13 lors des excavations du temple du soleil à Nippur. La Lamie est également une reine de Lybie qui attire à elle de beaux garçons et les tue, à la manière des sirènes. De vieux récits égyptiens parlent des griffons (achech) et d’autres oiseaux géants comme de créatures existant réellement14. D’après Bérose, comme d’après les textes cunéiformes15, les dieux engendrèrent des hommes avec des corps d’issuri et des visages de corbeaux. Le corbeau s’appelant ‘aribu, l’Arabie ne signifie rien d’autre que le pays des corbeaux. Mais le mot ‘arab est tout aussi souvent traduit par « géant » ou « bâtard » (Jer. XXV, 24). Dans la ville de Borsippa, consacrée à Arthémis et Apollon, il y avait, d’après Strabon 739, une fabrique d’étoffes de Sodome. Il s’y trouvait un grand nombre de « chauves-souris » pour le plaisir zoophile et la « salaison », c’est-à-dire pour l’élevage de bâtards robustes. Borsippa est située tout près de Babel (Babylone ?), qui est décrite dans Apoc. XVIII, 2 comme un lieu de rassemblement pour les oiseaux impurs. Strabon 703 évoque, comme Hérodote, des vipères volantes pourvues d’ailes de peau, qui volent la nuit. Le Coran également16 fait état de l’existence de créatures ailées en Arabie : les deux cygnes Allat-(Lilit) et El-Uzza, capables de voler à grande altitude. Ces créatures sont considérées comme proches des anges. À travers tout le Moyen-Âge, les êtres volants, tels que sorcières, stryges, lamies, diables jouent un rôle important. Stade17 fait observer que les seraphim sont des démons aériens ayant la forme de serpents. Les sepirot (« oiseaux » ou « nombres ») de la littérature kabbalistique sont des éons ; et aux côtés des ophanim et des seraphim apparaissent les jezirot, que l’on traduit habituellement par « anges servants » mais qui sont manifestement la même chose que les issuri. Nous savons que les anges étaient adorés comme des dieux (Col. II, 18). Personne ne peut résister à Dieu, car les ‘ozre rahab, en qui les Grecs voient des « géants du ciel » (kété ta hyp’ oyranoy), sont avec lui. Le plus grand de tous les anges est Dieu lui-même, il est l’issuru-el, le Dieu issuru, duquel son peuple élu tire le nom d’« Israël ». Tous les anciens Pères (Fulgence, Claudien, Justin, Clément d’Alexandrie) attribuent des corps aux anges. « Il n’est guère possible d’écarter la difficulté résultant du fait que les anges apparaissent sous l’aspect corporel », est contraint d’admettre le jésuite Pesch, prael. dogm. III, 197. Il existe une grande quantité d’anges, bons et mauvais ; ils s’appellent chérubins, séraphins, archanges, principautés, puissances, commencements (archaï), dominations et trônes. Le nom « commencement » est particulièrement pertinent, car nous avons déjà dit que les issuri appartenaient à une faune archaïque. Or ce qui est raconté au sujet des anges montre clairement qu’il s’agit d’anthropoïdes. Dieu n’a pas épargné les anges qui ont fauté ; il les a jetés dans les entraves des ténèbres (g. seïraïs zophoy), dans le Tartare. Ep. Jud. 6 évoque des événements analogues. Ils reçurent la même punition que les habitants de Sodome avides de chair « étrangère ». Ainsi les anges ont-ils perdu la haute dignité qui était la leur à l’origine à cause de la volupté de Sodome.

Les Pères, et même le catéchisme romain, affirment que, dans la phrase « Dieu créa le ciel et la terre », « le ciel » signifie les anges. Les issuri sont toujours qualifiés de šamii = « du ciel ». Dans Job. XV, 15 et Henoch VI, « ciel » veut dire « anges ». Isidore de Séville : orig. XVI, 26 dit clairement que Dieu créa sept œuvres au premier jour : la hylé amorphe, les anges, la lumière, les cieux supérieurs, la terre, l’eau et l’air. Et dans Orig. VIII, 11 les démons sont appelés des anges ayant perdu leurs corps célestes. D’ailleurs, il est dit dans Ex. XX, 11 et Act. IV, 24 : « Dieu créa le ciel et la terre et tout ce qui s’y trouve. »

Le Midrasch Tanchuma (traduction dans la Revue d’études bibliques, Berlin, Calvary, I, 356) comporte un passage extrêmement important : « Il est dit dans Gen. I, 20 : ‘Que les eaux produisent des seruššu qui ont une âme vivante (c’est-à-dire qui sont semblables aux hommes, comme l’udumu de Gen. II, 7, qui est également une « âme vivante ») et que des être ailés (‘op) volent sur la terre. ‘ Ces êtres qui volent sont les anges, et eux seulement. » Les « oiseaux du ciel » qui reviennent si souvent dans la Bible sont donc les anges. La Bible comporte un grand nombre de passages montrant que ces « oiseaux du ciel » ont réellement existé. Is. XXX, 6 parle ainsi d’une passe étroite (comme Hérodote) où demeurent des séraphins ailés ; Job. XLI, 16 nomme les anges des « bêtes quadrupèdes » (théria) craignant le Léviathan. Origène : selecta in Job. voit dans les « gardiens de nuit » de Job. XXXV, 10 des éons ou des anges. La description du cherub dans Ezech. I est bien connue : il a des ailes, des mains d’hommes et des pieds iesarah, les plantes de pied du ‘egel. Il réunit dans son apparence les quatre hommes-bêtes ou éléments anthropogoniques, les quatre zoa (animaux) apocalyptiques : l’udumu, l’ariach (pagu), le šur (bezah) et le nešer (issuru). Dans Is. XXX, 4, les anges infâmes séjournent à Tanis. D’après Job. XXVIII, 21, même les « oiseaux du ciel » ne possèdent pas la plus haute sagesse. Dans Ps. CXLVIII, 4, le Psalmiste invite les « cieux » à louer le Seigneur en compagnie des « eaux », des « dragons » et du « Téhomot ». De même, dans Ps. LXXXVIII, 6 ; XCV, 11 et Jer. IX, 10, les « oiseaux du ciel » figurent à côté d’autres hommes de Sodome en tant que « mâles fécondateurs » (‘iš ‘ober). D’après Baruch III, 17 et Job. XL, 24, on pratique avec eux des jeux sodomitiques, et d’après Os. IV, 3, ils meurent à cause de ces débauches. Il devaient encore vivre du temps du Christ, à l’état sauvage, dans les déserts ; car c’est au désert que le Seigneur reçut la visite de Satan et des bêtes, et qu’il fut servi par des anges (Marc. I, 13). Le Christ lui-même explique, dans Marc. IV, 15, ce que sont les « oiseaux du ciel » du passage IV, 4 : « Les anges violèrent la loi, ils dégénérèrent à cause de leur union avec les femmes et engendrèrent des enfants nommés démons. » La chute des anges, des beneha-’elohim, c’est-à-dire des « hommes-dieux », est décrite de la même manière dans Gen. VI. Les anges se plurent au contact des hommes-singes, des udumi, et cohabitèrent avec eux. Le Livre d’Hénoch VI décrit ces événements dans un style d’une grande beauté. Après la naissance des géants démoniaques, une totale promiscuité régna. « Les hommes se souillèrent avec les ‘oiseaux’ et les ‘poissons’, et goûtèrent de toute ‘chair’. » Dans le Livre X, Dieu demande à Gabriel de « débarrasser la Terre des bâtards (littéralement, d’après Dillmann) et des enfants de Sodome ». Dans Sap. LXXXV, les anges sont parfois appelés « taureaux », d’autres fois « étoiles ». Et lorsque les livres apocalyptiques parlent d’« oiseaux carnivores », c’est-à-dire d’oiseaux de Sodome, il faut toujours comprendre qu’il s’agit d’issuri.

Le mot sémitique signifiant « étoile » est kokab. Il est utilisé dans le sens de prince dans Num. XXIV, 17. Dans le très ancien cantique de Débora (Jud. V, 20), les « étoiles » combattent en formation contre Sisera. Dans la mesure où il s’agit d’issuri, le récit perd son caractère fantastique. Les étoiles et les « fils de Dieu », qui sont en réalité des anges, louent en chœur le Seigneur (Job. XXXVIII, 7). De même, la manne est un être vivant, mais un être aimé de Dieu ; elle est le « pain des anges » (Ps. LXXVIII, 25 ; Sap. XVI, 20). Dans le Coran18, les manat sont, de même que les alilat (lilit), des « cygnes » volants.

L’épopée babylonienne Inuma-Iliš évoque des umi en même temps que des géants monstrueux, tels que libu (Léviathan !), ušumgali, mušrušši et lahami. La traduction d’umu par « jour » n’a aucun sens. C’est seulement à présent que s’explique le fait que Clément d’Alexandrie Prophetica19 appelle parfois les anges « jours ». Mais les anges prennent aussi le nom ésotérique de « chars de feu ». Les preuves en sont dans Origène : hom. XIV, in Josua zu Ps. XIX, 8 ; Jos. XVII, 18 ; Cant. VI, 11 ; Nahum II, 13 ; particulièrement Is. V, 18, où ‘agalah = g. damalis = l. plaustrum, et Is. XXI, 17, où rekeb = étalon. C’est pourquoi nous lisons sur les tablettes de Tell-Amarna que les rois s’enquièrent de la santé des « chars de Sodome » et leur souhaitent un prompt rétablissement. Hénoch et Élie, mais aussi le Christ, disparaissent dans les « cieux » sur des « chars de feu », c’est-à-dire qu’ils se retirent chez les issuri, chez les « anges » bons, dans le désert.

L’antagoniste des anges bons est le diable. Dans son combat contre les monstres de Sodome (II Cor. XII, 7), Paul est tourmenté par le diable, et Jean (Apoc. II, 13) affirme que Satan réside à Pergame. Que le diable soit un être pourvu d’ailes, c’est ce que savent non seulement les légendes populaires, mais aussi Paul, qui l’appelle le « prince de l’air » (Eph. II, 2). Les noms du diable confirment mon hypothèse. Il est nommé « le ver ancien », il est le lubrique Asmodée (Tob.) et Abaddon (Apoc. IX, 11). C’est à cause de la jalousie du diable que la mort a pénétré dans le monde (Sap. II, 24). Nous comprenons à présent clairement ce que fut le péché originel, qui s’est transmis dans le sang de tous les hommes : ce fut la bestialité. Les commentaires de la Bible concordent tous pour dire que le serpent du Paradis (ou plutôt la tarasque du Paradis, comme il convient de traduire, après Ulfilas) est le diable. Le nachaš, comme s’appelle le « ver » en hébreu, n’était pas un « serpent » au sens où nous l’entendons, dans la mesure où il possédait des pieds (d’après Gen. III, 14). C’était une créature douée de raison et de parole, donc semblable à l’homme (Gen. III, 1). C’était même un être semblable à Dieu, voire pareil à Dieu, supérieur à Adam. Le Talmud, Sabbath 146a, dit explicitement que le nachaš a possédé Ève sexuellement. Les hommes-dieux forniquèrent avec les hommes-singes, avec les hommes-udumi. Ils perdirent ainsi leur nature supérieure, tandis que les udumi, élevés à un état plus haut, étaient rendus davantage semblables à Dieu (Gen. III, 22). D’après le livre gnostique de Baruch, le serpent du Paradis et l’« arbre de la connaissance » sont la même chose. Caïn, qui « est du malin » (I Joh. III, 12), était l’un de ces bâtards engendrés de la fornication du diable avec les udumi. D’après Beowulf IV, l’ondin allemand Grindel était l’un des « esprits du monde primitif » ayant Caïn pour père. Les géants et anthropoïdes préhistoriques étaient grands et beaux en ce qu’ils tenaient de l’homme-dieu juste Seth mais hideux à cause de l’impur Caïn (Georges Cedrenus : comp. hist.). C’est pourquoi le Christ peut dire à ceux des hommes de Sodome parmi ses contemporains que ce sont des enfants du diable (Joh. VIII, 44). Le diable est encore le Léviathan, dans Job. XL et XLI, ainsi que l’affirme Origène de princ. III, 2, 1. Le Léviathan est lui-même appelé « ver », g. ophis (que je mets sur le même plan que l’hébreu ‘op = « oiseaux du ciel »). Le grand dragon rouge entraîna avec lui la troisième partie des « étoiles », c’est-à-dire des anges, vers les singes udumi (Apoc. XII, 3). Le diable s’appelle encore ben-šachar, Lucifer, dans Is. XIV, 12. Il demeurait autrefois sur la montagne de l’Alliance, dans le pays des saphon ailés – Typhon, Borée – dans le Nord, au pays des griffons. Le diable est le « prince de l’air » (Eph. II, 2), il est l’Éther de Sodome, l’oiseau issuru, de la même manière que, dans l’Apocalypse d’Abraham (éd. Bonwetsch), il apparaît sous la forme d’un aigle. Il est un lézard volant, dont les bras étreignaient le monde et l’étreignent toujours (II. ep. Joh. V, 19). Parce que le diable est pourvu d’ailes, il s’appelle encore Beelzebub, c’est-à-dire le « Beel-mouche ».

« Vous étiez morts par vos péchés (la bestialité)… Par le Christ, vous êtes morts aux éléments du monde (stoïchéia toy kosmoy). » (Col. II, 12) Nous comprenons à présent ce que veulent dire les « éléments » des Anciens, la terre, l’eau, le feu et l’air ! Par le Christ, l’homme-bête qui est en nous doit mourir. Les passages obscurs des Métamorphoses d’Apulée s’éclairent : « Je franchis les ‘portes de la mort’, je foulai le ‘seuil de Proserpine’, et après être passé à travers tous les ‘éléments’, je m’en revins. » Ce sont là les « voies » dont parle Jésus dans le grand Livre du Logos et qu’Héraclite nomme « mouvement vers le haut » et « mouvement vers le bas ». Ce sont les voies par lesquelles le genre humain lui-même, l’humanité des « cosmos du cosmos », est passée20. « La nature des éléments empêche le dévoilement (apocalypsis) de Dieu. »21 Nous avons ôté le voile couvrant les « éléments » des Anciens ; la voie conduisant à Dieu nous est à présent ouverte !

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THÉOGNOSIS – LA CONNAISSANCE DE DIEU

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« Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom. XI, 33) Entrons dans un abîme de grandiose magnificence et d’irrésistible effroi ! Les plus hauts et les derniers mystères vont à présent nous être dévoilés ; les clefs du royaume des cieux vont à présent nous être confiées, les clefs mystérieuses qui peuvent tout fermer et tout ouvrir.

À leur époque déjà, Évhémère, que l’Église dégénérée extermina1, et Saxon le Grammairien affirmaient que les dieux étaient en réalité des hommes des anciens temps. Dans les Actes d’Apollonius, il est dit : « Ils nomment dieux les hommes des temps passés. » Les Égyptiens croyaient quant à eux que leurs huit dieux primitifs possédaient des têtes de grenouille et de serpent2. Lucien écrit : « Si tu te rends en Égypte et que tu demandes après les dieux, on te montrera sûrement un pithékos (singe), un tragos, un ibis ou un aïloyros (singe). » C’est pour cette raison que les dieux sont également nommés démons ou « étrangers » (Deut. XXXII, 16 ; Ps. XLIII, 21 ; III Reg. XI, 7 ; Ez. XVI, 32, qui les appelle même « mercenaires »). Il y a dans les temples égyptiens un grand nombre de pièces dont la fonction n’est pas clairement reconnaissable. Les « dieux » étaient jalousement gardés, les chambres secrètes entretenues avec soin ; les jours de fête, les dieux portaient des vêtements, des colliers, des sceptres, des couronnes et étaient conduits en processions solennelles ou bien dans des barques couvertes sur les étangs des temples. Chaque temple possédait ses jardins, entourés de hautes enceintes. Il s’y trouvait fréquemment un grand étang avec une maison de plaisir. Toutes choses qui causaient de grands maux de tête aux chercheurs3. La réponse à cette énigme se trouve dans Hérodote II, 170 : « Il y a également à Saïs, dans le temple d’Athéna, le sépulcre d’ ‘un tel’ (monstre), dont je tairai le nom par pudeur. Dans cette enceinte se trouve un lac, où les Égyptiens se rendent la nuit, et ce qu’ils font alors avec lui (avec « un tel »), c’est ce qu’ils appellent leurs Mystères. Mais bien que je sache la manière dont tout se déroule, je préfère garder le silence à ce sujet. » Dans les légendes grecques et égyptiennes, des femmes se font féconder par des dieux, et, dans le livre d’Hammourabi, par. 266, il est question de dieux donnant des coups dans les étables. Les anges, que nous avons identifiés comme étant des anthropoïdes, sont appelés dans la Bible « fils de Dieu », et, d’après Georges Cedrenus, Seth était appelé dieu en raison de son visage lumineux. Tertullien rapporte, dans Ad Marcionem XIII, que les Anciens vénéraient les éléments comme des dieux ; ainsi, Thalès vénérait l’eau (pagu), Héraclite le feu (bezah), Anaximène l’air (issuri), Strabon le ciel et la terre (udumi), Platon les étoiles (anges). L’astrologie des Anciens n’est pas une science des astres au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais bien plutôt l’histoire naturelle des issuri. Les écrits des philosophes, qui, dans les traductions courantes, semblent de vaines platitudes, voire des absurdités, prennent ainsi un sens très profond. Nous rencontrons souvent, par exemple, l’affirmation selon laquelle les dieux seraient sphaïroeïdeïs, que l’on traduit par « sphériques ». Cependant, sphaïraï est la transcription du sém. sepor et signifie « qui possède la forme d’un oiseau » ou « qui est de la nature de l’issuru ». Les chercheurs modernes font dériver la religion du culte des ancêtres. Le culte des hommes originels, des ancêtres du genre humain est en effet le fondement de la religion ; c’est la raison pour laquelle Ps. XCV, 5, ainsi que I Par. XVI, 26 et Sap. XII, 24, disent de manière à la fois concise et claire : « Tous les dieux des païens sont des démons », c’est-à-dire des hommes-bêtes. C’étaient des bêtes de Sodome, avec lesquelles on forniquait, comme le montrent Ex. XXXIV, 15 ; Lev. XX, 2, 5 ; Deut. XXXI, 16 ; Jud. VIII, 33 ; Ezech. XVI, 36, ainsi que d’autres passages.

Des choses étranges et prodigieuses sont également racontées au sujet des idoles : on fornique avec elles (Ez. XVI, 17 ; XXIII, 37), elles mangent (Ez. XVI, 20), elles rampent dans les cavernes (Is. II, 19), elles se meuvent (Ex. XXXII, 1) et elles parlent (Apoc. XIII, 15). De sorte que les eïdola doivent être considérées comme des êtres vivants. Par exemple, les simulacra veterum deorum roulent les yeux (Ovid : met. X, 693). Le paganisme – le service des idoles – est la bestialité, et le commandement le plus important de l’ancienne Alliance n’est pas « Tu croiras en un Dieu » – cela ne se trouve en aucun endroit de la Bible –, mais « Tu n’auras pas de dieux anthropoïdes à ma place » (Ex. XX, 3). Tu ne prononceras le nom de Dieu sur aucun monstre de Sodome (šawe’, g. mataïos6, l. vanus), tu ne forniqueras pas avec eux. Si l’idolâtrie était l’adoration des images, on aurait dû retrouver, à Pompéi, les plus grandes images dans le saint des saints du temple. À leur grande surprise, les archéologues trouvèrent relativement peu d’images, et elles n’étaient en outre nullement mises en évidence par un emplacement particulier. Si, d’autre part, le judaïsme et le christianisme consistaient véritablement à combattre le service des images, celles qui ont été trouvées en Palestine et dans les catacombes de Rome, et qui ne diffèrent des représentations païennes de la même époque ni par leur contenu ni par leur forme, seraient incompréhensibles. Platon n’a nullement vénéré des statues de marbre, tandis que nous serions plutôt des adorateurs de fétiches, en tant qu’iconoclastes. Une certaine croyance purement intellectuelle en une pluralité de dieux ne distingue même pas les païens des juifs ou des chrétiens ; des païens comme Platon n’étaient nullement polythéistes, tandis que les juifs et les chrétiens, avec leur actuelle croyance aux anges et aux saints, ne sont pas des monothéistes particulièrement rigoureux.

Les dieux sont les lointains ancêtres du genre humain et de ses diverses races ; ne serait-il pas possible qu’ils aient été pourvus d’organes des sens aujourd’hui disparus ? L’homme possède des organes qui semblent être des restes devenus inutiles d’anciens organes des sens. Or ces organes anciens exercent une influence prodigieuse sur certains processus vitaux. « L’hypophyse est le reste d’un organe des sens disparu depuis longtemps (?) qui communiquait avec la cavité buccale. L’acromégalie est liée à des états morbides de l’hypophyse. »7 « La capsule surrénale cause la maladie d’Addison… Il s’agit d’une formation archaïque qui présente certaines relations avec la constitution des poissons et des amphibies. » À côté de l’hypophyse se trouve un autre organe archaïque et mystérieux, l’épiphyse, ou glande pinéale, où les Anciens ainsi que Descartes situaient le siège de l’âme. Les chercheurs contemporains décrivent l’épiphyse comme un reste de l’œil pinéal des stégocéphales. Cet organe semble n’être resté actif de nos jours que chez quelques variétés de poissons des abysses. Certains lézards possèdent au milieu du front un organe des sens, qui, d’après sa constitution, doit être considéré comme un œil8. Plusieurs savants croient déceler dans l’œil pinéal des dinosaures un organe électrique (ou magnétique). À vrai dire, la glande pinéale m’apparaît comme un cohéreur de Branly dans lequel le sable cérébral jouerait le rôle de la limaille de fer. À l’appui de mon hypothèse selon laquelle l’hypophyse et l’épiphyse constituaient autrefois un organe électrique, les expériences conduites par le professeur London à Petersburg montrent que la sensibilité à la lumière provoquée chez les aveugles par un rayonnement au radium a son siège dans le cerveau. Il est possible de déclencher une sensibilité à la lumière par stimulation des nerfs optiques ou du centre visuel.

La thyroïde est un organe tout aussi étonnant, lié de manière énigmatique au crétinisme. Les crétins des Alpes rappellent justement, de la manière la plus frappante, les nains représentés sur les fig. 22, 23, 24 et 43 ; on voit encore les mêmes grimaces chez les crétins aujourd’hui.

À quoi il convient d’ajouter d’importantes observations des anthropologues concernant le crâne de l’homme de la glaciation. « L’homme de Taubach et de Chelles était certainement supérieur à l’homme moderne dans de nombreux domaines. Si tel n’était pas le cas, comment le genre humain aurait-il pu survivre, étant donné la technologie sommaire qui était la sienne, dans le combat meurtrier contre les géantes bêtes préhistoriques ? » (Klaatsch9) « L’homme du Pléistocène possédait un lobe occipital fortement développé. Dans la mesure où l’on croit justement avoir localisé à cet endroit le centre cérébral commandant les impressions optiques, on suppose que les chasseurs de l’époque possédaient un sens de l’observation particulièrement fin, tandis que l’intelligence et le langage occupaient une place secondaire. » (Klaatsch10) Cette hypothèse est conforme aux anciens récits : Moïse, le grand prophète, était bègue ; la Pythie – manifestement un anthropoïde – rendait ses oracles en balbutiant ; et la Bible évoque souvent les gastromythoï, c’est-à-dire les ventriloques. À quoi s’ajoute le fait qu’en de nombreux lieux, les simplets, ou singes, sont vénérés comme particulièrement saints car ils passent pour êtres proches de la divinité. Lorsque l’on découvrit les premières peintures rupestres préhistoriques en France, on prit tout d’abord cette trouvaille pour le travail d’un faussaire, parce que les dessins restituaient l’apparence des animaux avec un sens de l’observation et une compréhension stupéfiants (fig. 1 et 3). L’art paléolithique dans son ensemble, unique en son genre, est inexplicable si l’on ne suppose pas une prédisposition spéciale des sens. Cet art s’interrompt brusquement aux époques plus tardives. Même à l’époque historique, les œuvres d’art les plus anciennes, y compris à Babylone et en Égypte, sont plus naturelles et plus inspirées. Ce sont des choses incompréhensibles si nous ne faisons pas nôtre la profonde sagesse de la Bible : « L’esprit de Dieu ne demeure pas dans les bâtards d’udumu. » (Gen. VI, 3)

Les hommes doués de clairvoyance, de l’existence desquels il n’est pas permis de douter bien que de nombreuses escroqueries soient commises dans ce domaine, sont aujourd’hui principalement des hommes de race blanche, et se rencontrent même le plus fréquemment parmi les hommes blancs les plus purs, chez les Frisons et les Westphaliens (Velléda, Catherine Emmerich). Par ailleurs, les seuls mammifères ailés aujourd’hui vivants, les chauves-souris, possèdent justement des organes et des instincts qui restent un mystère pour les savants (Brehm11). Des chauves-souris privées de l’usage des yeux parviennent à éviter tous les obstacles, y compris des fils tendus à travers une pièce (Claus12). Pour recevoir des ondes électriques, un animal évoluant dans l’air est mieux adapté qu’un animal terrestre ; il est d’ailleurs notoire que la télégraphie sans fil utilise des antennes réceptrices sous tension dressées haut en l’air.

La tarasque du Paradis est plus intelligente que tous les autres anthropoïdes préhistoriques (Gen. III, 1). Les hommes préhistoriques (iešišim ; d’après Targ. : qašiš) et le Léviathan possèdent une grande sagesse (Job. XII, 12 ; XLI, 25). Le passage III Reg. IV, 31 est particulièrement convaincant à cet égard : « La sagesse de Salomon surpassait celle de l’Issuru du monde originel (‘eiton ha-’ezrachi), de l’Héman (umu ?), du Calcol, du Darda (colombe ?) et de l’homme-Machol. »13 Le verset précédent explique ce qu’étaient ces êtres : « La sagesse de Salomon surpassait celle des hommes préhistoriques et des habitants de Misraïm. » Il est clairement dit, dans le curieux passage Eccles. X, 20, que le Baal ailé annonce le « verbe ». Or le silène difforme et le faune répugnant passaient justement pour des dieux-oracles particulièrement réputés, et Socrate, laid comme un faune, se flattait de posséder un démon. L’œil des cyclopes et l’œil unique d’Odin, l’œil-amulette égyptien et l’œil de Dieu représenté dans les églises au sein d’un triangle, les Arimaspes d’Hérodote dans le Nord de l’Europe, sont des indices clairs que l’on ne peut méconnaître.

Dans la loi d’Ohm, la résistance électrique est en relation inverse avec la chaleur. L’électricité est mieux conduite par un conducteur froid que par un conducteur chaud. Les rayons chimiques froids sont les meilleurs conducteurs d’électricité, et on notera ce fait curieux que la radiotélégraphie fonctionne mieux la nuit par temps de brouillard que par un jour ensoleillé. Après avoir conduit plusieurs expériences, je suis parvenu à établir la loi suivante, que je rends ici publique pour la première fois : « Les rayons chimiques froids ultraviolets (ou de même valeur) correspondent, dans leur comportement et leurs effets, à un gros fil traversé de courant. L’inverse est vrai pour les rayons chauds infrarouges (ou de même valeur). Toutes les lois s’appliquant aux fils traversés de courants valent également pour les rayons. L’interruption ou le renforcement d’un rayon induit du courant dans un rayon parallèle voisin. » Sur le fondement de cette loi, il sera possible à l’avenir de construire des appareils d’éclairage où tout ce qui est aujourd’hui en fer dans les accumulateurs sera remplacé par des rayons ultraviolets froids (air liquide), tandis qu’à la place du bobinage seront utilisés des rayons infrarouges chauds. Les métaux ne conduisent pas mieux le courant parce que ce sont des métaux, mais parce qu’ils sont toujours plus froids que l’environnement. Ils se distinguent aussi optiquement par leur brillance. Si l’on réussit à refroidir un autre corps quelconque et à l’entourer ou à l’irradier de rayons conducteurs, il doit nécessairement devenir aussi conducteur qu’un métal. À l’inverse, si nous retirons au métal son éclat spécifique et que nous le réchauffons, il perd alors, complètement ou en partie, sa conductivité. Les véritables conducteurs sont par conséquent les rayons ! On sait que des forces énormes (la gravitation) s’exercent entre les astres. Seul des rayons peuvent être les vecteurs et les transmetteurs de ces forces. C’est seulement ainsi que l’on peut expliquer le fait que la matière soit à travers tout l’univers composée des mêmes éléments chimiques que ceux qui existent sur Terre, ce dont l’analyse spectrale nous assure de la manière la plus certaine.

Les organes des sens électriques se sont principalement développés chez des êtres vivant dans l’obscurité. Le calmar géant des abysses, la chauve-souris, le Frison clairvoyant dans son pays de brouillards, le dinosaure, avec son œil pinéal, vivant lui aussi dans un monde crépusculaire et brumeux, les nains doués de sagesse des Nibelungen, sont tous dans un rapport remarquable et étonnant avec les résultats des plus récentes recherches en sciences naturelles. Origène : de princ. VIII affirme que le froid émane du diable, et Job. XXXVII, 9 rapporte la même chose au sujet des mezarot (mušruššu). Appollonius : hist. mir. XXIV prétend qu’il y avait parmi les Celtes un peuple qui voyait de nuit mieux que de jour. Heimdallr-Iring, né dans l’Atlantide, « là où le soleil descend », voit à cent lieues de distance. Les oracles étaient rendus dans des grottes ou dans l’obscurité. Enfin, « la nuit porte conseil ». L’électricité est la « révélation » et l’« inspiration ». Ce que nous voyons avec l’œil de la science, laborieusement et seulement comme un reflet, les Anciens le voyaient avec une autre vue. D’où leur stupéfiante connaissance de l’histoire des premiers temps ; c’est l’électricité divine qui la leur a transmise !

Les dieux étaient non seulement des récepteurs électriques vivants, mais aussi des transmetteurs électriques. On sait qu’il existe encore de nos jours des poissons électriques. Le curieux calmar des abysses possède même des organes électriques lumineux. Il faut se demander d’où ces anthropoïdes primitifs que sont les dieux tiraient cette énergie. Les dinosaures étaient revêtus d’armures apparemment très inutiles composées de plaques et de piquants. Ces structures servaient manifestement d’antennes et de surfaces réceptrices – aucune autre fonction ne semble pouvoir être découverte, et la nature ne fait rien qui ne doive remplir une fonction. De même, les ailes des issuri pouvaient facilement servir à produire de l’énergie électrique à la manière d’un générateur électrostatique de Wimshurst. Si mon hypothèse est juste, le siège de l’énergie électrique doit également pouvoir être identifié quelque part. L’accumulateur devait même occuper beaucoup de place. Or les dinosaures présentaient dans la région des reins un important renflement de la moelle épinière qui doit bien avoir une justification.

Des chercheurs tout ce qu’il y a de sérieux ont récemment démontré l’existence de rayons émanant de l’homme (les rayons N), et l’on évoque même de forces magnétiques. Job. V, 7 parle clairement d’« hommes-éclairs ». Quant au diable, il est dit qu’il descend comme la foudre. Les chérubins défendent l’univers, c’est-à-dire l’humanité noble, contre les géants udumi (Adam) avec des éclairs flamboyants (Gen. III, 24).

Les effets des rayons électriques ne sont pas tous identiques. Comme cela a été démontré récemment par de nombreuses expériences, certaines sortes de rayons ont un effet régénérateur, tandis que d’autres induisent des maladies. De même, les dieux effusent maladie ou guérison. Or, comme l’avenir nous l’apprendra, les rayons jouent un rôle important dans la vie sexuelle. On sait que l’électricité positive empêche la croissance des plantes et que l’électricité négative la favorise14. La chaleur favorise la maturité sexuelle. Les rayons rouges ont un effet stimulant sur les feuilles15 ; dans des chambres à lumière rouge, les maladies des feuilles se guérissent sans laisser de cicatrices. Le professeur américain Loeb a réussi à multiplier des oursins par parthénogenèse grâce à l’élévation de la pression osmotique de l’eau de mer. Nelson et Fischer ont testé ces données avec succès et sont parvenus aux mêmes résultats sur des étoiles de mer, avec des ions d’oxygène, ainsi que sur des annélides, avec des ions de potassium. Les œufs de vers à soie peuvent être menés au terme de leur développement de manière aussi bien mécanique que chimique, c’est-à-dire soit avec une brosse soit avec de l’acide sulfurique. Le mâle n’est donc nullement nécessaire à la fécondation de l’œuf de la femelle. Parmi les chercheurs contemporains, un grand nombre pense que la fécondation est induite par la seule stimulation. Que cette stimulation soit provoquée par la semence de l’homme ou par tout autre moyen chimique ou mécanique est indifférent. Or les phénomènes chimiques ne sont pas foncièrement différents des phénomènes électriques. Il est vraisemblable que la fécondation de l’œuf de la femelle par des rayons électriques – et selon mon hypothèse, par des rayons infrarouges et des rayons de chaleur – soit possible. Car les rayons situés à l’opposé du spectre, les ultraviolets et les autres rayons semblables, rendent stériles, comme l’ont montré les expériences du Dr. Albers-Schönberg. La mesure dans laquelle les phénomènes chimiques et électriques contribuent à la fécondation par parthénogenèse des abeilles et des fourmis n’est pas jusqu’à présent complètement éclaircie, mais des forces similaires sont vraisemblablement à l’œuvre.

L’hermaphrodisme est toujours lié à des singularités de la génération de ce genre. Il est tout aussi curieux que chez les chauves-souris, qui se font féconder à l’automne, le fruit ne commence à se développer qu’en début d’année. Après l’accouplement, les chauves-souris femelles s’éloignent des mâles et mènent une vie commune d’amazones16. Les femelles se fécondent pour ainsi dire elles-mêmes une seconde fois.

Nous comprenons à présent la fascination des Anciens pour les conceptions immaculées. Apis naît d’une vache fécondée par un « rayon du ciel » (le rayon d’un ange) (Hér. III, 27). Bélial est fécondé au moment où il voit une « statue de pierre » (un homme-singe) et donne ensuite naissance à Armilus (Midrasch). Il est censé y avoir de nos jours encore des fakirs capables d’accélérer ou de ralentir la croissance17. Dans la plupart des recueils de loi antiques, l’envoûtement visant à rendre l’homme stérile est sévèrement puni.

Aujourd’hui encore, les hermaphrodites ne sont pas si rares parmi les hommes. On suppose généralement que l’embryon est à l’origine hermaphrodite. Le sexe de la femme l’est en réalité lui-même, car le clitoris n’est rien d’autre qu’un pénis atrophié. De même, c’est un fait curieux que la consanguinité favorise la naissance d’hermaphrodites. Selon la Bible ainsi que de nombreux exégètes, « l’homme à l’image de Dieu », dans Gen. I, 26 (qui n’est pas l’udumu de Gen. II, 7), aurait été hermaphrodite, à l’instar des « fils de Dieu » et des Séthites. Dans toutes les mythologies, le dieu primordial est également hermaphrodite. Ainsi l’égyptien Thum dit-il : « Je suis le grand dieu qui me suis moi-même engendré. »18 Zeus enfante Athéna. Ymir, le dieu primordial allemand, enfante avec lui-même. Ymir et les Valkyries continuent de vivre parmi les peuples de Bavière et d’Autriche sous l’aspect de sainte Wilgeforte, une femme à barbe19. Dans le Coran, les anges sont conçus comme des hommes-femmes (Sour. XXXVII, 150, XLIII, 18). Les anges sont l’Aphrodite ouranienne des Grecs. Hérodote I, 105 et IV, 67 parle des hommes-femmes scythes, que chacun pouvait reconnaître comme tels ; leur hermaphrodisme provenait du fait qu’ils avaient pillé le temple d’Aphrodite Ourania à Ascalon, c’est-à-dire qu’ils avaient enlevé les issuri qui s’y trouvaient et les avaient violés, et que les enfants qui en naquirent furent hermaphrodites. Nous comprenons à présent pourquoi les habitants de Sodome étaient si avides des anges qui rendirent visite à Lot. Pline VIII, 3 raconte qu’il existe des hermaphrodites, qui passaient autrefois pour des « merveilles », mais qui du temps de Pline servaient à la satisfaction des désirs charnels. Loki est appelé « celui qui accouche comme une femme ». De même, et pour autant que je puisse en juger, le Germain blond racialement pur montre la plus grande tendance à l’hermaphrodisme. Il est significatif que, justement dans l’Allemagne du Nord racialement pure, le Miroir des Saxons contienne une disposition légale particulière concernant le « trop » [Allzuviel] (hermaphrodite). La très curieuse coutume de la couvade est un indice supplémentaire de l’existence passée d’hermaphrodites authentiques : dans certaines régions, le père doit à la naissance d’un enfant s’aliter et se conduire comme s’il avait lui-même accouché. J’observe en outre qu’il existe des hommes capables d’allaiter (Klaatsch, Entw. d. Menscheng. p. 62). Le fait que les Cariens possédassent un droit matriarcal particulièrement strict et que les Germains eussent une si haute considération pour les femmes douées de sagesse (Valkyries, Saliges) sont à mes yeux une preuve supplémentaire de l’existence passée des Amazones. Chez les Hébreux, un enfant était réputé adopté par un père nourricier lorsque celui-ci l’asseyait sur son giron, symbolisant par là que l’enfant était né de lui-même. Dans un hymne orphique, nous lisons : « Zeus le premier, Zeus le dernier, maître de l’éclair… Zeus était homme, Zeus était vierge immortelle. »

Si l’on me demande à présent ce que j’entends par la divinité, je réponds ceci. Je la conçois comme la personnification vivante des forces et des mondes ultraviolets et infrarouges. Ces êtres, qui étaient à l’aube des temps dans un état de totale pureté, continuent de vivre aujourd’hui dans l’homme. Les dieux sommeillent dans notre corps involué, mais le jour viendra où ils s’éveilleront. Nous étions électriques et nous redeviendrons électriques ; électrique et divin, c’est tout un ! Grâce à l’œil électrique, les hommes primordiaux étaient omniscients ; grâce à leur énergie électrique, ils étaient tout-puissants. Celui qui est omniscient et tout-puissant a le droit d’être appelé dieu !

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PATER – DIEU LE PÈRE

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Si, d’après les sources que nous avons étudiées, tous les « éléments » possèdent plus ou moins des sens et des forces électriques, tel est toutefois particulièrement le cas des créatures issuri. C’est pourquoi, en de nombreux passages de la Bible, les dieux païens sont placés sur le même plan que Jéhovah. Le diable est considéré comme un ennemi d’une valeur quasi identique. Dieu siège dans l’assemblée des dieux (Ps. LXXXI, 1). Il existe plusieurs dieux et seigneurs, dit Paul (I Cor. VIII, 5). Les dieux des païens ne sont pas comme le dieu d’Israël, car ils sont issus de la vigne de Sodome (Deut. XXXII, 31 et suiv.).

Il convient à présent d’examiner si le Dieu des juifs n’était pas lui-même l’un de ces êtres électriques du monde primordial. Les gnostiques considéraient le démiurge et le seigneur Dieu comme une bête1, et Clément d’Alexandrie rapporte2 : « Ils vénèrent le Korax (corbeau) en tant qu’ange de Dieu. » Cérinthe appelait Dieu un ange (Tertull. adv. omn. haer. III), tandis que les Naasséniens adoraient le bon Serpent (nachaš) en tant que Dieu et Créateur du monde. Le « nom » de Dieu vit dans ses anges (Ex. XXIII, 21). Selon les dires des Pères, la sagesse si souvent évoquée, h. chakmah = Dieu. Des choses étonnantes sont rapportées à son sujet. Elle existait déjà à l’aube des temps, avant les udumi et les pagutu (Prov. VIII, 23). La chakmah est conçue dans toute la littérature antique ainsi qu’une chose vivante.

Dans le Nouveau Testament, l’appellation la plus courante de Dieu est ‘ab = père. Le Christ répète en de nombreuses occasions (Mat. V, 18) qu’il n’a pas l’intention de mettre un terme à l’ancienne Loi ; en même temps, le mot « Père » apparaît tout d’un coup dans le Nouveau Testament comme nom usuel de Jéhovah sans que l’on sache pourquoi. Dans l’Ancien Testament, c’est le mot « nuage » ou « nuée » qui traduit bien plus souvent ‘ab. Origène hom. V in Ex. affirme que la « nuée » est le « Saint-Esprit », que nous représentons habituellement par une colombe. Or ‘ab signifie « ibis » en égyptien. « Osiris, l’ibis (hab), le bienheureux », peut-on lire dans Hermès Trismégiste. L’ibis et le singe cynocéphale étaient consacrés à Osiris. La « nuée » (‘ab) d’Ex. XIV, 19, qui précède les Israélites, est sombre le jour et lumineuse la nuit. Dans III Reg. XVIII, 44, un ‘ab possédant forme humaine surgit de la mer et se met à parler. Dans Is. XIV, 14, le diable veut s’égaler à Dieu en s’élevant vers les « nuages ». « Qui, sous les nuages, peut s’égaler à Dieu ? » (Ps. LXXXVIII, 7)3 Dans la « nuée »4 parle le Seigneur (Ps. XCVIII, 7). La « nuée »4 remplit la maison (Ezech. X, 4). Dans tous ces passages, on s’accorde à dire qu’il est question de Dieu lui-même. Ovid : met. 244 évoque « les enfants des nuages ». Zeus prend chez Homère le surnom de « maître des nuages ». Le terme grec pour « nuages » est néphélé, qui correspond au mot allemand Nebel. Mais c’est Hérodote qui apporte les preuves les plus convaincantes que Jéhovah est en réalité l’ibis. Nous verrons plus bas que Jéhovah = Osiris. Or Osiris = ibis. Osiris est identique au grec Dionysos (Hér. II, 144). Jéhovah est, selon les recherches les plus récentes, Jakchos = Bakchos, dont la suite est constituée d’hommes-bêtes apprivoisés. Il convient d’ajouter que les mystères bachiques ne sont rien d’autre que l’enseignement de la Bible. De même que Jéhovah, l’ibis égyptien était l’ennemi et l’adversaire des monstres de Sodome inférieurs, comme cela ressort du combat déjà décrit entre les ibis et les vipères volantes. Hérodote II, 76 différencie formellement deux sortes d’ibis. Les uns ont des « pattes de grue »5 (comme la fig. 33), une « face fortement courbée » (prosopon épigryphon) et la taille du crex. Mais la seconde sorte d’ibis possède des jambes comme celles des hommes5. C’est manifestement à l’adresse d’une créature semblable à l’homme qu’Ovide compose son poème satyrique, célèbre mais parfaitement obscur, L’Ibis. Ce poème renferme en réalité toute la haine du paganisme perverti par le péché de Sodome à l’encontre de la religion de Jéhovah et du Christ, qui en sont ennemis. Nous lisons par exemple dans ce poème : « Que Vulcain et Aer manquent à tes besoins, que ni Tellus ni Pontus ne t’admettent. Mendie d’une bouche tremblante un peu de nourriture, sois toujours malheureux ; que tous, hommes et femmes, se divertissent de ton infortune… Tu seras, aux applaudissements de la populace, traîné par la main du bourreau (dans l’amphithéâtre). Les ‘flammes’ qui dévorent tout te fuiront, et la terre repoussera avec justice ton cadavre odieux… Que les hordes des vigilantes têtes de chien te dépècent, et que les femmes strymoniennes déchaînées te déchirent les membres. » Tout cela ne peut viser l’inoffensif oiseau que nous connaissons sous le nom d’ibis et présente au contraire bien davantage de rapports avec ce qui est dit du phénix ou de la salamandre. Dans la Bible, l’ibis, sous le nom d’iansup (Lev. XI, 17 ; Deut. XIV, 6 ; Is. XXXIV, 11), apparaît toujours en relation avec le « cygne » des ruines (h. tinšemet, d’après Targ. : « salamandre »). L’araméen pour iansup est qipod, qui désigne un animal simien. D’après Is. XXXIV, 15, il s’agit de la même chose que qipuz (serpent-flèche), et Raši le rend par harisum (l. erisius). Le fait qu’il soit si souvent question dans la Bible du kabod du Seigneur, que les Anciens traduisent par « magnifique apparition » (gloria), est particulièrement important. Sous la forme d’un aigle, Zeus enlève Ganymède ; et Odin fait de même avec Odroerer. Dans le Chant de Helgi, il est dit : « À l’aube des temps, les aigles chantaient. » Pour les Naasséniens6, Dieu est le bon Serpent qui donna la vie à tout ce qui est. La Bible, lue dans le texte original, dit exactement la même chose. L’homme-oiseau Roc revenant si souvent dans les contes arabes est étymologiquement identique au ruach, le Saint-Esprit de Gen. I, 2 qui plane au-dessus des eaux. Le verbe rachap employé dans ce passage a, dans Deut. XXXII, 11, le sens de « couver ». Les Indiens quichua racontent que le Créateur planait sur la surface des eaux primordiales sous la forme d’un serpent à plumes7.

L’« esprit », dans la Bible, doit toujours être compris comme un être vivant. L’esprit a des ailes (Os. IV, 19). La phrase « Dieu est un esprit » (II Cor. III, 17) doit ainsi être interprétée comme voulant dire : « Dieu est un être ailé », entendu dans un sens purement zoologique. Dieu a des ailes et vole (Ps. XVI, 8 ; XVII, 11 ; XXXV, 8). Dans Ps. XLII, 7, il est dit : « Ta pensée est parmi les ešmerot, tu es un ‘ezer ; j’exulte dans l’ombre (sel) de tes ailes. » Dans Ps. LXVII, 14, nous trouvons l’explication d’iansup : ian = colombe, sup = vipère. Les Grecs traduisent de manière vague par kléros. Kléros est, d’après Aristote : hist. anim., un animal ailé. Ps. CIII, 4 fait la synthèse de toutes ces relations en décrivant les « anges servants » (mešarot) et Dieu lui-même sous la forme du ‘abim (ibis) et du rekub (char de feu)8.

Les apparitions bibliques de Dieu font toujours penser à un être ailé. Ainsi, dans Ex. XXIV, 10, il est question de la forme d’un sapir et d’un être céleste9. Dans Is. VI, 1, Dieu apparaît sous l’aspect des séraphins. Le long du fleuve du Kebar, le Seigneur se montre à Ézéchiel sous une forme corporelle (I, 1 et suiv.) ; de nouveau apparaissent les nuages-ibis et l’éclat de lumière. Dieu a la forme de l’« Électron » ou, selon l’interprétation de l’Hexapla, de l’« Iris » (h. chašmal). Dieu rassemble en soi la forme des quatre éléments anthropologiques (v. 5 et 6). Mon interprétation est confirmée par Strabon 761 : Dieu a des pieds-iesarah et la plante de pied du ‘egel, ainsi que l’aspect général de la vipère qalal (nechošet qalal)10. La voix de Dieu ressemble à celle des créatures de l’eau (v. 24) et des šadi. Un passage particulièrement probant pour l’identification de Jéhovah à une créature humanoïde ailée est Habakuk III, 5, dans lequel Dieu, qui arrive de Théman11, est entouré de rayons et où la forme de ses pieds est décrite comme identique à celle des pieds du diable (rešep). Les autres traductions disent : les pieds des « êtres ailés » ; les Syriaques disent même : « pieds-tor », c’est-à-dire « pattes de colombe ». Comme rešep désigne également l’éclair, et qu’il est question d’un bout à l’autre de lumières, nous avons des raisons suffisantes de conclure à l’action d’une électricité animale, et ce d’autant plus que les effets de cette sorte d’électricité dépendent de l’obscurité et que la puissance électrique de Jéhovah s’exerce le plus souvent la nuit ou au crépuscule. Gen. XV, 17 doit être lu de la façon suivante : « Lorsque le soleil fut descendu et que la terre se couvrit de ténèbres, le tanur fumant et le feu flamboyant apparurent. » De même que le tanur, le « buisson ardent » (Ex. III, 2) est un être vivant.

Dieu possède les deux propriétés des rayons électriques : il donne la vie et la mort, il guérit et il flétrit (Deut. XXXII, 39 ; Is. XL, 7). Il lance des éclairs (Deut. XXXII, 41 ; II. Reg. XXII, 9 et suiv. ; Ps. LXXXVI, 19 ; CXLIII, 5 ; Ezech. I, 14). De même, le froid, nécessaire à la conduction des rayons, est devant la « face » de Dieu (Ps. CXLVII, 17). Dans Ez. VIII, 1, Dieu a des mains et l’aspect d’un homme (‘iš ; d’après la Vulg. : feu) et de l’électron. L’« arche d’Alliance » était électrique et de ce fait projetait à terre tous ceux qui la touchaient ; bien d’autres l’ont dit avant moi. La mystérieuse šekinah, la « nuée » planant sur l’arche d’Alliance, est Jéhovah lui-même, vivant, électrique. Car šekinah désigne dans Job. XXVI, 5 un être vivant semblable aux géants (repa’im) ou de la même espèce qu’eux. La corporéité de Dieu ressort également de ce fait que, dans Gen. I, 26, l’Adam céleste est formé d’après le salam et demut, c’est-à-dire d’après l’apparence corporelle de Jéhovah, et qu’il est hermaphrodite. L’« ange de Dieu » apparaît souvent aux prophètes, il est même l’hôte d’Abraham à sa table. La vue de Dieu tue (Ex. XX, 19), de la même manière que Zeus tue Sémélé en lui apparaissant. Mais Jéhovah donne aussi la vie. Lorsque les femmes ne parviennent pas à enfanter, l’« ange de Dieu » descend et réveille leur force d’enfantement (Sarah, Élisabeth). Le fils de Sémélé est Bacchus, identifiable à Jéhovah. Manéthon raconte, d’après Josèphe (c. Apion. I, 26), que les juifs se donnèrent un chef en la personne d’Osarsip, un « saint » d’Héliopolis. Osarsip est manifestement le Dieu d’Israël. Sip = sup signifie vipère volante12. Osiris est par conséquent la même chose qu’« Israël », et ce dernier la même chose qu’issuru-el. La signification égyptienne d’Osiris, Us-ir, c’est-à-dire le siège de l’œil, devient compréhensible. Osiris s’appelle encore wnn ; si nous remplaçons « Osar », dans « Osarsip », par wnn, nous parvenons au biblique iansup = ibis. Osiris est un « être éthérique », affirme Hippolyte, ref. 142. Osiris est l’ennemi de la bestialité, exactement comme le Dieu d’Israël. Osiris transforme la façon de vivre primitive des Égyptiens13. Les habitants d’Abydos (‘ab = nuage ! Ibis !) vénéraient Osiris, du temple de qui étaient bannis les « joueurs de flûte et de cithares », tout comme ils étaient bannis du temple de Jéhovah (Strabon 814). Jéhovah est l’un des issuri. On lit dans un hymne gnostique : « Père Ésar ! »14. Selon le Coran IX, 30, Esdras était un fils de Dieu, c’est-à-dire un ange. Ps. CX, 1 dit : « Je te loue, ô Jéhovah, de toute mon âme, toi qui es dans le cercle des issuri. » Dans Deut. XXXII, 15 ; XXXIII, 5 ; Is. XLIV, 2, Dieu est appelé le Dieu iešurun ; selon I Reg. VII, 12, le lieu où fut déposée l’arche d’Alliance s’appelait pierre-ezer. Très souvent, Dieu est appelé ‘ezer, ce qui est généralement traduit par « soutien ».

Ce que la Bible dit au sujet du Dieu d’Israël, les philosophes grecs le disent au sujet de l’Éther (issuru). Les fils de Nyx (cf. h. nachaš) sont Éther et Héméra15. Or Héméra est un ange. Orphée est l’auteur de la phrase : « Zeus est un, Éther un, Hélios un, Dionysos un – un Dieu dans tous », de la même façon que Jéhovah réunit dans son apparence tous les éléments anthropologiques. Orphée chante ensuite : « Zeus, racine de la terre et des astres du ciel. Zeus, l’essence du vent, la puissance du feu, de la lune, du soleil, des rois, et de tout ce qui est né. » Eschyle écrit : « Zeus est Éther, Zeus est Gé (la Terre) », et Anaximandre qualifie l’éther de divin et immortel. De façon très perspicace, Jean de Stobée remarque également : « Tout est né de l’Aer (air) et tout revient à lui. » Il est dit, dans la Sibylle III, 11, que Dieu demeure dans l’éther et s’engendre lui-même, qu’il est indéterminable (dans une classification zoologique) et voit tout.

Les différents noms que prend Jéhovah dans la Bible confirment pleinement mon interprétation. Dieu prend le nom ‘el. Je considère le g. hélios = dieu-soleil comme apparenté. Héliopolis est le sanctuaire d’Osiris et de l’ibis. Dieu s’appelle, dans Mal. IV, 2, l’hélios-zedyk. Dieu possède sa résidence à Hélios (Ps. XVIII, 6). Un passage très connu de la Bible trouve de cette manière son explication : l’Hélios et la Séléné (h. iarech) de Jos. X, 12 sont des issuri combattant contre les hommes-singes. Dieu est souvent nommé adoni. Il est en effet le dieu de l’amour, comme Adonis, et Ulfilas traduit donc très justement par Frauja, c’est-à-dire Dieu d’allégresse. Dans Ps. XVI, 15, il est question de la tamunah de Dieu ; je renvoie à ce qui a déjà été dit au sujet du mot tamewan. Dieu est un Dieu « caché » (Is. XLV, 15)16. Jéhovah est le plus haut des chaiim, c’est-à-dire des êtres anthropoïdes primordiaux (Ps. CXIV, 9). Son aspect donne le frisson (Job. XXVIII, 28 ; Prov. IX, 10, etc.) De même que les créatures de Sodome, Dieu prend le nom de « pierre ». Berakoth 5b dit explicitement que, par « rocher », dans Job. XVIII, 4, il faut comprendre « saint ». Dieu est appelé « la pierre des êtres du monde primordial » dans Is. XXVI, 4. Il est aussi appelé ‘adi-ad. Les Arabes considéraient les Adites comme des hommes primitifs d’une taille gigantesque et d’une force colossale qui soulevaient des rochers sans difficulté. « Pierre » est également le nom de Dieu dans II. Reg. XXII, 3 ; Ps. LXI, 8 ; Is. XXX, 29, etc. Parmi les « pierres » brûlantes dans le jardin de Dieu (Ez. XXVIII, 13) se trouve nommé « l’or de la gloire divine ». Dans Ex. III, 2, l’ange du Seigneur se montre à Moïse dans une flamme de feu, au milieu d’un tok-seneh. L’ibis, en égyptien, s’appelle également tech, et dans III Reg. X, 22 ainsi que dans II Par. IX, 21, les tukiim sont des « paons » qui sont apportés depuis Tarsis au roi Salomon en même temps que des singes17. Le mot grec batos (pour « buisson ardent ») désigne dans Aristote, hist. anim., une espèce de raie.

Ainsi Deut. IV, 24 et Hebr. XII, 29 peuvent-ils légitimement appeler Dieu un feu dévorant. Il était « feu » vivant, électrique.

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PNEUMA – DIEU L’ESPRIT

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L’antique Tabenisi était le sanctuaire à la fois d’Osiris et du mystérieux oiseau bennu. Dans le passage consacré à l’ibis, Hérodote évoque également (II, 73) le phénix, qui est la même chose que cet oiseau bennu. Nous pouvons lire dans un texte égyptien : « Je suis le grand Dieu qui se créa lui-même, je suis le grand Phénix qui est dans Héliopolis… Je suis l’élu d’entre les millions, qui procède du royaume de la lumière. » Le phénix est appelé à l’aide contre les monstres de l’eau1. Le verbe égyptien phenu signifie « s’engendrer soi-même ». Puisque nous avons vu que « brûler » veut dire la même chose que « copuler », nous comprenons désormais les récits des Anciens affirmant que le phénix se « brûle » lui-même (Ovid. metam. XV, 389 et suiv.). Des historiens très fiables et dignes de foi comme Dion Cassius et Tacite rapportent certaines apparitions du phénix. Tacite2 raconte ainsi qu’un phénix apparut en Égypte en l’an 28 après Jésus-Christ – soit juste au moment où, selon les Évangiles, Jésus commença à prêcher – et que cet événement donna lieu à de nombreuses spéculations de la part des savants grecs et égyptiens. Le phénix est assez souvent représenté sous la forme d’un génie ailé d’apparence humanoïde3. Pline le mentionne également. Il était censé pouvoir parvenir à un âge très avancé, quelque 500 ans. Héliogabale promit à ses convives un phénix comme mets particulièrement succulent (Lampridius : Héliog. c. 24). Les écrits de l’antique Église nomment toujours ensemble le Christ et le phénix. Clément Romain I ad. Cor. 25 affirme que Dieu manifesta la « grandeur de sa révélation » par un oiseau (c’est-à-dire le phénix). Dans les Constitutions apostoliques V, 7, nous lisons la chose suivante, tout à fait étonnante : « Les Gentils prétendant que c’est un être privé de raison4 (? alogos) qui nous a enseigné la résurrection, ils tournent notre enseignement en dérision lorsque nous affirmons que celui qui a, par sa propre force, transformé le néant (to mé on) en être peut tout aussi bien conduire à la résurrection ce qui s’est dissous. » Et Zénon dit clairement : « Le Christ n’est pas l’image du phénix, mais le phénix lui-même. » Sainte Cécile fit reproduire un phénix sur le cercueil du martyr Maxime comme signe de sa foi. Il convient de souligner que le phénix est nommé par les sources monogénès, tout comme le Christ. En ce qui concerne la longévité du phénix, il semble que cette information des Anciens possède une part de vérité. Metschnikoff5 a tout récemment établi que l’âge était une maladie et qu’il serait possible d’allonger la vie d’un homme d’au moins le double d’années. Il est notoire que les perroquets peuvent atteindre un âge très avancé. Les Éthiopiens passèrent durant toute l’Antiquité pour un peuple vivant très vieux. Selon Hérodote III, 17 se trouvait chez eux la « table d’Hélios » (phénix !). Ils vénéraient spécialement Zeus et Dionysos (Jéhovah !).

L’âge et l’activité sexuelle sont en relation étroite. Les animaux au sang froid et à la fécondité réduite vivent longtemps, tandis que les animaux qui engendrent beaucoup ont une brève existence. Les Anciens disent du phénix et de la salamandre (h. tinšemet) qu’ils sont froids, peu enclins aux ébats (azygos), et qu’ils ne peuvent brûler.

Le nom biblique du phénix est paneh (cf. g. pneuma, l’esprit). Dans la Kabbale, Dieu est appelé la « grande face » (paneh). Dans Is. LXIII, 9 paraît un « ange de la face » (male’ak paneh). Jacob combattit toute la nuit, au gué de Jabbok, contre l’ange Phanuel sans parvenir à le vaincre. Au lever du soleil, l’ange, sentant ses forces diminuer, le blessa d’une décharge électrique, ce qui rendit le patriarche boiteux pour le restant de ses jours et lui valut le nom d’Israël, c’est-à-dire Issuru-El, héros issuru, guerrier issuru (Gen. XXXII, 24). D’après Luc. II, 36, il y avait du temps du Christ, dans le Temple de Jérusalem, une prophétesse Anne (colombe), fille d’un certain Phanuel de la tribu d’Aser. À de nombreuses reprises, il est question dans la Bible de la « face de Dieu » qui brille et flamboie. Le sens de paneh = face se comprend si nous prenons en considération la vision électrique. « L’œil de Zeus voit toutes choses et sait tout », dit Hésiode6. Zeus s’appelle encore « celui qui voit loin ». Dans les mystères bachiques (ou de Jéhovah), Phanès est un homme-femme, également nommé Protogonos (homme primitif) et Pan (homme-singe), et représenté avec des ailes dorées. – Les Pères interprètent le mot tamar = phoinix, palmier, dans Ps. XCI, 13, comme se rapportant à l’oiseau phénix. « Ainsi que le qol, je multiplierai mes jours », dit Job. XXIX, 18. Dans ce qol, g. phoné (paneh !), le Talmud et les commentateurs voient également le phénix. Bereschit Rabba raconte que, si le qol possède une si longue vie, c’est parce qu’il n’est pas tombé dans le péché d’Adam, c’est-à-dire qu’il ne s’est pas mêlé aux créatures de Sodome. Devant le qol, qui arrive dans le Paradis depuis l’Ouest (l’Atlantide) (Gen. III, 8), les bâtards d’udumu prennent la fuite. Le qol féconde les monstres de Sodome par la lumière de l’éclair (Ps. XXVIII, 9), de la même manière qu’il est dit que Jéhovah couvrit d’ombre Rahab à l’aube des temps (Ps. LXXXVIII, 11). Le qol parle depuis les nuages (Ps. LXXVI, 18). Le qol, que les Hébreux (d’après Jérôme mais aussi le Coran XXIX, 39) appelaient également Gabriel, met en fuite la vermine de Sodome (h. hamon) (Is. XXXIII, 3). L’épopée de Gilgamesh connaît, quant à elle, des oiseaux nommés kulilu et kirippu (X. Taf.VI. Col.).

Lorsque l’ibis se trouve nommé dans la Bible, le plus souvent (Lev. XI, 18, Deut. XIV, 16), le « cygne » (kyknos, h. tinšemet, salamandre) l’est également. L’oiseau de Dieu Chna est en réalité, selon Philon Byblius, le phénix. Le gnostique Justin7 comprend Kyknos comme étant Dieu (‘elohim). Ganymède et Léda seraient l’udumu (Edem), et l’aigle le diable (Naas). Dans un autre passage d’Hippolyte8, Kyknos = Saint-Esprit. On raconte que le phénix et le kyknos « meurent » en chantant une chanson funèbre. Chez les Hyperboréens (Germains), les cygnes se rendaient aux fêtes d’Apollon. Ces cygnes ne sont manifestement rien d’autre que les vierges-cygnes, les Valkyries des légendes allemandes. Parmi les servantes ailées de Frigg figure une certaine Gna. Une autre messagère s’appelle Eir9, ce qui correspond à la grecque Iris, toujours nommée de pair avec l’électron. Iris est la fille de Thaumas (h. tehom) et d’Électre10, l’épouse de Zéphyr11 et la mère d’Éros. D’après Ezech. I, 4, Iris = électron. L’apparition de Dieu s’entoure des couleurs de l’arc-en-ciel (I, 28). L’arc-en-ciel se dit en h. qešet. Or ce n’est pas l’arc-en-ciel mais la divinité électrique qui est décrite dans Gen. IX, 16 sous l’aspect des « arcs dans les nuages ». Cet être angélique est le représentant de la divinité. De même, des « hommes-arcs » sont nommés dans Job. XLI, 19. Nous avons également déjà rencontré l’issuru-kulilu12 ; dans Ezech. I, 7 (et Apoc. I, 15 ; II, 18), il est appelé nechošet qalal, c’est-à-dire vipère-qalal. L’électron est toujours mentionné en même temps que cet être, et parce qu’il est identifié à Iris, nous devons pareillement le considérer comme un être vivant. Je pense que l’h. Chašmal (électron) est la même chose que le grec Kasmilus, qui en tant que l’un des Cabires et dieux primitifs, est considéré comme l’équivalent de l’Hermès ailé. L’électron est une personne en Électre. D’après les récits des Anciens, l’électron est un mélange d’« or » et d’« argent ». Olympiodore l’appelle quant à lui migma (mélange) et source de vie. Sophocle : Ant. 1037 parle d’un électron sarde, à côté de l’or indien de Sodome. Pline XXXVII raconte que, d’après les anciens récits, on trouve l’électrum (ambre ?) en Éthiopie et en Scythie ; il est d’origine animale et se nomme encore lyncurium (Valkyries !). Il était par ailleurs censé se trouver en abondance dans les plaines du Pô, notamment chez les Germains, et ces derniers l’appelaient glaesum (verre). Gladsheim [alld. Glas = verre], dans les légendes allemandes, est le pays des dieux, et dans les contes allemands, les Glasberge [montagnes de glace] sont principalement peuplées de « corbeaux », de même que l’électron est toujours évoqué par les Anciens en liaison avec les cygnes (Lucien) ou les « pintades » (Méléagrides). D’après Hérodote III, 115, l’électron proviendrait de l’Éridan (le Rhin). Empédocle appelait le feu de Sodome : élektor, un mot que les Anciens faisaient dériver d’alektor = coq. Le dernier souvenir du mystérieux élektrozoon s’est conservé dans la légende du Graal : un oiseau de foudre tient dans L’Histoire de S. Graal une place importante. On sait que le Graal passe pour être le sang du Christ. Par ailleurs, le chevalier du Graal Lohengrin (lyncurium !) est en même temps le chevalier au cygne. Je ne crois pas me tromper en identifiant Iris et l’électron aux Valkyries allemandes. Le don de clairvoyance électrique était encore du temps de Tacite le partage de certaines femmes de Germanie (Velléda).

Électre, l’épouse de Zéphyr, est une fille d’Atlas ; de même, les oiseaux divins électriques de Gen. III, 8 viennent de l’Ouest (Zéphyr), et, d’après Gen. II, 8, le Paradis, à savoir le pays des udumi, est situé loin à l’Ouest, ce qui suppose une localisation occidentale. Dans son Critias, Platon raconte au sujet de l’Atlantide exactement la même chose que les toutes premières parties de la Bible. Dans l’Atlantide, les hommes de Poseïdon vécurent une félicité ineffable tant que la nature divine fut vivante en eux, mais à mesure que leur participation de l’essence divine déclina, en raison de l’incorporation sous divers aspects de la nature mortelle, et que l’essence simiesque l’emporta, ils perdirent leur félicité passée. Dans les légendes américaines, les dieux viennent au contraire de l’Est13. Le Paradis biblique est le jardin des Hespérides des légendes grecques, situé au Ponant et également appelé jardin de Phébus. D’après Hésiode : erga kai hémérai 170, la race des demi-dieux vivait sur l’Île des bienheureux, dans l’océan Atlantique. Hermès est, d’après Théog. 938, un Atlante, et Atlas est le fils de Japet (Jéhovah, Japhet !). L’Atlantide n’est rien d’autre que le pays des Ases des légendes allemandes. La Voluspa rapporte à peu près les mêmes faits que la Bible et Platon au sujet de l’origine des dieux et des hommes.

Depuis certaines recherches récentes, il n’est plus permis de douter de l’existence d’un grand continent dans l’océan Atlantique. Wilser (l’auteur du beau livre Les Germains, 1904), dans ses traités scientifiques, ainsi que ses successeurs ont démontré de manière convaincante que le grand homme blanc était originaire d’Europe (en réalité de l’Atlantide). Les mégalithes tracent le chemin de ses différentes migrations. L’édification de tels monuments nécessite des hommes grands et très intelligents, et c’est à raison que les Grecs attribuaient ces mégalithes aux cyclopes et que les Sémites les attribuaient aux Adites. D’autres preuves ont été tout récemment découvertes. Klaatsch affirme ainsi : « Il n’est pas rare de constater chez l’homme la présence de trois prémolaires alors que ce n’est jamais le cas chez les singes du vieux monde, tandis qu’il s’agit d’une caractéristique fréquente des singes américains. Les singes du vieux monde ont en outre des cloisons nasales étroites, tandis que les singes américains en ont de larges, ce qui favorise chez ces derniers le développement de larges fronts, comme en possèdent fréquemment les hommes européens. » Tout ce que les chercheurs ont découvert seulement dans les temps les plus récents était, il y a longtemps déjà, connu des Anciens et consigné dans leur science secrète du Logos.

Qu’est-ce que le Logos ? D’après les Pères, Logos = Mimra’, ‘Emer, Dabar, Chakmah, Šekinah et Male’ak. Considérons tout d’abord le Male’ak. Le Male’ak apparaît dans la Bible à de nombreuses reprises en tant qu’« ange du Seigneur ». Dans Num. XXII, 31, il est mis sur le même plan que Dieu. Dans Gen. XXXII, 30, il est identique à Phanuel. Dans une liste de présents tirée des textes cunéiformes14, on mentionne des hommes-muluuki. Hérodote I, 131 soutient que la Mylitta assyrienne est la grecque Ourania, ou l’Aphrodite céleste (c’est-à-dire ailée), ainsi que l’Alilat arabe (qui est un « cygne », dans le Coran). Or Mylitta est la transcription de l’h. melket, qui apparaît toujours comme la reine du ciel (Jer. VII, 18 etc.). Les méliaï sont, d’après Hésiode : théog. 187, des nymphes nées de l’union d’Ouranos et de Gé, ce qui décrit manifestement la même chose que Gen. VI, à savoir l’union des anges et des udumi (cf. l’Amour ailé = Logos et Psyché = h. pesach). Meilichos est un dieu phénicien, fils d’un satyre et d’une nymphe. Les mela = pommes du jardin des Hespérides sont manifestement les male’akim. Pline h. n. IV, 23 affirme que Mélos = Zéphyria. Enfin, nous avons déjà évoqué les Méléagrides (pintades) en présentant l’électron.

Tout doute doit être écarté quant au fait que nous avons dans le Logos, Male’ak, Dabar, ‘Emer, un être vivant. Dans Hippolyte : ref. 122, le Logos est identifié à Persée, le fils ailé de Dieu, qui combat le monstre marin ; et pour les Naasséniens (ref. 143), le Logos et l’Hermès ailé étaient une seule et même personne. Les Pérates appelaient Logos le bon Serpent primordial, qui libéra les hommes de la domination des vipères du désert. C’est la raison pour laquelle les Pérates adoraient dans leurs temples des serpents vivants (c’est-à-dire des issuri). Forts de ces éléments, nous comprenons le sens des passages Apoc. VI et XIX. Le Logos est l’ancêtre de l’homme européen, de l’homme au véritable sens de ce terme ; il est celui qui monte le cheval blanc ; il est la pierre blanche (Apoc. II, 17) ; il triomphe des trois autres races humaines, la noire, la jaune et la rouge ; il est le roi des rois, le seigneur des seigneurs (XIX, 16). Les actuelles races de couleur ne sont rien d’autre qu’udumi, baziati et pagutu tels que les a fait évoluer le contact avec l’homo europæus. Pour tous les fils du Logos, ces races sont aussi dangereuses aujourd’hui qu’elles l’étaient autrefois. Elles nous envoûtent avec leurs talents érotiques ; elles s’élèvent dans leur progéniture et nous abaissent dans la nôtre !

Lorsque nous saisissons bien que, dans la Bible, l’hébreu ‘Emer = Logos (Ps. XI, 6), l’énigme se résout d’elle-même. ‘Emer est l’Amorite mégalithique des temps préhistoriques ; il est le Gomorrhite ; il est Gomer, fils aîné de Japhet (Gen. X, 2) ; il est Gamir = Arménien ; il est le Cimmérien, le héros cimbre15 ; il est le Gymir germanique hermaphrodite, l’ancêtre des Germains. Rappelons-nous qu’Hérodote signale de nombreux hermaphrodites parmi les Scythes (IV, 118). Logos = Hermès16 ; Mercure est Odin, le plus haut des dieux allemands. Le Logos est également Himéros, Amor et Éros. D’après Hésiode : théog. 115, le dieu Éros aux ailes dorées est le tout premier des dieux et l’ancêtre des oiseaux. Les Thraces révéraient Hermès comme leur ancêtre (Hérodote V, 7), et les Scythes considéraient Zeus comme leur père (ibid.. IV, 59, 127). L’actuelle Allemagne était, selon Hérodote (IV,. 11), peuplée par les Scythes Royaux. Ce nom rend évidemment compte d’une distinction. Des millénaires durant, ce pays a produit la race des hommes qui furent les rois des rois. Toujours d’après Hérodote (I, 104), les Scythes auraient jadis régné sur toute l’Asie (Sémiramis !), et Lucien : de Syr. dea appelle même Deucalion-Noé un Scythe. Le pays des Scythes était le pays des griffons, des Arimaspes, de l’électron (III, 115), d’Échidna (IV, 9), des plumes volantes (IV, 7), des Valkyries et des anges. Il est bien connu que le pape Grégoire comparait aux anges les Germains aux boucles blondes (Bède. : hist. Ecl. 115). De même, dans le Livre d’Hénoch, Noé est décrit comme étant blond, blanc de peau, aux yeux clairs, semblable aux anges ; et dans le Coran LI, sourate 28, les Male’akim annoncent à Abraham un « garçon blanc ». Les femmes des Germains paraissaient aux Romains des déesses. Strabon VII, 3, 7 raconte au sujet des mœurs germaniques : « Nous tenons les Scythes pour les hommes les plus droits et les moins artificieux. » Or, s’ils possèdaient un si noble caractère, c’est parce qu’ils ne se livraient pas tant que les autres à la débauche et aux plaisirs. Il a fallu bien longtemps pour que soit reconnu le rôle de la Germanie en tant que « matrice des nations ». Aujourd’hui seulement, alors que pratiquement le monde entier est devenu simiesque, y compris les pays germaniques, qui n’ont pas été tout à fait épargnés, aujourd’hui seulement la vérité se fait jour, parce que dans la marée simiesque universelle les hommes-dieux nous manquent cruellement. Mais le temps ne devrait pas être long avant que, dans le pays de l’électron et du saint Graal, une nouvelle caste de prêtres émerge, qui chantera de nouveaux hymnes sur des harpes nouvelles, et de même que, lors de la première Pentecôte, l’Esprit effusa en langues de feu sur les Apôtres (Act. II, 3), les cygnes électriques divins reviendront pour la grande Pentecôte de l’humanité. De grand princes, des guerriers puissants, des prêtres inspirés de Dieu, des chanteurs à la bouche éloquente, des philosophes à la vue claire surgiront d’Allemagne, terre sacrée des dieux depuis l’aube des temps, et renverront les hommes-singes de Sodome dans leurs fers, rebâtiront l’Église du Saint-Esprit, du saint Graal, et referont de la Terre une « Île des bienheureux ». Les temples des curaillons et des marchands de singes s’effondreront, tandis que le château du Graal et l’Église de Jean demeureront jusqu’au retour du Christ ! (Joh. XXI, 23)

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HYIOS – DIEU LE FILS

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Irénée1 donne à Jésus le nom d’« étoile du Plérôme » et Tertullien2 affirme que les Valentiniens appelaient Jésus : Soter, Christ, Verbe (logos), Corbeau d’Ésope, Pandora d’Hésiode, Vasque d’Accus, Vin mêlé de Nestor3 et Mélange de Ptolémée. Dans Num. XXIV, 17, passage célèbre, considéré comme messianique, Jésus est dit être un ange (étoile) qui abattra les pagutu de Moab. Le Christ est un ‘el (ange), un ‘abi-’ad (père des êtres du monde primordial), et un šar-šalom (Is. IX, 6) ; d’après Is. XI, 10, c’est un šoreš. « Je suis la lumière », dit Jésus dans Joh. VIII, 12. Le Christ est l’un de ces êtres qui sont plus anciens que le diable (Ps. CIX, 3). C’est un malki-sedek, c’est-à-dire un des anges qui ne se souillèrent point au péché de Sodome. Paul (Hebr. VII, 3) décrit ainsi la nature angélique du malki-sedek : personne ne connaît son père, ni sa mère, ni le commencement ni la fin de ses jours ; de même que personne ne les connaît non plus pour le phénix. Le Christ est, ainsi que la manne, du « pain » vivant descendu du ciel (Joh. VI, 51). Jésus est une « pierre » (I Cor. X, 4), la « pierre d’achoppement » (Is. VIII, 14) qui a réprouvé les ouvriers des maisons de Sodome (Ps. CXVII, 22 ; Mat. XXI, 42), et à qui la concupiscence était inconnue, comme au phénix. Il est la « pierre » pure, sans travail des mains, c’est-à-dire qu’il a été conçu hors de toute union charnelle (Dan. II, 34). De même, Irénée : adv. omn. haer. IV, 33 dit de la manière la plus claire : « Le Christ, fils de Dieu, se fit homme en admettant en soi la nature du monde primordial (antiqua plasmatio). » Barnabé s’exprime d’une manière semblable dans Ep. VI, où il montre que le Christ est une « pierre ». Origène, profond penseur, dit (hom. II in lib. I Reg.) : « Le Christ est la voie, la porte ; le chemin vers l’arbre de la vie », et il est indiqué dans Hippolyte : ref. 156 : « Le Christ est la vraie ‘porte’, c’est-à-dire l’homme accompli (téléios anthropos). » Dans l’écrit gnostique Acta Johannis, Jésus prend les noms de grâce, foi, sel, perle, trésor, charrue, grandeur, filet, diadème, vérité, calme, gnose, puissance, loi. On appelle encore le Christ l’« indigène » (monogénès), un mot que les gnostiques expliquent par azygos4. Comme le phénix, le Christ est un ennemi de Sodome. Le Christ est un prototokos, c’est-à-dire un homme primordial. Dans le Livre du grand Logos gnostique, il est écrit : « Le premier-né possède un magnifique ‘habit’ ; en lui sont tous les corps, du ‘feu’, de l’‘eau’, de l’‘air’, de la ‘terre’, du ‘vent’, des anges, des archanges, des dieux, des seigneurs, de façon que personne ne l’empêche de monter ou de descendre. » Il est, ainsi que les chercheurs contemporains l’exigent des hominidés, un « être intégral », possédant toutes les formes qui se sont par la suite différenciées. Il est un homme de ce monde, tout en étant d’un monde antérieur (Pistis Sophia). D’après Joh. I, 29 et Apoc., il est le « dieu-bélier », et on continue de le représenter aujourd’hui comme l’agneau de Dieu. Clément d’Alexandrie nous a laissé sur le Christ un hymne magnifique, dans lequel celui-ci est loué comme l’oiseau des oiseaux intacts, oiseau du ciel, poisson chaste, éon inapprochable, lumière éternelle, source de compassion. Philon appelait déjà le Logos : source de vie (pégé zoès), et les Pères notent que le Christ est le mystérieux « poisson » guérisseur. Nous cherchons en vain dans les plus anciennes parties des catacombes romaines une image de Jésus qui corresponde aux actuelles représentations de l’Église. Nous ne trouvons pour le représenter que les hiéroglyphes du poisson (ichthys) et de la colombe (fig. 34)5.

Le plus souvent, le Christ s’appelle « homme divin » (benha-elohim). Nous avons montré que ce sont les anges bons, les Séthites, qui reçoivent ce nom. Pour cette raison, Luc (III), lui seul, dressant l’arbre généalogique du Christ, le fait descendre de Seth et de l’Adam semblable à Dieu de Gen. I, 26, qui n’est pas l’Adam simien de Gen. II. Georges le Syncell : chronogr. pp. 16-19 affirme que Seth était un homme beau et pieux, ainsi que ses enfants, et que cette famille vivait à la manière des anges (sans s’unir charnellement à des créatures de Sodome) dans les hautes régions de la Terre (au Nord ?). Ils étaient, d’après Asc. Is. IX6, sans contact (purs) avec l’habit de « chair », c’est-à-dire qu’ils ne s’unissaient pas avec le sarx, créature de Sodome. Dans Ez. II, 1, Ézéchiel est appelé un « homme divin ». Les fils de Dieu doivent sacrifier à leur père des anthropoïdes (Ps. XXVIII, 1). C’est également un fils de Dieu qui descend auprès des trois jeunes gens dans la fournaise de la bestialité, pour les aider à se garder du feu lubrique de Sodome ; Jérôme considère même qu’il s’agit d’un « Christ ». Les fils de Dieu sont la personnification vivante d’une origine anthropologique supérieure. C’est ce qu’affirme notamment I Thess. V, 5 : « Vous êtes tous des fils de la lumière et du jour » ; Jérôme traduit en cet endroit « jour » par « Dieu ». Les Naasséniens, qui avaient parfaitement compris le sens anthropologique de ce passage ainsi que de Ps. LXXXI, 6, apprenaient à leurs fidèles à devenir les fils du Très-Haut en quittant l’Égypte, le pays de la bestialité, en renonçant à l’« union inférieure » et en aspirant à rejoindre Jérusalem, l’« union supérieure »7. D’après Apoc. II, 18, les fils de Dieu ont des pieds semblables à ceux de l’électron. Dans la Kabbale, l’homme céleste est la plus parfaite révélation de Dieu. La notion de « fils de Dieu » ou d’« homme-dieu » n’est en aucun cas propre à la religion judéo-chrétienne. Justin : apol. I, 12 défend la nature à la fois humaine et divine du Christ en signalant que les païens parlent eux-mêmes de fils de Zeus. Dans Homère, les héros sont la progéniture de Zeus (Od. IV, 61 ; XV, 455), de même qu’ils sont les fils des Ases chez les Germains.

Que le Christ ait réellement vécu n’est guère douteux après tout ce qui vient d’être dit. Il n’y a pas eu, à vrai dire, un seul homme-dieu, mais de nombreux hommes-dieux8, dont le Christ fut toutefois l’un des derniers. Joh. I, 14 affirme qu’il a contemplé sa « gloire » (kabod ou tamunah) et qu’il a touché la parole de la vie de ses propres mains (I ep. Joh. I, 1). Et le Jésus dont parle Ignace : ad. Magnesios, XI et ad Ephes. XVIII ne peut s’entendre que d’une personne historique.

Après que, dans la petite ville de Nazareth, l’ange Gabriel rendit visite à Marie, celle-ci tomba enceinte sans l’intervention d’aucun homme. Tout près de Nazareth se trouvait Scythopolis, qui était manifestement une colonie de Scythes. Le Coran XIX, 17 raconte ces événements de manière concordante : « Nous lui envoyâmes Notre Esprit, qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait (téléios anthropos !). Je suis un messager de ton Seigneur venu te faire don d’un fils pur. Elle dit : Comment aurais-je un fils alors qu’aucun homme ne m’a touchée et que je ne suis pas une prostituée ? Il dit : Il en sera ainsi ! Cela m’est facile, a dit ton Seigneur. Et nous ferons de lui un signe pour les gens. Elle tomba donc enceinte et se retira avec l’enfant en un lieu éloigné. » Les Séthiens sont encore plus clairs : « Le Logos (Verbe) parfait, venu d’en haut, se rendit semblable à la lumière du serpent (toï théroï toï ophéi) pour délivrer l’esprit (noys) parfait des chaînes qui lui furent apposées sur le giron impur de l’essence originelle (prototokos) de l’eau (pagu), du serpent et de la créature ailée (issuri, diable). » Joh. I, 14 dit la même chose de manière à la fois belle et concise : « Le Logos a été fait chair (de Sodome). » Si nous n’admettons point ces choses, nous ne pouvons comprendre que les Ophites et les Naasséniens adorassent le Christ comme le bon Serpent, ni que les Ébionites pussent prendre le Christ pour un ange. On comprendrait tout aussi peu l’antique reproche que les Romains et les Grecs païens adressaient aux premiers chrétiens, qu’ils accusaient de pratiquer le culte des bêtes. D’après la source juive Maaseh Jeśu (Codex strasbourgeois)10, Marie fut fécondée tempore catameniæ11 par un « fils de Pandera » (la Pandora d’Hésiode ! cf. Penu-el), qui était un « être de lumière » (iepah, cf. Japhet, Japet, Jéhovah). C’est pourquoi le Christ est un mamzer, c’est-à-dire un métis, et un rešar, c’est-à-dire un homme premier. Celse parle même d’une moïchéia de Marie. Le Coran IV, 155 rejette avec indignation l’affirmation selon laquelle Marie aurait forniqué, preuve que Mahomet n’était pas un ennemi du Christ. Pour les ennemis du Christ, l’union avec un ange pouvait effectivement être considérée comme moïchéia, car il existait aussi des anges impurs. Hraban Maur dit explicitement que les juifs appelaient le Christ un ussum ha-mizri (« bouc égyptien »). Ussum = ‘ašimah (homme-singe). Les ussumgalli, « vipères néfastes », figurent déjà dans les textes cunéiformes en tant qu’hommes primitifs12. Hraban Maur traduit ussum par dissipator. Le mot désigne manifestement quelque chose de semblable au mamzer d’Asdod dans Zach. IX, 6, que Jérôme traduit par separator. Asdod était située dans les proches environs d’Ascalon, sanctuaire d’Aphrodite Ourania (Her. I, 105), qui est l’ange sémitique, comme nous l’avons montré. Mamzer = métis ne doit nullement être compris comme un terme d’injure. L’Église a elle-même établi en dogme la double nature du Christ. Le Christ enseigne (Joh. VIII, 23) : « Vous êtes d’en bas (des créatures de Sodome) ; moi je suis d’en haut. Vous êtes de cette race ; moi je ne suis pas de cette race. »13 Le Christ est un homme archaïque électrique parce qu’il est un « Logos ». Avant même qu’Abraham ne fût, sa race était déjà ! (Joh. VIII, 58) Il prit l’aspect d’un simplet14 et ressemblait à un udumu (Phil. II, 7). Mais le Christ ressemblait aussi aux « nuages » et à l’« air », car Paul n’aurait pu dire, autrement, que nous serons enlevés dans des « nuages » et dans l’« air » à la rencontre du Seigneur (I Thess. IV, 16)

Les principes que professait Arius sur le Christ sont riches de sens. Arius doit être écouté d’abord parce que son opinion éclairée devint la religion des Germains avant que ceux-ci ne fussent soumis à Rome par l’épée des Francs. Le Logos (Christ) n’est pas à proprement parler Dieu, mais une créature (ktisis). Il n’en est pas moins placé au-dessus de toutes les créatures ; c’est un être intermédiaire (mésitès)15 entre elles et Dieu. Il n’est donc permis d’appeler le Logos Dieu que de manière relative. Cette opinion continue de produire de l’effet parmi les Germains : dans le Psautier de Pollinger, par exemple, l’homme céleste Jésus-Christ, le Logos, est représenté assistant à la création de l’homme terrestre, comme un ange16. Les Naasséniens concevaient Jésus comme cet homme archaïque (archanthropos) également vénéré dans les mystères de Samothrace17.

Si Jésus est un ange, il doit avoir lui aussi possédé une énergie électrique. Lorsque la femme souillée par ses règles le touche, il remarque son état et dit : « J’ai senti qu’une force était sortie de moi. » (Luc. VIII, 46) Il peut lire les pensées secrètes de ses disciples et amis, et lit l’avenir (Mat. XXVI, 23 ; Marc. XIV, 13 ; Luc. XXII, 10). Il se montre dans une lumière transfigurée sur le mont Tabor (Marc. IX, 2 ; Mat. XVII, 9), dans une lumière rayonnante lors de la première Pentecôte (Act. II), et jette Paul à terre par une décharge électrique (Act. IX, 3) ; il ne peut s’agir là d’un phénomène naturel courant ni d’une vision. Jésus parle ensuite à Paul ; c’est de cette rencontre et de la manière dont elle s’est déroulée que Paul reçut sa vocation d’apôtre. Dans la vie de Jésus écrite en araméen18, nous lisons le passage suivant : « Jésus répondit à Tibère : Je suis fils de Dieu, je blesse et je guéris, et lorsque quelqu’un meurt19, je murmure à son oreille et il vit. Je fais que la femme ne pouvant enfanter tombe enceinte sans être touchée d’aucun homme. Tibère dit alors : Je veux t’éprouver dans ce que tu dis. J’ai une fille qui n’a pas encore connu l’homme… On la fit venir. Jésus murmura à son oreille et elle tomba enceinte. » L’évêque de Lyon Abogard rapporte le même récit dans son écrit De la superstition des juifs (ca. 830) et ajoute que la vierge mit au monde une « pierre ». D’après les Évangiles apocryphes, le Christ donne la vie à des oiseaux d’argile. Bochart : Hiérozoikon III, 117 considère toutefois que ces oiseaux sont des sortes de chauves-souris et mentionne le tinšemet et le kyknos (cygne). Si quelque doute subsiste encore quant au fait que les Anciens voyaient dans le Christ un être électrique, il sera dissipé par le passage suivant, tiré de la Pistis Sophia : « La lumière dont Jésus était entourée provenait de la source originelle de toute lumière ; elle provenait du dernier mystère. Le Seigneur disparaissait souvent complètement dans cette abondance de lumière, si bien que les disciples ne pouvaient plus discerner où il se trouvait ni qui il était, tant leurs yeux étaient éblouis. Les rayons qui émanaient de lui étaient de toutes sortes, de la couleur du soleil à son lever à celle du bleu de l’azur. » Ce qui signifie que la lumière émanant de lui était celle des couleurs du spectre, du rouge incandescent au violet froid ; il avait l’apparence de la messagère des dieux Iris. Alors qu’il est aujourd’hui prouvé que certaines maladies de la peau peuvent être guéries par le biais de rayons, pourquoi le Christ n’aurait-il pu guérir les lépreux ? Son pouvoir semble avoir été plus fort au crépuscule, car il est dit que les malades lui étaient amenés au coucher du soleil (Marc. I, 32).

Ce n’est cependant pas ce pouvoir de guérison qui distinguait Jésus, car les démons possédaient le même. Ses signes les plus grands et les plus prodigieux furent dans son combat contre les monstres de stupre. C’est parce qu’il devait combattre ces derniers que les trois mages aryens vinrent le saluer, car d’après Is. XIII, 17 ainsi qu’Hérodote I, 131 et suiv. les Perses et les Mèdes étaient, au moins en partie, ennemis de Sodome. Jésus empêcha à Cana une orgie avec des vases de Sodome, c’est-à-dire avec des pagutu (Joh. II). Il débarrassa le Temple de ses marchands, qui trafiquaient les marchandises de Sodome. Il cherchait même ses disciples parmi ceux qui faisaient leur profit de telles marchandises, chez les « pêcheurs ». Le commerce des pagutu et autres singes de plaisir était très lucratif, et nous apprenons d’Hérodote20 que de tels marchands, les « chevriers », étaient très appréciés en Égypte. Les Évangiles ont été écrits par des hommes riches et cultivés, possédant une grande expérience de la vie et une bonne connaissance des langues. En tant que marchands de pagutu prospères, les Apôtres étaient nécessairement versés dans les langues étrangères, notamment le grec, qu’ils parlaient et même écrivaient. Jean peut donc fort bien avoir écrit l’Évangile qui porte son nom.

Jésus convainquit de l’infamie de sa conduite la Samaritaine qui se rendait au puits de Jacob pour folâtrer avec des pagutu. « Ô Seigneur, donne-moi l’eau de la vie », supplia la femme. « Cherche-la auprès d’un homme de l’espèce humaine », fut la réponse de Jésus (Joh. IV, 16). Le peuple et une nombreuse foule d’hommes-singes21 accompagnaient Jésus lorsqu’il accomplit le « prodige » de la multiplication des pains. Il mit le peuple à l’épreuve en faisant passer parmi la foule cinq śeirim (pains de blé) et deux pagutu (poissons). Personne n’en eut envie après le saisissant sermon du Seigneur, et on livra même aux Apôtres tous les singes de plaisir, qui étaient en grand nombre.

Mais les plus grands de tous ses « signes » furent sa passion, sa mort et sa résurrection. Il est devenu par elles le modèle et l’exemple de tout homme noble, à toutes les époques. La Passion commença dans le jardin de Gethsémani, c’est-à-dire dans le bois des šemanim (huiles de Sodome). Jésus passa ensuite par Gabatha22, la ville des boynoï, pierres de Sodome. Enfin, on l’emmena sur le Calvaire, au lieu du Kranios (Job. XIX, 17). Les Syriaques disent : kar kopto. Kranios était le fils de l’homme archaïque Képhalos. Pausanias III, 20 mentionne un jardin de Kranios en Laconie. Le kop des Syriaques est fort parlant et renvoie aux hommes-singes.

Après avoir subi différents supplices, Jésus fut « crucifié ». Dans les Acta Johannis, on peut lire que les choses que souffrit Jésus n’ont pas été dites et qu’il n’a pas souffert celles qui ont été dites. Dans Num. XXV, 4, des hommes archaïques (r’aše ha-’am)23 sont « mis en croix » en l’honneur d’Hélios (Semes, qui est ici Jéhovah). Sym. parle de « mise au bûcher ». Manifestement, « mise en croix » et « mise au bûcher » sont la même chose. La Septuaginta ne dit pas « crucifier » mais « brûler » (g. héliazein) (de même II Reg. XXI, 9 ; Esth. IX, 13). La « crucifixion » consistait en réalité en ceci que l’on attachait à des ais24 de sauvages et féroces bêtes de Sodome afin de pouvoir forniquer sans risque avec elles (cf. Job. XL, 24 ; Thren. IX, 13). On liait également des hommes pour les livrer aux hommes-singes lubriques. Tel était le martyre des premiers chrétiens (Pastor Hermæ. III, 2), et tel fut aussi le martyre de Jésus. Ni les sources scripturaires ni les fouilles ne viennent en aucune manière corroborer notre conception actuelle de la crucifixion, qui voudrait que son corps eût été cloué sur une croix. C’est au VIIIe siècle seulement qu’apparurent de telles représentations. La plus ancienne scène de crucifixion, qui ne paraît d’ailleurs même pas devoir être nécessairement rapportée à Jésus, est le crucifix blasphématoire du Palatin (fig. 39). Sur cet objet, nous voyons un anthropoïde attaché sur des ais en forme de T, nu, couvert d’un simple pagne ne dépassant pas les parties génitales. Sur des griffonnements muraux de Pompéi25, les chrétiens sont associés aux hybrides des ânes, c’est-à-dire aux mulets (mulus ! mamzer !)26. Le livre juif Maaseh déjà cité rapporte tout de la même manière que les Évangiles et ajoute que les « bûches » (créatures de Sodome) ne voulurent tout d’abord pas approcher de Jésus et que c’est le « pied de chou » (kerub) qui le maîtrisa le premier. Hraban Maur raconte de manière concordante que les juifs délièrent peu de temps après Jésus de ses ais [bûches] et le placèrent dans une fosse, en un lieu qui s’appelait le jardin des « pieds de chou ». Il n’est nullement question d’une véritable mort, pas plus que dans les Évangiles. Jésus « meurt » comme le phénix et le cygne, « en poussant un grand cri » (chant du cygne) et en « expirant son esprit » (Mat. XXVII, 50 ; Marc. XV, 37 ; Luc. XXIII, 46 ; Joh. XIX, 30). Que l’expression « expirer l’esprit » du langage biblique signifie la même chose que notre actuel « expirer » (mourir) reste à démontrer. Le tableau complet de la mort de Jésus ne se laisse pas non plus expliquer au plan théologique. Pousser un cri et recommander son esprit à Dieu n’est ni héroïque ni divin. Luc. XXIII, 46 affirme que Jésus fut vaincu par un ‘ab (père) = ibis. Le ‘ab est le « pied de chou » des sources juives. Le mot h. kerub = pied de chou = cherub nous permet à lui seul de conclure à une créature issuru. Dans le jardin de Gethsémani, Jésus fut en réalité réconforté par un ange (Luc. XXII, 43). – Les Pères disent fréquemment que la passion du Christ est annoncée et décrite dans le Ps. XXI. On peut y lire au v. 21 : « Sauve mon âme du chereb. » La traduction grecque, avec romphaïa, renvoie clairement à l’épée de feu des chérubins de Gen. III, 24.

Le Christ devait être déshonoré par les gobelins de Sodome. S’il y avait consenti, s’il avait succombé à la tentation, son enseignement en eût reçu un coup fatal. Les plus anciennes représentations des catacombes confirment mon hypothèse, alors qu’elles constituent une énigme indéchiffrable pour l’interprétation actuellement la plus courante de la Bible. Nous voyons dans les catacombes de nombreuses images de l’homme européen noble et beau représentant Daniel face aux monstres de Sodome (et non face aux lions : voyez fig. 40 et 42). La face du Schiechling de la fig. 42 (sarcophage de Junius Bassus) rappelle notamment celle des nains immondes des peintures murales de Pompéi (fig. 43)27. Il n’est pas rare non plus de voir Jésus représenté sous les traits d’Orphée, charmant les animaux28 (fig. 41). Il est de même étrange, mais désormais parfaitement compréhensible, que Jésus apparaisse sous les traits d’Ulysse, attaché à un mât tandis que les sirènes tentatrices cherchent à l’envoûter (fig. 35)29. La passion du Christ fut un combat contre les monstres de Sodome, une thériomachie. Nous lisons dans Ps. XXI, 13 que le Messie est cerné par les abominations de Basan, et Eusèbe dit explicitement que Tibère excita contre le Christ une horde de Basan. « Délivrez-moi de la main du chien », supplie le Christ torturé (Ps. XXII, 21). Seuls des êtres semblables aux hommes ont des mains !

Les passages messianiques doivent être interprétés de la façon suivante. Il y eut déjà dans les temps plus anciens des « oints », des anges bons, des prophètes, et leur sort à tous a été le même : on a toujours cherché à se débarrasser de ces déplaisants ennemis de Sodome en les livrant à la lubricité des hommes-singes. Mat. XX, 19 confirme les sources extrabibliques. Le Christ devait être livré à la racaille. D’après Is. LIII, 2, le Sauveur est déshonoré par les bezah, et dans Marc. XV, 28, il est même compté parmi les malfaiteurs de Sodome (pase’im). D’après Joh. XIX, 29, on lui tend un vase de Sodome, et dans XX, 25, il montre aux disciples les blessures que lui ont faites les griffes des bêtes. Le Sauveur a été crucifié par des hommes archaïques, affirme Paul I Cor. II, 8. Les Apôtres devaient, tout comme le Christ, combattre les bêtes prostituées. Paul se vante d’avoir affronté les bêtes (I Cor. XV, 32) et de porter sur son corps les mêmes signes que le Christ (Gal. VI, 17). Jean et Jacques boiront la coupe du Seigneur (Marc. X, 38). Jean a bu la « coupe de la vipère », c’est-à-dire la coupe de Sodome, sans mourir. Les chrétiens considéraient les marques laissées par les morsures des bêtes de Sodome comme le plus bel ornement30.

Nous avons vu à plusieurs reprises que les anthropoïdes vivaient dans des cimetières. Ils prirent encore, de ce fait, le nom de « morts », et « être enterré » signifiait « se rendre auprès des bêtes de Sodome ». Il est curieux que personne n’ait encore porté attention au fait que, selon le Credo, le Christ après sa mort descendit « sous terre » (hypochthonioï). La mort se dit en h. mut ou peger. Le Beelphagos = pagu. Beelphagos est également = Beelphagor. Les écrits cunéiformes mentionnent à côté des créatures de Sodome les maisons-pagre ; et dans Jer. XXXI, 40, peger signifie g. phagadeim = pagutu, l. cadavera (mort). Dans un texte cunéiforme, il est dit que le roi du Hatti incendia une cité, consumant ses dieux et ses hommes-muti31. Lev. XXVI, 30 parle des « cadavres des idoles », Jer. XXXIII, 5 des « cadavres-udumi », I Reg. XVII, 46 des « cadavres des camps ». La Parva Genesis XXII, 18 écrit mortui (morts), là où le Livre des Jubilés parle d’« imbéciles ». Dans Is. LIX, 10, les morts (mutim) ont une démarche peu assurée. Ps. IX, 15 et Sap. XVI, 1332 parlent des sa’are-mavet (portes de l’Hadès). Nous comprenons à présent la tournure de la nouvelle Alliance « goûter la mort » (Mat. XVI, 28 ; Marc. VIII, 39). Dieu n’est pas un Dieu des morts mais un Dieu des vivants (Mat. XXII, 32). L’udumu périt de la mort de Sodome en raison de l’union avec le nachaš (Gen.III, 3). Tertullien appelle les hommes archaïques, dans de resurr. carnis XXXVII, les « morts ». Que les nécropoles aient été des lieux de bestialité est un fait avéré par Is. XIV, 20 ; XXVI, 19 ; LXV, 4 ; Baruch VI, 17 ; Malach. IV, 2. Les hommes-singes erraient à travers les sépultures, nous apprend Mat. VIII, 28 ; Marc. V, 2 ; Luc. VIII, 27. Et nous comprenons aussi, à présent, que « ceux qui sont dans les tombes » entendissent la voix du fils de Dieu et pussent renaître. « Renaître de la mort » signifie « quitter les catacombes de Sodome », « renoncer à la bestialité ».

Avant d’avoir donné un exemple avec sa propre résurrection, le Christ ressuscita de nombreuses autres personnes, telles que Lazare. Rejetez la « pierre de Sodome » loin de vous : tel est le commandement du Sauveur par lequel il aida Lazare à se « relever ». Dans La Résurrection de Drusiane et de Calimaque de Roswitha de Gandersheim, un serpent abominable s’échappe de la crypte, et Jean le bannit. Chez les Égyptiens, le singe était le dieu de la mort. Exorciser le diable doit donc être littéralement et factuellement entendu dans le sens de chasser l’objet des voluptés bestiales. Ainsi Jésus chassa-t-il sept démons lubriques loin de Marie de Magdala (Luc. VIII, 2). Les Apôtres firent de même dans leurs voyages apostoliques. Parce qu’ils retiraient aux hommes et aux femmes leurs plus grands plaisirs charnels, la rancune des Grecs, des Romains et des Orientaux zoophiles, ainsi que les persécutions qui s’ensuivirent, se conçoivent aisément.

Si les tombes de Sodome étaient un objet de chute pour beaucoup, la mise au tombeau de Jésus fut glorieuse (Is. XI, 10). Jésus ne demeura point parmi la vermine bestiale des hypogées, il triompha de la pierre tombale de Sodome et de ses gardiens33, il rejeta le suaire de Sodome34 loin de lui. Il est curieux que Madeleine confonde Jésus, après sa résurrection, avec le Képoyros = Priape ; cela confirme le fait que le Christ possédait l’apparence d’un archanthropos. Et Tertullien : de resurr. carnis VI dit que l’homme céleste de Gen. I, 26 est à l’image du Christ. « Lève-toi, Seigneur… Tu as brisé les dents des reša’im.35 » (Ps. III, 8) Il est manifestement question ici des anthropoïdes pourvus de crocs.

Le grand mystère du christianisme, la Trinité, se dévoile à présent à nous comme une grandiose anthropologie. Le Père, l’Esprit et le Fils sont les trois étapes de l’évolution de l’homme supérieur (l’homme blanc). Ce sont trois prosopa, trois formes, trois faces ; elles sont toutefois unies. Le « Père » est l’étape la plus ancienne ; l’« Esprit » est déjà plus jeune, tandis que le « Fils » se rapproche dangereusement d’une espèce où triomphe la nature de l’udumu. – Du sein de l’espèce humaine doit advenir la nouvelle résurrection, et la résurrection de Jésus n’est autre que l’adieu de Tannhäuser à la Dame Vénus du Hörselberg.

Les Évangiles ne disent absolument rien quant à la mort du Seigneur. Jésus disparut dans les « nuages », c’est-à-dire que, comme il le fit avant le début de sa prédication, il se retira dans le désert, chez les issuri (« nuages »). Il revint même deux fois après l’« Ascension » : la première fois (Act. II) pour fortifier la communauté réunie des Apôtres ; la seconde pour apparaître à Paul dans toute sa splendeur et transformer le persécuteur enragé en ardent prêcheur de sa passion exemplaire, de sa mort et de sa résurrection36.

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EKKLÉSIA – LA COMMUNAUTÉ DE DIEU

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Ne cherchons nulle part ailleurs qu’en nous-mêmes le « feu de l’enfer ». L’humanité tout entière – y compris les pays germaniques – meurt aujourd’hui de la mort de Sodome ; elle se noie dans le calice aux mélanges de la prostituée de Babylone, qui lui a sucé la moelle des os et la cervelle du crâne. Nous savons que le feu de Sodome est le diable, l’homme-bête ; il est dans la Géhenne, il est la mite2 qui ne meurt jamais (Marc. IX, 43). Dans L’Enseignement des Apôtres XVI, il est dit qu’à la fin des temps, l’humanité sera éprouvée par le feu. Tous les rejetons de Sodome, tous les hommes-singes se consumeront eux-mêmes dans le feu de la prostitution. La concupiscence charnelle qui est le fruit du sang simiesque, de l’« eau d’ivresse », est le feu qui ne s’éteint pas ; elle est l’enfer dans lequel l’humanité, criant et grinçant des dents, périt. Mes amis, le jour du « jugement dernier » (krisis), c’est-à-dire de la division des hommes, approche ! Les anges ne sont pas encore visibles qui faucheront cette moisson humaine, mais que celui qui a des oreilles les entende battre leurs faux pour la fenaison des peuples. Krisis, que l’on rend par « jugement », signifie en réalité « séparation », « sélection ». Le Christ, l’homme divin, l’homme blanc de l’avenir rendu à sa pureté et transfiguré, séparera ceux de la droite et ceux de la gauche. « Jésus est venu apporter la division » (Luc. XII, 51), et il reviendra lorsque l’homme de Sodome aura paru (II Thess. II, 3). Le temps est venu ! La progéniture de Sodome en Asie mineure et tout autour de la Méditerranée est lamentable et délabrée. La contrée paradisiaque de jadis est saccagée et pillée, comme un champ de maïs dans lequel a stationné une horde de singes chapardeurs. Nos corps sont croûteux de partout, udumifiés, pagutifiés, baziatifiés. Jamais l’existence de l’homme n’a été aussi misérable, en dépit de toutes les acquisitions techniques. Des anthropoïdes diaboliques nous accablent depuis le sommet, faisant exterminer sans scrupules des millions d’êtres humains dans des guerres meurtrières dans le seul but de se remplir les poches, tandis que d’autres anthropoïdes féroces secouent à la base les piliers jusque-là solides de la culture. L’humanité, aussi putride que Lazare, répand déjà les miasmes de la mort sodomique. Que demandez-vous encore un Enfer dans l’au-delà ! Celui dans lequel nous vivons et qui brûle en nous n’est-il pas assez affreux ?

À nouveau la créature attend avec angoisse la venue de l’homme divin (Rom. VIII, 19). Cette grande tribulation annonce l’avènement du « royaume des cieux » (basiléia ton ovranon, ou bien toy théoy). Quand adviendra-t-il ? La Sibylle II, 25 nous le dit : « Il y aura une telle pénurie d’hommes que toute trace de pas humain paraîtra un prodige… Alors Dieu, qui réside dans les cieux, apparaîtra de nouveau à l’univers pour sauver les hommes. Une paix profonde régnera, les mœurs seront clémentes et raisonnables, et la terre féconde donnera de nouveau des fruits, quand elle ne sera plus divisée ni asservie. En chaque port, en chaque rade, l’homme pourra circuler librement comme autrefois. » Le « règne des cieux » est donc une notion toute terrestre : c’est un État idéal, social, racialiste et eugéniste ! Origène : de princ. II, 11 dit clairement que le royaume des cieux = cœli = sphæræ = locus æris, donc les anges, les hommes angéliques. Le royaume des cieux implique des institutions racialistes-eugénistes. C’est ce qui ressort d’un Logion Jesu, dans lequel nous lisons : « Il y a un mélange qui conduit à la mort et un autre qui conduit à la vie. » Si nous voulons que des hommes angéliques assument le pouvoir, améliorons le corps humain par la sélection et par tous les autres moyens d’adaptation que nous découvrirons lorsque nous aurons davantage cherché ; un meilleur « milieu » nous sera donné par surcroît (Mat. VI, 33). Comprenons que le royaume des cieux est en nous (Luc. XVII, 21) ; l’enfer et le ciel habitent nos corps ! Vous êtes des dieux, clame Jean (X, 34), le plus grand des apôtres, qui survivra à l’Église de Pierre (XXI, 23). Vous êtes des dieux, dit encore Ps. LXXXI, 6. « Combien de temps devrai-je vous supporter ? » demande Jésus dans le livre gnostique de la Pistis Sophia. « Ne savez-vous pas, ne comprenez-vous toujours pas que vous êtes tous des anges, des archanges, des seigneurs et des maîtres, que vous êtes tous le grand indéterminé et le milieu de toutes racines, que vous êtes de la droite, que vous êtes les grandeurs, le rayonnement de la lumière (phos). Vous êtes tous du même mélange… Amen, je vous le dis, l’espèce humaine est issue de l’hylé (bois de Sodome). Je me suis démembré, je leur ai enseigné les mystères de la lumière afin de les purifier… Ne cessez jamais, ni de jour ni de nuit, de rechercher les mystères purificateurs jusqu’à ce que vous les trouviez. » « Nous devons nous délivrer de ce qui est laid : ‘caresses’, ‘vilénie’, ‘saleté’, ‘adultère’. » « Efforcez-vous de vous connaître vous-mêmes, et il vous sera donné de comprendre que vous êtes les enfants du Père. » (Logia Jesu) Oui, nous sommes les « enfants de Dieu » dans le sens le plus absolument littéral ; nous sommes enfants de sa semence, de sa chair et de sa moelle. Le mystère purificateur est l’élevage sélectif pratiqué par Dieu depuis l’aube des temps. Dans le Midrasch Rabba I, 9, il est dit que Dieu a détruit et recréé des mondes. Les mondes précédents ont été anéantis parce que Dieu n’y demeurait point. « Où sont les géants des origines ? Dieu n’a pas voulu en faire ses élus, car ils étaient dépourvus d’entendement. » (Bar. III, 16, 27) Oui, Dieu vit en nous, mais il vit dans une peau d’homme-singe ; il est enveloppé dans le suaire de Sodome, tel une momie dans ses bandelettes. Il n’est pas mort, il dort seulement, mais le jour viendra – et il n’est plus très loin – où, comme le Christ, il sera ressuscité. Malheur, ce jour-là, aux pierres de Sodome, qu’il brisera pour bâtir son Église. Dieu est la race purifiée !

L’homme actuel a une double origine : il vient d’en haut et d’en bas. Ainsi Ovid. met. I, 78 dit-il : « L’homme naquit : et soit que l’architecte suprême l’eût animé d’un souffle divin, soit que la terre (udumu) conservât encore, dans son sein, quelques-unes des plus pures parties de l’éther (issuru !) dont elle venait d’être séparée », l’homme possède en lui des parcelles de divinité. Car la « terre » (udumu) mêla le fils de Japet avec de l’« eau » (pagu) et le façonna à l’image des dieux, gardiens de l’univers. De même, l’Edda évoque l’union des Ases, les dieux clairs, avec les Vanes, dieux de l’eau. Héraclite dit fort justement : « Les hommes sont des dieux, et les dieux des hommes ; c’est un grand mystère que Dieu soit en l’homme, et l’homme en Dieu. » (Clém. Al. : paed.) Déjà Platon, dans le Théétète, et Philon après lui, affirment que la finalité de l’homme est l’union avec Dieu. L’homme de l’avenir doit redevenir divin ; simplement, nous ne savons pas encore à quoi nous ressemblerons (I Joh. III, 2).

La renaissance de l’homme est conçue par Jésus de manière purement corporelle. Nos corps sont le temple de Dieu (I Cor. III, 9 ; II Petr. I, 1 ; Apoc. XXI, 1) ; ils sont les membres du surhomme à venir (I Cor. VI, 15) qui se forme en nous (Phil. III, 21). Dans le Credo même, nous trouvons la croyance en la résurrection de la « chair » ! Deux savants aussi renommés que Wiedersheim et Metschnikoff sont d’avis que l’homme du futur sera différent de l’homme actuel, qu’il sera même tout aussi différent de nous que l’était l’homme du passé. Si les anthropoïdes ont presque complètement disparu en l’espace de mille ans et qu’ils ne se perpétuent plus aujourd’hui que sous des formes abâtardies dans les hommes, nous voyons en même temps de nos propres yeux des races entières anéanties par la poussée de l’homme blanc ! L’amélioration de l’homme se réalise dans l’ekklésia, c’est-à-dire au sein de la communauté des élus. Les premiers chrétiens se donnaient couramment le nom d’« élus » (II Joh. I).

Clément d’Alexandrie strom. 417 compare l’Église aux différentes utopies politico-sociales des Anciens : à l’État des Hyperboréens (sic ! Germains !), à celui des Arimaspes (encore des Germains !), aux Champs élysées, à l’État de Platon (encore l’homme blanc !)3. Le passage IV Esdr. VIII, 1 dit très clairement : « Le Très-Haut fit cette génération d’hommes nombreuse, mais il fera la prochaine peu nombreuse. » « Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. » (Mat. XXII, 14). L’enseignement de Jéhovah et de Jésus est dur, et pourtant plus joyeux et plus doux que celui des zélateurs. Jésus insiste sur le fait qu’il ne souhaite en rien modifier la Loi de Jéhovah (Mat. V, 17) ; disparaisse le ciel et la terre plutôt qu’un seul iota de la Loi. Celui qui se sépare d’une femme de son espèce et prend une femme « étrangère », une femme d’une espèce inférieure, se prostitue (Luc. XVI, 17). Les enseignements de Jéhovah et de Jésus sont des religions sans dogmes ni commandements moraux ; ils disent toujours : « Si vous faites cela, vous l’expierez en cette vie même. » L’erreur des contemporains est de vouloir rendre l’humanité heureuse par des lois. L’homme meilleur se dote nécessairement de lois meilleures ; elles sont profondément ancrées en lui, sur les « tables de chair, sur les cœurs ». Les lois ne servent à rien car la vertu ne s’acquiert pas, elle est innée. Jésus a seulement deux conseils à donner (Mat. XXII, 37 ; Joh. XIII, 35) : « Aime Dieu et ton prochain. » Aime seulement le Dieu très-haut, unique, l’ancêtre de l’homme blanc. Le second commandement est identique au premier, car il ne s’agit pas d’aimer et de servir ce Dieu vivant et personnifié par des pratiques, des prières et des jeûnes purement externes, mais seulement de l’aimer en aimant son « prochain », c’est-à-dire en ayant des rapports sexuels avec qui appartient à la même espèce. Il hait et insulte Dieu, celui qui engendre, avec des êtres inférieurs, des enfants qu’il projette ainsi des siècles en arrière. Aime ton « frère », tel est le principe évangélique le plus fondamental. Dans une ancienne scholie à Clément d’Alexandrie (III, 414), le « frère » est interprété comme celui qui est semblable en raison de son origine ! Paul se donne à voir comme apôtre et disciple de Jésus en ce qu’il emmène partout où il se rend une « soeur », c’est-à-dire une femme qui lui sert d’épouse et d’amante, exactement comme le fait Pierre (I Cor. IX, 5). Oui, la Bible tolère même davantage la consanguinité et l’inceste que le péché de Sodome. Elle ne blâme nullement Tamar qui se donne à Juda pour obtenir des enfants (Gen. XXXVIII).

L’amour du prochain dans le sens où nous l’entendons est inconnu de la Bible. Le Christ apporte le glaive4, le feu, la division5 ; celui qui n’a pas d’habit de noces sera rejeté6 ; à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a (Luc. XIX, 26) ; les « chiens » restent dehors7. L’enfer, au simple point de vue de la théologie, est en contradiction avec un Dieu qui prêcherait l’amour du prochain ! IV Esdr. IX, 22 paraît sévère et dur lorsqu’il dit : « Les troupeaux nés sans terre disparaissent. Il me reste les grappes nobles, le fruit de mon travail, que je mène à maturité avec une attention de tous les instants. » Nous lisons dans un écrit gnostique : « Vous êtes depuis l’origine immortels… et vous avez souhaité répartir Thanatos8 (anthropoïde) entre vous, pour l’user et l’épuiser afin qu’il meure en vous et par vous, car si vous dissolvez le monde (le monde des anthropoïdes) sans vous dissoudre vous-mêmes, vous deviendrez les seigneurs de la création et de toutes les choses passées. » Lorsque l’homme divin aura été créé par sélection eugénique, il décomposera tout et annexera tout ce qui lui est utile (Joh. XII, 32). La culture n’est guère possible sans l’esclavage (Col. III, 22) ; c’est pourquoi Jésus, dans le papyrus d’Oxyrhynque10, parle ainsi : « Vous demandez qui sont ceux qui vous conduisent vers le royaume… Ce sont les oiseaux du ciel et tous les animaux qui sont sur la terre et sous la terre, ainsi que les ‘poissons de l’eau’. Le royaume des cieux est en vous et celui qui se connaît soi-même le trouvera. » Ce que les hommes nobles, et les Germains avant tous les autres, ont apporté à l’humanité en valeur intellectuelle, les êtres inférieurs doivent à présent le rembourser par le travail de leurs mains, comme l’intérêt de l’intellect. Je ne pense pas tant, en disant cela, à la sujétion des races de couleur ou de l’homme germanique, mais plutôt à la production d’une nouvelle sorte d’esclaves, dotés de nerfs grossiers et de bras solides, et qui posséderaient en outre un entendement limité. Cette espèce accomplirait à notre service les travaux pour lesquels des machines ne peuvent être inventées. L’avenir nous dira dans quelle mesure les singes vivant actuellement peuvent être utilisés à de telles fins. Cela peut paraître cruel. Cependant, on ne fait que se payer de mots avec le bavardage de l’amour chrétien du prochain. Comme si nous ne savions pas, par des milliers de documents, que les papes, les évêques et les abbés achetaient et échangeaient leurs « serfs » comme de la marchandise. Les pratiques de l’Église sont là dans une contradiction insoluble avec sa doctrine ! Quand l’Église elle-même a permis l’esclavage, pourquoi voulons-nous être plus papistes que le pape ? L’égalité complète est une absurdité ! Si les richesses de la terre étaient partagées entre 1 600 millions d’individus, il reviendrait à chacun, dans le meilleur des cas, un pagne pour se vêtir, un terrier pour s’abriter et une poignée quotidienne de fruits pour se nourrir ! La question sociale n’est pas une question d’estomac, mais une question raciale. Or, justement, dans l’opinion des socialistes, les quelque dix mille hommes supérieurs vivant dans un milieu favorisé sont des crapules. – Qui peut dire que l’égalité doive s’arrêter aux Aborigènes ? Les gorilles, les chimpanzés et les chauves-souris sont tout aussi éligibles aux « droits de l’homme » socialistes. L’égalité générale n’améliorerait pas la situation des individus ; au contraire, elle nous replongerait tous dans l’état d’une horde simiesque. Comme ce que dit Paul (I Cor. XV, 50) est vrai : « La chair et le sang de Sodome ne peuvent hériter le royaume de Dieu » !

Cet amour humanitaire du prochain est l’une des plus funestes escroqueries des hommes-singes. Rome a toujours prêché l’amour du prochain aux seuls Allemands. Rome elle-même, les Romains et les Slaves, n’ont jamais pratiqué un tel amour. Je pose la question aux historiens : la diplomatie pontificale a-t-elle jamais été conduite par l’amour du prochain ? Et je veux aussi interroger les historiens de la culture : l’amour chrétien du prochain a-t-il jamais profité à un homme d’esprit ? Tout ce que les hommes d’esprit d’origine germanique ont créé, ils l’ont créé d’eux-mêmes. Jamais l’amour du prochain ne leur a été d’une quelconque utilité ou d’un quelconque profit. L’amour chrétien du prochain engraissait des coquins de ses générosités tandis qu’il refusait même du pain sec à un Mozart, à un Schubert, à un Schiller, à maints autres grands hommes. Si l’amour du prochain n’est pas utile à de tels hommes, il ne sert à rien. Il est temps de recourir à la force et d’en finir avec ce faux, ce suicidaire amour du prochain inventé par les hommes-singes et leurs curaillons pour nous étouffer, de la même manière que la Russie a convoqué le Congrès de la paix pour dépouiller l’Asie « dans la paix et la tranquilité ». Nous devons nous armer contre la compassion, notre plus grande faiblesse. Nous devons nous armer d’un cœur de fer, car c’est cela qui peut rendre l’homme heureux. Les socialistes sont des rêveurs égarés, comparables à des moutons en vadrouille devant être ramenés par la forte main d’un maître à l’intérieur de l’enclos protecteur. S’ils font la forte tête, il ne faut surtout pas devenir moins ferme. Nous autres seigneurs devons savoir borner notre bienfaisance. Pourquoi des donations aux hôpitaux, aux orphelinats, aux enfants naturels, aux filles perdues ? Pourquoi aucune donation pour la conservation du sang pur de la noblesse ou les enfants légitimes ? Il y a infiniment plus de malheurs coupables que de malheurs non coupables. À ces derniers, il faut porter assistance rapidement et généreusement. Mais nous devons rester sans compassion pour les premiers, car les malheurs coupables viennent de l’homme : ce que nous donnons à un tel homme, nous le prenons à un homme vertueux frappé d’un malheur sans l’avoir mérité. Je suis absolument opposé à toute fondation dont la gestion est assurée par une personne juridique et où l’allocation des dons dépend de tel ou tel diplôme. De telles organisations sont seulement un foyer de corruption et de népotisme. Il faut connaître la situation par soi-même et donner de bon cœur. Il est préférable de n’aider qu’une seule personne – si possible la meilleure – longtemps, plutôt que d’expédier un grand nombre de cas avec quelques sous. Il convient de regarder scrupuleusement à l’origine (vieille et bonne souche germanique ou, dans le cas de juifs, authentiques Israélites). Au lieu de diplômes, il faut rechercher chez le requérant certaines caractéristiques anthropologiques : par exemple, des yeux bleus, des cheveux blonds, le teint rose, une bouche menue, des dents saines, des mains et des pieds petits et minces, une taille haute et une physionomie régulière. Il n’y a pas alors d’escroquerie possible ; il se trouvera parmi les postulants une personne qui réunit la plupart de ses caractéristiques et possède un droit incontestable à la donation. Enfin, il ne faut pas confier l’administration des donations à des professeurs, à de vieux messieurs ou vieilles dames (qui ont des filles à marier ou des gendres dans le besoin), mais plutôt à des fraternités étudiantes. C’est là que l’on trouve encore, le plus souvent, des cœurs honnêtes et incorruptibles. L’étudiant n’a pas encore contracté l’envie jalouse ni la jactance intellectuelle d’un professeur d’université ; sa vue n’est pas encore brouillée par des lunettes de beau-père, et il accorde volontiers à un camarade de corps la bourse dont celui-ci a besoin.

Chers amis qui, comme nous, éprouvez être dans le corps et l’âme les enfants et les fils de ceux qui, à l’aube des temps, ont été les ennemis des hommes-singes, portons haut l’héritage le plus cher de nos pères, notre sang, notre sève, ainsi que quelque chose de divin ! Nous ne souhaitons pas faire les anges, car le sang de chacun est plus ou moins mêlé d’eau de Sodome, mais il faut dès à présent mettre un terme aux mélanges. Les hommes sont inégaux ; une tranchée profonde et qui ne peut être comblée, une tranchée qu’aucun homme-singe ne peut franchir entoure notre Walhall. Dans le combat contre les singes de Sodome, chacun doit porter d’abord le fer en soi, en particulier dans le choix de son épouse ; celui-là est alors en mesure de combattre les singes de Sodome autour de lui… La victoire nous appartient ; des prophéties divines, aussi anciennes que le monde, parlent en notre faveur. Parmi nos ennemis : le singe ; en nous et pour nous : Dieu, l’omniscient, le tout-puissant être du monde primordial. Il ressort de nombreux passages de la Bible que l’homme blanc, européen, bref que le Germain est le fils du ciel11. Il est la pierre blanche (Apoc. VI, 8), le cavalier blanc qui triomphe des hommes de couleur ; il est le Logos (Apoc. VI ; XIX). Même le Coran VII, 43 affirme que les Blancs sont destinés au Paradis. Le berceau originel de l’homme blanc est la Germanie, d’où proviennent les rois et les héros, depuis les temps les plus reculés. L’Allemagne est le pays de l’homme véritable. Autrefois ne vivaient hors d’Allemagne que des hommes-singes, des hommes-bêtes. C’est la raison pour laquelle les Germains ont accueilli avec ferveur une doctrine comme celle de Jésus, parce qu’elle les glorifie. Cependant, l’esprit de Sodome animant Rome et Byzance ne pouvait laisser vivre le peuple des Goths. Ce peuple divin, sublime fut déchiré par l’engeance des pagutu et udumi, et les autres Germains se firent prêcher un christianisme falsifié ; leur bras puissant – le bras de Dieu – fut chargé des fers de l’amour du prochain. Rome et Byzance ont éradiqué les textes anciens qui auraient attesté à la face du monde notre origine divine et leur origine simiesque. Depuis plus de mille ans, les Latins et les Slaves, ainsi que toutes les autres vermines anthropoïdes, représentent un danger constant pour la culture ; ils sont nos ennemis jurés, pour qui aucune méchanceté n’est assez méchante, aucune férocité assez féroce pour nous exterminer ! Malheur aux rejetons de Sodome lorsque nous réglerons nos comptes ! Ils sont aujourd’hui plus dangereux que jamais, car nous les avons nous-mêmes tirés vers le haut. Les champs d’épis de l’humanité blanchissent1. Tant le « bon grain » que l’« ivraie » ont poussé (Mat. XIII, 30). La bougie de Sodome continue de briller, le roseau de Sodome n’a pas encore plié. À cette coupe où les femmes « étrangères », adultères, des pères de nos pères ont brassé leurs potions mélangées, dans laquelle ils ont bu le vin des orgies sans frein de Sodome, il nous faut désormais ingurgiter une lie amère. Le temps dont parle la Sibylle II, 154 est là : « Quand les enfants naissent avec les tempes grises, les hommes connaissent les tribulations. Imbéciles qui ne vous doutez pas que, les femmes n’enfantant plus, advient la moisson des mortels. » Ce temps est le nôtre ! Les femmes ne veulent plus ou ne peuvent plus engendrer des enfants sains ! Celles qui étaient destinées à devenir mères mènent une triste existence de vieilles-filles, tandis que les catins se marient et règnent sur nos vies privées et notre vie publique. La prostituée au lupanar n’est pas un péché, car elle y remplit son rôle ; mais la prostituée dans le lit conjugal, c’est le déclin des peuples et des États. Les singes de stupre incendient la ville (Prov. XXIX, 8). Il est temps de nous atteler à l’« élevage humain ». Les expériences conduites par le grand propriétaire terrien russe Raschatnikoff, à Perm, ont rencontré un surprenant succès : il obtint dès la deuxième génération des hommes d’une beauté quasi divine (Revue pol.-anthrop., Eisenach), et encore ne s’agit-il là que d’une matière slave ! Quelle race ne pourrions-nous produire avec nos Frisons ! Les Boers ont montré quelle force peut posséder une race.

La plus grande pureté raciale est nécessaire. Nous ne devons pas jeter les perles aux pourceaux ; il faut garder le sel par-devers soi (Marc. IX, 49).

Le royaume des cieux sera obtenu avec certitude par le biais d’une intervention dans la vie sexuelle. Les types inférieurs doivent être éliminés par des méthodes tempérées : castration et stérilisation (Mat. XIX, 12). Origène a pris ce passage au mot et s’est châtré lui-même. La mise en pratique d’une telle interprétation est à mes yeux plus déterminante que celle des curaillons contemporains. Les jésuites eux-mêmes, dans la politique de leur ordre, recourent à cette interprétation littérale, et l’histoire nous montre la gigantesque puissance que possède cette pensée9. Pour les hommes d’esprit également, une limitation du plaisir sexuel est avantageuse ; il est donné aux uns d’engendrer de beaux et bons enfants, aux autres de produire des œuvres immortelles.

La femme ne peut annuler le péché d’Ève que par l’amour décent et libre de toute animalité (I. Tim. II, 15). La femme ayant joui davantage des délices de Sodome, elle doit davantage souffrir aujourd’hui, et cela de la part, justement, des fils que les mères reçurent de leurs amants bestiaux.

L’adultère de la femme et le goût vraiment étonnant de celle-ci pour les hommes faunesques et lubriques, dits intéressants, doivent être prévenus de toutes les manières possibles. « Gardez-vous des gnomes lubriques. » (I Thess. V, 22) La réaction de précipitine nous dira, pour chaque homme, à quel degré son sang est apparenté à celui du singe. Le bâtard est, le plus souvent, physiquement et moralement infirme. Lorsque, chez les Perses, un individu commettait un crime, on s’enquérait s’il s’agissait d’un bâtard (Hér. I, 137). Celui qui est de Dieu ne peut pécher, tandis que celui qui est de l’homme-bête péchera (I Job. III, 8). Les jeunes bons à rien devraient être castrés ou stérilisés (par l’administration de rayons), sans compassion. La découverte d’un agent stérilisant efficace serait le plus grand des bienfaits pour l’humanité. Je ne suis absolument pas opposé au préservatif, dont l’usage devrait être davantage répandu. Seuls des hommes et des femmes nobles, à la mentalité héroïque, qui savent ce que signifient élever et protéger un enfant, qui aiment les enfants, auront des enfants. Celles, en revanche, qui ne cherchent à copuler qu’en raison du plaisir qu’elles en éprouvent, les insatiables babouines que font trembler les douleurs de la parturition, s’éteindront d’elles-mêmes, en jugulant leur descendance par le caoutchouc. Nous devons partout et toujours promouvoir le mariage, car il est le plus sûr dépôt de la race, le doux nid du phénix et de l’homme divin de l’avenir. Si un homme et une femme veulent s’aimer sans faire d’enfants, le mariage n’est pas nécessaire. Les enfants sont l’unique but du mariage. La fidélité conjugale doit être en toute circonstance exigée de la femme, car l’adultère de l’épouse fausse la famille. Mais la fidélité conjugale est également exigée de l’homme. L’infidélité de l’homme n’est certes pas un péché, mais c’est une sottise, et elle est en général sévèrement punie, car un homme fort ne peut satisfaire qu’une seule femme. D’ailleurs, l’érotisme grossier ne joue qu’un rôle secondaire chez l’individu germanique masculin racialement pur ; le coït ne lui plaît que lorsque la femme qu’il a choisie correspond parfaitement à ses goûts esthétiques et seulement dans la mesure où il peut donner ainsi à la femme aimée son plus grand plaisir. Ce type d’hommes est extrêmement exigeant à l’endroit des femmes ; une chaussure usée, des expressions vulgaires, de mauvaises habitudes rendent de nombreux hommes impuissants devant des femmes qui possèdent par ailleurs tous les attraits possibles. Il convient justement de favoriser systématiquement et dans la durée ce trait de l’homme de race supérieure, incapable de servir immédiatement n’importe quelle femme, de façon que la puissance virile ne s’exerce qu’avec l’épouse et que l’homme soit avec toute autre femme à la lettre impuissant. Pour obtenir le « royaume des cieux », nous devons nous faire eunuques. – Le fait que nous accordions une si haute valeur au rôle de la femme dans son foyer et sa famille implique que nous nous opposions de la manière la plus vigoureuse à l’irruption des femmes dans la vie publique, car de telles entreprises ne peuvent conduire – c’est déjà le cas en partie – qu’à des droits unilatéraux pour les femmes, et feraient de ce monde un vaste lupanar où, dans une lubricité écervelée et démentielle de fouets et de godemichés, seraient piétinés sans pitié par une ronde de faunes, l’épouse décente, la matrone fidèle, les fortes et saines ribambelles d’enfants des chastes unions conjugales. Nulle autre que la femme avide d’hommes-singes n’a conduit les anciennes cultures à leur perte, et elle détruira notre culture à son tour si les hommes ne le comprennent à temps.

La femme lascive et adultère a sa place au lupanar : que la dignité de la mère lui soit retirée et que son nom soit effacé du livre des vivants. De même, il faut empêcher les criminels, les malades mentaux et tous les autres individus génétiquement tarés de se reproduire. Si nous n’autorisons à se reproduire que les seuls individus aptes, les hôpitaux, les prisons ainsi que l’énorme appareil de la justice deviendront relativement superflus. La pureté du sang est la principale affaire des disciples du Logos, que tout abâtardissement répugne comme quelque chose de criminel et sacrilège (Const. ap. S. 168). Ne buvez pas de l’eau « étrangère » (c’est-à-dire ne vous mêlez pas aux hommes-singes), buvez à votre propre source ! (Prov. V, 15) Tenez-vous éloignés de l’« étranger » (= de l’homme-singe) ! (Sibylle II) Gardez-vous du péché de Sodome, de l’union avec les gobelins lubriques, et élevez votre race (Sybill. III, 762). Tout homme souhaitant une descendance doit refuser d’épouser une femme ayant couché à droite et à gauche. La semence de l’homme agit sur la femme de telle façon que l’enfant, même engendré par l’époux, hérite des caractéristiques de tous ceux avec qui la femme a copulés avant ou en dehors du mariage. C’est la raison pour laquelle les anciennes lois promouvaient la virginité avant le mariage ainsi que le droit d’aînesse, et établissaient des différences strictes entre les droits des hommes et des femmes. Pas plus que les différentes espèces d’hommes, l’homme et la femme n’ont les mêmes droits. L’ancienne coutume juridique par laquelle le seigneur féodal était libre de déflorer les vierges témoigne du fait que les Anciens savaient que c’est l’homme qui anoblit la race.

Chères femmes, soyez honnêtes et dites-moi quelles sortes d’épouses vous seriez aujourd’hui si l’homme noble, si le Siegfried semblable à un dieu ne vous avait arrachées aux monstres de Sodome, s’il ne vous avait déposées dans un nid douillet, si, pendant des milliers d’années, il ne vous avait défendues, l’épée à la main, contre les Slaves, les Mongols, les Maures et les Turcs ? Choisissez de nous ou de ces fils de Sodome. Laissez-vous posséder par eux sur les monceaux de cadavres de vos hommes tombés au combat, comme le subirent tant de vos mères ! Prenez-les pour vos hommes, pour qu’ils fassent de vous les esclaves de leurs harems et que vous deveniez les mères d’une progéniture lascive et sanguinaire qui ne connaît ni l’amour de la mère ni celui de la femme ! Ce que la femme est aujourd’hui, elle le doit à l’épée et à la force de l’homme. L’homme a sauvé la femme des griffes des singes de Sodome, et c’est pourquoi elle lui appartient !

L’homme doit prendre la direction dans l’anoblissement de l’humanité, et la femme doit le suivre. L’homme est le chef et la finalité de la femme, comme le Christ, l’homme divin du futur, est le chef et la finalité de l’homme (Eph. V, 23 ; Col. III, 18). La femme aime aujourd’hui encore les hommes-singes lubriques et s’efforce de dégrader l’humanité. La prétendue « femme moderne » de l’amour libre est laminée par la dépression et une indescriptible mélancolie. Elle a la nostalgie des « arbres verts de Sodome » aujourd’hui disparus, la nostalgie de toutes les bêtes sauvages et lubriques. Les calices de Sodome sont vidés, « les arbres de leur domaines ne sont plus », les sources de Sodome sont taries, car un nouveau et puissant genre d’homme se dresse, qui recherche dans la femme autre chose que le chatouillement de ses parties génitales. Mais la femme moderne fuit l’homme germanique et préfère se faire engrosser par des Slaves et des Latins (E. Key, Liebe u. Ehe, p. 468). Une nostalgie sans nom attire inconsciemment les femmes hystériques vers les églises et les curaillons, vers les anciens jardins de gnomes infâmes et les anciens temples des marchands de singes charnels.

Le rut sauvage et ininterrompu de l’être humain est nocif et malsain. L’homme et la femme doivent se rapprocher et s’aimer d’une manière d’autant plus spirituelle et libre qu’elle sera plus tempérée. Dans les Logia du Seigneur, il est dit : « Lorsque vous foulerez aux pieds l’habit de honte et que les deux deviendront l’un et que l’homme sera avec la femme, ni homme ni femme, alors le royaume des cieux sera de nouveau advenu. » Après la résurrection, il n’y aura plus de mariage, nous serons à nouveau des anges, c’est-à-dire des hermaphrodites (Mat. XXII, 30 ; l’État des abeilles et des fourmis !) Nous engendrerons, non plus par l’union charnelle, mais peut-être par exposition aux rayons. Jésus est venu pour suspendre l’œuvre de la femme (Logia). Nous serons alors de nouveau semblables physiquement à l’homme-dieu électrique ; nous serons de nouveau de purs dieux. Il faut mettre bas la pelisse du singe et endosser l’armure rutilante de l’homme-dieu (Rom. XIII, 12). Nous venons de Dieu et nous retournons à Dieu : c’est le grand mystère de la transmigration de l’âme, du devenir de l’homme, de la passion, de la mort, de la résurrection, du retour et de la Cène (Joh. VI, 35) des dieux. Le Christ est l’homme archaïque du passé et l’homme en devenir du futur, il est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. Les femmes doivent se laisser « baptiser » dans la sainte source du temple de Siloé, dont murmurent les « eaux » douces et fraîches (Joh. IX, 7 ; Is. VIII, 6). Il faut que le froid Borée souffle de nouveau à travers le jardin desséché de l’humanité et que le sang nordique tempère le rut simiesque du Sud (Cant. IV, 16).

Agapé, l’amour céleste, purifié de sa nature simiesque, pourtant l’amour dans un sens véritablement charnel, est au cœur le plus intime de l’enseignement de Jésus. Ainsi seulement s’expliquent les représentations « païennes » – parfaitement incompréhensibles du point de vue des concepts théologiques – d’amours et d’angelots, de couples dans l’étreinte que nous trouvons dans les catacombes romaines. Notre enfant Jésus aux boucles blondes n’est rien d’autre que Bacchus, Amor et Skeaf ! Nous voyons même souvent Amour et Psyché représentés sur des images chrétiennes primitives (fig. 38) ; entre eux se trouve très souvent la corbeille (képos) contenant le pain de Sodome auquel ils ont renoncé12 (tandis que la femme nue et lubrique de la fig. 37 ne peut se séparer de la corbeille posée sur son giron12).

Alors abandonnons la harpe de Sodome et jouons sur des harpes humaines (Clément d’Al. protrept.) pour que s’en reviennent les cygnes sacrés d’Apollon et que nous formions de nouveau une communauté divine. Hommes allemands, jouez sur des « harpes humaines », aimez la femme nordique, fidèle et forte en qui l’électron divin sommeille encore13. La connaissance, ou la gnose, est précieuse car c’est en elle qu’est l’amour purifié d’animalité. La gnose plante, tandis que l’agapé bâtit la maison (I Cor. VIII, 1). Dans l’agapé, tous les élus de Dieu seront conduits à la maturité. Aimons-nous les uns les autres afin de parvenir au royaume de Dieu (II Clément Rom. ad Cor. IX). L’agapé est la voie qui conduit à Dieu (Ignatii ep. ad. Ephes. IX). Jésus est le Logos, le Logos est Éros, Éros est Amor. Jésus est Amour, Frauja, le Fiancé de l’âme (Psyché). « Dieu est l’amour pur de toute animalité (agapé). Celui qui demeure en cet amour est en Dieu, et Dieu est en lui. » (I ep. Joh. IV, 16)

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TÉLOS – LA FIN

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En priant, priez ainsi : Notre Père, qui es aux « cieux », non dans les cieux nébuleux d’une fausse métaphysique, mais qui es en personne dans la chair, le sang, le cerveau, la semence des hommes les meilleurs, les plus nobles et les plus beaux, des hommes-dieux1, tes fils. Que ton « nom », c’est-à-dire ta postérité, soit sanctifiée. Empêche que les perles soient jetées aux pourceaux. Que ton règne vienne. Fais enfin triompher l’homme-dieu2 sur l’homme-singe. Que ta volonté soit faite sur la « terre » comme au « ciel », que ton Esprit règne dans l’homme-dieu et vainque la terre de Sodome. Mais il y a une chose, une chose surtout, que nous te demandons avec ferveur : donne-nous le « pain » éternel3. Donne-nous la coupe du Graal céleste, les eaux fraîches de Siloé, donne-nous le nectar élyséen des dieux « qui apaise la poitrine et rend la vue claire » (Schiller), donne-nous des femmes fières et fidèles, donne-nous des mères divines, de divines porteuses d’enfants, donne-nous le pain de la chair qui nourrira une belle, heureuse et divine race d’hommes. Donne-nous la boisson de l’oubli pour que nous ne portions plus à notre bouche l’eau d’ivresse des singes lubriques. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, séduits, tourmentés : les hommes-singes. Mais ne nous induis pas en tentation avec eux. Ne nous laisse pas trouver auprès des prostituées un plaisir tel que nous fassions d’elles nos épouses et les mères de nos enfants. Donne-nous des princes puissants, qui soient des bergers pour leur peuple et qui façonnent leur peuple. Éloigne les catins des princes afin qu’elles ne faussent pas le sang noble. Protège les princesses contre les valets de ferme. Les catins couronnées et les fils de valets de ferme sur le trône sont le fléau et la mort des peuples. Les princes ne doivent pas asseoir leur puissance sur les autels des bonzes fétichistes, ni sur les baïonettes de l’« armée du peuple », ni sur les tapis verts des bossus de chancellerie, ni sur les chambres à parlotte et à bagarre des représentants et grugeurs du peuple, mais sur la seule pureté de leur sang. Jaloux de leur sel, ils ne doivent pas le verser dans le ventre des catins de théâtre.

Après tout ce que j’ai exposé dans les pages précédentes, je n’ai même plus besoin de traiter la fondation et la justification de la royauté et de la noblesse. Noblesse et dynasties princières sont fondées au point de vue des lois naturelles et de l’anthropologie. Les anciens rois et aristocrates étaient des fils de Dieu dans le sens le plus strict. Je suis un Allemand libre, j’ai acquis ma liberté de haute lutte et cette lutte m’a coûté de nombreux sacrifices ; rien ne m’est donc plus étranger que le rôle de courtisan des princes. Mais en tant que chercheur attaché à la méthode objective, je dois reconnaître que continue de vivre au sein des anciennes maisons princières de sang authentique, même assombri, quelque chose de l’électron divin. La noblesse est dans le sang, non dans les armoiries, le nom ou les chaussures vernies. Les hommes-singes aussi se sont acquis ces choses. La noblesse redeviendra ce qu’elle était lorsque l’on maintiendra précepteurs, aides-de-camp, valets de chambre et lubriques nabots de café-concert à distance appréciable des dames nobles.

Cet électron divin continue de vivre également dans les grands génies. L’œuvre du génie n’est pas une création nouvelle, c’est une vision, la phantasia ! L’Empereur Guillaume II a raison de dire que Dieu se manifeste dans tous les grands hommes. Par ces mots, il prouve qu’un œil clairvoyant de seigneur ne lui fait pas défaut et qu’il est un authentique prince par la grâce de Dieu, quelques-soient ses faiblesses humaines.

Que nous voulez-vous avec vos républiques de chapeaux claques et vos démocraties à gibus ? Ne sont-elles pas depuis toujours le Grand-Guignol de l’Histoire ? Mais la république romaine !? Mais la république française !? L’énergique république romaine était aristocratique, et la république française a pavé la voie d’un Napoléon !

Personne plus que les princes et les nobles – et plus amèrement qu’eux – ne doit, sur cette terre déjà, porter l’expiation des péchés. C’est pourquoi les princes et les nobles doivent être un exemple et un modèle, tout particulièrement dans leur vie familiale et en tout ce qui touche aux mœurs, car ils détruisent autrement les solides murailles de leurs châteaux et les livrent aux hordes de singes. Princes et nobles, défiez-vous du curaillon ! Les curaillons ont anéanti l’aristocratie dans tous les États, car ils sont les éleveurs et les promoteurs des singes depuis toujours ! Le prêtre, certes, doit être distingué du curaillon et, d’ailleurs, les grands princes sont toujours aussi de grands prêtres ! Les sciences et les arts sont nés et ont été cultivés dans les cours des princes et les châteaux des chevaliers. C’est de là que sont venus tous les progrès. Les bons princes ont toujours promu les sciences et les arts. Oui, la noblesse a même contribué à l’avènement de la social-démocratie ; Lassalle et Marx avaient des amies dans la noblesse. Un César, un Charlemagne, un Napoléon, un Guillaume Ier ont chacun fait davantage que toutes les républiques et tous les parlements du monde réunis ! Sans les princes, pas de religion, pas de famille, pas d’État. Nous restons fidèles au cri de guerre de nos pères, par lequel ils faisaient mordre la poussière à la racaille de Sodome : pour Dieu, pour le roi, pour l’épouse, l’enfant et le foyer ! Devons-nous nous faire mitrailler pour des singes en frac, pour une bande de boursicoteurs et d’agités, pour des maîtresses forniquant au nom de l’« amour libre » pendant que nous faisons face à l’ennemi ?

Hommes et garçons allemands, nous restons fidèles au cri de guerre de nos pères ! Laissez seulement le temps au temps : de nouveaux hommes d’armes et de nouveaux joueurs de lyre viendront. Nous voulons garder nos épées et nos lyres de guerre prêtes pour l’heure de la nouvelle conquête du monde. Qu’attendons-nous ? Devons-nous laisser les faquins simiesques et décérébrés continuer de saccager le monde ? Il y a partout pénurie d’hommes, tandis que nous mourons de faim pour cause de surpopulation, sur l’étroitesse du sol allemand. Le monde était et est encore une colonie germanique ! Pour tout vaillant soldat allemand, une ferme ; pour tout officier, un manoir ! Je voudrais bien voir si nous ne jetterions pas tout à bas. Aux cris de joie des hommes-dieux libérés, nous conquerrions la terre entière. Jusqu’à présent, Romains et Slaves ont fomenté la haine contre nous, tandis que nous ingurgitions, bonne pâte, la soupe au lait de l’amour du prochain que nous servait Rome. Mais nous commençons nous aussi à tisonner, et nous tisonnerons jusqu’à ce que les étincelles crépitent hors des cheminées des navires de guerre allemands et que les canons allemands crachent leurs gerbes de feu. Une nouvelle fois franchir les Alpes, une nouvelle fois marcher vers l’Ouest et l’Est sur les antiques chemins de guerre de nos pères, et que l’ordre soit restauré parmi les bandes querelleuses des udumi ! Viens, clair Frauja, nous t’invoquons comme Jean, ton favori (Apoc. XXII, 20) : « Viens Frauja, Dieu d’Amour, Jésus ! » Ce sont les derniers mots de ton incomparable Livre, les Saintes Écritures ! Frauja, entre dans nos cœurs, conquiers-nous nos femmes comme tu subjuguas jadis la prostituée de Magdala, comme Siegfried conquit Brunhilde encerclée par la fournaise de Sodome ! Sauve-nous du triomphe des conquérants simiens et délivre-nous des monstres de Sodome, car le monde, la puissance et la gloire sont tiens pour l’Éternité. Amen.

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NOTES

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ARCHÉ. 1Luc. II, 34 2Marc. IV, 11, 34 ; Mat. XIII, 11 ; Joh. XVI, 25 3Sabb. VI, éd. Goldschmidt I, 464. Le Talmud dit expressément que les mots « pains », « farine » etc. désignent des prostituées. Cf. également Joma 75a.

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ANTHROPOGNOSIS 1refutatio (éd. Dunker et Schneidewin) 133 2Cicéron : d. nat. deor. I. 35 3v. Anthropozoon Biblicum 4Globus LXXXVI, 194 5Correspondances de la Société allemande d’anthropologie, 1902, 119 6Kollmann, Globus 1902, 325 7Wiedersheim : Bau d. Menschen (Constitution de l’homme) 8Abst. d. Menschen (L’Origine de l’homme), p. 36 9Klaatsch : Entseh. u. Entw. d. Menschen (Origine et évolution de l’homme), p. 67 10Tilesius : Beschr. u. Abb. d. Stachelschweinm (Description et illustration de l’homme squameux), 1802 11Umschau 1904, 761 12L’Anthropologie XIV, 531 13ibid. XV, Pl. 1 14v. Meyer : Gesch. d. alt. Aeg (Histoire de l’Égypte ancienne), p. 234 15Umschau 1904, 86 16Hoernes : Gesch. d. bild. Künste (Histoire des beaux-arts), Tab. III, 2 17ibid. Fig. 123 18Perrot et Chipiez : Hist. de l’art, III, 759 19Hoernes : Tab. IX, 17 fig. 6 ibid. 40, du célèbre sceptre de La Madeleine. Comparer la position penchée des hommes-singes sur les fig. 2, 6, 9, 12 et de la femme de la fig. 10, ainsi que la position des nains sur les fig. 2 et 43 et celle des créatures sur 3, 8, 40, 42. Si nous supposons que les créatures des fig. 1, 3 et 6 ont réllement existé, comme le font tous les anthropologues, nous devons admettre également l’existence des autres. 20Perrot, III, 293 21Erman : äg. Leben (Vie quotidienne dans l’Égypte ancienne), p. 529 22Sculptures d’Amravati 23Roux et Barré : Herculanum et Pompéi IV 24L’œuvre fondamentale de Kiessling : Wand. in Poigreich, 173. Labyrinthes et Nouragues ! 25h. qop 26h. qepod 27Berak. IX 28Hierozoikon, I, 865 29ibid. 845 30äg. Leben, p. 332. L’animal qui vit dans les palais royaux et marche sur les mains s’appelle, d’après Prov. XXX, 28, śemamit, ce qui correspond à mon avis, factuellement aussi bien que linguistiquement, au ‘ašimah. 31Brehm : Tierleben (La Vie des animaux) I, 145 32Globus LXXXIV, 99 33g. charis énantios, l. foeditas 34g. miasmos psychon, l. inquinatio animarum 35Perrot, III, 417, 418 36De Sparte. Hoernes, 434 37bnt = singe 38Krafft-Ebbing : Psychop. 341 39Fragm. 592 40Smith : d. Keilinschr. Assurb. (Les Écrits cunéiformes d’Assurbanipal) 41Erman, p. 60 42Ex. XII, 37. Num. XXXI, 17 43Lev. XVIII, 26 44cf. version grecque.

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GAÏA 1Keil. Bibl. (Bibliothèque cunéiforme), I, 151 2ibid. V, 190, 353 3Ketubot 65b établit l’identité de « manger » et de « copuler » ; « manger » dans un sens érotique dans Prov. XXX, 20 ; au sujet des « souris » et des « porcs », Is. LXVI, 17 ; au sujet des singes, Hérod. IV, 194 ; au sujet de la « chair des idoles », I Cor. X, 18 ; en faveur de ma traduction de Gen. XXV, 30 avec udumu, Sym. : adom. 4maspune, g. kékrymména, l. abscondita dans Abd. I, 6, Dan. XIII, 37 5Müller : Fragm. IV, 528 6carm. 12, 21, 829 7Je conserve cette vocalisation en raison de sa simplicité 8Hippol. 220 9ibid. 220, cf. III Reg. X, 21 10cf. musculus = fente vaginale. Dans la Bible : qui aperit vulvam = déflorateur ; les statuettes de femmes représentées avec la vulve ouverte pour pouvoir recevoir le pénis volumineux des singes de stupre confirment le bien-fondé de ma traduction. 11Erman 223.

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PÉGÉ 1Keil. Bibl. I, 109 2ibid. 127 3Lecture d’après Delitzsch : Hdwb. : pagu 4Cod. Lips. 85 et Cod. 130 : parabibasaï ton Moloch ; semblable dans Aqu., Sym., Théod. 5Keil. Bibl. V, 391 6pega’ ra’ « mauvaise apparition » III Reg. V, 4 7ben šachas 8Delitzsch lit nam-suha : cf. égypt. nam = pygmée. Tem-suha peut également être défendu, cf. Plin. XXI, 61, 163, samp-suchum 9Brugsch : Wb 10Revue d’études bibliques, 1903, p. 70 11beged kilaim 12šebat = soutien, homme dans Num. XXIV, 17 13Hippol. 18 14Keil. Bibl. V, 273

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PYR 1D’après Delitzsch : Hdwb 2Inscription d’Assurbanipal-Nebo 3Jer. IX, 14 4Keil. Bibl. V, n. 294 5cf. Strabon 498 6Fabricii : Cod. Pseud. V. T. 45 7namsuha ! 8Bible. Deux lectures possibles : šadeh weh šadot, ou šarim we-šaro, désignant dans les deux cas des monstres de Sodome. 9Hippol. 150 10Hommel : Gesch. Bab. u. Ass. (Histoire de Babylone et de l’Assyrie), p. 225 11Clém. Al. protr. IV 12qop = singe ! 13piraati, sur l’obélisque noir, que les Assyriologues traduisent par « éléphants » ; cf. ass. paru = mule.

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AITHER 1Malšir-issuri dans Layard : cuneif. Inscr. 43-44 2Lévi : vocab. gerogl. XXXIX 3Lefmann : Gesch. d. alt. Ind. (Histoire de l’Inde antique), p. 47 4Globus LXXXIV, 243. L’ours des cavernes de la glaciation me semble également avoir été pourvu d’ailes. Il correspondrait ainsi au griffon des Anciens. 5Heidrich dans Hommel : Gesch. d. alt. Morgenl. (Histoire des antiquités orientales), p. 23 6Deut. XIV, 19 7Étoile-Mišri dans Keil. Bibl. I, 225 8Musri ! Misrael ! 9cf. Ps. LXXVII, 26. Certains commentateurs affirment que les « cailles » seraient des « poissons » volants, c’est-à-dire des pagutu. 10h. op 11Spiegelberg : Gesch. d. äg. Kunst (Histoire de l’art égyptien), p. 5 12verb. trizein dans Hérodote 13Fouilles du temple de Bès, fig. 25 14Erman 329. Je tiens également le sage Jéthro pour un issuru. Sa fille, la femme de Moïse, s’appelle Séphora, « oiseau » 15Keil. Bibl. VI, 293 16Sourate LIII, 20 17Stade : Gesch. d. Volkes Israel (Histoire du peuple d’Israël), I, 443 18Traduction [allemande] du Coran par M. Henning, p. 518 19III, 476 20Const. ap. VIII, 12 21Clém. Al. : stromata V, 32 ; cf. Gal. IV, 3 ; Col. IV, 8 et suiv. dont je donne une traduction, non pas littérale, mais d’après le sens.

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THÉOGNOSIS 1Sepp. d. Rel. d. alt. Deutsch. (La Religion des anciens Allemands), p. 29 2Dümichen : Geogr. d. alt. Aeg. (Géographie de l’Égypte ancienne), p. 185 3Erman 370, 377, 391 6Lev. XVII, 7 = śa’ir = homme-singe 7Klaatsch, p. 59 8ibid. p. 92 9ibid. p. 306 10ibid. p. 300 11Brehm I, 209 12Lehrb. d. Zool. (Manuel de zoologie), p. 934 13cf. mal-šir-issuru 14Amer. Journ. of science 1902, XIV, 128 15Umschau 1904, 644 16Bölsche : Liebesleben (La Vie amoureuse), III, 186 17Kiesewetter : Occult. p. 253 18Meyer : Gesch. d. alt. Aeg. p. 194 19Vénus à barbe dans Macrobe Sat. III, 8

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PATER 1Irénée, I lib. 30 ; les « corbeaux » des ermites du désert ! 2protr. 104 3šachaq 4h. ’anan 5g. hoï d’en posi mallon heiléuménoï toïsi anthropoïsi. Grues et pygmées ! 6Hippol. 170 7Donelly : Atlantis (L’Atlantide), p. 215 8Les dieux-éclairs avec les chars de feu 9’eseb ha-šamaim ; ‘ezeb = produits mélangés : ‘ezob = hysope 10dans Keil. kulilu-issuru 11cf. tamewan = singe 12Soph. II, 14 : qol iesurer = syr. sipo. Cf. issuru, g. Aither, germ. Otter [vipère] ; Loki en tant que vipère 13Wiedemann : Rel. d. alt. Aeg. (Religion de l’Égypte ancienne), p. 110 14Hippol. 174 15Hésiod. théog. 124 16cf. Dan. XIII, 37 17Deut. XXXIII, 16 : šokne seneh ; seneh souvent rendu dans Keil. Bibl. par śin = ivoire.

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PNEUMA 1Erman 459, 473 2Ann. VI, 34 3Denon : Description de l’Égypte I, pp. 60, 78, 80, etc. 4Je donne ici la traduction courante 5Studien über die Natur d. Mensch (Études sur la nature humaine) 6Les Travaux et les jours, 267 7Hippolyte 228 8ibid. 122 9comp. Valkyrie et g. kiris et kyris 10Platon : Théétète 155 11L’Ouest ! L’Atlantide ! h. sepor ! 12Keil. Bibl. VI, Épopée de Gilgamesh 13cf. Donelly 14Keil. Bibl. V, n. 295 15Strabon VII, 2 16Clém. Al. : strom. III, 222

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HYIOS 1contra omn. haer. I, 2 2adv. Val. XII 3II XI, 6 4Mead : Fragm. e. versch. Glaub. (Fragments d’une religion disparue), p. 280. Dans l’excellente traduction [allemande] d’A. von Ulrich 5Kraus : Roma sott. 200 ; de S. Priscilla 6éd. Dillmann 7Hippol. 149 8Chez les Égyptiens, les oiseaux arabes s’appellaient les « oints » (christs), Erman, p. 325 9Hippol. 206 10éd. Krauß 11c’est-à-dire à l’époque des menstruations, quand l’ovaire est le plus sensible 12Keil. Bibl. VI, Inuma iliš, Tab. 1, c. 13 13g. kosmos = got. fairhvus = multitude d’hommes 14Ulfilas : skalkinassus, au sujet du diable dans II Cor. XI, 3 15« Médiateur » ne veut rien dire. 16Kirchner : Darstellungen d. erst. Menschenpaares (Représentations du premier couple humain), p. 74 17Hipp. 153 18Graetz : Gesch, d. Juden (Histoire des Juifs), V 3, 412 19= devenir impuissant, en vertu du parallélisme avec ce qui suit et de Rom. IV, 19 20II, 46 21g. chortos dans Joh. VI, 10 22I Reg. XXIII, 19 23ass. umu ! 24Ulfilas : ushramjan, ce qui signifie en fait « lier à des ais » 25Le plus ancien document historique de la chrétienté 26Kraus : D. Spottcrucifix (Le Crucifix blasphématoire), p. 11 27Roux et Barré 28Kraus : Roma sott., p. 196 : S. Domitilla 29ibid. 311 S. Lucina ; cf. Hipp. 349 30Tertullien : de anima LVIII ; analogue dans Polyc. Mart. XI, XIV. Ign. ad. Rom. IV. Pour skeuos dans Joh. XIX, 29 31Keil. Bibl. V, n.138 32cf. Ps. XVII, 5 ; CI, 21 ; Is. XXVI, 14 ; XXIX, 4 ; Ezech. XXIV, 17 ; XLIV, 25 33Jer. XXXVII, 15 34othonia Joh. XX, 6 ; comme objet de prostitution dans Os. II, 5 ; cf. Baal-Iton et Ps. LXXIII, 15 35également des hommes primitifs. Job. XL : Béhémoth et Léviathan sont des reša’im. Cf. Kranios ! 36D’après certaines sources apocryphes, Jésus continua de vivre sur terre après l’Ascension. Des chercheurs récents croient avoir trouvé sa tombe en Asie. En faveur de ma conception du Christ, bien que sans en avoir connaissance : Wendland, Jesus als Saturnalienkönig (Jésus, roi des Saturnales), mais surtout Hermann Reich, D. König mit d. Dornenkrone (Le Roi à la couronne d’épines), Neue Jahrb. f. d. klass. Alterth. (Nouveaux Cahiers des Antiquités classiques) VII, 703.

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EKKLÉSIA 1Joh. IV, 35 2d’après Ulfilas ; cf. l’armée de muetis 3cf. Mat. XIII, 48 ; Const. ap. II, 61 ; II Clém. ad. Cor. XIV ; IV Esdr. V, 23 4Mat. X, 34 5Luc XII, 49 6Mat. XXII, 12 7Apoc. XXII, 15 8cf. h. tenet, l’obscène Tanit 9J. Lanz-Liebenfels : Katholizismus wider Jesuitismus (Catholicisme contre jésuitisme) 10éd. Grenfell-Hunt IV 11Jer. V, 15 ; Ezec. XXXVIII, 2, 6 12 S. Kallisto : Kraus, 311 12M. Wachler, éditeur de l’excellente revue Iduna, à Weimar, promeut également le mariage avec des femmes nordiques. M. Graevell (Stuttgart) et Fritz Wüst (Berlin), auteur de Neue Weltanschauung (Nouvelle vision du monde), parviennent également, par d’autres voies, à la notion d’Église de l’homme-dieu. Une excellente documentation se trouve dans Woltmann, pol. Anthrop. (Anthropologie politique). Très intéressants également les ouvrages de Mereschkowski : d. ird. Paradies (Le Paradis terrestre), Jacob Hollitscher : d. histor. Gesetz (La Loi de l’Histoire), chap. III, et tout particulièrement Stauff v. d. March : Völkerideale (Les Idéaux des peuples) I.

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TÉLOS 1Orig. de princ. II, 4 ! 2Le régime des sages dans Platon = le « royaume des cieux » biblique 3et non « quotidien » ; g. épioysios ; got. sinteins ; l. super substantialis.

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ABRÉVIATIONS

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Les passages de la Bible sont donnés d’après la Vulgate. Les abréviations utilisées sont les suivantes : Abd. = Abdias (Prophète). Act. = Actes des Apôtres. Am. = Amos (Prophète). Apoc. = Apocalypse. Aqu. = traduction grecque de la Bible par Aquilas. ass. = assyrien
A. T. = Ancien Testament
Bar. = Baruch (Prophète)
Cant. = Cantique des Cantiques. Col. = Épître de Paul aux Colossiens. Cor. = Épîtres de Paul aux Corinthiens. Dan. = Daniel (Prophète). Deut. = Deutéronome, 5e Livre de Moïse. Eccles. = L’Ecclésiaste. Eclus. = Le Siriacide. Eph. = Épître de Paul aux Éphésiens. Esdr. = Esdras. Ex. = Exode, 2e Livre de Moïse. Ez. = Ézéchiel (Prophète).
Gal. = Épître de Paul aux Galates. g. = grec. Gen. = Genèse, 1er Livre de Moïse.
h.= hébreu. Hab. = Habakuk (Prophète). Heb. = Épître aux Hébreux
Is. = Ésaïe (Prophète). Jer. = Jérémie (Prophète). Joh. = Évangile selon Jean. Jon. = Jonas (Prophète). Jos. = Josué. Jud. = Juges.
l. = latin. Lev. = Lévitique, 3e Livre de Moïse. Luc. = Évangile selon Luc.
Mal. = Malachie (Prophète). Marc. = Évangile selon Marc. Mat. = Évangile selon Mathieu. Mich. = Michée (Prophète).
N. T. = Nouveau Testament. Num. = Nombres, 4e Livre de Moïse. Os. = Osée (Prophète)
Par. = Chroniques. Phil. = Épître de Paul aux Philippiens. Prov. = Proverbes. Ps. = Psaumes. Reg. = Livres de Samuel et des Rois. Rom. = Épître de Paul aux Romains.
Sap. = Livre de la Sagesse. Sept. = traduction grecque de la Bible par les Septante. Soph. = Sophonie (Prophète). Sym. = traduction grecque de la Bible par Symmaque. syr. = traduction syriaque de la Bible.
Targ. = Targum, traduction de la Bible en araméen.
Théod. = traduction grecque de la Bible par Théodotion. Thess. = Épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Threni = Lamentations de Jérémie. Tit. = Épître de Paul à Tite. Tob. = Tobie.
Vulg. = traduction latine de la Bible par Jérôme. Zach. = Zacharie (Prophète)

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TRANSCRIPTION DES LETTRES HÉBRAÏQUES

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‘Aleph et ‘Ajin sont transcrites par le signe « ’ ». He = h. Waw = w. Zajin = z. Chet = ch. Tet et Taw = t. Jod = i. Kap = k. Samek et Sade = s. Qop = q. Sin = ś. Šin = š.

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MALFORMATIONS DUES AU RADIUM

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Le Libre Penseur de Milwaukee (États-Unis), 1905, n.° 1, p. 3, rapporte que Jan Tur, de la Société parisienne de biologie, vient de présenter les résultats tout à fait étonnants de ses recherches. Les embryons contenus dans des œufs de poule en couvaison donnent des monstres sous l’action des rayons de radium. Mes hypothèses relatives à une fécondation possible par rayonnement ainsi qu’aux pouvoirs des issuri et élektrozoa reçoivent ainsi une nouvelle confirmation. La fascination n’en est que plus grande !