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Maharajah Teenage Rock Band, or What About the Calling?
1/So far away paradise (03:11)
2/Poltergeist (01:10)
3/Taj Mahal (08:05)
Already alluded to there, Maharajah was a teenage creative experience that was to last about one year and a half. The band gave three concerts (in Chaville and Sèvres) and made two recordings, one studio, one live. The name Maharajah comes from the fact that, as would-be hippies, we were beguiled by a fantasized India.
The three songs here (actually two songs and one extract of a song) were recorded during a concert in Chaville (or was it in Sèvres?) in April 1994. Performers are Serge (guitar and vocals), Florence (violin), me (bass), Guillaume (drums), and Aurélien (percussion). Originally the band was Serge, Guillaume and I. It later expanded with two new members, Florence and Aurélien. We knew each other at the Lycée de Sèvres.
These songs were written by me but they owe much to the guitar line added by Serge, who also wrote the lyrics on Taj Mahal (both French and English, although our lyrics were mainly English), as well as to the contribution of all the other members. When either Serge or I brought our compositions to the pool, the final songs always were the result of what came out of our jam sessions in Guillaume’s cellar.
I had no previous training in music and, if I remember well, neither had the others more than a smattering of it, Florence being the exception (as she had completed training at a classic academy).
We were lucky enough to find conditions that allowed us to have that activity, and we were happy doing what we were doing. Circumstances did not allow us, however, to polish our work, did not provide us with the means to give it a less amateurish gloss. Maybe the ending of it was made easier by such considerations as that we were young and could and would make greater things in many other ways. When, twenty years later, the thought dawns upon you that you have achieved nothing worth a few songs that only exist in poor recordings (I remember that the live recording had disgusted me because the bass line was not distinguishable enough to my liking) of a rather poor performance as well, time has come to deal with these relics of one’s past with seriousness.
Contrary to most of my writings of that time, which probably were more to the taste of my contemporaries than the later classic verses I published, all these years I have kept the two cassette tapes of our two recordings. It must have been a decade and a half since I last listened to them, I was not even sure something could still be heard on these tapes after so much time. Yet everything could be heard and I recorded a few songs on a dictaphone. Then a friend accepted to remaster the files. I have just posted them on YouTube.
If, on YouTube, I wrote ‘All rights reserved,’ it’s only because the thought that another might reap the harvest of one’s work or ideas (and we all have heard of people becoming millionnaires from just one song) is too hellish to be borne by a man, but in no way does it mean that I am convinced our ideas, our inspirations were successfully embodied in our music, especially in these recordings. I won’t likely find the conditions again to give it another try, so I leave these ideas to the world such as they are here incarnate.
They’re ideas somewhat embedded in a layer of mud (lack of time and means). I wish, o my reader, had you the means yourself, you would clean the stone, if you could do it without concealing where you found it. Many people, I am sure, are so haunted by the hellish thought I have alluded to and at the same time lack the means, the channels, the acquaintances to air their ideas in a secure way that they keep them out of the world’s sight and bring them bound to their bosoms into the grave after a life in obscurity, whereas their ideas would have enlightened our existence. I don’t blame them. They’re proof, if I’m not mistaken, that our age-old logic of exploiting one another is at odds with the calling of mankind.
A last word on that wrecked calling of young people. The idea that we could have made a living writing and playing songs was hardly credible, in the context, given the market open to a French band (even singing in English). For determined teenagers in U.K. or U.S. that seems far more credible, inasmuch as they’re offered a world market, potentially. In these countries you can drop out and make it to the top as an artist; not here. In these countries, thus, you can overcome petty-bourgeois prejudices; not here. Yet I don’t envy those I’d call wonder dropouts (idea of a book called Wonder Dropouts: The Theory of the Leisure Underclass). Many musicians I used to listen as a teenager, who were selling albums all over the world, today eke out an existence from various toils. They were and still are known worldwide: How is it possible that they have to toil in order to earn their bread?
December 2016
Pensées XI
Saudi Arabia: The Leisure Nation (la journée de travail de quatre heures : voir ici). Quel pays de hippies ! Bientôt, le costume-cravate sera universellement reconnu pour ce qu’il est : la livrée de ceux qui perdent leur vie à la gagner au service de hippies en djellaba, et pour ma part je suis toujours et en toute circonstance du côté des hippies.
La survivance du christianisme est un pur phénomène d’inertie.
À quoi sert un cerveau, pour le chrétien ? À lire les penseurs non chrétiens. À lire les penseurs anticléricaux. À dire que tout ce que ceux-ci ont écrit est une belle illustration du dogme vénérable. À dire que la sagesse est folie, la folie sagesse, que l’homme est libre et qu’en même temps il y a la grâce. À dire qu’il faut ignorer les voies du monde, quand c’est le monde qui ignore les chrétiens comme trop au-dessous de lui.
Le chrétien est fâché que la liberté d’expression s’exerce bien plus, c’est un fait, contre le christianisme que contre l’islam. C’est que le fanatisme fait peur et que le christianisme fait rire. Le temps est révolu où le christianisme exerçait sa terreur sans limite ; et le résultat, pour le christianisme, est manifestement négatif. Comme le dit Schopenhauer, la fin des bûchers n’a pas été heureuse pour le christianisme. Je ne vois d’autre espoir pour cette religion d’amour que de se remettre à faire peur.
Il ne faut pas rechercher l’originalité à tout prix. Manger du curé n’a rien d’original, mais c’est un excellent exercice pour l’apprenti philosophe.
J’ai dit (ici) qu’il n’est plus permis au pouvoir de s’incarner. Le hic, c’est que faire de tous ces micros et caméras qui ne vivent que de suivre les faits et gestes du pouvoir incarné (incarné comme un ongle !) ? « Des colonnes entières sont consacrées aux débats des parlements, aux intrigues des politiciens (…) Et quand vous lisez ces journaux, vous ne pensez guère au nombre incalculable d’êtres – toute l’humanité, pour ainsi dire – qui grandissent et qui meurent, qui connaissent les douleurs, qui travaillent et consomment, pensent et créent, par-delà ces quelques personnages encombrants que l’on a magnifiés jusqu’à leur faire cacher l’humanité, de leurs ombres, grossies par notre ignorance. » (Kropotkine) La réponse est que ces caméras et micros mourront de leur mort naturelle, sont déjà en train de mourir. La société de l’information (Masuda), société de l’avenir, se caractérise avant tout par le fait que les médias d’information – les médias traditionnels, médias de masse – y ont disparu. Médias : Les morts vous parlent (essai de définition).
Le mot « révolution » est mis à toutes les sauces dans les médias capitalistes, toutes tendances confondues. C’est même une notion capitaliste : la bourgeoisie a été la seule classe révolutionnaire. L’égalité bourgeoise, c’est que tout le monde est révolutionnaire, tout le monde est rebelle, tout le monde est subversif, tout le monde est transgressif, et que par ailleurs tout le monde, moyennant l’acquisition de ce produit-ci ou de ce produit-là, est un Lovelace. Je propose d’insister sur un mot qui me semble moins facilement récupérable : expropriation. C’est ce que nous demandons : l’expropriation (sans compensation). J’attends de voir comment les polygraphes des journaux pourront vanter les mérites de l’expropriation sans passer pour des jean-sucre.
L’artiste subventionné, dans notre société, est un parasite du travailleur. Le travailleur est d’ailleurs généralement certain de ne jamais rien voir de l’activité de l’artiste subventionné. Ce plaisir, au demeurant douteux, est le privilège de quelques parasites d’espèce différente, fonctionnaires de la culture et autres, dont un grand nombre de critiques d’art.
La province est sauvage. Les bourgeois y sont particulièrement petits-bourgeois, les pauvres particulièrement pauvres, les chiens particulièrement sales, la culture de masse y est particulièrement rampante, les cultures locales particulièrement vivaces et dégénérées, et la moyenne de ces outrances est particulièrement médiocre.
L’État dealer. Une personne dépendante de la drogue et condamnée pour un crime quelconque à une peine de prison, si elle était empêchée de consommer sa drogue, subirait un sevrage brutal, dont elle pourrait du reste décéder et qui serait très clairement un « traitement inhumain et dégradant » au sens de la jurisprudence humanitaire internationale. Les effets d’un tel sevrage sont en effet, dans bien des cas, beaucoup plus rudes que ceux de l’isolement carcéral, par exemple, considéré comme un traitement inhumain. Les cas de sevrages brutaux en détention étant apparemment rares, et les traitements de substitution n’étant guère fréquents non plus, en France (dans d’autres pays, la méthadone est massivement prescrite en milieu carcéral, ce qui revient à remplacer une addiction par une autre, y compris en maintenant dans certains cas les mêmes pratiques à risque, quelques drogués, dits « injecteurs invétérés », s’injectant la méthadone), alors que par ailleurs les études sociologiques montrent une forte corrélation entre toxicomanie et délinquance et/ou criminalité, ce qui implique que la population carcérale est en plus forte proportion toxicomane, il est absolument certain que les personnes dépendantes consomment de la drogue en prison. Que l’administration qui contrôle ces établissements ferme les yeux sur le phénomène est non moins certain. Même si l’on considère que cette attitude est un moindre mal, l’administration ne s’en fait pas moins complice de ce trafic. C’est une administration qui ne dit pas ce qu’elle fait, un État qui a une politique et une pratique, les deux n’étant pas identiques, un État aux pratiques occultes.
J’ai honte, je suis amer d’avoir étudié le droit administratif et perdu mon temps avec ces misérables sottises. Je me souviens par exemple d’un arrêt du Conseil d’État, plus haute juridiction administrative française, à propos duquel nous étions appelés, étudiants, à nous extasier sur l’élévation de pensée et de sentiment des magistrats. Il s’agissait d’enfin reconnaître administrativement la dignité de la personne humaine… à l’occasion du lancer de nains. Certains établissements réputés festifs amusaient en effet leurs clients en leur offrant des spectacles de lancers de nains. Bien que les nains en question fussent consentants et eussent signé des contrats exprimant ce consentement en bonne et due forme, et bien que ces lancers ne comportassent aucun risque de blessure pour les nains consentants, le juge administratif, il y a quelques années, s’opposa à cette distraction au nom de la dignité humaine. Et nous devions, étudiants, nous extasier. Or, comme nous étions des étudiants sérieux, nous étions par conséquent aussi onanistes et consommateurs de pornographie bien dégradante. Il échappait apparemment à mes congénères, néanmoins, comme à nos professeurs et à la magistrature elle-même, que cette atteinte-là à la dignité humaine est autrement plus rampante dans notre société que le lancer de nains, et que défendre la dignité humaine en dénonçant celui-ci tout en se gardant de dire le moindre mot à l’encontre de celle-là est simplement pitoyable. Le juridisme est à la pensée ce que le lancer de nains est à la littérature.
Août 2014
