Autres Écrits du baron de Saxy-Beaulieu
Devant l’insistance de plusieurs amis et lecteurs de ce blog pour que je continue de publier les papiers laissés par feu mon distant cousin le baron de Saxy-Beaulieu, j’ai décidé de répondre à leur attente, non sans avoir longtemps hésité. Après avoir rendu publique (ici) une correspondance intime dont nous – sa famille – ignorions tout, je me suis en effet demandé si je n’étais pas allé trop loin, et si le baron ne se retournait pas dans sa tombe, cherchant à décrocher un téléphone funèbre en vue de me poursuivre pour atteinte à sa vie privée. Certes, l’hypothèse qu’il s’agissait là d’une ébauche de roman épistolaire plutôt que d’une correspondance réelle continue de me paraître plausible, même si le baron, aussi excentrique fût-il, ne passa jamais pour un esprit littéraire, mais je ne peux me libérer du doute à cet égard, du moins en l’état d’avancement où je suis dans l’étude de ses papiers, lesquels finiront peut-être par apporter la clé de ce mystère.
Malgré ce scrupule, je reconnais l’importance de nombre des feuillets que le baron a toute sa vie gardés pour lui et que ce travail met aujourd’hui devant mes yeux, et je remercie mes amis et lecteurs d’avoir insisté pour que je continue de mieux faire connaître ce mien parent.
FB
*
Bönorna är ett klassiskt namn på Filistéerna, hvilka dyrkade Dagon eller Fiskguden och Beelsebul eller Dyngherren. (Strindberg, En blå bok) « Les ‘fayots’ sont un nom classique des Philistins, qui vénéraient Dagon, le Dieu poisson, et Beelsebul, le Seigneur des ordures. »
Ce passage est tiré d’un livre de Strindberg qu’il n’est pas possible de trouver à l’heure actuelle en Suède sinon chez quelques bouquinistes, dans de vieilles éditions. Plusieurs œuvres de l’écrivain n’existent ainsi en édition récente que dans la compilation de ses œuvres complètes, inaccessible au grand public.
J’ai pu faire une constatation semblable aux Pays-Bas en ce qui concerne Hugo de Groot, dit Grotius. Alors que celui-ci est partout reconnu comme le père du droit international, que sa dépouille repose à côté de celle de Guillaume d’Orange dans la Nieuwe Kerk de Delft, que sa statue domine la place principale de cette même ville, centre universitaire important, il est à peu près impossible de se procurer dans une librairie hollandaise la moindre de ses œuvres et, surtout, sa Dissertatio de origine Gentium Americanarum y est complètement inconnue et n’a selon toute vraisemblance jamais même été traduite en une langue quelconque, ce qui est d’autant plus regrettable que cet ouvrage présente des faits et documents à l’appui de l’affirmation selon laquelle l’Amérique précolombienne a connu des foyers de peuplement aryens, à l’origine de plusieurs civilisations.
La situation faite dans leurs pays respectifs à deux écrivains parmi les plus illustres représentants de leur nation est un bon indice de l’état de la culture en Europe aujourd’hui.
*
Qui a jamais possédé un objet de valeur sans la crainte de le perdre, sans craindre la violence que l’on pourrait commettre pour s’en emparer ? Qui a jamais possédé une femme sans la crainte d’être déshonoré par un autre, pour peu qu’elle soit belle ? Le patriarche biblique présenta son épouse comme sa sœur, afin d’échapper au poignard effilé de la convoitise – sauvant sa vie au prix de son honneur.
Mais ce n’est pas tout. Celui qui porte dans le monde les marques de la dignité doit s’attendre à des attaques de toutes parts. De sorte qu’il ressemble plus à une de ces pipes des stands de tir, dans les foires.
Qui, pour échapper aux attaques des vicieux, s’abaisse au vice, en supporte toutes les conséquences, avec en outre le cruel souvenir de sa dignité perdue.
La société qui ménage à l’une de ses parties des jouissances enviables allume le feu de la révolution. Quant à celle qui s’efforce d’en gratifier tout le monde, elle ne ressemble plus à rien.
Chacun de nous, au sortir de ses jours d’insouciance, peut faire deux comptes : celui de ses fautes et celui des humiliations subies.
L’homme d’honneur, après avoir reçu une éducation policée, vit dans l’angoisse de la mort violente qui l’attend dans un monde plein d’affronts. L’homme vertueux qui a renoncé pour sa tranquillité aux biens de ce monde est haï pour son inhumanité.
Luther a écrit qu’il valait mieux subir l’injustice que la commettre. Je ne sais s’il ajoute qu’il n’y a nulle autre alternative.
*
Dans un roman du Prix Nobel de littérature Knut Hamsun, on trouve l’observation suivante : « Au fond, elle est plus magnifique que belle. » C’est alors que j’écrivis dans mes mémoires, Une vie pour le Sénat : « Il fallut donc que je la pervertisse et la souillasse pour qu’elle devînt moins magnifique et plus belle. »
Je lui fis part alors de cette réflexion. Plus tard, lui trouvant un air méphistophélique qui me la rendit momentanément méconnaissable, je me reprochai de tels propos, et de l’avoir induit en des pensées impures. La réflexion me vint qu’un malheur la rendrait aussi « magnifique » qu’elle l’avait été. Le lendemain, j’apprenais l’horrible événement.
[Tout ce fragment est pour moi mystérieux. Je n’ai trouvé à ce jour aucune trace de ces mémoires dans les papiers du baron et ne sais pas non plus comment expliquer le titre qu’il lui donne. De quel Sénat s’agit-il ? FB]
*
Croyez-vous que le silence soit approprié quand adviennent les conséquences de votre conduite ? Qui a souri comme vous l’avez fait ? Qui a lancé les regards que vous avez lancés ? Qui a caché son sourire à l’approche d’un tiers ? Qui m’a plongé dans un abîme de perplexité ? Qu’attendez-vous de moi ? Que je vienne vous chercher ? Que se passera-t-il alors ? Si j’acquérais des droits sur vous, comment remplirais-je les devoirs qui en sont la contrepartie ? Comment vous protégerais-je de l’injure et de l’offense dont je suis la cible ? Comment avez-vous pu croire que j’aurais jamais les moyens d’acquérir des droits sur vous ?
Si je me promenais avec vous et qu’un infâme quelconque vienne à vous manquer d’égards, ne serait-ce que par pur désœuvrement, comment ne l’étendrais-je pas raide mort sur le champ ? Et comment le pourrais-je ? Comment vous aimer sans se résoudre à la violence ? Vous rendez-vous compte de votre légèreté ? N’essayez pas de m’opposer la peur d’une âme timide car il est trop tard pour avoir peur, il fallait avoir peur avant.
Vous m’avez rempli de mépris pour mes études philosophiques. Quels plans échafauderai-je ? Qui m’aidera ? Croyez-vous que j’aie des domestiques, à l’instar de Don Juan ?
Ha, vous mériteriez, pardonnez-moi, de recevoir un soufflet de votre noble père, un soufflet d’autant plus émouvant qu’il serait administré par un père rempli d’indulgence pour votre faute. Car l’amour est un souverain bien-aimé de tous. Et les idoles que nous révérons font pâle figure en sa présence, même arrosées du sang expiatoire des victimes amoureuses.
Vous vous êtes fait des idées trop hautes de mes capacités pour le rapt, sans doute, et ceci devra finir par le triomphe du cynisme… et des apparences sauvées. Ou bien alors une part de vous se doutait que je serais lâche, et cela finira de la même manière.
*
Ce jour où je cachais à votre vue, ostensiblement, un certain breuvage euphorisant, je me doutais que cet hommage rendu à la vertu attirerait votre attention, vous si sérieuse… Notamment parce que c’était l’hommage rendu par le vice ! Il ne vous déplairait pas de supposer, m’imaginais-je – et c’était odieux – qu’un tel hommage était trop ostensible pour être parfaitement sincère. Si l’hommage vous agréait, l’ostentation l’accompagnant ne serait pas non plus dépourvue d’une autre forme de charme.
*
Le Satyre de …
Plût au ciel que je pusse me promener avec à mon bras …, car cela fait partie des plaisirs de l’amour que d’exhiber sa conquête.
Sois comme l’Argonaute en quête de la Toison d’or, par allusion à …
Te rappelles-tu que Zeus s’est une fois transformé en pluie d’or ? Les dieux le peuvent. Fais en sorte que tombe sur toi la pluie d’or de …
Comment ? Vous avez cru qu’une nymphe passerait sa vie sans un satyre dans les parages ? C’était bien mal connaître les lois qui régissent cet univers. À votre place, je ne m’en vanterais pas. Quant à moi, je me réjouis d’être le satyre de cette légende. Une nymphe comme ça, sans satyre ? Jamais ! Dans quel monde vivons-nous pour que de pareilles idées germent dans l’esprit des gens ? Une nymphe comme … appelait un satyre de choix. Un satyre phénoménal, en somme. Pas de nymphe sans satyre. C’est moi, le satyre de … !
*
Il vous sera peut-être venu à l’esprit, si vous pensez parfois à ces choses, que la véritable fonction du condom, dont les distributeurs automatiques sont aujourd’hui partout, des stations de métro aux toilettes de collège, est d’empêcher le phénomène d’imprégnation ou télégonie. Vous n’auriez sans doute pas tort de le penser, dans le cas où les affirmations de certains virologues éminents, tels que Duesberg et le Prix Nobel Mullis, pour qui le virus du sida n’existe pas, étaient vraies. Croyant sauver sa vie, l’utilisateur de condoms participerait en fait à cette volonté collective d’empêcher la pollution génétique ressortissant à l’imprégnation. De même que le droit de cuissage doit être perçu davantage comme une institution « instinctive » que comme l’application de connaissances positives, le condom est une réponse de l’instinct collectif sur le même sujet. Les conditions n’étant plus réunies pour traiter ce problème de la pollution génétique par la morale individuelle, l’application instrumentale a dû paraître, collectivement, plus appropriée, et sans doute aussi plus sûre.
Il vous paraît peut-être injustifié de mettre préservatif et droit de cuissage sur le même plan. Rien de plus naturel, pourtant. Si vous doutez, tout d’abord, de l’origine germanique de l’aristocratie française, je me permets de vous renvoyer aux Lettres sur les Parlements de Boulainvilliers, à Montesquieu, à Gobineau, ainsi qu’à l’ensemble de la controverse du 17e siècle sur les deux races en France. Le droit de cuissage était un moyen pour la race aristocratique d’élever la race autochtone aux vertus de l’élite germanique et de conduire ainsi le pays sur la voie du progrès, grâce à l’imprégnation.
Le déclin de cette institution, avec le délitement de l’ordre féodal, l’apparition de la noblesse de cour et la vénalisation des titres, n’est pas pour rien dans certains phénomènes du temps de la Révolution française. Rappelez-vous que la revendication populaire au moment de la Révolution était portée par les sans-culottes. Un nom dont ils étaient fiers ! et que je traduis par « ceux qui exhibent leurs parties ». Le moment où ces satyres portèrent dans Paris, ainsi qu’un trophée, au bout d’une pique, la matrice d’une dame de l’aristocratie qu’ils venaient de massacrer, la princesse de Lamballe, est révélateur de leur revendication réelle. Le noble ne payant plus de sa personne pour aider la race autochtone à s’élever, celle-ci allait prendre les devants et se payer sur la femme germanique.
*
Il faut vous exhorter à la fécondité car autrement je me maudirais. Pour me consoler de ma solitude, je pense à celle des êtres tels que vous, en ce monde, au milieu de gens moins beaux, moins intelligents, moins bons, et que l’on nous demande de plaindre, alors que c’est vous qui êtes à plaindre. Quelle amitié pouvez-vous espérer de la part de tant de fourbes et d’insensés, de la part de ceux, par exemple, qui sont nés intoxiqués des poisons qu’absorbent leurs parents, ou de ceux dont les mères ou grands-mères dévergondées se sont fait imprégner par leurs chiens ? (,,Das Handel und die Zucht der Sodomsprösslinge war ein äußert gewinnbringender Geschäftszweig und besonders die Tempelpriester erwarben sich dadurch ungeheure Reichtümer, da Männer und Weiber den Sodomsgenuß um schweres Geld erkaufen mußten.’’ LvL)
*
Frater August (Strindberg), der auch ein großer Naturphilosoph war, eklärt wie manche Leiche als sie sich zersetzen, so gut wie Blumen duften. Hier handelt es sich um reine Arier, aufgrund ihren besonderen Stoffwechsels.
[C’est « l’odeur de sainteté », un phénomène connu de l’Église catholique depuis des siècles. Je m’étonne que le baron ne le mentionne pas et se contente à ce sujet d’une simple remarque de l’écrivain Strindberg. FB]
In Verbindung soll ich auch hinzufügen, daß wegen der Anwesenheit des Gottes riecht der Ausscheidungskanal der nordischen Weiber schlecht überhaupt nicht, sondern im Gegensatz dazu zwar wie Veilchensträuße duftet! Davon bin ich fest überzeugt und möchte alle möglicherweise auf Erfahrung basierten Einwände mit der Tatsache beseitigen, daß diese Reinheit in der durch Sodomie und Telegonie entarteten Gottmenschheit heutzutage fast erschöpft ist.
Um diese Wahrheit zum Griff zu kommen darf man das ,,biogenetische Gesetz’’ Haeckels ––– die Ontogenese rekapituliert die Phylogenese – in Betracht ziehen. Daß so viele Kinder allerleien Rassen helle Haut, Haar und Augen haben und ihre eigentümliche Dunkelheit nur beim Wachstum erwerben, muß dem Gesetz nach durch die Tatsache erklärt worden sein, daß der ursprüngliche Mensch Arier war.