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Documents. Cartel Aguilar et Pétrole pour le Reich : Le Mexique et l’Axe
Dans notre série Documents, voici notre traduction française de deux textes sur le thème « Le Mexique dans la stratégie de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale », recueillis à des fins de documentation en 2009 et que nous traduisons pour le public francophone.
Les informations présentées sont en réalité tirées d’un seul et même livre, Los nazis en México (Ed. Debate, 2007), du journaliste mexicain Juan Alberto Cedillo, un livre qui valut à son auteur le prix 2007 du livre de reportage dans son pays. Le texte de la première partie est un extrait du livre lui-même, en libre accès sur internet ; le second, un compte rendu par l’agence de presse EFE.
Les sources de Cedillo sont en grande partie, notamment pour ce qui a trait au trafic de drogue, les services de renseignement nord-américains, documents rendus publics en 1985. Il n’est pas besoin de rappeler que ces sources ne sont pas forcément dignes de foi, surtout en temps de guerre. Il s’agit cependant des premières lumières jetées sur un sujet et elles peuvent donc être intéressantes au moins pour indiquer qu’il existe un sujet, si ce n’est pas une pure et simple fabrication.
En l’occurrence, il s’agit de deux sujets : (1) celui d’une opération d’« empoisonnement » des États-Unis par les stupéfiants via la frontière mexicaine, opération conduite par de hauts fonctionnaires mexicains à l’instigation du Troisième Reich allemand et du Japon pendant la guerre, et qui serait de fait le premier « cartel » mexicain, et (2) les moyens mis en œuvre par le Troisième Reich pour garantir son approvisionnement en pétrole mexicain malgré l’entrée en guerre des États-Unis. D’où un plan en deux parties :
I/ Le cartel Aguilar dans la Seconde Guerre mondiale
II/ Le Führer et les émirs aztèques
Le corps du texte de ces deux parties est, nous l’avons dit, la traduction de sources en langue espagnole. Les notes sont du traducteur, soit entre crochets [ ] dans le corps du texte pour de courtes indications, soit en notes numérotées à la fin de chaque partie pour de plus longs développements. Certaines de ces notes expriment notre scepticisme quant à la plausibilité de certaines affirmations, en l’occurrence sur le cartel Aguilar et le trafic de drogue.
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I/ Le Cartel Aguilar pendant la Seconde Guerre mondiale
Jusqu’aux commencements de la Seconde Guerre mondiale, le trafic d’opium, de marijuana et d’héroïne en direction des États-Unis s’était maintenu à des niveaux stables, mais il connut à la fin des années trente un accroissement considérable. Le Reich allemand et le Japon décidèrent en effet de « droguer » le sud du pays, en se servant des routes ouvertes par les Chinois et consolidées par les Mexicains qui s’étaient lancés dans ce commerce illicite.
Les résultats de cette opération ne furent pas longs à se faire connaître : le Trésor états-unien estima par exemple que la production d’opium mexicaine en 1943 se montait à 60 tonnes, trois fois plus qu’en 1942. Mais l’accroissement de la production ne se limitait pas à la résine d’opium. Le représentant du Trésor au Mexique, H. S. Creighton, souligna « le grand nombre de saisies réalisées par les douanes des États-Unis à la frontière, ce qui indique une augmentation de la disponibilité d’opium et de marijuana au Mexique ». Les agents des stupéfiants indiquaient quant à eux que l’opium saisi dans la ville d’El Paso était « de qualité supérieure ».
Il ne fait pas le moindre doute que ce boom de la drogue était le résultat d’un travail conduit par les agents allemands et japonais dont le but était d’utiliser les drogues en vue d’« affaiblir le moral » des soldats et marines stationnés dans les bases navales sur la côte du Pacifique. Le narcotrafic formait partie d’une opération de grande ampleur ayant pour but de saboter la production d’armement. Les alliés allemands aux États-Unis volaient des pièces nécessaires aux machines, freinant ainsi l’industrie de guerre nord-américaine ; il y eut même des cas où ils vidèrent ou brûlèrent des usines entières.
La stratégie des pays de l’Axe fut conduite pendant plusieurs années de manière lente, exacte et souterraine. C’est au cours des dernières années de la décennie 1930 que se fit le travail de préparation1, et l’afflux de stupéfiants commença au début des années quarante. La presse mexicaine rapporta pendant les premiers mois de 1939 un accroissement du trafic de drogue à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, principalement dans la localité de Naco, dans l’État de Sonora. Le 8 avril de la même année, la première page du journal El Porvenir (L’Avenir) rapportait : « Le Japon et l’Allemagne cherchent à empoisonner la jeunesse des États-Unis avec de l’opium. Ils font passer la drogue par notre pays. Plusieurs contrebandiers ont été arrêtés ces derniers mois à Douglas, Arizona. »
Non seulement la presse mexicaine parlait de ce qui était en train de se passer, mais l’« opération secrète » fut également découverte par les autorités mexicaines, en particulier les services du procureur général de la République, qui dénoncèrent l’existence d’ « un plan entre l’Allemagne et le Japon pour introduire des stupéfiants aux États-Unis avec l’objectif de débiliter les jeunes hommes de ce pays ». Le cartel nazi fut identifié par les services de renseignement états-uniens, qui indiquèrent qu’il s’agissait d’« une organisation de sabotage et d’espionnage » conduite par des militaires et politiciens mexicains ; selon ces rapports, il s’agissait de recueillir des informations sur les mouvements militaires états-uniens et les navires du golfe du Mexique et du Pacifique.
Bien que ce soit étrange à considérer, les rapports envoyés à Washington par les agents états-uniens au Mexique ont peut-être toujours la même valeur aujourd’hui qu’à l’époque où ils furent rédigés. Les informations relatives aux membres de ce premier cartel de narcotrafic et surtout au modus operandi de celui-ci conservent en effet une grande importance puisque nous parlons en l’occurrence de la naissance des cartels contemporains. Ce travail devrait pouvoir nous aider à déchiffrer un élément clé du trafic de drogue actuel, à savoir l’infiltration des cercles de la haute politique par les cartels.
Un rapport rédigé le 4 janvier 1942 expose aux autorités états-uniennes « la pénétration de forces étrangères dans la politique mexicaine ». Le document, envoyé par un agent du renseignement naval identifié seulement par les initiales O.N.I. affirme que les chefs de ce groupe qui faisait entrer de la drogue aux États-Unis était dirigés par le général Francisco J. Aguilar, un militaire qui conduisit des opérations de contrebande durant toute sa carrière2.
Le rapport précisait : « Une organisation d’espionnage et de sabotage travaille depuis quelque temps pour les Nazis et les Japonais sous la direction du général Francisco Aguilar. Ses principaux assistants sont les chefs d’un trafic illégal de drogues et de groupes de contrebande. Lui-même contrôle les espions et agitateurs qui travaillent pour les groupes nazis et nippons. Aguilar semble avoir été préparé pour cette tâche pendant une longue période. »
C’est durant son second séjour à Washington comme attaché militaire, vers 1933, que le général commença ses activités de contrebande ; c’était en effet l’époque de la prohibition de l’alcool et du tabac aux États-Unis3. Ces activités furent dénoncées longtemps après, devant le Président Adolfo López Mateos [Président de 1958 à 1964], par un des supérieurs d’Aguilar à Washington, le général José Beltrán M., qui révéla les lieux et dates des opérations d’achat et de vente, ainsi que les points de dépôt et de livraison.
Entre 1935 et 1938, Aguilar fut ministre plénipotentiaire de l’ambassade mexicaine au Japon. Ce fut durant ces années qu’il établit des relations avec le gouvernement de ce pays, des liens qui le conduisirent par la suite à collaborer avec les services de renseignement des pays de l’Axe.
Sur le front politique du premier cartel mexicain, le gouverneur de San Luis Potosí, Gonzalo N. Santos, joua un rôle fondamental. C’est ce politicien ambitieux, que les agents états-uniens qualifiaient d’« assassin notoire, qui tua de ses propres mains des étudiants et des femmes », qui tenait les tenailles avec Aguilar. Participait également au cartel Donato Bravo Izquierdo, ex-gouverneur de Puebla, « associé au trafic de drogue depuis qu’il occupa ce poste », selon le rapport à Washington. Gonzalo N. Santos et lui avaient acquis pour leurs activités illicites une grande expérience dans les milieux diplomatiques et politiques.
Les rapports envoyés à Washington affirment que ces trois personnalités « s’entendirent sur le projet d’introduire de la drogue aux États-Unis ». Le renseignement naval s’aventurait même à décrire les activités de chacun d’eux : tandis qu’Aguilar était à la tête de la contrebande et N. Santos à la tête des relations politiques, Bravo Izquierdo était chargé de blanchir l’argent généré par le trafic de drogue. Pour mener à bien cette tâche, l’ex-gouverneur de Puebla s’appuyait sur un homme d’origine syrienne nommé Habed, « qui fut pendant de nombreuses années le banquier de toute l’activité de narcotrafic ».
L’organisation dirigée par le général ne se contentait pas de trafiquer de la drogue. En réalité, le premier cartel mexicain était le plus grand réseau d’espionnage au service des agents de la Gestapo et de l’Abwehr [ce n’est pas une affirmation anodine]. Aguilar, N. Santos et Bravo parvinrent à placer des espions jusque dans les équipes du Président Manuel Ávila Camacho. Ce réseau était chargé d’informer sur les activités au Mexique des agents des nations alliées et de dissimuler les actions des espions allemands et japonais, en particulier celles relatives au trafic de matières premières – lesquelles étaient envoyées à l’industrie militaire allemande pour la fabrication d’explosifs – et à la vente d’hydrocarbures.
Le premier cartel mexicain prépara même des plans pour voler les puits de pétrole américains au cas où le conflit en cours le rendrait nécessaire. Un rapport confidentiel remis au Président Lázaro Cardenas par les services de renseignement soulignait que « la possibilité d’un sabotage de la production de pétrole est des plus sérieuses ». Ce document précisait que les agents allemands avaient des alliés parmi les fonctionnaires « travaillant pour Petróleos Mexicanos, tant dans l’administration que dans les raffineries et sur les sites d’extraction. Il y travaille de nombreux employés et techniciens nazis, dont les activités doivent faire l’objet d’enquêtes. »
Conrad Eckerle, un important agent allemand faisant partie du projet du cartel, fut identifié dans un rapport envoyé au Département d’État comme le responsable du centre d’opérations allemand chargé de droguer les États-Unis. Le bunker se situait dans un établissement commercial appelé La Germania, au 2 rue Ayuntamiento. Eckerle, qui avait été officier de la marine allemande, fut envoyé au Mexique par l’ambassade nazie à Washington. Sa principale mission, avant qu’il se vît confier le trafic de drogue, fut d’organiser le parti et de conduire des actes de sabotage. Le groupe dirigé par Aguilar, N. Santos et Bravo maintint des contacts étroits avec lui.
Le modus operandi du réseau constitué d’Allemands et de fonctionnaires mexicains était présenté de la manière suivante par les agents du Département d’État : « Ils ont fait de la vente illicite d’héroïne une activité quotidienne. La drogue est apportée depuis Hambourg jusqu’à Veracruz par le vapeur allemand Orinoco. Ensuite, elle est envoyée à la ville de Puebla dans des voitures conduites par des messagers personnels [« mensajeros personales » : quèsaco ?]. Elle passe par Mexico de San Lui Potosí et Laredo. »
L’agent des stups M. Monroy envoya à Washington le document suivant, montrant que le gouverneur de Veracruz [et ministre fédéral de l’intérieur] Miguel Alemán Valdés participait aux activités du cartel. Les renseignements de Monroy s’appuient sur le témoignage de l’un de ses informateurs, Luis R. León Avendaño, qui travailla dans la Garde côtière mexicaine sur l’Atlantique. « Pendant la Seconde Guerre mondiale, un grand yacht privé sous drapeau des États-Unis et de nom Blue Eagle se conduisait de manière suspecte près de Veracruz. Interrogé, le capitaine répondit de manière évasive. En arraisonnant le yacht, les autorités mexicaines trouvèrent un chargement d’opium et de morphine [on observera au passage que ces substances, en particulier la morphine, étaient employées en médecine et faisaient donc aussi l’objet d’un commerce licite, ce qui pourrait éventuellement expliquer la démarche du gouverneur Alemán qui va suivre]. Elles arrêtèrent le bateau et le conduisirent au port. Quelques heures plus tard, le gouverneur de Veracruz, qui deviendrait plus tard Président du Mexique [de 1946 à 1952], Miguel Alemán, se rendit aux bureaux de la Garde côtière et demanda que le bateau fût rendu à son capitaine. Sa demande fut rejetée car il n’avait pas l’autorité pour la formuler. Deux jours plus tard, des ordres arrivèrent de Mexico et le bateau fut rendu. Il poursuivit son voyage vers une destination inconnue. »
Un autre gouverneur qui bénéficia de l’argent généré par le trafic de drogue fut Maximino Ávila Camacho, gouverneur de Puebla et ami intime de Gonzalo N. Santos.
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Notes du traducteur sur la partie I
1 Pourquoi, nous permettra-t-on de demander, préparer un empoisonnement des États-Unis dès la fin des années trente, alors que les États-Unis ne sont pas entrés en guerre avant Pearl Harbor en décembre 1941, c’est-à-dire quelque deux ans plus tard ? Et si l’afflux de drogue commença bel et bien au début des années quarante, comme l’auteur l’écrit (en un autre endroit, les deux étant cités ici, le texte parle même pour cet afflux des « premiers mois de 1939 », c’est-à-dire un an avant la fin de la décennie !), pourquoi cette hostilité en acte envers un pays non belligérant ? Et pourquoi, s’il est avéré, un tel machiavélisme du régime hitlérien empoisonnant les États-Unis avant leur entrée en guerre n’est-il pas davantage connu ? La presse mexicaine ou une certaine presse au Mexique (voyez ce qui est rapporté du journal El Porvenir) faisait état d’actes hostiles de l’Allemagne et du Japon envers les États-Unis au moment où ceux-ci étaient non belligérants. Quelle réaction ces accusations graves et, au cas où elles étaient fausses, diffamatoires, ont-elles suscité dans les chancelleries allemande et japonaise ? Ce qui manque dans cette présentation, c’est l’explication d’une telle conduite de la part des pays de l’Axe car, encore une fois, l’intérêt à agir contre des soldats (selon l’auteur les premiers visés par ce trafic : « le but était d’utiliser les drogues en vue d’affaiblir le moral des soldats et marines stationnés dans les bases navales sur la côte du Pacifique ») stationnés dans des bases militaires d’un pays non belligérant n’est pas du tout évident, tandis qu’on voit bien pourquoi on chercherait à les viser si c’étaient des soldats ennemis.
2 Francisco Javier Aguilar González avait participé à la Révolution mexicaine dans l’armée de Pancho Villa. Après le Japon de 1935 à août 1938, il fut ambassadeur du Mexique en France, auprès du régime de Vichy, de décembre 1940 à 1942. Il se trouvait donc en France, est-il permis de penser, pendant une grande partie des activités imputées par les services de renseignement états-uniens au cartel qu’il était censé diriger. Il aurait eu pour tout organiser sur place, au Mexique, les mois d’août 1938 à décembre 1940 et ne pouvait vraisemblablement, en tant qu’ambassadeur en France, suivre la suite des opérations que de loin.
3 1933, date « vers » laquelle (« hacia 1933 ») Aguilar aurait fait son second séjour à Washington, séjour qui vit le début de ses activités de contrebande, est aussi la date où fut mis fin à la politique de prohibition de l’alcool aux États-Unis. Quant à la prohibition du tabac, dans quinze États de ce même pays, elle avait entièrement pris fin en 1927. On ne voit donc pas très bien comment un séjour d’Aguilar aux États-Unis en 1933 peut être intellectuellement rattaché aux trafics auxquels ces politiques avaient donné lieu : il était trop tard pour commencer à s’en mêler.
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II / Le Führer et les émirs aztèques
Adolf Hitler utilisa du pétrole mexicain pour sa guerre éclair (Blitzkrieg) en Europe, en s’appuyant sur un réseau clandestin de fonctionnaires du gouvernement mexicain, selon un nouveau livre du journaliste Juan Alberto Cedillo.
« Les Nazis au Mexique », récompensé par le prix 2007 du livre de reportage, révèle que du pétrole mexicain fut livré en Allemagne en secret au début de la Seconde Guerre mondiale, sous la présidence de Manuel Ávila Camacho (1940-1946).
Le journaliste, collaborateur de l’Agence EFE à Monterrey, a mené pendant une dizaine d’années des recherches dans les archives secrètes déclassifiées par le Département d’État nord-américain en 1985, les Archives nationales mexicaines, ainsi que les registres du Secrétariat de la défense nationale du Mexique (Sedena).
Selon Cedillo, quand le Président Lázaro Cardenas (1934-1940) expropria [nationalisa] l’industrie pétrolière [en 1938], l’Allemagne et l’Italie furent les deux seuls pays à continuer d’acheter du pétrole au Mexique, les autres clients souverains adoptant à l’encontre de cette mesure une politique de boycott.
Durant le mandat d’Ávila Camacho, les États-Unis étant engagés dans la guerre, le commerce de pétrole entre le Mexique et l’Allemagne devint clandestin, dirigé par un réseau d’agents allemands et de fonctionnaires mexicains4.
Le pétrole mexicain était déterminant dans la stratégie de Blitzkrieg allemande. Avant la sortie de Cardenas [c’est-à-dire avant l’élection de son successeur, Ávila Camacho, en 1940], Hitler avait envoyé au Mexique des agents de haut niveau pour en assurer la fourniture. Parmi eux se trouvait Hans Werner, un milliardaire suisse, l’homme le plus riche du monde en son temps5, et Hilda Krüger6, une espionne qui eut dans son réseau des fonctionnaires très proches du Président Ávila Camacho.
D’après l’enquête conduite par Cedillo, Hilda Krüger établit une relation sentimentale avec le ministre de l’intérieur et gouverneur de Veracruz, Miguel Alemán, qui allait devenir Président du Mexique de 1946 à 1952.
Le frère du Président Manuel Ávila Camacho, Maximino, intégra le réseau de fourniture de pétrole à l’Allemagne, ainsi que plusieurs autres gouverneurs du pays, assure également le journaliste dans son livre. [On a vu en I qu’il serait également impliqué dans le trafic de drogue du cartel.]
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Notes du traducteur sur la partie II
4 Il faut donc comprendre qu’au début de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à l’entrée des États-Unis dans le conflit, l’Allemagne et l’Italie achetaient du pétrole au Mexique de manière tout à fait officielle, comme par le passé, et que ce n’est qu’avec l’entrée des États-Unis dans le conflit et, faut-il supposer sans doute, des pressions de ces derniers sur le Mexique, que le commerce officiel de pétrole entre le Mexique et les pays de l’Axe cessa, et que commença alors un commerce clandestin, au nez et à la barde des États-Unis belligérants.
5 Nous n’avons pu trouver aucune information sur cette personnalité à partir des éléments fournis. Il est vrai que le nom Hans Werner, s’il est d’ailleurs complet, ne facilite pas une recherche sur internet, tant, s’agissant de deux prénoms très communs, il y a de résultats. En précisant la recherche autour du Mexique, on n’obtient guère non plus de résultats pertinents. Cette absence de résultats a quelque chose d’étonnant, s’agissant d’une personne qui passait selon le présent article pour l’homme le plus riche de son temps.
6 Hilda Krüger est le nom de scène mexicain d’Hilde Krüger, qui avait d’abord joué dans une quinzaine de films en Allemagne à partir de 1934. L’auteur dont nous citons et discutons ici le livre, Juan Alberto Cedillo, lui a par ailleurs consacré un ouvrage entier, Hilda Krüger: Vida y obra de una espía nazi en México (Hilda Krüger : Vie et œuvre d’une espionne nazie au Mexique, 2016).
Cedillo a également continué d’écrire sur les relations du Mexique avec les pays de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale, avec un México, ¿socio estratégico del Tercer Reich? (Mexique, allié stratégique du Troisième Reich ? 2023), dont la présentation indique un gros plan sur les relations entre Adolf Hitler et Lázaro Cardenas (une approche assez neuve et pour le moins inattendue dans la mesure où Cardenas faisait de l’antifascisme un de ses chevaux de bataille). Cedillo a par ailleurs continué d’écrire sur les cartels mexicains : Las guerras ocultas del narco (Les guerres occultes du narcotrafic, 2018).
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Pour des éléments sur la pénétration du fascisme italien et du national-socialisme allemand au Mexique dans les années trente, voyez notre essai « De D’Annunzio, du fascisme et de la Révolution mexicaine » ici.

